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VII congrès <strong>de</strong> l’AFSP – Lil<strong>le</strong>, 18,, 19, 20, 21 septembre 2002Je voudrais proposer, pour conclure cette présentation, un autre exemp<strong>le</strong> illustrant lafécondité <strong>de</strong> la démarche et qui montre comment la radicalisation peut encore jouer comme unvecteur décisif <strong>de</strong> changement <strong>de</strong> conjoncture, à partir d’une mobilisation particulièrementefficace <strong>de</strong> ce que l’on appel<strong>le</strong>rait, aujourd’hui, l’opinion du public.III. La popularisation d’une controverseentre <strong>le</strong> roi et son par<strong>le</strong>mentIl y a quelque chose <strong>de</strong> résolument mo<strong>de</strong>rne dans la façon humienne <strong>de</strong> déconstruire <strong>le</strong>mouvement à partir duquel se forge la légitimité <strong>de</strong> certaines croyances <strong>politique</strong>s parl’établissement d’un rapport <strong>de</strong> force qui en permet la généralisation.De ce point <strong>de</strong> vue, la manière dont <strong>le</strong> par<strong>le</strong>ment et, plus précisément, la Chambre <strong>de</strong>sCommunes, entendait imposer sur la pério<strong>de</strong> 1625-1649, une définition <strong>de</strong> la représentationlégitime, <strong>de</strong>s croyances en l’existence d’une constitution originel<strong>le</strong> et authentique portant sur <strong>le</strong>gouvernement mixte, cette manière supposait <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> radicalisation qui, dans certainescirconstances, allaient permettre d’inverser <strong>le</strong> rapport <strong>de</strong>s forces entre roi et par<strong>le</strong>ments etcontraindre <strong>le</strong> premier à résipiscence.L’une <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> la radicalisation du conflit à partir <strong>de</strong> quoi obtenir un déséquilibreproducteur d’une conjoncture <strong>politique</strong> favorab<strong>le</strong> était alors l’instrumentation <strong>de</strong> l’opinionpopulaire ou, pour reprendre un terme propre à ces historiens, <strong>de</strong> l’opinion commune. Ils’agissait, en d’autres termes, <strong>de</strong> construire un rapport au “ public ”, c’est-à-dire <strong>de</strong> mobiliser<strong>le</strong> “ public ” au service <strong>de</strong> certaines croyances. Comment, donc, la controverse qui opposait <strong>le</strong>Roi et son Par<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années allait-el<strong>le</strong> sortir <strong>de</strong> l’enceinte par<strong>le</strong>mentaire strictosensu pour monter en généralité, c’est-à-dire pour se répandre avec <strong>le</strong>s effets dont el<strong>le</strong> étaitsusceptib<strong>le</strong> parmi <strong>le</strong> plus grand nombre ?En 1641, <strong>le</strong> roi Char<strong>le</strong>s est, une fois <strong>de</strong> plus, contraint <strong>de</strong> convoquer un nouveaupar<strong>le</strong>ment parce qu’il se retrouve sans argent et que la <strong>le</strong>vée <strong>de</strong> certains impôts ainsi quel’octroi <strong>de</strong> divers subsi<strong>de</strong>s ne peuvent se faire sans l’accord du par<strong>le</strong>ment. L’état d’esprit <strong>de</strong> ce<strong>de</strong>rnier, qui s’inscrit dans la lignée <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts par<strong>le</strong>ments convoqués et prorogés, est alorssans ambiguïté. Il s’agissait “ <strong>de</strong> pousser plus loin <strong>le</strong>s innovations ” 3 en matière <strong>de</strong> répartition<strong>de</strong>s attributs <strong>de</strong> la souveraineté entre prérogative roya<strong>le</strong> et privilèges du par<strong>le</strong>ment. Ilimportait, pour cela, <strong>de</strong> construire une confrontation qui lui soit favorab<strong>le</strong> et, dans ce but, <strong>de</strong>profiter <strong>de</strong> l’état d’esprit général qui prévalait en ce début <strong>de</strong>s années 1640.La session s’ouvre, c’était <strong>de</strong>venu une sorte <strong>de</strong> rituel <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> règne <strong>de</strong> Jacques Ier, surla rédaction d’une remontrance pour énumérer l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s griefs que <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong>Peup<strong>le</strong> qu’il affirmait représenter faisaient au roi. Mais ce par<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> 41 fait alors uneinnovation particulièrement redoutab<strong>le</strong> : la remontrance, en effet, “ n’était point adressée auroi ; on y déclarait ouvertement que c’était un appel au peup<strong>le</strong> ” 4 . Un appel qui donnait au<strong>texte</strong> une dimension résolument publique, du moins par la nature du <strong>de</strong>stinataire, et réduisait,ipso facto, la position du roi à cel<strong>le</strong> d’un tiers, <strong>le</strong> mettant dans une sorte d’égalité avec <strong>le</strong>peup<strong>le</strong>.3- HA, V, LVII, p. 220 ; HE, V, LV, p. 350.4- HA, V, LVII, p. 221 ; HE, V, LV, p. 351.7

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