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VERTICAL ROAD - Maison de la Culture d'Amiens

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PRÉSENTATIONFarooq Chaudry à propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> Akram Khan CompanyLe soir du 5 octobre 2001, j’étais <strong>de</strong>bout dans le hall d’un centre artistique <strong>de</strong> moyenne taille, àBirmingham. Je tenais nerveusement notre programme, <strong>de</strong> couleur verte et d’aspect plutôt anémique.Mes oreilles raisonnaient encore d’une discussion avec le programmateur du théâtre à propos <strong>de</strong> notrespectacle, dont <strong>la</strong> durée était trop courte et les frais trop élevés. Le cachet couvrait à peine les fraistechniques et les coûts <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> Londres à Birmingham, mis à part les frais d’hébergement et lessa<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s danseurs.La leçon fut vite oubliée alors que je <strong>de</strong>venais un véritable paquet <strong>de</strong> nerfs : j’étais sur le point d’assisterà <strong>la</strong> toute première performance <strong>de</strong> <strong>la</strong> Akram Khan Company. En tant que producteur, j’étais assis dansl’auditorium, scrutant anxieusement chaque mouvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, <strong>la</strong> précision <strong>de</strong> son exécution, touten tentant <strong>de</strong> jauger <strong>la</strong> réaction du public. A <strong>la</strong> fin du spectacle, c’est une toute autre musique qui teintaà mes oreilles, celle <strong>de</strong> l’enthousiasme et <strong>de</strong> l’appréciation <strong>de</strong> l’auditoire. Nous étions sur <strong>la</strong> bonneroute !Au tout début <strong>de</strong> cette aventure, je n’avais ni téléphone portable, ni Email. 10 ans plus tard, le mon<strong>de</strong> agran<strong>de</strong>ment changé, et nous aussi. Que <strong>la</strong> route ait été verticale, horizontale, ou sans tracé, noussommes arrivés quelque part, différents. Dire que nous avions une stratégie ou un p<strong>la</strong>n, serait mentir.Nous étions trop excités et naïfs pour être aussi intelligents. En fait, <strong>la</strong> plupart du temps, nous avons prisles choses comme elles venaient. Comme dans tous les voyages, nous avons dû prendre <strong>de</strong>s décisionsdifficiles parfois. Dans l’ensemble, elles se sont révélées plutôt bonnes.Nous avons eu <strong>de</strong> <strong>la</strong> chance parfois, mais <strong>la</strong> plupart du temps nous avons travaillé fort pour être sûrsque le travail que nous étions en train <strong>de</strong> créer serait capable d’emmener le public par <strong>la</strong> pensée,l’émotion et <strong>la</strong> réflexion.Sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière décennie, je pense avoir rencontré plus <strong>de</strong> personnes que sur toute <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>précé<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> ma vie. Il y a eu <strong>de</strong> nombreuses soirées mémorables. Durant l’une d’elles, j’étais assisaux côtés du directeur du Sadler’s Wells, Alistair Spalding, à <strong>la</strong> première <strong>de</strong> Zero <strong>de</strong>grees le 8 juillet,len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s attentats <strong>de</strong> Londres. Le spectacle venait juste <strong>de</strong> se terminer, et comme beaucoup <strong>de</strong>personnes dans <strong>la</strong> pièce, nous avions les <strong>la</strong>rmes aux yeux. C’était une catharsis collective. Je n’avaisjamais ressenti une telle intensité dans un théâtre auparavant. Une autre soirée particulière se situe àBeijing quand un spectateur se lève et appelle bruyamment sa femme au téléphone, lui décrivant à quelpoint il apprécie <strong>la</strong> pièce. Il y a eu ensuite <strong>la</strong> discussion post-performance à Madras, qui a failli tournerau pugi<strong>la</strong>t entre les puristes et les tenants d’une certaine mo<strong>de</strong>rnité. Pour Akram et moi, elle a donnélieu à une véritable performance après <strong>la</strong> performance, quoique bien moins gracieuse.Ce<strong>la</strong> fait maintenant environ un millier <strong>de</strong> performances et autant <strong>de</strong> publics dans presque 50 pays. Audébut, nous voulions êtres aimés et nous étions séduits par <strong>la</strong> critique. En grandissant, nous avonsréalisé que le succès n’était pas ce<strong>la</strong>, mais le fait <strong>de</strong> pouvoir nous endormir en ayant <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> d’avoirdonné le meilleur <strong>de</strong> nous-mêmes, sans compromis sur nos idées et nos principes artistiques. Servirces idées <strong>de</strong> toutes nos forces en acceptant que <strong>de</strong>rrière chaque succès nous fasse également réalisernos limites.10 ans qui ressemblent à 10 petites marches. Il y a encore tant <strong>de</strong> choses que nous rêvons <strong>de</strong> faire, tant<strong>de</strong> projets qui nous semblent intimidants et inaccessibles. Quand nous serons prêts, nous prendronsune gran<strong>de</strong> inspiration, ouvrirons nos esprits, nous tiendrons par <strong>la</strong> main et nous sauterons.Nous vous sommes profondément reconnaissants pour votre confiance et votre curiosité. Ce que nousfaisons n’a ni valeur, ni sens s’il n’est un public pour le partager, pour en être le témoin et entrer dansnotre mon<strong>de</strong>. J’ai toujours considéré que le public complète le processus créatif, nous aidant àcomprendre le sens <strong>de</strong> ce que nous faisons. Nous nous réjouissons <strong>de</strong> vous voir compléter biend’autres œuvres encore sur les dix prochaines années. Merci !Farooq Chaudryproducteursaison 11/12 - dossier <strong>de</strong> presse <strong>VERTICAL</strong> <strong>ROAD</strong> – p. 4

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