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Redonnons des couleurs à la maternelle ! - SNUipp

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[ ]enêTresfsur coursSUPPLEMENT - 10 OCTOBRE 2011 - N°359 - ISSN 1241 - 0497<strong>Redonnons</strong> <strong>des</strong> <strong>couleurs</strong>à <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> !


le SNuipp-fsu vous informeLa référenceadministrative.La nouvelle édition2012, mise à jour,complétée par unCD-Rom.Commandeauprès <strong>des</strong>sections du <strong>SNUipp</strong>.Sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong> élèvesen situation de handicapSUPPLÉMENT - 26 SEPTEMBRE 2011 - N°358 - ISSN 1247 - 0497GUIDE PRATIQUEréalisé par le <strong>SNUipp</strong>-FSUseptembre 2011Tout sur <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong>élèves en situationde handicap.Un rendez-vous incontournablede <strong>la</strong> profession avec <strong>la</strong> réflexionet <strong>la</strong> rechercheUn film de Rebecca Houzelproduction Point du Jour et<strong>SNUipp</strong>Des pistes pour luttercontre les discriminations.Un hebdomadaire :(fenêtres sur cours )Le sitepour accompagnervotre entréedans le métier.http://neo.snuipp.frseptembre 2011Guide pratiqueseptembre 2011édité par le SNU ippsorties sco<strong>la</strong>iressécurité responsabilitéprotection de l’enfancePour exercer sereinementson métier au quotidien.avec <strong>la</strong>participationde <strong>la</strong> FASMaretraitele guide pourconnaîtremesdroitsUn guide spécialédité par le <strong>SNUipp</strong>-FSUpour connaître vos droits.Un site :http://www.snuipp.frPour les étudiants et stagiaires,le mémo agenda du <strong>SNUipp</strong>, une carte USB et un site dédié :http://neo.snuipp.frenêTres[ ]fsur coursHebdomadaire du Syndicat National Unitaire<strong>des</strong> instituteurs, professeurs <strong>des</strong> écoles et pegc128 Boulevard B<strong>la</strong>nqui - 75 013 Paristél : 01 44 08 69 30 - e-mail : fsc@snuipp.frDirecteur de <strong>la</strong> publication : Sébastien SihrRédaction : Marianne Baby, Lydie Buguet, Odile Chastel,Anne Dumas, Judith Fouil<strong>la</strong>rd, Pierre Garnier, Daniel Labaquère,Sébastien Sihr.Maquette : Jérôme QuéréImpression : SIEP Bois-Le-Roiprix du numéro : 2 €ISSN 1241 - 0497 • CPPAP 0415 S 07284


SOMMAIRE468« Une école pour les enfants du XXI ème siècle »,Interview de Viviane Bouysse10[ ]École et famille,Interview de Thierry VasseenêTresfsur cours7- Des liens utiles et agréables, Viviane Bouysse- L’école à 2 ans... Oui ! Mais comment?9- Enquête CSA- Médecine sco<strong>la</strong>ire- Paroles de parents- Parler à l’école pour penser,Interview de Véronique Boiron5- « À l’école du bien-être», Agnès Florin ;- Rythmes sco<strong>la</strong>ires.11 - Aide personnaliséeCes livres qui font grandir les enfants,12 Joëlle Turin13- Des albums, oui mais lesquels, Stéphane Bonnery- Sélection, Marie-C<strong>la</strong>ire Plume14- La prévention de l’illetrisme en question,Mireille Brigaudiot15- Une école mise à mal16et17 Évaluations,- OCDE : <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> plébiscitée- Évaluer... mais on apprend quand ?- Observer pour faire progresser- Évaluer les compétences numériques... Rémi Brissiaud18et19Handicap- Questions à Charles Gardou ;- L’intégration en quête de ressort ;- Un projet pour l’enfant, Pascal Bataille20et21La construction d’un lieu de vie- Des sensations à <strong>la</strong> connaissance en EPS, Colette Catteau- Une photographe à l’école- À l’école <strong>maternelle</strong>, c’est le corps d’abord, Isabelle Racoffier22et23<strong>Redonnons</strong> <strong>des</strong> <strong>couleurs</strong> à l’écoleÉditoBien-être et bienapprendre : un même é<strong>la</strong>nOh ! A <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> on apprend ! avaient répondu, en2008, les enseignants à un ministre qui ne pensait pas plusloin que les couches. Apprendre, tranquillement, en prenantle temps de découvrir, d'essayer, de répéter avant deréussir. Apprendre ensemble pour apprendre tout seul.Apprendre en tenant compte <strong>des</strong> besoins spécifiques dechaque âge. Apprendre, en s'appuyant sur une re<strong>la</strong>tion deconfiance aux familles, sur le travail avec d'autres professionnelsde <strong>la</strong> petite enfance. Apprendre, dans de bonnesconditions d'accueil et d'effectifs... et en sortant d'unecacophonie et de restrictions budgétaires qui empoisonnentle travail <strong>des</strong> écoles.L'école <strong>maternelle</strong> ne peut pas être <strong>la</strong> première marched'un système où règne <strong>la</strong> compétition sco<strong>la</strong>ire... Plus,même : elle doit donner le « <strong>la</strong> » de <strong>la</strong> réussite de tous.Aujourd'hui investir dans cette sco<strong>la</strong>risation « préélémentaire» reste plus que jamais indispensable. Alorsque le système éducatif français est pointé du doigt commeun <strong>des</strong> plus inégalitaires, l'école <strong>maternelle</strong>, premier lieu oùse joue <strong>la</strong> réussite <strong>des</strong> élèves, doit faire l'objet de tous lessoins. Il n'est pas raisonnable d'opposer bien-être etapprentissages, ils vont de pair. C'est de sérénité dont cetteécole a besoin. Des enseignants formés et disponibles,ayant du temps pour travailler en équipe, <strong>des</strong> espaces et dumatériel adaptés, une meilleure prise en compte <strong>des</strong>aspects spécifiques de <strong>la</strong> petite enfance pour trouver le bontempo, celui d'une école où il fait bon vivre... et grandir.Sébastien Sihr3


Grande interview« Une école pour les enfants du XXI ème siècle »questions àVivianeBOUYSSEInspectrice Générale del’Éducation NationaleCes dernières années, l'école <strong>maternelle</strong> a été aucentre de discours parfois contradictoires : tantôtangéliques, tantôt accusateurs (rapport du HCE, Darcos,Bentoli<strong>la</strong>...). Comment l'expliquez-vous ?Cherchons à comprendre les discours accusateurs.Globalement, les résultats <strong>des</strong> élèves à l’issue del’école primaire ne s’améliorent pas, en particulierceux <strong>des</strong> élèves issus <strong>des</strong> milieux les moinsfavorisés. La recherche d’explications, et de solutions,remonte toujours plus en amont ; l’école<strong>maternelle</strong> est concernée parce qu’elle est <strong>la</strong>première étape du parcours sco<strong>la</strong>ire aujourd’huipour tous les enfants. Je crois qu’elle l’est aussiparce que l’on a conscience d’avoir beaucoup dedifficultés à produire <strong>des</strong> remédiations efficaces ;dès lors on attend beaucoup plus de <strong>la</strong> prévention,et on se tourne vers cette première sco<strong>la</strong>risation.Les connaissances que nous avons maintenantsur les très jeunes enfants, sur l’importance<strong>des</strong> stimu<strong>la</strong>tions précoces, en particulier celle<strong>des</strong> stimu<strong>la</strong>tions <strong>la</strong>ngagières, invitent aussi à agirtôt dans cette perspective, et c’est vrai aussiailleurs qu’en France.Quel regard portez-vous sur l'école <strong>maternelle</strong> ?Ce que je vois aujourd’hui est très divers, ni plus,ni moins d’ailleurs qu’en élémentaire. Il y a <strong>des</strong>formes d’organisation que l’on perpétue sanssavoir pourquoi (rituels et ateliers au premierchef). Par ailleurs, on fait évoluer <strong>des</strong> pratiques ententant d’accorder ce que l’on comprend <strong>des</strong>attentes institutionnelles avec les matériaux quel’on trouve sur <strong>des</strong> sites toujours plus généreuxen propositions dont on ne se demande pas sielles ont une quelconque validation et par qui ;c’est surtout vrai pour <strong>la</strong> préparation à <strong>la</strong> lectureet pour les activités numériques. Ce sont enfin <strong>des</strong>exigences mal calibrées par rapport aux besoinset aux acquis <strong>des</strong> élèves : on est parfois dansune anticipation trop forte avec les plus jeunes etdans une sous-stimu<strong>la</strong>tion avec les plus grands,mais ce peut être aussi l’inverse. Les besoins dejeu et de mouvement et les formes d’expressionautres que <strong>la</strong>ngagières sont de moins en moinspris en compte… sans que <strong>la</strong> question du <strong>la</strong>ngageoral soit bien traitée même si on <strong>la</strong> dit prioritaire.Enfin, je ne veux pas passer sous silence un élémentmajeur à mes yeux : il n’y a jamais eu autantd’enfants avancés dans l’acquisition de <strong>la</strong> lectureà l’issue de <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>. Cette incontestableréussite de l’école <strong>maternelle</strong> a son revers car<strong>la</strong> situation de ceux qui sont le moins avancésest d’autant plus délicate : les différences sontinterprétées comme difficultés et ces enfantssont vus – et se voient ? - comme <strong>des</strong> « élèves endifficulté ».N'est-ce pas là le signe d'une nécessaire mise au c<strong>la</strong>irsur les objectifs que l'on assigne à <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> ?Certainement mais je ne suis pas sûre que cesoient les objectifs en eux-mêmes qui posentproblème ; c’est plutôt sur l’interprétation qui enest faite qu’il y a nécessité de s’entendre. La miseau c<strong>la</strong>ir suppose à <strong>la</strong> fois un état <strong>des</strong> lieux rigoureux,sans angélisme ni sarcasme, et un regard surl’ailleurs. La forme sco<strong>la</strong>ire de notre école élémentairen’est peut-être pas le meilleur modèle,en tout cas pas pour tout, pour « faire école » avecde jeunes enfants.Quelles doivent-être les priorités de <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> ?Les priorités ne me semblent pas si mal définiesaujourd’hui. Elle doit à <strong>la</strong> fois stimuler le développement<strong>des</strong> enfants dans tous les domaines(social, cognitif, <strong>la</strong>ngagier, moteur…) dans unepériode sensible de forte évolution et les préparerà s’adapter et réussir à l’école élémentaire. Elledoit aussi réduire les effets sco<strong>la</strong>ires <strong>des</strong> différencesinitiales déjà très importantes à trois ans.Le processus progressif qui conduit <strong>des</strong> enfantsà « devenir élèves » doit certes être mieux comprismais on ne peut pas défendre l’école <strong>maternelle</strong>sans inclure dans son identité ce en quoi ellese distingue d’autres formes pré-sco<strong>la</strong>ires oupéri-sco<strong>la</strong>ires.Qu'est-ce que ce<strong>la</strong> signifie en termes d'orientationset de formes pédagogiques pour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ? Entermes de formation ? Et même de lieux de vie ?On ne peut répondre brièvement mais c’est biende <strong>la</strong> capacité à c<strong>la</strong>rifier tout ce<strong>la</strong> que viendral’amélioration souhaitée : un plus en matière d’acquispréparatoires au CP que l’on n’obtiendrait pasau prix d’un moins de bien-être pour ces jeunesenfants dont toutes les capacités doivent êtredéveloppées, et pas seulement <strong>la</strong> cognition. Laquestion de <strong>la</strong> formation est un sujet très complexe: s’il y a deux formes sco<strong>la</strong>ires un peu différentespour <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> et l’élémentaire,quelles conséquences accepte-t-on d’en tirerpour <strong>la</strong> formation <strong>des</strong> enseignants ? Vastes débatssans doute… Il ne faudrait pas que le passé del’école <strong>maternelle</strong> nous embarrasse ; ce n’est ni unmodèle, ni un repoussoir. Les enfants du XXIèmesiècle ont besoin d’une école pensée pour eux eten fonction <strong>des</strong> exigences de <strong>la</strong> société pour<strong>la</strong>quelle on les prépare.4


architectureLa construction d'un lieu de vieL'école <strong>maternelle</strong> Jean P<strong>la</strong>they a ouvert ses portes à <strong>la</strong> rentrée 2011.Une construction d'architecte qui favorise les échanges.Lorsque vous circulez rue Crozier, à <strong>la</strong> Ta<strong>la</strong>udière(42), votre regard est attiré par uneélégante structure, immense toile de tentesoutenue par quatre piliers. C'est le préaud'une construction d'architecte, une école<strong>maternelle</strong> qui compte 6 c<strong>la</strong>sses et a ouvertses portes à <strong>la</strong> rentrée 2011.La visiteL'entrée de l'école se fait par une grandecour de récréation aménagée. Sur les deuxailes se déploient les c<strong>la</strong>sses. En face, sontabrités les espaces partagés : un gymnase,une bibliothèque, une autre cour calme,végétale.Pour rejoindre les c<strong>la</strong>sses, parents et enfantsdepuis <strong>la</strong> cour, peuvent circuler à couvert etpénètrer dans les vestiaires, intercalés entreles c<strong>la</strong>sses. Ces vestiaires sont associés à <strong>des</strong>espaces propreté. Les c<strong>la</strong>sses de petits disposentchacune d'une salle de repos. Surl'extérieur <strong>des</strong> ailes, les couloirs servent degaleries d'exposition. Ils font le tour del'école et forment une rampe qui permetl'accessibilité aux enfants en situation dehandicap.Un projet au long cours"A l'origine du projet en 2002, deux prioritésont été définies", rappelle Pascal Garrido,maire de <strong>la</strong> Ta<strong>la</strong>udière. Il s'agissait de rassemblertoutes les fonctions petite enfancesur un même lieu pour faciliter les liaisonset travailler <strong>la</strong> dimension développementdurable. 4 711 672 euros pour cet espace :un investissement lourd. La CAF, les servicessociaux, l'éducation nationale (y compris lesenseignants), les parents d'élèves et lesélus ont été consultés pour définir lesbesoins et réaliser un cahier <strong>des</strong> charges.L’architecte Marie-Renée Desages est <strong>la</strong>conceptrice de cet ensemble. Elle a choiside mettre en musique les prescriptions."J'ai voulu que les enfants puissent vivre <strong>des</strong>expériences différentes en jouant sur lesvolumes : endroits petits, protégés, calmes,sécurisants, mais aussi grands espaces àdécouvrir (gymnase, préau)" explique-telle.Ce parti-pris a été le même pour les différentslieux : re<strong>la</strong>is d'assistantes <strong>maternelle</strong>s,jardin d'enfants... Elle poursuit : "sil'école est un cadre forcément contraint, <strong>la</strong>possibilité offerte d'espaces différents contribueau bien-être <strong>des</strong> enfants". Le choix <strong>des</strong><strong>couleurs</strong> permet d'identifier <strong>des</strong> espaceset d’aider les enfants à mieux se repérer :neutres pour les lieux communs, plus vivespour les lieux particuliers.Parmi les choix importants : <strong>la</strong> qualité acoustique.Pour ce<strong>la</strong>, l’architecte a entouré <strong>la</strong>cour par les bâtiments qui jouent ainsi unrôle de tampon : les couloirs sont situés àl'arrière <strong>des</strong> bâtiments, les zones de repostrès bien isolées et totalement fermées.Les p<strong>la</strong>fonds ont une forme courbe quilimite <strong>la</strong> réverbération <strong>des</strong> sons. Pour donnerun maximum de lumière naturelle, l'architectea couplé baies vitrées et grandsvasistas.Un espace à vivreLes enseignantes de l'école ont appris àvivre dans ce nouvel espace. Marie-Hélèneest très enthousiaste. Elle perçoit l'école à<strong>la</strong> fois comme très sécurisante et ouverte surl'extérieur. Elle apprécie le passage couvertautour de <strong>la</strong> cour qui permet d'accéderaux c<strong>la</strong>sses "à pieds secs" et au vaste préauinsonorisé. Par tous les temps, les enfantspeuvent sortir en récréation dans <strong>des</strong> conditionsoptimales !Isabelle utilise avec p<strong>la</strong>isir le coin "rassemblement",alcove <strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses de grands etde moyens, éc<strong>la</strong>irée par un puits de lumière."C'est un espace particulier où l'on s'écoute,où l'on prend <strong>la</strong> parole, où les exigences enterme de concentration peuvent être plusfortes" explique-t-elle.Ramona, <strong>la</strong> directrice, souligne que <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion<strong>des</strong> parents comme <strong>des</strong> enfantsdans l'école est facilitée, les possibilitésd'échanges favorisées. Cependant, l'équipea dû s'organiser pour adapter <strong>la</strong> vie quotidienneaux lieux. Bien sûr, cette nouvelleécole n'est pas complètement exempted'imperfections : manque de rangements,taille <strong>des</strong> vestiaires. Quant aux enfants, ils sesont facilement adaptés "comme s'ilsavaient toujours été ici", précise Ramona.Le maire conclut : "Même si ce n'est pas parfait,les conditions d'accueil sont trèsbonnes : le parfait est à faire". Ce lieu estvivant et va évoluer. Toute une réflexion àpoursuivre dont l'équipe enseignante s'estdéjà bien saisie.6


Alliances et partenariatsautour de l'enfantDes liens utiles et agréables…Dans l’agitation quotidienne de notremétier, pourquoi trouver du temps àrechercher le contact avec les partenairesde l’école ? La c<strong>la</strong>sse peut « tourner» sans ce<strong>la</strong> après tout… mais peutelletourner dans le bon sens ?Le pédiatre Maurice Titran disait : « Cesont les autres qui m’apprennent monmétier : je prends <strong>des</strong> notes quandl’institutrice ou l’éducatrice me parlentd’un enfant et je crois <strong>la</strong> mère quandelle m’explique le comportement <strong>des</strong>on enfant ». Ces mots m’ont apprismon métier. Il s’agit bien d’une posture,celle de considérer que seul, on nepeut tout savoir, tout comprendre, rienrésoudre.Alliances, liens, partenariats : autantde mots pour décliner <strong>la</strong> nécessité detravailler avec d’autres compétences,d’autres savoirs, au service <strong>des</strong> enfants,<strong>des</strong> élèves. Ces alliances, liens et partenariatsne peuvent être seulement<strong>des</strong> mots alignés au fil de « projets » ou« compte-rendu de réunions » mais sedoivent d’être utiles et agréables.Utiles et agréables au moment de <strong>la</strong>rentrée d’un petit à l’école par exemple.Comment faire sans <strong>la</strong> connaissanceLaurenceCHARTIERProfesseure <strong>des</strong> écolesen Petite section de<strong>maternelle</strong>, Isère<strong>des</strong> parents, l’expertise <strong>des</strong> professionnelsde <strong>la</strong> petite enfance (Atsem,assistantes <strong>maternelle</strong>s, éducatrices<strong>des</strong> crèches, PMI…) pour accueillir l’enfanten douceur, accompagner aumieux ses besoins, dans un monde quilui est souvent hostile et dans tous lescas étranger.Utiles et agréables dans le cas de l’accueild’un enfant handicapé, autreexemple. Comment gérer seul l’adaptationde cet enfant et parfois, commece<strong>la</strong> peut être le cas à l’entrée de l’école<strong>maternelle</strong>, l’annonce de sa ”différence”à <strong>la</strong> famille.Utiles et agréables pour prévenir, pouragir. Il s’agit de tricoter <strong>des</strong> liens quiseront nécessaires, voire indispensablesen cas de crise ou simplement de fragilitésco<strong>la</strong>ire.Utiles et agréables quand on n’a plus lepoids de répondre seul mais qu’oncherche ensemble.Utiles et agréables quand ces alliances,liens, partenariats sont une aide et nonune charge ou une perte de pouvoir.Alors, comment s’en passer, ne seraitceque pour se rassurer ?L'école à deux ans...Oui ! Mais comment ?« Les avantages pour les élèves sontavérés dans <strong>la</strong> compréhension orale,dans <strong>la</strong> familiarité avec l'écrit, dansles concepts d'espace et de temps,dans les compétences numériques »,rappelle Agnès Florin. L'intérêt de <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong> enfants de deux ansest démontré depuis longtemps. Unrapport de 2006*, les travaux del'IREDU** confortent entre autresétu<strong>des</strong> le constat <strong>des</strong> bénéfices d'unesco<strong>la</strong>risation précoce que n'a d'ailleurspas remis en cause <strong>la</strong> loi d'orientationde 2005. Les évaluations internationales***démontrent égalementles avantages en terme de performancesque peuvent en retirer lesélèves. Son recul n'est donc pasmotivé par <strong>des</strong> choix éducatifs. Considéréecomme variable d'ajustement,<strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong> moins de trois anspaye un très lourd tribut à <strong>la</strong> politiquebudgétaire.Pour le <strong>SNUipp</strong>, les enfants de deuxans ont leur p<strong>la</strong>ce à l'école <strong>maternelle</strong>mais pas dans n'importe quellesconditions. La question de leur bienêtreest aujourd'hui incontournable.Pour les élèves, continuons d'exiger<strong>des</strong> conditions d'accueil et d'effectifsadaptées, un encadrement dequalité, <strong>la</strong> possibilité d'aménager letemps sco<strong>la</strong>ire et l'appui <strong>des</strong> enseignants<strong>des</strong> RASED pour assurer uneprévention optimale <strong>des</strong> difficultéssco<strong>la</strong>ires ultérieures.Essentielle, <strong>la</strong> qualité du premiercontact avec l'école doit être favoriséepar <strong>des</strong> dispositifs spécifiques.Pour accueillir le mieux possible lesenfants et leurs parents, <strong>des</strong> équipesont depuis longtemps mis en p<strong>la</strong>ceune rentrée échelonnée. Les c<strong>la</strong>ssespasserellesparticipent aussi de cesaménagements. Grâce à <strong>des</strong> regardscroisés, elles permettent <strong>des</strong>«alliances» autour de l'enfant. Par <strong>la</strong>complémentarité <strong>des</strong> différents personnelsde <strong>la</strong> petite enfance, ellesfavorisent une socialisation progressiveet une séparation en « douceur »d’avec <strong>la</strong> famille. L'institution ne donnemalheureusement pas toujours lesmarges de manoeuvre nécessaires àfaire vivre toutes ces initiatives quiexigent formation et réflexion. Lesenseignants devraient pouvoir, dansle cadre <strong>des</strong> formations initiale etcontinue, approfondir leurs connaissances: psychologie <strong>des</strong> très jeunesenfants, acquisition du <strong>la</strong>ngage,réflexion sur les « gestes professionnels» qui prennent le mieux encompte les rythmes et les besoins de<strong>la</strong> petite enfance. Penser l'enfant«entièrement», avec son histoire, sesparents, de manière à créer un climatde confiance favorable au démarragede <strong>la</strong> vie sco<strong>la</strong>ire, ce<strong>la</strong> s'apprendet se construit...* cf "PISA à <strong>la</strong> loupe" OCDE 2011** Rapport "les inégalités de réussite àl'école élémentaire : construction et évolutions"Caille et Rosenwald*** "Le rôle de l'école <strong>maternelle</strong> dans lesapprentissages et <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité <strong>des</strong> élèves"IREDU CNRS Bruno SUCHAUD 20087


école et familleUne co-éducationau service de l'enfantThierry Vassequestions àInspecteur de l'éducation nationale,chargé de l'enseignement préélémentaireet <strong>des</strong> politiques éducativesterritoriales pour l'inspectionacadémique de <strong>la</strong> Vendée8En quoi <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion aux familles peut-elle favoriser lebien-être <strong>des</strong> élèves à l'école <strong>maternelle</strong> ?La question du bien-être est très fortement corrélée à <strong>la</strong>qualité de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion, particulièrement dans les premièresannées. Le petit enfant sco<strong>la</strong>risé, encore faiblement dissociéde son milieu familial, a besoin de sentir une permanence<strong>des</strong> liens familiaux à l'école. Ce<strong>la</strong> suppose que<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> parents avec l'ensemble <strong>des</strong> professionnels(enseignants, ATSEM, AVSi…) inscrive l'enfant dans unaccueil qu'il perçoit comme étant sécurisant et stable etdans un lien qu'il ne peut penser que s'il voit les partenairesensemble. Il se sent d'autant plus en confiance s'il voit parlerde lui de façon sereine et posée. La valorisation par lesparents est déterminante.Le bien-être est également favorisé par <strong>la</strong> confiance réciproque,par <strong>la</strong> cohérence éducative dans le cadre d'unelogique de co-éducation partagée qui engendre du désird'école, du p<strong>la</strong>isir d'être là, à retrouver les autres, à agir,à découvrir, à montrer, à mener <strong>des</strong> projets… à apprendre!Quels types de dispositifs tendent vers cet objectif ?Pour construire cette re<strong>la</strong>tion indispensable, au moinstrois leviers prioritaires sont à actionner.Des projets spécifiques re<strong>la</strong>tifs aux premières sco<strong>la</strong>risations,pensés en équipes é<strong>la</strong>rgies, peuvent favoriser durablementle futur rapport à l'école <strong>des</strong> enfants et de leursparents, dès <strong>la</strong> petite section, pour donner confiance,expliciter et rendre lisible le monde de l'école.Autre piste à explorer, l'aménagement <strong>des</strong> espaces. Audelà de les penser dans leur dimension fonctionnelle, ilspeuvent constituer <strong>des</strong> outils pour accueillir les enfants etleurs parents dans <strong>des</strong> cadres ouverts et agréables où l'onose entrer.Enfin, <strong>la</strong> mise en œuvre de rencontres régulières peut participerdu bien-être. Journées portes ouvertes, accueil individualisémais aussi participation à l'encadrement de sorties,ateliers, moments festifs qui permettent un partagede tâches et d'instaurer de <strong>la</strong> confiance. Accès aux productions<strong>des</strong> élèves, c<strong>la</strong>sses ouvertes sur les temps d'accueil,expositions de travaux, vidéos, débats thématiques,réunions, livrets d'accueil, cahiers de vie, compte-rendus,constituent autant de supports d'échanges et decompréhension du monde sco<strong>la</strong>ire. Dans le cadre del'aide personnalisée, on peut voir <strong>des</strong> familles accueillies,dès <strong>la</strong> petite section, lors de séances de « stimu<strong>la</strong>tions <strong>la</strong>ngagières» dont le but est de rendre lisibles les enjeux du<strong>la</strong>ngage oral.Quels sont les indices qui révèlent une re<strong>la</strong>tion malinstallée ?Des parents intrusifs, ou au contraire aucunement impliqués,peuvent signifier que les p<strong>la</strong>ces respectives sont maldéfinies. Les mo<strong>des</strong> d'intervention <strong>des</strong> uns et <strong>des</strong> autresdans <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions difficiles peuvent être également <strong>des</strong>indicateurs. Des familles ne s'adressent parfois qu'auxATSEM. Dans ce cas, ces dernières devraient renvoyer lesparents vers les enseignants. Il s’agit d’une problématiqueimportante qui doit être accompagnée en formation.Les conflits de loyauté qui voient <strong>des</strong> enfants tiraillésentre <strong>la</strong> famille et l'école, peuvent dénoter <strong>des</strong> formes dejugement négatives. La co-éducation au service du bienêtrede l'enfant est une affaire de volonté partagée, deconfiance en soi et d'ouverture de part et d'autre. Ces re<strong>la</strong>tionsdoivent être pensées en terme de mieux-être pourtous.Quelles sont les conditions qui permettent une bonnere<strong>la</strong>tion parents/école ?Les rôles de chacun doivent être c<strong>la</strong>irement définis entoute transparence, dans le respect <strong>des</strong> droits et <strong>des</strong>devoirs, pour permettre à chaque partenaire de prendretoute sa p<strong>la</strong>ce, sans ingérence. Ce<strong>la</strong> va de pair avec unere<strong>la</strong>tion de confiance partagée… On pourrait dire qu'ilfaut passer d'une présomption d'incompétence <strong>des</strong>parents à une présomption de confiance, dans l'intérêt <strong>des</strong>élèves. C'est aux enseignants de faire le premier pas, dedonner à voir, de rendre lisible, de valoriser et faire valoriser,d 'induire le regard positif de tous les parents. Ce<strong>la</strong>passe par une communication régulière, positive, adaptée,compréhensible. Une re<strong>la</strong>tion suivie dès le départaide à dire par <strong>la</strong> suite <strong>des</strong> choses plus « désagréables ».Ce<strong>la</strong> passe aussi par <strong>des</strong> éléments de cohérence pour éviterles risques de comparaison.C’est une <strong>des</strong> conditionsde bonnes re<strong>la</strong>tions avec les familles. La cohérence entreles discours et les actes, l'attitude professionnelle permettentd'éviter <strong>des</strong> reproches <strong>des</strong> parents.De leur côté, les parents doivent répondre aux sollicitations<strong>des</strong> enseignants et se rendre disponibles.Enfin, le rôle <strong>des</strong> ATSEM est à c<strong>la</strong>rifier, notamment sur cequi se partage et ce qui ne se partage pas avec les parentsd'élèves.


enquête csa médecine sco<strong>la</strong>ire témoignagesQuand les parents ontconfianceUn sondage <strong>SNUipp</strong>/CSA publié en août2011 indique que 73% <strong>des</strong> Français estimentque l’école <strong>maternelle</strong> fonctionne bien. Lejugement <strong>des</strong> parents d’enfants sco<strong>la</strong>risésà l'école <strong>maternelle</strong> est encore meilleur,78%, et traduit une solide marque deconfiance !Lors de l'édition 2010 de ce sondage, unemajorité se dégageait (56%) pour penserque <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong> enfants de deux àtrois ans est plutôt une bonne chose, carce<strong>la</strong> permet de socialiser l’enfant plus tôt etde développer ses aptitu<strong>des</strong> àl’apprentissage. 41% <strong>des</strong> famillesconsidèrent que c’est plutôt une mauvaisechose, car l'école est alors utilisée pourfaire garder les enfants et ce<strong>la</strong> necorrespond pas à son véritable rôle. Parcontre, les parents d’enfants sco<strong>la</strong>risés en<strong>maternelle</strong> sont eux 74% à considérer qu’ils’agit plutôt d’une bonne chose. Plus lespersonnes interrogées sont jeunes, pluselles ont un avis positif sur cette question.Y a-t-il un médecin dans l’école ?Selon le ministère, un premier bi<strong>la</strong>n de santé doit être effectué entre5 et 6 ans, en grande section de <strong>maternelle</strong> ou au cours préparatoire.Cet examen médical complet comprend "le dépistage systématique<strong>des</strong> handicaps ou défauts mineurs" (vue, audition, troubles du<strong>la</strong>ngage, du comportement). La présence d'un parent est conseillée,et une autorisation d'absencepeut être demandée àl'employeur en présentant <strong>la</strong>convocation à cette visitemédicale obligatoire.Dans <strong>la</strong> réalité, <strong>la</strong> mise enmusique de cet engagementlégal connaît de nombreuxcouacs. Remp<strong>la</strong>cés parfois par<strong>des</strong> infirmières, les médecinssco<strong>la</strong>ires, en nombreinsuffisant, n'assurent passouvent <strong>la</strong> visite pour tous lesélèves. Pour les élèves les plusfragiles, ces visites peuventpourtant permettre de déceler<strong>des</strong> soucis de santé et sont parfois une <strong>des</strong> rares occasions d'accéderà <strong>des</strong> soins. Un suivi médical de qualité de tous les élèves,notamment dans une optique de prévention, est indispensable.Paroles de parents" Quand elle est entrée à l’école, moi, je ne vou<strong>la</strong>is pasvenir. Sylvie ( <strong>la</strong> maîtresse ) m’a aidée. Alors, petit àpetit, je suis venue. J'emmenais ma fille mais je nerestais pas. Je ne sais pas pourquoi mais je ne pouvaispas. Pourtant c’est une école bien. La maîtresse met enconfiance, elle parle avec nous. Ici on ne me juge pas. Icic’est vous et votre enfant ; ce n’est pas « comment vousélevez votre enfant à <strong>la</strong> maison ». "" Ce que je n’aime pas trop c'est que je ne suis jamaisprévenue quand il y a <strong>des</strong> sorties. C’est <strong>la</strong> nounou. C’estdommage, je voudrais savoir. C’est ma fille après tout."" L’entente parents-enseignants est primordiale pour <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>rité de l’enfant. Surtout pour l’enfant… Qu’il voieque l’on se dit <strong>des</strong> choses. "" Mon petit est entré à l’école cette année. C’est trèsimportant que l’enfant voit qu’on peut téléphoner toutde suite si ça ne va pas. C’était aussi très important pourmoi de pouvoir rester dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. Au départ j’étaistrès hésitante pour le mettre à l’école. Il était tout petit.Même si j’avais vu qu’il était prêt, qu’il en avait envie. Etj’ai parlé avec les autres maîtresses (celle de ma grandenotamment). Elles m’ont fait réfléchir. "" La souplesse du dispositif de rentrée m’a aidée à nepas me sentir coincée. Pas de couteau sous <strong>la</strong> gorge. Ladirectrice m’avait dit qu’on essaierait et qu’ons’adapterait à mon enfant. "" Avec mon mari, on se souvient encore du premierentretien avec <strong>la</strong> directrice il y a 6 ans quand on a inscritnotre fille aînée : super bon contact, super sympa. Elles’intéresse aux gens, à ce qu’ils font. Ça met de <strong>la</strong>confiance. Elle n’est pas indifférente. "" Aux journées portes ouvertes, j'ai découvert tout ceque mon fils avait fait à l'école. J'ai été bluffé."9


<strong>la</strong>ngageParler à l'école pour penser10questions àVéronique BOIRONmaître de conférences en lettres àl'IUFM de BordeauxSelon vous, quelle est <strong>la</strong> spécificité du <strong>la</strong>ngageà <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> ?A l'école <strong>maternelle</strong> on doit considérer que le<strong>la</strong>ngage assure le développement de <strong>la</strong> penséede l'enfant. C'est le seul lieu où l'on peut développerune pensée singulière, propre à l'enfant,et une pensée collective, celle du groupe,qui permet de dép<strong>la</strong>cer son point de vue, d'enconstruire un autre... il amène à comprendrequ’on peut penser autrement.L'enfant, avec le <strong>la</strong>ngage, construit <strong>des</strong> expériences,va pouvoir les démultiplier, leur donnerforme, en posant <strong>des</strong> mots pour qu'elles ne luiéchappent pas, pour qu'il puisse les réfléchir,mettre de <strong>la</strong> distance, faire qu'il ne reste pasdans l'émotion immédiate ; le <strong>la</strong>ngage permetde les intellectualiser et construire de nouvellesexpériences. Le <strong>la</strong>ngage permet ausside construire les savoirs, de les hiérarchiser, deles organiser, de les convoquer (savoirs scientifiques,littéraires...).Comment l'enfant passe-t-il du <strong>la</strong>ngageoral au <strong>la</strong>ngage de l'écrit ?L'enfant, grâce au <strong>la</strong>ngage, peut s'extraire duprésent, peut parler et reconfigurer ce qui s'estpassé, parler de ce qui n'est pas encore là, dece qui est probable. Il sort du <strong>la</strong>ngage limité auxobjets et à <strong>la</strong> situation immédiate, pourconstruire un <strong>la</strong>ngage de <strong>la</strong> mise à distance, un<strong>la</strong>ngage scriptural qui contraint à organiser sapensée différemment puisqu'on n'est plus enprésence de l'objet, de <strong>la</strong> personne, de <strong>la</strong> situationdont il est question. Ce<strong>la</strong> le conduit à sereprésenter les situations, anticiper, p<strong>la</strong>nifier, etc.Sans l'école <strong>maternelle</strong>, tout ceci n'est pas réalisable,parce que ce<strong>la</strong> relève d'apprentissagesprogrammés, progressifs, fondamentauxnotamment pour réussir au CP. La compréhensionde ce <strong>la</strong>ngage scriptural est primordialepour comprendre les histoires, les récits, par <strong>la</strong>mise à distance indispensable pour se représenterle monde dont on parle. L'école <strong>maternelle</strong>assure une transformation intellectuelletrès profonde. La priorité est <strong>la</strong> constructiond'un être qui questionne, qui réfléchit, quipense.Quelles interactions <strong>la</strong>ngagières, quellesactivités vous paraissent-elles les plus déterminantespour amener tous les élèves àcette forme de <strong>la</strong>ngage ?Souvent, en <strong>maternelle</strong>, <strong>la</strong> parole est massivementproduite par le maître. Les échangesréels entre le maître et les élèves ne peuvent sefaire que dans un cadre réduit pour éviter den'entendre parler que les élèves les plus à l'aiseà l'école. Ces échanges sont à imaginer dans lecadre de petits groupes, de dispositifs de 4, 5ou 6 élèves. Le nombre d'enfants est en effetdéterminant pour que les non parleurs s'expriment.Il faut énormément de temps, êtrepatient. On peut imaginer <strong>des</strong> ateliers qui n'excédentpas une durée de 10 à 15 minutes, en yintégrant en priorité les non et petits parleurs.L'enseignant doit prévoir un objet d'échange surlequel l'activité <strong>la</strong>ngagière commune va porter,objet culturel, qui donne à penser, à réfléchir etqui permet de poser <strong>des</strong> questions (constructions,œuvres, jeux, images, photos ...) maisaussi <strong>des</strong> jeux symboliques, <strong>des</strong> livres, <strong>des</strong> imagiers.Un enfant de <strong>maternelle</strong> ne peut parler s'ilne voit pas sur quoi va porter l'échange. Il luifaut prendre appui sur une action, un objetpour entrer dans une interaction <strong>la</strong>ngagière.Quelle p<strong>la</strong>ce tient l'adulte dans ce processus?L'enseignant doit être présent dans ces activités.Il ne peut pas attendre <strong>des</strong> enfants qu'ilsparlent. Il porte <strong>la</strong> parole en par<strong>la</strong>nt avec eux.C'est à lui de reformuler, de faire progresser ledialogue, de re<strong>la</strong>ncer vers le thème de départ.Il a à apprendre l'écoute, à apporter les savoirs,à apprendre aux enfants ce que c'est que parlerd'un texte, d'un objet. L'école doit apprendreà maintenir <strong>la</strong> discussion jusqu'à son terme, àfaire que <strong>la</strong> parole donnée est respectée. C'estl'espace où l'on parle bien de <strong>la</strong> même chosemême si l'on ne pense pas tous <strong>la</strong> même chose,même si l'objet ne renvoie pas à <strong>la</strong> même chose.C'est le maître qui maintient <strong>la</strong> discussion jusqu'àson terme, qui organise ce que chacun aproposé pour empêcher que les paroles <strong>des</strong>enfants ne soient pas seulement juxtaposées.Les enseignants ont le sentiment qu'avec le<strong>la</strong>ngage on ne sait jamais où l'on va. Dans <strong>la</strong>mesure où les développements <strong>la</strong>ngagiers nesont pas immédiatement visibles, où ils se stabilisentsur un temps long, il est nécessaire <strong>des</strong>e donner <strong>des</strong> objectifs à long terme avec <strong>des</strong>évaluations consignées par l'enseignant enfévrier et en fin d'année. Dire et mesurer les progrèsréalisés relève aussi d'un travail d'équipedans le cadre d'un dialogue entre les enseignantsde l'école.Le <strong>la</strong>ngage du maître doit enfin donner à comprendreà l'enfant le monde qui l'entoure etnotament celui de l'école pour qu'ils comprennentce qu'on attend d'eux. Faire un gâteauà l'école est prétexte à <strong>des</strong> apprentissages etn'équivaut pas à <strong>la</strong> même activité menée à <strong>la</strong>maison. Le travail du maître doit aussi rendreexplicite les différents usages du <strong>la</strong>ngage. Parlerà l'école est un enjeu fondamental pour <strong>la</strong>réussite sco<strong>la</strong>ire.


aide personnaliséePetit supplément d'ai<strong>des</strong>ur temps sco<strong>la</strong>ireA l'école <strong>maternelle</strong> deBenet, l'aide personnaliséese déroule surle temps de c<strong>la</strong>sse.Une décision del'équipe enseignanteavec le soutien de <strong>la</strong>mairie et <strong>des</strong> parentspour le bien-être et <strong>la</strong>réussite <strong>des</strong> enfants lesplus fragiles.L'an passé, tous les enseignants de l'école deBenet en Vendée prenaient les 57 élèves de GSen petits groupes de 6, tous les jours pendant 30mn, de 11h45 à 12h15 ou de 13h30 à 14h00. Uneaide personnalisée reconduite cette année etqui concerne tous les élèves de ce niveau sur letemps de c<strong>la</strong>sse. Cette organisation, qui ne correspondpas à celle préconisée par le ministère,est le fruit d'une réflexion de l'équipe. « Quandl'aide personnalisée est arrivée, nous l'avons miseen p<strong>la</strong>ce le premier trimestre, certains enseignantsen élémentaire d'autres en <strong>maternelle</strong>,mais personne ne s'y retrouvait. Alors en janvieron a tout arrêté et nous avons essayé d'imaginerun dispositif qui puisse répondre à nosattentes et qui soit efficace » explique le directeurMichel Clochon. L'équipe a discuté avec l'associationde parents d'élèves et avec <strong>la</strong> mairie etl'idée s'est imposée de mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong>horaires décalés. La mairie a joué le jeu et aaccepté d'adapter les horaires de cantine.Les petits et les moyens terminent <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse à11h45 et les grands à 12h15. Les petits et lesmoyens reprennent à 13h30, les GS à 14h00. Lesenseignants sont en c<strong>la</strong>sse 6h30 par jour*. Pour<strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse de MS/GS, l'AP a lieu en début d'aprèsmidi.Cette organisation présente plusieurs avantagesde l'avis <strong>des</strong> enseignants. La journée dec<strong>la</strong>sse <strong>des</strong> élèves n'est pas rallongée, idée à<strong>la</strong>quelle les parents étaient aussi très opposés. Lesenfants en difficulté ne se sentent pas stigmatisés.Mais surtout, cette demi-heure en petitsgroupes permet <strong>des</strong> apprentissages différents etdans <strong>des</strong> conditions bien plus favorables. « Noseffectifs sont trop importants explique le directeur,avec 154élèves pour 5c<strong>la</strong>sses. » Benetest un vil<strong>la</strong>ge enexpansion dans <strong>la</strong>grande banlieuede Niort en limitede département.La circonscriptioncomptait il y aquelques années,3 RASED complets (9 personnels). Aujourd’hui,il ne reste plus qu’1 psychologue et 2 maîtres E.Dans cette école, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>ire mixtecompte un certain nombre d'élèves qui ont besoind'une aide et d'un soutien de leur enseignant. «Sur le temps sco<strong>la</strong>ire, avec mes 32 élèves, je nepeux pas m'occuper autant que nécessaire <strong>des</strong>élèves qui ont besoin d'attention. Ne serait-cequ'en ce qui concerne <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue orale ou <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion! » explique Nathalie Robin, l'enseignantede GS.Pour être au plus près <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> élèves,l'équipe met en p<strong>la</strong>ce en début d'année <strong>des</strong> évaluations,<strong>la</strong> correction se fait en commun et lesateliers sont organisés en fonction <strong>des</strong> besoins eten <strong>couleurs</strong>. Dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse de GS, Nathalie propose<strong>des</strong> jeux en phonologie et <strong>des</strong> jeux d'écoute,qu'elle ne peut pas mettre en p<strong>la</strong>ce en grandgroupe. Dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse jaune avec Corinne Coudert,les élèves travaillent <strong>la</strong> structuration dutemps et de l'espace, dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse rouge, CélineDubleumortier entraîne les élèves au graphisme,dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse verte, c'est jeux mathématiquesavec Marie Bril<strong>la</strong>nceau et enfin dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssebleue, Evelyne Cartron travaille les consignes etle devenir élève. Du côté <strong>des</strong> élèves, les enseignantssont positifs sur leur dispositif . « Ils sonttrès demandeurs, c'est un moment calme et ilsretrouvent leurs anciens maîtres et maîtresses »explique Evelyne, enseignante en MS. « Les élèvesparticipent, prennent <strong>la</strong> parole et nouent <strong>des</strong>re<strong>la</strong>tions différentes avec l'adulte » reprendMichel. Mais du côté <strong>des</strong> enseignants, l'impressiongénérale est plutôt « c'est <strong>la</strong> course ! ».Malgré tout, ils persévèrent avec le sentimentque c'est efficace notamment pour les élèvesles plus fragiles sco<strong>la</strong>irement et qui ont besoin dece petit supplément d'aide pour acquérir lescompétences et connaissances demandées. Et,chaque année il faut convaincre à nouveau l'administrationdu bien fondé d'une telle organisation.Ne serait-ce que pour <strong>la</strong> qualité <strong>des</strong> conditionsd'accueil <strong>des</strong> élèves, insiste le directeur,c'est positif. Un argument trop peu mis en avantpar l'institution...*Une partie <strong>des</strong> 60 heures est aussi consacréeaux réunions de préparation et de bi<strong>la</strong>n.11


littérature jeunesseCes livres qui font grandirles enfants12Joëlle TURINFormatrice, spécialiste de littérature dejeunesseTrès jeunes, tous les enfants aiment les histoires,interrogent les livres, y cherchent cedont ils ont besoin. Toutes les histoires ne s’intéressentpas pour autant aux enfants de <strong>la</strong>même façon, toutes ne leur offrent pas <strong>des</strong>instruments appropriés et <strong>des</strong> conditions propicesau déploiement de leur imaginaire, audéveloppement de leur pensée et toutes neleur permettent pas de trouver de quoi répondreà leurs besoins.Certains livres, plus que d’autres, réussissent àévoquer, à un niveau profond, cinq gran<strong>des</strong>caractéristiques de <strong>la</strong> vie de l’enfant : les jeux,les peurs, les questions existentielles, les re<strong>la</strong>tionsavec les autres, le monde <strong>des</strong> sentiments. Pourévoquer ces domaines tout en réussissant àfavoriser et satisfaire <strong>la</strong> spontanéité créatrice del’enfant et à respecter sa jeune liberté, les livresen question ne s’embarrassent pas de considérationspédagogiques et éducatives troppesantes ni de propos lénifiants qui viseraientà le protéger. Bien au contraire. Ils illustrentune démarche de libération de l’enfant, de <strong>la</strong> lectureet de <strong>la</strong> création grâce à <strong>des</strong> artistes qui fontconfiance à leurs jeunes lecteurs et mettentau premier p<strong>la</strong>n l’authenticité <strong>des</strong> expérienceset l’engagement personnel. Récits imaginairesou récits réalistes, leur approche sans didactismeconduit <strong>la</strong> pensée de l’enfant au rêve et à <strong>la</strong> fantaisiepar le biais du détour, de l’imaginaire, du« lointain » (Michèle Petit. L’éloge de <strong>la</strong> lecture).La qualité et <strong>la</strong> beauté sont requises pour satisfairel’exigence artistique propre à un objet littéraire,l’album, qui fait jouer à part égale letexte et l’image dans une complémentarité,une complicité, ou une opposition aussi subtilesque fécon<strong>des</strong>. Ce type d’albums ouvre l’espacesymbolique au lieu d’enfermer dans unemonosémie stérilisante.Les jeux, espace de créativité et moyen de réaliserun équilibre entre monde intérieur etmonde extérieur, sont le ressort d’histoires quiexploitent et sollicitent toutes les facettes del’imaginaire ludique <strong>des</strong> petits. Des jeux denourrices aux jeux symboliques universels réinventéspar <strong>des</strong> artistes contemporains, ces histoiresmettent en scène par de très habilesre<strong>la</strong>tions entre les textes et les images <strong>des</strong>héros porteurs de l’énergie vitale et créative del’enfant imaginatif.Les peurs sont l’occasion de scénarios qui revisitentles récits traditionnels et donnent à éprouver,dans un confort indispensable, les dangersréels ou imaginaires auxquels s’affrontentles petits personnages et par identification ouprojection leurs petits lecteurs. Le thème de <strong>la</strong>séparation, répété et multiforme, y devient unsujet littéraire dans <strong>des</strong> univers où l’affection etl’attention vont de soi, où le grand protège lepetit, où le dialogue et l’écoute apportent le soutienindispensable à leur résolution.Les questions existentielles sont portées par defrêles personnages et traitées de manière métaphoriqueet poétique. Les artistes refusent lesexplications réalistes ou simplistes, excluent lepoids si lourd de l’explicite, mettent <strong>la</strong> réflexionphilosophique à portée <strong>des</strong> jeunes enfants, enn’apportant pas de certitu<strong>des</strong> mais en les rendantpossibles, envisageables.La complicité par le jeu et l’humour caractérisele traitement <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions avec les autres dans<strong>des</strong> univers où <strong>la</strong> moquerie affectueuse et l’attentionbienveil<strong>la</strong>nte à l’autre vont de soi.Le monde <strong>des</strong> sentiments, rempli de contrasteset de choses compliquées, est mis en scènepar <strong>des</strong> personnages dont <strong>la</strong> chaleur affectivepasse par <strong>la</strong> puissance expressive <strong>des</strong> imageset par <strong>des</strong> scénarios qui représentent souventl’imaginaire intime. Ils encouragent le lecteur àexplorer ses propres émotions, à se connaîtreet à se construire lui-même.


questions àDes albums :oui, mais lesquels et comment ?Tous les élèves s'approprient-ils les objets deculture de <strong>la</strong> même manière ?N’importe quel objet de culture peut faire l’objetd’appropriation inégale entre élèves. La question sepose particulièrement pour les albums au regard deleur évolution. Après-guerre, les albums pouvaientêtre compris au premier degré (ce que l’histoireraconte) mais aussi à d’autres niveaux, avec <strong>des</strong>« mises en re<strong>la</strong>tion » avec d’autres histoires, avec<strong>des</strong> connaissances culturelles et sociales. Mais cettelecture au « second degré » n’était pasindispensable. Le lecteur supposé était un enfant àinstruire du patrimoine de contes et d’histoires.Aujourd’hui, c’est différent. Il y a toujours ce mêmeStéphane type d’albums, comme <strong>des</strong> sous-produits auxnarrations simplistes. Mais une part croissante de <strong>la</strong>BONNERY, littérature jeunesse, surtout celle valorisée par lesenseignant-chercheur bibliothécaires et les enseignants, nécessite de saisiren sciences de que le narrateur crée un jeu : <strong>des</strong> fausses pistesl'éducation à narratives, un personnage de loup qui adopte unl'université de Paris 8 comportement intelligible seulement si on le compareà l’attitude attendue du loup archétypique, etc. Ces albumssollicitent donc un lecteur réflexif ou un lecteur accompagné d’unadulte connivent avec ces pré-requis qui saura développer chezl’enfant <strong>des</strong> dispositions à se poser <strong>des</strong> questions pendant <strong>la</strong> lectureet à apprendre à trouver du p<strong>la</strong>isir dans ces résolutions d’énigmes..Est ce qu'on doit alors renoncer à <strong>la</strong> complexité de cettelittérature ?Non. Mais ce<strong>la</strong> pose <strong>des</strong> questions sur le choix <strong>des</strong> albums et <strong>la</strong>façon de les utiliser. L’école doit rejeter le chantage entre renoncerà faire <strong>des</strong> choses ambitieuses avec tous les élèves, ou faire <strong>des</strong>choses complexes sans se préoccuper de leur appropriation égale. Ils’agit de faire de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse le lieu où toute une génération vasurmonter les difficultés inhérentes à <strong>la</strong> confrontation à <strong>des</strong> objetset savoirs exigeants. Mais alors, quelles priorités ? Par exemple,qu’apportent les mises en re<strong>la</strong>tion purement thématiques <strong>des</strong>albums ? Pourquoi ne pas travailler à identifier <strong>des</strong> principesrécurrents dans différents albums : <strong>la</strong> roub<strong>la</strong>rdise face à <strong>la</strong> force, <strong>la</strong>ruse ? Ce type de complexité à surmonter me semble un défi etimpose d’installer <strong>des</strong> pré-requis dès <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>.SélectionTous les jeunes enfants aiment les histoires. Mais, comme le souligne Joëlle Turin, certains livres, plus qued’autres, leur permettent de déployer leur imaginaire, leur pensée et d’y trouver ce dont ils ont besoin.Associés à <strong>des</strong> images de qualité, ceux-là évoquent cinq <strong>des</strong> piliers de <strong>la</strong> vie de l’enfant : les jeux, les peurs,les questions existentielles, les re<strong>la</strong>tions avec les autres, <strong>la</strong> ronde <strong>des</strong> sentiments… Pour les enfants de 2à 3 ans, voici quelques-uns de ces albums incontournables, tous disponibles, qui traversent le temps etaident à grandir.BONSOIR LUNE, M. Wise Brown,C. Hurd – 1947*- Ecole <strong>des</strong> Loisirs(- 3ans) 10€ :Avant d’accepter de s’endormir,un petit <strong>la</strong>pin dit bonsoir à toutce qu’il voit dans sa chambre. Tandisque le sommeil le gagne, <strong>la</strong>lumière décline, les ombres <strong>des</strong>objets s’allongent et <strong>la</strong> lune apparaît.ALBOUM, C. Bruel, N. C<strong>la</strong>veloux – 1998 – Être (- 3ans) Cf Biblios :Empiler <strong>des</strong> choses est un <strong>des</strong> jeux favoris <strong>des</strong> petits. Sur Bernardle canard, on installe Clinclin le <strong>la</strong>pin, puis le seau, <strong>la</strong> pelleet le râteau pour aller à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge, puis l’ours, <strong>la</strong> poupée, le ballonet enfin le camion. Attention, ça penche ! BOUM ! C’est <strong>la</strong> chute,les jouets sont éparpillés… On n’a plus qu’à recommencer…Mais où est passé le gâteau qui était dans le seau ?BEBES CHOUETTES, M. Waddell,P. Benson – 1992 - Kaléïdoscope(– 3 ans) 11€ :Trois bébés chouettes, petitesboules b<strong>la</strong>nches et duveteuses auxyeux ronds se réveil<strong>la</strong>nt au cœur de<strong>la</strong> nuit, découvrent que leur mamanest partie. Serrés sur leur branche,ils attendent. Peu à peu, l'angoissemonte avec <strong>la</strong> peur de l‘abandon.Et si maman ne revenait pas ?JE VAIS ME SAUVER, M. WiseBrown et C. Hurd- 1942 - Mijade(3 ans) 11€ :Un petit <strong>la</strong>pin exprime son désird’autonomie, tout en mettant àl’épreuve l’amour de sa mère. Cellecile rassure tendrement mais luicoupe un peu les ailes ! : « Si tu tesauves, je courrai après toi » Si tucours après moi, je me ferai poisson», « Si tu te fais poisson je me changerai en pêcheur … », « Situ te changes en pêcheur, je me ferai rocher de <strong>la</strong> montagne … »JE TE CROQUERAI, V. Le Plouhine,L. Cousins – Albin Michel 2009(3 ans) 18€ :Le grand méchant loup va-t-il dévorerles 3 petits cochons et le Chaperonrouge ? Plumette <strong>la</strong> poulettepréviendra-t-elle le roi que le ciel luitombe sur <strong>la</strong> tête ? Les trois boucspourront-ils passer le pont gardépar le vi<strong>la</strong>in troll ?... 8 contes dupatrimoine adaptés aux petits sansmièvrerie, avec <strong>des</strong> illustrationsdrôles et colorées.LA CHASSE A L’OURS, M. Rosen, H. Oxenbury - 1989 – Kaléïdoscope(3ans +) 13,60€ :Trois enfants et leur papa partent se promener. Voici une prairie,on dirait <strong>la</strong> mer. On ne peut pas passer par <strong>des</strong>sus, on ne peutpas passer par <strong>des</strong>sous, il faut <strong>la</strong> traverser ! Et ça fait Flou flou !Puis c’est une rivière : il faut plonger ! Splich sp<strong>la</strong>ch! Puis vient<strong>la</strong> boue, P<strong>la</strong>f plouf ! La neige, Criss criss... Quand soudain, unegrotte! Et ça fait Petit petat! Petit petat ! Mais qu'y a t-il ? C'estun ours ! Vite, il faut s'enfuir et retraverser tous les lieux à fondde train! Car l'ours les suit. Voici <strong>la</strong> maison ! L'ours est au portail...Oh, comme ça fait peur... Entrons ! Zut on a oublié de fermer <strong>la</strong>porte ! Ouf ! Vite, sous <strong>la</strong> couette… Comme on a bien joué !ERNEST ET CELESTINE ONTPERDU SIMEON, G. Vincent,2000 - Casterman (3 ans+)14,50€ :Au cours d’une promenade d’hiver,Célestine <strong>la</strong> petite souris perdSiméon, son cher pingouin doudou.Désespérée, elle découvrece qu’est <strong>la</strong> perte et l’abandon.Les efforts de l’ours Ernest, sonpapa adoptif, pour remp<strong>la</strong>cerSiméon sont vains. Mais sonamour et son imagination vont trouver une solution pour que<strong>la</strong> joie revienne ! Tous les albums de <strong>la</strong> série parlent à merveillede tendresse, de générosité, d’entraide…LE VENT, Sara & E. de Cornulier2010 – Joie de lire (3+ ans) 9,90€ :Le vent souffle fort, arrache etbouscule les feuilles. Arzel, l’enfantrêveur, l’affronte avec bonheur.Exalté par ces sensations fortes, iljoue avec ou contre, au risqued’être emporté ! Lorsque le vent secalme, Arzel, assis, est ahuri etheureux. Des papiers déchiréschers à Sara, naissent les effetsdu vent, les mouvements de l’enfant,<strong>la</strong> danse de ses cheveux, letourbillon <strong>des</strong> feuilles…MOI, S. Tanikawa, S. Cho - 1976 – Picquier (3+) 11€ :Délicieux petit livre japonais de 1976 qui retrace, avec un graphismetrès simple, <strong>la</strong> quête d’identité d’une petite fille de 4 ansà partir de ses re<strong>la</strong>tions avec les autres : « Moi, pour les garçons,je suis une fille…Pour un bébé, je suis une grande fille, pour mongrand frère je suis sa petite sœur… Pour <strong>la</strong> girafe, je suis petite,pour <strong>la</strong> fourmi je suis une géante… »Marie-C<strong>la</strong>ire PLUME13


illettrismeLa prévention de l'illettrismeen question14Pour son p<strong>la</strong>n de luttecontre l'illettrisme, leministère a édité un documentspécifique sur <strong>la</strong>question de l'apprentissagedu lexique en <strong>maternelle</strong>,« Ressources pourenseigner le vocabu<strong>la</strong>ire ».Linguiste, spécialiste del'école <strong>maternelle</strong>, MireilleBrigaudiot se penche sur <strong>la</strong>question et nous livre sesréflexions.Dans le domaine <strong>la</strong>ngagier, l’école <strong>maternelle</strong> a plusieursdéfis à relever, et mieux vaut les distinguer, nonpas en termes de catégories linguistiques (vocabu<strong>la</strong>ire,syntaxe…) mais en fonction de ce que l’Ecoledevrait vouloir pour les enfants, parce que c’est le soclede leur réussite sco<strong>la</strong>ire et sociale à terme.L’« illettrisme » renvoie au dés-apprentissage de <strong>la</strong> lecture.Dans « Ressources pour enseigner le vocabu<strong>la</strong>ire» du ministère, on s’attend à trouver <strong>des</strong> pistesde travail sur l’entrée dans l’écrit. Or le titre est accoléà « prévention de l’illettrisme » comme s’il s’agissaitd’une synonymie. D’où vient l’axiome illettrisme =déficit de vocabu<strong>la</strong>ire ? Peut-être un hommage àSaint-Augustin qui évoquait sa propre acquisitiondu <strong>la</strong>ngage par imitation (répéter) et accumu<strong>la</strong>tion(ajouter <strong>des</strong> mots)…Puisqu’il s’agit de conseils pour l’oral, pourquoi isoler<strong>la</strong> composante « lexique » dans les activités <strong>des</strong>enfants ? On n’a jamais intérêt à considérer que ce quise passe en milieu naturel peut résulter d’un enseignementprogrammé, comme le conseille cette circu<strong>la</strong>ire(progressions de mots).Mireille BRIGAUDIOTlinguiste, ancienne maître de conférences àl'IUFM de VersaillesAlors que faire ?1- pour tous les enfants, et donc surtout pour ceuxque j’appelle prioritaires (en retrait, sur le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong>participation <strong>la</strong>ngagière et / ou en déca<strong>la</strong>ge sur le p<strong>la</strong>nlinguistique), de manière individualisée, avoir l’obsessiondu renvoi <strong>des</strong> formes canoniques du françaisoral (« oui, le garçon il est tombé dans l’eau »), arrêterde poser <strong>des</strong> questions pour obtenir le bon mot,s’intéresser à ce qui intéresse les enfants en leurexpliquant les choses « difficiles » pour eux, ne pas lesfaire répéter, éviter d’évaluer avec <strong>des</strong> outils formelscar les enseignants savent très bien juger de cedomaine sans ça.Ici, on est dans l’oral du quotidien. Plus on avance dansle cursus <strong>maternelle</strong>, plus il y a urgence à aider lesenfants prioritaires qui ont besoin de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue françaisepour ne pas décrocher du sco<strong>la</strong>ire.2- pour tous les enfants et grâce au collectif c<strong>la</strong>sse,les encourager peu à peu, sur les 4 années, d’une partà prendre <strong>la</strong> parole, seuls, devant les autres, pourproduire un texte autonome (qui est oral), et d’autrepart à commencer à dialoguer réellement en complétant,confrontant <strong>des</strong> points de vue.Ici, l’objectif relève <strong>des</strong> discours. On veut que lesenfants soient autonomes intellectuellement.3- « apprivoiser» les enfants à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue françaisede l’écrit, dès <strong>la</strong> petite section, et aller vers une habitudede son maniement, en réception, et, de tempsen temps, en production lorsqu’ils participent à <strong>la</strong>transformation d’un texte oral en texte écrit, lorsqu’ilsassistent à l’effet d’un écrit sur un <strong>des</strong>tinataire.On est dans <strong>la</strong> culture écrite. Les livres sont <strong>des</strong> outilsprivilégiés mais on n’oublie pas les écrits « ordinaires »qui sont proches <strong>des</strong> enfants. On les arme d’unecompréhension du monde de l’écrit.4- préparer les enfants à l’apprentissage systématiquedu code en leur montrant-expliquant commentça marche (<strong>des</strong> bruits codés abstraitement par<strong>des</strong> lettres) et en les incitant à essayer d’écrire ce qu’ilsentendent.Il s’agit de <strong>la</strong> découverte de <strong>la</strong> technique du code écrit.Sans ça, ils seront noyés dès le CP.Tout ça étant d’une grande confusion dans le textecité, il est difficile de s’y retrouver.Il serait plus c<strong>la</strong>ir de considérer que le vocabu<strong>la</strong>ire est« pris/appris » par les enfants, soit dans les situationsquotidiennes et dans ce cas, il est « actif » c’està-direproduit, soit dans <strong>des</strong> situations culturellesplus éloignées d’eux et il est alors en réception. Dansle premier cas c’est <strong>la</strong> fréquence qui joue. Dans lesecond c’est l’intérêt <strong>des</strong> enfants pour le contexted’emploi.Langage :une boussolebienvenueLe ministère et le Scérén-CNDP ont publiéune brochure "Le <strong>la</strong>ngage à l’école <strong>maternelle</strong>"mise en ligne sur Eduscol*. Cettepublication est <strong>la</strong>rgement inspirée <strong>des</strong>travaux de <strong>la</strong> recherche. Elle apporte<strong>des</strong> informations précises sur <strong>la</strong> posturede l’enseignant, « maître de <strong>la</strong>ngage ». Unparagraphe est même consacré à <strong>la</strong>parole de l'enseignant dans l'apprentissagedu lexique. De nombreuses propositionsde situations d’enseignement sontdécrites, globales et stimu<strong>la</strong>ntes pour lesenfants.Ce texte est bienvenu car il reconnaît letravail réalisé à l’école <strong>maternelle</strong> quiexige de véritables compétences professionnelles.Pour le ministère cette brochure« constitue une aide » : ce<strong>la</strong> ne sauraitsuffire. Ce document fait <strong>la</strong>démonstration qu’une vraie formationest nécessaire. Il constitue aussi un pointd'appui pour demander notamment dutemps pour l'équipe et <strong>des</strong> marges demanœuvres pour travailler en petitsgroupes.*eduscol.education.fr


en chiffres3732une écolemise à mal9 %4 14Depuis 2000, ce sont au moins 150 000 enfants de moins de trois ansqui sont restés aux portes <strong>des</strong> écoles. Le taux de sco<strong>la</strong>risation à cet âgepasse de 34,5 % à <strong>la</strong> rentrée 2000 à 13,6 % à <strong>la</strong> rentrée 2010*. On relèveen 2010 de très fortes disparités sur le territoire : encore 42,2 % pourl'académie de Lille, <strong>la</strong> plus accueil<strong>la</strong>nte pour les deux ans, contre 4,3 %pour l'académie de Paris. Ces chiffres sont le résultat d'une politiquede réduction de postes qui impose de ne plus prendre en compte lesdeman<strong>des</strong> d'inscription d'enfants de moins de 3 ans dans les décisionsde fermetures et ouvertures de c<strong>la</strong>sses. On connait pourtant l'impactbénéfique d'une sco<strong>la</strong>risation précoce, notamment pour assurer <strong>la</strong> réussitede tous les élèves, y compris les plus fragiles.Ce sont aussi plus de 2000 écoles <strong>maternelle</strong>s publiques en dix ans quimanquent à l'appel (18448 en 2001/2002 contre 16056 en 2010/2011),conséquence de fusions entre <strong>maternelle</strong>s et élémentaires souvent imposéesaux équipes. Pour l'administration, ces opérations permettent <strong>des</strong>économies (direction unique et globalisation <strong>des</strong> effectifs). Dans <strong>la</strong> pratique,les fusions réduisent souvent <strong>la</strong> prise en compte de <strong>la</strong> spécificitéde <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> et freinent l'organisation de dispositifs adaptés aux plusjeunes élèves : conditions de récréation, de rentrée...Les dispositifs type "c<strong>la</strong>sses passerelles", existent dans 2/3 <strong>des</strong> départementsmais restent très peu nombreux. Ils favorisent pourtant <strong>la</strong> réussitede <strong>la</strong> première sco<strong>la</strong>risation, permettent de développer le lienécole/famille et d'améliorer <strong>la</strong> fréquentation dès <strong>la</strong> petite section.Dans <strong>la</strong> quasi totalité <strong>des</strong> départements, le remp<strong>la</strong>cement <strong>des</strong> enseignantsen <strong>maternelle</strong> n'est pas prioritaire et passe après celui <strong>des</strong>c<strong>la</strong>sses élémentaires. Cette situation pèse lourd dans un contexte oùles conditions d'exercice du métier se sont sensiblement dégradées.Parce que l'école <strong>maternelle</strong> joue un rôle fondateur dans l'avenir <strong>des</strong>élèves et de notre société, elle ne doit plus être utilisée comme variabled'ajustement mais doit bénéficier de moyens à hauteur <strong>des</strong> besoins.* Note DEPP 11-09ocde<strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> plébiscitéeÀ l'échelle internationale l’éducation présco<strong>la</strong>ire* est un domaine en pleineexpansion.Alors qu’en 1998, en moyenne dans l’ensemble <strong>des</strong> pays de l’OCDE, 40%seulement <strong>des</strong> 3/4 ans étaient accueillis dans <strong>des</strong> structures pré primaires,en 2007 <strong>la</strong> proportion était de 71%. En Allemagne, en Corée, en Norvège,au Mexique, en Pologne, en Suède et en Turquie cette proportion a en faitplus que doublé au cours de <strong>la</strong> période considérée. Dans <strong>la</strong> moitié <strong>des</strong> paysde l’OCDE, le taux de pré sco<strong>la</strong>risation est aujourd’hui de 80% ou plus.Bernard Hugonnier, responsable de l’OCDE, soutient que <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>est un <strong>des</strong> points forts du système. Les résultats aux évaluations internationalesPISA montrent que l’accès à l’enseignement préprimaire* influe sur<strong>la</strong> performance mais aussi sur le caractère égalitaire <strong>des</strong> systèmes éducatifs.Par exemple, en Belgique, en France et en Israël, les élèves ayant suiviun enseignement pré-primaire obtiennent un score supérieur à celui <strong>des</strong>autres. Au Japon, en Corée, Estonie, Is<strong>la</strong>nde et à Hong-Kong (Chine),lorsque <strong>des</strong> enfants de milieux socio économiques défavorisés ont suivi unenseignement pré primaire, l’écart de leurs performances avec celles <strong>des</strong>autres diminue. L'amélioration <strong>des</strong> performances n'est visible que lorsqueles activités visent à renforcer le développement cognitif, émotionnel et social<strong>des</strong> enfants dans <strong>des</strong> structures adaptées (écoles <strong>maternelle</strong>s, crèches etgarderies).* Pour l’OCDE, les termes “présco<strong>la</strong>ire” et “préprimaire” renvoient aux différentes structureséducatives avant 6 ou 7 ans.15


évaluationsEvaluer... maison apprend quand ?Le ministère a proposé, en mars 2010, à l'attention <strong>des</strong> maîtres de GS un ensembled'activités pour aider à évaluer les acquis <strong>des</strong> élèves. Il s'agit d'évaluations bi<strong>la</strong>n. Lescompétences ciblées sont pour le ministère « les plus déterminantes pour <strong>la</strong> réussitesco<strong>la</strong>ire ultérieure de l'élève ». Elles visent 4 champs de compétences, enréférence aux programmes : s'approprier le <strong>la</strong>ngage, découvrir l'écrit, découvrir lemonde et compétences sociales et civiques. Des éléments sont proposés pour l'aideà l'analyse <strong>des</strong> productions et quelques indications pédagogiques sont données pour<strong>la</strong> remédiation. Le maître peut évaluer par observation directe ou sur <strong>des</strong> supportsde son choix et peut adapter les situations d'évaluations décrites dans ce guide aucontexte de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sseSi ces évaluations restent <strong>des</strong> outils à adapter, le risque existe bel et bien qu'ellesorientent <strong>des</strong> pratiques. Or, « plus l’enfant réussit <strong>des</strong> tâches variées, plus <strong>la</strong> certituded’une authentique compréhension est grande » dit Rémi Brissiaud. Sans compterque les spécificités inhérentes à l'âge <strong>des</strong> élèves de <strong>maternelle</strong> invitent plutôtà demander aux élèves de faire « comme ils peuvent, comme ils savent*» afin quechacun puisse s'engager dans l'activité sans être bloqué par <strong>la</strong> peur de ne pas savoir.Il ne s'agit pas d'obtenir <strong>des</strong> résultats immédiats, mais de construire tranquillement,au rythme <strong>des</strong> enfants, sans s'appuyer seulement et systématiquement sur ceuxqui savent déjà. Il s'agit d'avancer avec tous, en encourageant et en valorisant lestravaux de chacun. Enfin, si un bi<strong>la</strong>n <strong>des</strong> acquisitions de l'école <strong>maternelle</strong> estobligatoire en fin de grande section, rappelons qu'aucun protocole d'évaluationsne peut être imposé.*selon une formule chère à Mireille Brigaudiot<strong>la</strong>ngageObserverEvaluer le <strong>la</strong>ngage à <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> est une nécessitéqui implique <strong>des</strong> outils précis et une organisationparticulière, si l'on en croit Valérie Hermande l'école Jean Jaurès à Ma<strong>la</strong>koff. « Dans mac<strong>la</strong>sse de petite section, les évaluations me permettentde savoir précisément où en sont lesenfants dans leurs compétences <strong>la</strong>ngagières maisaussi où moi j'en suis dans <strong>la</strong> perception de leurscompétences » explique l'enseignante qui poursuit« si j'en reste aux échanges en grand groupe,ce sont toujours les mêmes enfants qui parlent.Mais pourquoi certains élèves ne prennent-ilspas ou peu <strong>la</strong> parole ? ». Déficit de syntaxe, devocabu<strong>la</strong>ire, l'évaluation vient affiner l'expertisede l'enseignante. En fonction <strong>des</strong> productionsorales <strong>des</strong> élèves, Valérie revoit sa progression,réoriente ses ateliers... L'atelier dirigé, avec 4 ou5 élèves, est le moment privilégié pendant lequell'enseignante choisit d’évaluer une compétence<strong>la</strong>ngagière. « Je peux par exemple évaluer leurcapacité à s'approprier le vocabu<strong>la</strong>ire utilisé lessemaines précédentes, à construire <strong>des</strong> phrases,à raconter un petit évènement... », précise-t-elle.Autre moment dont s'empare Valérie, l’accueil, <strong>la</strong>récréation, le lever de <strong>la</strong> sieste, le passage aux toilettes,tout ces moments où le <strong>la</strong>ngage naît naturellement.« J'essaie de favoriser <strong>des</strong> momentsd’échanges dans une re<strong>la</strong>tion duelle pour les plustimi<strong>des</strong> et de noter, dès que je peux, ce que lesenfants sont capables de dire pour avoir une16


pour faire progresservision positive de leurs progrès » dit-elle. Car chaqueévaluation est pensée pour faire progresser lesélèves, comme une photographie à un instant T,mais dans l’idée d’adapter les situations d’apprentissages.En PS, certaines évaluations sont menéesindividuellement, dans une approche de dialogueautour d’une histoire, de photographies ou de jeuxpour amener les élèves à parler. Si Valérie s'imposecet exercice, il est rendu contraignant par les effectifs<strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses. « Observer 28 élèves prend dutemps » pointe Valérie.Autre difficulté, comment continuer à avancer etne pas se <strong>la</strong>isser engluer dans un cycle d'évaluations,trouver les moments opportuns, les meilleuresconditions de passation ? Dans l'école, l'équipe afait le choix depuis plusieurs années de faire passerune partie <strong>des</strong> évaluations nationales en début de GSdans le cadre de l'aide personnalisée afin de travailleravec <strong>des</strong> petits groupes d’élèves. Toutes lesenseignantes les font passer. Cette année, l'équipeva utiliser de nouvelles évaluations proposées parl'inspection d'académie <strong>des</strong> Hauts-de-Seine avec<strong>des</strong> grilles d'écoute précises pour pointer les compétences<strong>des</strong> élèves. « L'intérêt, c'est que ce<strong>la</strong> nousdonne un outil commun et même si notre appréciationpeut garder un caractère suggestif, nous parlons<strong>des</strong> mêmes choses », un outil supplémentaire pourpointer les éventuelles difficultés d'un enfant etinventer <strong>des</strong> remédiations. Un exercice très difficiledu fait <strong>des</strong> effectifs que connait l'école.évaluer les compétences numériques...oui mais quoi et comment ?Rémi BRISSIAUD,maître de conférences IUFM de VersaillesConcernant les compétences numériques, il faut quel’enfant sache dénombrer un ensemble d’éléments :ce peut être une collection de jetons, une collectionde paires de chaussures, une suite d’événements telsque <strong>des</strong> frappés de mains…Cet ensemble d’éléments n’est pas nécessairement grand : à l’école <strong>maternelle</strong>,il faut avant tout s’assurer de <strong>la</strong> compréhension <strong>des</strong> premiers nombres. Ce n’estpas là une position de principe, c’est <strong>la</strong> conséquence d’un fait bien établi par<strong>la</strong> recherche : si un enfant n’a pas compris les 3 – 4 premiers nombres et si onlui apprend à compter loin, alors son comptage sera un comptage « mécanique». On appelle ainsi un comptage où l’enfant fait comme on lui a dit defaire, sans en comprendre les raisons. Et tout conduit à penser qu’entretenirce rapport aux nombres fait le lit de l’échec sco<strong>la</strong>ire. Alors, il n’y a pas le choix :dans toute évaluation, il faut commencer par s’assurer que les enfants comprennentles 3 – 4 premiers nombres.Mais qu’est-ce que savoir dénombrer un petit ensemble d’éléments ? C’estd’abord être capable de comprendre et de produire les symboles numériquescorrespondants. Ils sont de deux sortes : les symboles analogiques (collections-témoinsde points, de bâtons ou de doigts) et les symboles linguistiques(noms de nombres sous leur forme orale ou chiffrée).Ainsi, si l’on veut évaluer <strong>la</strong> compréhension du nombre 3, on peut demanderà l’enfant de donner 3 jetons soit en lui montrant 3 doigts (plusieurs façons sontpossibles), soit en prononçant le mot « trois », soit en lui montrant le chiffre« 3 ». De plus, il doit évidemment être capable de répondre à <strong>la</strong> question « Combieny a-t-il… » en utilisant ces différents symboles. Trop facile ? Essayez defaire <strong>la</strong> même chose avec 3 paires de chaussures. Pour répondre 3, l’enfant doitconstruire mentalement le nombre 1 (une paire) alors qu’il voit 2 (les chaussures)avant de totaliser les 1 (il y a 3 paires).Une situation de dénombrement encore différente consiste à compléter <strong>la</strong>phrase : « il y a 3… », face à une image de 2 poules, 3 chats et 4 chiens.Une bonne nouvelle : les étu<strong>des</strong> disponibles montrent que les enfants qui répondentdirectement, sans compter 1 à 1, réussissent un grand nombre d’autrestâches. Ce<strong>la</strong> permet une évaluation rapide. Et puis, il y a les tâches de comparaison,de recherche du résultat d’un ajout ou d’un retrait… Plus l’enfant réussit<strong>des</strong> tâches variées, plus <strong>la</strong> certitude d’une authentique compréhension estgrande.17


handicap18Comment le dire aux parents ?Charles Gardou analyse les difficultésqui peuvent se fairejour dans les re<strong>la</strong>tions entreparents et enseignants.La re<strong>la</strong>tion entre parents d'enfant en situationde handicap et professionnels est naturellementcomplexe et ambivalente. Et, endépit du désir et du besoin d'une col<strong>la</strong>borationharmonieuse, elle peut s’avérerconflictuelle. Des parents gardent enmémoire <strong>des</strong> propos ma<strong>la</strong>droits ou tropabrupts, en particulier lors de l'annoncedu handicap ou d’échanges concernantl'orientation de leur enfant. Il reste à mieuxcomprendre -et aussi à faire connaître- leslogiques et les enjeux de chacun, afin queparents et professionnels puissent interagirsans (se) déposséder. Certains professionnels,mal à l'aise et impréparés,notamment à maîtriser leur subjectivité,se réfugient dans <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> défensives.C'est quelquefois <strong>la</strong> fuite, <strong>la</strong> dissimu<strong>la</strong>tionderrière <strong>la</strong> rationalisation scientifique, voire<strong>la</strong> dureté <strong>des</strong> propos. Ils expriment ainsi, defaçon consciente ou non, une difficulté àsupporter l'angoisse parentale, une sorte defatalisme ou encore <strong>des</strong> préjugés.Leurs représentations de <strong>la</strong> responsabilité<strong>des</strong> parents génèrent chez eux <strong>des</strong> attentesspécifiques : tantôt déçus face à leur implicationqu'ils voudraient plus forte, tantôtimportunés par leur constant désir d'informationet de participation. Les parents,eux, désirent que l'on reconnaisse natu-CharlesGARDOUProfesseur à l’UniversitéLumière Lyon 2relles leurs interrogations, leur souffrance,leur angoisse, leur révolte, leur peine àaffronter <strong>la</strong> réalité et les exigences médicaleset éducatives auxquelles ils se trouventquotidiennement confrontés. En priseau désordre inhérent au handicap, certainsd’entre eux attendent <strong>des</strong> professionnelsune prise en charge suivie et globale,d'autres espèrent une aide discontinue etmoins massive. Quoi qu’il en soit, aucun<strong>des</strong> partenaires ne peut œuvrer, avec toutel’efficacité requise, sans recourir à l'aide del'autre. Aussi s’agit-il, non de professionnaliserles parents ou de parentaliser lesprofessionnels, mais de conjuguer leurscompétences respectives.Soulignons que les dérives de quelques-unsn'occultent en rien <strong>la</strong> disponibilité de <strong>la</strong>majorité. Capables de dépasser leurspropres angoisses, <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> professionnelsaccompagnent, avec dévouement,l'enfant et les parents dans leur itinérairechaotique. Cependant, nous sommes iciface à un défi professionnel à relever parl’ensemble <strong>des</strong> acteurs éducatifs et il paraîtdonc urgent de remédier à <strong>des</strong> carences deformation, dont les incidences ne sont plusà démontrer.L'intégration en quête de ressortA l'école <strong>maternelle</strong> Duc Rollon de Caen, l'accueil <strong>des</strong>élèves en situation de handicap est une “tradition”. Unepratique primordiale et bienveil<strong>la</strong>nte mais qui souffremanque d'accompagnement et de soutien.[d'unL'école <strong>maternelle</strong> Duc Rollon située au centre de Caen sco<strong>la</strong>rise <strong>des</strong>élèves en situation de handicap depuis une dizaine d'années. Une « tradition», « habitude » qui s'est mise en p<strong>la</strong>ce du fait de <strong>la</strong> proximité de <strong>la</strong> crècheMandarine, une <strong>des</strong> rares structures petite enfance de <strong>la</strong> ville qui intègre.Cette proximité permet même de faire <strong>des</strong> passerelles, les élèves connaissentl'école avant d'y être sco<strong>la</strong>risés. L'an passé, Lo<strong>la</strong>, Félix, Cynthia etMaxime étaient donc accueillis dans les quatre c<strong>la</strong>sses qui composentl'école. Trois d'entre eux ont <strong>des</strong> troubles envahissants du développement(TED) et le quatrième est considéré comme autiste.La petite section déterminanteToutes les situations de handicap ne sont pas connues au moment de l'inscription,et <strong>la</strong> première sco<strong>la</strong>risation a valeur de détection. Ce fut le cas pourLo<strong>la</strong> à <strong>la</strong> rentrée dernière. Le directeur a demandé aux parents de remplirun questionnaire sur leur enfant avant <strong>la</strong> première rentrée. Les parents deLo<strong>la</strong> n'ont rien signalé de particulier mais au bout de deux semaines de sco<strong>la</strong>risation,les deux enseignants de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse se sont rendus compte de <strong>la</strong>souffrance de <strong>la</strong> petite qui supportait très mal le groupe, n'entrait pas enactivité et faisait <strong>des</strong> crises. « Nous avons rencontré les parents, racontePhilippe Lemonnier le directeur, maître formateur et enseignant de <strong>la</strong>c<strong>la</strong>sse, toute <strong>la</strong> difficulté est de les amener, alors qu'ils sont dans unesorte de déni, à comprendre, admettre <strong>la</strong> situation particulière de leur enfantsans aller trop vite, sans que certains mots soient prononcés. La petite sec-


tion est de ce point de vue déterminante »poursuit l'enseignant de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. Dans ce casprécis, l'équipe a guidé <strong>la</strong> famille vers unservice spécialisé du CHU et <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risationa été revue à mi-temps. Mais sans AVS...« Pour <strong>la</strong> PS c'est toujours : débrouillezvous! » résume-t-il.Pour les enfants : « Il n'y a pas de modèle d'intégration» explique l'équipe. Chaque enfanta <strong>des</strong> besoins différents selon sa personnalité,son trouble. Les formes de sco<strong>la</strong>risationsont adaptées en fonction. Les temps <strong>des</strong>co<strong>la</strong>risation varient mais aussi les tempsd'accompagnement par une AVS. Ces décisionssont du ressort de <strong>la</strong> MDPH dont <strong>la</strong>CDA* statue après une réunion de l'équipeéducative ou celle de l'équipe de suivi <strong>des</strong>co<strong>la</strong>risation. Les horaires s'adaptent aussiaux prises en charge spécialisées extérieuresà l'école. L'équipe pointe le dilemme : lesélèves doivent s'adapter plus que les autres,sont sur-sollicités, doivent apprendre autantque les autres en étant moins sco<strong>la</strong>risés.Besoin d'ai<strong>des</strong>Amélie Thoraval, l'enseignante de GS soulignepar ailleurs le rôle primordial <strong>des</strong> AVSauprès <strong>des</strong> élèves. « Avec 27 élèves parc<strong>la</strong>sse, il est quasi impossible d'accueillir unélève avec <strong>des</strong> troubles du développementsans une aide. C'est elle qui adapte les activitésau plus près de l'enfant » explique-t-elle.Hélène Lecrosnier qui suit Maxime s'est beaucoupinvestie dans ce métier. Riche de sa formationuniversitaire en psychologie, elle acherché à mieux comprendre ce qu'est l'autisme.Elle s'est même offert une formation.Celle, très courte, dispensée par l'éducationnationale n'aurait pu suffire. Pour autant,l'année a été difficile vu l'importance <strong>des</strong>troubles. « J'ai eu le sentiment qu'il avaitrégressé dans l'année et c'est vraiment trèsdur à accepter » explique l'enseignante deGS.Pour Félix, le discours est inverse. « Un enseignantressources du pôle Handicap de l'inspectionacadémique m'a proposé uneméthode de lecture adaptée au TED avecreconnaissance globale et images. Pour Félixça a fonctionné », raconte Amélie satisfaite<strong>des</strong> progrès de cet élève qui deux ans avantne savait pas mettre un manteau tout seul etqui cette année est entré dans les apprentissagessco<strong>la</strong>ires.Une réussite,certes, mais de l'avis général, lesenseignants de l'école se sentent seuls faceaux difficultés de ces enfants. « On manquecruellement de formation et d'accompagnement» résume Philippe, qui déplore lepeu de formation initiale sur le sujet alors que« tôt ou tard, tout le monde va être amenéà intégrer ».Et malgré les difficultés, l'équipe considèreque c'est nécessaire d'intégrer. « Ce qui mesemble primordial c'est le climat que l'oninstalle dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, si notre regard estbienveil<strong>la</strong>nt, le regard <strong>des</strong> enfants le seraaussi. C'est ce qu'on fait de mieux et de plusgrave », explique Amélie. Ainsi, lors de <strong>la</strong>fête de fin d'année, Lo<strong>la</strong> s'est p<strong>la</strong>cée aucentre de <strong>la</strong> scène sans que ce<strong>la</strong> soit prévuet tous les autres enfants de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ontdansé autour d'elle sans que sa présencene les perturbe. « Cette présence développechez les autres enfants une forme d'altruisme» reprend le directeur. Une dimensionde l'école qui ne devrait pas reposer sur <strong>la</strong>seule bonne volonté <strong>des</strong> enseignants.]* CDA : Commission <strong>des</strong> Droits et de l’AutonomiePascalBATAILLECoordonnateur <strong>des</strong>formations CAPA-SH et2CA-SH, responsable duparcours « Eduquer,Enseigner et Former<strong>des</strong> publics à BesoinsEducatifs Particuliers»Master MEEF « Métiersde l'Education, del'Enseignement et de <strong>la</strong>Formation» IUFM del'Université de CaenBasse-NormandieUn projet pour l’enfantLe cadre contenant de l'école <strong>maternelle</strong> faitque l'élève est dans un environnement «sécure»,propice à <strong>la</strong> construction de son identité socialeet de ses apprentissages.Ce cadre bienveil<strong>la</strong>nt est déjà en soi une réponseadaptée aux besoins de l’enfant. Se posent aussi<strong>la</strong> question <strong>des</strong> objectifs et de <strong>la</strong> mesure del'action. La notion de projet personnalisé estcentrale dans les problématiques inclusives, quise mettent en œuvre dans le cadre d'une normesco<strong>la</strong>ire.Cette nécessaire connaissance du “projet del'enfant” reste insuffisante et ne doit pas conduireà faire l'économie de l'observation du réel quipermet l'ajustement <strong>des</strong> gestes professionnels.C'est ce double regard, connaissance du projetet observation du réel, qui fera que les adaptationspédagogiques seront pertinentes car adaptées.Par exemple, et peut-être plus en <strong>maternelle</strong>qu'ailleurs, une <strong>des</strong> difficultés énoncées est deconsidérer l'élève singulier et le collectif : <strong>la</strong>nécessaire centration sur l'élève différent, ledéveloppement d'une technicité pédagogiqueindividualisée ne doit pas se faire dans l'oubli duvivant de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse mais dans une vision dynamiqueet non formelle.Dans ces questions difficiles, le rôle de l'enseignantréférent et plus <strong>la</strong>rgement <strong>des</strong> enseignantsspécialisés est essentiel ; rôle d'appui, deconseil quant aux choix pédagogiques à opéreret à leur mise en œuvre.19


Des sensationsà <strong>la</strong> connaissance en EPSPartir <strong>des</strong> besoins et <strong>des</strong> actions spontanées<strong>des</strong> jeunes élèves pour donner sens et structurerprogressivement les apprentissages.Colette Catteau propose <strong>des</strong> pistes...Trois types d'actions sont spontanées chez le jeune enfant : leschutes, qui provoquent le rire, <strong>la</strong> peur liée à <strong>la</strong> perte d’équilibre, maisqui procurent aussi du p<strong>la</strong>isir dans leur aspect contact avec le sol,les ba<strong>la</strong>ncements et les mouvements giratoires (galipettes, rou<strong>la</strong><strong>des</strong>,tourner autour d’un poteau, ronde, tourniquet). Les connaîtrepermet de mieux comprendre l'activité <strong>des</strong> jeunes élèves et defavoriser l'entrée dans les apprentissages moteurs.Car les APSA (activités physiques sportives et artistiques) permettentà l'enfant de passer du simple p<strong>la</strong>isir de ses sensations, à <strong>la</strong>connaissance du monde qui l'entoure.Elles sont porteuses de significations émotionnelles coïncidant avecles expériences faites par les enfants comme le vertige en gymnastique,<strong>la</strong> fiction en danse. Elles portent aussi <strong>des</strong> exigences spécifiquesfavorisant de nouveaux buts, comme le passage de <strong>la</strong>chute, qui se manifeste par le p<strong>la</strong>isir <strong>des</strong> sensations et <strong>la</strong> maîtrisemotrice et émotionnelle, au saut (en gymnastique) qui induit de nouvellesintentions comme être le plus longtemps possible en l'air, maîtriserl'arrivée sur les pieds. L'entrée dans ces APSA prendra encompte les besoins <strong>des</strong> petits : p<strong>la</strong>isir de <strong>la</strong> poursuite en athlétisme,recherche du contact avec le sol mais aussi avec l'autre en lutte.Il faut aussi s'interroger sur <strong>la</strong> découverte et l'appropriation d'un nouvelespace par les jeunes élèves. Ainsi, lors de l'arrivée dans ungrand gymnase, plutôt que faire asseoir tous les enfants pour contenirle groupe et éviter «qu'ils ne s'échappent» ne peut-on pas anticiper<strong>la</strong> réaction normale <strong>des</strong> petits ? A cet effet, on peut prévoir unesituation qui leur permette de découvrir activement le lieu comme<strong>des</strong> jeux de courses sous forme de poursuite (de l'enseignante parexemple), ou <strong>des</strong> jeux de ballon qui permettent un temps d'actionlibre et individuelle, avant de mettre en p<strong>la</strong>ce un jeu collectif de balles.20 20 le sensibleUne photographe à l'écoleColette CATTEAUQuel sens donner à <strong>la</strong> présence d'une artiste dans une école <strong>maternelle</strong> ? Odilea exercé en tant que CPC EPS. Elle estLabroy, directrice de l'école <strong>des</strong> Eg<strong>la</strong>ntines à Lyon, explique qu'on peut êtremembre de l'équipe de recherche effrayé par <strong>la</strong> tâche qui consiste à harmoniser <strong>des</strong> « délires d'artistes » enclenchéspar l'imprévu, <strong>la</strong> spontanéité, <strong>la</strong> déstabilisation, avec <strong>des</strong> instructions officiellesmatérialisées par « <strong>des</strong>ESCOL.[ cases à remplir ». Cet exercice,elle l'a pourtant tenté avec sescollègues en accueil<strong>la</strong>nt YvelineLoiseur, dans le cadre d'une résidenced'artistes organisée parl'association « Enfance, arts et<strong>la</strong>ngage » (EAL).Les propositions de cette artistephotographe ont rythmé parpério<strong>des</strong> de 6 semaines, <strong>la</strong> viede l'école et les activités <strong>des</strong> troisc<strong>la</strong>sses. Elle a travaillé avec toutesles c<strong>la</strong>sses de l'école et le projetEAL est <strong>la</strong> pièce maîtresse duprojet d'école. Christine Bolze, <strong>la</strong>coordonnatrice <strong>des</strong> résidences de l'association EAL détaille les modificationsqui s'opèrent dans <strong>la</strong> vie de l'école et qui font l'objet de travaux de recherches: les changements induits à <strong>la</strong> fois par <strong>la</strong> présence régulière d'une tierce personneet par <strong>la</strong> fonction de l'artiste, les approches différentes dans les apprentissageset les pratiques, dans le regard sur les enfants, l'importance de <strong>la</strong> résidencedans le devenir personnel <strong>des</strong> élèves et leur rapport à <strong>la</strong> pratiqueartistique.L'école <strong>des</strong> Eg<strong>la</strong>ntines à Lyon a accueilli l'an passé l'artistephotographe Yveline Loiseur dans le cadre d'une résidenced'artiste initiée par l'association « Enfance, arts et <strong>la</strong>ngage». Une rencontre artistique et une démarche pédagogique.Accueillir une photographe !Bien sûr les toutes premières séances permettent l'appropriation de l'appareilphoto : bien mettre <strong>la</strong> dragonne, appuyer sur le bouton, zoomer, dézoomer.Mais très vite on passe à l'intention, à <strong>la</strong> volonté d'attirer le regard sur ce qu'onne voit pas, les petites choses à côté <strong>des</strong>quelles on passe. Le projet s'estconstruit sur l'appropriation de l'espace de l'école, avec <strong>des</strong> thématiques spécifiquessur <strong>des</strong> lieux différents selon les c<strong>la</strong>sses pour que, comme le dit Yveline,« chaque projet résonne avec les autres ». Les tout petits se sont centrés


sur le noir et <strong>la</strong> lumière, le c<strong>la</strong>ir et le sombre, lesjeux de lumière et les ombres. Un travaildémarré en salle de repos qui s'est poursuividans <strong>des</strong> activités de tri, de découverte d'albums,de réflexions sur <strong>la</strong> peur du noir...Les plus grands « se sont aiguisé le regard » plutôtsur les reflets dans les miroirs et les vitresmais aussi, par exemple, sur le pot à crayons« sur lequel on voit <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ». La symétrie,l'orientation dans l'espace trouvent une problématisationétonnante : « Je prends en photodans <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce un objet ou une personne quiest derrière moi ! » Pour Odile c'est l'ensembledu programme de <strong>maternelle</strong> qui « entre »dans le projet : <strong>la</strong>ngage, mathématiques etalgorithmes, découvrir son corps et agir, devenirélève, apprendre par les activités artistiques<strong>la</strong> coopération et l'autonomie...Et les adultes dans tout ça ?La résidence d'artiste implique immédiatementun travail en équipe renouvelé, où setrouvent repensés les rôles de chacun, l'artiste,les enseignantes, les ATSEM, les parents.A l'artiste <strong>la</strong> proposition artistique et <strong>la</strong> conduitede l'action. Yveline avoue avoir été un peudésarçonnée par les TPS au début mais elle ya trouvé son compte avec l'enthousiasme detous. Et sur le p<strong>la</strong>n personnel, les enfants lui ontapporté « <strong>des</strong> postures et <strong>des</strong> points de vuequ'elle n'imaginait pas ». Aux enseignantes lespréparations et les exploitations pédagogiques.Pour Odile, « c'est une stimu<strong>la</strong>tion permanente,il y a trop d'idées, on n'a aucun risque d'êtreb<strong>la</strong>sé, c'est un plus pour <strong>la</strong> cohésion del'équipe ». Les ATSEM se trouvent toutes valoriséespar le projet : <strong>la</strong> recherche d'EAL montrece bénéfice important sur <strong>la</strong> perception deleur travail par les ATSEM, quand elles sontseules avec un groupe pendant que l'enseignanteest avec l'artiste, comme quand cesont elles qui accompagnent l'artiste. Lesparents sont ravis, et pas seulement lors de <strong>la</strong>fête de fin d'année où les enfants présentent<strong>des</strong> jeux fabriqués à partir de <strong>la</strong> banque dephotos qu'Yveline et quelques enfants ontprises chaque matin. La résidence multiplieles occasions d'entrer dans l'école, de venirvoir expositions et instal<strong>la</strong>tions, d'accompagnerles sorties. Ils manifestent une grandefierté d'avoir leur enfant sco<strong>la</strong>risé dans cetteécole particulière.]Quels sont donc les rapports <strong>des</strong> enfants « aveccette dame qui fait <strong>des</strong> trucs bizarres » ? Ils s'affinentau cours <strong>des</strong> séances, les enfants fourmillentd'idées, « on les voit enrichir leur regardet leur sensibilité » dit Yveline. Ils « prennentconfiance en eux, trouvent une plus grandeliberté pour se mettre en scène et dans leur rapportaux autres ». Pour Christine Bolze, <strong>la</strong> résidencepermet d'abord un travail sur le rapportau monde, « une dimension beaucoupplus vaste que celle <strong>des</strong> programmes sco<strong>la</strong>ires: pas seulement comment je fabrique quelquechose qui a une utilité sociale, mais commentje me positionne, comment je me situe dans lemonde qui m'entoure ».Sur le site www.eal.lyon.fr toutes les informationssur les résidences en cours, les programmesde recherches et les rapports.IsabelleRACOFFIERPrésidente del’AGEEMwww.ageem.frA l'école <strong>maternelle</strong>c'est le corps d'abord*!Le corps, instrument pour découvrir lemonde en sautant, courant, rampant,grimpant... mais aussi pour le percevoir :voir, écouter, sentir, goûter, toucher.Comment, en quoi l'école <strong>maternelle</strong> développe-t-elle<strong>la</strong> sensibilité par le corps ?Etre sensible c'est avoir <strong>la</strong> capacité de « sentir », c'està dire « d'éprouver une sensation ou un sentiment »,c’est « l’expression de l'esprit » comme l'indique l'étymologie.La sensibilité est intimement liée à l’espace <strong>des</strong>sens. Pense-t-on suffisamment, à l'école, à prendreen compte cette dimension si importante pour lesjeunes enfants ? Le toucher, notamment, est particulièrementdé<strong>la</strong>issé. La peau, capteur primordial estpourtant un sens vital, essentiel, qui réveille les autressens. N’est-elle pas <strong>la</strong> première « oreille » du nourrissonin-utero ? « Ce qu'il y a de plus profond dansl'homme c'est <strong>la</strong> peau » disait même Paul Valéry ! Laréceptivité de l’individu et <strong>la</strong> présence à soi sont stimuléespar le toucher qui fait chuter l’hormone dustress. Il facilite <strong>la</strong> prise d’indices, <strong>la</strong> dissociation qui permetd’affiner le <strong>la</strong>ngage, au p<strong>la</strong>n lexical et syntaxique,grâce aux apports de l'enseignant. Dans nos c<strong>la</strong>sses,prenons-nous le temps de stimuler de manièreconsciente le toucher ? L'expérience sensorielle traduitep<strong>la</strong>stiquement aide à <strong>la</strong> mémorisation tout commeles interactions, les liens entre danse, peinture et cuisine.Un exemple ? « Prendre délicatement entre lepouce et l’index un grain de raisin, fermer les yeux etjouer à le faire rouler dans <strong>la</strong> main droite, puis <strong>la</strong> gauche,le faire passer entre les doigts sans l’écraser. La glisserdélicatement sur les lèvres, le découper avec les dentsen ressentant le jus. L’écraser sur le pa<strong>la</strong>is. Exprimer sonressenti... » Développer <strong>la</strong> sensibilité de nos élèves,...vraiment un défi p<strong>la</strong>isant !* Thème du congrès de l'AGEEM, Vichy, juin 201121


<strong>Redonnons</strong> <strong>des</strong> <strong>couleurs</strong> à <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> !Face à l’échec sco<strong>la</strong>ire,notre système éducatifn’a jamais eu autantbesoin de <strong>maternelle</strong>. Et,paradoxe intolérable, ellen’a jamais été autant fragilisée! Il est urgent dechanger <strong>la</strong> donne !L’école <strong>maternelle</strong> doitretrouver de <strong>la</strong> sérénité,s’appuyer sur les réussitesactuelles, l’engagement<strong>des</strong> enseignants etles travaux de recherche.Si <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> n'existait pas, il faudrait l'inventer.Des enquêtes internationales commePIRLS ou PISA aux spécialistes de l'Education,tous mettent en avant le rôle essentiel que joue<strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation préélémentaire pour <strong>la</strong> réussiteultérieure <strong>des</strong> élèves. Beaucoup regardent mêmedu côté de l'école <strong>maternelle</strong> française qui s'estimposée comme le premier maillon de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité.Dire qu'elle est enviée par de très nombreux pays,plébiscitée par les familles n'est pas usurpé. La<strong>maternelle</strong> constitue pour l'enfant et ses parents lelieu <strong>des</strong> premières représentations de l'école. Chacunreconnaît combien elle contribue au développementmoteur, sensoriel, intellectuel et culturel <strong>des</strong>élèves. Les apprentissages <strong>la</strong>ngagiers se construisentsimultanément aux apprentissages sociaux, à<strong>la</strong> structuration de l'espace et du temps, au développementd'une motricité de plus en plus fine, à <strong>la</strong>découverte <strong>des</strong> autres et du monde.Et de ce point de vue, Viviane Bouysse, inspectricegénérale de l'éducation nationale estimeque « l'école <strong>maternelle</strong> n’a jamais été aussi efficace». Elle joue comme un formidable accélérateurde développement aussi bien pour les enfantsfavorisés par leur environnement, que pour ceuxmoins dotés socialement et culturellement audépart.Ces dernières années, ces atouts, fruits de l'engagementprofessionnel <strong>des</strong> enseignants, auraientdû servir de point d'appui pour faire encore plus etmieux avancer <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>. Force est de constaterqu'il n'en a rien été. Suppressions de postes,annonces à l'emporte pièce, l'école <strong>maternelle</strong> estau cœur de tensions importantes, là où les élèves,leurs parents et les enseignants auraient besoinde sérénité. Les discours contradictoires sur <strong>la</strong><strong>maternelle</strong> illustrent l'instabilité dans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong>communauté sco<strong>la</strong>ire évolue actuellement.De <strong>la</strong> cacophonie...Tantôt, on critique ouvertement l'orientation tropprimarisée, les évaluations trop sco<strong>la</strong>ires de <strong>la</strong><strong>maternelle</strong> française. Le discours privilégie alorsune fonction d'épanouissement et de bien-être<strong>des</strong> enfants. Tantôt, au même moment, <strong>des</strong> mêmesinstances, du même ministre, les 15 % d'élèves en difficultéau CP sont imputés au manque de travail del'école <strong>maternelle</strong>. Le discours se fait alors plusautoritaire. Il est demandé de redresser <strong>la</strong> barre, <strong>des</strong>e mettre au plus vite aux apprentissages, d'évaluerau plus tôt. Ces polémiques stériles opposant épanouissementet apprentissage comme si l'un nuisaità l'autre perturbent le débat éducatif. Et ce d'autantque ces mouvements de ba<strong>la</strong>ncier se traduisentpar <strong>des</strong> mesures qui sont sources de déstabilisationet d'insécurité professionnelles : le changementbrutal de programme en 2008 qui s'est accompagnéd'une campagne de dénigrement public alorsque les programmes de 2002 n'étaient pas totalemententrés en application, l'introduction de l'aidepersonnalisée présentée comme l'alpha et l'omégadu traitement de <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire alors que lessuppressions de postes ciblent les RASED et alourdissentles effectifs dans les c<strong>la</strong>sses.Il y a même lieu de s'interroger sur certainesannonces peu sérieuses que les ministres ont choiside mettre en avant : l'apprentissage de l'ang<strong>la</strong>is dès3 ans ; celui du mot de vocabu<strong>la</strong>ire quotidien ne correspondantà rien pour <strong>des</strong> enfants de 2 à 6 ans quienrichissent leur lexique par besoin d'expression etde catégorisation, plutôt que par accumu<strong>la</strong>tion.D'autres propositions apparaissent comme dangereuses: le poids démesuré donné à l'évaluation,l'entrée prématurée dans l'écrit, le dé tricotagetotal de <strong>la</strong> formation <strong>des</strong> enseignants, l'abandon progressifde <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong> moins de 3 ans.à <strong>la</strong> sérénitéAujourd'hui, il y a urgence à sortir de cette cacophoniequi empoisonne le travail quotidien <strong>des</strong>enseignants. Le modèle éducatif de <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>associant épanouissement, développement etapprentissages doit être stabilisé. La sérénité s'impose.Ni garderie, ni école élémentaire, <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>doit être pensée en fonction <strong>des</strong> caractéristiques et<strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> élèves d'aujourd'hui. Pour ce<strong>la</strong>, le<strong>SNUipp</strong> pense que sa transformation est nécessaire.Il formule <strong>des</strong> propositions qui s'appuient sur lesréussites actuelles, l'engagement <strong>des</strong> enseignantset les travaux de <strong>la</strong> recherche.22


Tout commence par l'entrée à l'école <strong>maternelle</strong>qui demande une attention toute particulière.Celle-ci doit se faire dans de bonnesconditions. La qualité de l'environnement spécifique<strong>des</strong> écoles (matériel adapté, dortoirs ...)doit être soignée tout comme celle de l'encadrement,avec <strong>des</strong> ATSEM en nombre suffisantet, surtout, <strong>des</strong> effectifs limités, tout particulièrementen éducation prioritaire. Pour le <strong>SNUipp</strong>,les effectifs ne devraient pas dépasser 25 élèvespar c<strong>la</strong>sse, 20 en ZEP et 15 dans les sections depetits.Le <strong>SNUipp</strong> est également convaincu du bienfaitde <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong> moins de trois ans, dès lorsque les familles le souhaitent. Sa chute continuedepuis 10 ans n'est en rien le fruit d'une réflexionéducative mais le produit <strong>des</strong> suppressions depostes où les TPS servent de variable d'ajustementlors <strong>des</strong> opérations de carte sco<strong>la</strong>ire. Ilest pourtant indispensable d'épauler les familleset les enfants les plus fragiles. La <strong>maternelle</strong>doit être consolidée comme un cursus sco<strong>la</strong>irede trois à quatre années où progressivement lesdécouvertes, les expériences, les mo<strong>des</strong> d'apprentissageet d'accueil vont évoluer. C'est ainsique les liaisons sont <strong>des</strong> moments importantsdans le parcours de l'élève. A ce titre, <strong>la</strong> premièrerentrée est toujours spécifique pour les enfants.C'est aussi un aspect de <strong>la</strong> communication endirection <strong>des</strong> parents qui revêt un caractèreessentiel. Des dispositifs de rentrée échelonnéequi font passerelle entre <strong>la</strong> famille, les mo<strong>des</strong> degarde et l'école ont été mis en p<strong>la</strong>ce dans lesécoles autour de véritables projets d'accompagnementde <strong>la</strong> première rentrée. Ceux-ci doiventpouvoir être maintenus et développés.Tout comme, <strong>la</strong> liaison GS/CP nécessite untemps de concertation augmenté et une plusgrande mutualisation <strong>des</strong> dispositifs existants en<strong>la</strong> matière. Si les apprentissages sont plus guidéset structurés, il ne s'agit pas pour autant decopier les formes de travail du CP.La p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Grande section est bien au sein de<strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>. C'est désormais lisible au niveau<strong>des</strong> programmes qui sont déclinés strictementau niveau de <strong>la</strong> GS.Des leviers essentielsLes conditions d'apprentissage <strong>des</strong> élèves sonttout aussi essentielles. Les enseignants devraientpouvoir moduler les modalités de travail <strong>des</strong>élèves en fonction de leurs besoins et <strong>des</strong> activitésproposées. Il en va notamment du <strong>la</strong>ngage,clé de voute <strong>des</strong> apprentissages, là oùtrop souvent s'enracine <strong>la</strong> source <strong>des</strong> différences.La nécessité d'un travail en petit groupeest une évidence. Au sein <strong>des</strong> écoles, elle doitdevenir réalité par <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de dispositifstels que le « plus de maîtres que de c<strong>la</strong>sses ».Le rôle assigné à l'évaluation doit être c<strong>la</strong>rifié.Dans les c<strong>la</strong>sses, les enseignants ont besoind'évaluer un élève pour lui même, pour l’aiderà progresser et non pour le c<strong>la</strong>sser ou le sélectionner.Les pratiques ne doivent pas jeter letrouble sur <strong>la</strong> capacité de l'élève à toujours s'essayer,à toujours s'épanouir et apprendre ... Lesdispositifs et les objectifs poursuivis doiventprivilégier ces approches.Enfin, <strong>la</strong> formation doit être développée. C'estl’une <strong>des</strong> clefs pour que les enseignants soient<strong>des</strong> professionnels mieux armés et plus sereins.Il est indispensable que les dimensions propresà <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> soient prises en compte (psychologiede l'enfant, <strong>la</strong>ngage, gestes professionnelsintégrant les rythmes et besoins de <strong>la</strong>petite enfance, accompagnement <strong>des</strong> programmes,analyse de pratique …). Alors que <strong>la</strong>plus grande diversité <strong>des</strong> publics, mais aussi <strong>la</strong>compréhension <strong>des</strong> situations d’échec exigentplus de professionnalité, c’est tout l’inverse quel’on propose aux enseignants avec <strong>la</strong> réformeca<strong>la</strong>miteuse de <strong>la</strong> masterisation et une formationcontinue devenue «peau de chagrin». Il fautreconstruire une formation professionnelle - initialeet continue - en prise avec <strong>des</strong> situationsd’enseignement. Elle devrait proposer au moinsun tiers de formations spécifiques sur <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>.C'est un véritable projet pour l'école <strong>maternelle</strong>que porte le <strong>SNUipp</strong>. Plus que jamais, il esturgent de s'engager pour l'avenir de <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong>: campagne d'information, organisationde colloques, publications, diffusion <strong>des</strong> résultatsde <strong>la</strong> recherche, mais aussi manifestations etactions quotidiennes avec les parents et lesélus. Ensemble, il s'agit de changer <strong>la</strong> donne.Ensemble, pour conduire tous les élèves sur lechemin de <strong>la</strong> réussite de tous, réinventons <strong>la</strong><strong>maternelle</strong> pour qu'elle continue d'exister ![Bravo ! A <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> on apprend ! Octobre 2009L'école du « passe-âge »pas de <strong>la</strong> compétitionzoomUne passerelle sur le chemin de <strong>la</strong> réussite. C'est là l'essence de l'école <strong>maternelle</strong>.L’expression de « passe-âge » entre <strong>la</strong> maison et l'école, entre <strong>la</strong> viede l'enfant et celle de l'élève, entre <strong>la</strong> petite enfance et l'enfance, entre lemonde de <strong>la</strong> famille et celui de l'école sonne joliement.L'école <strong>maternelle</strong> ne doit être pas <strong>la</strong> première étape de <strong>la</strong> compétition sco<strong>la</strong>ireoù les moins avancés ne seraient regardés que sous le prisme de <strong>la</strong> difficultésco<strong>la</strong>ire. Il est important de réaffirmer son travail préventif, loin detoutes formes de stigmatisation. Sa vertu, c'est le temps. Son rôle est biende donner le temps et l'attention à tous les élèves afin qu'ils se développentet s'outillent culturellement, linguistiquement, cognitivement. Trois à quatreannées de sco<strong>la</strong>risation <strong>maternelle</strong>, c'est l'occasion de construire progressivement<strong>des</strong> apprentissages. C'est permettre à <strong>la</strong> fois toutes les répétitionsnécessaires et en même temps les découvertes nouvelles. Pour ce<strong>la</strong>, lesformes pédagogiques propres à <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> sont à développer, d'autresà repenser pour s'adapter aux besoins <strong>des</strong> élèves d'aujourd'hui et notammentles plus fragiles.« Bravo ! A <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> on apprend !»un film du <strong>SNUipp</strong>-FSUTourné en septembre 2009 dans trois écoles pour témoigner de <strong>la</strong> réalité de c<strong>la</strong>sses<strong>maternelle</strong>s, le film "Bravo ! A l'école <strong>maternelle</strong> on apprend" est un film du <strong>SNUipp</strong> FSU.Il met l'accent sur <strong>la</strong> professionnalité <strong>des</strong> enseignants. Les situations filmées ne sontpas <strong>des</strong> modèles mais montrent «là, et ce jour là», le travail <strong>des</strong> élèves et de leursenseignantes. Ce document a été coordonné par MireilleBrigaudiot, linguiste, longtemps maître de conférences àBravo !A <strong>la</strong> <strong>maternelle</strong> onapprend !l'IUFM de Versailles, dont les travaux de recherche notammentsur le <strong>la</strong>ngage sont <strong>des</strong> références.Construit autour de cinq axes , "liaison école/famille","amener l'élève à essayer plutôt qu'à réussir tout de suite","rendre visible une activité intellectuelle invisible", "travaillerau développement <strong>des</strong> élèves et de l'image de soi","accueillir les enfants en situation de handicap", le film propose<strong>des</strong> pistes de réflexion pour favoriser <strong>la</strong> réussite de tousles élèves à l'école <strong>maternelle</strong>.Pour faire découvrir l'univers de l'école aux parents, pour dejeunes enseignants, pour échanger en équipe sur vos projetset vos axes de travail, et enfin pour réfléchir à l'avenir de l'école<strong>maternelle</strong>, vous pouvez demander ce DVD à <strong>la</strong> section du <strong>SNUipp</strong> de votre département.[23

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