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le journal de l'exposition - FRAC Auvergne

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17 Manuela MARQUESNée au Portugal en 1964 - Vit en FranceContact 1 - 2011C-print - 95 x 118 cmCol<strong>le</strong>ction <strong>FRAC</strong> <strong>Auvergne</strong>Acquisitions en 2012Contact 1 appartient à un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>photographies réalisées à São Paulo,entre 2010 et 2011. Extraits <strong>de</strong> l’entretien<strong>de</strong> Manuela Marques et Jacinto Lageira,réalisé lors <strong>de</strong> ses expositions au MuséeCol<strong>le</strong>ction Berardo à Lisbonne et à laPinacothèque <strong>de</strong> São Paulo 1 .Jacinto Lageira : Vos travaux récents jouentsur <strong>le</strong> général et <strong>le</strong> particulier, <strong>le</strong> détail etl’ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong> proche et <strong>le</strong> lointain. Quelrô<strong>le</strong> joue la focalisation sur un point, unmoment inaperçu, une situation délaissée,sachant que votre approche n’est nidocumentaire ni socia<strong>le</strong> ?Manuela Marques : Je pense qu’il fautrevenir à la genèse <strong>de</strong> ce travail qui s’estconstitué autour <strong>de</strong> l’idée <strong>de</strong> tentative.Tentative <strong>de</strong> rendre compte en quelquespoints visuels d’une vil<strong>le</strong>, d’une mégapo<strong>le</strong>,en l’occurrence cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> São Paulo. Àchaque séjour, la question se pose : quephotographier ? São Paulo est une vil<strong>le</strong> auxcontours flous où toute image cherchant àla circonstancier est bien sûr possib<strong>le</strong>, maisforcément inadéquate si l’on veut rendrecompte <strong>de</strong> sa dimension physique ethumaine. Cette vil<strong>le</strong> était ainsi toute requisepour mettre en œuvre cette rechercheautour <strong>de</strong> la tentative photographique. Rienne semb<strong>le</strong> joué d’avance et <strong>le</strong>s différencessocia<strong>le</strong>s, culturel<strong>le</strong>s ou architectura<strong>le</strong>scoexistent souvent dans un même espace.J.L. : Peut-on réel<strong>le</strong>ment ignorer cetespace social en tant que tel, même siaucune narration ou état évi<strong>de</strong>nt ne nousest présenté ; que <strong>de</strong>vrions-nous voir oupercevoir selon vous ?M. M. : Je ne pense pas ignorer l’espacesocial ; je dirai que mon travail s’en empareen lui donnant une forme particulière.Prenons ces scènes en plongée commevues au travers <strong>de</strong> caméras <strong>de</strong> surveillance.Ce qui se trouve présenté par ce type <strong>de</strong>prise <strong>de</strong> vue n’ouvre aucun champ à cequi serait habituel lorsqu’un photographecherche à rendre compte d’une situationurbaine : l’idée <strong>de</strong> documenter une réalité.Je pense que mon travail est aussi <strong>de</strong> l’ordredu politique, au sens premier du terme. Jecrois aussi que <strong>le</strong> réel n’est pas solub<strong>le</strong>dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong>. La plupart <strong>de</strong>s photographiesont été réalisées dans <strong>de</strong>ux ou trois lieuxrelativement dangereux <strong>de</strong> São Paulo :<strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> trafic, <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>crack, <strong>de</strong>s lieux dégradés par toute uneprécarité et une misère engendrant <strong>de</strong>ssituations conflictuel<strong>le</strong>s. Je me suis miseen situation d’observation, bien qu’au final<strong>le</strong> compte-rendu visuel indique très peu <strong>de</strong>choses <strong>de</strong> ce qui a été observé. Il s’agitdans cette proposition photographique <strong>de</strong>ne donner aucune réponse précise par uneinterprétation unique <strong>de</strong> ce qu’il y auraità voir dans ces images. J’accomplis pluscertainement une sorte <strong>de</strong> soustractiondu visib<strong>le</strong> pour mettre en évi<strong>de</strong>nce que laréalité est par nature multiforme, abstraiteet fuyante. C’est bien pour cela, sansdoute, que, plus qu’aucun autre médium,la photographie ou la vidéo sont <strong>le</strong>s outilsadéquats pour cette tentative d’infiltrationentre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux pô<strong>le</strong>s du visib<strong>le</strong> et du caché,<strong>le</strong> dérobé en quelque sorte. Ce qui crée <strong>le</strong>doute est <strong>le</strong> moteur <strong>de</strong> mon travail. C’est làoù je pense être au plus près <strong>de</strong> ce que l’onnomme «réel».1- Extraits <strong>de</strong> l’entretien entre Manuela Marques et Jacinto Lageira à l’occasion <strong>de</strong> l’exposition ‘BESphoto 2011’, MuseuCo<strong>le</strong>cção Berardo, Lisbonne, 2011.

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