Granby, puis nous indique l’emplacement<strong>de</strong>s automobiles remisesen état spécialement pour lacourse-bénéfice qui débutera dansenviron une heure.Tous les élèves <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong>mécanique <strong>de</strong>s classes d’ISPJ <strong>de</strong>l’école secondaire Sacré-Cœur sontprésents, <strong>et</strong> la nervosité est palpable.Depuis plusieurs semaines,aucun élève ne s’est absenté malgréun printemps radieux, affairésqu’ils étaient tous à préparer les35 automobiles qui seront auxpremières loges dans quelquesminutes à peine <strong>et</strong> dont une enparticulier fut spécialement peinte<strong>et</strong> marquée à l’effigie <strong>de</strong> notreécole secondaire.Trois mille spectateurs assistent àl’événement <strong>et</strong> clament déjà leurcontentement <strong>et</strong> leur encouragementaux premières courses <strong>de</strong> lasoirée. Gron<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> moteur,applaudissements, l’excitation est àson comble!Puis arrivent enfin les invités spéciauxtant atten<strong>du</strong>s <strong>et</strong> annoncéslors d’une récente conférence <strong>de</strong>presse à laquelle tous les élèvesavaient été invités <strong>et</strong> faisaient fièrefigure. Encourageant <strong>et</strong> guidantavec gran<strong>de</strong> attention leurs pilotes<strong>de</strong> la prochaine course, plus d’un<strong>et</strong>rentaine <strong>de</strong> non-voyants encouragéspar la Fondation Miraarrivent fièrement au bras d’autantd’artistes <strong>et</strong> <strong>de</strong> personnalités <strong>du</strong>mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s médias qui feront office<strong>de</strong> co-pilotes au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong> événementannuel désormais célèbredans tout le Québec.Après quelques séances <strong>de</strong> photographie<strong>et</strong> <strong>de</strong> signature, noscoureurs automobiles montentdans les voitures qui leur sontassignées <strong>et</strong> se préparent… Si vousaviez pu voir nos dix-huit mécanos,vérifiant une <strong>de</strong>rnière fois moteurs,radiateurs <strong>et</strong> démarreurs, sousl’œil attentif <strong>de</strong> leurs enseignants…on se serait cru au Grand Prix <strong>de</strong>Monaco!Et, j’oubliais, après une dizaine <strong>de</strong>tours <strong>de</strong> piste, l’auto <strong>de</strong> l’écolesecondaire Sacré-Cœur est toujoursen <strong>de</strong>uxième position… rien<strong>de</strong> moins! »(Extrait <strong>du</strong> journal d’une directiond’école secondaire, DéfiVision, mai 2001)Un <strong>de</strong>s aspects les plus fascinants <strong>et</strong>stimulants <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cationest son encouragement à proposer auxélèves <strong>de</strong>s situations d’apprentissageréelles <strong>et</strong> signifiantes. Ainsi voit-onnaître <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s fantastiques <strong>et</strong> pourtanttout simples :• <strong>de</strong>s élèves vont visiter les mines <strong>de</strong>Capelton <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent à profit lesnotions théoriques vues en classe <strong>de</strong>sciences physiques (roches <strong>et</strong> minéraux),<strong>de</strong> géographie (ressourcesminières) <strong>et</strong> d’histoire (conditions<strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s mineurs pendant la révolutionin<strong>du</strong>strielle);• une classe d’anglais s’offre unvoyage à Toronto afin <strong>de</strong> vivrequelques heures d’immersion totaleen langue secon<strong>de</strong>;• une l<strong>et</strong>tre nous arrive <strong>de</strong> Jamaïqueou d’Angl<strong>et</strong>erre nous informantqu’une <strong>de</strong>s bouteilles envoyées à lamer en juin <strong>de</strong>rnier par un pilote <strong>de</strong>navire marchand auquel <strong>de</strong>s élèves<strong>de</strong> cheminement continu avaientconfié leurs précieux messages vientd’être r<strong>et</strong>rouvée <strong>et</strong> qu’une communicationrégulière peut maintenant êtreamorcée;• un élève <strong>de</strong> 2 e secondaire revient enclasse, débordant <strong>de</strong> fierté, aprèsavoir commandé, en anglais, luimêmepar téléphone, la documentationnécessaire à un proj<strong>et</strong> d’équipesur les loisirs culturels;• <strong>de</strong>s élèves ayant une déficiencelégère travaillent leur compétence enlecture en créant <strong>de</strong> toutes piècesune serre <strong>et</strong> en proj<strong>et</strong>ant la mise enplace <strong>de</strong> plates-ban<strong>de</strong>s fleuriesautour <strong>de</strong> l’école pour le printempsprochain;• tous les enseignants <strong>de</strong> 3 e secondaire<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> rencontreafin <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en commun les objectifs<strong>de</strong> leurs matières d’enseignementrespectives <strong>et</strong> ainsi <strong>de</strong> penser à unpremier proj<strong>et</strong> intégrateur à m<strong>et</strong>tresur pied avec leurs élèves au cours<strong>de</strong> l’année scolaire qui s’amorce;• les enseignants <strong>et</strong> techniciens quitravaillent auprès d’élèves ayant unedéficience moyenne expérimentent<strong>de</strong> nouveaux logiciels, car ils ontaccès maintenant à un laboratoired’informatique dans leurs classes <strong>et</strong>ateliers. Et on pourrait énumérerbien d’autres proj<strong>et</strong>s encore!L’ÉCOLE OUVERTE SURLE MONDE : ÀL’ÈREDE LA MONDIALISATION«Sirotant tranquillement un caféau comptoir <strong>du</strong> p<strong>et</strong>it resto quidonne sur le stationnement où nousnous étions tous donné ren<strong>de</strong>zvous,je pouvais apercevoir parents<strong>et</strong> amis, les yeux encore bouffis parune nuit écourtée, mais le visageanimé <strong>et</strong> anxieux, partageant lamême hâte <strong>de</strong> voir arriver d’uneminute à l’autre l’autobus tantatten<strong>du</strong> provenant <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong>Dorval…J’allai donc rejoindre à l’extérieurles quelque cinquante personnesqui s’entassaient, discutaient <strong>et</strong>frémissaient sous la brise fraîche<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nuit d’été. Puis, l’autobusse pointa enfin au bout <strong>de</strong> la rueprincipale : une quinzaine d’adosainsi que <strong>de</strong>ux enseignants <strong>et</strong> l’animatrice<strong>de</strong> pastorale <strong>de</strong>scendraientdans quelques minutes au r<strong>et</strong>ourd’un périple <strong>de</strong> 14 jours dans lesbidonvilles <strong>du</strong> Nicaragua : voyageculturel, social <strong>et</strong> communautairelonguement mûri <strong>et</strong> préparé <strong>de</strong>puisplus <strong>de</strong> vingt mois, <strong>et</strong> combien formateur…La porte s’ouvrit <strong>et</strong> <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>rouvaillespoignantes suivirent…Exclamations <strong>de</strong> joie, quelqueslarmes, brouhaha <strong>de</strong> questionsrapi<strong>de</strong>s sur l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> chacun,rires, fatigue partagée mais,surtout, <strong>de</strong>s visages sereins, <strong>de</strong>sregards posés, <strong>de</strong>s images plein latête, <strong>de</strong>s esprits <strong>de</strong>meurés encorequelques heures, quelques joursdans le village hôte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniersjours, un cœur profondémentattaché à la richesse <strong>de</strong> la populationcôtoyée <strong>et</strong>… peu <strong>de</strong> paroles,juste la conviction d’avoir vécuquelque chose d’unique <strong>et</strong>, pourcertains, le proj<strong>et</strong> incontournabled’y r<strong>et</strong>ourner avant longtemps.Les r<strong>et</strong>rouvailles terminées, nosjeunes voyageurs s’engouffrèrentdans les automobiles familiales <strong>et</strong>regagnèrent leur douill<strong>et</strong> foyergranbyen, profondément imprégnéspar une réalité sociale <strong>et</strong> culturellecomplètement différente <strong>de</strong> tout cequ’ils avaient connu auparavant.Nous avions <strong>de</strong>vant nous <strong>de</strong>scitoyens <strong>de</strong> <strong>de</strong>main mûris, <strong>et</strong> déjàdifférents! ».(Extrait <strong>du</strong> journal d’une directiond’école secondaire, Coopérationinternationale, juin 2001)Donner l’occasion à notre jeunesse <strong>de</strong>s’ouvrir sur le mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> comprendrela richesse <strong>de</strong>s différentes civilisations<strong>de</strong> la planète, encourager l’implicationsociale <strong>et</strong> le partage communautaire,multiplier les occasions <strong>de</strong> vivreensemble dans un esprit d’ouverture<strong>et</strong> <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> la diversité : autant <strong>de</strong>situations d’apprentissage que l’écoledoit oser offrir en ouvrant ses portesau mon<strong>de</strong>.Impliquer l’ensemble <strong>de</strong>s intervenants<strong>de</strong> l’école dans c<strong>et</strong>te quête <strong>de</strong> nouvellei<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> l’école québécoise, croireprofondément que chacun doit bien<strong>Vie</strong> pédagogique 121, novembre-décembre2001saisir l’enjeu <strong>de</strong> la réforme, se sentirinterpellé personnellement, prendreen main sa propre formation <strong>et</strong> êtreson principal agent <strong>de</strong> changementsont <strong>de</strong>s conditions essentielles pour lamise en œuvre <strong>du</strong> nouveau curriculum.Aucune réforme qui se respecte, àl’aube <strong>du</strong> XXI e siècle, ne peut s’autosuffire<strong>et</strong> se renouveler unilatéralement.À l’ère <strong>de</strong> la mondialisation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s technologies<strong>de</strong> la communication, l’écolen’a d’autre choix que d’accepter qu’ellene détient plus le monopole <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation<strong>et</strong> que son rôle doit être profondémentmodifié. Aucun pédagoguene pourra dorénavant convaincre quique ce soit qu’il détient toutes les connaissancesà transm<strong>et</strong>tre à son élève;il n’aura d’autre choix, à son tour,que d’adm<strong>et</strong>tre qu’il n’a humainementaucune possibilité d’être à jour dansles multiples connaissances maintenantaccessibles, mais que ses compétences<strong>de</strong> pédagogue, d’animateur <strong>et</strong><strong>de</strong> gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>vront être mises à profitdorénavant <strong>et</strong> prendre la place <strong>du</strong>transm<strong>et</strong>teur <strong>de</strong> connaissances qu’il futle plus souvent jusqu’à présent.***«Dimanche matin, 10 h 55. Jeviens tout juste <strong>de</strong> terminer une<strong>de</strong>rnière tournée <strong>de</strong> l’école afin <strong>de</strong>m’assurer que tout est en placepour la rentrée <strong>du</strong> personnelenseignant <strong>de</strong>main matin. La haieentourant fièrement l’école estfraîchement taillée, les corridorsreluisent, les classes sont impeccables.L’accueil <strong>de</strong>s élèves s’estbien déroulé, le document faisantétat <strong>de</strong>s orientations <strong>et</strong> <strong>du</strong> pland’action que proposera l’équipe<strong>de</strong> direction pour l’année scolairequi s’amorce a été photocopié enquantité suffisante, les ordres <strong>du</strong>jour <strong>de</strong>s rencontres <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong>travail prévues pour les journéespédagogiques sont prêts <strong>et</strong>… malgrétoutes ces années d’enseignement<strong>et</strong> <strong>de</strong> gestion, j’ai encore <strong>et</strong>toujours le trac à la veille <strong>de</strong> la rentrée;c’est qu’une nouvelle annéescolaire, même minutieusementplanifiée <strong>et</strong> préparée, <strong>de</strong>meureratoujours une incroyable aventureaux trésors insoupçonnés! »(Journal d’une direction d’écolesecondaire, La rentrée, août 2001)M me Marie Robert est directrice <strong>de</strong>l’école Sacré-Cœur <strong>de</strong> Granby.PÉDAGOGIQUE 71
entre les lignesBROUHAHA AUTOUR DE LA RÉFORME DE L’ÉDUCATION :QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA NATURE DU TRAVAILENSEIGNANT ET SUR CELLE DU CHANGEMENT EN ÉDUCATIONpar Jean-François Desbiens <strong>et</strong> Daniel Martinntreesavions l’habitu<strong>de</strong> d’apprécier les analysespolitiques ou économiques semblaientalors faire preuve d’un sensationnalismefacile dans leurs proposignessur la réforme.Le ton souvent alarmiste, ironique <strong>et</strong>ré<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> l’information transmisepar les médias tranche remarquablementavec ce que nous avons constatédans toutes les classes <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cationINTRODUCTIONLa réforme scolaire en gestation <strong>de</strong>puisles États généraux sur l’É<strong>du</strong>cation faitmanifestement beaucoup <strong>de</strong> vagues.Déclenchés l’an <strong>de</strong>rnier par l’inquiétu<strong>de</strong>ou l’étonnement <strong>de</strong> certains parentsquant au langage parfois abstrus<strong>de</strong>s bull<strong>et</strong>ins, les débats portent aussisur les compétences <strong>et</strong> en particuliercelles qu’on dit transversales <strong>et</strong> quiconstituent un élément important <strong>du</strong>Programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’écolequébécoise. Pour certaines personnes,c<strong>et</strong>te réforme était improvisée ou mallancée. Selon elles, il fallait y m<strong>et</strong>tre finavant qu’elle ne nuise davantage auxapprentissages <strong>de</strong>s enfants, qui ne sontpas <strong>de</strong>s cobayes, <strong>et</strong> que le délire <strong>de</strong>sfonctionnaires n’ait atteint un point <strong>de</strong>non-r<strong>et</strong>our. Des journalistes dont nouspréscolaire <strong>et</strong> <strong>du</strong> primaire que notr<strong>et</strong>ravail <strong>de</strong> formateur <strong>de</strong> maîtres nous adonné <strong>de</strong> voir <strong>du</strong>rant la <strong>de</strong>rnière annéescolaire. À quoi attribuer c<strong>et</strong> écart? Nousfaisons l’hypothèse qu’il tient pour unepart appréciable à <strong>de</strong>s manières différentes<strong>de</strong> se représenter le travailenseignant <strong>et</strong> le développement ené<strong>du</strong>cation. Quelques mises au point<strong>de</strong>vraient, nous l’espérons, favoriserune appréciation plus juste <strong>de</strong> laréforme actuelle.LA NATURE DU TRAVAILENSEIGNANTOn peut discourir <strong>de</strong> différentes façons<strong>du</strong> travail <strong>de</strong> l’enseignant dans uneclasse mais, à c<strong>et</strong>te étape-ci <strong>du</strong> débatconcernant la réforme, il nous apparaîtimportant d’en présenter brièvementquatre caractéristiques. Ces caractéristiquesdéterminent pour une large partce qui se passe entre les enfants <strong>et</strong>l’enseignant dans une classe <strong>et</strong> ellesviennent ainsi rem<strong>et</strong>tre en perspectiveles eff<strong>et</strong>s à court terme que la réformepourrait avoir sur les enfants <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cationpréscolaire <strong>et</strong> <strong>du</strong> primaire.Premièrement, le travail enseignant estun travail interactif qui porte sur l’humain.Ce qui est au cœur <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntitéprofessionnelle <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong>senseignantes <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation préscolaire<strong>et</strong> primaire <strong>et</strong> ce dont ils sontd’abord fiers, c’est leur capacité àinteragir avec <strong>de</strong>s élèves <strong>et</strong> un grouped’élèves. Par ailleurs, les élèves sont,ne l’oublions pas, <strong>de</strong>s « conscrits » <strong>du</strong>système scolaire. Leurs intentions <strong>et</strong>leurs motivations ne convergent pasnécessairement avec celles <strong>de</strong> l’école.Puisque les enseignants <strong>et</strong> enseignantesne peuvent réifier les élèves, ilsdoivent constamment « courtiser leurconsentement », comme le dirait notrecollègue Clermont Gauthier, ils doiventcomposer avec l’éventualité d’unerésistance active ou passive à l’interventioné<strong>du</strong>cative. Et c<strong>et</strong>te résistancesera encore plus intensément ressentiesi la fracture entre le milieu scolaire <strong>et</strong>leur milieu <strong>de</strong> vie est gran<strong>de</strong>.Deuxièmement, l’enseignement est uneactivité morale, d’abord parce qu’elleest ancrée dans une culture qu’elle apour but explicite <strong>de</strong> transm<strong>et</strong>tre auxgénérations montantes, ensuite parceque, au quotidien, les p<strong>et</strong>its gestes quefont les enseignants quand ils gèrentleur classe, évaluent les élèves, interviennentauprès <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, <strong>et</strong>c.sont imprégnés <strong>de</strong> valeurs personnelles,sociales ou professionnellestelles que l’équité, la justice, le respect,la non-violence, <strong>et</strong>c., valeurs qui entrentfréquemment en conflit lorsqu’il estquestion <strong>de</strong> l’investissement affectif <strong>du</strong>maître <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’élève.Troisièmement, les enseignants <strong>et</strong>enseignantes doivent tenir compte d’unensemble <strong>de</strong> contraintes organisationnelles<strong>et</strong> situationnelles particulières.Sur le plan organisationnel, l’activitéenseignante est en eff<strong>et</strong> soumise à une« forme scolaire » qui, d’une certainemanière, la façonne en fixant <strong>de</strong>s limites<strong>de</strong> temps, en organisant les groupesd’élèves en classes <strong>de</strong> même qu’enétablissant <strong>de</strong>s contraintes d’espace <strong>et</strong><strong>de</strong> ressources matérielles ou humaines.Sur le plan <strong>de</strong> l’intervention pédagogiqueproprement dite, les enseignantssont chargés d’exercer un rôle d’autoritédont la force est très relative ausein d’un groupe d’élèves tout en composantavec un univers contingent,assez imprévisible, où les variables àconsidérer sont nombreuses, fortementliées entre elles <strong>et</strong> en évolutionparfois très rapi<strong>de</strong>. De plus, l’interventionpédagogique se complexifie àmesure que les populations scolairesse différencient. Or, si la réformeParent a favorisé l’accès <strong>de</strong> tous àl’école, les politiques d’intégration <strong>de</strong>sannées 70 ont ensuite distribué tousces enfants dans toutes les classes, <strong>du</strong>moins dans le secteur public. L’évolution<strong>de</strong> notre société a fait le reste!On trouve <strong>de</strong> plus en plus d’enfants endifficulté dans les classes <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cationpréscolaire <strong>et</strong> <strong>du</strong> primaire. Cesdifficultés ne concernent pas seulementl’accord <strong>du</strong> participe passé, maissurtout <strong>de</strong>s capacités, ou <strong>de</strong>s compétencespourrions-nous maintenant dire,comme celles d’organiser son travail,d’interagir <strong>de</strong> façon harmonieuse avecles autres, <strong>et</strong>c., lesquelles, on le verra,sont ressaisies par l’intermédiaire <strong>de</strong>scompétences transversales.Quatrièmement, le travail enseignantest un travail finalisé : l’enseignant veutarriver à quelque chose, il a <strong>de</strong>s intentions<strong>de</strong> formation. Les finalités <strong>de</strong> sontravail émanent bien sûr <strong>de</strong> ce que lasociété attend <strong>de</strong> lui <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’école. Dansplusieurs sociétés, ces attentes sontdécrites dans <strong>de</strong>s documents officiels,notamment à l’intérieur <strong>de</strong> programmes<strong>de</strong> formation. Ces programmes <strong>de</strong> formationpeuvent être plus ou moinsexplicites, plus ou moins souples. Ilssont souvent articulés autour <strong>de</strong>s disciplinestraditionnelles parce que ces<strong>de</strong>rnières exercent tant historiquementque conjoncturellement un pouvoirimportant dans la détermination <strong>de</strong> cequi est à enseigner. En revanche, ilsprésentent souvent <strong>de</strong>s préoccupationshumanistes générales. Par exemple, lerapport Parent insistait beaucoup surle développement global <strong>de</strong> l’enfant,encore que plusieurs critiques <strong>de</strong>l’époque eussent aimé qu’on expliquedavantage en quoi ce développementglobal consistait. Enfin, lorsqu’un gouvernement« réécrit » un programme<strong>de</strong> formation, il peut le faire selon uneapproche top-down, c’est-à-dire <strong>de</strong>façon centralisée, voire en vase clos.C’est ce que les universitaires britanniquesreprochaient aux gouvernementsThatcher <strong>et</strong> Major <strong>de</strong>s années 80<strong>et</strong> 90.Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années,plus <strong>de</strong> 500 personnes, dont <strong>de</strong> nombreuxenseignants, se sont regroupéesen divers comités <strong>de</strong> travail. Elles ontréfléchi <strong>et</strong> ont contribué à écrire leprogramme <strong>de</strong> formation qui est unélément majeur <strong>de</strong> la réforme actuelle.Celui-ci se veut donc le pro<strong>du</strong>it d’unemobilisation professionnelle qui a peu<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nts dans l’histoire <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation,que ce soit au Québec ouailleurs dans le mon<strong>de</strong>. Cela n’engarantit pas la qualité ni le succès,mais on peut supposer que l’esprit <strong>du</strong>pro<strong>du</strong>it final n’est pas trop éloigné <strong>de</strong>sconceptions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pratiques professionnellesd’une proportion importanted’é<strong>du</strong>cateurs, ceux-là mêmes quim<strong>et</strong>tront en œuvre ce programme quipropose le développement <strong>de</strong> compétencesdisciplinaires <strong>et</strong> <strong>de</strong> compétencesdites transversales.LES COMPÉTENCESTRANSVERSALESLe bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> mars 1962 – bull<strong>et</strong>in <strong>du</strong>Département <strong>de</strong> l’Instruction publique –indiquait au vol<strong>et</strong> « INSTRUCTION »que l’élève « X » avait obtenu 90 sur100 en prière, 100 sur 100 encatéchisme, 77 sur 100 en dictée, <strong>et</strong>c.Au vol<strong>et</strong> « ÉDUCATION », il signalaitaussi que ce même élève avait obtenuun « B » en politesse, un « C » entravail-application <strong>et</strong> un « C » en discipline.Déjà, à c<strong>et</strong>te époque, les contenusn’étaient pas les seuls élémentsimportants dans la formation.Quelques années plus tard, la CommissionParent réaffirmait l’importance<strong>du</strong> développement intégral <strong>et</strong>global <strong>de</strong> la personne. Et, il y a plus <strong>de</strong>dix ans maintenant, la Commissionscolaire <strong>de</strong> Rouyn-Noranda inséraitdans son bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>formation générale <strong>du</strong> type suivant :« développer une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail »ou encore « établir <strong>de</strong>s relations avecses pairs <strong>et</strong> son groupe-classe ». Cesobjectifs <strong>de</strong> formation générale ne correspon<strong>de</strong>nt-ilspas à ce qu’on souhaite<strong>de</strong> tout collaborateur? Que chaquea<strong>du</strong>lte examine dans son milieu <strong>de</strong> travailles compétences générales qui sontVIE 72 <strong>Vie</strong> pédagogique 121, novembre-décembre2001
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