SOMMAIRE Les libraires n o 93 FÉVRIER - MARS 2016 Fille de libraire et globe-trotter engagée, Josée-Anne Paradis a grandi entre livres, parties de soccer et sorties culturelles. Le mot de Josée-Anne Paradis LE MONDE DU LIVRE Billet (Laurent Laplante) 6 Éditorial (Dominique Lemieux) 7 ENTRE PARENTHÈSES 8-9-26-50-52-56-62 LIBRAIRE D’UN JOUR Samian : Faire pousser ses racines 10 Nos ancêtres, nos voisins, les Autres LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE ET CANADIENNE Les libraires craquent! 12-15 Aki Shimazaki : En toute discrétion 13 Les choix de la rédaction 13 Mark Lavorato : Le mouton noir de l’Ouest 14 Marie Demers : Faire son deuil 16 Ici comme ailleurs (Stanley Péan) 19 POÉSIE ET THÉÂTRE Les libraires craquent! | Les choix de la rédaction 20 Apprivoiser… le haïku 21 LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE Les libraires craquent! | Les choix de la rédaction 22 Sur la route (Elsa Pépin) 23 Garth Risk Hallberg : Trop, c’est mieux 24 En état de roman (Robert Lévesque) 27 DOSSIER : LITTÉRATURES AUTOCHTONES 29 À 43 ESSAI ET RÉCIT Les libraires craquent! 44-46 Sens critique (Normand Baillargeon) 45 Les choix de la rédaction 46 POLAR ET LITTÉRATURES DE L’IMAGINAIRE Les libraires craquent! 47-48-50 Les choix de la rédaction 48 Au-delà du réel (Élisabeth Vonarburg) 49 BEAU LIVRE ET LIVRE PRATIQUE Les libraires craquent! | Les choix de la rédaction 55 LITTÉRATURE JEUNESSE Les choix de la rédaction 56 Les libraires craquent! 56-58-60 Gisèle Desroches : L’art d’affronter ses dragons 57 L’école des loisirs : 50 ans au service de la littérature et de ses lecteurs 59 Au pays des merveilles (Nathalie Ferraris) 61 BANDE DESSINÉE Les libraires craquent! 62-63 Les choix de la rédaction 63 DANS LA POCHE 66 : Symbole signifiant que le livre existe en format numérique La vie va tellement vite que, parfois, on oublie de prendre le temps de jeter un œil à nos racines, de se poser avec stabilité sur elles pour mieux continuer. Tranquillement, les traditions de notre enfance s’étiolent dans le vent de nouveautés auquel nous sommes tous les jours confrontés, les coutumes deviennent de plus en plus mondialisées et les rites se font de plus en plus rares depuis que la religion a quitté la plupart des maisonnées. Doucement, on oublie de demander la recette de cretons à notre grandmère déjà atteinte d’Alzheimer qui ne pourra plus nous la transmettre, on ne prend pas le temps d’apprendre la langue de notre arrière-grandpère, on ne voit pas, dans l’immédiat, l’intérêt de s’initier à la couture comme le faisait notre mère, créant des costumes uniques, bien plus beaux que ceux en vente dans les supermarchés. Elles sont pourtant toujours là, nos racines, toujours sous nos pieds, nous suivant partout où nous allons : difficiles à cueillir, on peut par contre les suivre. Et la littérature peut aider à tracer le chemin de ces racines, peut permettre de transcender les époques pour communiquer sa richesse à toutes les générations. Un pied dans la tradition et un pied dans la modernité, les littératures autochtones ont vraiment de quoi nous apprendre, nous épater, nous étonner. Si nous n’avons pas tous, Québécois, du sang autochtone, nous partageons avec eux à tout le moins un même territoire, les mêmes forêts, les mêmes rivières et, oui, une part commune de l’histoire. Prenons l’exemple du récent ouvrage de Tristan Malavoy, qui fait ses premières armes en littérature romanesque avec Le nid de pierres, une histoire qui nous entraîne en plein cœur du village estrien qui l’a vu grandir. Entrecoupé de légendes abénakises – qui trouvent un écho chez la plupart des gens de cette région, j’en témoigne –, le texte est à la fois très moderne et fait appel aux légendes d’une culture autochtone qui a marqué l’enfance de l’auteur. Malavoy le prouve : Québécois et Autochtones sont liés, sont voisins, sont sur la même rivière à défaut de ne pas toujours être dans le même bateau. D’une brûlante actualité Les Autochtones sont plus de 330 millions dans le monde. Au Canada, ils se dispersent selon trois différents groupes, soit les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Trois peuples distincts aux patrimoines, croyances et mœurs bien différents. C’est pour donner voix à leur littérature – méconnue il y a quelques années, mais de plus en plus sous les feux des projecteurs –, à leurs auteurs, mais également aux romans qui abordent leurs territoires que nous leur consacrons le dossier du présent numéro. L’actualité les mettant au cœur des débats ces derniers mois et montrant un pan sombre de l’histoire du Canada et de ses peuples autochtones, il est temps de montrer qu’une vie littéraire très riche fleurit au sein de ces communautés qui ont autre chose à offrir que leurs malheurs hautement médiatisés. C’est donc tout en respect que nous découvrons au moyen de la littérature une culture qui n’a plus rien à voir avec les mocassins, traîneaux à chiens et chants à la « Ani couni chaouani » appris à l’école primaire. Ou peut-être que si, mais pas tout à fait de la façon dont nous l’imaginions. Vous découvrirez ainsi les lectures du slameur d’origine algonquine Samian (p. 10), puis des portraits des plumes autochtones phares (p. 30). Un article critique sur la réception des œuvres littéraires autochtones (p. 38), un sur la force de la poésie dans le paysage autochtone (p. 32), un sur le Nord et ses peuples, perçus par les gens du Sud (p. 40), une entrevue avec Michel Noël (p. 42) et, bien sûr, plusieurs suggestions d’essais et de romans (p. 39 et 43) qui complètent ce dossier. Un merci particulier à Daniel et Cassandre Sioui, de la librairie Hannenorak de Wendake (voir leur portrait en page 36) pour leur précieux soutien dans l’élaboration de ce dossier. De tout cœur, je vous souhaite de faire, comme les membres de l’équipe de la revue, de très belles découvertes grâce à ce dossier. Bonnes lectures! LES LIBRAIRES • FÉVRIER-MARS 2016 • 5