PortraitJeans <strong>et</strong> lun<strong>et</strong>tes intello,Bertrand LÉGER gare samoto dans l’entrée <strong>de</strong> l’atelier.Formé à la carrosserie,le quadra a p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>itglissé vers le mo<strong>de</strong>lage puisles simulateurs <strong>de</strong> vol, aprèsquelques années dans lespas <strong>de</strong>s prestigieux Compagnonsdu Devoir…Bertrand LÉGER, mo<strong>de</strong>leur-maqu<strong>et</strong>tiste :itinéraire d’un artisan touche-à-tout26Fils d’un menuisier havrais, Bertrand LÉGER faitson apprentissage <strong>de</strong> mécanicien auto, puiss’enrôle dans les Compagnons pour 7 annéesd’errance formatrice. “Je n’étais pas le plusdoué, avoue-t-il mo<strong>de</strong>stement, mais j’avaisenvie <strong>de</strong> progresser… Et c’étaittellement enrichissant ! La vie encommunauté, les changements fréquentsd’entreprise… On apprend à rabattre soncaqu<strong>et</strong> !”.Bien conscient que toute expérience est bonneà prendre, <strong>et</strong> satisfait du sentiment <strong>de</strong> libertéque procure c<strong>et</strong>te vie, le jeune homme enchaînedonc les entreprises, <strong>et</strong> passe son BM<strong>de</strong> carrossier à Nantes. En 1990, il termine sonTour <strong>de</strong> France chez « France Design » où l’on<strong>de</strong>ssine <strong>de</strong>s prototypes automobiles pour <strong>de</strong>grands constructeurs. Embauché chez Venturi(le <strong>de</strong>rnier constructeur français <strong>de</strong> véhicules <strong>de</strong>sport haute gamme), il modèle <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong>SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008 N°<strong>80</strong>>>bord, pare-chocs <strong>et</strong> autres pièces techniques.“Un travail <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> création <strong>et</strong> stylisme,qui me plaisait particulièrement”souligne l’artisan. Il atterrit ensuite à Laval, chezun carrossier constructeur <strong>de</strong> véhicules utilitaires: “J’ai travaillé à la maqu<strong>et</strong>te d’un corbillardqui transporta plus tard Bérégovoyvers sa <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>meure… ! Puis, j’ai éténommé responsable <strong>de</strong> production à Saint-Étienne, où les séries étaient réalisées”. L’œilrêveur, Bertrand LÉGER se souvient aussi avoirfait, en 1994, la maqu<strong>et</strong>te d’une voiture <strong>de</strong>sport, présentée à un salon automobile…MODELAGE, SIMULATION ET PROTO-TYPESC<strong>et</strong>te même année, le maqu<strong>et</strong>tiste, désireuxd’expériences nouvelles, crée sa première entreprise<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>lage, en région nantaise. Il yfabrique <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> carrosseries automobiles,<strong>de</strong>s moules pour l’aéronautique, l’industrieferroviaire (certains pour le TVG Corée). En1998, nouveau virage, avec un poste chez unancien client, à la fabrication <strong>de</strong> simulateurs <strong>de</strong>vol : “Nous travaillions pour les professionnels,<strong>et</strong> vendions aux écoles <strong>de</strong> pilotage,aux compagnies aériennes…”. Un autreunivers s’ouvre alors pour ce curieux <strong>de</strong> tout.Passionné <strong>de</strong> moto <strong>et</strong> bateau, il passe alorsson brev<strong>et</strong> <strong>de</strong> pilote ULM. “C’était un vraichallenge, j’ai toujours aimé aller cherchermes limites…” sourit-il. Et <strong>de</strong> fait, son nouvelemploi lui fait abor<strong>de</strong>r l’informatique <strong>et</strong> l’électronique,les matériaux composites, la gestion<strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s lourds. Il m<strong>et</strong> même en place uneécole <strong>de</strong> pilotage ULM à Ancenis “pour vali<strong>de</strong>rl’efficacité du simulateur <strong>de</strong> vol loisir !”.Mais le train-train n’est pas son fort. En 2007,Bertrand LÉGER monte une nouvelle société“Industrie Design Prototypes” avec l’accord<strong>de</strong> son ancien employeur, pour lequel il travailleen sous-traitance. Fort <strong>de</strong> ses connaissances,il crée <strong>de</strong>s prototypes “m<strong>et</strong>tant en forme lesidées les plus farfelues”, en utilisant <strong>de</strong>s matériauxvariés.Il est aussi à fond dans la création <strong>et</strong> la fabrication<strong>de</strong> simulateurs <strong>de</strong> vol, sous la marque IDSimulation, pour une clientèle <strong>de</strong> particuliers <strong>et</strong>d’aéroclubs. En pleine ZAC d’Ancenis, lenéo-chef d’entreprise travaille à étoffer sagamme <strong>de</strong> simulateurs, court les salons <strong>et</strong>me<strong>et</strong>ings aéronautiques, <strong>et</strong> rêve <strong>de</strong> créer unegrosse animation pour un parc <strong>de</strong> loisirs...Et dans cinq ou dix ans, quand il sera fatigué <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te activité, il transm<strong>et</strong>tra, pour aller ailleurs,en découdre avec un autre challenge…C.F.D.Industrie Design PrototypesZAC <strong>de</strong> la Fouqu<strong>et</strong>ière - Anceniswww.idsimulation.com> SARL créée en 2007> 2 salariés (+ épouse associée)> Activité : mo<strong>de</strong>lage ; création <strong>de</strong>prototypes <strong>et</strong> <strong>de</strong> simulateurs> Sous-traitance pour l’Armée,l’industrie automobile…> Clientèle : particuliers, aéroclubs,gendarmerie nationale…> CA : 130 000 €
PortraitIl a terminé fort honorablementà la 6 e place du concours duMAF ce printemps <strong>de</strong>rnier.De quoi ouvrir <strong>de</strong> nouvellesambitions au jeune homme,volontaire, passionné… maisrésolument les pieds sur terre.Benjamin CHEVALIER, un apprenticharcutier-traiteur à l’avenir souriant...>>Il est 14h00 <strong>et</strong> nous surprenons Benjamin,longue silhou<strong>et</strong>te bottée <strong>et</strong> ceinte d’un tablier,à finir le n<strong>et</strong>toyage du labo avec sescollègues. Le brin <strong>de</strong> timidité initial cè<strong>de</strong> vitela place à un chaleureux sourire, <strong>et</strong> au récitdétaillé <strong>de</strong>s diverses épreuves <strong>et</strong> sélectionsqui ont conduit l’apprenti à c<strong>et</strong>te finale nationaledu MAF. Son professeur au CIFAM,Jean-Yves BLANDIN, nous avait chau<strong>de</strong>mentrecommandé son élève, qu’il a encouragé àparticiper aux concours, tout comme sonmaître d’apprentissage.Benjamin n’est pas issu d‘un milieu artisanal.Mais sa maman, bonne cuisinière, lui a sansdoute donné le goût <strong>de</strong>s bonnes choses…“Je n’aimais pas particulièrement l’école ;en 3 e j’ai fait plusieurs stages dans ledomaine <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> bouche, pourchoisir mon orientation” explique ce natif<strong>de</strong> Prinquiau. Stage en boulangerie, en restauration<strong>de</strong> collectivité, en charcuterie, enfin.Le déclic se fait, non seulement pour l’aspectgourmand du métier, mais aussi pour la décoration<strong>et</strong> la mise en place.Entré à 16 ans au CIFAM, Benjamin démarreson apprentissage à Savenay, mais termineson CAP <strong>et</strong> enchaîne avec une mention complémentaireun peu plus loin, à Pontchâteau,chez les CLOUET*.LE THÈME DU FUTUROSCOPE !Premier aux concours départemental <strong>et</strong>régional du MAF, Benjamin a la chance’effectuer un stage préparatoire à la finalenationale, à Paris, avec ses 26 challengers.“Nous <strong>de</strong>vions réaliser une terrine <strong>de</strong> lapinà l’embeurrée <strong>de</strong> choux, une terrine <strong>de</strong>truite au basilic <strong>et</strong> créer un centre <strong>de</strong> tablesur le thème du Futuroscope !” détaillel’apprenti, en j<strong>et</strong>ant un cou d’œil à son patron,soutien efficace dans ces préparatifs.“Au départ, le décor, c’était ce que jefaisais le moins bien ! J’ai dû beaucouptravailler”. Et comme le travail est biensouvent payant, Benjamin récolte le fruit <strong>de</strong>ses efforts. Bien conscient qu’il lui resteencore beaucoup à apprendre - y compris endéco - le jeune homme <strong>de</strong> tout juste 19 ansrêve d’un BP, <strong>de</strong> concours prestigieux,comme Serbotel…J’ai la chance ici,d’être soutenu parune équipe au compl<strong>et</strong>,ça compte !Alors foin <strong>de</strong>s horaires un peu excentriques,<strong>de</strong>s extras <strong>de</strong> traiteur ou encore <strong>de</strong> la difficultédu métier : quand on aime, on necompte pas ! Après trois semaines <strong>de</strong>vacances sur la côte avec ses copains,l’apprenti est plein d‘énergie <strong>et</strong> prêt à endécoudre ! Sa plus jolie récompense, enmarge <strong>de</strong>s concours ? “Voir la mineadmirative <strong>de</strong>s clients lorsqu’on leurprésente un plat appétissant <strong>et</strong> artistiquementprésenté…”. Pas <strong>de</strong> doute : il a déjàtout compris, Benjamin !C.F.D.* Laurent CLOUET, charcutier-traiteur à PontchâteauSEPTEMBRE/OCTOBRE 2008 N°<strong>80</strong> 27