13.07.2015 Views

80 - Chambre de Métiers et de l'Artisanat de Loire-Atlantique

80 - Chambre de Métiers et de l'Artisanat de Loire-Atlantique

80 - Chambre de Métiers et de l'Artisanat de Loire-Atlantique

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La féminisation <strong>de</strong>snoms <strong>de</strong> métiersEn 1998, le Premier ministre <strong>de</strong> l’époque, LionelJOSPIN, publiait une circulaire <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>“recourir aux appellations féminines pour lesnoms <strong>de</strong> métiers, <strong>de</strong> fonction, <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> ou <strong>de</strong>titre, dès lors qu’il s’agit <strong>de</strong> termes dont le fémininest d’usage courant”. En 1999, un très intéressantGui<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong> à la féminisation <strong>de</strong>s noms<strong>de</strong> métiers paraît. Qu’en est-il <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong>smétiers <strong>de</strong> l’artisanat exercés au féminin ? Laboulangère est-elle la femme du boulanger oucelle qui fabrique du pain ? Rappelons qu’enfrançais il n’existe que le genre masculin <strong>et</strong> legenre féminin, le neutre n’existe pas.Des métiers d’hommes,dites-vous ?Qu’en est-il <strong>de</strong> ces représentantes du “sexe faible” encore souventmontrées du doigt, parce qu’elles s’approprient avec détermination <strong>de</strong>stâches, <strong>de</strong>s responsabilités, <strong>de</strong>s métiers ditsd’hommes, en ce début <strong>de</strong> 3 e millénaire ? Faut-il“encore <strong>de</strong> l’acharnement pour se lancer dans uneprofession masculine ? Oui, assurément, pourSteffy KINS, qui dut littéralement faire le siège duseul garage automobile qui n’avait pas vraiment ditnon à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’apprentissage, pour être enfinacceptée en formation <strong>de</strong> mécanicien ! Embauchéeen CDI dès ses étu<strong>de</strong>s terminées chez cemême concessionnaire blinois, la jeune fille ne gar<strong>de</strong> aucune amertume<strong>et</strong> se délecte à résoudre les pannes électroniques !La brune Peggy STEF, boucher à Préfailles, vient d’un univers encoreplus éloigné <strong>de</strong>s chambres froi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> la découpe <strong>de</strong> carcasses : elleest titulaire d’un BP <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinateur maqu<strong>et</strong>tiste ! Il faut la voir à présenttravailler une pièce <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, l’œil conquérant <strong>et</strong> la main sûre, heureuse<strong>de</strong> son choix professionnel comme <strong>de</strong> son indépendance ! Et n’allezpas lui dire que c’est trop “physique” pour elle… Du haut <strong>de</strong> son1,55 m, Peggy vous nargue en décrochant en un tournemain un quartier<strong>de</strong> mouton dodu suspendu dans la chambre froi<strong>de</strong>, le démembred’un coup unique <strong>et</strong> précis <strong>de</strong> hache, <strong>et</strong> constate simplement :“Le sport, je le fais au boulot, c’est tout !”.Carole LOQUET, carreleur <strong>de</strong> son état, insiste pour préciser qu’ellen’est pas du tout féministe : “Ces boulots, c’est une question d’individu,pas <strong>de</strong> sexe ! On n’est pas plus minutieuses que leshommes ! Le seul truc c’est d’avoir les compétences <strong>et</strong> sedébrouiller seule sur les chantiers, sans réclamer <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> pourhisser les sacs <strong>de</strong> colle !”.Même son <strong>de</strong> cloche chez Marie-Cécile (peintre) : “Bien sûr, on esttestées sur les chantiers, mais comme n’importe qui ! Il suffit <strong>de</strong>prouver qu’on est compétent(e) ! On n’est pas là pour toutchambouler !”.Se fondre dans le décor, donc, s’y intégrer sans vagues. Comme le fitJeannine JUTON, il y a quelques années déjà, lorsqu’elle repritl’entreprise d’électroménager <strong>et</strong> électronique où elle était secrétaire. “Latechnique, ce n’est pas mon fort, avoue-t-elle. Après quelquesdifficultés avec certains fournisseurs, tout s’est bien passé ! J’aiintéressé le technicien à l’affaire, <strong>et</strong> nous avons dès lorscollaboré en bonne intelligence, partageant la tâche en fonction<strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> chacun !”. Tout simplement…Les barrières tombent donc, les unes après les autres. Rien ne les arrête! Ni même la prise <strong>de</strong> responsabilités pour défendre leurs acquis,leurs droits ou leurs métiers. Comme ces autres femmes, que nousavons aussi rencontrées.“Au débutj’étais la bêtecurieuse...Les noms <strong>de</strong> métiers peuvent être, tous ou presque,féminisés. Cependant <strong>de</strong>s réticences existent, ellessont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’homonymie, <strong>de</strong> l’euphonie maisaussi <strong>et</strong> surtout relèvent <strong>de</strong> la psychologie.> Homonymie : bon nombre <strong>de</strong> noms féminisés,surtout ceux terminés en “euse” désignent aussi <strong>de</strong>smachines. Un tailleur au masculin, <strong>de</strong>vient une tailleuseau féminin, qui est aussi une machine à tailler !> Euphonie : le terme féminisé sonne mal. Uneplombière-chauffagiste, une couvreuse-zingueuse,une charpentière-menuisière <strong>et</strong> une maçonne !> Psychologique : féminiser un nom <strong>de</strong> métier revientà le dévaloriser. Un métier féminisé perdrait <strong>de</strong> sonprestige <strong>et</strong> <strong>de</strong> son autorité. Artisan présente-t-il mieuxqu’artisane ?Bref, les noms <strong>de</strong> métiers existent en version féminisée.Nous constatons toutefois que la plupart <strong>de</strong>sfemmes aux métiers “masculins” utilisent le nomau masculin. Caro la Caroleuse est artisan carreleur<strong>et</strong> elle en est fière. Aurélie PERRAIS est femmeboulanger. Mesdames, faites comme vous le souhaitez,mais continuez d’apporter vos compétences àl’artisanat, c’est bien là l’essentiel.SLIl y a sans doute encore du pain sur la planche pourque les femmes soient à l’aise, bien représentées<strong>et</strong> considérées dans le milieu <strong>de</strong> l’artisanat. Mais…le chemin est tracé, les a priori tombent p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it.Dans ces boulots d’homme, leurs compétencessont souvent reconnues. Car elles sont passionnées,bosseuses, déterminées, ces femmes-là ! Pasféministes, ni arrivistes, elles veulent se couler dansle moule sans éclat, mais en toute légitimité <strong>et</strong>reconnaissance <strong>de</strong> leur valeur. Il faut vivre avec sonépoque !N’y prenez pas ombrage, messieurs, adaptez-vousà c<strong>et</strong>te nouvelle donne ! Les femmes ont investi - <strong>et</strong><strong>de</strong>puis bien <strong>de</strong>s décennies - tant <strong>de</strong> secteursprofessionnels jusque-là masculins ! La banque, lebusiness, les médias… Pourquoi pas l’artisanat ?Elles y excellent dans l’organisation du travail, lescontacts commerciaux, le respect pour tous <strong>de</strong>srègles <strong>de</strong> sécurité, le prévisionnel, l’aspect convivial<strong>et</strong> humain <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> travail… Et ellessavent, <strong>et</strong> c’est précieux, se rem<strong>et</strong>tre en question.À méditer…C.F.D.SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008 N°<strong>80</strong> 19

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!