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VII congrès <strong>de</strong> l’AFSP – Lil<strong>le</strong>, 18,, 19, 20, 21 septembre 2002impositions ne pouvaient qu'alimenter la prévention contre <strong>le</strong> roi et rendre <strong>le</strong>s écossais encoreplus rétifs à toute exigence <strong>de</strong> soumission.De l'autre côté, refusant <strong>de</strong> surseoir, <strong>le</strong> roi renforçait presque mécaniquement <strong>le</strong>srésistances écossaises et provoquait une augmentation purement circonstanciel<strong>le</strong> du zè<strong>le</strong>presbytérien contre cette “odieuse nouveauté” [HE, liii, 113]. Il s'agissait là, et Hume <strong>le</strong>montre avec gran<strong>de</strong> subtilité, non pas du zè<strong>le</strong> presbytérien en général mais d'une variationmomentanée <strong>de</strong> son intensité qui va rencontrer et faire écho à <strong>de</strong>s discours et à <strong>de</strong>s actes,<strong>le</strong>squels, parés <strong>de</strong> toute vraisemblance, venaient renforcer <strong>de</strong>s croyances et induire <strong>de</strong>s actions.C'est alors que, je cite :“tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> commença à s'unir et à s'encourager mutuel<strong>le</strong>ment contre <strong>le</strong>sreligieuses innovations qu'on voulait introduire en Ecosse" [HE, liii, 113].Cette fédération <strong>de</strong>s actions, en d'autres termes, cette mobilisation est immédiatementdécrite par Hume comme un mouvement d'extension et <strong>de</strong> généralisation. Non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>c<strong>le</strong>rgé “déclama” [114] contre <strong>le</strong> roi, mais toutes <strong>le</strong>s Eglises se mirent à retentir “d'invectivescontre l’antéchrist” [Ibid.]. Bien plus encore, la dynamique <strong>de</strong>s factions <strong>politique</strong>s allaitpouvoir s'adosser à “la cha<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> la religion” [Ibid.]. Les conditions étaient alors réunies pourque se développent <strong>le</strong>s soulèvements <strong>le</strong>s plus dangereux. Insistant sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> actif <strong>de</strong>s “chefpopulaires”, <strong>de</strong>s “discours en chaire” [116-sq], Hume met en évi<strong>de</strong>nce cette dimensionessentiel<strong>le</strong> du déploiement du fanatisme par l'incitation à la haine, objet d'un véritab<strong>le</strong> travail<strong>de</strong> production et par la radicalisation <strong>de</strong> ses effets :Aussi n'est-il pas étonnant que Hume accor<strong>de</strong> une attention particulière à la constitutionpuis au dérou<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong> l'“Assemblée <strong>de</strong> l'Eglise d'Ecosse” qui se tiendra àGlasgow en 1639 [118-sq]. Toutes <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> composition <strong>de</strong> ladite assemblée, montreHume, permettaient d'accentuer la représentation et l'impact <strong>de</strong>s plus zélés, <strong>de</strong>s “plus ar<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> chaque ordre qui étaient choisis”. Citons Hume :"pour y préparer <strong>le</strong>s esprits, ils avaient fait présenter au presbytère d'Edimbourg,et lire so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong>ment dans toutes <strong>le</strong>s églises du royaume, une accusation contre <strong>le</strong>sévêques, dans laquel<strong>le</strong> ceux-ci étaient tous chargés d'hérésie, <strong>de</strong> simonie, <strong>de</strong> brigue,<strong>de</strong> parjure, d'adultère, <strong>de</strong> fornication, d'imposture, <strong>de</strong> jurements, d'ivrognerie, <strong>de</strong>passions pour <strong>le</strong> jeu, etc.” [199]Hume ne s'arrête pas là et montre comment l'efficace <strong>de</strong> cet agencement <strong>de</strong>sreprésentations était lui même soutenu par un état donné <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force objectifs : d'uncôté, un roi sans force armée réglée ; <strong>de</strong> l'autre, un peup<strong>le</strong> qui, enflammé par <strong>de</strong> religieuses“préventions” et par une “aversion nationa<strong>le</strong> pour l'Ang<strong>le</strong>terre”, cette “vieil<strong>le</strong> ennemie” ; qui,en dépit d'un nombre plus faib<strong>le</strong> <strong>de</strong> soldats, allait compenser ce handicap par un surcroît <strong>de</strong>ferveur. Citons encore une fois Hume :"Les chaires avaient été d'un très grand secours aux officier pour <strong>le</strong>ver <strong>de</strong>s troupes,et n'avaient pas manqué <strong>de</strong> lancer <strong>de</strong>s anathèmes sur ceux qui ne partaient paspour assister <strong>le</strong> Seigneur contre <strong>le</strong>s ennemi <strong>de</strong> son nom.” [125].Donc d'un côté, une armée au comportement mercenaire, tributaire du versement <strong>de</strong> lasol<strong>de</strong> et tiè<strong>de</strong> vis-à-vis <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> guerre ; <strong>de</strong> l'autre, une armée qui se rapprochait <strong>de</strong> plusen plus, par son esprit, <strong>de</strong> la milice, doub<strong>le</strong>ment motivée qu'el<strong>le</strong> étaient à vouloir triompher <strong>de</strong>l'ennemi anglais. Nous parvenons au troisième moment <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription du processus.5

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