CourrierVœux 2005(…) Je fais le vœu de plus-être et de moins avoir, pour une croissancequalitative. Je fais le vœu que chacun d'<strong>en</strong>tre nous retrouve les vertusdu dialogue et de la r<strong>en</strong>contre : jetons nos télés par la f<strong>en</strong>être et <strong>en</strong>tronsplus souv<strong>en</strong>t dans les espaces relationnels.Je fais le vœu que chacun pr<strong>en</strong>ne consci<strong>en</strong>ce qu'il est seulem<strong>en</strong>t "invité"sur cette Terre, et donc que ses "devoirs" consist<strong>en</strong>t à laisser l'auberge"plus propre; plus intéressante, plus spirituellem<strong>en</strong>t valable" qu'il nel'a trouvé <strong>en</strong> <strong>en</strong>trant (cf. Georges Steiner). Nous sommes des hôtes précieux.Je fais le vœu que nos élus dégag<strong>en</strong>t un budget pour la douceur, la joie,la délicatesse ou l'humilité : le fric tue tout, mutile l'homme et son âme.Danger…Je fais le vœu que cette année chacun soit touché par la curiosité, quise trouve être le meilleur antidote au dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t, au désabusem<strong>en</strong>t,au dénigrem<strong>en</strong>t. "Ri<strong>en</strong> n'est définitif, tout ti<strong>en</strong>t dans la surprise"doit être notre leitmotiv <strong>en</strong> 2005.Je fais le vœu que ce printemps soit fait d'att<strong>en</strong>tats poétiques, criantainsi que la libération textuelle est <strong>en</strong> marche. Aussi, je vous invite àdéposer un livre (qui a changé votre vision du monde) sur la table d'uncafé, un banc public ou tout autre lieu, et de laisser le hasard pr<strong>en</strong>drele relais… Ceci pour att<strong>en</strong>ter au sil<strong>en</strong>ce, au manque de communication,à la logique mercantile qui s'insinu<strong>en</strong>t <strong>ici</strong> et là.Je fais le vœu que les chercheurs d'emploi, les handicapés et précairesde tout poil, majorité trop sil<strong>en</strong>cieuse malgré leur nombre, s'uniss<strong>en</strong>t etsecou<strong>en</strong>t sérieusem<strong>en</strong>t nos têtes p<strong>en</strong>santes et décideurs politiques pourqu'<strong>en</strong>fin leur a-v<strong>en</strong>ir soit réellem<strong>en</strong>t pris au sérieux, digne, respectableet reconsidéré avec humanité.Je fais le vœu que le gouvernem<strong>en</strong>t rouvre le dossier de la "semaine dequatre jours" : il y a 1,5 million d'emplois à la clé, et <strong>en</strong> plus travaillermoins, c'est mieux et bon pour la santé. Tout bénéf pour la sécu, l'humeuret les patrons. Essayer donc un référ<strong>en</strong>dum !(…) Je fais le vœu que vous qui me lisiez, pr<strong>en</strong>iez à votre tour votreplume pour écrire un mot dans le "courrier des lecteurs". C'est uncadeau inestimable que nous fait notre journal <strong>en</strong> nous offrant un espaced'expression. Profitez-<strong>en</strong>.Respirons profond et large. Je fais le vœu que nous répondions auxappels et aux exig<strong>en</strong>ces qui mont<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous et qui, parfois, ne sont pasque de nous. Etre soi-même, de temps <strong>en</strong> temps, est bon pour le moral.Je fais le vœu qu'<strong>en</strong> 2005, nous mettions <strong>en</strong> pratique le commandem<strong>en</strong>t"Estimez-vous les uns les autres" afin de remplacer notre t<strong>en</strong>dance(actuelle ?) à critiquer, juger, jalouser, médire. C'est diff<strong>ici</strong>led'être positif ? (…)Jacques Richard nFinistère.Commerce équitableLe commerce est un <strong>en</strong>semble d’activités si complexe qu’il faut êtreprêt à repr<strong>en</strong>dre et compléter sans cesse notre réflexion, et nonprét<strong>en</strong>dre asséner des vérités définitives.Ce qui nous unit, c’est une révolte contre l’énormité des inégalités, quicrée un danger pour nous et nos desc<strong>en</strong>dants. Cette révolte est cellede toute une mouvance qui remet <strong>en</strong> cause nos modes de production,d’échange et de consommation et qui. réclame une meilleure répartitiondes richesses.A partir de là, nous posons le problème de l’équité du commerce et noust<strong>en</strong>tons l’expéri<strong>en</strong>ce d’un commerce alternatif, dit équitable, c’est-à-direplus équitable. Dire ou écrire que nous sommes le commerce équitableest présomptueux. Dire que le commerce équitable a comm<strong>en</strong>cé il y a30 ou 40 ans, c’est restreindre notre réflexion à une chapelle, à desgroupes restreints, à une période restreinte, à des zones limitées. Nousabordons <strong>en</strong> fait un problème universel. Depuis que l’homme existe iléchange des bi<strong>en</strong>s et des services et la question de l’équité des échangesest posée. Le dieu Hermès est un des plus anci<strong>en</strong>s qui soit et ce n’estpas un personnage simple. Nous donnons la priorité au sort des producteursparce qu’il est désastreux, et parce qu’ils se sont adressés à nous,mais les autres acteurs de la chaîne économique ont égalem<strong>en</strong>t droità une juste rétribution. La situationdes marins est particulièrem<strong>en</strong>tscandaleuse, et d’autres travailleurssont gravem<strong>en</strong>t exploités : dockers,manut<strong>en</strong>tionnaires, camionneurs, etbi<strong>en</strong> sûr les salariés des grands distributeurs,chez qui les syndicats ontde la peine à s’implanter. En tant quemouvem<strong>en</strong>t citoy<strong>en</strong>, nous ne pouvonsrestreindre notre intérêt à une catégorie.Inversem<strong>en</strong>t, nous ne voulons pasverser dans l’inaction sous prétexteque l’action serait incomplète. Il faut comm<strong>en</strong>cer par un bout, etd’abord par l’information. Comm<strong>en</strong>t des acheteurs peuv<strong>en</strong>t-ils savoirqu’un produit estsocialem<strong>en</strong>t acceptable ou inacceptable s’ils ne dispos<strong>en</strong>t pas d’informationsconcordantes ? Mais c’est à eux qu’incombe l’appréciationet la décision finale.L’équité est une exig<strong>en</strong>ce des citoy<strong>en</strong>s même si la loi ne l’impose pas.C’est par exemple au terme d’un combat idéologique et politique quel’esclavage a été aboli. Auparavant, il était légal, ainsi que le commercequi va avec. Les citoy<strong>en</strong>s ont changé la loi. Aujourd’hui, notre objectifest de r<strong>en</strong>dre illégale la v<strong>en</strong>te de produits issus de l’exploitation des travailleurs.Des bases pour cela exist<strong>en</strong>t, puisque l’OIT, Organisation internationaledu travail, composée de représ<strong>en</strong>tants des syndicats et desEtats, a déclaré inacceptables les atteintes aux droits humains dans lecadre du travail et a établi des conv<strong>en</strong>tions qui ne demand<strong>en</strong>t qu’à êtreratifiées et appliquées par l’<strong>en</strong>semble des Etats. Cela ne se fera que sousla pression de l’opinion publique et de l’action militante.En att<strong>en</strong>dant, nous incitons les citoy<strong>en</strong>s à <strong>en</strong>traver la v<strong>en</strong>te de produitssocialem<strong>en</strong>t défectueux <strong>en</strong> exerçant leur liberté de choix et <strong>en</strong> faisantcirculer l’information. Il faut avant tout rappeler les réalités de toutcommerce : acheter un bi<strong>en</strong>, c’est aussi acheter des services, c’est-à-diredu travail. Si ce travail est sous-payé <strong>en</strong> un point de la planète, la loi dumarché mondialisé fera tôt ou tard baisser le prix du travail <strong>ici</strong>, le prixde notre travail. La baisse des avantages sociaux que nous subissonsactuellem<strong>en</strong>t (retraites, sécurité sociale, allocations chômage) n’est ri<strong>en</strong>d’autre qu’une baisse du prix du travail, car ces avantages font partiede la rémunération des travailleurs. Cette baisse de la part de richessesaccordée aux travailleurs est mondiale. C’est mondialem<strong>en</strong>t qu’il faut lacombattre, et non espérer profiter du malheur des autres par la baissedes prix.Jacques Joubert nGard.Non-viol<strong>en</strong>ce et décroissanceJ'apprécie le numéro d'octobre sur la décroissance et la non-viol<strong>en</strong>ce.Il va nourrir la p<strong>en</strong>sée et l'action de nombreux militants et lecteurs.Pour apporter ma contribution, je propose un acte tout simple, à posertrois fois par jour, qui peut sauver, pour une bonne part, la planèteet ses habitants.Cela peut aider à résoudre la faimdans le monde, réduire la misère,décroitre la pollution du sol, del'eau, de l'air et plus <strong>en</strong>core desesprits. C'est un acte fatal à l'hyperconsommation.C'est un acte accessibleaux chômeurs, aux RMIisteset autres exclus. (…) Il s'agit simplem<strong>en</strong>td'être végétari<strong>en</strong>. Cet acteà la portée de tous divise par septla consommation d'énergie dontnous avons besoin pour nous nourrir,cela sauvera des milliardsd'animaux, et cela vous simplifierala vie (…)Alexis Robert nIlle-et-Vilaine.SILENCE N°318/31992Janvier 2005
R O M A N SLancelot, fils de salaudGérard AlleEd. Les contrebandiers2004 - 286 p. - 15 €Ce premier tome raconte deux histoires <strong>en</strong> parallèle : celle d'un militaireau Maroc vivant parmi les Berbères, celle d'un jeune fugueur bordelaisqui se fait passer pour un ado disparu dans une famille bretonne.Peu à peu, le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les deux histoires va apparaître. Dans un stylelittéraire parfaitem<strong>en</strong>t maîtrisé, Gérard Alle, avec humour, nous conteune histoire <strong>en</strong>tre trois générations de personnages. A la fin de ce quiest annoncé comme le premier tome d'une série de trois, les élém<strong>en</strong>tssont posés et le susp<strong>en</strong>se est là. Seul regret, un titre discutable. MB.Le chi<strong>en</strong> a deschoses à direJean-Marc AgratiEd. Hermaphrodite (3, placede Luxembourg, 54000 Nancy)2004 - 256 p. - 16 €Ce recueil de vingt-quatre nouvelles estpour le moins perturbant. Sommes-nousdans la réalité ou dans la fiction ? Justeà la frontière <strong>en</strong>tre les deux. Juste aumom<strong>en</strong>t où celui que nous connaissonspourrait basculer dans le chaos, par la guerre, par le clônage… untemps à ne pas mettre un chi<strong>en</strong> dehors. Et souv<strong>en</strong>t il y <strong>en</strong> a un, dechi<strong>en</strong>, qui passe dans la nouvelle, parfois, il <strong>en</strong> est même le héros. C'estrude comme du Bukowski. C'est bizarre comme du Boris Vian. Maisc'est bi<strong>en</strong> écrit et cela nous plonge dans ce qui souv<strong>en</strong>t est dérangeant.Un monde quand même bi<strong>en</strong> pessimiste. FV.Ces maladiescréées parl'hommeDominique BelpommeEd. Albin-Michel2004 - 380 p. 19,50 €Ce livre est plus qu'un bon livre,c'est un livre indisp<strong>en</strong>sable. PourDominique Belpomme, Hippocratefut un écologiste avant l'heure<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>ant que "santé et<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sont indissociablem<strong>en</strong>tliés". Dans le cas du cancer— l'auteur est un cancérologuer<strong>en</strong>ommé — c'est flagrant. Ildémontre surtout combi<strong>en</strong> lesfaibles doses de produits cancérigènesont d'importance par leurrépétition (la dose totale cumuléeou DTC). En réalité, il n'y a pasde "dose-seuil" comme celaa souv<strong>en</strong>t été affirmé.Le cancer a non seulem<strong>en</strong>t demultiples causes, mais il est un<strong>en</strong>semble hétérogène de maladies,d'où la difficulté de trouverdes traitem<strong>en</strong>ts adaptés à chaquecas. Et les polluants chimiquescancérigènes sont multiples (plusieursmillions). Certaines substancessont mutagènes, d'autresdes perturbateurs hormonaux.Ce qui permet de craindre que,même s'il parvi<strong>en</strong>t à soigner descancers, l'homme ne disparaissepar incapacité à se reproduirecomme c'est déjà le cas pourcertaines espèces (la pirargueà tête blanche par exemple).Car il n'y a pas que notre espècequi est <strong>en</strong> danger. Près de 25%des mammifères et 12% desoiseaux serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> voie d'extinction,sans compter les poissons<strong>en</strong> grand péril. Selon E. O. Wilsonde l'université de Harvard,27 000 espèces disparaîtrai<strong>en</strong>tchaque année.Dominique Belpomme soulignele danger des dioxines (résultant,rappelons-le de la combustion desubstances cont<strong>en</strong>ant du chlore)qui ont mieux été étudiées depuisl'accid<strong>en</strong>t de Seveso.L'augm<strong>en</strong>tation des cancersà proximité des incinérateursne fait plus de doute quantà leur tox<strong>ici</strong>té.Pour l'auteur : "la pollution està l'origine du plus grand fléausanitaire de tous les temps". Ilparle aussi de "pollution neuros<strong>en</strong>sorielle"et de "pollutioncognitive" par les médiaset la publ<strong>ici</strong>té.Seule petite critique à cet ouvrage,une courbette devant l'actiondu présid<strong>en</strong>t (écologiste !)Chirac, mais crédits de rechercheoblig<strong>en</strong>t, sans doute. Et les problèmesde l'indép<strong>en</strong>dance deschercheurs sont aussi évoquésplus loin.Le livre se termine par une noted'espoir avec "le dynamisme dumouvem<strong>en</strong>t écologique", "l'intellig<strong>en</strong>cehumaine et les changem<strong>en</strong>tsde m<strong>en</strong>talité" et… le rôledes médias dans le domaine del'information. Dont acte. MN.Mon corpsest un champde batailleCollectifEd. ma colère, 74, ruePaul-Bert, 69003 Lyon2004 - 128 p. - 10 €Dans les années 70, les féministesrev<strong>en</strong>diquai<strong>en</strong>t avec le slogan"mon corps m'apparti<strong>en</strong>t". Tr<strong>en</strong>teans plus tard, force est de constaterque ce corps est dev<strong>en</strong>u un<strong>en</strong>jeu économique : les marchandsvous dis<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t il doit être :maigre, sans poil, jeune, blanc…Un collectif de jeunes femmespr<strong>en</strong>d <strong>ici</strong> la parole pour expliquercomm<strong>en</strong>t on sombre ou comm<strong>en</strong>ton résiste à ce martèlem<strong>en</strong>tpubl<strong>ici</strong>taire secondé par la "normalité"telle que la perçoiv<strong>en</strong>t "lesg<strong>en</strong>s". Cela comm<strong>en</strong>ce parquelques témoignages pour se terminerpar des textes plus théoriques.C'est fort agréablem<strong>en</strong>tmaquetté, avec de nombreusesillustrations : peinture, photos etdessins. C'est à lire aussi bi<strong>en</strong> parles unes que par les uns pourpr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce du poidssexiste du système. MB.LivresL'art de vivresa fertilitéMéthodesympto-thermiquede régulation naturelledes naissancesJoseph RötzerEd. Nouvelle Cité,1999 - 128 p. - 15 €Enfin un docum<strong>en</strong>t clair, simpled'accès et de lecture, pour uneméthode réellem<strong>en</strong>t naturelle derégulation des naissances. JosephRötzer, médecin autrichi<strong>en</strong>, nousprés<strong>en</strong>te dans cet ouvrage lerésultat d'une recherche minutieusequ'il a effectuée à partirdes différ<strong>en</strong>tes méthodes naturellesdéjà connues, largem<strong>en</strong>tcomplétée par des observationsplus fines réalisées auprès dedizaines de milliers de femmes.Sa méthode est très complète etutilise à la fois le contrôle de latempérature, l'observation de laglaire cervicale et de nombreuxautres signes ress<strong>en</strong>tis par lafemme (t<strong>en</strong>sion des seins, humiditédu vagin...) et l'autopalpationdu col de l'utérus. Il propose ungraphique qui permet derepr<strong>en</strong>dre toutes les observationsà l'aide de quelques symboles.Cette méthode permet à la femmede retrouver une véritable autonomiegrâce à une meilleureconnaissance de son corps et surtoutdonne une place égale àl'homme dans la régulation desnaissances. Il pourra par exempl<strong>en</strong>oter les indications sur le graphiqueet connaître ainsi parfaitem<strong>en</strong>tle cycle de sa compagne,mais aussi compr<strong>en</strong>dre les ress<strong>en</strong>tistypiquem<strong>en</strong>t féminins. Vivre safertilité <strong>en</strong> toute connaissance decause devi<strong>en</strong>t une histoire vraim<strong>en</strong>tpartagée à deux. Cetteméthode prés<strong>en</strong>te aussi l'avantaged'être autant utile pour éviterune grossesse que pour y parv<strong>en</strong>ir.Elle est donc à recommanderà toutes, tant aux femmes quiveul<strong>en</strong>t sortir des méthodes chimiquesou techniques, qu'à cellesqui ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à être<strong>en</strong>ceinte ou <strong>en</strong>core aux par<strong>en</strong>tsqui appréh<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l'adolesc<strong>en</strong>ce deleurs jeunes filles et peuv<strong>en</strong>t avecce livre leur proposer très tôt unmoy<strong>en</strong> de bi<strong>en</strong> se connaître.Joseph Rötzer n'oublie pasd'aborder les différ<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>tsqui peuv<strong>en</strong>t modifier certainsaspects des signes de fertilitécomme le port systématique de"protège-slip" qui modifie le climatdu vagin. Les avantages etinconvéni<strong>en</strong>ts de l'usage deSILENCE N°318/319 Janvier 200593