30.07.2015 Views

Télécharger ActuaLitté, le papiel, #4 de novembre

Télécharger ActuaLitté, le papiel, #4 de novembre

Télécharger ActuaLitté, le papiel, #4 de novembre

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sommairecliquez sur <strong>le</strong> titre <strong>de</strong> la rubrique pour naviguer dans <strong>le</strong> magazine41421La France, tu l’aimes ou tu la kiffesDes actes politiques pour faire avancer <strong>le</strong> livre numériqueLe Sénat adopte la loi PrisunicArnaque avec WikipediaRégime <strong>de</strong> rigueur pour la BNFLe livre numérique aura-t-il un prix ? par Clau<strong>de</strong>-Étienne Armingaud etEtienne Durand, avocatsMémoranda, l’alliance <strong>de</strong>s nourritures terrestres et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>sAround the WorldL’ebook, vecteur <strong>de</strong> savoir pour <strong>le</strong>s pays en développementLa Turquie a une <strong>de</strong>nt contre ApolinaireLes États-Unis achètent du polar français à prix d’orVictor Hugo à PékinLa Chine veut régu<strong>le</strong>r la vente d’ebooksEn In<strong>de</strong>, censure et autodafé appliqués en universitéHercu<strong>le</strong> Poirot n’était qu’une vache à laitLe mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Hibouq« La littérature garante <strong>de</strong> notre liberté »La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ebooks piratés en hausse ?Un coup<strong>le</strong> Amazon-Kind<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s librairies françaisesLe livre numérique a son laboratoire d’observation3739Au cas par caseLe Congo d’Hergé et <strong>de</strong> Tintin bien inspiréReiser et <strong>le</strong>s mineurs ne cohabitent pasMoebius s’expose chez CartierPour une rémunération juste <strong>de</strong>s auteurs en BD numériqueDu bon du beau du BDFreak AngelsEntre <strong>le</strong>s ombresLes gens honnêtesLe recul du fusilKraala valée perdueArzak262830Le Conseil <strong>de</strong> M. HibouqLa page <strong>de</strong> SophieDelphine Bertholon, la preuve par troisPour s’entretenirBettina RheimsJohn ConnollyHugues MarchalDaniel TeboulGuillaume Lovet424344Levant en poupeTaiwan rencontre la Savoie durant <strong>le</strong> festival <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinéeGrands mouvements sur <strong>le</strong> marché du manga américainDessins <strong>de</strong>s bridésL’oiseau rougeMunster Hunter OragesEn vers et contre toutDe la poésie dans <strong>le</strong>s asi<strong>le</strong>s anglaisAragon, Musset, Bau<strong>de</strong>laire : <strong>de</strong>s plaies du numérique36En vracHoroscope<strong>le</strong> mot du mois<strong>le</strong> livre drague<strong>le</strong>s petites annonces45Je pense donc j’écrisRivière <strong>de</strong> sangMascara<strong>de</strong>Au commencement était la merLa veuve du ChristL’(autre) homme <strong>de</strong> ma vieLe crédo <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce48Insolites51CultureBilal au théâtre du Rond PointRestitution <strong>de</strong>s oeuvres volées et sécurité <strong>de</strong>s biens culturelsMalraux, Israël et BHL52Le poème <strong>de</strong> la 4èmePlaidoyer pour une souffrance3


Le Sénat adopte la loi Prisunic pour l’ebook, Mitterrand se féliciteCatastrophe n°1, catastrophe n°2 : personne ne semb<strong>le</strong> réagirAlors que <strong>le</strong> député <strong>de</strong> Savoie est toujours empêtrédans sa fondue, <strong>le</strong> ministre <strong>de</strong> la Culture vient <strong>de</strong>délivrer son sentiment sur l’adoption à l’unanimité par<strong>le</strong> Sénat <strong>de</strong> la proposition <strong>de</strong> loi sur <strong>le</strong> prix uniquedu livre numérique.© Nicolas GaryEn dépit <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s avertissements lancés par <strong>le</strong>sprofessionnels, la proposition <strong>de</strong> loi a été adoptée sansaucune modification, avec ses contradictions, ses erreurset ses graves lacunes.« En assurant aux éditeurs la maîtrise <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs prix, cetteloi garantira <strong>le</strong> développement d’une offre léga<strong>le</strong>attractive et diversifiée <strong>de</strong> livres numériques au bénéfice<strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs et <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s acteurs du livre(éditeurs, libraires...) », se réjouit <strong>le</strong> ministre <strong>de</strong> la Culture.En dépit <strong>de</strong>s doutes dont nous avions pu faire part auministre, notamment sur la problématique <strong>de</strong> bibliothèques,ce <strong>de</strong>rnier a laissé se dérou<strong>le</strong>r <strong>le</strong> fil politiqueet légal, sans prendre <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> se faire conseil<strong>le</strong>r nid’intervenir. Fallait-il à ce point s’en douter ?La France, tu l’aimesou tu la kiffesDans un communiqué officiel, la rue <strong>de</strong> Valois estimedonc que cette adoption « s’inscrit p<strong>le</strong>inement dans lapolitique du ministre <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communicationqui vise à créer <strong>le</strong>s conditions d’un essoréquilibré du marché du livre numérique ».Dans l’interview publiée par La Tribune d’hier, HervéGaymard précisait que la législation sur « <strong>le</strong> prix uniquedu livre numérique » était une législation impérative.Et principa<strong>le</strong>ment « pour que <strong>de</strong> nouveaux acteurscomme Goog<strong>le</strong> ou Amazon sachent à quoi s’en tenir.Ces <strong>de</strong>rniers y sont allés au culot et face à la résistance<strong>de</strong>s éditeurs français, ils sont obligés aujourd’hui <strong>de</strong>négocier ».Avec cette loi, ce n’est pas une négociation qui vadémarrer. C’est tout simp<strong>le</strong>ment un verrouillage définitifet une main mise par ceux qui contrô<strong>le</strong>nt déjà <strong>le</strong>marché qui s’instaure. C’est certain, Goog<strong>le</strong> et Amazonsavent à quoi s’en tenir : ils doivent même déjà sabrer<strong>le</strong> champagne.N.G.BrèvesMax Gallo ne veut pas <strong>de</strong> la Culture« J'ai déjà tâté du gouvernement il y aquelques années. Ça ne m'intéressepas <strong>de</strong> recommencer. » C'est net etprécis. Les rumeurs annonçant MaxGallo rue <strong>de</strong> Valois sont balayéesd'un revers <strong>de</strong> galopin.http://www.actualitte.com/actualite/522403-culture-ministere-remaniementmitterrand-gallo.htmMémorab<strong>le</strong>s au goût du jourL’éditeur Perrin republie <strong>de</strong>s oeuvres<strong>de</strong> grands hommes, avec notammentDe Gaul<strong>le</strong>, Clémenceau ou Renan.Une col<strong>le</strong>ction Mémorab<strong>le</strong>s, pour« décrypter <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> d’hier etd’aujourd’hui ».http://www.actualitte.com/actualite/22291-memorab<strong>le</strong>s-col<strong>le</strong>ction-oeuvres-politiques-edition.htmLe Petit Prince se numériseSept textes <strong>de</strong> Saint Exupéry sontdésormais vendus en version ebook,pour <strong>le</strong> plaisir <strong>de</strong> retrouver l’aviateur surl’appareil que l’on veut. Les tarifsne sont en revanche pas très commo<strong>de</strong>s.Monsieur, <strong>de</strong>ssine-moi une offre attractive !http://www.actualitte.com/actualite/22279-numerique-petit-prince-exupery-epub.htmParis en toutes <strong>le</strong>ttresLa troisième édition est annoncée :du 5 au 8 mai, la capita<strong>le</strong> françaisemettra <strong>le</strong>s livres à l’honneur.Bibliothèques, librairies et habitantsseront mis à contribution.http://www.actualitte.com/actualite/22274-paris-capita<strong>le</strong>-livres-toutes<strong>le</strong>ttres.htmLivre numérique : Rég<strong>le</strong>menter signifie plutôt verrouil<strong>le</strong>rQuand <strong>de</strong>s libraires eux-mêmes se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt ce qu’on essaye <strong>de</strong><strong>le</strong>ur faire ava<strong>le</strong>rl’occasion <strong>de</strong>s Assises du numérique, nous avonsÀ eu l’occasion <strong>de</strong> revenir en off avec quelquesacteurs sur <strong>le</strong>s récentes déclarations <strong>de</strong> Benoît Bougerol,prési<strong>de</strong>nt du Syndicat <strong>de</strong> la Librairie Française.Ce <strong>de</strong>rnier avait déjà livré plusieurs réf<strong>le</strong>xions dansLivre Hebdo <strong>de</strong> la semaine passée, mais nos confrèresdu Point.fr ont remis <strong>le</strong> couvert en interrogeantM. Bougerol, concernant la tribune signée par troisautres organisations professionnel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> SNE, la SGDLet l’ABF. Cette <strong>de</strong>rnière tournait autour du prix uniquedu livre numérique et <strong>de</strong> la TVA à 5,5 % pour l’ebook.« Ce sont <strong>de</strong>s dossiers sur <strong>le</strong>squels nous tous, représentants<strong>de</strong> l’édition, <strong>de</strong> la librairie, <strong>de</strong>s bibliothèques,nous nous battions <strong>de</strong>puis longtemps, et il nous a paruimportant <strong>de</strong> montrer que nous étions sur la mêmelongueur d’on<strong>de</strong> aujourd’hui sur ces questions »,explique en effet <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt du SLF.Mais surtout, ces <strong>de</strong>ux projets <strong>de</strong> loi permettront, selonlui <strong>de</strong> « régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> marché et, du coup, <strong>le</strong> développer.Avec une rég<strong>le</strong>mentation d’ensemb<strong>le</strong>, on évite que <strong>le</strong>marché ne soit capté par une poignée <strong>de</strong> gros acteurs,comme App<strong>le</strong>, Goog<strong>le</strong> ou Amazon. Ce qui est nécessairepour assurer la diversité <strong>de</strong> l’offre culturel<strong>le</strong>. »Coup<strong>le</strong>r papier et numérique, chose impossib<strong>le</strong>Des déclarations, qui, chez certains libraires, ne fontpas sens du tout. Sous réserve d’anonymat, ils ontaccepté <strong>de</strong> nous livrer <strong>le</strong>ur sentiment. La premièrevague concerne <strong>le</strong> projet du prix unique. Certains necomprennent pas vraiment l’intérêt d’une loi fixant <strong>le</strong>prix <strong>de</strong> vente <strong>de</strong>s livres numériques. « Dans mon idée, ilserait au contraire bien plus intéressant <strong>de</strong> permettre<strong>de</strong>s ventes couplées, associant livre papier et numérique,pour une somme X supplémentaire. Chose qui seraimpossib<strong>le</strong> avec une tel<strong>le</strong> loi. Or, pour faire avancer<strong>le</strong> numérique et conserver une forte position du livrepapier, il serait intéressant <strong>de</strong> permettre aux libraires<strong>de</strong> vendre <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> la sorte. »Mieux encore, nous précise un autre : « Évi<strong>de</strong>mment,que je surveil<strong>le</strong> <strong>de</strong> près ce qui se passe, pour voircomment je vais pouvoir vendre <strong>de</strong>s livres numériquesdans ma boutique, ou sur mon site internet. Ce queje trouve pénib<strong>le</strong>, c’est cette association entrerég<strong>le</strong>mentation et développement. C’est tout <strong>le</strong> contraire.Ils veu<strong>le</strong>nt rég<strong>le</strong>menter pour s’assurer <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r <strong>le</strong>contrô<strong>le</strong>. Des déclarations <strong>de</strong> ce genre montrent plutôtune angoisse réel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur part. De toute manière,la peur était palpab<strong>le</strong> dans la sal<strong>le</strong> aujourd’hui(Ndlr : durant <strong>le</strong>s Assises, phénomène noté par plusieursautres personnes). Dans <strong>le</strong>ur esprit, rég<strong>le</strong>menter signifieverrouil<strong>le</strong>r en <strong>le</strong>ur faveur. »Des positions pas si étonnantes, si l’on entend bien <strong>le</strong>spropositions commercia<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>s étayent.N.G.5


Chronique juridique« Le livre numérique français aura-t-il un prix ? »Clau<strong>de</strong>-Etienne ArmingaudEtienne DrouardAvocats, cabinet Morgan, Lewis & Bockius.Le Sénat a adopté en première <strong>le</strong>cture dans la nuit du 26au 27 octobre 2010 une proposition <strong>de</strong> loi sur <strong>le</strong> prix uniquedu livre numérique 1 , initiée par <strong>le</strong>s sénateurs CatherineDumas et Jacques Legendre, qui entendaient s’inspirer<strong>de</strong> la loi « Lang » instaurant <strong>de</strong>puis 1982 <strong>le</strong> système du prixunique du livre en France.Les acteurs <strong>de</strong> ce marché <strong>de</strong> l’édition et <strong>de</strong> la distribution<strong>de</strong> livres, en librairies physiques ou par Internet, ont biencompris que <strong>le</strong>ur avenir dépendra <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur capacité àdévelopper <strong>le</strong> marché du livre numérique dans <strong>de</strong>s conditionsouvertes mais viab<strong>le</strong>s, afin <strong>de</strong> ne pas reproduire <strong>le</strong>s erreurscommises au cours <strong>de</strong>s dix <strong>de</strong>rnières années par l’industriemusica<strong>le</strong>. Un projet <strong>de</strong> texte avait été préparé durant prèsd’un an dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> réunions interprofessionnel<strong>le</strong>sorganisées sous l’égi<strong>de</strong> du ministère <strong>de</strong> la Culture.L’objectif <strong>de</strong> cette concertation était d’obtenir un largeconsensus entre <strong>le</strong>s professionnels 2 , <strong>de</strong>vant permettred’aboutir à l’adoption rapi<strong>de</strong> d’une loi consensuel<strong>le</strong>.Le 20 octobre, une tribune 3 signée dans Le Mon<strong>de</strong> par certains<strong>de</strong>s syndicats ayant participé à ces discussions, appelaità la recherche d’un « bon accord ».Contre toute attente, <strong>le</strong> Sénat n’a pas eu la sagesse qui<strong>le</strong> caractérise habituel<strong>le</strong>ment. Fut-ce parce que <strong>le</strong> projet<strong>de</strong> loi sur <strong>le</strong>s retraites avait imposé jusqu’au soir du 26octobre trois jours <strong>de</strong> travail sans relâche aux sénateurset à <strong>le</strong>urs conseil<strong>le</strong>rs ? Toujours est-il que <strong>le</strong> Sénat a tota<strong>le</strong>mentbou<strong>le</strong>versé <strong>le</strong>s critères d’application <strong>de</strong> la future loi.Selon <strong>le</strong>s sénateurs, <strong>le</strong> principe d’un prix unique du livrenumérique <strong>de</strong>vrait s’imposer, quel que soit son éditeur(y compris chinois ou américain), à tout distributeur, quelque soit son pays d’établissement, du moment qu’un livrenumérique serait commercialisé auprès d’un internaute« situé » en France – si cette notion signifie quelque chose,s’agissant <strong>de</strong> fichiers numériques.Voici donc une proposition <strong>de</strong> loi française qui voudraits’imposer partout dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>, y compris à <strong>de</strong>s éditeursétrangers, du moment qu’un internaute français voudrait<strong>le</strong>ur acheter un livre numérique. Un tel régime seraittota<strong>le</strong>ment contraire au droit européen. Et inapplicab<strong>le</strong>à l’égard d’éditeurs ou <strong>de</strong> distributeurs basés hors <strong>de</strong>sfrontières européennes. Au point que certains voientdans <strong>le</strong> vote du Sénat <strong>le</strong> résultat d’un complot ourdipar <strong>le</strong>s plates-formes américaines <strong>de</strong> distribution en ligne,qui auraient convaincu <strong>de</strong>s sénateurs un peu crédu<strong>le</strong>s qu’onpourrait défendre l’édition française en se mettant <strong>le</strong> restedu mon<strong>de</strong> à dos.On aurait pu comprendre qu’une loi française s’appliqueà tout livre numérique édité par un éditeur français et qu’unprix unique soit librement fixé par ce <strong>de</strong>rnier, moyennantcertains aménagements, et respecté par tous <strong>le</strong>s distributeurs<strong>de</strong> ce livre, où qu’ils soient situés. L’éditeur mettrait alors àdisposition <strong>de</strong>s distributeurs l’intégralité <strong>de</strong> son catalogue,moyennant <strong>de</strong>s facultés <strong>de</strong> remises laissant place à la concurrence.On aurait éga<strong>le</strong>ment pu aménager <strong>de</strong>s dérogations au prixunique du livre numérique, notamment pour <strong>le</strong>s éditionsprofessionnel<strong>le</strong>s ou scientifiques ou l’usage col<strong>le</strong>ctif(scolaire, bibliothèques). Ainsi, il n’y aurait pas un seulprix pour un livre, mais plusieurs prix, selon <strong>le</strong> mo<strong>de</strong><strong>de</strong> distribution du livre concerné et son public : venteà l’unité, abonnements, accès à <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données,vente aux professionnels, etc.À défaut d’organiser <strong>le</strong> marché, <strong>le</strong> livre numérique françaispourra-t-il être vendu comme un produit d’appel, à perteou être financé par la publicité ou <strong>le</strong>s ventes <strong>de</strong> matérielsinformatiques, comme la musique ? Espérons quel’Assemblée nationa<strong>le</strong> viendra rétablir un peu d’ordredans ce débat… alors que <strong>le</strong>s plates-formes américaines<strong>de</strong> distribution <strong>le</strong> discréditent déjà auprès <strong>de</strong> certainsdéputés 4 et <strong>de</strong> la Commission européenne.Le texte a été transmis à l’Assemblée nationa<strong>le</strong>, qui <strong>de</strong>vraitprobab<strong>le</strong>ment repousser son examen après l’adoption<strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> finances pour 2011, vers la fin <strong>novembre</strong>.À suivre, donc.61 - http://www.senat.fr/dossier-<strong>le</strong>gislatif/ppl09-695.html2 - Ces discussions préparatoires ont réuni <strong>de</strong>s auteurs, représentés par la Société <strong>de</strong>s Gens <strong>de</strong> Lettres <strong>de</strong> France (http://www.sgdl.org/), <strong>le</strong>s éditeurs, représentés par <strong>le</strong> Syndicat National <strong>de</strong> l’Edition (http://www.sne.fr/), <strong>le</strong>s libraires indépendants, représentés par<strong>le</strong> Syndicat <strong>de</strong> la Librairie Française (http://www.syndicat-librairie.fr/fr/accueil), <strong>le</strong>s réseaux <strong>de</strong> librairies, réunis au sein du Syndicat<strong>de</strong>s Distributeurs <strong>de</strong> Loisirs Culturels (http://www.sdlc.fr/) et l'Association <strong>de</strong>s Bibliothécaires <strong>de</strong> France (http://www.abf.asso.fr/).3 - http://www.<strong>le</strong>mon<strong>de</strong>.fr/i<strong>de</strong>es/artic<strong>le</strong>/2010/10/19/livre-numerique-<strong>le</strong>-bon-accord-reste-a-trouver_1428237_3232.html4 - http://www.pcinpact.com/actu/news/60211-lionel-tardy-contribution-livre-numerique.htm


La France, tu l’aimesou tu la kiffesBnF : Bruno Racine confirme un régime <strong>de</strong> rigueursur <strong>le</strong>s budgetsPas <strong>de</strong> prime <strong>de</strong> fin d’année !Les mouvements <strong>de</strong> protestation à l’intérieur <strong>de</strong> laBnF se poursuivent. Le FSU avait en effet tiré lasonnette d’alarme, concernant <strong>le</strong>s salaires <strong>de</strong>s employés,mais éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s restrictions budgétaires multip<strong>le</strong>s.Dans une réponse du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la BNF dont nousnous sommes procuré copie, et qui confirme <strong>le</strong>s craintesfinancières exprimées par <strong>le</strong> syndicat. Bruno Raciney rappel<strong>le</strong> que l’intersyndica<strong>le</strong> a été reçue par ladirectrice généra<strong>le</strong> <strong>le</strong> 15 octobre, avec un DRH et<strong>de</strong>s DGA, au cours <strong>de</strong> laquel<strong>le</strong> « cette réunion vous apermis d’exprimer vos préoccupations et <strong>de</strong> recueillirun certain nombre <strong>de</strong> précisions ».Parmi ces précisions, <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt explique que lorsdu Conseil d’administration qui interviendra <strong>le</strong> 26<strong>novembre</strong>, <strong>le</strong>s « lignes budgétaires » seront évoquées.Il confirmera alors <strong>de</strong>s « modifications » pour 2010,concernant <strong>le</strong>s acquisitions, conservations et reproduction<strong>de</strong>sdites lignes. Les éléments portés à la connaissancedu syndicat « auront permis <strong>de</strong> mesurer qu’il s’agitpour l’essentiel d’une adaptation en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’année aux besoins essentiels <strong>de</strong> l’établissement,n’affectant pas <strong>de</strong> manière significative <strong>le</strong>s missionsconsidérées ».En plus clair : suppression <strong>de</strong> la prime <strong>de</strong> fin d’année, etpas pour faire <strong>de</strong>s économies, nous commente <strong>le</strong> FSU.Or, ce sont <strong>le</strong>s restrictions budgétaires qui apparaissentensuite, pour la pério<strong>de</strong> 2011-2013.Ce plan « est lui-même inscrit dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> la RGPPet <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong>stinées à restaurer l’équilibre <strong>de</strong>sfinances publiques, comportera nécessairement unepoursuite <strong>de</strong>s mesures d’économie budgétaire et <strong>de</strong>ssuppressions d’emploi à un niveau lié au nombre <strong>de</strong>sdéparts en retraite prévus pendant cette pério<strong>de</strong> »,précise <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt.Et <strong>de</strong> poursuivre :Sans sous-estimer <strong>le</strong>s difficultés d’ajustement que celaexigera, je tiens à souligner que la tutel<strong>le</strong>, prenant enconsidération <strong>de</strong> nos arguments, a modéré la baisseprévue en 2011/13 <strong>de</strong> nos crédits <strong>de</strong> fonctionnement parrapport à d’autres grands établissements <strong>de</strong> la Culture,en raison notamment <strong>de</strong> la faib<strong>le</strong>sse <strong>de</strong>s ressourcespropres <strong>de</strong> la BnF.Pour examiner comment cette évolution <strong>de</strong> nosressources et <strong>de</strong> nos effectifs pourra se répercuter surnotre organisation et notre fonctionnement, en tenantcompte notamment <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> réorganisation déjàengagés, ainsi que sur nos perspectives <strong>de</strong> recrutementdans la pério<strong>de</strong> à venir, une réunion sera organisée avec<strong>le</strong>s organisations syndica<strong>le</strong>s représentées au CTP avantnotre Conseil d’administration <strong>de</strong> fin <strong>novembre</strong>.Comme la directrice généra<strong>le</strong> vous l’a indiqué, <strong>le</strong> contrat<strong>de</strong> performance fera l’objet d’une mise à jour, portantsur <strong>le</strong>s indicateurs, en concertation avec <strong>le</strong>s tutel<strong>le</strong>set en fonction <strong>de</strong>s évolutions nécessaires.Je dois vous confirmer éga<strong>le</strong>ment la décision prise par<strong>le</strong> ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>de</strong> ne pas verser <strong>de</strong> reliquatin<strong>de</strong>mnitaire <strong>de</strong> fin d’année, la politique in<strong>de</strong>mnitairedu ministère privilégiant désormais d’autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>revalorisation et <strong>de</strong> modulation <strong>de</strong>s primes ; il convientque la BnF se conforme à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces dispositions.« Il est confirmé que cette prime n’est pas suppriméeafin <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s économies », estime alors <strong>le</strong> FSU.N.G.8


La France, tu l’aimesou tu la kiffesBrèvesMax Gallo ne veut pas <strong>de</strong> la Culture« J'ai déjà tâté du gouvernement il y aquelques années. Ça ne m'intéressepas <strong>de</strong> recommencer. » C'est net etprécis. Les rumeurs annonçant MaxGallo rue <strong>de</strong> Valois sont balayéesd'un revers <strong>de</strong> galopin.http://www.actualitte.com/actualite/22403-culture-ministere-remaniementmitterrand-gallo.htmMémorab<strong>le</strong>s au goût du jourL’éditeur Perrin republie <strong>de</strong>s oeuvres<strong>de</strong> grands hommes, avec notammentDe Gaul<strong>le</strong>, Clémenceau ou Renan.Une col<strong>le</strong>ction Mémorab<strong>le</strong>s, pour« décrypter <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> d’hier etd’aujourd’hui ».http://www.actualitte.com/actualite/22291-memorab<strong>le</strong>s-col<strong>le</strong>ction-oeuvres-politiques-edition.htmLe Petit Prince se numériseSept textes <strong>de</strong> Saint Exupéry sontdésormais vendus en version ebook,pour <strong>le</strong> plaisir <strong>de</strong> retrouver l’aviateur surl’appareil que l’on veut. Les tarifsne sont en revanche pas très commo<strong>de</strong>s.Monsieur, <strong>de</strong>ssine-moi une offre attractive !http://www.actualitte.com/actualite/22279-numerique-petit-prince-exupery-epub.htmParis en toutes <strong>le</strong>ttresLa troisième édition est annoncée :du 5 au 8 mai, la capita<strong>le</strong> françaisemettra <strong>le</strong>s livres à l’honneur.Bibliothèques, librairies et habitantsseront mis à contribution.http://www.actualitte.com/actualite/22274-paris-capita<strong>le</strong>-livres-toutes<strong>le</strong>ttres.htmLa fin épuisante <strong>de</strong>s épuisés« On par<strong>le</strong> moins <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong>réimpression, et que dès lors qu’ilsseront disponib<strong>le</strong>s sur <strong>de</strong>s fichiers,s’il y a <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs qui veu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>sconsulter et nous <strong>le</strong>s acheter, ils serontimmédiatement disponib<strong>le</strong>s. » Bel<strong>le</strong>démonstration d’Alain Kouck, concernant<strong>le</strong> livre numérique. Il en aura fallu dutemps !http://www.actualitte.com/actualite/22263-livre-epuise-stock-numerique-fnac.htmL’ebook, ou <strong>le</strong> pari <strong>de</strong> Pascal, tous embarqués, faut parier (Gallimard)Les Assises du numérique, ouvertes par <strong>le</strong>ur prési<strong>de</strong>ntOuvrant ces Assises du numérique sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong><strong>le</strong>ur créateur, Serges Eyrol<strong>le</strong>s, Antoine Gallimardaura ouvert la séance en rappelant que voilà quelquesannées, quand tout débuta, <strong>le</strong>s « réf<strong>le</strong>xions étaient bienmoins avancées ». Charmant, el<strong>le</strong>s<strong>le</strong> sont assez peu aujourd’hui encore.qui prône la va<strong>le</strong>ur d’une offre léga<strong>le</strong> et attractive.Notant éga<strong>le</strong>ment la « magnifique avancée du numérique,notamment <strong>le</strong> livre augmenté », <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt du SNEaura souligné l’importance essentiel<strong>le</strong> d’une rémunérationjuste pour tous <strong>le</strong>s acteurs <strong>de</strong> lachaîne du livre.d’ebookstores français, Antoine Gallimard salue cetteprogression, qui montre selon lui, <strong>le</strong> développementd’une offre attractive. Alors là, correction : léga<strong>le</strong>,certes, mais attractive, pas vraiment, <strong>le</strong> prix restemajoritairement un obstac<strong>le</strong>, et une réf<strong>le</strong>xion à avoir,comme <strong>le</strong> dira M. GfK par la suite.Dans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt duSNE constate que <strong>de</strong>vant l’invasion<strong>de</strong>s écrans <strong>de</strong> nos jours et <strong>le</strong>urimportance, l’implication vis-à-visdu numérique n’est pas pour tous lamême. Comme <strong>le</strong> disait Pascal, c’estl’heure du pari, et <strong>le</strong>s acteurs sonttous embarqués, il faut désormaisparier, constate <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt.C’est aussi l’heure d’une accessibilitépartagée. « Nous <strong>de</strong>vons être acteursà tous <strong>le</strong>s niveaux », précise Antoine Gallimard,Les auteurs <strong>de</strong> BD apprécieront cetappel du pied.« Loin d’être une entrave au marché, lapropriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> est garanted’un juste marché », rappel<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt du SNE, notantque la bonne qualité du dialogueavec <strong>le</strong>s pouvoirs publics permet<strong>de</strong>s avancées rapi<strong>de</strong>s. Et justement,alors que l’on assiste <strong>de</strong>puisplusieurs semaines à une multiplication<strong>de</strong> l’offre, avec l’ouverture croissanteEn saluant éga<strong>le</strong>ment la « digitalisation accélérée <strong>de</strong>scatalogues », on pardonnera au prési<strong>de</strong>nt du SNEd’oublier qu’en France, on numérise, on ne digitalisepas. Cela signifierait donc que <strong>de</strong> plus en plus d’oeuvres<strong>de</strong>vraient être disponib<strong>le</strong>s. Tant mieux.Mais dans tous <strong>le</strong>s cas, c’est sur la crainte du piratage,comme d’autres industries l’ont vécu, que <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>ntdu SNE achève son discours d’inauguration. Et ce, afin<strong>de</strong> donner toutes <strong>le</strong>s chances à ce nouveau secteur.N.G.Le quai <strong>de</strong> Conti va subir un petit lifting, unedécision qui a été votée majoritairement, pourempêcher avant tout que <strong>le</strong>s Immortels ne se présententun peu trop âgé pour tenter d’obtenir un siège.Académie française : limitation <strong>de</strong> vitesse fixée à 75 ansMais sans mesure rétroactiveIl faudra avoir moins <strong>de</strong> 75 ans pour briguer un <strong>de</strong>sfauteuils <strong>de</strong>s Immortels, à compter <strong>de</strong> maintenant,d’après Hélène Carrière d’Encausse, académicienne.« C’est une mesure <strong>de</strong> pure sagesse, il faut équilibrerla pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s âges <strong>de</strong> l’Académie. Et ce seraaussi plus favorab<strong>le</strong> aux femmes dont on considèresouvent qu’el<strong>le</strong>s peuvent attendre avant d’être élues »,explique-t-el<strong>le</strong> à l’AFP, alors que 73,5 % <strong>de</strong>s académiciensont voté en faveur <strong>de</strong> cette modification.Parce que <strong>le</strong>s temps changent et que <strong>le</strong> régime <strong>de</strong>s retraitesest en cours <strong>de</strong> réforme, l’Académicienne souligne quel’institution se <strong>de</strong>vait <strong>de</strong> s’adapter.En outre, « cela permettra d’accélérer l’é<strong>le</strong>ction <strong>de</strong>nouveaux venus. Il y en a trop qu’on faisaitattendre. Autant que <strong>le</strong>s gens soient élus plus jeunes eten profitent ».Élu en 2008, Jean-Christophe Ruffin est aujourd’hui<strong>le</strong> plus jeune <strong>de</strong>s membres, du haut <strong>de</strong> ses 56 ans,mais en son temps, Jean-Marie Rouart avait lui aussiété élu à l’âge <strong>de</strong> 54 ans.Outre <strong>le</strong> rajeunissement du cheptel, c’est éga<strong>le</strong>ment unalignement sur la décision <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s sciencesqui en 2002, avait décidé <strong>de</strong> suivre cette voie. « La moitiéau moins <strong>de</strong>s postes ouverts à chaque session étantréservée à <strong>de</strong>s candidats âgés <strong>de</strong> 55 ans au plusau 1er janvier <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong> l’é<strong>le</strong>ction », rappel<strong>le</strong><strong>le</strong> Figaro.Bien évi<strong>de</strong>mment, la décision ne sera pas rétroactive,et <strong>le</strong>s plus anciens, qui avaient été élus, une fois l’âgelimite aujourd’hui fixé, peuvent rester en poste. Parmices heureux veinards, Max Gallo, élu à 75 ans, pi<strong>le</strong>-poil,Dominique Fernan<strong>de</strong>z, à 78 ans, ou encore Simone Veil,qui à 82 ans, est entrée cette année.R.T.9


La France, tu l’aimesou tu la kiffesArnaque : refourguer <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Wikipedia compilés pour 11 €Faci<strong>le</strong>, <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’argent... plus douloureux <strong>de</strong> se faire prendre ?Exclusif : Qu’est-ce que <strong>le</strong> Livre Groupe ? Ce sont <strong>de</strong>souvrages, à foison présentant sur un thème précis,plusieurs artic<strong>le</strong>s compilés et vendus pour 11 € peu ouprou, en version papier.Art, musique, cinéma, histoire, actualité, littérature,santé, sciences humaines ou techniques, scolaire etparascolaire, tout y passe et en quantité,puisque l’on dénombre <strong>de</strong>puis troismois 60.131 livres proposés dans <strong>le</strong>scolonnes d’Amazon.Un tel foisonnement fera tiquer l’écrivainconnaissant son sujet et l’éditeur,Books LLC, ne manque donc pas d’unemanne et d’une plume massive. Mais encreusant un peu plus <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> cesouvrages, et surtout en cherchant unextrait, on tombe sur quelque chosed’assez intéressant...Prenons par exemp<strong>le</strong> Histoire militaire<strong>de</strong> la Finlan<strong>de</strong>, contenant 108 pages,vendu 10,46 €, dont on peut trouver unextrait à cette adresse.La guerre <strong>de</strong> Continuation (En finnois Jatkosota, ensuédois Fortsättningskriget, en russe Война́продолже́ниеpour la traduction, mais guerre soviéticofinlandaisepour l’appellation), est un conflit qui opposala Finlan<strong>de</strong> et l’Union soviétique du 25 juin 1941 jusqu’au19 septembre 1944, pendant la Secon<strong>de</strong> Guerremondia<strong>le</strong>. Le Royaume-Uni déclara la guerre à laFinlan<strong>de</strong> <strong>le</strong> 6 décembre 1941, mais ne prit paspart activement au conflit. L’Al<strong>le</strong>magne nazie par contre,déjà engagée dans la guerre contre l’URSS, fournitun important soutien matériel et sa coopérationmilitaire à la Finlan<strong>de</strong>, cette <strong>de</strong>rnièrese trouvant <strong>de</strong> facto en état <strong>de</strong> cobelligéranceavec <strong>le</strong> Troisième Reich.Nom <strong>de</strong> nom ! Cela rappel<strong>le</strong> furieusementquelque chose déjà lu... sur Wikipédia.Tiens, cherchons donc l’artic<strong>le</strong> Guerre<strong>de</strong> Continuation.La guerre <strong>de</strong> Continuation (en finnoisJatkosota, en suédois Fortsättningskriget,en russe Война́-продолже́ниеpour la traduction, mais guerre soviético-finlandaisepour l’appellation), estun conflit qui opposa la Finlan<strong>de</strong> etl’Union Soviétique du 25 juin 1941jusqu’au 19 septembre 1944, pendantla Secon<strong>de</strong> Guerre Mondia<strong>le</strong>.Le Royaume-Uni déclara la guerre à la Finlan<strong>de</strong> <strong>le</strong>6 décembre 1941, mais ne prit pas part activement auconflit. L’Al<strong>le</strong>magne nazie par contre, déjà engagée dansla guerre contre l’URSS, fournit un important soutienmatériel et sa coopération militaire à la Finlan<strong>de</strong>, cetteMora<strong>le</strong>ment discutab<strong>le</strong>, léga<strong>le</strong>ment justeC’est un peu moche tout <strong>de</strong> même...Léga<strong>le</strong>ment réalisab<strong>le</strong>, mais mora<strong>le</strong>ment discutab<strong>le</strong>.C’est un peu avec dépit que la fondationWikimedia nous explique son point <strong>de</strong> vue sur cetteinitiative visant à récupérer <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’encyclopédie,<strong>le</strong>s compulser et <strong>le</strong>s vendre par la suite.Livre Groupe, c’est sous cette appellation que l’onretrouve plusieurs dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> livrestraitant <strong>de</strong> thèmes divers et variés, vendus surAmazon, entre 10 et 20 €. À l’intérieur, <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur assezconsterné pourra tomber <strong>de</strong> haut : il accé<strong>de</strong>raà <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s copiés-collés <strong>de</strong>puis l’encyclopédieWikipedia, sans aucune édition ni va<strong>le</strong>ur ajoutée.« Nous étions au courant <strong>de</strong> ces publications. Maisfina<strong>le</strong>ment, el<strong>le</strong>s sont respectueuses <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong>fonctionnement <strong>de</strong> l’encyclopédie. Dans <strong>le</strong>s pagesintérieures <strong>de</strong>s livres, on retrouve <strong>le</strong>s crédits nécessaireset <strong>le</strong>s renvois à l’encyclopédie. En fait, <strong>le</strong>respect <strong>de</strong>s conditions d’utilisation <strong>de</strong> Wikipedia estcomp<strong>le</strong>t », nous explique la Fondation Wikimedia.<strong>de</strong>rnière se trouvant <strong>de</strong> facto en état <strong>de</strong> cobelligéranceavec <strong>le</strong> Troisième Reich. Ce conflit fut formel<strong>le</strong>ment closavec <strong>le</strong> traité <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1947.Mince, un simp<strong>le</strong> copier-col<strong>le</strong>r... Fina<strong>le</strong>ment, voilà unepersonne qui a trouvé <strong>le</strong> filon : vendre <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s <strong>de</strong>Wikipedia au chaland, en <strong>le</strong>s faisant passer pour <strong>de</strong>slivres savants. Avec <strong>de</strong>s thèmes aussi variés que <strong>le</strong>scuisiniers britanniques ou <strong>le</strong>s bateaux <strong>de</strong> guerre chinois,pour sûr, inuti<strong>le</strong> <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s années !Et dans d’autres langues ?Chose fantastique, la même chose existe en versionanglaise, sous <strong>le</strong> nom General Books, avec exactement<strong>le</strong>s mêmes couvertures moches, et un catalogue <strong>de</strong>33.043 ouvrages.Il n’est pas certain, dans ce cas précis que l’on retrouve<strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s copiés-collés <strong>de</strong> Wikipedia, mais éga<strong>le</strong>ment<strong>de</strong>s personnes qui cherchent à publier <strong>de</strong>s ouvrages enautoédition. En l’occurrence, nous avons effectué unerecherche selon <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> l’éditeur.En revanche, avec une recherche Books LLC Wikipedia,comme <strong>le</strong> propose gentiment Amazon ; on tombe sur <strong>de</strong>schoses bien plus proches...Nous avons contacté Wikimedia France, pour obtenirune réaction...N.G.Diantre... La seu<strong>le</strong> arnaque, au sens strict, serait donc<strong>de</strong> ne pas en avertir ouvertement <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur avant qu’iln’achète <strong>le</strong>s livres en question. « Léga<strong>le</strong>ment, ils font ce qu’ilfaut, c’est mora<strong>le</strong>ment que l’attitu<strong>de</strong> est plus douteuse. »Et <strong>de</strong> nous rappe<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s initiatives comme cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>PediaPress, qui propose d’imprimer <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>schoisis par l’internaute, à partir <strong>de</strong> Wikipedia,toujours, « mais qui reverse un pourcentage, parfoisjuste symbolique, mais au moins participant aufonctionnement <strong>de</strong> l’encyclopédie ».« En fait, on ne peut pas léga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s condamner pource qu’ils font. Ce n’est pas dramatique, c’est simp<strong>le</strong>mentdommage que cela se passe ainsi, et qu’ils ne fassentpas comme d’autres, en proposant <strong>de</strong> reverser unepartie à la fondation, en bonne intelligence. »Oui. Ou simp<strong>le</strong>ment qu’ils fassent preuve d’un peu <strong>de</strong>sens moral...N.G.10


Mon fils, tu liras Les Mémoires d’Outre-Tombe,qu’importent tes 6 ans...Ou alors Les Misérab<strong>le</strong>s... voire Guerre et Paix...Les parents qui font la <strong>le</strong>cture à <strong>le</strong>urs enfants sont uneespèce en voie d'extinction et par là même, àpréserver. Parce qu'une autre variété <strong>de</strong> géniteurs surgit :ceux qui veu<strong>le</strong>nt que <strong>le</strong>urs enfants lisent tout seuls.Souvenez-vous <strong>de</strong> Petit Ours Brun, <strong>de</strong>s aventures <strong>de</strong> Martineà Tombouctou (en prévision pour 2017) ou <strong>de</strong> tous ceslivres illustrés, voire composés presque exclusivementd'images. Quel bonheur ! Eh bien non,déci<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s parents, qui, comme l'expliqueun artic<strong>le</strong> du New York Times,semb<strong>le</strong>nt décidés à ne plus acheter cestitres à <strong>le</strong>ur progéniture, mais bien plutôt<strong>de</strong>s ouvrages avec du texte, du vrai et<strong>de</strong>s lignes, bien noires...Selon certains, dont <strong>le</strong>s bambins n'ontpas encore plus <strong>de</strong> 4 ans, <strong>le</strong>s livresd'images ne sont plus nécessaires. Et bilan <strong>de</strong>s courses,en librairie, <strong>le</strong>s ouvrages pourtant <strong>de</strong> jeunesse ont unedurée <strong>de</strong> vie qui se racornit comme peau <strong>de</strong> chagrin.Avec un prétexte fallacieux : mes enfants va<strong>le</strong>nt mieuxque cela.Et pour répondre à la pression <strong>de</strong> voir ses têtes blon<strong>de</strong>sréussir dans la vie, <strong>le</strong>s adultes <strong>le</strong>s poussent à apprendreà lire plus rapi<strong>de</strong>ment encore, tout en délaissant <strong>de</strong>s<strong>le</strong>ctures <strong>de</strong> découverte ou d'émerveil<strong>le</strong>ment pourtantessentiel<strong>le</strong>s à la maturité <strong>de</strong> bébé...Mais... c'est n'importe quoi !Or, <strong>le</strong>s libraires protestent : ce n'est pas parce qu'un livrecontient du texte qu'il est forcément plus intéressant pourl'évolution dudit bambin. Certains disposent d'ail<strong>le</strong>ursd'un vocabulaire bien moins intéressant, voire riche, quecelui <strong>de</strong> titres illustrés, justement conçus pour éveil<strong>le</strong>rbébé. Et sans par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> certains autres, volontairementmal écrits, avec un vocabulaire parfoisdésastreux.Et par conséquent, <strong>le</strong>s éditeurs restreignent<strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> publications,<strong>le</strong>s libraires voient <strong>le</strong>s livres repartiren invendus avant même <strong>de</strong> <strong>le</strong>s avoirouverts, et ainsi <strong>de</strong> suite... Si <strong>le</strong>s classiquesdu genre continuent <strong>de</strong> fairevendre, comment <strong>le</strong>s nouveautéspourraient-el<strong>le</strong>s s'insérer dans cette nouvel<strong>le</strong> économie ?Et surtout, comment faire comprendre aux parents qu'ilne sert à rien <strong>de</strong> mettre la charrue avant <strong>le</strong>s boeufs ?Les enfants ont besoin <strong>de</strong> progresser à un rythmeque l'on peut rendre un peu plus soutenu, mais jamais ilsne passeront <strong>de</strong> Mimi Cracra à La Condition humaine,par un simp<strong>le</strong> claquement <strong>de</strong> doigts.N.G.« Gallica est un projet que Microsoft veut suivre »Et même en mettant un pied <strong>de</strong>dans, pour <strong>le</strong> coupHier soir, la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> la BnF était tendue : Steve Ballmer,prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Microsoft, allait-il lancer une chaisesur l'assistance comme à son habitu<strong>de</strong> ? Bon, essayons<strong>de</strong> ne pas <strong>le</strong> contrarier...D'autant plus, comme <strong>le</strong> précisait Bruno Racine, qu'ils'agit <strong>de</strong> la troisième tentative entre la BnF et Microsoft<strong>de</strong> parvenir à un accord - sauf que cel<strong>le</strong>-ci est réussie.Avec 1,25 million <strong>de</strong> documents et 7 millions <strong>de</strong> visitesprévues pour 2010, Gallica est un portail qui prend<strong>de</strong> l'amp<strong>le</strong>ur. Et nécessitait donc que l'on s'occupe bien<strong>de</strong> lui.Pour ce faire, l'accord entre Microsoft et la BnF vaconcerner, évi<strong>de</strong>mment, <strong>le</strong> contenu libre <strong>de</strong> droit, sansque ne se pose <strong>de</strong> conditions financières entre eux. Bing,<strong>le</strong> moteur <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> Microsoft, servira au référencement<strong>de</strong>s ouvrages, en profon<strong>de</strong>ur, et non simp<strong>le</strong>menten surface, avec <strong>le</strong> titre ou quelques mots c<strong>le</strong>fs. PourSteve Ballmer, ce qui compte, est <strong>de</strong> proposer « un contenupertinent, fiab<strong>le</strong> et significatif » pour <strong>le</strong>s internautes etfaire <strong>de</strong> Bing, en France, un outil important.Alors que <strong>le</strong> géant du logiciel a arrêté sa politique <strong>de</strong>numérisation, interrogé par ActuaLitté, Steve Ballmerprécise que <strong>le</strong>s perspectives <strong>de</strong> la société ont simp<strong>le</strong>mentchangé. « Nous voulons ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s sociétés, et <strong>le</strong>s bibliothèquesd'autres pays, mais pas dans <strong>le</strong> côté numérisation.Aujourd'hui, ce partenariat montre ce que noussouhaitons par exemp<strong>le</strong> mettre en place : prendre part à<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure, sans forcément par<strong>le</strong>r<strong>de</strong> numérisation. »Et quand on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus précisément, quand est-ceque Bing sortira en France, pour que la BnF puisse profiterd'un accord qui a commencé hier, pour une durée d'unan, Ballmer répond simp<strong>le</strong>ment : « Dans <strong>le</strong>s prochainsmois, je ne peux pas vous en dire plus. » Mince...N.G.Steve Ballmer, tout sourire, aux côtés <strong>de</strong> Bruno Racine© Nicolas Gary11


La France, tu l’aimesou tu la kiffesGrosse bou<strong>le</strong>tte : <strong>le</strong> député Gaymard en p<strong>le</strong>ine fondueOu plutôt un massif <strong>de</strong> fonte qui lui tombe sur <strong>le</strong> râb<strong>le</strong>versusOuh, la bou<strong>le</strong>tte. Pas vraiment du genre <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> que<strong>le</strong> Clochard pousse du bout <strong>de</strong> la truffe à la Bel<strong>le</strong>,quand ils sont en p<strong>le</strong>in plat <strong>de</strong> spaghettis... Mais quia fait gentiment glisser <strong>le</strong> député <strong>de</strong> Savoie.Mais faut <strong>le</strong> comprendre Hervé Gaymard ! Enfin, quand<strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt du SNE et la cohorte <strong>de</strong>s organisations professionnel<strong>le</strong>ssignent une tribune dans Le Mon<strong>de</strong>, en vousqualifiant d'homme « auquel rien du livre n'est étranger »(sic !) forcément, ça col<strong>le</strong> une pression d'enfer. L'homme<strong>de</strong> la TVA réduite pour l'ebook s'est ramassé sur <strong>le</strong>parquet, avec l'armoire norman<strong>de</strong> qui vous tombe <strong>de</strong>ssus.Intoxication élémentaireEh oui. Quand il explique que NUMILOG est délocaliséau Luxembourg, parce que Hachette Livre, son propriétairecompte faire <strong>de</strong>s économies, il manque tout bonnementune occasion <strong>de</strong> se taire. Et surtout il patauge enp<strong>le</strong>ine diffamation.Contacté par nos confrères du Point, Ronald Blun<strong>de</strong>n,directeur <strong>de</strong> la communication du groupe bondit, au pointque son sang n'ait « fait qu'un tour ». « Numilog a étécréée en 2000 et <strong>le</strong>s statuts <strong>de</strong> la société sont déposés augreffe du tribunal <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Bagneux, vil<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong>n'a jamais quittée », ajoute-t-il. Diantre. Mais voilà ceserait une simp<strong>le</strong> confusion : on aurait trompé <strong>le</strong> députéà l'insu <strong>de</strong> son p<strong>le</strong>in gré, puisqu'il avoue <strong>de</strong> lui-mêmeavoir été « intoxiqué ».Ses conclusions sont que quelqu'un souhaitant nuireà Hachette lui a susurré une mauvaise information. Etpour autant, <strong>le</strong> communiqué qu'il a envoyé à l'AFP n'esttoujours pas relayé au moment où nous écrivons ceslignes. Bon, certes, il est un peu tôt, mais tout <strong>de</strong> même...Que fait <strong>le</strong> service public ?D'autres pistes ?Intervenue dans <strong>le</strong>s colonnes <strong>de</strong> ActuaLitté, la journaliste<strong>de</strong> La Tribune qui est à l'origine <strong>de</strong> l'interview où M.Gaymard se prend <strong>le</strong>s pieds dans la fondue - savoyar<strong>de</strong>,évi<strong>de</strong>mment - nous assure qu'el<strong>le</strong> « n'a fait que retranscrire<strong>le</strong>s propos du député ». Il n'y avait donc pas d'erreur<strong>de</strong> sa part, comme nous l'avions espéré, tant l'énormitésemblait inconcevab<strong>le</strong>.Et un <strong>de</strong> nos <strong>le</strong>cteurs, surnommés Columbo d'ajouter queprobab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> député a croisé l'équipe <strong>de</strong> Numilog auxjardins du Luxembourg, qui sont sur la ligne B « pas loin<strong>de</strong> Bagneux ». Et pour cause, la ligne possè<strong>de</strong> un arrêt aunom <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong>.Que tout cela est compliqué pour un homme avec tant<strong>de</strong> responsabilités...N.G.AphorismesLe poète est quelqu’un qui gâche beaucoup <strong>de</strong> papier,parce qu’il ne va pas jusqu’au bout <strong>de</strong> la ligne.L’amour <strong>de</strong> l’écriture, certes. Mais, si <strong>le</strong>s livres étaientanonymes, y aurait-il autant d’auteurs ?Il n’utilisait que <strong>de</strong>s cahiers quadrillés, pour que ses motsne s’échappent pas.Écrivain opposé à la société <strong>de</strong> consommation, il cassaitla gueu<strong>le</strong> à ceux qui voulaient acheter ses livres.Un type nommé Pérec avait écrit un livre sans employerla <strong>le</strong>ttre « e ». Lui décida d’al<strong>le</strong>r plus loin en écrivantout un bouquin sans employer <strong>le</strong> moindre mot.Dans <strong>le</strong> métro, <strong>le</strong> type qui lisait la même revue culturel<strong>le</strong>que lui avait une gueu<strong>le</strong> <strong>de</strong> crétin.12Denis Langlois


LibrairesLa France, tu l’aimesou tu la kiffesMémorandaL’alliance <strong>de</strong>s nourritures terrestres et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>sl’ang<strong>le</strong> <strong>de</strong> la rue Froi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong>s Croisiers àÀ Caen,se dresse Memoranda, bouquiniste originalqui éta<strong>le</strong> sa <strong>de</strong>vanture b<strong>le</strong>ue aux yeux <strong>de</strong> tous. De l’extérieuron ne voit rien, seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> livresentassés qui obstruent <strong>le</strong> passage <strong>de</strong> la lumière. Intrigante,donc, que cette librairie aux allures <strong>de</strong> grenier fourre-tout.Au commencement, ce n’était qu’une pièce. Puis <strong>le</strong>s annéespassant, la fréquentation grandissant et <strong>le</strong>s livres s’accumulant,la gérante, Sylviane, rachète <strong>le</strong>s appartements mitoyenset c’est aujourd’hui un véritab<strong>le</strong> déda<strong>le</strong> fait <strong>de</strong> recoinset <strong>de</strong> pièces cachées. « Depuis sa création, il y a 25 ans,Memoranda ne cesse <strong>de</strong> s’agrandir », affirme Chantal.On pousse la porte et on découvre… <strong>le</strong> sanctuaire <strong>de</strong> tout<strong>le</strong>cteur passionné. Dans tous <strong>le</strong>s sens, sur <strong>de</strong>s étagères,dans <strong>de</strong>s cartons, érigés en tours s’éta<strong>le</strong>nt un nombreincalculab<strong>le</strong> <strong>de</strong> livres d’occasion, vieux et neufs, petitset grands, pavés et fins, tout ça pour nous, ignorants<strong>de</strong>vant tant <strong>de</strong> connaissance. Un bazar ? Oui, mais unbazar organisé, car <strong>le</strong>s livres sont classés par ordrealphabétique et par thème.E. LawrenceLa sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> ChantalLes Sept piliers <strong>de</strong>la sagesse <strong>de</strong> ThomasLa montagne magique<strong>de</strong> Thomas MannQuatre libraires sillonnent <strong>le</strong>s rayons comme <strong>de</strong>s fourmiset se démènent pour ai<strong>de</strong>r tout un chacun à trouver sonbonheur. « À l’étage, nous indique Chantal - une employée- se trouve un salon <strong>de</strong> thé, car ici on allie <strong>le</strong>s nourrituresterrestres et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s ». Il y a même un repasservi entre 12h et 13h. De quoi faire <strong>de</strong> cette librairie unmodè<strong>le</strong> unique dans la région ! Ce que confirme Chantal :« Des librairies comme cel<strong>le</strong>-là ? Il n’en existe que quelquesunes, toutes à Paris et à Londres ».On y trouve <strong>de</strong> tout car à Memoranda, il y en a pour tous<strong>le</strong>s goûts. Des manuels scolaires, <strong>de</strong>s romans, <strong>de</strong>s biographies,<strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées et même <strong>de</strong>s per<strong>le</strong>s raresappréciées <strong>de</strong>s bibliophi<strong>le</strong>s, comme <strong>de</strong>s exemplairesnumérotés d’œuvres <strong>de</strong> Flaubert, un livre signé <strong>de</strong> GeorgesDuhamel ou une édition origina<strong>le</strong> d’un Ju<strong>le</strong>sVerne.La crise a profité au bouquiniste, avec une augmentationimportante <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> manuels scolaires en début d’annéeet une hausse du nombre <strong>de</strong> personnes qui viennentbra<strong>de</strong>r <strong>le</strong>urs vieux livres.© Clémence MalmejeanLa richesse <strong>de</strong> son catalogue est donc une source <strong>de</strong> succèspour Memoranda : el<strong>le</strong> n’a pas <strong>de</strong> réel<strong>le</strong> concurrence dansla région, car el<strong>le</strong> propose <strong>de</strong>s services différents <strong>de</strong> laFnac loca<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s autres librairies. Ainsi <strong>le</strong>s clients peuventpeut-être mieux qu’ail<strong>le</strong>urs « profiter <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong>libraires aguerris, s’asseoir et lire autour d’un thé et d’unepâtisserie et repartir avec <strong>de</strong>s livres sans se ruiner ».Alors quand on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la libraire si el<strong>le</strong> craint pourl’avenir <strong>de</strong>s librairies avec l’avènement du numérique,el<strong>le</strong> répond simp<strong>le</strong>ment que « <strong>le</strong> livre existera toujours,et qu’il a pour l’instant un bel avenir <strong>de</strong>vant lui ».© Clémence MalmejeanClémence Malmejean© Clémence Malmejean13


Around the worldL’ebook, vecteur <strong>de</strong> savoir pour <strong>le</strong>s pays en développement (Negroponte, OLPC)Et qui supprimera <strong>le</strong> papier, trop lourd à distribuerLe fondateur <strong>de</strong> l'organisation One Laptop Per Child,Nicholas Negroponte, vient <strong>de</strong> donner une interviewà CNN, évoquant la disparition prochaine <strong>de</strong>s livres <strong>de</strong>papier. Scanda<strong>le</strong> !« Ce sera dans cinq ans. Le médium physique ne peutpas être distribué à suffisamment <strong>de</strong> personnes. Quandvous al<strong>le</strong>z en Afrique, un <strong>de</strong>mi-million <strong>de</strong> personnes souhaite<strong>de</strong>s livres... Vous ne pouvez pas <strong>le</strong>ur envoyer <strong>de</strong>sobjets physiques », explique-t-il.<strong>de</strong> 10.000 livres », se félicite Nicholas Negroponte.L'envoi <strong>de</strong> 10.000 livres papier serait bien plus comp<strong>le</strong>xeet coûteux, sans compter <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> distribution. Et enl'occurrence, <strong>le</strong>s appareils développés par l'OLPC, <strong>le</strong>s XO,vendus 199 $, ont été conçus tout particulièrement pour<strong>le</strong>s pays présentant <strong>de</strong>s conditions d'utilisation pasvraiment optimums.Des pays plus enclins à se déci<strong>de</strong>rFacilité <strong>de</strong> distributionFina<strong>le</strong>ment, l'ebook ne tuerait pas <strong>le</strong> livre papier, pourson adoption par <strong>le</strong>s Occi<strong>de</strong>ntaux, mais s'imposerait alorscomme un geste <strong>de</strong> solidarité, permettant au plus grandnombre d'accé<strong>de</strong>r faci<strong>le</strong>ment aux oeuvres, essais... ensomme, à la connaissance. « Nous avons mis 100 livressur un ordinateur portab<strong>le</strong>, mais nous avons aussi envoyé100 ordinateurs portab<strong>le</strong>s. Ce village dispose maintenantDes jours comptés, tout particulièrement dans <strong>le</strong>s pays envoie <strong>de</strong> développement, et bien plus rapi<strong>de</strong>ment que dans<strong>le</strong>s pays dits déjà développés. Ah, oui, c'est certain, quand onassiste à <strong>de</strong>s discours <strong>de</strong> normalisation et <strong>de</strong> mésinformation,en France, on peut se poser <strong>de</strong>s questions sérieuses...« C'est ce que <strong>le</strong>s téléphones portab<strong>le</strong>s ont réalisé. Leurpopularité a été plus gran<strong>de</strong> au Cambodge et en Ouganda,car ils n'avaient pas <strong>de</strong> téléphone, tout court. Nous trouvions<strong>de</strong>s téléphones portab<strong>le</strong>s dans ces pays, et nousétions en retard dans cette transition [NdR : <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>slignes fixes, vers <strong>le</strong>s lignes <strong>de</strong> portab<strong>le</strong>s]. Ils vont ainsiadopter <strong>le</strong>s ebooks beaucoup plus rapi<strong>de</strong>ment que nous<strong>le</strong> faisons. »C.S.Nigéria50 ans d’indépendance pour une terre <strong>de</strong> désolationComme si <strong>le</strong> désespoir était un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vieLe Nigeria célèbre cette année <strong>le</strong>s 50 ans <strong>de</strong> sonindépendance. Mais cette fête a <strong>de</strong> tristes résonnances, tant la situation dans <strong>le</strong> pays est loin <strong>de</strong> ce quiétait attendu <strong>de</strong> cette libération...qu'il a refusé la <strong>de</strong>uxième plus gran<strong>de</strong> distinction dupays, <strong>de</strong> Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'Ordre <strong>de</strong> la République fédéra<strong>le</strong>,pour manifester son désaccord à l'égard <strong>de</strong> la politiquemenée par <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt Olusegun Obasanjo.14L'auteur et homme politique Chinua Achebe l'a déclarédurant une interview : la vérité, c'est que <strong>le</strong> Nigeria actueldéçoit ses habitants. « Quand est-ce que quelque chose <strong>de</strong>bon arrivera ? », questionne l'auteur, qui aura 80 ans dansun mois.En cinquante ans, <strong>le</strong> Nigeria aura accumulé autant d'années<strong>de</strong> déceptions, alors que <strong>le</strong>s attentes étaient incroyab<strong>le</strong>mentchargées d'espoir. « C'est comme si <strong>le</strong> lieu s'étaitsoudain illuminé et que nous nous étions attendus à<strong>de</strong>s mirac<strong>le</strong>s. Mais <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s que j'ai vus sont <strong>de</strong>smirac<strong>le</strong>s <strong>de</strong> déception », déplore-t-il.Cet homme, longtemps - et encore aujourd'hui - en conflitavec <strong>le</strong> gouvernement nigérian, a condamné dans seslivres la corruption et l'oppression qui règne. Ses satiressont viru<strong>le</strong>ntes et ses convictions profon<strong>de</strong>s, au point« Nous n'avons simp<strong>le</strong>ment pas <strong>le</strong>s bonnes personnes auxbonnes places, et c'est <strong>de</strong>venu une habitu<strong>de</strong>. C'est presquecomme si on <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> nous laisser dans <strong>le</strong> désespoir »,rapporte l'AP.Selon lui, <strong>le</strong> plus grand <strong>de</strong>s espoirs serait <strong>de</strong> réveil<strong>le</strong>rla conscience <strong>de</strong> la population, mais rien n'est pluscompliqué, au regard <strong>de</strong> la situation.Régulièrement, Achebe est évoqué parmi <strong>le</strong>s candidatspotentiels au prix Nobel <strong>de</strong> littérature, qu'il aura cetteannée encore manqué. Qu'importe : « Les prix ne sontpas importants, au point que je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> chaque jour<strong>le</strong>quel je vais gagner. »Mo<strong>de</strong>ste, en plus.C.S


OcéanieLa Turquie a une <strong>de</strong>nt contre ApollinaireUne récompense remise par <strong>le</strong>s éditeurs internationaux sanctionne <strong>le</strong> pays qui censure <strong>le</strong> poèteLa Turquie n'a pas fini <strong>de</strong> s'en prendre à Apollinaire,qui n'avait pourtant rien <strong>de</strong>mandé. L'éditeur quiavait publié Les Onze mil<strong>le</strong> verges avait connu <strong>le</strong>s affres<strong>de</strong> la procédure judiciaire, pour avoir choqué <strong>le</strong> pays.En février <strong>de</strong>rnier, l'Europe était intervenue : Strasbourgavait pris la défense <strong>de</strong> l'éditeur et du livre, en condamnantfermement la décision <strong>de</strong> la Turquie <strong>de</strong> censurer <strong>le</strong> livre.La Cour Européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Homme « considèreque la reconnaissance accordée aux singularités culturel<strong>le</strong>s,historiques et religieuses <strong>de</strong>s pays ne saurait al<strong>le</strong>rjusqu'à empêcher l'accès du public d'une langue donnée,en l'occurrence <strong>le</strong> turc, à une oeuvre figurant dans <strong>le</strong>patrimoine littéraire européen »Eh bien que la Cour se rassure, l'auteur a été indirectementvengé, et pas avec <strong>le</strong> dos <strong>de</strong> la cuillère.Alors qu'Irfan Sanci, propriétaire <strong>de</strong> la maison d'éditionSel est poursuivi pour violation <strong>de</strong> l'artic<strong>le</strong> 226 du Co<strong>de</strong>pénal turc, visant l'obscénité, il vient <strong>de</strong> recevoir <strong>le</strong> prixspécial décerné par l'Association Internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Éditeurs,<strong>de</strong>puis son siège, à Genève. Cet éditeur a fait paraître Lesexploits d'un jeune Don Juan, un autre titre d'Apollinaire.« Je suis sanctionné dans mon propre pays, mais je suiséga<strong>le</strong>ment gratifié par un prix international. Cette situationest tragique. De tous côtés, <strong>le</strong> livre d'Apollinaire, quiest une part du patrimoine culturel mondial, est jugé pouravoir b<strong>le</strong>ssé <strong>le</strong> public. » Rappelons que l'éditeur fait faceCanadaLes Éditeurs dans une désagréab<strong>le</strong> situationLe genre <strong>de</strong> chose qui ne fi<strong>le</strong> pas un large sourire quand on se lèvePris à la gorge par <strong>le</strong>s éditeurs canadiens, ou simp<strong>le</strong>mentdans une alternative d'une proposition qu'ils nepourront pas refuser, pour reprendre la célèbre formu<strong>le</strong> ?C'est une tradition aux États-Unis : <strong>le</strong>s sociétés investissentune partie <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur chiffre d'affaires annuel dans différentssecteurs tiers, et généra<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s coopératives, permettant<strong>de</strong> développer tel ou tel secteur dans <strong>le</strong> pays. Et <strong>de</strong>puisquelque temps, Amazon Canada enjoint <strong>le</strong>s éditeurs dupays à prendre part à cette tradition qui n'a rien d'obligatoirepour vendre sur Amazon, rappel<strong>le</strong>nt-ils, mais quiest fortement encouragée.Éditeurs, soyez à l’écoutePour diffuser ses oeuvres à l'étranger, la Nouvel<strong>le</strong>-Zélan<strong>de</strong> vient d'annoncer un programme <strong>de</strong>stiné àfaciliter la traduction <strong>de</strong> ses auteurs dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>.L'ACP a ainsi fait parvenir à Carolyn Wood, sa directriceexécutive, un rapport interne, accompagné <strong>de</strong> différentesquestions sur <strong>le</strong>s intentions du marchand et sa future politiqueau Canada. « Quand vous par<strong>le</strong>z avec<strong>de</strong>sclients d'Amazon, ils sont très conscients<strong>de</strong> si un éditeur a signé ou non, et pour combien<strong>de</strong> temps ; ils prennent alors <strong>le</strong>ur décision d'acheteren conséquence », explique <strong>le</strong> rapport.Répondant aux questions sur la visibilité <strong>de</strong> ses écrivainsdans <strong>le</strong> reste du mon<strong>de</strong>, <strong>le</strong> New Zealand Book Councila estimé que la mise en place d'un programme internationalpourrait seul promouvoir sa littérature. Ainsi, il avoté la création d'une enveloppe <strong>de</strong>stinée à subventionnerla traduction <strong>de</strong> ses auteurs.La Sky Tower d'Auckland La Publishers Association ofNew Zealand (PANZ) qui pilote ce programme a décidéqu'il contribuerait à la hauteur <strong>de</strong> 50 % par titre au coût<strong>de</strong> la traduction, et pour un maximum <strong>de</strong> 5000 $. PourStephen Wainwright, directeur exécutif du Creative NewZealand, cette décision est primordia<strong>le</strong> pour donner àla littérature du pays une voix dans l'édition mondia<strong>le</strong>.Et surtout, pour lui trouver un public par-<strong>de</strong>là <strong>le</strong>s frontières<strong>de</strong> la langue.« Nous augmentons nos efforts pour promouvoir la littérature<strong>de</strong> Nouvel<strong>le</strong>-Zélan<strong>de</strong> à l'international et c'est là l'une<strong>de</strong>s initiatives <strong>de</strong> financement qui soutiendra nos meil<strong>le</strong>ursécrivains pour <strong>le</strong>ur donner une exposition maxima<strong>le</strong>.Les connexions établies avec <strong>le</strong>s éditeurs internationauxAround the worldà neuf années <strong>de</strong> prison dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> sa procédurejudiciaire, comme l'explique <strong>le</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'Association,Bjørn Smith-Simonsen. « C'est potentiel<strong>le</strong>ment une forme<strong>de</strong> censure politique. Nous <strong>de</strong>mandons ainsi l'acquittement<strong>de</strong> Sel. »Cependant, Irfan n'est pas seuldans ce cas. Près <strong>de</strong> 70 éditeurs etauteurs en Turquie sont malmenéset accusés <strong>de</strong> diffamation ou d'injuresdiverses à l'égard d'institutionsturques, ou encore relativementà la situation <strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s.C.S.OcéanieLa Nouvel<strong>le</strong>-Zélan<strong>de</strong> subventionne la traduction <strong>de</strong> ses auteursai<strong>de</strong>ront à développer <strong>le</strong> marché mondial pour la littératuredu pays ».Le programme, intitulé Translation Grant Scheme, seraprésenté durant la Foire du livre <strong>de</strong> Francfort la semaineprochaine. Toutes <strong>le</strong>s informations relatives sont disponib<strong>le</strong>ssur <strong>le</strong> site du PANZ.En France, un programme similaire a été impulsé par <strong>le</strong>Centre National du Livre, qui a mis en place plusieursactions pour simplifier <strong>le</strong> travail <strong>de</strong>s traducteurs, quece soit vers la langue française ou <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s oeuvresd'auteurs français (<strong>le</strong>s subventions pour l'intraduction etl'extraduction).Dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> l'extraduction, cela peut simplifier la vied'un éditeur français qui cherche à vendre <strong>le</strong>s droits d'unouvrage à un éditeur étranger, en lui assurant que <strong>le</strong>sfrais <strong>de</strong> traductions seront en partie pris en charge parla subvention.N.GEt <strong>le</strong>s éditeurs qui prennent part au programme<strong>de</strong> coopération d'Amazon reçoivent bien plusqu'un gain <strong>de</strong> visibilité. En fait, <strong>le</strong> marchandlie plusieurs niveaux <strong>de</strong> services à cet accord,notamment la possibilité <strong>de</strong> mettre à jour ses informationsplus rapi<strong>de</strong>ment. Un principe essentiel, dans l'hypothèseoù <strong>le</strong> site afficherait qu'un livre est indisponib<strong>le</strong> avantplusieurs semaines. Alors que ce n'est pas <strong>le</strong> cas...Des négociations ont été entamées avec Amazon Canadaautour <strong>de</strong> ces points, pour savoir quels éditeurs souhaitaientrejoindre <strong>le</strong> programme <strong>de</strong> coopérationd'Amazon ou non. Et savoir qui voudrait biendépenser <strong>le</strong>s 3 à 4 % <strong>de</strong> son chiffre d'affairesannuel dans cette solution. Une situation qui nemet pas furieusement <strong>le</strong>s professionnels enliesse, mais représente un investissement pourcontinuer à faire du commerce.Quill & Quire qui rapporte cette situation n'apas réussi à obtenir beaucoup <strong>de</strong> réactions <strong>de</strong>la part <strong>de</strong>s éditeurs. Pas plus que <strong>de</strong> la part d'Amazoncela dit...C.S.15


Around the worldArgentineDes e-books sexys encore trop raresL’offre dérisoire et parfois absolument improbab<strong>le</strong>Buenos Aires, capita<strong>le</strong> d'une Argentine ouverte, etjoyeuse. Et pourtant, <strong>le</strong>s habitants ne se bala<strong>de</strong>ntpas vraiment avec une tab<strong>le</strong>tte Android à la main, un<strong>le</strong>cteur ebook... Pourtant, la <strong>le</strong>cture numérique s'estlargement développée.avec un catalogue <strong>de</strong> 20.000 titres pour commencer...Dix fois ce qui était disponib<strong>le</strong> surLibranda à la même époque - avril 2010.Congrès national à Buenos AiresAvec 40 millions d'habitants, on compte 50 millions <strong>de</strong>téléphones portab<strong>le</strong>s. Et si l'on veut lire <strong>de</strong>s livres numériques,c'est direction <strong>le</strong>s sites <strong>de</strong> Peer-to-Peer, pourtélécharger <strong>de</strong>s fichiers qu'on lira sur téléphone Java...Des ebooks rares, donc, mais assez prisés, et dont <strong>le</strong>spersonnes sont curieuses.Un désir né <strong>de</strong> la rareté...Nos confrères <strong>de</strong> Publishing Perspectives ont publié ungrand artic<strong>le</strong> faisant état du secteur numérique en Argentine.Alors qu'en avril, <strong>le</strong> reven<strong>de</strong>ur argentin Musimundoa mis en ligne son ebookstore, l'ouverture s'estdéroulée durant la Foire du livre <strong>de</strong> Buenos Aires,Mais pour 20.000 exemplaires, combien <strong>de</strong> fichiersPDF ? Une très gran<strong>de</strong> majorité. Et <strong>le</strong>s quelquesrares ePub sont <strong>de</strong>s ouvrages sous DRM, improbab<strong>le</strong>set particulièrement chers.Largement insuffisant, reconnaît Andrès Zaied, directeur<strong>de</strong>s opérations numériques <strong>de</strong> la boutique, mais toutreste entre <strong>le</strong>s mains <strong>de</strong>s éditeurs, qui bloquent en massel'arrivée <strong>de</strong> contenu. Et comme une gran<strong>de</strong> partie, <strong>de</strong> laproduction provient aussi <strong>de</strong> ce que contrô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s troisgrands éditeurs espagnols... Et même <strong>le</strong>s institutionnels,comme la guil<strong>de</strong> indépendante <strong>de</strong>s éditeurs argentins,qui avait en avril fait part <strong>de</strong> ses réf<strong>le</strong>xions sur une plateformenumérique, lancée par <strong>le</strong>ur soin, n'a rien donné.Depuis avril, plus aucune nouvel<strong>le</strong>.Entre faux espoirs et petites colères <strong>de</strong>s consommateurs,<strong>le</strong>s Argentins sont encor très loin du vent <strong>de</strong> révolte qui asoufflé en Espagne contre Libranda, projet que certainsqualifient <strong>de</strong> mort-né.Certes, <strong>le</strong>s ebooks sont sexy et attrayants, mais <strong>le</strong> paysva <strong>de</strong>voir attendre quelques mois encore, pour découvrirune offre...États-UnisLes États-Unis achètent du polar français à prix d’orMince, il y aurait <strong>de</strong> l’argentEn p<strong>le</strong>ine pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Foire, <strong>le</strong>s cessions <strong>de</strong> droits pour<strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> livres à l'étranger peuvent faire <strong>le</strong>schoux gras <strong>de</strong> l'éditeur qui a déniché la per<strong>le</strong> rare. En l'occurrence,<strong>le</strong>s romans <strong>de</strong> Franck Thilliez semb<strong>le</strong>nt avoirtrès bonne presse outre-Atlantique...L'éditeur, F<strong>le</strong>uve noir, vient d'annoncer que <strong>le</strong>s droits <strong>de</strong><strong>de</strong>ux ouvrages, Le Syndrome E et Gataca, viennent d'êtrecédés, pour un montant à six chiffres. Un phénomènerare pour un auteur français, suffisamment pour que celasoit noté...Ils paraîtront tous <strong>de</strong>ux chez Vinking, une filia<strong>le</strong> <strong>de</strong> Penguin,<strong>le</strong>quel a acheté <strong>le</strong>s droits pour l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la zone anglaise(US, UK, Australie et ainsi <strong>de</strong> suite).La chose la plus étonnante, c'est queLe Syndrome E ne sera dans <strong>le</strong>slibrairies en France, qu'à compter du14 octobre. Pour l'éditeur, la manne estd'autant plus remarquab<strong>le</strong> : « Un tel<strong>de</strong>al, ce n'est pas fréquent aux États-Unis pour un auteur français, à partMarc Levy et quelques autres. »L'éditeur P.O.L. a d'ail<strong>le</strong>urs indiqué à l'AFP que la situationcette année était plutôt très bonne. « C'est une excel<strong>le</strong>ntenouvel<strong>le</strong> que <strong>de</strong> la littérature française puisses'exporter, en particulier aux États-Unis », explique-t-on,alors que <strong>le</strong> livre La vie est brève et <strong>le</strong> désir sans fin, <strong>de</strong>Patrick Lapeyre, comptant dans la rentrée littéraire, vientjustement d'être acquis, pour <strong>le</strong>s USA et l'Italie.Tout ne va donc pas si mal...JaponUn format numérique commun et gratuitpour l’industrie japonaiseSupprimer <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> création <strong>de</strong> fichiers selon <strong>le</strong>s plateformes, pas vraiment idiot...Les perspectives autour <strong>de</strong>s formats <strong>de</strong> livres numériquesdépasseront bientôt <strong>le</strong>s enjeux PDF/ePub/Kind<strong>le</strong>,suivant la tendance. On assistera en effet bien plutôt à une géographie<strong>de</strong>s formats existants, propres à chaque territoire.À ce titre, alors que la Chine a annoncé qu'el<strong>le</strong> travaillait àun format <strong>de</strong> livres numériques pour son territoire, c'estautour <strong>de</strong>s professionnels du Japon d'annoncer la créationd'un format nouveau, qui pourrait être lu sur n'importe queldispositif <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture, à compter du mois d'avril.Pour <strong>le</strong> moment, <strong>le</strong>s éditeurs doivent s'acquitter d'une chargefinancière supplémentaire quand ils numérisent une oeuvrepour qu'el<strong>le</strong> soit disponib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s différents formats du16marché et pour l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s appareils <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture. Ce quia largement participé à limiter <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> livres numériquesdisponib<strong>le</strong>s pour l'ensemb<strong>le</strong> du parc <strong>de</strong>s appareils.Sharp Corp et <strong>le</strong> créateur <strong>de</strong> logiciels Voyager Japan Inc,soumettront prochainement <strong>le</strong>ur format gratuit à l'Association<strong>de</strong>s éditeurs <strong>de</strong> livres numériques du Japon. Réunissant41 éditeurs importants, la création du format communs'achèvera alors fin mars. Le gouvernement subventionnera<strong>le</strong> projet à la hauteur <strong>de</strong> 150 millions <strong>de</strong> yens, soit 1,33million €.Ce nouveau format <strong>de</strong>vrait être une solution idéa<strong>le</strong>, puisquegratuit et compatib<strong>le</strong> avec l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s appareils pro-priétaires <strong>de</strong>s fabricants. Cependant, un proche <strong>de</strong> larédaction nous signa<strong>le</strong> que dans ce cas <strong>de</strong> figure, on peutredouter que l'industrie modère gran<strong>de</strong>ment son processus<strong>de</strong> numérisation, en attendant que <strong>le</strong> format soit présenté.En effet, pourquoi continuer d'investir dans <strong>de</strong>s formatsmultip<strong>le</strong>s et coûteux, attendu que d'ici quelques mois, unstandard sera créé. Il y a d'ail<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> fortes probabilitéspour que ce format repose sur la norme XMDF, sur <strong>le</strong>quelSharp travail<strong>le</strong> <strong>de</strong>puis 2009. Plus <strong>de</strong> 29.000 titres étaientdéjà disponib<strong>le</strong>s, issus <strong>de</strong>s catalogues <strong>de</strong> grands éditeurs,en juil<strong>le</strong>t <strong>de</strong>rnier, annonçait la société.


ChineVictor Hugo à Pékin, contre <strong>le</strong>s Deux BanditsLa Chine rend hommage à la clairvoyance d’un auteur omnipotent, ou presqueCeux qui ont eu l'occasion <strong>de</strong> visiter <strong>le</strong>s jardins <strong>de</strong>l'ancien Palais d'été <strong>de</strong> Pékin, voilà 150 ans, n'étaientautres que militaires <strong>de</strong> France et <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne. Etla Chine, pas rancunière, alors que l'on fi<strong>le</strong> en douce <strong>de</strong>sprix Nobel <strong>de</strong> la paix à ses dissi<strong>de</strong>nts enfermés, vientd'inaugurer et célébrer cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire.Et pour commémorer ce cent cinquantenaire, la Chine afait poser un buste <strong>de</strong> Victor Hugo en p<strong>le</strong>in milieu <strong>de</strong>s jardins.Pourquoi lui et on l'archiduchesse Tartempouil<strong>le</strong> ?Parce que cette <strong>de</strong>rnière n'a pas eu la clairvoyancedu dramaturge qui avait condamnéà l'époque l'acte d'ingérence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays,venus mettre <strong>le</strong>ur nez là où on ne <strong>le</strong>s avaitpas conviés.En effet, la date du 18 octobre 1860, est cel<strong>le</strong>où <strong>le</strong> haut-commissaire britannique enChine, Lord Elgin, réclama que fussentbrûlés et détruits <strong>le</strong> palais et <strong>le</strong>s jardinsimpériaux. Ces <strong>de</strong>rniers avaient été édifiéspar <strong>le</strong>s empereurs Yongzheng et Qianlong (dynastie<strong>de</strong>s Qing).« Deux bandits » avait accusé Hugo dans une <strong>le</strong>ttre célébrissime,adressée un an et quelques plus tard au CapitaineBut<strong>le</strong>r, reproduite ici dans son intégralité. En célébrant cesaccage, symbo<strong>le</strong> d'une réel<strong>le</strong> humiliation vécue par <strong>le</strong>sChinois d'alors, <strong>le</strong> pays cherche à montrer qu'il est aussiparvenu à évoluer...« Hautevil<strong>le</strong> House, 25 <strong>novembre</strong> 1861« Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z mon avis, Monsieur, sur l’expédition<strong>de</strong> Chine. Vous trouvez cette expédition honorab<strong>le</strong> et bel<strong>le</strong>,et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à monsentiment ; selon vous, l’expédition <strong>de</strong> Chine, faite sous <strong>le</strong>doub<strong>le</strong> pavillon <strong>de</strong> la reine Victoria et <strong>de</strong> l’empereurNapoléon, est une gloire à partager entre la France etl’Ang<strong>le</strong>terre, et vous désirez savoir quel<strong>le</strong> est la quantitéd’approbation que je crois pouvoir donner à cette victoireanglaise et française.Puisque vous vou<strong>le</strong>z connaître mon avis, <strong>le</strong> voici :ll y avait, dans un coin du mon<strong>de</strong>, une merveil<strong>le</strong> du mon<strong>de</strong> ;cette merveil<strong>le</strong> s’appelait <strong>le</strong> Palais d’été. L’art a <strong>de</strong>ux principes,l’Idée qui produit l’art européen, et la Chimère quiproduit l’art oriental. Le Palais d’été était à l’art chimériquece que <strong>le</strong> Parthénon est à l’art idéal. Tout ce quepeut enfanter l’imagination d’un peup<strong>le</strong> presque extrahumainétait là. Ce n’était pas, comme <strong>le</strong> Parthénon, uneœuvre rare et unique ; c’était une sorte d’énorme modè<strong>le</strong><strong>de</strong> la Chimère, si la Chimère peut avoirun modè<strong>le</strong>.Imaginez on ne sait quel<strong>le</strong> construction inexprimab<strong>le</strong>,quelque chose comme un édifice lunaire,et vous aurez <strong>le</strong> Palais d’été. Bâtissez un songeavec du marbre, du ja<strong>de</strong>, du bronze, <strong>de</strong> la porcelaine,charpentez-<strong>le</strong> en bois <strong>de</strong> cèdre, couvrez<strong>le</strong><strong>de</strong> pierreries, drapez-<strong>le</strong> <strong>de</strong> soie, faites-<strong>le</strong>ici sanctuaire, là harem, là cita<strong>de</strong>l<strong>le</strong>, mettez-y<strong>de</strong>s dieux, mettez-y <strong>de</strong>s monstres, vernissez-<strong>le</strong>,émail<strong>le</strong>z-<strong>le</strong>, dorez-<strong>le</strong>, far<strong>de</strong>z-<strong>le</strong>, faites construirepar <strong>de</strong>s architectes qui soient <strong>de</strong>s poètes <strong>le</strong>s mil<strong>le</strong>et un rêves <strong>de</strong>s mil<strong>le</strong> et une nuits, ajoutez<strong>de</strong>s jardins, <strong>de</strong>s bassins, <strong>de</strong>s jaillissements d’eau etd’écume, <strong>de</strong>s cygnes, <strong>de</strong>s ibis, <strong>de</strong>s paons, supposez en unmot une sorte d’éblouissante caverne <strong>de</strong> la fantaisie humaineayant une figure <strong>de</strong> temp<strong>le</strong> et <strong>de</strong> palais, c’étaitlà ce monument. Il avait fallu, pour <strong>le</strong> créer, <strong>le</strong> <strong>le</strong>nt travail<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux générations. Cet édifice, qui avait l’énormitéd’une vil<strong>le</strong>, avait été bâti par <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s, pour qui? Pour <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s. Car ce que fait <strong>le</strong> temps appartientà l’homme.Les artistes, <strong>le</strong>s poètes, <strong>le</strong>s philosophes, connaissaient <strong>le</strong>Palais d’été ; Voltaire en par<strong>le</strong>. On disait : <strong>le</strong> Parthénonen Grèce, <strong>le</strong>s Pyrami<strong>de</strong>s en Egypte, <strong>le</strong> Colisée à Rome,Notre-Dame à Paris, <strong>le</strong> Palais d’été en Orient. Si on ne <strong>le</strong>voyait pas, on <strong>le</strong> rêvait. C’était une sorte d’effrayant chefd’œuvreinconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscu<strong>le</strong>,comme une silhouette <strong>de</strong> la civilisation d’Asiesur l’horizon <strong>de</strong> la civilisation d’Europe.Cette merveil<strong>le</strong> a disparu.Around the worldUn jour, <strong>de</strong>ux bandits sont entrés dans <strong>le</strong> Palais d’été.L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être unevo<strong>le</strong>use, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand duPalais d’été s’est faite <strong>de</strong> compte à <strong>de</strong>mi entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>uxvainqueurs. On voit mêlé à tout cela <strong>le</strong> nom d’Elgin, qui ala propriété fata<strong>le</strong> <strong>de</strong> rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> Parthénon. Ce qu’onavait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, pluscomplètement et mieux, <strong>de</strong> manière à ne rien laisser.Tous <strong>le</strong>s trésors <strong>de</strong> toutes nos cathédra<strong>le</strong>s réunies n’éga<strong>le</strong>raientpas ce sp<strong>le</strong>ndi<strong>de</strong> et formidab<strong>le</strong> musée <strong>de</strong> l’Orient. Iln’y avait pas seu<strong>le</strong>ment là <strong>de</strong>s chefs-d’œuvre d’art, il yavait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit, bonneaubaine. L’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux vainqueurs a empli ses poches, ceque voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenuen Europe, bras <strong>de</strong>ssus, bras <strong>de</strong>ssous, en riant. Tel<strong>le</strong> estl’histoire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux bandits.Nous, Européens, nous sommes <strong>le</strong>s civilisés, et pour nous,<strong>le</strong>s Chinois sont <strong>le</strong>s barbares. Voila ce que la civilisationa fait à la barbarie.Devant l’histoire, l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux bandits s’appel<strong>le</strong>ra laFrance, l’autre s’appel<strong>le</strong>ra l’Ang<strong>le</strong>terre. Mais je proteste,et je vous remercie <strong>de</strong> m’en donner l’occasion ; <strong>le</strong>s crimes<strong>de</strong> ceux qui mènent ne sont pas la faute <strong>de</strong> ceux qui sontmenés ; <strong>le</strong>s gouvernements sont quelquefois <strong>de</strong>s bandits,<strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s jamais.L’empire français a empoché la moitié <strong>de</strong> cette victoireet il éta<strong>le</strong> aujourd’hui avec une sorte <strong>de</strong> naïveté <strong>de</strong> propriétaire,<strong>le</strong> sp<strong>le</strong>ndi<strong>de</strong> bric-à-brac du Palais d’été.J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée etnettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.En attendant, il y a un vol et <strong>de</strong>ux vo<strong>le</strong>urs, je <strong>le</strong> constate.Tel<strong>le</strong> est, monsieur, la quantité d’approbation que jedonne à l’expédition <strong>de</strong> Chine.2ème marché mondial, la Chine veut régu<strong>le</strong>r la vente d’ebooksOn arrête <strong>de</strong> faire n’importe quoi est on pose un cadre bénéfique pour tousIl faudra à un moment se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi la presses'enthousiasme tant pour <strong>le</strong>s ventes <strong>de</strong> livres numériques.Après tout, pour l'heure, on ne par<strong>le</strong> la plupart dutemps que <strong>de</strong> livres homothétiques, donc <strong>de</strong>s versionsnumérisées <strong>de</strong> livres papier existant. Rien <strong>de</strong> créatif, rien<strong>de</strong> nouveau, rien d'insolite encore...Mais voilà, avant <strong>de</strong> répondre à cette gran<strong>de</strong> question,continuons notre tour du mon<strong>de</strong>, pour constater une fois<strong>de</strong> plus que la Chine aime l'ebook. Le gouvernementn'apprécie peut-être pas son prix Nobel, mais dans tous<strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s consommateurs consomment du livre numériqueà foison.Pour preuve, il se serait vendu 3,82 millions ebooks dans<strong>le</strong> pays durant l'année 2009 et pour la première moitié <strong>de</strong>2010, <strong>le</strong>s ventes seraient évaluées à 20 % du total mondial.Une statistique diffici<strong>le</strong> à ava<strong>le</strong>r comme tel<strong>le</strong>, étantdonné la difficulté à appréhen<strong>de</strong>r l'ensemb<strong>le</strong> du marché,mais éga<strong>le</strong>ment l'absence quasi tota<strong>le</strong> d'outils pourmesurer <strong>le</strong>s ventes.Or, <strong>le</strong> pays fait éga<strong>le</strong>ment face à un autre problème : celui<strong>de</strong> la protection du droit d'auteurs et par corollaire <strong>de</strong> lapropriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. L'absence <strong>de</strong> normes et <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>sfixes dans <strong>le</strong>s standards utilisés par l'industrie chinoisefreinerait non pas l'adoption, mais la rentabilisation.L'administration chinoise souligne éga<strong>le</strong>ment que l'industriedu livre ne promeut pas massivement - ce seraitplutôt <strong>le</strong> contraire - l'ebook.Instaurer <strong>de</strong>s normes et <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>sEn revanche, dans <strong>le</strong>s prochaines semaines, <strong>le</strong> pays <strong>de</strong>vraitdécouvrir une norme nationa<strong>le</strong>, avec la présentationd'une feuil<strong>le</strong> <strong>de</strong> route définissant <strong>le</strong> format, la qualité etla gestion <strong>de</strong>s droits d'auteur pour ces oeuvres. De quoicadrer un peu <strong>le</strong> marché et lui permettre, selon <strong>le</strong>s pieuxvoeux <strong>de</strong> l'administration chinoise, <strong>de</strong> lui offrir un essormeil<strong>le</strong>ur encore.Cette régulation, appelée par <strong>le</strong>s plus gran<strong>de</strong>s entreprisesdu pays, veil<strong>le</strong>ra éga<strong>le</strong>ment à ce que <strong>le</strong> marché sedéveloppe dans une concurrence saine et loya<strong>le</strong> entre<strong>le</strong>s acteurs, explique Liu Yinjian, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la sociétéHanwang. L'unification <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> sociétés vendant<strong>de</strong>s livres numériques pourrait alors donner au secteurune plus gran<strong>de</strong> force <strong>de</strong> vente.Aujourd'hui, l'un <strong>de</strong>s défauts majeurs reste encore laqualité <strong>de</strong>s ebooks mis en vente, élément essentiel dansla réussite du marché, auprès <strong>de</strong>s consommateurs.17


Around the worldAsieGoog<strong>le</strong> et la NASA numérisent <strong>le</strong>s manuscrits <strong>de</strong> QumrânUn projet qui aboutira dans cinq ans.Ah, oui, c'est faci<strong>le</strong> <strong>de</strong> condamner l'oppresseurGoog<strong>le</strong>, travaillant illéga<strong>le</strong>ment à la numérisationilléga<strong>le</strong>, « avec la complicité <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s bibliothèquesaméricaines »... N'empêche que certains autres projetsoublieront gentiment d'être salués.Rectifions donc cela : <strong>le</strong>s manuscrits dits <strong>de</strong> Qumrân, ou<strong>de</strong> la Mer Morte, sont <strong>le</strong>s plus anciens écrits bibliques àce jour connus. Et dans une coopération entre Goog<strong>le</strong> et<strong>le</strong>s autorités israéliennes, un projet <strong>de</strong> numérisation d'unmontant <strong>de</strong> 2,5 millions € a été mis en place pour proposeraux internautes ce qui sera <strong>le</strong> projet offrant <strong>le</strong> rendu <strong>le</strong>plus propre jamais connu <strong>de</strong> ces textes.Et <strong>le</strong> tout avec pour objectif <strong>de</strong> <strong>le</strong>s rendre gratuitementaccessib<strong>le</strong>s. Ça ne méritait pas d'être un peu salué, ça ? Si.Pnina Shor, directeur <strong>de</strong> projet à l'Autorité <strong>de</strong>s Antiquitésd'Israël, <strong>le</strong> confirme auprès <strong>de</strong> l'AFP : « C'est la plusimportante découverte du XX ème sièc<strong>le</strong> et nous allons lapartager grâce à la technologie la plus avancée du sièc<strong>le</strong>prochain. » Parce que si Goog<strong>le</strong> fait partie <strong>de</strong>s partenaires,<strong>le</strong>s moyens techniques mis en place sont sidérants.Littéra<strong>le</strong>ment. Et pour cause.La technologie en question un développée par l'USNational Aeronautics and Space Administration (oui, laNASA), qui passe d'ordinaire son temps dans <strong>le</strong>s étoi<strong>le</strong>s,et permet <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> haute définition. Unoutil précieux qui ne gommera aucun mot ni <strong>le</strong>ttre, <strong>le</strong>squelspeuvent d'ordinaire disparaître ou ne pas être visib<strong>le</strong>s.Goog<strong>le</strong> interviendra ensuite avec la mise en ligne d'unebase <strong>de</strong> données, doublée d'outils <strong>de</strong> traduction, et <strong>de</strong> biend'autres choses. « Imaginez un mon<strong>de</strong> où tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>avec une connexion internet est capab<strong>le</strong> d'accé<strong>de</strong>r auxoeuvres <strong>le</strong>s plus importantes <strong>de</strong> l'histoire humaine »,évoque Yossi Mattias Said, directeur R&D <strong>de</strong> Goog<strong>le</strong> Israël.Et <strong>le</strong>s efforts déployés par Goog<strong>le</strong> Books pour rendreaccessib<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s oeuvres numérisées seront <strong>le</strong>s mêmesque pour ces manuscrits ancestraux.Le projet ne sera achevé que dans cinq ans, mais <strong>le</strong>s premièresimages seront mises en ligne dans <strong>le</strong>s mois qui viennent.Près <strong>de</strong> 900 manuscrits bibliques avec 30.000 fragmentsont été découverts entre 1947 et 1956 dans <strong>le</strong>s grottesQumrân. Les langues que l'on y retrouve sont <strong>de</strong> l'hébreu,<strong>de</strong> l'araméen et du grec. Les plus anciens datent du III èmesièc<strong>le</strong> av. J.-C. et jusqu'en 70 après.Une autre initiative a été mise en place voilà quelquetemps, pour rendre accessib<strong>le</strong>s ces documents.In<strong>de</strong>En In<strong>de</strong>, censure et autodafé appliqués en universitéEt l’auteur canadien d’origine indienne, Rohinton Mistry, se défend vigoureusementSuch a Long Journey(Un si Long Voyage),<strong>de</strong> Rohinton Mistry a gagné<strong>le</strong> Governor General' s LiteraryAward, ainsi que <strong>le</strong>Commonwealth Prize.Publié en 1991, il racontel'histoire d'une famil<strong>le</strong> Parsiqui se bat contre la pauvretédans l'In<strong>de</strong> <strong>de</strong>s années 1970.Le livre figurait sur la liste<strong>de</strong>s <strong>le</strong>ctures <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong>l'université <strong>de</strong> Mumbai (anciennement Bombay). Le livre,qui fait référence à la vio<strong>le</strong>nce du parti nationaliste ShivSena, a été en<strong>le</strong>vé <strong>de</strong> la liste sur ordre du vice-chancelier<strong>de</strong> l'université, <strong>le</strong> docteur Rajan M Welukar.BrèvesLa campagne contre <strong>le</strong> livre <strong>de</strong> Mistry est menée parAditya Thackeray, petit fils du créateur <strong>de</strong> Shiv Sena.Une opportunité pour <strong>le</strong> jeune homme <strong>de</strong> lancer sa carrière.Alors qu'il décrit <strong>le</strong>s propos du livre <strong>de</strong> « non acceptab<strong>le</strong>s »,il a avoué ne pas l'avoir lu en entier.Rohinton Mistry, nommé pour <strong>le</strong> Booker Prize lors <strong>de</strong> lasortie du livre en question, a tenu à remettre en place <strong>le</strong>jeune homme : « Que doit-on ressentir à son égard ? Pitié,désappointement, compassion ? Vingt ans, une bonne éducation,et il est sur <strong>le</strong> point <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong> chemin tout tracé<strong>de</strong> Shiv Sena, pour fina<strong>le</strong>ment ressemb<strong>le</strong>r, comme ceuxavant lui, à tout ce qu'il y a <strong>de</strong> pire dans la nature humaine ».Les partisans <strong>de</strong> la branche jeunes du Shiv Sena, emmenéspar Thackeray, ont brûlé <strong>le</strong> livre sur <strong>le</strong> campus <strong>de</strong> l'université.« Un spectac<strong>le</strong> désolant » selon l'auteur. Il a aussiattaqué <strong>le</strong> vice chancelier <strong>de</strong> l'université, pour avoir dujour au <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main succombé aux pressions du Shiv Sena.Le parti se distingue par une politique agressive envers<strong>le</strong>s musulmans. Après avoir tenté d'interdire un film avecun acteur <strong>de</strong> confession musulmane, il a récemment proposéd'interdire <strong>le</strong> port <strong>de</strong> la burqua.Sa popularité, malgré la publicité que rapportent sescampagnes douteuses, est en baisse. Mais son influencereste forte.R.TSource : The GuardianL’In<strong>de</strong> se palme !Délicate opération <strong>de</strong> numérisation :12.000 manuscrits écrits sur feuil<strong>le</strong> <strong>de</strong>palme seront passsés sous <strong>le</strong>s scanners<strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Calicut, dans l’État <strong>de</strong>Kerala. Délicate, parce que particulièrementfragi<strong>le</strong>...http://www.actualitte.com/actualite/22278-numerisation-in<strong>de</strong>feuil<strong>le</strong>s-palmier-textes.htmParis en toutes <strong>le</strong>ttresLa troisième édition est annoncée : du 5au 8 mai, la capita<strong>le</strong> française mettra <strong>le</strong>slivres à l’honneur. Bibliothèques, librairieset habitants seront mis à contribution.http://www.actualitte.com/actualite/22274-paris-capita<strong>le</strong>-livres-toutes-<strong>le</strong>ttres.htmLa fin épuisante <strong>de</strong>s épuisés« On par<strong>le</strong> moins <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> réimpression,et que dès lors qu’ils serontdisponib<strong>le</strong>s sur <strong>de</strong>s fichiers, s’il y a <strong>de</strong>s<strong>le</strong>cteurs qui veu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s consulter et nous<strong>le</strong>s acheter, ils seront immédiatement disponib<strong>le</strong>s.» Bel<strong>le</strong> démonstration d’AlainKouck, concernant <strong>le</strong> livre numérique. I<strong>le</strong>n aura fallu du temps !http://www.actualitte.com/actualite/22263-livre-epuise-stock-numerique-fnac.htmCopie privée <strong>de</strong> rémunérationLes professionnels ne paieront pas lare<strong>de</strong>vance pour copie privée, a estimé lacour du Luxembourg. Pas <strong>de</strong> surcoût àprévoir, donc, pour <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs ebook etautres tab<strong>le</strong>ttes que l’on pourrait acheter...http://www.actualitte.com/actualite/22252-<strong>le</strong>cteur-ebook-copie-privee-luxembourg.htmCIA-t-il la branche qui <strong>le</strong> tenait ?Le Bureau <strong>de</strong> renseignements s’en prendau livre d’un <strong>de</strong> ses anciens agents,paru en 2008. Deux ans après, la CIA serend compte qu’il y aurait peut-être <strong>de</strong>sproblèmes. Une bel<strong>le</strong> publicité, puisqu’unprocès est à la c<strong>le</strong>f.http://www.actualitte.com/actualite/22229-justice-cia-agent-ecrivain-secrets.htmStarbucks vend <strong>de</strong> l’ebook...Complétant son offre <strong>de</strong> WiFi gratuite,la chaîne Starbucke propose désormaisd’acheter <strong>de</strong> la musique, <strong>de</strong>s livres, <strong>de</strong>sfilms entre <strong>de</strong>ux cafés. Avec une offregratuite pour inciter <strong>le</strong> client. Uniquementoutre-Atlantique...http://www.actualitte.com/actualite/22222-starbucks-ebook-yahooitunes-wifi.htm18


Around the worldPortugalLa justice portugaise autorise un livre sur une histoire d’enlèvementEt <strong>le</strong>s parents <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong><strong>le</strong>ine se disent particulièrement déçusans après un ouvrage. Il expliquait que la fil<strong>le</strong>tte étaitmorte acci<strong>de</strong>ntel<strong>le</strong>ment dans l'appartement <strong>de</strong> vacancesd'Algarve que ses parents avaient loué à Praia da Luz.Selon lui, ses parents avaient alors inventé l'histoire <strong>de</strong>l'enlèvement - ce qui a provoqué <strong>le</strong>ur plainte pour diffamation,on s'en doute.Porto, au Portugalque l'interdiction re<strong>le</strong>vait d'une décision profondémentanticonstitutionnel<strong>le</strong>.Un porte-paro<strong>le</strong> <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> assure que <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur côté, <strong>le</strong>sparents ne laisseront pas tomber pour autant la plainte pourdiffamation. Et peut-être même interjetteront-ils appel <strong>de</strong>la décision <strong>de</strong> remettre l'ouvrage en vente. Lorsque cel<strong>le</strong>ciavait été décidée, <strong>le</strong>s parents avaient assuré que <strong>le</strong>livre avait gravement nui à la recherche <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur fil<strong>le</strong>.Les parents <strong>de</strong> la petite Ma<strong>de</strong><strong>le</strong>ine McCann, disparueen 2007, viennent <strong>de</strong> subir un revers judiciaire <strong>de</strong>vantune cour <strong>de</strong> justice portugaise, contre un agent <strong>de</strong> police,auteur d'un ouvrage sur cette affaire.L'ancien inspecteur Gonçalo Amaral, qui avait dirigél'enquête durant <strong>le</strong>s cinq premiers mois, fit paraître troisLe livre avait, dans un premier temps, été interdit à la vente,<strong>le</strong> procureur général du Portugal ayant estimé que <strong>le</strong>s parentsétaient innocents. Mais dans <strong>le</strong> second temps <strong>de</strong> laprocédure, <strong>le</strong> tribunal a considéré que l'interdiction <strong>de</strong> venteallait à l'encontre du droit à la liberté d'expression.« Le contenu du livre ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux<strong>de</strong>s plaignants », a estimé <strong>le</strong> juge. Et l'ancieninspecteur d'affirmer qu'avec une pareil<strong>le</strong> décision, ladémocratie au Portugal avait gravi un échelon, attendu« Aussi douloureux et dommageab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> plan individuelqu'aient pu être <strong>le</strong>s calomnieuses déclarations <strong>de</strong> M.Amaral et <strong>de</strong> ses partisans, pour nous et notre famil<strong>le</strong>, notreobjectif premier a toujours été, et sera toujours, <strong>de</strong> retrouverMa<strong>de</strong><strong>le</strong>ine, grâce à notre propre travail d'enquête », déclaraientalors <strong>le</strong>s parents.C.M.Source : GuardianBrèvesStone comme un guitaristeLes mémoires <strong>de</strong> Keith Richardsbrossent un tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong>s années RollingStones. Avec un Mike Jagger en véritab<strong>le</strong>diva, drogues et rock & roll... Fina<strong>le</strong>ment,du grand classique...http://www.actualitte.com/actualite/22151-keith-richards-jaggerrolling-stones.htmPlainte pour plagiat acceptée contre RowlingLes histoires <strong>de</strong> magiciens entrantdans une éco<strong>le</strong> ont-el<strong>le</strong>s toutes inspiréRowling, au point <strong>de</strong> la poursuivre enjustice ? Al<strong>le</strong>z savoir, mais la haute cour<strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Lon<strong>de</strong>s a décidé <strong>de</strong> recevoirune plainte portée contre el<strong>le</strong>... pourplagiat.http://www.actualitte.com/actualite/22117-potter-plagiat-rowlingjuger-proces.htmMarché et trottéLalie Walker contre <strong>le</strong> Marché SaintPierre, l'affaire dure. Pour avoir assassinéquelques dames dans son roman quiy prend place, cel<strong>le</strong>-ci est poursuivieen justice. Attention, fiction en danger...http://www.actualitte.com/actualite/22132-marche-saint-pierrejustice-diffamation.htmParis numériqueLe Conseil <strong>de</strong> Paris a examiné <strong>le</strong>s 18et 19 octobre plusieurs délibérations,notamment pour un programmenumérique. Un espace dédié dans lacapita<strong>le</strong> sera ouvert, pour développerce secteur.http://www.actualitte.com/actualite/22122-conseil-paris-livrenumerique-projet.htmRoyaume-UniLes bibliothèques à l’Ang<strong>le</strong>terre : mayday, mayday, MAYDAY !Près <strong>de</strong> 1000 établissements menacés <strong>de</strong> fermeture lancent un appel à l’ai<strong>de</strong> urgentFini <strong>de</strong> rire, la situation est passée <strong>de</strong> doucement grave,à méchamment sérieuse pour <strong>le</strong>s bibliothèques anglaises.Les autorités loca<strong>le</strong>s pourraient faire fermer mil<strong>le</strong>boutiques sur <strong>le</strong> territoire d'outre-Manche...L'initiative <strong>de</strong> protestation et d'invitation à la mobilisationgénéra<strong>le</strong> est sans précé<strong>de</strong>nt : puisqu'au XX ème sièc<strong>le</strong>, il fautplus que jamais rappe<strong>le</strong>r la va<strong>le</strong>ur indispensab<strong>le</strong> <strong>de</strong>s bibliothèques,alors la profession se mobilise massivement.informations dont ils ont besoin pour <strong>le</strong>urs ai<strong>de</strong>r à rendre<strong>le</strong>urs vies meil<strong>le</strong>ures et réussies », lance une <strong>le</strong>ttre ouvertesignée par l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s organisations.Outils servant à diminuer la fracture numérique, à améliorerl'alphabétisation, l'éducation, la qualité <strong>de</strong> vie,<strong>de</strong>puis l'enfance à la vieil<strong>le</strong>sse, <strong>le</strong>s bibliothèques sont uncentre névralgique <strong>de</strong> la vie socia<strong>le</strong> et un espace citoyenpar essence assurent-ils, dans un manifeste <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>.Que l'on s'accroche, <strong>le</strong>s partenaires sont nombreux : theSociety of Authors, the Royal Society of Literature, thePublishers Association, the Booksel<strong>le</strong>rs Association,Campaign for the Book, the Chartered Institute of Libraryand Information Professionals (CILIP) and the Society ofChief Librarians (SCL). Un inventaire à la Prévert, auquel<strong>le</strong> Guardian ajoute d'autres encore, pour montrer à quelpoint la mobilisation est à la hauteur du danger.Mais quel est-il ? Tout simp<strong>le</strong>ment celui <strong>de</strong>s coupures budgétairesqui menacent <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong>s établissements.« Même ceux qui ne <strong>le</strong>s utilisent régulièrement se préoccupent<strong>de</strong> ce qui <strong>le</strong>ur arrive parce qu'ils reconnaissent <strong>le</strong>urutilité. Qu'el<strong>le</strong>s sont là pour assurer que tout un chacunpuisse accé<strong>de</strong>r à la culture, la scolarité, aux livres et auxQue la situation <strong>de</strong>vienne économique tendue dans <strong>le</strong> pays,c'est une chose, mais 40 % <strong>de</strong> la population anglaise utilise<strong>le</strong>s bibliothèques publiques, explique Roy Clarke,directeur du Museums, Libraries and Archives Council.Par conséquent, <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> personnes comptent sur cesouvertures et <strong>le</strong>urs services pour profiter <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs rayonnages.Et d'internet, entre autres.Et d'ajouter : « Malheureusement, ce que nous avons vu ces<strong>de</strong>rniers mois, ce sont <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> qui réduisent<strong>le</strong>s horaires d'ouverture, coupent <strong>le</strong>s budgets pour acheter<strong>de</strong>s livres, ce qui indiquent qu'ils souhaitent fermer <strong>le</strong>spetites bibliothèques. » À ce rythme-là, fermeture <strong>de</strong> mil<strong>le</strong>établissements dans <strong>le</strong>s trois prochaines années est assurée...C.M.19


Around the worldInternationalAmazon aime casser <strong>le</strong>s prix et saigner <strong>le</strong>s éditeursSon but ? vendre tous <strong>le</strong>s e-books à 9,99$App<strong>le</strong> a contre-attaqué avec <strong>le</strong> contrat d'agence,rapi<strong>de</strong>ment rejoint par Hachette. Ce qui n'est paspour plaire à <strong>de</strong> nombreux distributeurs, particulièrementAmazon, <strong>le</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s petits prix. Il fallait régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>domaine <strong>de</strong> l'ebook, ça ne pouvait pas se faire sans heurts.C'est parti.Le contrat d'agence par App<strong>le</strong>, c'est l'aubaine, la bouée <strong>de</strong>sauvetage attendue par <strong>le</strong>s éditeurs. En clair, <strong>le</strong>s éditeursfixent <strong>le</strong>ur prix (dans une certaine marge décidée par App<strong>le</strong>)et la société à la Pomme <strong>le</strong>s vend tels quels sur l'iBookstore.Mieux, tous <strong>le</strong>s autres distributeurs doivent aussi respecterce prix. Hachette a sauté sur l'occasion. Et a annoncé dansla foulée qu'ils feraient respecter ce contrat partout,Royaume-Uni compris.Anarchy in the UKC'est là que <strong>le</strong> bât b<strong>le</strong>sse. Beaucoup <strong>de</strong> distributeurs anglaisn'ont aucune envie d'expérimenter <strong>le</strong> prix fixé parl'éditeur. Waterstone's, Tesco, WH Smith et The BookDepository ont tout simp<strong>le</strong>ment arrété <strong>de</strong> vendre <strong>le</strong>s livresHachette. C'est maintenant Amazon UK qui est monté aucréneau, par <strong>le</strong> biais d'un email adressé à ses clients sur<strong>le</strong> forum Kind<strong>le</strong>.« Nous pensons que <strong>le</strong>s éditeurs vont augmenter <strong>le</strong>s prix <strong>de</strong>sebooks au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'acceptab<strong>le</strong>. Pour plusieurs raisons,nous pensons que cette approche est dangereuse, pour <strong>le</strong>sauteurs, distributeurs, et éditeurs. Nous continuerons <strong>de</strong>nous battre contre <strong>de</strong>s prix é<strong>le</strong>vés pour <strong>le</strong>s ebooks auRoyaume-Uni ». Amazon a aussi déclaré que <strong>le</strong>s ventesd'ebook sous contrat d'agence aux États-Unis sur <strong>le</strong>ur plateformeétaient 50 % moins hautes que cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s autresdistributeurs US. Et qu'en contrepartie, Amazon US étaiten p<strong>le</strong>ine croissance.Bien sûr, il est évi<strong>de</strong>nt qu'en gardant <strong>de</strong>s prix aussi bas,Amazon va vendre. Mais combien <strong>de</strong> temps encore pourront-ilsrésister ? Amazon ne peut se retrouver en situation<strong>de</strong> monopo<strong>le</strong>, et ne peut se retrouver sans éditeurs. Lancer<strong>le</strong> débat sur la place publique... Est-ce là <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier râ<strong>le</strong>d'une bête aux abois ?L'ebook est une révolution dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> littéraire. Révolutionqui n'est pas encore terminée, loin <strong>de</strong> là, certains payscomme la France n'ayant pas encore été gagnés par la fièvrenumérique. Mais comme <strong>le</strong> livre numérique est, tout porteà <strong>le</strong> croire, à l'aube d'une longue vie, il faut maintenantposer <strong>le</strong>s bases à long terme. Il va en décou<strong>le</strong>r, commepour toute révolution, une pério<strong>de</strong> troub<strong>le</strong>, ou plusieurs régimesseront expérimentés. Peut-être <strong>le</strong> contrat d'agence,bien qu'autoritaire, est-il nécessaire dans un premier tempspour retrouver un peu d'ordre... et d'entente cordia<strong>le</strong>.R.T.Source : FutureBookEspagneLibranda, la plateforme espagno<strong>le</strong> pour e-book : mort-né ou fiasco ?Entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux, <strong>le</strong> choix reste assez mince...Les temps sont durs, <strong>le</strong>s livres numériques se multiplient,mais manifestement <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong>s Pyrénées,la presse se déchaîne contre la plateforme Libranda, et <strong>le</strong>sintentions <strong>de</strong>s sociétés qui la poussent...Ce ne sera pas tombé dans l'oreil<strong>le</strong> d'un sourd : <strong>le</strong>s journalistesespagnols seraient pires que ceux <strong>de</strong> la rédaction !Il paraîtrait même que lorsque Libranda est arrivée, ilsont tiré à bou<strong>le</strong>ts rouges contre la plateforme dédiée à lavente <strong>de</strong> livres numériques... Avec quelques recherches,ce ne sont pas simp<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s bou<strong>le</strong>ts rouges, mais plutôt<strong>de</strong>s missi<strong>le</strong>s atomiques...Libranda, pour mémoire, représente un consortium <strong>de</strong>sociétés : Planeta, qui en détient 30 %, Random HouseMondadori, Santillana, Wolters Kluwer, SM, Grup62,Roca Editorial, Anagram, Ediciones Ediciones Maeva etSiruela. Avec el<strong>le</strong>s, huit boutiques en ligne qui proposent<strong>le</strong>ur catalogue. Il y avait 1130 ebooks en juil<strong>le</strong>t, au lancement,il y en a 8000 <strong>de</strong> prévus en fin d'année.Poussez pas mémé dans <strong>le</strong>s e-ortiesMais voilà : faut pas prendre <strong>le</strong> consommateur espagnolpour une paëlla faisandée. En matière <strong>de</strong> pouvoir d'achat,on ne la lui fait pas et 20 % voire 30 % <strong>de</strong> réduction sur <strong>le</strong>prix d'un livre numérique, ça fait rugir dans <strong>le</strong>s canardsdu pays. Depuis <strong>le</strong> lancement, Publico.es a donné <strong>le</strong> ton :trop chers, clairement.Mais la suite est d'autant plus hilarante, que commune auxéditeurs du Vieux Continent. On trouve en effet <strong>de</strong>s fichierstruffés <strong>de</strong> DRM, même si cela ne sert absolument à rien,au moins l'éditeur est rassuré. Quand on lui dit que <strong>de</strong>la sorte, on combat <strong>le</strong> piratage, lui qui n'en a qu'une visionparcellaire, souvent inhérente à cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la musique,il est rassuré.eMarasmeL'autre écueil, c'est l'achat <strong>de</strong> livres numériques. Ici, onsemb<strong>le</strong> replonger dans <strong>le</strong> marasme où barbote l'applicationE<strong>de</strong>n Livres pour iPad... Libranda, <strong>de</strong> la même manière,ne vend pas directement <strong>de</strong> livres numériques : on doitse connecter pour acheter dans l'une <strong>de</strong>s huit boutiquesprésentes. Une comp<strong>le</strong>xité lour<strong>de</strong>, épuisante, qui faitmême dire que Libranda est un fiasco, tout simp<strong>le</strong>ment.Pour certains, si l'objectif était que <strong>le</strong> livre numérique nedécol<strong>le</strong> pas en Espagne, on est dans la parfaite perspective.Si l'on en<strong>le</strong>vait <strong>le</strong> prix, <strong>le</strong>s verrous numériques, l'achatd'une terrib<strong>le</strong> lour<strong>de</strong>ur, il resterait encore <strong>le</strong> catalogue dérisoire.Non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> portail arrive avec <strong>de</strong>s années<strong>de</strong> retard (coucou, on nous prépare la même chose enFrance avec un truc nommé 1001 libraires...), mais en plusl'utilisation <strong>de</strong> Libranda fait conclure à une seu<strong>le</strong> chose :il est plus faci<strong>le</strong> <strong>de</strong> pirater que <strong>de</strong> télécharger léga<strong>le</strong>ment.Un produit mort-né, n'hésite pas à commenter un blogueur.20


Ang<strong>le</strong>terreHercu<strong>le</strong> Poirot n’était qu’une vache à laitAgatha Christie était fatiguée <strong>de</strong> son personnageHercu<strong>le</strong> Poirot est l'un <strong>de</strong>s personnages <strong>le</strong>s plus célèbres<strong>de</strong> la romancière britannique Agatha Christie.Le retraité <strong>de</strong> la police belge apparaît dans pas moins <strong>de</strong>33 romans et 51 nouvel<strong>le</strong>s.Mais selon <strong>le</strong> petit-fils d'Agatha Christie, MathewPritchard, qui s'est confié au magazine Radio Times, laromancière aurait bien volontiers fait disparaître sonpersonnage, si agents et éditeurs n'avaient pas fait pressionpour gar<strong>de</strong>r en vie cette « vache à lait ».« Ses agents et ses éditeurs, qui tenaient <strong>le</strong>s cordons <strong>de</strong> labourse, étaient très enthousiasmés par Poirot : c'était <strong>le</strong>personnage <strong>le</strong> plus populaire ». Quand à l'auteur <strong>de</strong>s DixPetits Nègres, « el<strong>le</strong> n'était jamais à court d'idées pour seslivres, mais certaines d'entre el<strong>le</strong>s n'allaient pas avec<strong>le</strong> personnage <strong>de</strong> Poirot. El<strong>le</strong> tenait vraiment à écrired'autres histoires, avec d'autres personnages ». AgathaChristie aurait même voulu réaliser un « auto-exorcisme »pour se débarrasser du héros du Crime <strong>de</strong> l'OrientExpress (1934), fatiguée d'écrire « encore un Poirot ».Selon <strong>le</strong> Guinness World Records, Agatha Christie estl'auteur <strong>le</strong> plus vendu <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s temps, avec plus <strong>de</strong><strong>de</strong>ux milliards <strong>de</strong> livres écoulés. Hercu<strong>le</strong> Poirot, apparudans la Mystérieuse affaire <strong>de</strong> Sty<strong>le</strong>s, est l'un <strong>de</strong>s personnages<strong>le</strong>s plus célèbres <strong>de</strong> l'écrivain, avec la BritanniqueMiss Marp<strong>le</strong>.R.T.Source : The In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>ntAround the worldAphorismesCe qu’el<strong>le</strong> préférait c’était <strong>le</strong>s buffets d’intel<strong>le</strong>ctuels.Pendant qu’ils discutaient, el<strong>le</strong> se gavait <strong>de</strong> canapéset <strong>de</strong> tarte<strong>le</strong>ttes.La littérature est-el<strong>le</strong> solub<strong>le</strong> dans l’eau ? La question luiparut dérisoire, incongrue, pour tout dire ridicu<strong>le</strong>, jusqu’aujour où il oublia son <strong>de</strong>rnier manuscrit sous la pluie.Jeune écrivain, il reçut sa première <strong>le</strong>ttre <strong>de</strong> <strong>le</strong>cteur.Il la classa dans une grosse chemise cartonnée où il inscrivit“Lecteurs”. Le “s” s’avéra <strong>de</strong> trop.Montre-moi <strong>le</strong> clavier <strong>de</strong> ton ordinateur, je te dirai quitu es. La touche du point d’interrogation est plus usée chez<strong>le</strong>s hésitants.Son livre s’intitulait “Je ne changerai jamais”. Son éditeurlui <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> modifier <strong>le</strong> titre. Il accepta.Il faut avoir la lucidité et <strong>le</strong> courage <strong>de</strong> s’arrêter <strong>de</strong> créerquand on commence à décliner. À 16 ans, j’ai bien vu que jen’avais plus l’allant <strong>de</strong> mes débuts.Il fit tant pour <strong>de</strong>venir anonyme qu’il finit par attirerl’attention et <strong>de</strong>vint célèbre : “L’homme qui voulait resteranonyme”.Denis Langlois21


Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’HibouqFnacBook, <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur tacti<strong>le</strong> <strong>de</strong> FNAC en précomman<strong>de</strong>Et <strong>le</strong>s stocks seront à la hauteur <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>sIl ne coûte que 199 €, est déjà disponib<strong>le</strong> en précomman<strong>de</strong>,et se connecte en 3G grâce à SFR,gratuitement, ou en WiFi.Le FnacBook est la réponse <strong>de</strong> FNAC à la futureoffre <strong>de</strong> Chapitre et France Loisirs au téléchargement<strong>de</strong> livres numériques.Présenté hier à la presse, <strong>le</strong> FnacBook, au nom probab<strong>le</strong>mentassez mal choisi, pour son évocation tropcorporate propose d’acheter directement l’un <strong>de</strong>s80.000 ebooks <strong>de</strong> l’ebookstore <strong>de</strong> FNAC, directementen sans-fil. Nous attendons encore <strong>de</strong> pouvoirtester cette fonctionnalité avant <strong>de</strong> nous prononcersur l’ergonomie et l’expérience utilisateur, maisdans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s précomman<strong>de</strong>s sont ouvertes.La FNAC a assuré que dans ce domaine, <strong>le</strong>s stocksdisponib<strong>le</strong>s seraient en mesure <strong>de</strong> gérer la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>- sans cependant évoquer <strong>de</strong> chiffres pour permettre<strong>de</strong> se faire une idée <strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong> la société, que cesoit en termes <strong>de</strong> ventes ou <strong>de</strong> téléchargements.En partenariat avec Sagem, qui avait présenté sonmodè<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Bin<strong>de</strong>r, durant <strong>le</strong> Mobi<strong>le</strong> World Congress,en mars <strong>de</strong>rnier, alors qu’il n’était encore qu’unprototype, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> est ici vendu en marque semiblancheau profit du ven<strong>de</strong>ur français.Christophe Cuvillier, directeur général <strong>de</strong> la FNAC,avait, durant la conférence, tenu à rassurer tout unchacun : pour sa boutique, décrite comme <strong>le</strong> plusgrand libraire <strong>de</strong> France, « l’imprimé et <strong>le</strong> numériquene sont pas antinomiques, mais complémentaires».Problématique <strong>de</strong>s tarifsEt <strong>de</strong> soutenir <strong>le</strong>s éditeurs et organisations professionnel<strong>le</strong>sdans <strong>le</strong>ur combat. Selon FNAC, <strong>le</strong>sattentes <strong>de</strong>s consommateurs en termes <strong>de</strong> tarifs sur<strong>le</strong>s livres numériques ne sont en effet pas en adéquationavec <strong>le</strong>s réalités <strong>de</strong>s coûts pour <strong>le</strong>s éditeurs.Pour autant, GfK a pu déterminer <strong>le</strong>s attentes <strong>de</strong>sconsommateurs dans <strong>le</strong> domaine. Pour un livrepapier, ces <strong>de</strong>rniers acceptent <strong>de</strong> payer jusqu’à 18 €en moyenne, mais <strong>le</strong> prix maximum estimé, et pourque l’acte d’achat soit acceptab<strong>le</strong>, pour un ebook,bascu<strong>le</strong> en revanche à 7 €...• Hauteur : 153 mm• Largeur : 123,51 mm• Épaisseur : 11,38 mm• Poids : 240gr• Technologie SiPix• Zoom, accéléromètre• Écran tacti<strong>le</strong>• Lecteur MP3• 3G gratuit (France Métropolitaine)et Wi-fi (pas besoin d’ordinateur)• 15 jours d’autonomie• 2 000 livres en stockage(extensib<strong>le</strong> jusqu’à 20 000 livres)• 50 titres préchargés22


Cela <strong>de</strong>viendra-t-il unetradition chez <strong>le</strong>sNobel <strong>de</strong> littérature, que <strong>de</strong>déplorer, voire condamnerl'univers numérique qui <strong>le</strong>sentoure fait aujourd'huitant <strong>de</strong> dégâts ? Peut-être.Personnen'aoublié <strong>le</strong> cinglant plaidoyer <strong>de</strong> Doris Lessing,Nobel <strong>de</strong> 2007, contre internet et la junk culture. Eh bientout fraîchement nobelisé, Mario Vargas Llosa, qui ne s'yattendait pas, a fait part <strong>de</strong> ses appréhensions sur la dimensionnumérique, avec un point <strong>de</strong> vue cependantbien plus sobre. « Mon espoir est que la nouvel<strong>le</strong> technologiene banalise pas <strong>le</strong> contenu d'un livre », assure <strong>le</strong>romancier <strong>de</strong> 74 ans.Attention à ne pas perdre l'oeuvrePour <strong>le</strong> moment, <strong>le</strong> numérique n'a pas trop bousculé savie. En tout cas, en France comme partout dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>,on ne trouve qu'un exemplaire ou <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> son oeuvreen version ebook. Et si <strong>le</strong> prix Nobel ne changera ni son« La littérature garante <strong>de</strong> notre liberté,gare aux technologies» (Vargas Llosa)Le Nobel vient <strong>de</strong> fraichement donner <strong>le</strong> ton...écriture, ni sa vie - il continuera d'écrire, c'est promis - ilconsidère qu'il existe un véritab<strong>le</strong> danger d'appauvrissement<strong>de</strong> la culture, au contact <strong>de</strong>s nouveaux appareils,dont on fait plus grand cas que <strong>de</strong>s oeuvres qu'ils permettent<strong>de</strong> lire.S'il reconnaît ce changement comme inévitab<strong>le</strong>, VargasLlosa ignore pour l'instant s'il s'en réjouit. « Mon idée <strong>de</strong>ce qu'est un livre est cel<strong>le</strong> du livre papier. » Dans tous <strong>le</strong>scas, il faut que la littérature reste connectée à l'humain, àl'essentiel <strong>de</strong> ce qui fait notre existence, à nos problématiques.« Je pense qu'il y a un danger <strong>de</strong> paupérisationpar la technologie <strong>de</strong>s contenus <strong>de</strong>s livres. Mais cela dépendaussi <strong>de</strong> nous : si nous voulons gar<strong>de</strong>r la littératurecomme ce qu'el<strong>le</strong> est, son avenir est entre nos mains. »La littérature, notre libertée, notre avenirL'enseignant <strong>de</strong> philosophie <strong>de</strong> la littérature à Princetonajoute un vibrant hommage à la chose livresque, rapportel'AFP. « La <strong>le</strong>cture doit être encouragée auprès <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>sgénérations et <strong>le</strong>s jeunes en particulier doivent êtreconvaincus que la littérature n'est pas juste l'acquisition<strong>de</strong> connaissances, que la littérature n'est pas un simp<strong>le</strong>Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Hibouqmoyen pour accumu<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s notions ou <strong>de</strong>s idées, maisqu'el<strong>le</strong> représente un plaisir immense. »La bonne littérature, ajoute-t-il, est fondamenta<strong>le</strong> pourque nous puissions vivre notre futur en toute liberté.« Rien ne réveil<strong>le</strong> tant l'esprit critique dans une sociétéque la bonne littérature. C'est pourquoi la premièrechose que tous <strong>le</strong>s régimes dictatoriaux tentent <strong>de</strong> faire,qu'importe <strong>le</strong>ur orientation, est d'imposer une censure.Ils tentent <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>r ce qui est la vie même <strong>de</strong> la littérature,parce qu'ils voient dans la vie littéraire <strong>le</strong>s graines<strong>de</strong> dangers contre <strong>le</strong> pouvoir. » Et <strong>de</strong> conclure quela littérature saine, en éveillant l'esprit critique, fabrique<strong>de</strong>s citoyens <strong>le</strong>ttrés qui sont en effet moins commo<strong>de</strong>s àmanipu<strong>le</strong>r que <strong>le</strong>s autres...À l'égard d'internet, on pourra reprendre <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s <strong>de</strong>Le C<strong>le</strong>zio, particulièrement optimiste...N.G.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en e-books piratés en hausse ? Pas si vite...Petite contre-analyse pour expliquer combien <strong>le</strong>s sociétés vendant<strong>de</strong> la peur méritent que l’on croise ses sourcesL'inédit, l'improbab<strong>le</strong>, l'impensab<strong>le</strong> : <strong>de</strong>s versionsnumériques <strong>de</strong> livres contrefaits, jetées en patureaux logiciels <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> fichiers... l'édition venait <strong>de</strong>rencontrer sa bête noire : <strong>le</strong> piratage.Depuis plusieurs années, la préoccupation majeure<strong>de</strong>s maisons s'est axée sur la protection <strong>de</strong>sebooks, avec une réponse forte : DRM. Sur <strong>le</strong>modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> la musique et du film - dans <strong>le</strong>urspremiers temps numériques -, tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>s'engouffre dans cette voie. Combattre <strong>le</strong>sBitTorrents, <strong>le</strong>s eMu<strong>le</strong> et consorts <strong>de</strong>vient uneobsession. Et l'occasion <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s sociétéscomme Attributor proposer <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>surveillance <strong>de</strong>s réseaux... aboutissant à <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s saugrenues.Combattre <strong>le</strong> pavillon noir à tête <strong>de</strong> mortD'autre part, <strong>le</strong>s appels contre <strong>le</strong> piratage pourtraquer <strong>le</strong>s flibustiers se multiplient un peupartout. Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Macmillan, en janvier,aurait presque remplacé <strong>le</strong>s voeux <strong>de</strong> bonneannée, par un manifeste passionné. Soit <strong>le</strong>s éditeurs semobilisent, soit <strong>le</strong>s pirates <strong>le</strong>ur feront passer <strong>de</strong> sinistresheures, au point <strong>de</strong> ruiner toute la création et l'entreprisequi la soutient...On avait ainsi vu un Attributor affirmer que <strong>le</strong> piratage<strong>de</strong> livres coûtait aux éditeurs 3 milliards $ annuel<strong>le</strong>ment.C'est pas croyab<strong>le</strong> ! Et justement, en revenant sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnierrapport en date d'Attributor, Te<strong>le</strong>Read propose une<strong>le</strong>cture un peu plus nuancée, et surtout, moins alarmiste.On va tous mourir, ou presqueSelon <strong>le</strong>s données présentées, tous <strong>le</strong>s voyants seraient aurouge. On se <strong>de</strong>mandait même si <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> n'allait pass'écrou<strong>le</strong>r peu après. À une nuance près : Attributora basé ses recherches sur un seul outil :Goog<strong>le</strong> Trends, qui mesure la fréquence <strong>de</strong>stermes recherchés via <strong>le</strong> moteur <strong>de</strong> recherche.Il suffit donc qu'un internaute saisisse ebookavec free et download, ajoutés au nom du livreet hop, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en matière <strong>de</strong> piratage augmente,selon Attributor. Certes, mais si <strong>le</strong> livreétait une oeuvre libre <strong>de</strong> droit ?Mieux : si l'utilisateur avait ajouté Torrent, pourêtre redirigé vers <strong>le</strong> réseau <strong>de</strong> partage, justementafin <strong>de</strong> trouver son ebook libre <strong>de</strong> droit et <strong>le</strong>télécharger plus rapi<strong>de</strong>ment ? Eh bien, hop, <strong>de</strong>même, c'est la fin <strong>de</strong>s haricots, <strong>le</strong>s pirates aurontnotre peau. Du moins explique Attributor,société spécialisée dans la surveillance <strong>de</strong> lacontrefaçon <strong>de</strong> fichiers pour <strong>le</strong>s éditeurs...Eh oui, tout <strong>de</strong> même...Ou alors, on <strong>de</strong>vrait ouvrir <strong>le</strong>s yeux ?La contre-expertise s'impose. Et el<strong>le</strong> fait un peu mal,parce qu'el<strong>le</strong> permet d'annoncer tout <strong>le</strong> contraire <strong>de</strong> cequ'Attributor présente. En partant <strong>de</strong> cette recherche, onpeut voir qu'en effet <strong>le</strong> mot ebook associé à un nom <strong>de</strong>site <strong>de</strong> partage ou <strong>de</strong> réseau a pas mal augmenté <strong>de</strong>puisla fin 2004.En affinant même la recherche avec <strong>le</strong>s termes ebookspirated, on aboutit à un contre-intérêt : <strong>le</strong>s recherchesbaissent complètement, inlassab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>puis mars ouavril... 2008. Et n'ont jamais cessé <strong>de</strong> baisser jusqu'en mai<strong>de</strong> cette année. Et pour cause : <strong>de</strong> plus en plus d'offres,<strong>de</strong>s plateformes <strong>de</strong> vente léga<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s sorties d'appareils<strong>de</strong> <strong>le</strong>cture qui se sont multipliées... Autant d'élémentsqui permettraient <strong>de</strong> comprendre que <strong>le</strong>s consommateursaient délaissé <strong>le</strong>s ebooks contrefaits, pour profiter <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong> ce qui est vendu...Moralité ?En tout cas, voilà <strong>de</strong> quoi se souvenir que <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>urs- et <strong>le</strong>s oiseaux <strong>de</strong> mauvais augure - sont plus souvent <strong>le</strong>spayés, que <strong>le</strong>s payeurs...N.G.23


Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’HibouqFrance Loisirs et Chapitre lancent l’Oyo, <strong>le</strong>cteur e-bookLa France se lance enfin dans <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur numériqueOyo veut être la révolutiondu mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteursebooks. Petit, simp<strong>le</strong>, efficace etpas cher.Commençons par <strong>le</strong>s dimensions :moins <strong>de</strong> 16 cm, pour 240 g, cequi est moins que <strong>le</strong> Kind<strong>le</strong>d'Amazon. L'appareil propose 2G<strong>de</strong> mémoire, plus la possibilité <strong>de</strong>rajouter une carte SD. Il disposeen outre d'une batterie conséquente, <strong>de</strong> 8000 pages environ.Le <strong>le</strong>cteur Oyo est au niveau <strong>de</strong> ce qu'il se fait <strong>de</strong> mieuxsur <strong>le</strong> marché <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs ebooks purs et durs. Un écrantacti<strong>le</strong> 6 pouces, epaper (ce qui entend que vous pourrezlire en p<strong>le</strong>in so<strong>le</strong>il) avec 16 échel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gris. L'appareilprend en compte <strong>le</strong>s formats classiques, EPUB, PDF, Textet Word. Il possè<strong>de</strong> une mémoire d'environ 1500 livres.Niveau technique, rien à redire donc. Le prix est fixé à149 €. France Loisirs et Chapitre l'annoncent comme <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur prix du marché. Petite précision : en France. LesKind<strong>le</strong>, Nook et Kobo sont déjà <strong>de</strong>scendus en <strong>de</strong>ssous.Qu'à cela ne tienne, c'est un prix très attractif pour uneliseuse à écran tacti<strong>le</strong>, et qui plus est est soutenu par <strong>le</strong>contenu chapitre.com.Le <strong>le</strong>cteur est Wi-Fi et à l'instar <strong>de</strong>s plus grands, disposedonc sa propre librairie, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Chapitre.com,accessib<strong>le</strong> <strong>de</strong>puis l'appareil. Même mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnementqu'Amazon, on se connecte, on achète, on télécharge.Le plus étant que l'Oyo est disponib<strong>le</strong> à la ventedans toutes <strong>le</strong>s librairies France Loisirs, plus toutescel<strong>le</strong>s affiliées Chapitre.com.C'est une première en France, qui en outre se place auniveau <strong>de</strong>s meil<strong>le</strong>urs. Mais ce ne <strong>de</strong>vrait être qu'un début,un FnacBook étant attendu. On vous éclaircira sur cepoint sous peu.L'Oyo <strong>de</strong>vrait être disponib<strong>le</strong> à partir du 28 octobre,une version 3G est attendue fin 2010 début 2011.Un coup<strong>le</strong> Amazon / Kind<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s librairies françaisesLes ebookstores liés au prochain appareil <strong>de</strong> Bookeen, <strong>le</strong> Cybook OrizonAujourd’hui, <strong>le</strong> fonctionnement d’Amazon avec <strong>le</strong>Kind<strong>le</strong> est simp<strong>le</strong> : un appareil lié à un ebookstore.Simp<strong>le</strong>, mais assez diab<strong>le</strong>ment restrictif, puisqu’entreautres, <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur ebook d’Amazon ne lira que <strong>le</strong>s fichiersau format Amazon. Pas <strong>de</strong> ePub, donc. En revanche, cesystème a inspiré <strong>le</strong>s Franaçs <strong>de</strong> Bookeen et ePagine, puisquel’un et l’autre ont lié un accord autour <strong>de</strong>s librairiesen ligne gérées par ePagine et du <strong>de</strong>rnier modè<strong>le</strong> <strong>de</strong>Bookeen, l’Orizon.Créer un environnement Amazon, à la françaiseL’enjeu est simp<strong>le</strong> : tout appareil acheté dans une boutiquephysique ou en ligne sera estampillée du nom <strong>de</strong> la boutiqueet dès lors que l’on lancera <strong>le</strong> navigateur <strong>de</strong> l’Orizon,s’ouvrira alors la page <strong>de</strong> l’ebookstore lié à la librairie.Pour exemp<strong>le</strong>, si un consommateur passe au Furet duNord dans quelques jours, quand sera mis en vente <strong>le</strong><strong>le</strong>cteur ebook, il achètera son Orizon pour 229 € et aumoment <strong>de</strong> l’achat, un petit message parviendra auxserveurs <strong>de</strong> Bookeen qui règ<strong>le</strong>ront alors <strong>le</strong>s données <strong>de</strong>l’appareil sur la boutique du Furet du Nord en ligne.Gérée par ePagine. Tout est pour <strong>le</strong> mieux dans <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s.En effet, d’un côté on fidélise <strong>le</strong> client, en connectantl’appareil à la boutique, quand <strong>de</strong> l’autre, on familiarise<strong>le</strong>s consommateurs à ce modus operandi très proche <strong>de</strong>celui d’Amazon. Cependant, la métho<strong>de</strong> est tout <strong>de</strong> mêmemoins rigi<strong>de</strong>. Ainsi, <strong>le</strong>s clients achetant un Orizon pourronttoujours contacter <strong>le</strong> service après-vente <strong>de</strong> ePaginepour faire modifier <strong>le</strong> lien entre l’appareil et la boutiqueen ligne. Dès lors, on pourra lier son appareil à un autreebookstore. Il ne serait pas possib<strong>le</strong>, en revanche, <strong>de</strong> réaliserl’opération tout seul.Des partenariats essentielsIl faudra donc que la boutique physique ou en ligneven<strong>de</strong> <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur <strong>de</strong> Bookeen, tandis que d’un autre côté,la cyberlibrairie <strong>de</strong>vra être gérée par ePagine pour quel’ensemb<strong>le</strong> fonctionne. Même 1001libraires.com seraintégré à cette offre, puisque fina<strong>le</strong>ment ePagine en estpartenaire.Et d’un autre côté, <strong>le</strong>s questions <strong>de</strong> données personnel<strong>le</strong>s et<strong>le</strong>ur gestion font évi<strong>de</strong>mment tiquer. Quand <strong>de</strong>s Oyo sontbloqués sur la boutique en ligne <strong>de</strong> Chapitre.com, ou que<strong>le</strong> Sagem est bloqué sur la boutique FNAC, <strong>le</strong>s donnéestransitent simp<strong>le</strong>ment entre la machine et l’ebookstore.Si l’on peut faire modifier à la volée <strong>le</strong>s liens entre l’Orizonet <strong>le</strong>s librairies d’ePagine, la question se pose <strong>de</strong> savoir oùseront stockées <strong>le</strong>s informations précé<strong>de</strong>mment données.Nous <strong>de</strong>vrions avoir plus <strong>de</strong> réponses sur ce sujet dèslundi.Enfin, un problème se pose dans l’ensemb<strong>le</strong> : Bookeen<strong>de</strong>vrait avoir besoin d’ouvrir sa propre librairie en ligne,pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> fiabilité et d’image à l’étranger.Comment <strong>le</strong>s éditeurs - et par extension, <strong>le</strong>s libraires déjàen ligne - prendront cette initiative, cela reste encoreà découvrir…24


Le livre numérique a son laboratoire d’observation, ElabZEmmené par un trio soli<strong>de</strong> !Deux perspectives nettes sont ouvertes à travers ElabZ.Explorer en premier lieu l’offre et la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> livresnumériques dans ses <strong>de</strong>ux vo<strong>le</strong>ts : léga<strong>le</strong> et pirate ; étudierpar ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s mécanismes <strong>de</strong> l’intermédiation, autrementdit <strong>le</strong>s modalités <strong>de</strong> mise en relation <strong>de</strong> l’internauteavec <strong>le</strong>s livres (blogs, réseaux sociaux, moteurs <strong>de</strong> recherche,sites...)Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’HibouqMOTif, ElabZ se veut une approche nouvel<strong>le</strong> - et inédite,ou peu s'en faut - concernant <strong>le</strong> regard porté sur <strong>le</strong> secteur<strong>de</strong> l'ebook. « Nous ne sommes pas pour nous positionneren faveur ou contre Hadopi, nous cherchons avant tout àobserver et donner aux acteurs <strong>de</strong> l'édition <strong>de</strong>s élémentspour comprendre cet univers », précisait Vincent Monadé,directeur du MOTif.Parce qu'il <strong>de</strong>vient essentiel <strong>de</strong> pouvoir s'appuyer sur<strong>de</strong>s informations sérieuses et <strong>de</strong>s analyses pertinentes,<strong>le</strong> MOTif a récidivé sur étu<strong>de</strong> EbookZ, publiée l'anpassé et touchant au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'ebook, à travers la visiondu piratage.Mais pour prolonger la réf<strong>le</strong>xion autant que l'observation<strong>de</strong> ce secteur, l'Observatoire du livre en Î<strong>le</strong>-<strong>de</strong>-Francevient d'ouvrir son laboratoire : ElabZ. Une vocationd'étudier, mais éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> « décrypter <strong>le</strong>s usages <strong>de</strong> laconsommation <strong>de</strong> livres numériques », précise <strong>le</strong> MOTif.Un outil servant éga<strong>le</strong>ment à la prospective, qui se veutun programme <strong>de</strong> recherche, « un work in progress parnature », précise Céci<strong>le</strong> Moscovitz, responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s au MOTif.Évi<strong>de</strong>mment, ces <strong>de</strong>ux pans sont intrinsèquement liés,mais pour <strong>le</strong> moment, seul l'aspect consommation a étédévoilé. Sur <strong>le</strong> pan <strong>de</strong> l'intermédiation, on notera <strong>le</strong>sintentions : « L’objectif est <strong>de</strong> dresser une typologie, surun périmètre français, <strong>de</strong>s sites et blogs concernés et <strong>de</strong>constituer ainsi une base <strong>de</strong> flux RSS et d’extracteurs adhoc afin d’analyser <strong>le</strong>s corpus textuels <strong>de</strong> ces sources.Les sources pourront inclure à minima <strong>de</strong>s blogs, <strong>de</strong>sartic<strong>le</strong>s issus <strong>de</strong> la presse en ligne et d’autres lieux <strong>de</strong> laproduction <strong>de</strong> l’intermédiation à i<strong>de</strong>ntifier (hormis <strong>le</strong>ssites d’éditeur). »Et bien sûr <strong>le</strong>s éléments seront rafraîchis régulièrement etdans quelques semaines <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s données seront communiquées.Mathias Daval, déjà présent pour EbookZ,Rémi Dounie et Céci<strong>le</strong> Moscovitz, ont tous trois pris partà cette création.Présenté aujourd'hui par Serge Guérin, prési<strong>de</strong>nt duLe mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'édition emploie 20.000 personnes, précisaitSerge Guérin, <strong>le</strong>s enjeux professionnels sont doncimportants. « Aujourd'hui, on investit dans <strong>le</strong> dur, dans<strong>le</strong>s machines, au détriment du soft, c'est-à-dire <strong>le</strong>sauteurs, qui sont laissés pour compte, dans l'environnementnumérique. »Et <strong>le</strong> téléchargement illégal <strong>de</strong> livres est lié inévitab<strong>le</strong>mentà la rémunération <strong>de</strong>s auteurs - moins, assurément,parce que <strong>le</strong>s oeuvres téléchargées sont <strong>de</strong>s ventes enmoins, que parce que l'offre numérique actuel<strong>le</strong> est loin<strong>de</strong> répondre aux attentes <strong>de</strong>s potentiels clients, pourrions-nousrajouter.Laissons toutefois la conclusion au prési<strong>de</strong>nt : « En interrogeant<strong>le</strong>s usages, ElabZ va chercher à mieux comprendre<strong>le</strong>s logiques <strong>de</strong> fonctionnement. Et à ce titre,permettre <strong>de</strong> reconstruire une économie. »BrèvesLarsson et Meyer, stars <strong>de</strong>s bibliothèquesIls persistent, <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux romanciers, àgar<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures places dans <strong>le</strong>téléchargement <strong>de</strong> livres numériques etaudio. Selon <strong>le</strong> classement <strong>de</strong> OverDrive,Stephenie Meyer règne sur <strong>le</strong>s ebooks etStieg Larsson sur <strong>le</strong>s audiobooks. Et çafait <strong>de</strong>s semaines...http://www.actualitte.com/actualite/21904-ebooks-audiobooks-te<strong>le</strong>chargementbibliotheques-larsson.htmQuand Goog<strong>le</strong> Books profite à EuropeanaL'université Gand <strong>de</strong> Belgique est lapremière d'Europe dont <strong>le</strong> fonds numérisépar Goog<strong>le</strong> Books a été raccordé à labibliothèque en ligne, Europeana. 100.000volumes <strong>de</strong> plus et 30 millions <strong>de</strong> pages.Bienvenue !http://www.actualitte.com/actualite/21761-universite-gand-europeana-numerisergoog<strong>le</strong>.htmLa culture en Europe par <strong>le</strong>s livresC'est la campagne impulsée parEuropeana. Ce n'est pas seu<strong>le</strong>ment “unaccès privilégié vers <strong>de</strong>s canons littéraires,mais propose éga<strong>le</strong>ment une approchepertinente vers <strong>de</strong>s oeuvres moinsconnues du public.http://www.theeuropeanlibrary.org/exhibition-reading-europe/in<strong>de</strong>x.htmlAnne Rice contre <strong>le</strong> christianismeI quit. C'est laconique, voire lapidaire,mais Anne Rice annonçant qu'el<strong>le</strong> renonceau christianisme génère plus <strong>de</strong> 2000commentaires sur sa page Fracebook.Quand on n'a plus la foi, il reste ses'friends' !http://www.actualitte.com/actualite/22380-fantastiques-erotiques-Obama-Staline-Howard.htmVoyou cherche traducteurL'éditeur Melvil<strong>le</strong> House déci<strong>de</strong> <strong>de</strong>boycotter un prix <strong>de</strong> traduction accordéà l'un <strong>de</strong> ses livres, parce qu'Amazonen est un partenaire. « Prendre l'argentd'Amazon, s'apparenterait à ceschercheurs médicaux qui travail<strong>le</strong>ntavec l'argent <strong>de</strong>s sociétés vendant <strong>de</strong>scigarettes. »http://www.actualitte.com/actualite/22431-boycott-prix-traduire-amazon-cigarettes.htmOrtho-gaffe et Saint-AxeJane Austen avait recours à <strong>de</strong>scorrecteurs patients et minutieux,démontrent <strong>de</strong>s brouillons jamais publiés.La romancière anglaise avait un sty<strong>le</strong> bienéloigné <strong>de</strong> celui que l’on connaît dans seslivres, qui nécessitait <strong>de</strong> vraiment repasser<strong>de</strong>rrière el<strong>le</strong>.http://www.actualitte.com/actualite/22293-grammaire-orthographe-syntaxe-anglaisausten.htmPrêts <strong>de</strong> <strong>le</strong>cteurs ebook dans <strong>le</strong>s bibliothèques <strong>de</strong>s YvelinesUne nouvel<strong>le</strong> opération co-organisée par <strong>le</strong> MoTifL'adoption, ou la démocratisation <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs ebookpasserait-el<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s bibliothèques <strong>de</strong> France ? LeMOTif estime en tout cas que <strong>le</strong>s expérimentations va<strong>le</strong>nt<strong>le</strong> coup d'être tentées. Et c'est en Yvelines que l'observatoiredu livre et <strong>de</strong> l'écrit en Î<strong>le</strong>-<strong>de</strong>-France va se lancer.Six établissements du département vont pouvoir profiter<strong>de</strong>s 23 <strong>le</strong>cteurs ebook <strong>de</strong> Bookeen, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> CybookOpus, achetés pour l'occasion. La septième bibliothèqueest située dans <strong>le</strong> Val d'Oise. Cette <strong>de</strong>rnière a déjà misen place une expérimentation similaire et a décidé <strong>de</strong>s'associer au projet.Pour <strong>le</strong>s Yvelines, <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s concernées sont Freneuse,Maurecourt, Le Perray-en-Yvelines, Méré, Saint-Arnoult-en-Yvelines,Septeuil. Les ouvrages que l'on pourradécouvrir vont du classique libre <strong>de</strong> droit aux nouveautés<strong>de</strong> la rentrée littéraire, grâce aux DRM si chers aux éditeurs.Observer et suivre l’évolution <strong>de</strong>s comportements etopinions«Chaque usager empruntant une liseuse sera invité à retournerun questionnaire en même temps que la liseuse(prêts <strong>de</strong> 3 semaines). Il portera sur <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong><strong>le</strong>cture, l’évaluation technique, <strong>le</strong>s lieux d’utilisation,l’évaluation <strong>de</strong> l’offre proposée, l’intention <strong>de</strong> s’équiperou non, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s bibliothèques (prêt <strong>de</strong> liseuses ou <strong>de</strong>fichiers numériques, etc.) », note <strong>le</strong> MOTif.L'expérience débutera <strong>le</strong> 2 <strong>novembre</strong> et se poursuivrajusqu'au 30 avril. Les <strong>le</strong>cteurs ebook seront répartis enfonction du nombre d'habitants <strong>de</strong>s communes.Rappelons qu'à Issy-<strong>le</strong>s-Moulineaux, une premièreexpérimentation <strong>de</strong> ce genre avait déjà été lancée.25


Le Conseil <strong>de</strong>M. HibouqLes médias vous en rabattent <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> livre numérique est partout.Oui, mais pour <strong>le</strong> moment, vous, vous ne l’avez vu nul<strong>le</strong> part.À l’exception <strong>de</strong> quelques photos dans la presse ou sur internet, un <strong>le</strong>cteurebook, pour vous, c’est encore <strong>de</strong> l’abstrait.Tout au mieux en avez-vous inci<strong>de</strong>mment croisé un au détour d’une PLVà la FNAC, voire dans un recoin sombre <strong>de</strong> chez Darty. Lire <strong>de</strong>s livres ?Sur ce truc ? Sûrement pas pour vous ! Pourtant… ah, oui, ça vous démange.L’érotisme du contact avec <strong>le</strong> plastique, ou la pureté métallique <strong>de</strong> la coque…Impossib<strong>le</strong> <strong>de</strong> dire ce qu’il en est vraiment, mais ça vous attire.Alors quoi ? Acheter l’objet, l’essayer <strong>de</strong>ux semaines et <strong>le</strong> renvoyer au ven<strong>de</strong>ur,en arguant que vous ne captez pas <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> et que l’on vous l’avait pourtant venduavec la réception <strong>de</strong> France Inter en cou<strong>le</strong>ur ? Non, <strong>le</strong>s ven<strong>de</strong>urs sont tout <strong>de</strong>même bien mieux formés que cela. Et pour essayer un <strong>le</strong>cteur ebook, et au moinsvous faire une idée, il y a plus pertinent.Mais votre expérience pourrait avoir une vocation plus universel<strong>le</strong> :après tout, vous n’êtes pas seul à vouloir essayer, petit égoïste.Et pour cela, votre bibliothèque <strong>de</strong> quartier pourrait être <strong>le</strong> partenaire idéal.Prenez-vous par la main : contactez-en la direction et proposez <strong>le</strong>ur <strong>de</strong>monter un projet. Au besoin, re<strong>le</strong>vez un Défi jeunes, et proposez <strong>de</strong>mettre en place une solution <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong> <strong>le</strong>cteur ebook, qui permettra àla petite communauté autour <strong>de</strong> vous <strong>de</strong> profiter éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> ces appareils.Et comme ce qui est valab<strong>le</strong> pour un établissement public peut éga<strong>le</strong>mentl’être pour une bibliothèque universitaire, n’hésitez pas à vous inspirer<strong>de</strong>s différents projets déjà mis en place à travers la France, pour reproduire<strong>de</strong>s partenariats i<strong>de</strong>ntiques et créer un écosystème numérique autour<strong>de</strong> l’emprunt <strong>de</strong> l’ebook.Et surtout, n’hésitez pas à nous en par<strong>le</strong>r…D’abord, se rendre en magasin, puisque l’on trouve par exemp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>sboutiques <strong>de</strong> France Loisirs <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> Oyo, pour se faire la main, commechez Fnac ou Darty. Et d’autres.BrèvesPour quelques millions <strong>de</strong> plus78,9 millions $, c'est <strong>le</strong> chiffre <strong>de</strong> venteretenu par l'IDPF, qui propose chaque moisun petit regard sur <strong>le</strong> marché <strong>de</strong> l'ebook.Sauf qu'ici, on par<strong>le</strong> <strong>de</strong> juil<strong>le</strong>t et août, etd'une augmentation en flèche pour untroisième trimestre inachevé.http://www.actualitte.com/actualite/22099-vente-ebooks-USA-trimestre-aout.htmPresse et ebook, tout est bonLes consommateurs <strong>de</strong> livres numériquessont éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> grands a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> lapresse, vient <strong>de</strong> démontrer une étu<strong>de</strong>.En tout cas, ceux qui lisent numériquelisent bien plus la presse que ceux qui n'yadhèrent pas.http://www.actualitte.com/actualite/22068-lire-journal-ebook-<strong>le</strong>cteur-consommer.htmFranzen n'y voit plus clairEn p<strong>le</strong>ine tournée promotionnel<strong>le</strong>, JonathanFranzen se fait piquer ses lunettes par <strong>de</strong>uxquidam. Performance artistique ou simp<strong>le</strong>canular ? En tout cas, Londres aura palpitéce soir-là...http://www.actualitte.com/actualite/21891-franzen-lunettes-attentat-performance-vo<strong>le</strong>r.htm26


La page <strong>de</strong> SophieDelphine Bertholon, la preuve par troisSophie AdriansenNée en 1976 à Lyon, Delphine Bertholon, scénariste, estl’auteur <strong>de</strong> trois romans : Cabine commune, Twist (PrixCiné Roman Carte noire 2009) et L’effet Larsen, paru à larentrée littéraire 2010.Deux questions et <strong>le</strong>s chroniques <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses romans - <strong>le</strong>premier et <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier (en date) - pour découvrir un véritab<strong>le</strong>travail romanesque et une plume prometteuse.Comment lisez-vous ?J’ai toujours beaucoup lu, <strong>de</strong>puis l’enfance – je crois quec’est un goût que l’on prend petit. Ensuite, j’ai fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> <strong>le</strong>ttres, qui m’ont offert une culture classique et <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s révélations, dont Henri Michaux, qui m’a sans doutetransmis <strong>le</strong> virus <strong>de</strong> la métaphore !Aujourd’hui, j’ai <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture compulsive,précisément quand je n’écris pas.Lorsque je travail<strong>le</strong> sur un roman, j’évite…<strong>le</strong>s romans ! L’écriture <strong>de</strong> l’autre me perturbe.Mais je peux lire <strong>de</strong>s essais, <strong>de</strong> la documentationen rapport avec mon sujet, voire <strong>de</strong> lapoésie… J’ai besoin <strong>de</strong> mots, mais pas <strong>de</strong>fiction. Ou alors, cinématographique. Je vaisbeaucoup au cinéma, quand j’écris.Avec mes bouquins, je suis <strong>de</strong> nature col<strong>le</strong>ctionneuse.J’aime possé<strong>de</strong>r l’objet, m’y référersi besoin, <strong>le</strong> (sa)voir dans ma bibliothèque. Je <strong>le</strong>sprête volontiers, mais gare si on ne me <strong>le</strong>s rendpas… ce qui arrive souvent ! Le racheter, c’estdifférent <strong>de</strong> l’exemplaire qu’on a lu – avec nosmarques, nos souvenirs… Un peu comme un doudou <strong>de</strong>remplacement : ça ne marche pas.J’aime trop l’objet-livre pour imaginer un avènement dulivre numérique, une exclusivité du format. C’est un outilpassionnant, encore trop cher, mais formidab<strong>le</strong> en termes <strong>de</strong>capacité, <strong>de</strong> volume <strong>de</strong> documentation lorsqu’on est envoyage, par exemp<strong>le</strong>. Pour autant, j’imagine mal qu’il puisse<strong>de</strong>venir la norme, en tout cas pour la littérature… Mais je mesais naïve ! Je souffre déjà <strong>de</strong> l’e-mail, qui a détrôné si vitela <strong>le</strong>ttre manuscrite… Je me bats, j’envoie <strong>de</strong> très longuescartes posta<strong>le</strong>s !J’avoue, je lis peu <strong>de</strong> littérature française contemporaine,mais je suis une inconditionnel<strong>le</strong> : j’adore son sens <strong>de</strong> l’image,sa sensibilité presque féminine ; sa méchanceté, aussi. Je suisdavantage portée sur la littérature étrangère – anglo-saxonnebien sûr, asiatique (Haruki Murakami en tête) et, <strong>de</strong> plus enplus, venue d’Europe du Nord. Le même mouvement s’opèreavec <strong>le</strong> cinéma, d’ail<strong>le</strong>urs..Comment écrivez-vous ?Je suis cahier ET clavier. Je prends <strong>de</strong>s notesà la main, mais je rédige sur ordinateur. Pource faire, j’aime être chez moi, au calme, sanspersonne, sans musique. Mais ensuite, j’imprimeet je retravail<strong>le</strong> beaucoup à la main,sur papier… au café ! Là, c’est l’inverse ; <strong>le</strong>bruit me stimu<strong>le</strong> et m’ai<strong>de</strong> à me concentrer.D’ail<strong>le</strong>urs, je n’ai jamais réussi, étudiante,à travail<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s bibliothèques, dont <strong>le</strong>si<strong>le</strong>nce me paralysait. C’est éga<strong>le</strong>ment dans<strong>le</strong>s cafés que je lis <strong>le</strong> mieux. Avec L’effetLarsen, dont c’est en partie <strong>le</strong> sujet, j’ai pourla première fois travaillé avec <strong>de</strong>s bou<strong>le</strong>sQuiès, pour voir la sensation que cela faisait.C’est une drô<strong>le</strong> d’habitu<strong>de</strong> que je vais gar<strong>de</strong>r.Mais chaque chose en son temps. Je ne suis pasencore repartie dans un grand projet littéraire ;il me faut toujours quelques mois <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil,afin qu’un nouveau personnage, une nouvel<strong>le</strong>histoire vienne s’incarner…Se nourrir – et vivre un peu.Cabine commune : une gourmandise <strong>de</strong> <strong>le</strong>ctureCe premier roman est une gourmandise, unbonbon au contenu sucré, pétillant. DelphineBertholon, en fait, a exercé <strong>le</strong> métier <strong>de</strong> ven<strong>de</strong>usedans une boutique <strong>de</strong> luxe entre autres jobs d’appoint.Dans la boutique, <strong>le</strong>s cabines sont communes. Chaque foisqu’el<strong>le</strong> entendait une paro<strong>le</strong> trop extravagante pour êtrevraie, el<strong>le</strong> courrait la noter.Le résultat en est ce petit recueil <strong>de</strong> saynètes, ga<strong>le</strong>rie <strong>de</strong>personnages majoritairement féminins tous plus drô<strong>le</strong>s <strong>le</strong>suns que <strong>le</strong>s autres. Particularité : il n’y a que <strong>de</strong>s dialogues,ce qui fait davantage travail<strong>le</strong>r l’imagination, et rend <strong>le</strong>ssituations encore plus cocasses.Morceaux choisis :- Ce modè<strong>le</strong> n’existe qu’en noir et en blanc, n’est-ce pas ?- Oui madame.- Il n’y a pas d’autres coloris ?- Non… donc.- En b<strong>le</strong>u non plus ?- Non plus.- Hummm… En rose ?[…]- Vous n’auriez pas un autre 36 ?- Vous <strong>le</strong> vou<strong>le</strong>z en doub<strong>le</strong> ?- Non, mais ce gros machin, là…- C’est l’antivol, madame… Ils vont vousl’en<strong>le</strong>ver à la caisse, vous savez..L’effet Larsen : un sujet commun traitéavec finesse et psychologieNola, trente ans, revient sur l’été <strong>de</strong> ses 18ans, dans la cha<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> 1998.L’été où el<strong>le</strong> a dû renoncer aux vacancesavec <strong>le</strong>s copines prévues <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années,parce que sa mère sombrait dans la dépression,conséquence du décès acci<strong>de</strong>ntel <strong>de</strong> sonpère survenu quelques mois plus tôt.Des romans sur la dépression, et notamment la dépressionmaternel<strong>le</strong> (il semb<strong>le</strong> que la dépression parenta<strong>le</strong> touche, enlittérature – parce que dans la vie ? – davantage <strong>le</strong>s mèresque <strong>le</strong>s pères), il en a été écrit beaucoup.Celui-ci est différent, d’abord par la forme que prend la dépression<strong>de</strong> Mira (l’hyperacousie), ensuite et surtout parceque cette dépression n’est que la toi<strong>le</strong> <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> l’histoire,qui tourne autour du père absent, mort <strong>de</strong> la plus inacceptab<strong>le</strong><strong>de</strong>s façons – bal<strong>le</strong> perdue.L’immeub<strong>le</strong> parisien dans <strong>le</strong>quel la famil<strong>le</strong> tronquée s’instal<strong>le</strong>,par exemp<strong>le</strong>, occupe presque plus <strong>de</strong> place que la maladie.Il ne faut que quelques dizaines <strong>de</strong> pages pour que Nola<strong>de</strong>vienne une proche, et la ga<strong>le</strong>rie <strong>de</strong> personnages qui l’entourentancre l’histoire dans une vie <strong>de</strong> quartier parisienplus vraie que nature.Ce roman se lit avec d’autant plus <strong>de</strong> plaisir que la prose <strong>de</strong>Delphine Bertholon ne se départit pas d’un certain humour,même dans <strong>de</strong>s situations qui ne prêtent pas à rire.28


Pour s’entretenir« Les mots sont plus importantsque <strong>le</strong>s images »Interview <strong>de</strong> Bettina RheimsPropos recueillis par Adrien Aszerman© Istvan Nicolas Vass GaryQuel est votre rapport au livre ?Un rapport boulimique et passionnel. Je me fait parfois <strong>de</strong>spi<strong>le</strong>s entières <strong>de</strong> livres à lire… Gran<strong>de</strong> <strong>le</strong>ctrice, je dévore <strong>le</strong>slivres <strong>de</strong> tous genres, sauf durant certaines pério<strong>de</strong>s intensessur <strong>le</strong> plan professionnel<strong>le</strong>s où je me cantonne à <strong>de</strong>s romanset à <strong>de</strong>s ouvrages sur <strong>le</strong>s surréalisme. Je col<strong>le</strong>ctionne <strong>le</strong>s livresphotos <strong>de</strong>puis 25 ans, bons ou mauvais sans distinction,estimant qu’il y a toujours quelque chose à sauver.Ma col<strong>le</strong>ction est suffisamment importante pour quej’envisage, un jour, <strong>de</strong> la cé<strong>de</strong>r à une bibliothèque.Mon rapport au livre est tel que je n’envisage jamais <strong>de</strong> <strong>le</strong>jeter, même s’il est mauvais. Je n’achètera par contre jamaisd’iPad du fait d’un trop grand amour du papier, du plaisird’entrer dans une librairie parce que la couverture d’un livreme plait. Je suis toujours envieuse <strong>de</strong> mes copains critiquesqui reçoivent tant <strong>de</strong> livres. Et, sans par<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s écrivains avecqui j’ai partagé <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> route, j’affectionne éga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s musées <strong>de</strong> livres.Les mots trouvent-ils <strong>le</strong>ur place dans votre métier ?Les mots sont plus importants que <strong>le</strong>s images. Mes imagespar<strong>le</strong>nt simp<strong>le</strong>ment mieux que <strong>le</strong>s mots. Je rédige une liste<strong>de</strong> mots avant la prise <strong>de</strong> chaque photo, qui ensuite <strong>de</strong>viennentimage. Par moment j’écris, rien <strong>de</strong> publiab<strong>le</strong> que je range,avant d’écrire à nouveau.Vos livres photos s’inscrivent dans cet esprit ?Ils sont très importants. J’aime beaucoup. Beaucoup n’en fontpas, laissant <strong>le</strong>s marchands faire <strong>le</strong>ur catalogue. Pour moi<strong>le</strong>s livres photos sont importants parce que je suis davantagetouchée quand quelqu’un achète mon livre en librairie quelorsqu’il achète l’un <strong>de</strong> mes tirages, qui va<strong>le</strong>nt pourtant trèscher. Quand je vais quelque part à l’étranger et que je voisl’un <strong>de</strong> mes livres, ça me bou<strong>le</strong>verse. Que quelqu’un achètemon livre et l’amène chez lui... Je fais mon travail plus pourfaire <strong>de</strong>s livres que <strong>de</strong>s expositions. D’où mon travail avecSerge Bramly, avec qui je conçois d’abord <strong>le</strong> travail pour faireun livre qui ne prendra que dans un second temps la formed’une exposition.Comment cela s’inscrit-il dans votre processus <strong>de</strong> création ?J’ai un long bureau dans mon studio. Durant une gran<strong>de</strong>phase <strong>le</strong>s images sont par terre et je regar<strong>de</strong> comment el<strong>le</strong>sconversent <strong>le</strong>s une <strong>le</strong>s autres, comment l’histoire se tisse.Je sais ce que je fais mais sans pouvoir en par<strong>le</strong>r, ni l’expliquer.Avec ce chemin <strong>de</strong> fer, son début, son milieu et sa fin, viennentla clé <strong>de</strong> ce que j’ai fait. Et <strong>le</strong> livre vient dans la compréhension<strong>de</strong> cette clé. Ensuite je vais à l’imprimerie et je dors - presquelittéra<strong>le</strong>ment - sur <strong>le</strong>s machines. Pour I.N.R.I j’ai passé 12jours et nuits sur un canapé dans <strong>le</strong> bureau <strong>de</strong> l’imprimeur.Je ne voulais pas qu’une planche tombe sans que je sois là.Quel<strong>le</strong> place accor<strong>de</strong>z-vous au numérique ?J’ai découvert Internet cette année. Je n’avais jusqu’à présentpas d’ordinateur et l’on m’a dit qu’il fallait que ça suffise.Qu’on ne pouvait plus me lire <strong>le</strong>s mails au téléphone, etc.Je vais donc sur Internet <strong>de</strong>puis peu. J’en suis arrivée à me dire,après avoir vu <strong>le</strong>s sites qui parlaient <strong>de</strong> moi nuls et sans image,froids, désincarnés, qu’il m’en fallait un à moi.Les sites d’images me perturbent car je trouve que si l’onne sait pas quoi chercher, on ne sait pas sur quoi on va tomber.C’est encore un nouveau mon<strong>de</strong>.Bettina Rheims est photographe, officier <strong>de</strong> la Légion d’honneur.Auteur <strong>de</strong> la photographie officiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Jacques Chirac en 1995,el<strong>le</strong> a réalisé pour Paris Match en 2007 une série <strong>de</strong> photos surNicolas Sarkozy. El<strong>le</strong> est prési<strong>de</strong>nt du jury du concours <strong>de</strong> photo<strong>de</strong> Deauvil<strong>le</strong> «la 25ème heure».Pour en savoir plus www.bettinarheims.com30


Pour s’entretenirPierre Corbucci et Daniel Teboul : « 26 »Propos recueillis par Adrien AszermanActuaLitté : Qu’est-ce qui a motivé l’écriture <strong>de</strong> ce roman ?Daniel Teboul : Nous avons écrit ce livre à 4 mains, issuesdu milieu <strong>de</strong> la communication, du positionnement <strong>de</strong>marques et <strong>de</strong> campagnes <strong>de</strong> publicité. Nous travaillonsbeaucoup et sur <strong>de</strong> nombreux projets. Il y a 4/5 ans nousavons écrit ensemb<strong>le</strong> un recueil <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s avec pourfil conducteur la vie d'un homme. Nous en avons tiré unecentaine d'exemplaires à compte d'auteur et tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>a trouvé l’ouvrage bien écrit, intéressant. Cela a renforcé,avec Pierre, notre complémentarité.Nous avons, à la suite <strong>de</strong> cette publication, eu l’idée <strong>de</strong>faire un roman sur homme provi<strong>de</strong>ntiel qui arrive à rég<strong>le</strong>run problème sans solution : <strong>le</strong> conflit israélo-pa<strong>le</strong>stinien.Vous n’avez pas choisi <strong>le</strong> sujet faci<strong>le</strong> !On ne peut être indifférent à ce conflit, que l'on soit juif,pa<strong>le</strong>stinien... Il est forcément plus pratique <strong>de</strong> se dire quel’on ne va pas y arriver, que guérir d'une maladie aussigrave n’est pas possib<strong>le</strong>. Mais je crois au fond à un vraidésir <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>. L’idée est d’affirmer qu’iln’y a pas d’autre voie que la paix. Il ne faut même pas lapaix, mais l’entente. Daniel Birnbaum a ainsi affirmé« qu’il ne faut pas tant vivre en cohabitation que <strong>de</strong> faire<strong>de</strong>s choses ensemb<strong>le</strong>. »Votre solution est pour <strong>le</strong> moins percutante...Sur la dimension politique, el<strong>le</strong> est <strong>de</strong> faire un Etat àmoitié fédéral. Une union serait nécessaire sur <strong>le</strong> planinternational tout en conservant <strong>de</strong>s prérogatives loca<strong>le</strong>ssur <strong>le</strong> plan culturel.La religion est un mélange d'élévation spirituel<strong>le</strong> forteet <strong>de</strong> connaissance pour réagir <strong>de</strong> façon pratique etconcrète. C'est <strong>le</strong> génie du personnage central du livre :sa vision philosophique et son savoir pratique. J’aime àpenser qu’il faut une haine aussi forte pour faire la paixque pour faire la guerre. C'est un livre d'anticipation,à l’intersection <strong>de</strong> Marek Halter et René Barjavel quiauraient écrit un livre ensemb<strong>le</strong>, en restant cependantmo<strong>de</strong>ste sur la portée du parallè<strong>le</strong> avec ces auteurs.Pourquoi remonter aussi loin dans l’histoire <strong>de</strong> Sam ?C’est en rédigeant d’abord la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’ouvrageque l’on a compris la possibilité <strong>de</strong> raconter ce qu'ilallait y conduire, en remontant <strong>le</strong> temps. L’histoire <strong>de</strong>cet homme, fruit d'une doub<strong>le</strong> culture et <strong>de</strong> plusieursgénérations qui l'ont marquées, dont chacune a posé surlui une vision. La parabo<strong>le</strong> est <strong>de</strong> dire que notre culturene vient pas que <strong>de</strong> nos parents, mais <strong>de</strong> 80 générationsen amont. Ces histoires permettent <strong>de</strong> bien comprendrece que représente la terre d'Israël pour ceux qui en ont étéprivés pendant vingt sièc<strong>le</strong>s, d'où l'impossibilité d'envisagerune autre voie que cel<strong>le</strong> là. La première partie ne traitepas <strong>de</strong> la culture religieuse mais d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie quise base sur <strong>de</strong>s principes religieux, avec <strong>de</strong>s hommes qui<strong>le</strong>s interprètent même quand ils ne sont pas croyants.La secon<strong>de</strong> partie est la mise en action d'un être un peusupérieur, qui pense trouver <strong>le</strong>s clés, à un moment donné,<strong>de</strong> la réalisation d’une utopie. Ce n’est pas une illuminationmais son voeu <strong>le</strong> plus cher, et il n'a rien d'autre à faire.C'est d'une certaine façon <strong>le</strong> fruit d'un désespoir, et vingtsixans lui seront nécessaires pour réunir <strong>de</strong>s moyensinvraisemblab<strong>le</strong>s sans être improbab<strong>le</strong>s. L'une <strong>de</strong>s idéesphares est <strong>de</strong> dire : puisque <strong>le</strong>s gouvernements n'y arriventpas, <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s doivent y arriver. Qu'un homme qui n'estpas issue du pouvoir puisse faire en sorte qu'il y ait envie<strong>de</strong> vivre la paix. Il entame ça avec un gouvernement<strong>de</strong> paix, à égalité juifs et pa<strong>le</strong>stiniens.Quel public visez-vous au travers <strong>de</strong> ce livre ?Les arabes, certains musulmans et <strong>le</strong>s juifs sont paressence très concernés. Pour <strong>le</strong>s autres c’est <strong>de</strong> l’exotisme.Le personnage principal, juif, a pour meil<strong>le</strong>ur amiun musulman qui <strong>de</strong>viendra <strong>le</strong> premier prési<strong>de</strong>nt dunouvel Etat. Ce n’est pas fortuit, tout comme l’idée dugouvernement <strong>de</strong> paix , avec 13 binômes juifs et arabescooptés qui apprennent à s'aimer. Hussein est inspiré par<strong>de</strong>s personnes pa<strong>le</strong>stiniens réels. Nous avons pour projetd’un second tome centré sur son histoire.Ce que l’on a pensé du livreL’ouvrage est pour <strong>le</strong> moins ambitieux qui, à la frontière du réalisme et <strong>de</strong> la sciencefiction,ne fait rien <strong>de</strong> moins qu’établir un plan <strong>de</strong> paix entre Israël et <strong>le</strong>s territoirespa<strong>le</strong>stiniens, avec pour résultat un Etat fédéral pacifié. Les auteurs n’ignorent aucunedonnée ethnique ou religieuse, politique, économique, nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong>.Et l’on se prend à rêver sur la faisabilité <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur thèse. Profondément humanistes,ils pointent la bêtise stéri<strong>le</strong> du conflit en décrivant <strong>le</strong>s richesses <strong>de</strong> la paix.Le travail d’orfèvre sur <strong>le</strong> projet politique mis en oeuvre dans <strong>le</strong> roman laisse cependantquelques lacunes sur d’autres versants <strong>de</strong> l’intrigue. La première partie, admirab<strong>le</strong>mentconstruite, dresse, au travers <strong>de</strong>s ancêtres du personnage principal, l’histoire <strong>de</strong>s juifsen Afrique du nord, en Europe et aux Etats-Unis du XIX ème sièc<strong>le</strong> à nos jours pourcomprendre ce peup<strong>le</strong> aujourd’hui. Mais <strong>de</strong> l’aveu <strong>de</strong>s auteurs, manque à l’ouvrage<strong>le</strong> pendant musulman avec l’histoire <strong>de</strong>s origines d’Hussein, meil<strong>le</strong>ur ami <strong>de</strong> Sam,qui n’est pas comptée.L’ombre <strong>de</strong> la défunte aimée <strong>de</strong> Sam, qui plane jusqu’à la fin <strong>de</strong> l’ouvrage par quelquesévocations, aurait sans doute pu, en prenant davantage <strong>de</strong> substance, étoffer encore <strong>le</strong>roman en renforçant <strong>le</strong>s personnages <strong>de</strong>s vivants qu’el<strong>le</strong> hante sans disperser l’intriguequi s’en trouve affaiblie.Malgré ces quelques regrets sur <strong>le</strong> jeu d’écriture <strong>de</strong>s auteurs, on ne peut que saluer <strong>le</strong>travail accompli, en espérant qu’il donne inspiration aux humanistes <strong>de</strong> notre temps et unréveil salutaire aux chefs <strong>de</strong> guerre improductifs.31


Pour s’entretenirEntretien érudit sur la poésie, Ie numérique© Adrien Aszerman« On ne connait pas <strong>de</strong> culturedans laquel<strong>le</strong> il n’y ait pas<strong>de</strong> forme <strong>de</strong> poésie »Interview <strong>de</strong> Hugues MarchalPropos recueillis par Adrien AszermanSuite à une erreur <strong>de</strong>la rédaction, ce textea été publié sans avoirété remis en forme, nisoumis à Hugues MarchalLe numérique change-t-il <strong>le</strong> rapport du public à la poésie ?Oui, comme il change <strong>le</strong> rapport à l’écrit <strong>de</strong> toute manière.C’est une lame <strong>de</strong> fond importante et installée. Il faut cependantdistinguer entre <strong>le</strong>s différents types <strong>de</strong> public amateurs <strong>de</strong> poésiepour savoir <strong>le</strong>squels sont réel<strong>le</strong>ment sensib<strong>le</strong>s à l’impact dunumérique. Il existe par ail<strong>le</strong>urs <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> poésie très différentes,autant que <strong>de</strong> publics.Je pense que, foncièrement, voir un poème en ligne sous formatnumérique, qui existait déjà sous un format traditionnel ne va paschanger fondamenta<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> rapport d’un <strong>le</strong>cteur à la poésie. Il enira différemmentà mon sens sur <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> désintrication, ou d’intrication.Désintrication parce qu’un poème ou un fragment <strong>de</strong> poème pourraêtre consommé sans avoir connaissance du recueil dans <strong>le</strong>quel ils’intègre. Intrication, à l’inverse, parce que dans <strong>le</strong> jeu <strong>de</strong> circulationd’un internaute, ou consommateur d’objets é<strong>le</strong>ctroniques, la poésiepeut faire irruption dans un contexte où el<strong>le</strong> n’était pas prévue.La prise en compte <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> création poétique conçues pources supports <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait <strong>de</strong>s réponses plus comp<strong>le</strong>xes, puisque cescréations engagent <strong>de</strong>s types<strong>de</strong> réactions différentes.Je pense que <strong>le</strong> changement <strong>le</strong> plus global est portépar <strong>le</strong>s possibilités <strong>de</strong> diffusions liées à la numérisation. L’accès à lapoésie – comme pour tous <strong>le</strong>s livres - est profondément transformé,avec <strong>le</strong>s possibilités d’auto-édition, <strong>le</strong>s possibilités <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>sobjets poétiques et <strong>de</strong> <strong>le</strong>s diffuser sans passer par <strong>de</strong>s éditeurs, ouen passant par <strong>de</strong>s éditeurs alternatifs qui ont moins <strong>de</strong> contraintescommercia<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s éditeurs papiers.Il y a aussi cet accès à un fond énorme et en croissance permanented’archives, comme Gallica ou Goog<strong>le</strong> Books dans une moindremesure, qui permettent un accès nouveau et à distance à <strong>de</strong>souvrages qui auraient autrement été extrêmement diffici<strong>le</strong>s àtrouver.Sans par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> l’accès médiatisé par <strong>le</strong>s opérateurs <strong>de</strong> recherche<strong>le</strong>xical, produit d’une stochastique, recherche hasar<strong>de</strong>use ou nonhasar<strong>de</strong>use au travers <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s mots-clés, qui permettent <strong>de</strong>redécouvrir <strong>de</strong>s textes que l’on pouvait n’avoir auparavant qu’àla Bibliothèque nationa<strong>le</strong>. Prenez Gaspard <strong>de</strong> la Nuit d’AloysiusBertrand, qui est au programme <strong>de</strong> l’agrégation ou la premièreédition <strong>de</strong>s Leaves of Grass <strong>de</strong> Walt Whitman qui est très particulièrepuisque conçue intégra<strong>le</strong>mentpar l’auteur, jusqu’à la couverture. L’accès à ces ouvrages était jusqu’àprésent réservé aux chercheurs.Ce n’est plus <strong>le</strong> cas.La facilité du téléchargement <strong>de</strong>s ouvrages n’entraîne-t-el<strong>le</strong> pas uncomportement <strong>de</strong> col<strong>le</strong>ctionneur plus que <strong>de</strong> <strong>le</strong>cteur ?Je pense que ces téléchargements, dans <strong>le</strong>squels il faudraitdistinguer payant et gratuit, entraînent effectivement <strong>de</strong>spostures <strong>de</strong> stockage. On va stocker du matériel culturel pour <strong>le</strong>regar<strong>de</strong>r, ou non. Il faut ensuite nuancer entre différents types <strong>de</strong>poésie, et notamment la poésie grand public qui est la poésie <strong>de</strong>sgrands auteurs ou <strong>de</strong>s auteurs qui émergent –je pense à l’impactdu film <strong>de</strong> Campion sur Keats (Brigth Star), notamment auprès dupublic ado<strong>le</strong>scent – ou Bau<strong>de</strong>laire, Whitman… qui vontsans doute avoir <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> téléchargement importantsessentiel<strong>le</strong>ment du fait qu’ils soient liés à un public ado<strong>le</strong>scentou étudiant captif. Il serait maintenant intéressant <strong>de</strong> comparer <strong>le</strong>schiffres <strong>de</strong> ces ventes à ceux <strong>de</strong> l’édition papier, sachant que la poésie aune place si petite dans l’édition physique qu’el<strong>le</strong> est comptabilisée aumême titre que <strong>le</strong> théâtre et n’atteint pas 1% <strong>de</strong>s ventesgloba<strong>le</strong>s. Est-ce que cela va changer <strong>le</strong> comportement <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs ?C’est diffici<strong>le</strong> à dire et je ne suis pas très compétent, car ne faisantpas partie <strong>de</strong> ces consommateurs prêts à consommer massivement<strong>de</strong>s ouvrages en ligne.Un ouvrage <strong>de</strong> consommation personnel<strong>le</strong>, hors d’un contexte <strong>de</strong>recherches, est quelque chose que je vaissoit imprimer soit acheter. Sinon je n’en vois pas l’intérêt. Sanscompter mon insatisfaction, jusqu’à présent, <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs numériques.En plus on peut parfois perdre un livre, mais en perdant son <strong>le</strong>cteuron perdrait toute sa bibliothèque et c’est plutôt ennuyant. Ce sont<strong>de</strong>s choses qui peuvent dépanner, servir pour <strong>le</strong>s transports, maisque je ne trouve pas très pratiques. À un point près : <strong>le</strong>s livres audio<strong>de</strong> poésie, remarquab<strong>le</strong>s, notamment <strong>le</strong>s enregistrements en langueétrangère.Internet peut-il entraîner une certaine dilution du message <strong>de</strong> lapoésie, une mise à toutes <strong>le</strong>s sauces ?Ce ne serait pas propre à Internet. La poésie a un statut trèsparticulier : el<strong>le</strong> est peu lue, el<strong>le</strong> a une réputation d’aridité, <strong>de</strong>difficulté, d’inutilité aussi, où l’on fait du poète un rêveur, quelqu’und’inadapté au mon<strong>de</strong>.Ce n’est pas el<strong>le</strong> qu’on va al<strong>le</strong>r voir quand on a <strong>de</strong>s questions pourrég<strong>le</strong>r l’économie financière mondia<strong>le</strong>. Et en même temps, PierreMichon a pu dire <strong>de</strong> la poésie qu’el<strong>le</strong> est « La littérature <strong>de</strong> lalittérature », el<strong>le</strong> reste quelque chose assez curieusement mais peutêtreaussi parce qu’on ne la lit plus, source <strong>de</strong> prestige. Donc citer lapoésie et l’employer en toute occasion relève aussi d’une stratégiesocio culturel<strong>le</strong>, d’une mise en avant <strong>de</strong> soi, etc.32


Pour s’entreteniret <strong>le</strong>urs places dans la société contemporaine.On fait état <strong>de</strong> ce que l’on appel<strong>le</strong> un capital culturel,comme on a pu <strong>le</strong> voir à l’occasion <strong>de</strong> la réception<strong>de</strong> certains essais, mais aussi au travers d’exemp<strong>le</strong>splus distants. Ainsi, quand un ancien prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> laRépublique publie une anthologie <strong>de</strong> textes poétiques,cela montre aussi que, lorsqu’on publie <strong>de</strong> la littératureà ce niveau, c’est vers la poésie qu’on va se tourner. Ona eu d’autres exemp<strong>le</strong>s plus récents. Mais il y a aussi<strong>de</strong>s usages plus banals <strong>de</strong> la poésie dont on peut êtrechoqué si l’on part d’une définition <strong>de</strong> la poésie comme« haute ». Mais il y a aussi une conception très lyrique <strong>de</strong>la poésie, étant ce qui nous donne <strong>de</strong>s mots pour par<strong>le</strong>rd’amour, <strong>de</strong> nos émotions. Donc lorsque l’on va sur <strong>de</strong>ssites qui proposent <strong>de</strong>s <strong>le</strong>ttres d’amour, <strong>de</strong>s messages<strong>de</strong> condoléances, qui permettent l’expression <strong>de</strong> l’affectvoire du pathos, on va aussi trouver une forme <strong>de</strong> poésie« socia<strong>le</strong> ». La poésie n’est alors ni plus ni moins réduiteau moulinet où el<strong>le</strong> perd son aura, comme tout art. Ily aura autant <strong>de</strong> réemploi <strong>de</strong> vers <strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire, ou <strong>de</strong>Mallarmé, ou <strong>de</strong> Rimbaud sur fond <strong>de</strong>blog qu’il n’y en a <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong> ou <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Monet.C’est global. Alors, il est sûr qu’il y a une usure, maiscette usure porte avant sur la force d’étonnement liéeà ces œuvres. Apparaissent <strong>de</strong>s ponts aux ânes, <strong>de</strong>sclichés, mais qui pour moi sont davantage propres à unfonctionnement social qu’à Internet. Je trouve qu’il y aune gran<strong>de</strong> corrélation entre <strong>le</strong> traitement cucu <strong>de</strong>la poésie et ce que l’on trouve ail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong>s écrits,<strong>le</strong> papier, <strong>le</strong>s journaux intimes, etc. Tout ça doit êtreassez équiva<strong>le</strong>nt.Comment dès lors trouver un équilibre entrecette vulgarisation à outrance <strong>de</strong> la poésie et saconservation comme art « nob<strong>le</strong> » ?Je ne ressens pas vraiment ce déséquilibre. Peut-êtreque la réponse ne peut se trouver que dans la mise àdisposition du texte seul, sans commentaire érudit d’uncôté ni réemploi utilitaire à titre <strong>de</strong> citation ou commeillustration <strong>de</strong> façon plus généra<strong>le</strong>. Mais il faudraitdistinguer ici <strong>de</strong> ce qui relève <strong>de</strong> la diffusion d’auteursexistants et ce qui relève <strong>de</strong> ces sites et blogs en particulier.Ne peut-on alors réfléchir à la question d’unepédagogie poétique ? Internet peut-il y contribuer,et accroître la diffusion <strong>de</strong> la poésie en ce sens ?Je ne suis pas certain que ce soit la vocation d’Internet.Il y a <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> distorsion, <strong>de</strong> déformation et je nesais pas si Internet peut modifier la position qu’a lapoésie dans notre société. Si vous vou<strong>le</strong>z vous intéresserà la poésie dans <strong>le</strong>s stratégies d’Internet il faudra fairedu buzz. Mais qui doit prendre cela en charge pour cetensemb<strong>le</strong> ? Cela doit-il venir <strong>de</strong> la base ? Internet est unlieu où il est diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s instances<strong>de</strong> légitimation professionnel<strong>le</strong>. Internet peut créer <strong>de</strong>sespaces <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> cet ensemb<strong>le</strong>, il appartient ensuiteà la communauté <strong>de</strong>s internautes <strong>de</strong> s’en saisir, d’en faitquelque chose.Quel<strong>le</strong> inci<strong>de</strong>nce sur la production poétique et sadéfinition ?La production <strong>de</strong>meure pluriel<strong>le</strong>, la poésie <strong>de</strong>meurantune sorte d’archipel qui prend en compte l’ensemb<strong>le</strong><strong>de</strong>s œuvres contemporaines et antérieures à notre temps.Il est toujours diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> définir la poésie, mais sansdoute que l’un <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> notre époque au sens large,notamment avec l’urinoir <strong>de</strong> Duchamp où l’on ne saitplus très bien ce qu’est l’art, sinon ce que l’on veut bienappe<strong>le</strong>r « art », sans doute y a t il <strong>le</strong>s mêmes choses ducôté <strong>de</strong> la poésie. C’est notamment <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> Roubaud quidans Poésie, ménage, etc, proposait <strong>de</strong> définir la poésie<strong>de</strong> façon très simp<strong>le</strong>. Deguy, par exemp<strong>le</strong>, explique quela poésie a inclus dans son fonctionnement un paradoxequi est que parfois el<strong>le</strong> doit se développer hors <strong>de</strong> lapoésie, hors <strong>de</strong> ce qui est appelé poésie par ce jeux <strong>de</strong>transformations. Je pense que ce fonctionnement est misen place <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> XIX ème et sans doute précé<strong>de</strong>mment.Mais avec un regard distant on simplifie et on penseque <strong>le</strong>s choses étaient simp<strong>le</strong>s à l’époque. Mais iln’est pas plus faci<strong>le</strong> <strong>de</strong> dire ce qu’est strictement lapoésie comparée à d’autres genres, pas plus qu’il n’estfaci<strong>le</strong> <strong>de</strong> dire ce qu’est strictement <strong>le</strong> théâtre ou <strong>le</strong>roman. Aujourd’hui en tout cas on a une productionextrêmement active, diversifiée. Il suffit <strong>de</strong> se rendreau marché <strong>de</strong> la poésie place St Sulpice au printempspour s’en apercevoir, avec une variété formel<strong>le</strong> trèsimportante.La poésie engagée semb<strong>le</strong> aujourd’hui, en tout casen France, avoir disparu. Ne peut-on rêver au retour<strong>de</strong> révolutions en poésie, comme <strong>le</strong> permettraient <strong>le</strong>sréseaux sociaux ?On associe effectivement à la poésie comme genreparticulier un pouvoir <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> dénonciationdans la société important. On connaît <strong>le</strong>s poèmes <strong>de</strong>Hugo dans <strong>le</strong>squels il s’attaque à Napoléon <strong>le</strong> Petit,<strong>le</strong>s textes d’Aragon et d’Eluard dans la résistance, <strong>de</strong>Léopardi… Cette capacité là est associée à la très longuehistoire <strong>de</strong> la poésie. On ne connaît pas <strong>de</strong> culture danslaquel<strong>le</strong> il n’y ait pas <strong>de</strong> forme <strong>de</strong> poésie, ora<strong>le</strong> ou écrite.Mais l’on connaît <strong>de</strong>s cultures qui ne connaissent pasla prose, notamment lorsqu’ils ne connaissent pasl’écriture. La poésie est souvent associée à <strong>de</strong>s formesqui connaissent <strong>de</strong>s structures récurrentes, <strong>de</strong>s formes<strong>de</strong> répétition, qui font que lorsqu’il y a un échec ou uneperturbation dans la préservation du message que l’onva répéter, on va s’en rendre compte parce que, parexemp<strong>le</strong>, ça ne rime plus. La poésie contient ainsi unkit <strong>de</strong> vérification et éventuel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong>sa forme. La conséquence simp<strong>le</strong> est qu’el<strong>le</strong> s’apprendfaci<strong>le</strong>ment par cœur pour être utilisée comme unmédium d’archivage et, avant même d’être écriture,se voit un média utilisé par <strong>le</strong>s cultures pour transmettre<strong>de</strong>s messages verbaux. La poésie a cette fonction <strong>de</strong>préservation d’un message que l’on veut communiquer.Mais l’on attribue aussi à la poésie un pouvoir <strong>de</strong>contamination, ce que De<strong>le</strong>uze appelait ritournel<strong>le</strong>, avec<strong>le</strong>s structures que l’on peut associer à la poésie et surtout<strong>le</strong>s chansons, et la publicité qui se diffuse par <strong>de</strong>s formesrythmes, <strong>de</strong> vers pour <strong>le</strong> dire rapi<strong>de</strong>ment (forme qui dureen tête). La poésie pouvait donc ne pas s’écrire maisse transmettre, ce qui est important pour <strong>le</strong>s messagessubversifs. Aujourd’hui il est douteux que ce rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>transmission soit assigné à la poésie. Il est sûr que <strong>le</strong>smédias comme Twitter vont beaucoup plus rapi<strong>de</strong>ment,d’autant que la poésie a cette contrainte qu’el<strong>le</strong> prenddu temps. Dans un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> communication et <strong>de</strong>réponse immédiate, la poésie est donc peu présente.Ce mouvement là n’est au surplus pas récent et se posedéjà au moment <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> l’écriture, puis <strong>de</strong>l’imprimé, au moment <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> la presse…Et l’impression <strong>de</strong> clôture qu’a pu donner la poésieaprès Bau<strong>de</strong>laire et Mallarmé, quand ce <strong>de</strong>rnier dénonce« l’universel reportage », c’est aussi lié, peut-être, ausentiment que d’autres formes allaient prendre la relève<strong>de</strong> cet ensemb<strong>le</strong> et que l’avenir <strong>de</strong> la poésie, sa spécificitén’était pas dans ces questions. D’où la question <strong>de</strong>l’inutilité <strong>de</strong> la poésie, d’une certaine manière. Cetteinutilité est aussi cultivée sous forme <strong>de</strong> résistance àune trop faci<strong>le</strong> mise en consommation. Ce qui ne veutpas dire qu’il ne reste pas <strong>de</strong>s forme <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong> lapoésie, comme Christian Prigent chez qui l’on trouve <strong>de</strong>spassages critiques sur la difficulté <strong>de</strong> chanter la beauté<strong>de</strong>s champs quand on <strong>le</strong>s sait remplis <strong>de</strong> purin. S’il ya une forme <strong>de</strong> résistance, d’engagement, beaucoup<strong>de</strong> poètes seraient d’accord je pense pour dire que cetengagement serait dans <strong>le</strong> maintien d’une difficulté<strong>de</strong> <strong>le</strong>cture. C’est-à-dire que la poésie <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses<strong>le</strong>cteurs un travail cognitif qui fait que cette résistancepeut semb<strong>le</strong>r inconciliab<strong>le</strong> avec un grand public ; maisce n’est pas récent. Valéry a une jolie formu<strong>le</strong> pourprésenter Charmes, dans <strong>le</strong>quel il fait par<strong>le</strong>r sa poésie, quiexplique qu’el<strong>le</strong> ne se donne pas faci<strong>le</strong>ment mais que,comme toute femme désirab<strong>le</strong> ce n’est pas qu’el<strong>le</strong> soitchaste mais qu’el<strong>le</strong> est entourée <strong>de</strong> nombreux vêtements.Il va donc falloir du temps pour tous <strong>le</strong>s ôter. Il y a dansla poésie <strong>de</strong>s structures qui font multiplier la polysémie,la <strong>de</strong>nsité, et c’est diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> prétendre avoir comprisun poème en une seu<strong>le</strong> <strong>le</strong>cture ou audition. Ce type <strong>de</strong><strong>le</strong>cture se retranche d’une communication reprise tropfaci<strong>le</strong>ment.Pourquoi avoir choisi, en tant qu’universitaire, <strong>de</strong>travail<strong>le</strong>r sur la poésie ?Pour sa difficulté. Je m’y suis intéressé en Maîtrise,en travaillant sur la poésie contemporaine. Je voulaiscomprendre pourquoi je ne comprenais pas. Mon travai<strong>le</strong>st <strong>de</strong> lire et <strong>de</strong> dire <strong>de</strong>s choses qu’on ne dit pas sur lapoésie, notamment sa capacité à rentrer en connexionavec toute une série <strong>de</strong> mutations. La poésie n’est pasdans une tour d’ivoire, c’est une écriture qui penseénormément, qui fait penser… et qui fait plaisir.Hugues Marchal est maître <strong>de</strong> conférence enlittérature française à l’Université Paris IIISorbonne-Nouvel<strong>le</strong>, docteur en littératurefrançaise (« Corpoèmes. L’inscription textuel<strong>le</strong>du corps dans la poésie en France auXX ème sièc<strong>le</strong> ») et agrégé <strong>de</strong> <strong>le</strong>ttres mo<strong>de</strong>rnes.33


Pour s’entretenir« Le livre ne se consomme pascomme un CD »Interview <strong>de</strong> John ConnollyPropos recueillis par Nicolas Gary© Nicolas Gary« Optimiste je suis », concernant <strong>le</strong> livre numérique, parce que selonlui, <strong>le</strong>s comparaisons avec <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la musique sont complètementfaussées. « Le livre n’est pas un CD, ça ne se consomme pas pareil ! »L’artefact papier a plus <strong>de</strong> force que <strong>le</strong> support musical, qui a changéterrib<strong>le</strong>ment en une trentaine d’années. « Alors pour moi, <strong>le</strong>s <strong>de</strong>uxsupports, numérique et papier, vont coexister. Et puis, j’ai bon espoirque <strong>le</strong>s eRea<strong>de</strong>rs ramènent <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs vers <strong>le</strong>s livres. Mais <strong>le</strong>ursacheteurs se rendront compte bien vite qu’ils ne peuvent pas avoir sous<strong>le</strong>s yeux <strong>le</strong>ur bibliothèque, sans allumer <strong>le</strong>ur machine. Et d’un autre côté,<strong>le</strong>s livres-poubel<strong>le</strong>s, que l’on ne veut pas gar<strong>de</strong>r après <strong>le</strong>s avoir finisn’encombreront pas <strong>le</strong>s étagères avec <strong>le</strong> numérique », lance-t-il avecun éclat <strong>de</strong> rire.Car <strong>le</strong> moins que l’on puisse dire, c’est que John a une idée très claire<strong>de</strong> la situation. « Le livre que j’expose à la vue <strong>de</strong> mes invités, chez moi,c’est aussi un gage <strong>de</strong> savoir, <strong>de</strong> connaissance. Cela nous renvoie àl’affect lié à l’objet, mais surtout, ça en dit long sur moi. C’est aussi çaun livre : un indicateur <strong>de</strong> mes goûts, <strong>de</strong> ma culture. Dans une machine,l’effet social n’est pas vraiment <strong>le</strong> même. » D’ail<strong>le</strong>urs, avec ces machines,on perd sûrement une part <strong>de</strong> plaisir. Mais, <strong>de</strong> même qu’en librairie, unchoix s’exerce dans <strong>le</strong>s livres proposés, <strong>de</strong> même, l’accès à <strong>de</strong>s ebooksreprésente une avancée d’envergure pour <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> la <strong>le</strong>cture.Racontant l’histoire d’un <strong>de</strong> ses amis, qui tentait <strong>de</strong> <strong>le</strong> convaincre dubien-fondé <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs ebook, en lui expliquant qu’il avait ses 200 livressur lui, quand il allait à la Poste, John reste circonspect. « Mais tu vasacheter quoi, à la Poste, pour avoir besoin <strong>de</strong> 200 livres ? Un timbre ?Change <strong>de</strong> bureau plutôt ! »D’ail<strong>le</strong>urs, dans <strong>le</strong> domaine jeunesse, <strong>le</strong> livre numérique a bien <strong>de</strong>schoses à prouver et créer… « On n’en peut plus, <strong>de</strong>s livres signés par<strong>de</strong>s peop<strong>le</strong>s, dont arrosent <strong>le</strong>s éditeurs. Et la liste est longue. »Sauf que ces ventes permettent un apport <strong>de</strong> trésorerie. « Tout cet argentest réinjecté dans l’industrie, pour d’autres livres, alors, ça sert. Et puis,il y a <strong>de</strong>s <strong>le</strong>cteurs pour ça, donc il faut <strong>de</strong>s livres pour eux. Mais vousvoyez, entre <strong>le</strong> livre pour enfants <strong>de</strong> Barack Obama et certains <strong>de</strong>mes livres, je ne vois pas <strong>de</strong> concurrence. Plutôt une complémentarité. »Par contre, <strong>le</strong>s livres politiques, ce n’est pas vraiment son truc : « C’esttoujours <strong>le</strong> ca<strong>de</strong>au pourri que l’on reçoit à Noël et qu’on ne lira jamais… »Pour qu’un livre jeunesse marche en Ang<strong>le</strong>terre, il doit avant tout être« lisib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s adultes. Ce sont eux qui achètent <strong>le</strong>s livres à <strong>le</strong>ursenfants. L’ebook augmenté <strong>de</strong>vra être convaincant pour <strong>le</strong>s jeuneset <strong>le</strong>urs parents. À la différence que cette génération qui arrive est unegénération d’écran. Nous, ça nous rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> travail, et pas question<strong>de</strong> passer son temps <strong>de</strong>vant un nouvel écran. »Et pourtant, quel<strong>le</strong> fabu<strong>le</strong>use ressource que <strong>le</strong> net ! Fabu<strong>le</strong>use etdangereuse. « Goog<strong>le</strong> ne nous a peut-être pas rendus complètement idiots,mais il nous a appris à <strong>de</strong>venir fainéants. Le partage <strong>de</strong> l’information,l’accès à la culture, c’est bien beau, mais <strong>le</strong> moteur <strong>de</strong> recherche n’estqu’une <strong>de</strong>s fenêtres que l’on peut ouvrir sur la Toi<strong>le</strong>. Si on y réfléchit,internet vu par <strong>le</strong> prisme Goog<strong>le</strong>, c’est une autre manière <strong>de</strong> choisirce que l’on donne à voir. Comme mes libraires <strong>de</strong> tout à l’heure, quine veu<strong>le</strong>nt pas certains livres, alors ne <strong>le</strong>s présentent pas au public.Moi, je n’ai jamais été censuré, à proprement par<strong>le</strong>r. Mais certaineschaînes ne ven<strong>de</strong>nt pas mes ouvrages. Alors, évi<strong>de</strong>mment, internet,c’est une ressource incroyab<strong>le</strong>. Mais encore faut-il savoir l’utiliser…Vous avez déjà consulté la 98 ème page dans votre recherche ? »Et <strong>le</strong>s réseaux sociaux, John ? Tu veux mon Facebook, avoir <strong>de</strong>sfollowers, comme Margaret Atwood ? Il sourit, et finit par rire aux éclats :« Twitter, c’est parfait si, comme el<strong>le</strong>, on n’aime pas rencontrer ses<strong>le</strong>cteurs, et que l’on n’aime pas <strong>le</strong>s gens. Moi j’aime ça, <strong>le</strong> contact.Si je ne doute pas <strong>de</strong> l’impact que cela peut avoir sur la promotion d’unlivre, moi, ce n’est pas mon boulot. Le marketing viral sur <strong>le</strong> net, je luipréfère <strong>le</strong> bouche-à-oreil<strong>le</strong>, en fait. C’est comme ça que Le Livre <strong>de</strong>schoses perdues s’est vendu. »Cependant, John a conscience <strong>de</strong> l’importance que cela peut avoir.En particulier pour <strong>le</strong>s auteurs indépendants. « C’est <strong>de</strong> plus en plus dur.Les à-valoir diminuent, en répercussion aux crises <strong>de</strong>s éditeurs.Ça accompagne <strong>le</strong>s licenciements. Alors, je comprends <strong>le</strong>s auteursqui préfèrent prendre <strong>le</strong>ur envol, seuls. » Simp<strong>le</strong>ment, même pour <strong>de</strong>sauteurs confirmés, <strong>le</strong> filtre que représente l’éditeur est précieux. « Dans unmon<strong>de</strong> idéal, l’édition indépendante ne poserait pas <strong>de</strong> problèmes. Maistrès sérieusement : si dans l’édition, on trouve déjà <strong>de</strong>s trucs pas très nets,dans l’édition indépendante, c’est assez souvent du délire. »Lui, il est resté fidè<strong>le</strong> à ses éditeurs, parce qu’il croit en cette collaborationprécieuse. Au point <strong>de</strong> considérer ce lien comme réel<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>.« Mais la vérité, c’est que personne ne m’a fait une propositioncommercia<strong>le</strong> plus intéressante », conclut-il, toujours hilare. « Je ne suistel<strong>le</strong>ment pas sûr que d’autres veuil<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> moi, que je préfère rester gentilavec ceux qui m’aiment bien. »Bien noté, John…34John Connolly, auteur d’un diab<strong>le</strong> <strong>de</strong> roman paru à l’Archipel,Les portes, est un sacré phénomène. « Tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> en Irlan<strong>de</strong> estécrivain. Dans <strong>le</strong> pays, si vous faites quelque chose d’uti<strong>le</strong>, vous êtesune exception. » Alors, pour se conformer à ce que l’on attendait <strong>de</strong>lui, il s’est mis à écrire…


Pour s’entretenir« L’ebook sera populaire quand ontrouvera <strong>de</strong>s fichiers avec <strong>de</strong>s virus »Interview <strong>de</strong> Guillaume LovetPropos recueillis par NIcolas GaryLa sécurité informatique, c'est <strong>le</strong> fer <strong>de</strong> lance <strong>de</strong>s sociétés proposant <strong>de</strong>soutils <strong>de</strong> lutte contre <strong>le</strong>s virus,<strong>le</strong>s trojans et autres joyeusetés <strong>de</strong> ce genre. Et ainsi que nous l'avions vul'an passé, la bascu<strong>le</strong> <strong>de</strong>s livres vers<strong>de</strong>s fichiers numériques implique <strong>le</strong>s mêmes enjeux.Guillaume Lovet Senior Manager, et responsab<strong>le</strong> équipe <strong>de</strong>s réponsesaux menaces chez Fortinet, contacté par ActuaLitté, estime que pour <strong>le</strong>moment, <strong>le</strong>s virus dans <strong>le</strong>s ebooks, on n'est pas prêt <strong>de</strong> <strong>le</strong>s voir. « Que cesoit <strong>de</strong>s fichiers PDF ou non, ce moyen <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s virus, et autresmenaces n'est pas encore populaire. Attention, <strong>le</strong>s technologies pourintroduire un cheval <strong>de</strong> Troie dans un PDF existent <strong>de</strong>puis un bon moment,mais <strong>le</strong>s cybercriminels ont avant tout une perspective simp<strong>le</strong> : <strong>le</strong> chemin <strong>de</strong>moindre résistance. »La politique piratique du moindre effortEn cela, <strong>le</strong> livre numérique n'a vraiment rien <strong>de</strong> séduisant pour eux.« C'est un vecteur encore trop peu intéressant. Les fichiers sont tropvolumineux, la propagation serait trop <strong>le</strong>nte, bref, ils ne présententpas <strong>le</strong> moindre intérêt pour un pirate. » Au moins dans<strong>le</strong> cadre <strong>de</strong>s emails contenant un document malicieux que l'on peutrecevoir. Mais dans <strong>le</strong>s réseaux <strong>de</strong> partage ?« Bien sûr, avec une actualité très forte, comme la sortie du film HarryPotter, on pourra constater une multiplication <strong>de</strong> faux fichiers vidéo, <strong>le</strong>sfakes. Mais là encore, si l'actualité permet d'observer un certain regaind'activité, il faut toujours prendre en compte que l'on met encore plusieursdizaines <strong>de</strong> minutes à télécharger un film piraté. Et quand bien même unebook pèserait quelques mégas à peine, il n'a riendu vecteur premier que <strong>le</strong>s pirates choisiraient. »engouement immense, du fait <strong>de</strong> son prix dans <strong>le</strong> commerce. Mais sil'on y trouve un co<strong>de</strong> malveillant, c'est avant tout parce que <strong>le</strong> succès <strong>de</strong>l'opération est assuré. Il faut bien comprendre qu'un virus utilise pour sepropager un support simp<strong>le</strong> et efficace. En ce sens, on pourra dire que <strong>le</strong>sebooks seront populaires quand on trouvera <strong>de</strong>s fichiers infectés. »Et <strong>le</strong> smartphone ?Et quel regard porter sur la <strong>le</strong>cture via mobi<strong>le</strong> ?« Là encore, c'est une question <strong>de</strong> démocratisation <strong>de</strong>s plateformes, maiséga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s utilisations que l'on pourra faire d'une contamination. »Exemp<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> : un ver pour iPhone OS, c'est bien, mais mis à part fairecomposer <strong>de</strong>s numéros surtaxés, l'intérêt commercial n'est pas génial. «Il en va <strong>de</strong> même pour Android, qui est appelé à <strong>de</strong>venir <strong>le</strong> Windows dumobi<strong>le</strong> », précise Guillaume Lovet.Le même constat pourra se faire avec <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>ttes : <strong>le</strong>ur connectivité<strong>le</strong>s rend certes sensib<strong>le</strong>s à la question, mais pour autant, el<strong>le</strong>s n'ont pasgrand-chose <strong>de</strong> bankab<strong>le</strong> pour un pirate. D'une part, <strong>le</strong> parc est encorerelativement peu important, d'autre part, el<strong>le</strong>s n'ont pas <strong>le</strong> vecteur <strong>de</strong>diffusion que l'on connaît avec un ordinateur <strong>de</strong> bureau.« Le livre numérique aura sûrement un jour à se confronter à cesproblèmes, <strong>de</strong> même que la base <strong>de</strong> données qui recueil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s livres,<strong>de</strong> même que l'intégrité <strong>de</strong>s textes... Toutes ces choses sont sensib<strong>le</strong>s,parce que binaires, numériques. Mais il faudra que <strong>le</strong>s usages aientvéritab<strong>le</strong>ment intégré l'utilisation <strong>de</strong> l'ebook pour que cela arrive etsurtout, motive <strong>de</strong>s pirates. »Aucun ebook infecté connuSelon lui, il n'a toujours pas été recensé <strong>de</strong> livre numérique infectépar une menace, quel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> soit. « C'est en même temps un indice <strong>de</strong>popularité. Une suite logiciel<strong>le</strong> <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> texte va connaître unGuillaume Lovet est Senior Manager, et responsab<strong>le</strong> équipe<strong>de</strong>s réponses aux menaces chez Fortinet35


Le mot du moisEn VracLe livredraguedu moisAh qu’il est doux <strong>de</strong> tenir, lové sur ses genoux, untendre matou doucement ronronnant. Cette mêmebête qui s’instal<strong>le</strong>ra confortab<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> clavier<strong>de</strong> votre ordinateur portab<strong>le</strong>, sous prétexte qu’il yfait chaud… Cette même horreur qui viendra voustirer du lit à <strong>de</strong>s heures indues, pour la bonne raisonque 5 heures du matin, c’est son horaire.Oui, mais votre bête et vous, c’est à la vie à la mort…Mieux : vous êtes félins pour l’autre. Tantôt calin,mais quand il l’a décidé, tantôt indépendant etdédaigneux <strong>de</strong> votre personne, votre matou, c’estvotre meil<strong>le</strong>ur atout.Celui qui aime <strong>le</strong>s bêtes ne peut pas tout à fait êtremauvais. Et celui qui lit <strong>le</strong> livre d’un académicienne peut pas ne pas aimer <strong>le</strong>s chats. N’oubliez pas :<strong>de</strong> même que la grenouil<strong>le</strong> sert <strong>de</strong> redoutab<strong>le</strong>baromètre, <strong>de</strong> même, comme disait Desproges,<strong>le</strong> chat sert <strong>de</strong> thermomètre. Eh oui : quand <strong>le</strong> chatn’est plus sur mémé, c’est donc qu’el<strong>le</strong> est froi<strong>de</strong>…Homuncu<strong>le</strong> / Homoncu<strong>le</strong> nm❍ Petit homme à l’image <strong>de</strong>l’homme, que <strong>le</strong>s alchimistesprétendaient pouvoir fabriquer.❍ (fam) Homme petit et malingre(source : Dictionnaire Hachetteencyclopédique)HoroscopeNovembre, ScroupionArgent : Si <strong>le</strong>s impôts ne vous ont pas laissés exsangues, tantmieux. Dans <strong>le</strong> cas contraire, profil bas et notes <strong>de</strong> frais. Tentezce que vous pouvez pour qu’un <strong>de</strong> vos auteurs ait un prix <strong>de</strong> larentrée. Ça mettra du beurre allégé dans <strong>le</strong>s épinards. Faut tout<strong>de</strong> même veil<strong>le</strong>r à gar<strong>de</strong>r la ligne. Ah, <strong>de</strong>uxième décant : arrêtez<strong>le</strong>s jeux <strong>de</strong> hasard. Hein, Lilie, c’est à toi que <strong>le</strong> monsieur cause.Amour : Novembre, c’est la jung<strong>le</strong>. Il faut y al<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong> coupecoupepour obtenir <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s dans la presse pour ses <strong>de</strong>rnièrespublications avant Noël. Restez simp<strong>le</strong> : <strong>le</strong>vrette si vous êtes àl’affût, missionnaire si vous prêchez pour votre paroisse. Pour cequi est <strong>de</strong>s sentiments, n’en faites pas, sinon, c’est la maison d’enface qui aura <strong>le</strong> plus <strong>de</strong> papiers. Et même en interne, n’hésitez pasà faire <strong>de</strong>s coups tordus. C’est bon pour <strong>le</strong> moral.Santé : Oui, à la vôtre aussi. Parce que prix ou pas, <strong>le</strong>s remisesqui se multiplient vont éprouver votre foie en l’édition. Pico<strong>le</strong>zpas trop, ça fait grossir. Pico<strong>le</strong>z un peu quand même, ça ai<strong>de</strong> àse sentir plus léger. Et si ça vous tente, on s’organise un apéroavec <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> la rédaction.(contacter aa@actualitte.com pour <strong>le</strong>s modalités)Troisième décant ? (Prenez) Gar<strong>de</strong> à vous !C’est aussi valab<strong>le</strong> pour un Académicien.Avec un dictionnaire amoureux <strong>de</strong>s chats à la main,un brin <strong>de</strong> tendresse et quelques caresses, vous voici<strong>de</strong>venu <strong>le</strong> plus désirab<strong>le</strong> <strong>de</strong>s hommes.Deman<strong>de</strong>s d’emploisLes petites annoncesImmobilierEt puis, saisissez l’occasion <strong>de</strong> citer Bau<strong>de</strong>laire :Les amoureux fervents et <strong>le</strong>s savants austèresAiment éga<strong>le</strong>ment, dans <strong>le</strong>ur mûre saison,Les chats puissants et doux, orgueil <strong>de</strong> la maison,Qui comme eux sont fri<strong>le</strong>ux et comme eux sé<strong>de</strong>ntaires.La classe internationa<strong>le</strong>, non ?Simp<strong>le</strong> d’esprit donneraitcours d’idiotvisuel dans <strong>le</strong> sotbusinessPeintre Chinoischerche place dans unrestaurant pour faire<strong>le</strong> canard laquéAncien facteur cherche place sur un longcourrierECHANGESCherche femme à la beauté du diab<strong>le</strong> contrefemme à la grâce <strong>de</strong> dieu.Echange vieux coq contre un oeuf.Boucher échange gîte à la noix contre belappartetementDivers : Monsieur qui a envie d’étranger safemme cherche moyen <strong>de</strong> resserer <strong>le</strong>s liensconjugaux©Maurice Aszerman, anciencollaborateur <strong>de</strong> Pierre DacCherche exploitationagrico<strong>le</strong> :prix ferme.Grand magasincherche petiteboutiqueSociété immobilière en désaccordavec ses associés cherche terraind’ententeMARIAGESInspecteur d’académie cherche jeunemaîtresseJeune obèse ayant l’âge un grascherche femme légère pour <strong>le</strong> dégrossirMonsieur soigneux cherche fil<strong>le</strong>rangée36


Au cas par caseEt ce, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s mois...Bienvenu MbutuMondondo s'estméchamment faitdésavouer par laministre <strong>de</strong> la Culturecongolaise enpersonne, alors mêmeque ce monsieurmène un combat <strong>de</strong>longue ha<strong>le</strong>ine contreTintin au Congo.Voire <strong>de</strong>s années. M. Mbutu Mondondo estime en effetque l'oeuvre d'Hergé est raciste, présentant un visagehumiliant <strong>de</strong> l'Afrique et <strong>de</strong> son pays en particulier. Etsa lutte judiciaire pour que la BD soit estampillée d'unLe Congo d’Hergé et <strong>de</strong> Tintin bien inspiré,selon la ministre <strong>de</strong> la CultureDésaveu brutal <strong>de</strong> l’action judiciaire contre l’oeuvre d’Hergé...ban<strong>de</strong>au d'avertissement voire tout simp<strong>le</strong>ment retirée <strong>de</strong>sventes, se poursuivra avec une nouvel<strong>le</strong> parution <strong>de</strong>vantla justice belge, <strong>le</strong> 22 <strong>novembre</strong> prochain.Mais entre temps, on vient <strong>de</strong> lui couper quelque peul'herbe sous <strong>le</strong> pied. En effet, à l'occasion <strong>de</strong> l'inaugurationdu festival <strong>de</strong> la BD <strong>de</strong> Kinshasa, la ministre Kavira Maperaa estimé qu'il n'y avait pas lieu du tout <strong>de</strong> poursuivre nil'oeuvre, ni la mémoire <strong>de</strong> l'auteur, et moins encore <strong>de</strong>faire autant <strong>de</strong> bruit autour <strong>de</strong> ce livre.Interrogée par RFI, en marge <strong>de</strong> l'inauguration, el<strong>le</strong> expliquesa position : « Pour <strong>le</strong> gouvernement congolais, Tintinau Congo est un chef-d'oeuvre. Cet album ne b<strong>le</strong>sse enrien la culture congolaise. » Mais surtout, el<strong>le</strong> reconnaîtdans cette oeuvre un certain témoignage véridique <strong>de</strong> ceque put être <strong>le</strong> contexte d'alors, et une justesse dansl'aventure tel<strong>le</strong> que racontée par Hergé, et entre tempslégèrement corrigée. (illustration, avant et après)« Aux temps anciens, lorsque ce livre a été écrit et que soncréateur a été inspiré, effectivement, <strong>le</strong>s Congolais ne savaientpas par<strong>le</strong>r français. Jusqu'aujourd'hui, <strong>le</strong> Congolaisn'est pas celui qui par<strong>le</strong> <strong>le</strong> mieux français. À cetteépoque-là, époque décrite dans l'ouvrage, effectivement,pour remettre <strong>le</strong> Congolais au travail ou tout simp<strong>le</strong>mentl'inciter à travail<strong>le</strong>r, il fallait utiliser <strong>le</strong> bâton.Jusqu'aujourd'hui, dans certains milieux, pour envoyer<strong>le</strong>s enfants ou <strong>le</strong>s adultes au champ, il faut y al<strong>le</strong>r par<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s fortes. »Avant <strong>de</strong> conclure que l'action <strong>de</strong> M. Mbutu Mondondoétait « un procès intéressé qui n'engage pas <strong>le</strong> gouvernementcongolais ».À Saint-Malo, Reiser et <strong>le</strong>s mineurs ne cohabitent pasÇa bullait sévèrement sur la vil<strong>le</strong>...Reiser, c'est sa<strong>le</strong>, c'est cochon, c'est obscène. Maisc'est tout <strong>de</strong> même hilarant. Allons donc : interdireReiser ? C'est du délire ! Ce type aux <strong>de</strong>ssins cra<strong>de</strong>s, avecune vision claire <strong>de</strong> la société et un humour corrosif, quivous tail<strong>le</strong> en lambeaux une société... interdit ?Oui, en tout cas durant <strong>le</strong> festival <strong>de</strong> la BD <strong>de</strong>Saint-Malo, Quai <strong>de</strong>s bul<strong>le</strong>s, qui avaitlieu ce week-end, la 30 ème édition auraété marquée par plusieurs expositions,chose assez classique, mais surtoutune consacrée à Reiser qui n'a paséchappé au Mon<strong>de</strong>.En effet, à l'entrée <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong> présentantReiser et la mer, on pouvait lire, bienen évi<strong>de</strong>nce : « L'entrée est interditeaux mineurs non accompagnés <strong>de</strong> <strong>le</strong>ursparents. En effet, certaines oeuvresprésentées dans cette exposition abor<strong>de</strong>nt<strong>le</strong> thème <strong>de</strong> la sexualité et sont susceptib<strong>le</strong>s<strong>de</strong> choquer <strong>le</strong>s plus jeunes. »Mince : Reiser ne serait donc pas tout public ? L'humouraurait aussi ses bornes que l'on est prié <strong>de</strong> ne pas dépasser,particulièrement quand on n'est pas majeur et vacciné ?Les <strong>de</strong>ssins choisis par Michè<strong>le</strong> Reiser, femme du<strong>de</strong>ssinateur, décédé en 83, allaient pourtant bien plusloin que <strong>le</strong>s classiques <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> cul que l'on pouvaittrouver dans <strong>le</strong>s BD <strong>de</strong> l'intéressé.Au contraire pointent nos confrères, <strong>le</strong>s thèmes <strong>le</strong>s plusactuels s'y retrouvaient, notant toutefois qu’ici ou là, onfaisait face à <strong>de</strong>s textes nettement plus crus que <strong>le</strong>s caricaturesque l'on connaît. En particulier, une planche, LAplanche, tirée <strong>de</strong> l'album Fous d'amour... <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssin estsimp<strong>le</strong>ment nommé Solitu<strong>de</strong>, et l'on y voit un gardien <strong>de</strong>phare pratiquant l'onanisme directement dans la <strong>le</strong>ntil<strong>le</strong>du phare...Oups..?Fred Lecaux, concepteur <strong>de</strong>s expositionsà Qaui <strong>de</strong>s bul<strong>le</strong>s, assure qued'une part l'interdiction est venue avantcel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'exposition Larry Clark, qui asévi à Paris. Ensuite... « Le public <strong>de</strong>Saint-Malo est familial, j'ai voulu quechacun puisse réagir selon sa sensibilité.L'affiche du festival est connotéeenfant, la programmation ne l'est pas.C'est vrai qu'il y a peu <strong>de</strong> sexe, etqu'interdire est plus fort qu'avertir,mais cela a été décidé dans l'urgence. Je prends mes responsabilités.Ce n'est pas à moi <strong>de</strong> montrer à un gaminun gars en train <strong>de</strong> se masturber. Reiser est accessib<strong>le</strong> enlibrairie et en bibliothèque, mais montrer une plancheau grand public, ce n'est pas pareil. La décision a étéprise collégia<strong>le</strong>ment par l'association Quai <strong>de</strong>s bul<strong>le</strong>s.On n'en a d'ail<strong>le</strong>urs pas parlé énormément. »De son côté, <strong>le</strong> fils du <strong>de</strong>ssinateur, Franz Reiser avouese marrer <strong>de</strong> ce que l'on interdise <strong>de</strong> la sorte l'expositionaux mineurs. « Ils ont dû vouloir éviter un problème, nepas être embêtés par un intégriste catho. Mais un avertissement,comme à la récente exposition <strong>de</strong> Reiser àBeaubourg, aurait suffi. »37


Au cas par caseUn hymne à l’univers du créateur <strong>de</strong> la série Blueberry.Agé <strong>de</strong> 74 ans, Jean Giraud, alias Moebius, <strong>de</strong>ssinateuret scénariste <strong>de</strong> BD, vous invite à la découverte <strong>de</strong>son univers au sein <strong>de</strong> la Fondation Cartier. Dénommée« Moebius, Transe-Forme », cette exposition se construitcomme un voyage dans l’antre <strong>de</strong> Moebius. L’expositionest visib<strong>le</strong> du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011.On retrouve là <strong>le</strong>s traces <strong>de</strong> tout ce qui retient particulièrementl’attention <strong>de</strong> Jean Giraud. Féru <strong>de</strong> chamanisme,<strong>de</strong> voyance et autres sciences tournées vers <strong>le</strong> surnaturel,Moebius tire <strong>de</strong> là une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son inspiration.C’est sous <strong>le</strong> signe <strong>de</strong> la métamorphose qu’une tel<strong>le</strong> expositiona vu <strong>le</strong> jour. On y découvre près <strong>de</strong> 400 <strong>de</strong>ssins,planches <strong>de</strong> BD mais aussi <strong>de</strong> nombreux agrandissements<strong>de</strong> quelques œuvres <strong>de</strong> l’auteur.Pour réunir et organiser tous ces documents, il a fallu pasmoins d’un an. Mais <strong>le</strong> résultat vaut <strong>le</strong> déplacement etpromet <strong>de</strong> laisser aux visiteurs une image forte <strong>de</strong> l’univers<strong>de</strong> Moebius que d’aucuns ont pu découvrir à traversla série Blueberry.Bercé par la science-fiction, Jean Giraud a participé auxtournages <strong>de</strong> nombreux films liés à cet univers, ainsi d’Alien,d’Abyss ou encore du cinquième élément. Ce véritab<strong>le</strong>amateur d’OVNI vous fera découvrir un film d’animationtournant en 3D sur <strong>le</strong>s lieux <strong>de</strong> l’exposition. IntituléLa planète encore, il s’agit d’une adaptation d’une BDque Moebius a réalisé aux côtés <strong>de</strong> Geoffrey Niquet.La ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée crée sa bul<strong>le</strong> en Al<strong>le</strong>magneLe genre y est peu à peu reconnuÀ l’occasion <strong>de</strong> cette exposition, la Fondation Cartier proposeun livre-anthologie autour <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> l’artiste :Moebius-transe-forme. On pourra aussi, pour <strong>le</strong>s plusjeunes se procurer un livre pour enfants : Coloriagesavec Moebius.Source : RTLInfo.beL'Al<strong>le</strong>magne et la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée, ce n'était jusqu'àmaintenant pas vraiment une histoire d'amour.« En Al<strong>le</strong>magne <strong>le</strong>s préjugés sur la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée ont lavie dure, beaucoup <strong>de</strong> gens croient que c'est toujours undomaine réservé aux enfants » déclare ainsi ChristianMaiwald <strong>de</strong> la maison d'édition berlinoise Reprodukt.Dans <strong>le</strong>s années 60-70, la BD était même complètementmorte outre-Rhin. Selon Ralf König, pionnier mondial <strong>de</strong>Après l'appel lancé par <strong>le</strong>s éditeurs du côté livre, enmatière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s droits numériques et <strong>de</strong>sinitiatives hasar<strong>de</strong>uses d'agents littéraires, la réaction duGroupement <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée ne s'est pasvraiment fait attendre.Leur réaction est aussi vive qu'argumentée. Dans un PDF<strong>de</strong>quatre pages, <strong>le</strong>s éléments pointés par <strong>le</strong> SNE sont repris etdémontés avec une perspective simp<strong>le</strong>.La situation déplorée par <strong>le</strong> SNE nous apparaît clairementcomme une conséquence symptomatique <strong>de</strong> l'obstinationdu SNE, et notamment du SNE-BD, à refuser tout dialogueavec ses partenaires et en premier lieu <strong>le</strong>s auteurs.Estimant que <strong>le</strong> SNE crie maintenant au feu alors qu'il aendossé <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> « du pompier-pyromane », <strong>le</strong> syndicat faitvaloir que son Appel du numérique, lancé en mars 2010avait déjà marqué <strong>le</strong>s points noirs, d'autant plus qu'il avaitété repris par la suite « par <strong>le</strong>s organisations professionnel<strong>le</strong>s<strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s auteurs et illustrateurs du livre ».la BD gay humoristique, <strong>le</strong>s sombres années nazies, etl'américanisation forcenée <strong>de</strong> l'après-guerre y sont pourquelque chose : « Quand j'étais enfant, il n'y avait que <strong>de</strong>scomics américains comme Mickey ».C'est <strong>le</strong> roman graphique qui redore <strong>le</strong> blason <strong>de</strong> la BDen Al<strong>le</strong>magne. Plus sérieux, mélange <strong>de</strong> roman et <strong>de</strong> BD,« <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> gens s'aperçoivent que ce médiapeut aussi par<strong>le</strong>r aux adultes » explique Maiwald citéepar l'AFP.Pour une rémunération juste <strong>de</strong>s auteurs en BD numérique !Petit appel, grand échoL'univers <strong>de</strong> la BD fait d'autre part preuve <strong>de</strong> quelquesdifférences avec <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> du livre. Puisque la numérisationpeut impliquer une adaptation particulière, au regard<strong>de</strong> la mise en page et du caractère séquentiel d'une BD, <strong>le</strong>Snac-GABD estime que <strong>le</strong> titre numérique et celui papier,doivent « faire l’objet d’un contrat séparé et distinctcomme la cession <strong>de</strong>s droits audiovisuels ».Dans ces conditions, la cession <strong>de</strong>s droits ne reposait jusqu'àprésent que sur la vente <strong>de</strong>s exemplaires et <strong>le</strong> commerce <strong>de</strong>biens matériels. Le numérique bou<strong>le</strong>versant quelque peu ladiffusion traditionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'oeuvre, plusieurs points noirsrestent à éclaircir :❍ <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation à venir (téléchargement<strong>de</strong> fichiers ou simp<strong>le</strong>s consultations),❍ <strong>le</strong> prix du "livre numérique",❍ <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> la TVA qui lui sera appliquée dans <strong>le</strong> futur,❍ <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s économiques d’accès aux oeuvres(prix pour l’acquisition d’une oeuvre, abonnement pour<strong>de</strong>s accès limités ou non à <strong>de</strong>s catalogues éditoriaux, recettespublicitaires, etc.),Le mouvement est visib<strong>le</strong>, même à la foire <strong>de</strong> Francfort :<strong>le</strong>s éditeurs Reprodukt et Édition Mo<strong>de</strong>rne sont ainsiinstallés dans <strong>le</strong> hall 5 dédié à la littérature, et non plusdans la section Comic comme <strong>le</strong>s années précé<strong>de</strong>ntes.Le spécialiste al<strong>le</strong>mand <strong>de</strong> la BD Klaus Schikowski :« La BD est maintenant chroniquée dans <strong>le</strong>s colonnes littéraires<strong>de</strong>s journaux al<strong>le</strong>mands, ce qui était inenvisageab<strong>le</strong>il y a encore quelques années ! La BD est désormaisentrée en Al<strong>le</strong>magne dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> la culturerespectab<strong>le</strong> ». La BD, ou tout du moins sa frange romangraphique.Ce qui a d'ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> don d'énerver Splitter, éditeur <strong>de</strong>Delcourt et So<strong>le</strong>il en Al<strong>le</strong>magne, qui se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoil'on ne par<strong>le</strong> que <strong>de</strong>s romans graphiques. « C’est paradoxal,note l’agent Paul Derouet, conseil<strong>le</strong>r auprès du Festivald’Erlangen. Pendant <strong>de</strong>s années, nous nous sommes battuspour que la BD soit reconnue comme une littérature à partentière. Maintenant que nous y sommes à peu près parvenus,ils se désolidarisent <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la profession. »Chacun veut sa part du gâteau. Réjouissons-nous pourl'instant du début <strong>de</strong> la reconnaissance du 9 ème art cheznos voisins.R.TEt d'ajouter :Il n’y a aucun fon<strong>de</strong>ment légal ni même moral à ce que« l’exploitation numérique » soit automatiquement inclusedans l’acquisition <strong>de</strong>s droits d’exploitation du « livre papier ».Le modè<strong>le</strong> économique du numérique est différent etémergeant, il convient d’abord <strong>de</strong> réfléchir à la manière <strong>de</strong><strong>le</strong> faire fonctionner avant d’en fixer <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s.Et pour ce qui est du prix <strong>de</strong> vente fixé par l'éditeur, toutcela est bel et bon, et « serait parfait si <strong>le</strong>s éditeurs,lorsqu’ils fixent <strong>le</strong> prix <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> nos ouvrages et larépartition <strong>de</strong>s revenus, tenaient compte <strong>de</strong> notre droitlégitime à vivre <strong>de</strong> notre travail. »De nouveaux cadres !Puisque l'on évoque <strong>le</strong> numérique, <strong>le</strong> choix d'un « nouveaupartenariat » reste encore à négocier, souligne-t-il, avec<strong>de</strong>s bases saines, reposant sur « une juste rémunération<strong>de</strong>s auteurs pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> économique <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, parune négociation col<strong>le</strong>ctive, catégoriel<strong>le</strong> et non par <strong>de</strong>snégociations contractuel<strong>le</strong>s au cas par cas ».On prendra un exemp<strong>le</strong> assez frappant : <strong>le</strong>s auteurs <strong>de</strong> BDlivrent <strong>de</strong> plus en plus d'oeuvres sous forme numérique. Uncoût qui est donc épargné pour <strong>le</strong>s éditeurs, qui travail<strong>le</strong>ntsur ces fichiers, et dont la fabrication n'est plus à <strong>le</strong>ur charge« et cela sans aucune répercussion, ni sur <strong>le</strong> prix public, nisur la rémunération <strong>de</strong>s auteurs ». Quant à la promotion<strong>de</strong>s titres, quel auteur ne dispose aujourd'hui pas <strong>de</strong> sonblog, sa Fan Page Facebook, et ainsi <strong>de</strong> suite ?Aujourd'hui, <strong>le</strong>s auteurs ne récupèrent que la portion congrue<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur travail. Appliquer à l'édition numérique <strong>le</strong>s mêmespourcentages qu'à l'édition papier revient à tuer la professiond'auteur <strong>de</strong> Ban<strong>de</strong> Dessinée à plus ou moins court terme,selon l'essor <strong>de</strong> ce nouveau marché. »N.G.38


Du beau, du bon…du BD !Freak Angels, Tome 2W. Ellis, P. DuffieldEntre <strong>le</strong>s ombresArnaud Bout<strong>le</strong>Douze gamins qui ont réduit <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> àun sinistre état voilà vingt-trois ans, et quiaujourd'hui payent <strong>le</strong>ur écot à cette sociétéqu'ils méprisaient alors. En reconstituant unsemblant<strong>de</strong> vie communautaire dont ils rég<strong>le</strong>mentent<strong>le</strong>s moindres détails, <strong>le</strong>s 11 Freakangelsfont la pluie et <strong>le</strong> beau temps.Leurs pouvoirs psychiques <strong>le</strong>s mettent en liaison permanente <strong>le</strong>s uns avec <strong>le</strong>s autres.Cette même force qui <strong>le</strong>s aida à créer une fin du mon<strong>de</strong> légèrement anticipée, quelquesannées auparavant. Whitechapel, <strong>le</strong>ur territoire, <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier bastion d'une humanité qu'ilsont élue, et qu'ils chérissent.Mais la menace qui vient <strong>de</strong>s a<strong>le</strong>ntours nécessite <strong>de</strong>s adaptations. Viru<strong>le</strong>ntes réactions<strong>de</strong> protection, cas <strong>de</strong> force majeur... Les gamins ont vingt-trois ans aujourd'hui, mais pasquestion <strong>de</strong> se laisser impressionner par un simp<strong>le</strong> obusier. Quand il s'agit <strong>de</strong> défendrela société qu'ils ont rebâtie, tous <strong>le</strong>s moyens sont bons. Même <strong>le</strong>s plus inattendus,comme l'empathie.Si <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> Freakangels évoquent en vous la moindre sympathie, alors définitivement,il vous faut vous ruer sur ce <strong>de</strong>uxième opus, et embarquer <strong>le</strong> premier avec. Cetteaventure déjantée, dans un E<strong>de</strong>n incongru est un must actuel du genre.Laissez tomber ce qui vous semb<strong>le</strong>rait <strong>de</strong>s imperfections du <strong>de</strong>ssin ; oubliez <strong>le</strong> scénarioque vous croiriez à tort simpliste. Freakangels confirme aisément <strong>le</strong>s attentes que l'onavait avec <strong>le</strong> premier tome. Empli d'une vitalité coupab<strong>le</strong> et d'une suffocante tension,c'est un roman graphique d'apprentissage, au même titre que <strong>le</strong>s bilsdungromans al<strong>le</strong>mandsdu XIX ème sièc<strong>le</strong>. (Freakangels, chronique du tome 1)À une différence près : ils sont onze post-ados, un brin attardés, avec une ultra-conscience<strong>de</strong> <strong>le</strong>urs actes. Et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs pouvoirs. Enfin, <strong>de</strong> presque tous <strong>le</strong>urs pouvoirs. Embal<strong>le</strong>r c'estpesé : petit bijou.Seul au mon<strong>de</strong>. Avec <strong>de</strong>s regrets, <strong>de</strong>sremords et la neige pour uniques compagnons.Une solitu<strong>de</strong> aussi vaste qu’un universvidé <strong>de</strong> toute substance humaine. Mêmel’é<strong>le</strong>ctricité s’est fait la mal<strong>le</strong>. Et pour cause,plus personne pour la fabriquer. Il s’est bienpassé quelque chose, évi<strong>de</strong>mment, mais tantl’humanité a été absorbée par sa propreabsence, que cet événement n’a plus guèred’importance.Tout ce qui compte, c’est la vie, seu<strong>le</strong>, <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier survivant. Dans <strong>de</strong>s tons <strong>de</strong> gris,rarement parsemés <strong>de</strong> cou<strong>le</strong>urs estompées, une aquarel<strong>le</strong> qui aurait déteint, on bascu<strong>le</strong>entre souvenirs d’enfance et une existence sans temporalité ni repères. Si l’on oublie <strong>le</strong>défi<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s saisons, et la migration <strong>de</strong> crustacés gigantesques, la vie s’écou<strong>le</strong> avecun observateur insolite pour s’en apercevoir.Existe-t-el<strong>le</strong> vraiment, cette vie, puisqu’il est seul à la contemp<strong>le</strong>r ? Après tout, cet arbreprofondément enraciné au loin dans une forêt, s’il venait à tomber, entendrait-on <strong>le</strong>craquement <strong>de</strong> ses branches, quand il s’effondre ?Le mythe <strong>de</strong> Robinson Crusoé est ici revisité à si vaste échel<strong>le</strong>, qu’il en <strong>de</strong>vient presquediffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> ne pas trouver à notre protagoniste un air <strong>de</strong> famil<strong>le</strong>. Mais sans Vendredi,que resterait-il <strong>de</strong> Robinson, sinon un humain déshumanisé ? Noyé dans ses souvenirs,revivant <strong>le</strong>s instants passés avec cette femme aimée, il erre, et nous prend à témoin <strong>de</strong>son errance. Sans but, sinon cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> trouver un toit pour dormir, <strong>de</strong> décrocher quelquestoi<strong>le</strong>s <strong>de</strong> maître pour égayer son intérieur et <strong>de</strong> parcourir la vil<strong>le</strong> à la recherche <strong>de</strong> nourriture...Une vie <strong>de</strong> vagabond dans une fin du mon<strong>de</strong>. À quoi rime que la Terre continue<strong>de</strong> tourner si el<strong>le</strong> ne porte plus l’humanité dans ses révolutions ?Triste et émouvant, ce titre explore p<strong>le</strong>inement un thème lourd <strong>de</strong> questions - surtout si<strong>de</strong>main je ne peux pas faire mon p<strong>le</strong>in d’essence - très actuel<strong>le</strong>s. En parcourant <strong>le</strong>s lianesgigantesques qui sillonnent cette cité, nous voici dans une quête sans but et sans moyens.Les écueils du genre sont minimes, la fenêtre sur cette solitu<strong>de</strong> s’ouvre. Et se referme.Freakangels t.2 - W Ellis, P DuffieldPublié chez Le Lombard146 pages, 14,95 €9782803627370Entre <strong>le</strong>s ombres - Arnaud Bout<strong>le</strong>Publié chez Glénat72 pages, 14 €978272347254839


Du beau, du bon…du BD !Les gens honnêtes, <strong>de</strong>uxième partie Le recul du fusil, Tome 1Durieux / GibratTout cela est doux comme un voyage en train.Un trajet en TGV, sans retard ni remords,passé à rigo<strong>le</strong>r entre <strong>de</strong>ux wagons. Les gens honnêtesvous <strong>le</strong> diront : la vie est une succession<strong>de</strong> péripéties drô<strong>le</strong>s et tristes, que l’on regar<strong>de</strong>parfois <strong>de</strong>puis son épau<strong>le</strong>, tournant la tête… etvoilà <strong>le</strong> chemin qui se termine.Permettez au chroniqueur harassé <strong>de</strong> donner unelégère nostalgie à son papier. Il n’arrive pas tous<strong>le</strong>s jours que l’on tourne la <strong>de</strong>rnière page avecémotion, en se disant que l’on a tout à la fois soif,envie d’ouvrir un livre et d’une coupe <strong>de</strong> cheveuxen se faisant lire du Bau<strong>de</strong>laire.Ce sont pourtant <strong>le</strong>s idées <strong>de</strong> Philippe, victime <strong>de</strong> la bourse et d’une chute historique<strong>de</strong>s cours. Pour <strong>le</strong>s livres, il a rencontré Robert, énorme libraire d’anciens et <strong>de</strong> rare, quimarie Proust à du Sauternes, Château Caillou 89 et propose <strong>de</strong>s Côtes <strong>de</strong> Castillon 98pour accompagner Hugo. Victor, évi<strong>de</strong>mment. Philippe, divorcé, a une autre littératureen tête : son fils va intégrer une éco<strong>le</strong> <strong>de</strong> cuisine à Sauternes, à 3000 € <strong>le</strong> trimestre. Sacréesomme à sortir. Alors, pour être dans <strong>le</strong> vent, il tente d’ouvrir un salon <strong>de</strong> coiffuredans <strong>le</strong> TGV qui relie Paris à Bor<strong>de</strong>aux. Et sur <strong>le</strong> trajet, il découvrira Camil<strong>le</strong>, véritab<strong>le</strong>détentrice d’un CAP coiffure. Qui lui apprendra <strong>le</strong>s ficel<strong>le</strong>s et mèches du métier.Les Chambres J.S. BordasAh, douce France, cher pays <strong>de</strong>s résistants <strong>de</strong>mon enfance, bordée <strong>de</strong> tendre insouciancecollaborative et <strong>de</strong> soldats nazis dont <strong>le</strong> bruit <strong>de</strong>s bottesfrappe <strong>le</strong> pavé <strong>de</strong>s trottoirs. Enfin, pas encore enFrance. Car nous sommes en 1936, et tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> laredoute, cette fichue guerre, partout pressentie. Pour yéchapper, Fernand Tormes part à Paris, étudier lamé<strong>de</strong>cine : <strong>le</strong>s docteurs, ça part pas au front, il paraît…Sur place, il doit retrouver André Lazary, dont <strong>le</strong>sparents fortunés payent <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s à la capita<strong>le</strong>. Mais<strong>le</strong> train à peine arrivé, <strong>le</strong>s mauvaises nouvel<strong>le</strong>s tombent: André est amoureux d’une couturière. Ce quil’a amené à prendre parti contre son père, en faveur<strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> l’usine.La bel<strong>le</strong> affaire ! Pour <strong>de</strong>ux beaux yeux, <strong>le</strong> voilà sans <strong>le</strong> sou.La vie <strong>de</strong> patachon prévue pour <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux compères se change en bohème partisane.Vive <strong>le</strong> communisme et la révolte contre <strong>le</strong> grand capital et <strong>le</strong>s patrons esclavagistes.Las, tout cela n’a qu’un temps, précaire. Fernand découvre l’envers bourgeois <strong>de</strong> lavie parisienne, <strong>le</strong>s prostituées que l’on entretient, la casse ouvrière qui lutte pour sescongés payés, méprisée par a bourgeoisie. Et quand on est sans <strong>le</strong> sou, cette situationai<strong>de</strong> à rapi<strong>de</strong>ment faire son choix.Surtout quand <strong>le</strong>s troupes d’en face viennent fiche la pagail<strong>le</strong>.Inuti<strong>le</strong> <strong>de</strong> vous <strong>le</strong> cacher, cette BD est un poème, qui par<strong>le</strong> aux sens, à tous <strong>le</strong>s sens,et plus encore. Si on y voyage à l’œil, on ne rase pas gratis : entre <strong>de</strong>ux coupes, c’estla littérature qui revient au pas <strong>de</strong> charge, auréolé <strong>de</strong>s plus grands crus. Les bouchonsfusent, <strong>le</strong>s verres se vi<strong>de</strong>nt, dans <strong>le</strong> train ou au milieu <strong>de</strong>s livres, <strong>le</strong>s pages se tournent,et voilà un trajet magnifique.Chargé d’optimisme et <strong>de</strong> tendresse, Philippe nous bala<strong>de</strong> d’un bout à l’autre sans quela main ne tremb<strong>le</strong> : couper <strong>de</strong>s cheveux, et sûrement pas en quatre, <strong>de</strong>vient un art <strong>de</strong>splus subtils. De l’humour en première bouche, une note flora<strong>le</strong> <strong>de</strong> douceur, et quelquesépices amoureuses. C’est magnifique. Et ça se déguste autant pour la générosité d‘un<strong>de</strong>ssin rond que pour la cha<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> son scénario…À plonger dans <strong>le</strong>s petites histoires <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> Histoire, on se retrouve rapi<strong>de</strong>ment dansun Paris un peu fantasmé, avec une touche d’authenticité, pour raconter comment unsimp<strong>le</strong> provincial se retrouve embarqué dans une affaire qui <strong>le</strong> dépasse <strong>de</strong> loin. Avec ungraphisme peu chargé, et <strong>de</strong>s personnages plutôt filiformes, <strong>le</strong> trait évoque pourtant bienun Paris ancien, aux visages p<strong>le</strong>ins <strong>de</strong> vie, presque insouciants <strong>de</strong> l’histoire en marche.Et qui donnent à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins une expressivité forte : joie, peine, tension, en<strong>de</strong>ux cases, <strong>le</strong> ton est donné…Quadrants publie ici un beau titre, sans nostalgie passéiste, sans réécriture <strong>de</strong> l’histoire,simp<strong>le</strong>ment la petite mise dans la gran<strong>de</strong>, avec une sobriété qui bascu<strong>le</strong> d’une catégoriesocia<strong>le</strong> à l’autre. C’est avant tout la cou<strong>le</strong>ur qui marque : pas <strong>de</strong> teinte franche, toujours <strong>de</strong>scou<strong>le</strong>urs un peu passées, avec plusieurs déclinaisons, qui imposent autant d’ambianceset d’atmosphères.Une bien bel<strong>le</strong> histoire qui commence, et un héros attachant à force <strong>de</strong> maladresse…A découvrir.Les gens honnêtes, 2 ème partie, Durieux/GibratPublié chez Dupuis, col<strong>le</strong>ction Aire libre64 pages, 14,50 €9782800147659Le recul du fusil t.1 ; <strong>le</strong>s chambres - Jean-sébastien BordasPublié chez Quadrants56 pages, 11,50 €978230201159540


Du beau, du bon…du BD !Kraa, la valée perdueArzak l’ArpenteurBenoît SokalPour son retour à la BD, <strong>le</strong> papa <strong>de</strong> Canardo nousembarque chez <strong>le</strong>s Indiens et <strong>le</strong>s aig<strong>le</strong>s, avec<strong>le</strong> choix d’un point <strong>de</strong> vue stupéfiant. Bienvenuedans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> vu au travers <strong>de</strong>s yeux d’un grandaig<strong>le</strong>, un <strong>de</strong> ceux qui servaient d’emblème auxhabitants <strong>de</strong> ces contrées, jadis. C’était avant la cupiditéque l’homme blanc a propagée sur <strong>le</strong>s terres,ses constructions qui ravagent la nature.MoebiusMisère… Chronique Moebius… Autant se tirerune <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> bal<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> piedavant <strong>de</strong> partir pour un cent mètres contre Bold…Parce que son <strong>de</strong>ssin si caractéristique, on l’aimeou on <strong>le</strong> quitte, comme dirait l’autre, il ne restequ’à par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> cet être au chapeau coniqueet <strong>de</strong> son espèce <strong>de</strong> « ptérodacty<strong>le</strong> blafard »(sic et dixit !)Un aig<strong>le</strong> est né ce matin. Et dans ses yeux, la faim,la survie et l’appel <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> son territoire.Vous entrez chez lui, dans son domaine, et même<strong>le</strong>s loups redoutent <strong>le</strong>s serres du rapace, capab<strong>le</strong>s<strong>de</strong> tuer avec une efficacité redoutab<strong>le</strong>. Et face àlui, Yuma, jeune homme admiratif <strong>de</strong>s contes etlégen<strong>de</strong>s d’avant : il contemp<strong>le</strong> l’aig<strong>le</strong> avec respect et crainte, mais avant tout envie.L’animal qui s’élève vers <strong>le</strong>s cimes, c’est une part <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> son peup<strong>le</strong> qui soulèveà chaque battement d’ai<strong>le</strong>s.Et non loin <strong>de</strong> là, <strong>de</strong>s hommes sans scrupu<strong>le</strong>s, qui vont engloutir la vallée sous <strong>le</strong>s eaux,pour quelques dollars <strong>de</strong> plus. Yuma <strong>le</strong> sait, lui qui passe sa vie dans <strong>le</strong> pensionnant chez<strong>le</strong>s Blancs. S’il faut choisir, il sait déjà à quel côté il se rangera. L’aig<strong>le</strong> et lui partagentplus que <strong>de</strong>s marmottes. Un lien fraternel <strong>le</strong>s unit. Comme dans <strong>le</strong>s légen<strong>de</strong>s.L’atmosphère est sombre, <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs lour<strong>de</strong>s, <strong>le</strong>s êtres malfaisants et <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> un peumanichéen, mais quel<strong>le</strong> sp<strong>le</strong>n<strong>de</strong>ur. Quel<strong>le</strong> aventure magnifique. Oubliez <strong>le</strong> petit Yakari :ici on meurt dans <strong>le</strong> sang, on tue pour survivre ou se protéger. Et rien n’est épargné…Kraa, c’est une pure légen<strong>de</strong>, qui combine courage, espoir et vio<strong>le</strong>nce. Rien d’édulcoré,<strong>le</strong> plongeon est comp<strong>le</strong>t.Dans un mon<strong>de</strong> cruel, la réponse est la cruauté. La loi du Talion s’applique à tous :vengeance et sang, pour réparer <strong>le</strong>s insultes et la mort répandue. Une flèche, un arc, uncouteau, pour l‘homme, <strong>de</strong>s serres meurtrières pour l’aig<strong>le</strong>. Tout cela finira encore plusmal, et <strong>le</strong> tome <strong>de</strong>ux a déjà <strong>le</strong>s germes d’une explosion plus intense encore. Mais quandl’histoire a tant <strong>de</strong> résonnance, la vio<strong>le</strong>nce ne s’estompe pas : el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vient naturel<strong>le</strong>.Face à la cupidité et la haine, seu<strong>le</strong> la résistance existe.Kraa la vallée perdue - Benoît SokalPublié chez Casterman94 pages, 18 €9782203020443D’abord, cet album avec ses pages bonus, c’est unepetite aventure aux côtés du <strong>de</strong>ssinateur, un peucomme un grand frère qui vous raconte ses histoires…et ça vous a quelque chose d’émouvant, pour<strong>le</strong>s petits jeunes que nous sommes, je vous racontepas. Ensuite, l’objet lui-même est à la mesure dubonhomme : hors norme. Bien plus grand, pour en caser plus, qu’une BD classique,c’est tout d’abord un titre pas banal, <strong>de</strong> par ses simp<strong>le</strong>s proportions…Ensuite, l’aventure… Eh bien, disons pour faire simp<strong>le</strong> que tout commence dans l’espaceavec une attaque <strong>de</strong> pirates contre un navire officiel, transportant la sainte famil<strong>le</strong> impéria<strong>le</strong>…Et que l’on poursuit l’aventure sur la planète Tassili, où Arzak sert <strong>de</strong> mercenairejusticier, une version futuriste et délirante <strong>de</strong> Texas ranger, arpentant la planètesur sa bestio<strong>le</strong> mi-chair, mi-technologie, <strong>le</strong> tout avec un lien psychique qui lui permet<strong>de</strong> <strong>le</strong> piloter.Ensuite... Ensuite, on retrouve du Moebius, du grand Moebius entre humour et sciencefictioncomplètement hallucinée. Des cou<strong>le</strong>urs improbab<strong>le</strong>s et pourtant simp<strong>le</strong>s,<strong>de</strong>s êtres faramineux tirés d’un délire au LSD - encore qu’il se soit calmé, <strong>le</strong> bougre -et <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s hosti<strong>le</strong>s et comp<strong>le</strong>xes, comme on n’en fait plus <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s lustres…Franchement : atomique.Ouvrir une page <strong>de</strong> Moebius, c’est avoir 20 ans dans <strong>le</strong>s années 75, à l’époque <strong>de</strong>sHumanoï<strong>de</strong>s Associés, une sorte d’âge d’or <strong>de</strong> la BD en France, quand <strong>de</strong>s Druil<strong>le</strong>t etconsorts faisaient sortir <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs cerveaux <strong>de</strong>s êtres déments et <strong>de</strong>s aventures sensationnel<strong>le</strong>s...Il s’agit pas d’avoir la nostalgie d’un passé que l’on n’a pas connu. Juste<strong>de</strong> savoir s’asseoir pour ouvrir ce nouveau tome, qui montre clairement que <strong>le</strong>s grandsta<strong>le</strong>nts vivent dans un éternel présent. Celui <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur créativité…Arzak, l’arpenteur (One Shot) - Moebiuspublié chez Glénat80 pages, 18 €978290876658541


Levant en poupeTaiwan rencontre la Savoie durant <strong>le</strong> festival <strong>de</strong> Ban<strong>de</strong> DessinéeVendre à l’étranger pour faire découvrir sa productionLa 34 ème édition du festival international <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong><strong>de</strong>ssinée <strong>de</strong> Chanmbery qui s’est tenu mi-octobrerassemb<strong>le</strong> désormais nombre <strong>de</strong> professionnels... d'Asie.Selon <strong>le</strong> directeur <strong>de</strong> l'information à l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> Taiwan,Pascal D.K. Liu, l'événement est d'envergure. C'est eneffet la première fois que <strong>le</strong> pays prend par à un tel festiva<strong>le</strong>n Europe. « Les éditeurs français ne connaissent pasencore <strong>le</strong>s manhuas taïwanais (nom donné à la ban<strong>de</strong><strong>de</strong>ssinée en Chine), mais nous essayons par tous <strong>le</strong>smoyens d'établir <strong>de</strong>s contacts », explique-t-il. D'ail<strong>le</strong>urs,Michel Ching-long Lu, ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Taiwan en France,note que <strong>le</strong> pays a décidé <strong>de</strong> placer la publication etl'exportation <strong>de</strong> BD comme l'un <strong>de</strong> ses jalons dans lacoopération entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux pays.Chambéry en force !Justement, l'année 2010 du festival voit massivement arriver<strong>le</strong>s éditeurs d'Asie, et particulièrement venus <strong>de</strong> Taiwan,pour présenter au public et aux éditeurs français, <strong>le</strong>ursnouveautés et catalogue. En France, <strong>le</strong> secteur mangaoriginaire du Japon représentait <strong>le</strong> <strong>de</strong>uxième acteurmondial, soit un poids <strong>de</strong> 95 millions € pour l'année 2008(chiffre d'affaires). Forcément, <strong>le</strong>s éditeurs <strong>de</strong>s pays limitrophesont l'envie <strong>de</strong> percer dans <strong>le</strong> secteur.Stéphane Ferrand, directeur éditorial<strong>de</strong> la maison Glénat remarque biencette tendance <strong>de</strong>puis une dizained'années. Les éditeurs <strong>de</strong> Corée ou <strong>de</strong>Taiwan, proposant <strong>de</strong>s mahuas, essayent<strong>de</strong> prendre <strong>le</strong> pas sur la productionjaponaise. Qui reste largement plébiscitéepar <strong>le</strong> public.Néanmoins, si <strong>de</strong>s pays comme laChine tentent <strong>de</strong> percer éga<strong>le</strong>ment, ce<strong>de</strong>rnier trouve que la production estlargement inéga<strong>le</strong>.Interrogé par l'AFP, Patrick Gaumerajoute : « Le manga, qui représente 40%du marché <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée en France, lamine <strong>le</strong>reste <strong>de</strong> la production asiatique encore au sta<strong>de</strong>embryonnaire, mais pour la première fois <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>milieu <strong>de</strong>s années 2000, on voit apparaître <strong>de</strong>stitres coréens tandis qu'une maison d'édition spécialiséedans <strong>le</strong>s titres chinois a vu <strong>le</strong> jour en 2005. »Taiwan arrive ainsi avec une production qui n'est pasinédite, estime-t-il, el<strong>le</strong> reste largementen <strong>de</strong>venir et surtout d'une i<strong>de</strong>ntité. Undiscours contrebalancé par Jean-MarieDupriez, chargé <strong>de</strong> mission auprès <strong>de</strong>l'ambassa<strong>de</strong> : « La BD taïwanaise acertes été influencée par <strong>le</strong>s comicsaméricains et <strong>le</strong>s mangas, mais el<strong>le</strong> aaujourd'hui trouvé son sty<strong>le</strong> propre.C'est un <strong>de</strong>ssin très romantique, moinsvio<strong>le</strong>nt que <strong>le</strong>s mangas dans <strong>le</strong>squelstous <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs peuvent se projeter. »Cette année, l'invité d'honneur du festivalétait l'auteur français Patrick Sobral.Fortement influencé par la culture dumanga et plus particulièrement par Vidéo Girl Aï <strong>de</strong>Masakazu Katsura qu'il a tant aimé, Patrick Sobral estaujourd’hui connu pour la publication <strong>de</strong>s Légendaires.Grands mouvements dans <strong>le</strong> marché manga américainOn reprend d’un côté pour redonner <strong>de</strong> l’autre... intéressant.La nouvel<strong>le</strong> a fait grandbruit <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> début <strong>de</strong>la semaine <strong>de</strong>rnière, jusqu'àsa confirmation officiel<strong>le</strong>. Çava bouger fort niveau mangaoutre-Atlantique avec undésistement pas commun...Fini <strong>le</strong>s mangas, chez Del Rey : l'éditeur, filia<strong>le</strong> <strong>de</strong>Random House, avait <strong>de</strong>puis sept ans, fait paraître<strong>le</strong>s ouvrages <strong>de</strong> la Kodansha, grosse maison d'éditionjaponaise. Mais désormais, l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s licencesacquises par l'éditeur sera redirigé vers la sectionKodansah US, qui fera paraître directement sur <strong>le</strong>territoire ses nouvel<strong>le</strong>s publications.Un accord qui décou<strong>le</strong> <strong>de</strong> discussions soli<strong>de</strong>s avec <strong>le</strong>distributeur, Random House, et qui sera mis en place endécembre. Car si l'éditeur sera toujours impliqué dans laproduction, <strong>le</strong> marketing et <strong>le</strong>s ventes <strong>de</strong> ces oeuvres, KodanshaUS prendra un peu plus la main sur la situation.D'ail<strong>le</strong>urs, Del Rey s'empresse d'expliquer que ses publicationsautres ne sont pas du tout affectées par la décision.Cependant, la maison Del Rey vit <strong>de</strong>s heures sombres<strong>de</strong>puis plusieurs mois, et ce retrait <strong>de</strong> la Kodansha ne laissepas non plus présager quoi que ce soit <strong>de</strong> bon. Dans unartic<strong>le</strong> <strong>de</strong> Publishers Weekly, on découvre en effet que<strong>le</strong>s accords restent étroits entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux sociétés.Pourtant, si la section Romans graphiques <strong>de</strong> l'éditeurn'est absolument pas menacée, comme <strong>le</strong> confirme unporte-paro<strong>le</strong> <strong>de</strong> la société, reste que la partie manga voitson avenir masqué d'un grand point d'interrogation...La maison <strong>de</strong>vrait cependant annoncer <strong>de</strong> nouveaux titresprochainement pour 2011, au cours <strong>de</strong>s semaines à venir.Chose qui ne serait pas plus mal, puisque <strong>le</strong> mangareprésente aujourd'hui 50 % <strong>de</strong>s ventes réalisées sur <strong>le</strong>territoire américain, dans la catégorie roman graphique.Un classement original, certes, mais qui pourrait pesersur <strong>le</strong>s finances <strong>de</strong> Del Rey...M.G.NTT Docomo teste l’ebook et <strong>le</strong>s magazines gratuits sur AndroidLe Japon toujours précurseur ?En réaction à l'annonce faite hier par Sharp, quiprésentait ses <strong>le</strong>cteurs-tab<strong>le</strong>ttes Galapagos, sousAndroid, Sony vient <strong>de</strong> dévoi<strong>le</strong>r un accord avec l'opérateurtélécoms KDDI et Toppan, société d'impression.Mais en parallè<strong>le</strong>, une autre équipe finement montée vient<strong>de</strong> se montrer au grand jour. Le spécialiste <strong>de</strong> la téléphoniemobi<strong>le</strong> NTT Docomo, avec Dai Nippon Printing, vamettre en place un grand projet test <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>livres numériques.Entre fin octobre et fin décembre, <strong>le</strong> service a pourvocation première <strong>de</strong> faire remonter <strong>de</strong>s impressionsd'utilisateurs, avant, vraisemblab<strong>le</strong>ment une démocratisationdu service à compter <strong>de</strong> 2011.NTT Docomo dévoi<strong>le</strong> dans un communiqué que seuls<strong>le</strong>s42mobi<strong>le</strong>s sous Android pourront profiter <strong>de</strong> cette phase<strong>de</strong> test, avec une cinquantaine d'ouvrages - comportantmanga, journaux, magazines, etc.Ces textes seront gratuitement disponib<strong>le</strong>s au travers <strong>de</strong>la boutique Docomo Market, une application el<strong>le</strong> aussigratuite, à télécharger <strong>de</strong>puis l'Android Marketplace.À terme, ce sont 100.000 documents que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux partenairespensent pouvoir proposer au public.Avec 56 millions d'abonnés au Japon, NTT Docomoreprésente la moitié du marché sur l'archipel. Et sonprojet vise bien évi<strong>de</strong>mment à mettre en place une riposteà l'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s offres qui aujourd'hui poussent comme<strong>de</strong>s champignons.M.G


Dessins <strong>de</strong>s bridésOiseau RougeNancy Zhang et Céline Lavignette-AmmounShizuka, assise sous <strong>le</strong> grand cerisier, fait voeux <strong>de</strong> trouver une amiepour comb<strong>le</strong>r sa solitu<strong>de</strong>. El<strong>le</strong> rencontre Akiko, rapi<strong>de</strong>ment amie complice,mystérieuse et experte en secrets <strong>de</strong> la nature. Rapi<strong>de</strong>ment Shizuka vadécouvrir, guidée par Akiko, un mon<strong>de</strong> aussi mystérieux qu’enchanteur.D’inspiration japonaise, cet ouvrage est <strong>le</strong> premier <strong>de</strong> l’illustratriceNancy Zhang à qui Céline Lavignette-Ammoun, ancienne professeur<strong>de</strong> philosophie et éditrice <strong>de</strong> manuels scolaires a apporté tout <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt<strong>de</strong> sa plume.Le résultat est simp<strong>le</strong>ment un bijou. L’histoire, touchante et simp<strong>le</strong> n’enest pas moins empreinte d’une profon<strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion sur la nature et l’homme.Quant aux illustrations, chacune est un véritab<strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong> sp<strong>le</strong>n<strong>de</strong>urs,tant sur <strong>le</strong>s traits que <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs qui <strong>le</strong>s animent.Un ouvrage d’une qualité rare, pour petits et grands sans distinction d’âge.Tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> a bien <strong>le</strong> droit au rêve, non ?Prix : 13,50 €ISBN : 978-2-918857-03-7Pages : 23Editeur : Nobi Nobi !Critique Monster Hunter Orages Tomes 1 et 2Hiro MashimaL'auteur <strong>de</strong> Rave et <strong>de</strong> Fairy Tail, Hiro Mashima, est <strong>de</strong> retour avec uneadaptation libre du jeu vidéo Monster Hunter, en une série courte (4 tomes)intitulée Monster Hunter Orage. Pas <strong>de</strong> panique pour ceux qui ne connaissentpas <strong>le</strong> jeu, <strong>le</strong> mangaka affirme avoir tenté <strong>de</strong> créer une histoire qui puisseplaire aux non-joueurs comme aux joueurs.Shiki Ryûhô est un jeune chasseur-traqueur, élève d'un autre chasseur-traqueurGure<strong>le</strong>e Jeskar. Quelque temps après la mort <strong>de</strong> celui-ci, il se met en route.Étant chasseur-traqueur, il a <strong>le</strong> droit <strong>de</strong> chasser n'importe quel monstre où bonlui semb<strong>le</strong> mais son objectif premier reste la capture d'un monstre mythique :Miogaruna. Lorsqu'il arrive à Akamâya, il se rend à la Guil<strong>de</strong> pour trouver<strong>de</strong>s compagnons d'armes mais personne ne semb<strong>le</strong> intéressé. C'est là qui faitla connaissance d'Ei<strong>le</strong>e qui se trouve être la fil<strong>le</strong> <strong>de</strong> son défunt maître. Ayant<strong>le</strong> même objectif, ils vont commencer à faire route ensemb<strong>le</strong>.Monster Hunter Orage est un bon titre d'héroïc-fantasy, l'auteur mê<strong>le</strong> habi<strong>le</strong>menttous <strong>le</strong>s ingrédients du genre (<strong>de</strong>s monstres, un personnage avec un bon potentielcombatif, <strong>de</strong>s compagnons tout aussi efficaces, <strong>de</strong>s objets magiques, <strong>de</strong> l'actionet bien sûr une rivalité).Ce titre se lit faci<strong>le</strong>ment même si l'on ne connaît pas l'univers du jeu et l'onpasse un bon moment <strong>de</strong> détente. Ceux qui connaissent <strong>le</strong> jeu noteront trèsprobab<strong>le</strong>ment quelques différences comme <strong>de</strong>s armures plus légères ou encorel'invention du très saillant « Kelbikini » (qui n'existe pas dans <strong>le</strong> jeu) maisrien qui ne puisse <strong>le</strong>s faire bondir au plafond. Dans sa postface, <strong>le</strong> mangakaexplique pourquoi ces différences.Prix : 6,95 € chacunISBN : Tome 1 : 9782811603199,Tome 2 : 9782811603250Pages : Tome 1 : 192 pages, Tome 2 :192 pagesEditeur : PikaAu niveau du <strong>de</strong>ssin, on retrouve bien la patte <strong>de</strong> Hiro Mashima, ceux quiconnaissent son sty<strong>le</strong> ne seront donc pas surpris. Le charac-<strong>de</strong>sign est plutôt bienréussi, <strong>le</strong>s monstres sont assez originaux et <strong>le</strong>s arrières-plans généra<strong>le</strong>ment bientravaillé. Rien <strong>de</strong> bien fou cela dit, mais un travail clair, propre et agréab<strong>le</strong> à lire.On appréciera <strong>de</strong> lire <strong>le</strong>s tomes 1 et 2 <strong>de</strong> Monster Hunter Orage pour se détendre.Avec un scénario faci<strong>le</strong> d'abord et un <strong>de</strong>ssin agréab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> titre est vraiment attirant.Si en plus, on apprécie <strong>le</strong>s séries courtes on sera comblé. On attend tout <strong>de</strong> mêmedu tome 3 une bonne avancée dans <strong>le</strong> scénario.43


En vers et contre toutLa <strong>le</strong>cture au secours <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s mentaux.Des groupes <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture s’organisent dans <strong>le</strong>s asi<strong>le</strong>s anglais, pour lire <strong>de</strong> la poésie.À la base <strong>de</strong> l'idée, l'association The Rea<strong>de</strong>r.Le but ? Créer un lien avec <strong>de</strong>s patients pour qui la démencea pu faire perdre <strong>le</strong>s repères spatio-temporels. Et ce, à travers<strong>de</strong> la poésie, lue à voix haute.Katie Clark, qui est en charge <strong>de</strong>s groupes<strong>de</strong> <strong>le</strong>cture, raconte son expérience : « Il y avaitune femme appelée Flo, très agressive. El<strong>le</strong> avait l'habitu<strong>de</strong>d'être recroquevillée dans <strong>le</strong> salon, tendue et nerveuse, prête àinvectiver <strong>le</strong> prochain qui passerait. Le staff m'a dit <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>rmes distances, ou el<strong>le</strong> essaierait <strong>de</strong> me frapper ».Katie s'assoit à distance, lui lit un poème. « El<strong>le</strong> s'est tue,s'est calmée et à la fin m'a dit, directement : lis en un autre ».Lis-en un autre.Lire à haute voix à <strong>de</strong>s personnes handicapées est un bonexercice pour la mémoire et la concentration. Et selon Katie,la poésie est plus efficace que la prose. The Rea<strong>de</strong>r a d'ail<strong>le</strong>urscréé un recueil <strong>de</strong>s poésies <strong>le</strong>s plus appréciées durant <strong>le</strong>ursséances, accompagnées d'anecdotes comme l'histoire <strong>de</strong> Flo.A Litt<strong>le</strong>, Aloud (Un Peu, A Voix Haute), <strong>de</strong> Blake Morrison,une <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> l'association The Rea<strong>de</strong>r, éditions Chatto &Windus.Quant aux poèmes lus, Katie évite <strong>le</strong>s incontournab<strong>le</strong>s, quipeuvent être faci<strong>le</strong>ment reconnus. El<strong>le</strong> suggèreThe Stone Beach (la Plage <strong>de</strong> Pierre) <strong>de</strong> SimonArmitage.Son rêve ? Que la poésie soit utilisée en <strong>de</strong>hors<strong>de</strong>s groupes, en face à face.« C'est très dur quand un membre d'une famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>vienthandicapé mental. Il ne sait plus <strong>de</strong> qui vous par<strong>le</strong>z, ni queljour on est. Vous vou<strong>le</strong>z al<strong>le</strong>r <strong>le</strong> voir, passer un bon moment,mais <strong>de</strong> quoi par<strong>le</strong>r ? Le livre est une incroyab<strong>le</strong> occasion <strong>de</strong>partager quelque chose ensemb<strong>le</strong>. »R.TSource : The GuardianAragon, Musset ou Bau<strong>de</strong>laire : <strong>de</strong>s plaies du numériqueOu la poésie coûte cher dans son paage en version ebookLa strophe, victime expiatoire <strong>de</strong>s premières errancesnumériques... Et que dire <strong>de</strong>s strophes ? Les vers,malheureux, ne savent pas ce que peut être une ligne<strong>de</strong> co<strong>de</strong>. Et c'est tant dire qu'ils ignorent la différenceentre ePub et PDF...Trêve d'introduction larmoyante, z'ont qu'à se faire prose,<strong>le</strong>s vers, et tout sera pour <strong>le</strong> mieux. En tout cas, notre confrèrePublishers Weekly, vient <strong>de</strong> présenter une analyse d'un texte<strong>de</strong> poésie, la première strophe <strong>de</strong> Keats, O<strong>de</strong> to A Nightinga<strong>le</strong>,codée en ePub par Joshua Tal<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> eBook Architects.Non que <strong>le</strong>s gens se préoccupent si vivement <strong>de</strong> poésienumérique, mais <strong>le</strong>s difficultés <strong>de</strong> la numérisation <strong>de</strong> livres<strong>de</strong> poésie sont largement amplifiées pour <strong>le</strong>s éditeurs, dès lorsque l’on s’attaque à ce genre. Parce que <strong>le</strong> rendu visuel, si l’ondéci<strong>de</strong> <strong>de</strong> permettre d’agrandir la police, tout en respectantla forme formel<strong>le</strong> du texte <strong>de</strong>vient assez compliqué.Impossib<strong>le</strong> donc <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s oeuvres <strong>de</strong> manièreautomatisée, la seu<strong>le</strong> solution est <strong>de</strong> <strong>le</strong>s concevoir entièrementà la main - ce qui, comme pour un site internet, conféreraau rendu un sty<strong>le</strong> plus propre, et comportant moins d’erreurs.Mais reste que <strong>le</strong>s questions sur ce point méritent un peu plusd’attention que cela.C.S.44


Je pense donc j’écrisRivière <strong>de</strong> sangJim TenutoDahlgren Wallace est un ancien joueur <strong>de</strong> football américain.Pour <strong>le</strong>s rares qui ignorent encore <strong>le</strong>s subtilités<strong>de</strong> ce sport, rien <strong>de</strong> plus simp<strong>le</strong> : c'est l'histoire d'un balloncomme celui du rugby, mis au milieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux équipes, avec<strong>de</strong>s stratégies dignes d'une partie d'échec. En gros. Et avecquelques gros vols planés <strong>de</strong> temps à autre...Après sa carrière dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> sportif, Dahlgreen estéga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>venu un marine, un bon gros soldat <strong>de</strong>s troupesspécia<strong>le</strong>s. Un petit séjour durant la guerre du Golfe, au milieu du conflit lui aenseigné que fina<strong>le</strong>ment, la pêche à la mouche n'est un sport moins enviab<strong>le</strong> que lacélébrité footballistique. D'ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce, <strong>de</strong>s forces spécia<strong>le</strong>set <strong>de</strong>s missions, il pensait bien <strong>le</strong>s avoir laissés <strong>de</strong>rrière lui.Devenu gardien d'une rivière et gui<strong>de</strong> dans une propriété du Montana possédéepar un milliardaire, Dahlgreen aspire au calme et au repos. Évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> courtedurée, lorsque son patron se fait matraquer à mort, presque - mais pas tout à fait...- sous son nez. Parce qu'à ce moment <strong>le</strong>s soupçons convergent vite vers lui....Pas commun <strong>de</strong> retrouver son tout récent patron la tête dans l'eau, on ne peutplus mort, et moins encore que l'arme du crime soit retrouvée dans votre proprebateau. Forcément, la police loca<strong>le</strong> a vite fait <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s conclusions rapi<strong>de</strong>s.Et pour assurer sa propre survie, Dahlgren va renouer avec <strong>le</strong>s compétences acquisesdurant sa formation aux Force Recon, l'élite <strong>de</strong>s Marines, justement. Parce que <strong>le</strong>srencontres à venir seront lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s néonazies, d'écoterroristes ou encore<strong>de</strong> riches propriétaires terriens, à peu près rompus à toutes <strong>le</strong>s crasses.L'intrigue ne tourne pas simp<strong>le</strong>ment autour <strong>de</strong> la pêche à la mouche : c'est unevéritab<strong>le</strong> course-poursuite parsemée <strong>de</strong> situations à l'humour parfois grinçant,dont <strong>le</strong>s pages vous fi<strong>le</strong>nt entre <strong>le</strong>s doigts. Évi<strong>de</strong>mment, <strong>le</strong>s grognons (et <strong>le</strong>s fanatiques)trouveront qu'il manque peut-être <strong>de</strong> rigueur dans sa vision <strong>de</strong>s mormonsou encore <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers jours et <strong>de</strong> sa culture. Que ceux-ci ail<strong>le</strong>nt enenfer. Les communautés religieuses présentées sont tout simp<strong>le</strong>ment délirantes.Comme on peut <strong>le</strong> lire çà et là, Jim Tenuto accroche son <strong>le</strong>cteur et <strong>le</strong> suspens aurécit avec autant <strong>de</strong> facilité que son personnage suspend <strong>le</strong>s truites à <strong>de</strong>s esses.Entre gui<strong>de</strong> touristique du Montana (attention, <strong>le</strong>s noms <strong>de</strong> rivières sont <strong>de</strong> puresfiction), manuel <strong>de</strong> vie pratique sur la pêche (prenez <strong>de</strong>s notes !), Dahlgren vas’échapper <strong>de</strong>s hameçons du FBI pour mener par ses propres moyens une enquêteprenante, au beau milieu <strong>de</strong> troupeaux <strong>de</strong> buff<strong>le</strong>s empoisonnés...Le Montana ne sert d'ail<strong>le</strong>urs pas ici <strong>de</strong> simp<strong>le</strong> contexte géographique, maisoccupe une place centra<strong>le</strong>, pour <strong>le</strong>s populations et communautés que Jim Tenutomet en scène, d'un extrémisme à l'autre...Dommage que <strong>le</strong> plaisir ne se prolonge pas : <strong>le</strong> livre était censé être <strong>le</strong> premier d'unesérie prometteuse, mais l'on n'a manifestement pas <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s. Avec <strong>le</strong> sens <strong>de</strong> la<strong>de</strong>scription et <strong>de</strong>s dialogues que l'auteur donne, on s'en mord vraiment <strong>le</strong>s doigts...Surtout que <strong>le</strong> second volume était annoncé dès la sortie aux États-Unis dupremier tome.Traduit par <strong>le</strong>s (très) bons soins <strong>de</strong> Jacques Mailhos, ce roman recè<strong>le</strong> d'humour,d'action et d'une grosse dose <strong>de</strong> suspens, <strong>le</strong> tout agrémenté <strong>de</strong> personnages particulièrementhauts en cou<strong>le</strong>urs. Et dont <strong>le</strong>s noms excentriques ne manquent pas <strong>de</strong>faire sourire. Partant à la recherche d'un meurtrier, <strong>le</strong> héros <strong>de</strong>vient rapi<strong>de</strong>ment sympathique,d'autant plus qu'il se retrouve dans <strong>de</strong>s situations drô<strong>le</strong>s et effrayantes.Paysage du Montana, c'est beau, non ?Mascara<strong>de</strong>Gabriel ChevallierSouriez, vous êtes filmés ! Et avec quel<strong>le</strong> visiondu mon<strong>de</strong> ! Tels <strong>de</strong> petites caméras, l’œil et laplume critiques <strong>de</strong> Gabriel Chevallier font intrusion àl’arrière du décor social.Mascara<strong>de</strong>, ce sont cinq <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> masques, dontl’humour et <strong>le</strong> réalisme croquent superbement <strong>le</strong>spersonnages en menant directement au vif <strong>de</strong>s sentimentset <strong>de</strong> la vérité.Tout au long <strong>de</strong> ma <strong>le</strong>cture, j’ai eu l’impression d’explorer un album photo, <strong>de</strong>voir sur <strong>de</strong>s clichés jaunis par l’âge <strong>le</strong>s petites imperfections et mensonges <strong>de</strong>personnages qui nous ressemb<strong>le</strong>nt.Tout commence par un jeune soldat dont <strong>le</strong>s tentatives pour séduire la fil<strong>le</strong> <strong>de</strong> sonambitieux colonel mènent à l’invention d’un personnage <strong>de</strong> guerre héroïque. Puis entournant <strong>le</strong>s pages, je tombe sur un drô<strong>le</strong> <strong>de</strong> secret <strong>de</strong> famil<strong>le</strong> à propos <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> lavieil<strong>le</strong> Tante Zoé. Le <strong>de</strong>stin d’un pauvre assassin <strong>de</strong> vieil<strong>le</strong> dame et <strong>de</strong> perroquet quitente <strong>de</strong> cacher sa folie <strong>de</strong>rrière une vie <strong>de</strong> citoyen modè<strong>le</strong> me fait définitivement sourire.Le jeu <strong>de</strong> la mascara<strong>de</strong> se poursuit avec la collaboration d’une gran<strong>de</strong> gueu<strong>le</strong> parisiennedurant la Secon<strong>de</strong> Guerre, et se termine ensuite avec la recherche du trésord’un vieil homme, qui perdu au fin fond <strong>de</strong> sa mémoire, découvre que <strong>le</strong> plus beau<strong>de</strong>s trésors ne se cache pas au cœur <strong>de</strong> son jardin.À chacune <strong>de</strong> ses nouvel<strong>le</strong>s, l’humour est au ren<strong>de</strong>z-vous, sur un ton différent, dévoilant<strong>le</strong>s diverses facettes du visage humain. « Les gens, disait-el<strong>le</strong>, il faut <strong>le</strong>ur voir <strong>le</strong> <strong>de</strong>rrière(el<strong>le</strong> voulait dire l’envers) pour être fixé sur la comédie du mon<strong>de</strong>. » Et quel<strong>le</strong> comédie !Sommes-nous toujours ce que nous prétendons être ? Certainement pas. Mais notrepropre caractéristique dépend <strong>de</strong> la manière dont nous recouvrons <strong>le</strong> masque en société.Entre légèreté et réf<strong>le</strong>xion personnel<strong>le</strong>, ce recueil ouvre sur l’intimité du mensongeet l’art du camouflage. On rejoint l’idée <strong>de</strong> la « Comédie humaine » <strong>de</strong> Balzac,en dépassant <strong>le</strong>s apparences par <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> fait <strong>de</strong> voir à l’origine l’hypocrisieprendre forme.Mon aversion pour <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s ne peut que féliciter ce recueil : au fil <strong>de</strong>s pagesj’ai pris plaisir à lire <strong>de</strong>s histoires bien construites et bien finies, <strong>de</strong>s personnagesentiers et attachants. Rien à redire, simp<strong>le</strong>ment à lire.45


Je pense donc j’écrisAu commencement était la merTomas Gonza<strong>le</strong>zCela commence presque avec <strong>le</strong> clapotis <strong>de</strong>s vaguesfinissantes, qui se fon<strong>de</strong>nt dans <strong>le</strong> sab<strong>le</strong> du bord <strong>de</strong>plage. Ça a quelque chose <strong>de</strong> la force d’inertie du sac et duressac, du va-et-vient permanent <strong>de</strong> l’eau aux pieds <strong>de</strong> l’enfant,qui court vers l’océan et s’enfuit quand l’océan vient àlui. C’est tout à la fois touchant et extrêmement vain...D’un côté, <strong>le</strong>s personnes vivant autour <strong>de</strong> la <strong>de</strong>meure n’ont pas grand-chose <strong>de</strong>très humain, ni <strong>de</strong> très affirmé. De l’autre, la compagne, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quelquescrises <strong>de</strong> colère, voire <strong>de</strong> comportements hystériques, n’a pas <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong> relief.Intentionnel<strong>le</strong>s ou non, ces approches donnent au livre une froi<strong>de</strong>ur supplémentaire.Et renforcent indirectement l’hostilité permanente que l’on peut ressentir,cel<strong>le</strong> qui se dégage <strong>de</strong> l’î<strong>le</strong>...Avec J. et He<strong>le</strong>na, nous voici partis pour un déménagementvers une petite î<strong>le</strong>, à quelques heures en bateau <strong>de</strong> Me<strong>de</strong>llín.L’agitation et la vil<strong>le</strong> ne donnent rien <strong>de</strong> bon pour l’écrivain et sa femme. Besoin<strong>de</strong> calme, repos, d’éloignement. Et l’iso<strong>le</strong>ment insulaire peut avoir quelque chose<strong>de</strong> salutaire, estime J, qui embarque femme et livres à direction d’une vieil<strong>le</strong> bicoquepassab<strong>le</strong>ment décatie. Qu’à cela ne tienne, ils auront bien <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> nettoyeret rendre convivial <strong>le</strong>ur nouveau foyer !Sur la plage <strong>de</strong> sab<strong>le</strong> où ils débarquent, avec une machine à coudre mo<strong>le</strong>stée, unelour<strong>de</strong> caisse <strong>de</strong> livre et un marin-passeur alcoolique, c’est un spectac<strong>le</strong> étrangequi s’offre à eux. Et <strong>de</strong> l’illusion du voyage, on perçoit déjà la désillusion dubois rongé par l’io<strong>de</strong> et <strong>le</strong>s vents, l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> planches pourries, <strong>le</strong> goût cuisant <strong>de</strong>l’échec. Oh, il viendra bien : sur fond d’une atmosphère enthousiaste, se dissimu<strong>le</strong>diffici<strong>le</strong>ment la lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s vies d’avant, que l’on a cru pouvoir laisser sur lagrève, abandonnées à la prochaine tempête.De l’eau lustra<strong>le</strong> qui baptise à l’eau furie qui détruit, au commencement est bien lamer. Car jusque dans <strong>le</strong>s mots, <strong>le</strong>s premières paro<strong>le</strong>s, traduites par Delphine Va<strong>le</strong>ntinet avec une infinie justesse, pour rendre d’ail<strong>le</strong>urs cette ambiance, on perçoit <strong>le</strong>poids <strong>de</strong>s fantômes. Du <strong>le</strong> ton se dégage une sorte <strong>de</strong> nonchalance lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> sousentendus.Le paysage autour <strong>de</strong> ce coup<strong>le</strong> vient presque nourrir cette ambianceécrasante. Ça suinte à travers toutes <strong>le</strong>s phrases <strong>le</strong> non-dit et <strong>le</strong> ressentiment.La veuve du ChristAnne Sylvie SprengerTout <strong>le</strong> village connaît Victor, <strong>le</strong> pharmacien : un hommecompétent , agréab<strong>le</strong> avec tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>. Même si parfoisson regard est un peu dérangeant quand <strong>de</strong>s clientes lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<strong>de</strong>s produits à usage intime. Même si avec sa vie<strong>de</strong> solitaire, son père suicidé et sa mère à l’asi<strong>le</strong>, sa singularitéinquiète parfois un peu. Mais, dans la vallée, on n’yprête pas particulièrement gar<strong>de</strong>, car il y a toujours eu, et ily aura toujours, <strong>de</strong>s « histoires », dans toutes <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s...À dix ans, Léna a été en<strong>le</strong>vée à sa famil<strong>le</strong>. Une famil<strong>le</strong> oùel<strong>le</strong> avait peine à trouver sa place <strong>de</strong>puis l’arrivée <strong>de</strong> ses petits frères, <strong>de</strong>s jumeaux.Qui rendaient tout diffici<strong>le</strong> à la maison, avec <strong>le</strong>urs cris, <strong>le</strong>urs impatiences, toutes<strong>le</strong>s attentions qu’ils réclamaient à <strong>le</strong>urs parents fatigués, <strong>le</strong>squels n’avaient plusvraiment <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> s’occuper d’el<strong>le</strong>.Alors que maintenant Victor est tout à el<strong>le</strong>. C’est vrai qu’il l’enferme dans la buan<strong>de</strong>rie<strong>de</strong> la maison isolée qu’il habite dans la vallée lorsqu’il part travail<strong>le</strong>r. Mais àson retour, il ne cesse <strong>de</strong> s’occuper d’el<strong>le</strong>. De la faire jouer du piano. De lui lire laBib<strong>le</strong>. De la conjurer <strong>de</strong> rester tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> est et <strong>de</strong> refuser que <strong>de</strong>s hommes, plustard, s’approchent d’el<strong>le</strong>, la touche. Il s’impose à el<strong>le</strong> comme son Dieu. Jusque dans<strong>de</strong>s simulacres <strong>de</strong> crucifixion où il est Dieu ! Et el<strong>le</strong> accepte <strong>de</strong> participer à ces misesen scène, car Victor participe, lui aussi, <strong>de</strong> bon gré, aux jeux qu’el<strong>le</strong> réclame quan<strong>de</strong>l<strong>le</strong> veut être doctoresse ou encore maîtresse d’éco<strong>le</strong>. En fait, bien qu’entravéetota<strong>le</strong>ment dans sa liberté, Léna aime (bien) Victor.C’est avec un réalisme assez terrifiant qu’Anne Sophie Sprenger s’est attachée àtraiter d’un épiso<strong>de</strong> qui a trop souvent fait l’objet <strong>de</strong> la « Une » <strong>de</strong>s quotidiens :l’enlèvement et la séquestration d’un enfant par ce qu’il est convenu d’appe<strong>le</strong>r unmala<strong>de</strong> mental. Ne laissant pourtant rien percevoir <strong>de</strong> si anormal aux yeux <strong>de</strong> sonentourage quotidien.La voix se fait parfois mélancolique, et <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> l’animal urbain quittant sonâtre pour partir à l’aventure - à la recherche du si<strong>le</strong>nce et <strong>de</strong> l’écriture - renforceencore cette impression. Mais si la voix <strong>de</strong> la narration m’a parlé sans peine,j’ai manqué çà et là d’une <strong>de</strong>scription plus évi<strong>de</strong>nte, moins fragmentaire, voirevolontairement lacunaire.Pas <strong>de</strong> doutes, Tomás Gonzá<strong>le</strong>z vise à l’économie <strong>de</strong> moyens pour un effet plusétourdissant encore. Dans ce choix du si<strong>le</strong>nce, qui est tant celui <strong>de</strong> l’auteur que dunarrateur, j’éprouve presque une sensation <strong>de</strong> gaspillage d’énergie : pourquoi avoirmis tant à é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> livre, pour ne pas lui donner un souff<strong>le</strong> plus amp<strong>le</strong> encore ?Reste que l’ambiance <strong>de</strong> l’î<strong>le</strong> profite el<strong>le</strong> particulièrement <strong>de</strong> cette tension etcette économie lui confère une personnalitélour<strong>de</strong>, oppressante - matrice <strong>de</strong> conflits et <strong>de</strong>disputes dépourvues <strong>de</strong> sens...Avec une pointe <strong>de</strong> déception tout <strong>de</strong> même,Au commencement était la mer représente unbel ouvrage, illustrant <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> l’exil. Avecune réponse qui se voudra toujours la même :quis se fugit, exul patriae ?Ici, el<strong>le</strong> a choisi d’en par<strong>le</strong>r avec <strong>de</strong>s mots très doux, très feutrés même si quelquesélans <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nce pointent ici ou là. El<strong>le</strong> a aussi choisi <strong>de</strong> l’abor<strong>de</strong>r sous l’ang<strong>le</strong> <strong>le</strong>plus délicat : celui où la victime finit par prendre fait et cause pour son bourreau(<strong>le</strong> fameux syndrome <strong>de</strong> Stockholm). Un bourreau que la victime ne voit plus dutout selon nos critères <strong>de</strong> normalité, entraînée qu’el<strong>le</strong> est dans une autre perspectiveà laquel<strong>le</strong> il est impossib<strong>le</strong> au commun <strong>de</strong>s mortels d’accé<strong>de</strong>r.Avec une absolue justesse <strong>de</strong>s mots, Anne Sophie Sprenger amène progressivementses protagonistes dans une histoire qu’il est fina<strong>le</strong>ment bien diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> nepas qualifier « d’amour » réciproque. Et ce, même si <strong>le</strong>s bases sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sedéveloppe cette relation sont tota<strong>le</strong>ment biaisées tant par la folie <strong>de</strong> l’un que parl’enfermement <strong>de</strong> l’autre, sa soustraction à une autre vérité, à un autre référentiel.On ressort <strong>de</strong> cette <strong>le</strong>cture obsédante, oppressante dans un état d’hébétu<strong>de</strong> tota<strong>le</strong>.Condamner ? Certes ! Bien sûr ! Mais comment condamner la folie, la déraison ?Comment atteindre un mon<strong>de</strong> qui n’est pas <strong>le</strong> nôtre ? Et quand la prison s’ouvreenfin, comment l’oiseau enfermé peut-il imaginer guérir ? Retrouver un nouveléquilibre hors <strong>de</strong>s chaînes invisib<strong>le</strong>s que la prégnance du huis clos et une uniqueprésence ont imposées ?Beaucoup <strong>de</strong> questions se font jour à l’issue <strong>de</strong> cette <strong>le</strong>cture lour<strong>de</strong>. La plus terrib<strong>le</strong>d’entre el<strong>le</strong>s, vers laquel<strong>le</strong> nous pousse l’auteur avec <strong>de</strong> mots tel<strong>le</strong>ment empreints<strong>de</strong> normalité, <strong>de</strong> tendresse et <strong>de</strong> douceur (d’amour ?), est certainement <strong>de</strong> nous amenerà douter <strong>de</strong> nos certitu<strong>de</strong>s !Un ouvrage à ne pas rater.46


L’(autre) homme <strong>de</strong> ma vieStephen McCau<strong>le</strong>yL’humanité est-el<strong>le</strong> peuplée <strong>de</strong> misanthropes, au rang <strong>de</strong>squelscompter Stephen McCau<strong>le</strong>y ? Peu probab<strong>le</strong>, mais unechose est certaine, notre petit mon<strong>de</strong> humain va à la dérive,et ça, même Stephen McCau<strong>le</strong>y ne pourra pas tenter <strong>de</strong>vous faire ava<strong>le</strong>r <strong>le</strong> contraire. Même avec l’ironie verte etchantante qui caractérise tout <strong>le</strong> bouquin.La question majeure du livre est : que faites-vous quandvous découvrez que votre conjoint aimé et chéri a une maîtresse? Et que feriez-vous, si vous-même, auteur <strong>de</strong> l’adultère, vous aperceviezque votre liaison commence à bien plus vous fasciner que votre coup<strong>le</strong> ? Nous ysommes, <strong>le</strong>s jeux sont faits, bienvenue dans une bel<strong>le</strong> comédie <strong>de</strong> moeurs tout cequ’il y a <strong>de</strong> plus sarcastique.L’histoire, c’est cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Richard Rossi, qui travail<strong>le</strong> dans une société d’édition <strong>de</strong>logiciels, et qui surtout prétend à qui veux bien l’entendre - ses amis, en l’occurrence- qu’il sait tout <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong> la dissimulation. D’ail<strong>le</strong>urs, sa liaison avecBenjamin, homme marié, pas vraiment disponib<strong>le</strong>, donc, ne peut s’expliquer quepar cette faculté à tromper son mon<strong>de</strong> et parvenir à faire ava<strong>le</strong>r n’importe quoi.On retrouve là l’univers mo<strong>de</strong>lé par Stephen McCau<strong>le</strong>y, où <strong>de</strong>s gays tombentamoureux d’hommes mariés - souvenez-vous <strong>de</strong> L’objet <strong>de</strong> mon affection, en1987 - <strong>le</strong> tout dans <strong>de</strong>s histoires assez amusantes. Les femmes ne sont d’ordinairepas <strong>de</strong> reste puisque même hétéros, el<strong>le</strong>s s’entichent <strong>de</strong> partenaires homos, et tousces gens finissent par nous <strong>de</strong>venir très sympathiques...Je pense donc j’écrisAvec un certain humour, il parvient à nous par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> lui, et nous faire rire, par<strong>de</strong>s phrases toujours hallucinantes, comparant son visage à la cordillère <strong>de</strong>sAn<strong>de</strong>s - mais au moins, il n’a pas <strong>de</strong> cancer <strong>de</strong> la peau... Des formu<strong>le</strong>s plaisantes,qui parsèment <strong>le</strong> livre et constituent un autre pan <strong>de</strong> cette comédie <strong>de</strong> moeursassez drô<strong>le</strong>.Le tout se dérou<strong>le</strong> durant l’administration Bush, et permet <strong>de</strong> déplorer une certaineperte <strong>de</strong> l’autorité et la rigueur mora<strong>le</strong>, toujours pour <strong>le</strong>s mettre en perspectivedans une satire sur la fin <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> prospérité. Une pério<strong>de</strong> où l’Amérique secherche plus que jamais et tente <strong>de</strong> trouver dans <strong>de</strong>s activités, même idiotes ouvaines, un nouveau sens à sa vie.Il faut bien se conso<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s déceptions <strong>de</strong> l’existence avec plus ou moins <strong>de</strong> passion.Le tout avec <strong>de</strong>s plaisanteries assez fines, dans un mon<strong>de</strong> homosexuel proched’Oscar Wil<strong>de</strong>, et libéré <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s contraintes culturel<strong>le</strong>s qui pourraient peser<strong>de</strong>ssus. Des pratiquants <strong>de</strong> yoga, sans <strong>le</strong> baratin spirituel, en somme...Et comme l’écrit justement Stephen, à un certain point, dans toute relation,la discrétion supplante la fidélité, comme gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vertu... Une seu<strong>le</strong> déception :pourquoi nous avoir changé la couverture américaine, un peu plus colorée ?Ce nouveau roman a quelque chose <strong>de</strong> plus mature que <strong>le</strong>s précé<strong>de</strong>nts, <strong>de</strong> plus calme.D’ail<strong>le</strong>urs, son Richard, âgé <strong>de</strong> 50 ans, addict à la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> sport et à son psychologue,a renoncé au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise privée, malgré un bon salaire, pour quelquechose <strong>de</strong> plus serein. Son amour a été emporté par <strong>le</strong> SIDA huit ans auparavant...Le crédo <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nceBoston TeranCredo... Ce que je crois... Une forme insolite <strong>de</strong> manifestepour livrer un avis. Ce qui stigmatise dans un premiertemps l’expression <strong>de</strong> cette vio<strong>le</strong>nce, toute hâtive <strong>de</strong> sefaire comprendre, c’est qu’el<strong>le</strong> est protéiforme, <strong>de</strong>puisla grossière fumée noire qui émane <strong>de</strong> la couverture,jusque dans ses manifestations économiques. L’argent,c’est <strong>le</strong> pouvoir. Et <strong>le</strong> pouvoir ne s’exerce que sur l’autre.Bienvenue dans une partie du mon<strong>de</strong> qui en impose par<strong>le</strong> brillant <strong>de</strong> son porte-monnaie...Pourtant, nous sommes loin <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt mo<strong>de</strong>rne.Dans ce Texas <strong>de</strong> 1910, non loin d’un Mexique en friche,agité par <strong>le</strong>s spasmes d’une révolution douteuse, vit un criminel et assassin<strong>de</strong> la plus bel<strong>le</strong> sorte. Celui qui croit en son art. Rawbone fait d’ail<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> cetterévolte l’occasion d’entretenir <strong>le</strong> marché noir <strong>de</strong>s armes et traite directement avec<strong>le</strong>s Mexicains <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> machines à tuer. Seu<strong>le</strong>ment, il ne parviendra pas à<strong>de</strong>stination. Le <strong>de</strong>stin est parfois rail<strong>le</strong>ur.Arrêté par <strong>le</strong> FBI et remis aux bons soins <strong>de</strong> l’agent John Lour<strong>de</strong>s (quel mirac<strong>le</strong> !),Rawbone va parvenir à s’extirper d’un bien mauvais pas. Chose amusante - ce <strong>de</strong>stin,décidément - Lour<strong>de</strong>s est <strong>le</strong> fils <strong>de</strong> Rawbone, qui lui, l’ignore complètement.Une autre histoire <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nce, cel<strong>le</strong> faite à l’i<strong>de</strong>ntité et sa construction. Pas étonnantque <strong>le</strong>s requins d’Hollywood soient déjà sur <strong>le</strong> coup d’une adaptation prochaine.Cette histoire d’un père impossib<strong>le</strong> et d’un fils abandonné, dont <strong>le</strong>s vies sont <strong>de</strong>venuesdiamétra<strong>le</strong>ment opposées, finira par <strong>le</strong>s mettre tous <strong>de</strong>ux dans un camion,où <strong>le</strong> manichéisme du blanc et du noir s’exacerbe.Permettez : je passe assez volontiers sous si<strong>le</strong>nce tout ce contexte <strong>de</strong> guérilla etd’action pure, propre à certains films hollywoodiens (tiens donc !) qui ne me semb<strong>le</strong>pas <strong>le</strong> plus intéressant du livre et qu’il vaut mieux découvrir par soi-même. Ces affaires<strong>de</strong> vente d’armes et cargaison que l’on transporte sont plus un prétexte qu’unefin en soi. Ce qui est regrettab<strong>le</strong> d’ail<strong>le</strong>urs, parce qu’il est probab<strong>le</strong> que tout filmadapté du livre par <strong>le</strong>s mains américaines accentuera plutôt cet aspect.Ce qui marque plus fortement l’esprit tourne autour <strong>de</strong> cette relation père ignorant,fils vindicatif. Les principaux thèmes familiaux y passent : haine, amour, doute,vérité, mensonge, entre la froi<strong>de</strong>ur rigi<strong>de</strong> d’un père et une sorte <strong>de</strong> romantismeaccompli d’un fils. Le retour du père prodigue pourrait-on dire. En marge <strong>de</strong> <strong>le</strong>urspéripéties, c’est une histoire <strong>de</strong> redécouverte <strong>de</strong> l’autre à laquel<strong>le</strong> on assiste.Une sorte <strong>de</strong> tragédie sur fond <strong>de</strong> puits <strong>de</strong> pétro<strong>le</strong> et <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> omniprésent par<strong>le</strong>s forces sous-jacentes américaines, dans laquel<strong>le</strong> cette drô<strong>le</strong> <strong>de</strong> famil<strong>le</strong> va serecomposer. Un père qui est né <strong>le</strong> jour <strong>de</strong> l’assassinat <strong>de</strong> Lincoln ne doit pas êtrevéritab<strong>le</strong>ment simp<strong>le</strong> à accepter comme modè<strong>le</strong> - et sûrement frappé d’un sceauassez détestab<strong>le</strong>. La ré<strong>de</strong>mption sera à la mesure <strong>de</strong> cette naissance obscure etel<strong>le</strong>-même placée sous <strong>le</strong> signe d’une nouvel<strong>le</strong> vio<strong>le</strong>nce.Avec assez <strong>de</strong> tenue pour donner une <strong>le</strong>cture légère, forte dans son action, maissurtout un sty<strong>le</strong> rendu par <strong>le</strong> traducteur Franck Reichert, qui donne <strong>de</strong>s dialogueschargé d’émotions - mais non au sens mièvre - ce Credo tient bien en main. M’estd’avis que l’on peut y trouver ce que l’on aime. Mais plus qu’une affaire <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nce,<strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur attentif y découvrira une histoire <strong>de</strong> pardon, au beau milieu <strong>de</strong>sexplosions, <strong>de</strong>s meurtres et <strong>de</strong> la cupidité ambiante.Dans la parabo<strong>le</strong> du fils prodigue, la seu<strong>le</strong> différence, c’est que c’est <strong>le</strong> père quiexcuse son fils et se réjouit <strong>de</strong> son retour...47


InsolitesLes voyages dans <strong>le</strong> temps ne sont plus l’apanage<strong>de</strong> la littérature, il y a aussi <strong>le</strong> cinémaRetour vers <strong>le</strong> FuturSelon une poignée <strong>de</strong>scientifiques, la machineà remonter <strong>le</strong> temps existedéjà. Il s'agit du LargeHadron Colli<strong>de</strong>r (LHC) <strong>de</strong>Londres, une grosse machinep<strong>le</strong>ine <strong>de</strong> boutons quirepose à Londres.C'est actuel<strong>le</strong>ment l'accélérateur <strong>de</strong> particu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>plus rapi<strong>de</strong> au mon<strong>de</strong>, créé pour effectuer <strong>de</strong>s collisions<strong>de</strong> protons. Et ai<strong>de</strong>r Marty à faire voyagerla DeLorean. Le HLC serait capab<strong>le</strong> d'éclairer<strong>le</strong>s scientifiques sur <strong>le</strong>s espaces-temps, l'univers,ce genre <strong>de</strong> choses. L'affirmation est sérieuse,relayée par <strong>de</strong>s physiciens russes.Un scientifique américain, Kip Thorne (CarolinaInstitute of Technology) déclare même : « Avant,<strong>le</strong>s voyages dans <strong>le</strong> temps étaient la prérogative<strong>de</strong>s écrivains. Les temps ont changé ! Maintenant,vous pouvez trouver <strong>de</strong>s analyses scientifiquesdu voyage dans <strong>le</strong> temps, justifiées par <strong>de</strong> grandsphysiciens théoriques. La Physique a compris quela nature du temps était trop importante pour lalaisser à la merci <strong>de</strong>s écrivains ».Deux choses : vous al<strong>le</strong>z pouvoir revenir enarrière et éviter <strong>de</strong> vous marier, et Bradburyet Wel<strong>le</strong>s se retournent dans <strong>le</strong>ur tombe.Pourtant, à l'aube <strong>de</strong> l'incroyab<strong>le</strong>, il faudraitprêter une oreil<strong>le</strong> (un oeil ?) attentive à<strong>le</strong>urs conseils. Le voyage dans <strong>le</strong> tempspeut être une <strong>de</strong>s pires inventions <strong>de</strong> l'humanité.Le professeur Volovich : « Nous sommes arrivés àcette conclusion : <strong>le</strong>s voyages dans <strong>le</strong> temps pourraientchanger <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> l'histoire, mais pas<strong>de</strong> manière significative. » Euh...Imaginez seu<strong>le</strong>ment que quelqu'un revienne enarrière pour remo<strong>de</strong><strong>le</strong>r la loi Prisunic ? Ou qu'unhystérique assassine Sarkozy avant 2007 ?L’Aston Martin <strong>de</strong> James Bond en vente... avec tous <strong>le</strong>s gadgets !Attention aux tirs <strong>de</strong> mitrail<strong>le</strong>ttes intempestifs, un message <strong>de</strong> la Sécurité RoutièreRM Auctions présente l'Aston Martin DB5 <strong>de</strong>1964 durant son annuel<strong>le</strong> vente aux enchères« Automobi<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Londres » aujourd'hui.La voiture légendaire <strong>de</strong>vrait être vendue auxa<strong>le</strong>ntours <strong>de</strong> 3,5 millions <strong>de</strong> livres (environ 4 millionsd'euros), alors que c'est la première fois quece modè<strong>le</strong>, authentique, est mis en vente. Cettevoiture est l'unique exemplaire restant utilisé dans<strong>le</strong>s films Goldfinger et Opération Tonnerre, dans<strong>le</strong>squels un certain Sean Connery tenait <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><strong>de</strong> James Bond ainsi que <strong>le</strong> volant.À la base, Jerry Lee, un américain originaire <strong>de</strong>Phila<strong>de</strong>lphie, avait convaincu Aston Martin <strong>de</strong>lui vendre l'exemplaire en 1969. L'homme compteutiliser <strong>le</strong>s bénéfices <strong>de</strong> la vente pour ai<strong>de</strong>r lafondation Jerry Lee, qui cherche à résoudre <strong>le</strong>sproblèmes sociaux dus à la pauvreté, en mettantl'accent sur la prévention du crime.Le programme <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong>s automobi<strong>le</strong>s<strong>de</strong> RM Auction a remis la voiture en état <strong>de</strong> marche,cel<strong>le</strong>-ci ayant été inactive pendant plus <strong>de</strong>quarante ans. Si vous habitez au Royaume-Uni,il serait pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r <strong>le</strong> passage au futurconducteur du boli<strong>de</strong>.« Comme Q, nous ne rigolons jamais avec <strong>le</strong> travail» a spécifié Max Girardo, en charge <strong>de</strong> RMAuctions Europe. La voiture possè<strong>de</strong> donc tous<strong>le</strong>s attributs du film, comme <strong>le</strong>s mitrail<strong>le</strong>uses,boucliers pare-bal<strong>le</strong>s, plaques d'immatriculationinterchangeab<strong>le</strong>s, système <strong>de</strong> poursuite, pulvérisateurd'hui<strong>le</strong>. Tous ces jolis gadgets sont évi<strong>de</strong>mmentactivab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>puis une comman<strong>de</strong> cachéedans l'accoudoir.48


Parasite Zine, <strong>le</strong> magazine distribué à votre insuIl est distribué clan<strong>de</strong>stinement à l’insu <strong>de</strong>scommerçants et même <strong>de</strong>s clients..C’est un projet dirigépar Guilherme Falcão,Adriana Hiromoto et MarcoSilva. Le principe est simp<strong>le</strong>.Le magazine est caché à l’intérieur d’autres publications,dans <strong>le</strong>s librairies, bibliothèques, ou ven<strong>de</strong>urs<strong>de</strong> journaux.L’acte <strong>de</strong> glisser du contenu, comme <strong>de</strong>s tracts,dans <strong>le</strong>s livres n’est pas nouveau, mais ParasiteZine est un magazine à part entière.16 pages en cou<strong>le</strong>urs, avec « <strong>de</strong>s contributions<strong>de</strong> <strong>de</strong>signers, photographes, artistes, écrivains etillus-trateurs <strong>de</strong> partout dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> » signa<strong>le</strong>João Machado. Une démarche sérieuse, qui seplace dans un cadre <strong>de</strong> désobéissance civi<strong>le</strong>.De la piraterie, comme un virus internet qui vousafficherait en permanence <strong>de</strong>s messages publicitaires.Une manière <strong>de</strong> passer l’écrit qui rappel<strong>le</strong>la résistance, et qui enveloppe <strong>le</strong> magazine d’unmystère. C’est bien connu, tout ce qui est secretnous attire.Le magazine aurait déjà été éparpillé dans <strong>de</strong>nombreux pays : Brésil, États-Unis, Canada, Italie,France, Irlan<strong>de</strong>, Pologne et Argentine entreautres. Le contenu ? Vous verrez bien. Une bonnemanière <strong>de</strong> renvoyer <strong>le</strong>s gens dans <strong>le</strong>s librairies etbibliothèques.InsolitesDes iPads pour <strong>le</strong>s Sumos aux doigts trop grosEt pour tourner <strong>le</strong>s pages sur un téléphone portab<strong>le</strong>,c’est la même ?Les lutteurs obèses japonais, plus connus sous<strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Sumotoris, ont un sérieux problème.Leurs petits doigts boudinés sont légèrementtrop gros pour qu'ils puissent envoyer un email<strong>de</strong>puis <strong>le</strong>ur téléphone portab<strong>le</strong>.Pour remédier à cela, l'Association <strong>de</strong>s SumosJaponais vient ainsi d'annoncer l'achat et la redistribution<strong>de</strong> 60 iPads, parmi <strong>le</strong>s différents acteurs<strong>de</strong> son organisme.Que l'on s'enten<strong>de</strong> bien : ces achats sont avant tout<strong>de</strong>stinés à faciliter la communication entre <strong>le</strong>smembres <strong>de</strong> l'Association et ses sportifs. « Nous allonsdistribuer <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier iPad à toutes <strong>le</strong>s équipes<strong>de</strong> sumos, pour communiquer aussi rapi<strong>de</strong>mentque nous en avons besoin », explique HiroyoshiMurayama, vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association.Fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> grand écran tacti<strong>le</strong> est plus faci<strong>le</strong>à manipu<strong>le</strong>r pour ces géants que celui d'un smartphonedont l'écran est nettement plus petit. Lessumos n'appuieront donc plus sur trois touches enmême temps, en envoyant <strong>le</strong>urs emails.Ce qui laisse envisager quelque chose d'intéressantconcernant la promotion <strong>de</strong> l'iBookstore auprès<strong>de</strong> ces sportifs. L'iPad, <strong>de</strong>venu <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur ebookfavori <strong>de</strong>s sumos ?Martin Amis,comme sonpère, figure dans laliste du Times <strong>de</strong>s« 50 plus grandsécrivains britanniques <strong>de</strong>puis 1945 ». L'auteur secaractérise par son cynisme et ses critiques <strong>de</strong>ssociétés contemporaines.Au Cheltenham Literature Festival, l'écrivain asurpris son petit mon<strong>de</strong> en déclarant qu'écrire ausujet du sexe est tout bonnement « impossib<strong>le</strong> » :« très peu d'écrivains ont réussi cet exercice. Monpère avait l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire que l'on peut s'y référer,mais pas <strong>le</strong> décrire ».Amis serait-il coincé ? Pas au niveau <strong>de</strong> l'écriture,c'est sûr, car <strong>le</strong> sexe est très présent dans <strong>le</strong>s ouvrages<strong>de</strong> l'auteur anglais. Son premier roman, TheRachel Papers (Le Dossier Rachel, 1973) suit unado<strong>le</strong>scent obsédé. Par la suite, <strong>le</strong> sexe apparaît dansLe sexe n’a pas sa place en littératureSelon Martin Amis, un « pro » du genretoute son oeuvre, souvent sous la forme sadomasochisteou pornographique : London Fields(Les terrains <strong>de</strong> Londres, 1989), Deads Babies(Poupées Crevées, 1975). Même dans son <strong>de</strong>rnierlivre The Pregnant Widow (La Veuve Enceinte,2006), où il revient sur la révolution sexuel<strong>le</strong> enflirtant avec la pornographie.À ce sujet, Amis déclare : « il y a très peu <strong>de</strong> sexedans mon travail. Il y a beaucoup <strong>de</strong> sexe raté,mais rien du genre "la terre a tremblé", et il n'y aque très peu <strong>de</strong> détails ». Pour The PregnantWidow, qui contient une longue scène <strong>de</strong> sexe, ilaffirme : « ce fut faci<strong>le</strong> à écrire car il n'y a pasd'émotions, c'est <strong>de</strong> la pornographie. C'est quandl'émotion rencontre <strong>le</strong> sexe que cela <strong>de</strong>vient impossib<strong>le</strong>pour l'écrivain, et gênant pour <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur ».Et, selon l'écrivain, tous ont échoué à décrire l'acte,que ce soit Richardson, Fielding, Austen, Dickensou même John Updike, qui ne se gêne pas pourpar<strong>le</strong>r <strong>de</strong> sexe dans ses romans. Pour Amis, <strong>le</strong>sscènes d'Updike sont comme « envoyer une équipe<strong>de</strong> film japonaise dans une chambre pour filmertous <strong>le</strong>s détails ».L'auteur argumente : « <strong>le</strong> romancier, contrairementau poète, doit être une figure universel<strong>le</strong>. Nos enviessexuel<strong>le</strong>s nous désuniversalisent ».Un conseil que ne suit pas Philip Roth. Dans son<strong>de</strong>rnier livre, Indignation, l'auteur américain décritune fellation dans une voiture durant...10 pages.49


CultureLe ministère <strong>de</strong> la Culture vient <strong>de</strong> diffuserun document posant <strong>le</strong>s bases d’un engagementet <strong>de</strong> lutte contre <strong>le</strong>s vols et <strong>le</strong> trafic illicite<strong>de</strong> biens culturels.Bilal s’empare du Théâtre du Rond Point, avec SuspectionUne adaptation, mise en scène et <strong>de</strong>s décorssignés du <strong>de</strong>ssinateur...Attention, petit alien sur <strong>le</strong>s planches : <strong>de</strong>s extraits<strong>de</strong> Mémoires d’une teigne <strong>de</strong> Fabienne Renault(éditions Speng<strong>le</strong>r 1994) seront prochainement adaptésau théâtre par Enki Bilal, du 30 <strong>novembre</strong> au 30 décembre,au Théâtre du Rond Point.Suspection, c’est un projet qui mettra en scène EvelyneBouix, avec la voix <strong>de</strong> Jean-Louis Tintignant. L’adaptation,la mise en scène et <strong>le</strong>s décors ont été confiés au<strong>de</strong>ssinateur Enki Bilal, qui « associe son univers auxportraits savoureux <strong>de</strong> Fabienne Renault ». « La voix<strong>de</strong> Jean-Louis Trintignant interrompt, fait reprendre <strong>le</strong>cours <strong>de</strong>s confessions. Et la comédienne apparaît bientôtcomme acculée, contrainte. »Enki Bilal raconte à Pierre Notte, cette aventure :« Ce sont avant tout <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> monstres tendres, maislivrés sans concession. Des portraits fina<strong>le</strong>ment assezvaches et teigneux <strong>de</strong> Fabienne Renault. Des souvenirsd’enfance, <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> campagne, <strong>de</strong> province. Il s’agit<strong>de</strong> gens rencontrés, une ga<strong>le</strong>rie <strong>de</strong> portraits courts, un tir<strong>de</strong> rafa<strong>le</strong> dont résulte une sorte <strong>de</strong> tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong> l’humanité.Restitution <strong>de</strong>s oeuvres volées et sécurité <strong>de</strong>s biens culturelsLe ministère <strong>de</strong> la Culture vous propose <strong>de</strong> savoirque faire au cas où vous trouveriez une Jocon<strong>de</strong>...<strong>de</strong> lutte, au sein <strong>de</strong>s ministères autant que <strong>de</strong>sinstitutions. On peut en effet y découvrir ce quirelève <strong>de</strong>s procédures à suivre « en cas <strong>de</strong> vol ou<strong>de</strong> redécouverte d’un bien volé ».Tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>, tous <strong>le</strong>s caractères peuvent s’y reconnaître.Les textes sont durs, directs, tendus et <strong>de</strong>nses. À sa sortie,alors que l’auteur était inconnu, <strong>le</strong> livre a reçu un accueiltrès cha<strong>le</strong>ureux.Le livre a plu au public comme à la critique, comme àcertains <strong>de</strong> mes amis, dont Jean-Louis Trintignant ouEvelyne Bouix. Avec eux, nous évoquions <strong>de</strong>puis longtempsl’idée d’en faire un spectac<strong>le</strong>. Et j’ai trouvé singulier<strong>de</strong> tenter d’associer mon univers à celui <strong>de</strong> FabienneRenault.Dans une combinaison qui évoque l’univers carcéral <strong>de</strong>Guantanamo, l’actrice est installée sur une tab<strong>le</strong> en mouvement,questionnée par la voix, rappel <strong>de</strong> la Stasi. Lesimages et <strong>le</strong>s sons fusent, l’épouvante aff<strong>le</strong>ure. Les souvenirs,<strong>le</strong>s restes mémorisés <strong>de</strong>s moments essentiels <strong>de</strong>l’existence peuvent-ils <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s produits soumis à lavalidation <strong>de</strong>s autorités ? »Tous <strong>le</strong>s renseignements sur ce spectac<strong>le</strong>, sur <strong>le</strong> site duThéâtre du Rond Point.Une décision qui « puise sa force dans la convictionque tout vol ou toute dégradation commisecontre un bien culturel » doivent être punis.Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> document interactif, qui sera disponib<strong>le</strong>sur <strong>le</strong> site <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Valois, permettra<strong>de</strong> rediriger vers différents sites d’information.Que <strong>le</strong>s oeuvres soient protégées ou non par <strong>le</strong>biais du Co<strong>de</strong> du patrimoine, tout vol impactedu patrimoine culturel qui subit alors « un véritab<strong>le</strong>appauvrissement ».Le gui<strong>de</strong> est intitulé Sécurité <strong>de</strong>s Biens Culturels: De la prévention du vol à la restitution<strong>de</strong> l’objet volé, et se présente comme un livreblanc sur <strong>le</strong>s acteurs participants aux mesuresMalraux, Israël et BHLUn cocktail non explosifUn colloque, organisépar l’Ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong>France en Israël présentependant <strong>de</strong>ux jours <strong>le</strong>s rapportsentre l’écrivain AndréMalraux et <strong>le</strong> judaïsme.C’est donc à cette occasionque Bernard-Henri Levy adéclaré dimanche : « Malrauxétait passionné par l’aventured’Israël et cel<strong>le</strong> du peup<strong>le</strong> juif ». Le colloque,intitulé Malraux et ses harmonies juives, sepenchera sur « <strong>le</strong> mythe juif chez Malraux »,Pour <strong>le</strong> ministère, ce gui<strong>de</strong> « permettra sans nuldoute à chaque citoyen <strong>de</strong> contribuer à la préservationet à la vitalité <strong>de</strong> notre consciencepatrimonia<strong>le</strong> ».Une manière <strong>de</strong> préserver <strong>le</strong>s biens patrimoniaux,sculptures, peintures, livres...« Le sionisme <strong>de</strong> Malraux, <strong>de</strong>rnière illusionlyrique ? » ou encore « L’intérêt <strong>de</strong> Malraux pour<strong>le</strong>s Juifs : une lubie romantique ? ». De nombreuxuniversitaires français et israéliens dialoguerontpaisib<strong>le</strong>ment à cette occasion.BHL est donc parmi ceux-ci. Il a présenté <strong>le</strong> projetavorté <strong>de</strong> l’écrivain consistant à prendre la têted’une « Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> combattants israélites » en 1956pour défendre Israël face à l’Égypte. Selon lui,Malraux aurait déclaré à Shimon Peres en 1967 :« Si j’étais plus jeune, je me serais engagé dansTsahal » (l’armée israélienne).BHL n’a pas oublié <strong>le</strong>s zones d’ombre dans larelation diffici<strong>le</strong> entre Malraux et Israël, notammentce qu’il a qualifié <strong>de</strong> « voyage manqué »,l’auteur <strong>de</strong> l’Espoir ayant annulé par <strong>de</strong>ux reprisesune visite prévue en Israël.André Malraux reçu <strong>le</strong> Prix Goncourt en 1933 pourLa Condition Humaine. Résistant, romancier,« vo<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> Banteay Srei », ministre d’État, Malrauxest aussi, selon sa compagne Clara, un escroc permanent.« Un grand mythomane » pour OlivierTodd. S’il n’était « pas dupe une secon<strong>de</strong> » selonPaul Nothomb, il se pourrait que BHL, lui, <strong>le</strong> soit.© Le PiXX51


Le poème<strong>de</strong> la 4 èmePLAIDOYER POUR UNE SOUFFRANCEQuand l’amour sera mort, mon coeur, qu’en sera-t-il?Trouveras-tu la paix ou l’éternel tourmentBattras-tu librement en mon sein, moins fébri<strong>le</strong>?Eh! ne te défends pas, d’un ton si véhément!Car tu te plains, nuits et jours, <strong>de</strong> ses yeux, <strong>de</strong> sonÂme qui dis-tu t’éblouissent, et te damnentMais <strong>de</strong> battre mon coeur, as-tu d’autres raisons…Désires-tu mon cœur battre quand <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs fanent?Car el<strong>le</strong>s faneraient, <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs, si tu n’aimaisCar <strong>le</strong> jour à la nuit, la place laisseraitCar tes doux battements n’auraient plus <strong>de</strong> raisonDe jouer en mon sein un va<strong>le</strong>ureux canonLe veux-tu , toi mon coeur, ne battre que du sangDe vi<strong>le</strong>ment pomper ce sanguin élémentDe n’exister que pour une fonction vita<strong>le</strong>En laissant <strong>de</strong> côté <strong>le</strong> tourment infernal?Laisserais-tu mon coeur, tes battements sans fin?Mais moi je veux l’aimer, mon coeur, quoi qu’il en coûteEt s’il en naît souffrance, il n’y a point <strong>de</strong> douteL’amour p<strong>le</strong>uré vivant, vaut mieux que défunt.Adrien Aszerman

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!