Nouvelles de Chrétienté 77 - Dici

•Du dérèglement dans l’Ordredans les documents pontificaux antérieursrelatifs au sacerdoce. Parmiles nouvelles références introduitesse trouve mentionnée celle de saintPaul à Timothée (« Il faut donc quel’évêque soit irréprochable, qu’il n’aitqu’une seule femme… ») de la manièresuivante : « la pratique de la continenceparfaite […] n’est pas exigée parla nature du sacerdoce comme le montrela pratique de l’Eglise primitive (cf. 1Tim. 3, 2-5) ». Quant aux omissions,l’une des plus significatives est cellede Lv 21, 8 : « Tu le traiteras commeun être saint car il offre la nourriture deton Dieu ». Cet « oubli » n’est pasinnocent mais le résultat d’uneintention délibérée, ce passageexprimant bien la distinctionentre la perfection des prêtreset celle des fidèles. De même lacitation maintes et maintes foisutilisée de Mat V, 13 (« Vous êtesle sel de la terre ») appartient désormaisau souvenir.Si l’on aborde la questionde l’interprétation des textes,le changement est tout aussiinstructif. Pour ne nous limiterqu’à un seul exemple, nousprendrons le passage bien connude saint Paul, Heb V, 1 :« Tout grand prêtre pris d’entre leshommes est établi pour interveniren faveur des hommes dans leurs relationsavec Dieu afin d’offrir desdons et des sacrifices pour les péchés».L’application antérieure de cetexte se résumait dans le passage :« Le prêtre est constitué pour les chosesqui regardent Dieu ». L’applicationest ici complètement différentecomme le souligne le Père Weers :« Notre décret présente cette référenced’une manière nouvelle “pris du milieudes hommes et établi en faveur deshommes dans leur relation avec Dieuafin d’offrir des dons et sacrifices pourles péchés, les prêtres vivent avec lesautres hommes comme avec des frères”(P.O. n° 3). Le contraste est saisissant !Vatican II n’oublie certes pas que lesprêtres, ministres du Christ, sont “témoinsdispensateurs d’une autre vie quela vie terrestre”. Mais ce qu’il lit dansles Hébreux, ce n’est pas d’abord cela.C’est le sacerdoce du Fils devenu entout semblable à ses frères. Ceci vient del’orientation pastorale et missionnairede Vatican II ». 1A la lumière de cet exemple, onpeut comprendre pourquoi le concileutilisa abondamment la sainteEcriture, si facile à interpréter demanière nouvelle. 2Les citations doctrinales à l’inversesont réduites. Nous avons déjàévoqué les 20 citations pontificales,le concile de Trente fait encoreplus triste mine avec ses 3 citations,le concile de Vatican II faisantquant à lui meilleure figure avec 35références. Notons quand même aupassage que sur les trois mentionsdu concile de Trente - qui a tout demême consacré une session entièreau sacerdoce -, deux référencessont purement anecdotiques tandisque la troisième, elle dogmatique etfigurant en bonne place au n° 2, setrouve légèrement modifiée ou dumoins limitée dans sa portée par le1 Ibidem, p. 333.2 « L’Eglise ne commente pas un livre : elle vitsa mission. » H. Le Sourd, ibidem, p. 292.3 Ibidem, p. 210.contexte de la phrase : « des ministresqui, dans la communauté des chrétiens“seraient investis par l’Ordredu pouvoir sacré d’offrir leSacrifice et de remettre les péchés”,et y exerceraient publiquementpour les hommes au nom du Christ lafonction sacerdotale ». Le P. Denisprécise : « le texte de Trente a été légèrementmodifié et dans un sens qui rejointla perspective ecclésiologique… » 3L’enseignement précédent est pourle moins mis en quarantaine !I.4 Le mépris du passéEnfin, pour apporter unepreuve supplémentaire, qui n’estque psychologique mais qui a savaleur, faisons remarquer le méprisde ces «théologiens» pourla théologie « anté-vaticanesque». Voici à l’appui de cette accusationquelques exemples : « ilest évident que l’accent quasi exclusifmis sur le pouvoir conféré apporteune confusion dont nous trouvonsdes traces jusque chez St Thomas. » 4« Nous sommes bien conscients, […] detout ce dont nous nous privons et quia joué un grand rôle : l’exploitationdu Pontifical, les grandes spiritualitéscomme celles de l’Ecole Française,les documents des souverains pontifes,etc… Nous savons aussi l’importancede la vie concrète de l’Eglise ettout particulièrement de l’apostolatsacerdotal des trois derniers sièclesécoulés. » 5 « Toute une littérature entretenaitune certaine « mystique » du sacerdoceaxée sur la consécrationeucharistique et le pouvoir de l’accomplir,sans référence au caractère ministérielet apostolique de ce sacerdoce :le prêtre est supérieur aux anges, semblableà Marie, puisqu’il a pour rôle dedonner Jésus, de le faire venir ; il est mêmeplus puissant que Marie, puisqu’ellen’a enfanté Jésus qu’une fois alors qu’ilpeut, lui, le faire venir mille fois. Cesont là des enfantillages, tenant en bon-4 Lécuyer dans le sacerdoce dans le mystèredu Christ, p. 375.5 H. Denis, ibidem, p. 197.21