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Jean-Paul Sartre - L'enfance d'un chef On disait de moi : " Il ... - art-psy

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Je décidais <strong>de</strong> ne plus accepter ce genre d'invitation. Le len<strong>de</strong>main,Je bougonnais toute la journée dans les jupes <strong>de</strong> ma mère, réclamant qu'elle me racontât" Le Petit Chaperon rouge " et pendant qu'elle lisait, je lui chatouillais le couPour la taquiner un peu, lui <strong>de</strong>mandant aussi si elle avait été un garçon un jour.Qu'est-ce qui arriverait si on ôtait la robe <strong>de</strong> maman et si elle mettaitLes pantalons <strong>de</strong> papa, et dans ce cas aurait-elle une moustache comme lui ?La regardant dans les yeux, je me mis à penser à ce film <strong>de</strong> <strong>Jean</strong> Cocteau :"La belle et la Bête", j'avais <strong>de</strong>vant <strong>moi</strong> une femme à barbe comme à la foire du Trône.Et maman pensait pendant ce temps-là que je l'aimais plus que tout, d'ailleursJe la serrais très fort et l'embrassais comme les gran<strong>de</strong>s personnes.Constipé, je l'ai été souvent, alors elle m'aidait en disant :"Pousse, mon petit, pousse mon petit bijou", là, je ne sais pourquoi,J'eus un doute, était-elle ma vraie mère ? Depuis ce jour-là, je décidaisDe ne pas me marier avec elle quand je serais grand. Je n'avais plus confiance,Le jour, elle était comme ça, et la nuit autrement, même qu'une nuit <strong>de</strong> NoëlAlors que j'allais faire pipi dans les cabinets, je l'ai vu mettre les jouetsDans la cheminée... Je n'en ai pas dormi <strong>de</strong> la nuit. Parfois je jouais à êtreUne autre personne, je m'appelai Louis et j'aurai pas mangé <strong>de</strong>puis six jours.La bonne, toujours aussi aimable, m'aidait à déjeuner, mais je pensais toujours êtreLouis, et personne ne s'en rendait compte, même qu'on voulait m'apprendre leÀ <strong>de</strong>venir un voleur professionnel, faire du pickpocket, et tout cela me coupait l'appétit.À la maison, il arrivait souvent que nous recevions <strong>de</strong>s damesQui ne font pas pipi au lit comme <strong>moi</strong>.Et puis, toutes ces femmes m'aimaient bien, comme leurs maris,Me pelotant ici ou là, me traitant <strong>de</strong> mignon...Et <strong>moi</strong>, je leur racontais <strong>de</strong>s histoiresAuxquelles je croyais dur comme fer, ce qui m'inquiétait un peu.Parfois, on me traitait comme si j'étais un chien, guili-guili sur le ventre etSous leurs doigts, je <strong>de</strong>venais une poupée, un enfant poupée, un pouponQu'on met tout nu dans la baignoire pour le laver avec les mains <strong>de</strong> toutes ces dames,De tous ces messieurs, et le mettre au dodo dans un p'tit berceauComme un bébé qui rit quand on le touche ...Mr le curé venait à la maison une fois par semaine et même qu'un jour

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