Télécharger le texte... - Association française de science politique
Télécharger le texte... - Association française de science politique
Télécharger le texte... - Association française de science politique
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
VII congrès <strong>de</strong> l’AFSP – Lil<strong>le</strong>, 18,, 19, 20, 21 septembre 2002ConclusionIl est donc <strong>de</strong>s circonstances particulières et exceptionnel<strong>le</strong>s où la généralisation <strong>de</strong>certaines croyances en <strong>politique</strong> peut apparaître comme <strong>le</strong> résultat d’une mobilisation <strong>de</strong>sforces, d’une radicalisation :- par extension soudaine <strong>de</strong>s capacités discursives à construire <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s représentationsinédites ;- par accroissement <strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> à garantir ces croyances par <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s autorités, <strong>le</strong>par<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong>s idées <strong>de</strong> liberté par exemp<strong>le</strong> ;- mais aussi par la capacité accrue à discréditer d’anciennes croyances en la monarchie et l’idéed’obéissance passive par exemp<strong>le</strong>.Des généralisations, donc, qui procè<strong>de</strong>nt par mobilisation et extension, et quiempruntent, en <strong>le</strong>s infléchissant, <strong>de</strong>s vecteurs privilégiés <strong>de</strong> radicalisation : par exemp<strong>le</strong>, celui<strong>de</strong>s affects dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> la fanatisation et <strong>de</strong>s conflits <strong>politique</strong>-religieux ; mais aussi cet autrecanal <strong>de</strong> diffusion et d’intensification <strong>de</strong>s affects qu’est la “ publicisation ” d’une controversedont l’effet recherché est encore <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s intensités <strong>de</strong> force par <strong>le</strong> jeu sur <strong>de</strong>s passionsspécifiques. Ne s’agissait-il pas, tout à l’heure, d’“ exciter ” <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ? Or, dit encore Hume,dans “ <strong>le</strong>s gouvernements <strong>de</strong> nature mixte (qui) sont dans une continuel<strong>le</strong> fluctuation ; <strong>le</strong>scaprices du peup<strong>le</strong> flottent sans cesse d’une extrême à l’autre 12 . ”Il y a donc, pour Hume, dans <strong>le</strong>s sociétés <strong>politique</strong>s mo<strong>de</strong>rnes, en l’espèce cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>l’Ang<strong>le</strong>terre du 17 e et du 18 e une instabilité constitutive du régime qui pourra être amplifiée,potentialisée par la radicalisation <strong>de</strong>s principes qui en produisent <strong>le</strong>s divisions. Une instabilitéqui ne manquera pas d’être alimentée par ces autres vecteurs <strong>de</strong> mobilisation affective dupeup<strong>le</strong> que sont <strong>le</strong>s superstitions religieuses et <strong>le</strong>ur corrélat, <strong>le</strong> fanatisme. Dans la narration <strong>de</strong>sévénements conduisant à la guerre civi<strong>le</strong>, au Protectorat puis à la Restauration, ces voiesaffectives <strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong>s opinions communes y <strong>de</strong>viennent déterminantes, et ilrevient à Hume d’avoir su en mesurer toute l’importance ; d’avoir su <strong>le</strong>s considérerpositivement comme <strong>de</strong>s “ facteurs ” ou <strong>de</strong>s “ causes ”.Désormais, en ce début <strong>de</strong>s années 1640, “ <strong>le</strong>s circonstances étaient [donc] favorab<strong>le</strong>s àl’extension <strong>de</strong>s privilèges ” 13 du Par<strong>le</strong>ment car l’intensification <strong>de</strong>s conflits avec <strong>le</strong> roi, <strong>le</strong>renforcement du caractère public <strong>de</strong>s controverses par généralisation <strong>de</strong>s divisions entre partiscréaient <strong>le</strong>s conditions inédites d’une véritab<strong>le</strong> radicalisation <strong>politique</strong>.Le jeu <strong>de</strong>s actions et <strong>de</strong>s réactions pouvait produire tous ces effets. Et Hume pouvaitaffirmer : “ l’esprit républicain <strong>de</strong>s communes accrut excessivement l’esprit monarchique <strong>de</strong> lacour, ce grand progrès du second servit encore à l’augmentation du premier ; et chaque partiaffectant ainsi <strong>de</strong> donner dans ces extrêmes, par <strong>de</strong>grés, <strong>le</strong> juste milieu où la vérité repose futabandonné <strong>de</strong> tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> 14 . ”Radicalisation par excel<strong>le</strong>nce qui <strong>de</strong>vait éclairer <strong>le</strong> con<strong>texte</strong> dans <strong>le</strong>quel allaient advenir <strong>le</strong>spremiers temps <strong>de</strong> la guerre civi<strong>le</strong>.12- HA, V, LVII, p. 223 ; HE, V, LV, p. 352.13- HA, V, LVII, p. 228 ; HE, V, LV, p.357.14- HA, V, LIII, p. 51 ; HE, V, LI, p. 200.9