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Jean-Paul Sartre - L'enfance d'un chef On disait de moi : " Il ... - art-psy

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Maman fut agacée par ces remarques sur son fils et <strong>de</strong>puis quelque tempsL'idée <strong>de</strong> me changer d'établissement lui avait traversé l'espritMais là, l'inquiétu<strong>de</strong> s'amplifia, au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'AbbéSi au <strong>moi</strong>ns je jouais aux récréations. La réponse <strong>de</strong> l'hommeNe fut pas <strong>de</strong>s plus rassurantes, puisqu’en effet je détestaisCes moments <strong>de</strong> liberté vécus en fait comme <strong>de</strong> l'enfer à l'état pur.Rien n'est plus détestable que ces "autres" libres à jouer comme ils l'enten<strong>de</strong>ntDans cette cour carrée où tous les coups sont bons pour faire mal,Très mal, ce qui me rendit à mon tour violent, et l'on ne se priva guèreDe le répéter à mère, lorsque par chance elle venait me rendre visite.S'il y a une chose que je n'aimais pas, c'était <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s gens parler <strong>de</strong> <strong>moi</strong>,Du <strong>moi</strong>ns à cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma vie, car par la suite,Je n'ai pu maitriser cette question... J'étais le centre du mon<strong>de</strong> puisqu'au centreDe leurs conversations et <strong>de</strong> leurs investigations à mon endroit.Que <strong>disait</strong>-il à ma pauvre mère ? J'éprouvais <strong>de</strong> l'inquiétu<strong>de</strong> pour elleEt une envie <strong>de</strong> pleurer m'aurait saisi à la gorge si je n'avais craintDe paraître idiot aux yeux <strong>de</strong> tous. Au cours <strong>de</strong> géographie, je me sentis très mal,Alors je <strong>de</strong>mandais la permission <strong>de</strong> quitter la salle pour aller respirer <strong>de</strong>hors.De peur <strong>de</strong> me voir tourner <strong>de</strong> l'oeil en pleine classe et <strong>de</strong> surcroitDevant ma mine <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>, l'Abbée ne se fit pas prié, il me laissa sortir.J'allais aux chiottes vi<strong>de</strong>r mes émotions, mais comme rien ne venait,Je regardais autour <strong>de</strong> <strong>moi</strong>, écoutant ma souffrance, écoutant mes douleurs.Cela va surprendre beaucoup d'entres vous, j'aime cet endroit où je peuxMe replier loin <strong>de</strong>s hommes, tous aussi malveillants que les autres,Et là plus qu'ailleurs, j'en accepte les o<strong>de</strong>urs, mais surtout, surtout la solitu<strong>de</strong>.Devant <strong>moi</strong> la porte recouverte d'inscriptions dont une m'amusa beaucoup,Elle mettait Barataud au niveau <strong>d'un</strong>e punaise, j'en ris encore aujourd'hui.En effet Barataud était aussi petit et rachitique qu'une punaiseSans parler <strong>de</strong> son père, objet <strong>de</strong> la pire espèce <strong>de</strong>s punaises, un nain d'homme.Pourquoi cet élève n'avait-il pas effacé cette inscription malveillante à son égard ?Je l'imaginais retirant sa culotte et prendre du plaisir à être la ve<strong>de</strong>tte,Sur cette tablette <strong>de</strong> tous les dévoiements, <strong>de</strong> tous les débor<strong>de</strong>ments humains,<strong>Il</strong> se regar<strong>de</strong>rait à mis nu et constaterait en effet la petitesse <strong>de</strong> son ziziN'ayant pas encore grandi et donc méritant ce nom <strong>de</strong> punaise.

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