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Jean-Paul Sartre - L'enfance d'un chef On disait de moi : " Il ... - art-psy

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Et sa maman, ma tante Berthe, vinrent habiter chez nous. Je n'étais plus tout seul,Et fus très content <strong>de</strong> jouer avec un copain. C'est à mon cousin que je confiaisLe secret <strong>de</strong> ma vie : j'étais somnambule. Je ne sais pour quelle raison, un jour,Riri dans le jardin près <strong>de</strong>s orties, ouvrit son pantalon pour me montrer son zizi,En me disant quand il sera grand, il ira tuer les boches aussi. Pour ne pas en rester là,Je lui montrai le mien, mais Riri dit : " C'est <strong>moi</strong> qui ai le plus grand "" Oui, mais <strong>moi</strong> je suis somnambule " lui ai-je répondu tranquillement. Une nuit,Je <strong>de</strong>mandais un service à mon coéquipier : qu'il resta éveillé pour voir commentC'est un somnambule, puis au petit matin, il me ferait un compte rendu détailléDe ce qu'il aurait vu. Si ce projet intéressant ne put avoir lieu,C'est que mon cousin p<strong>art</strong>ageant le même lit que <strong>moi</strong> était un dormeur effrénéEt rien ne pouvait le dissua<strong>de</strong>r à fermer les yeux à peine allongés sur son lit.Précisément, je rêvais à une bicyclette que mon père <strong>de</strong>vait m'offrir,Lorsque la bonne entra dans notre chambre où mon cousin et <strong>moi</strong>-mêmeÉtions allongés à <strong>de</strong>mi nus, et dormant comme <strong>de</strong>s anges s'offrant au ciel,Alors qu'il était déjà huit heures du matin. La première <strong>de</strong> mes pensées était toujoursDe me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si j'avais été somnambule cette nuit-ci, et à cette question,Seul le bon Dieu pouvait avoir une réponse, mais où était-il donc celui-là,Tout le mon<strong>de</strong> en parle sans jamais l'avoir vu. Les hommes m'apparurentDe plus en plus bizarres quand, à la messe, je les voyais s'agenouiller sur le prie-DieuPour obtenir une chose qu'ils n'avaient pas, ou se protéger <strong>d'un</strong> malheurPouvant leur tomber sur la tête pour avoir pêché. Je me mis à le détester,Car il était plus informé sur mon cas personnel que je ne l'étais <strong>moi</strong>-même.<strong>Il</strong> voyait et savait tout, mes faits et mes gestes, mon désamour pour mes parents,Et plus grave encore, toutes mes activités nocturnes, celles dont j'étais conscientsComme celles dont je ne l'étais pas. Mais pouvait-il se souvenir <strong>de</strong> tout ?N'y avait-il pas <strong>de</strong>s virus dans la mé<strong>moi</strong>re <strong>de</strong> ce Bon Dieu,Infectant la base <strong>de</strong> données où <strong>de</strong>s milliards d'informations doivent trouverUne place dans la tête <strong>de</strong> cet être jamais vu nulle p<strong>art</strong> ...<strong>Il</strong> y avait <strong>de</strong> quoi <strong>de</strong>venir fou avec ce gars-là ! Mais enfin, je ne voulais pas prendreLe risque <strong>de</strong> voir Dieu dire à ma mère la haine <strong>de</strong> son fils à son égard,Je me <strong>de</strong>vais donc <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s précautions avec lui, être diplomate,Hypocrite pourquoi pas. J'arrivai à lui mentir et à la longue, à croire <strong>moi</strong>-même

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