MEME PAS PEUR Numéro 5

More documents

Recommendations

Info

16 / Même pas peur N o 5 / JANVIER-FÉVRIER 2016 le dico des mots qui fâchent M.AZ Dans chaque numéro de MPP, un mot commun ou propre est défini, à la manière MPPérienne. La particularité de ce mot : il fâche le quidam, souvent lors d’interminables discussions sur le sens qu’il faut lui donner. Pour ce numéro, nous définirons le mot : Holocauste [Nom masculin. Etymologie : du bas latin « holocaustum », du grec « holokaustos », de holos, entier, et kaustos, brûlé] Comment désigner la politique d’extermination des Juifs européens, commise par l’Allemagne nazie et ses complices (mouvements politiques et administrations publiques collaborationnistes dans les pays occupés) durant la Deuxième Guerre mondiale ? Génocide ? Judéocide ? Shoah ? Holocauste ? Il y a plus de vingt ans, dans Le Soir, une de ses lectrices d’Anvers avait écrit : « Je me bats autant que je peux contre le terme d’holocauste (...). Il est vrai que cette formule est si bien acceptée, que peu de gens songeraient à s’insurger contre elle ». Le mot « holocauste » a été massivement médiatisé, en 1979, lors de la diffusion de la série américaine du même nom. Depuis, à la radio, à la télévision ou encore dans des articles, il est régulièrement utilisé. Comme le montre le titre en Une du Soir du 22 octobre dernier, suite à la nouvelle provocation orchestrée par Benyamin Netanyahou (pour le premier ministre israélien, le responsable de l’extermination des juifs fut non pas le petit führer d’Allemagne mais le Grand mufti de Jérusalem. Une déclaration qui suscita à juste titre un scandale). Mais au fait, pourquoi le mot « holocauste » peut-il donner lieu à une polémique ? Et même pousser les participants d’une discussion à se fâcher les uns avec les autres ? Dans le Judaïsme, il signifie un sacrifice religieux. Soit une « offrande rituelle à la divinité, caractérisée par la destruction [immolation réelle ou symbolique, holocauste] », notifie Le Petit Robert. Selon cette croyance, le peuple sacrifié devait être entièrement consumé par le feu. Il s’agit purement et simplement d’une punition divine. Elle doit frapper ceux qui n’ont pas respecté la loi de dieu. Du coup, en quelque sorte, les nazis deviennent, en 1940, le bras armé chargé d’infliger la punition céleste. Or, le génocide ne fut pas un sacrifice. L’extermination des Juifs - et des Tziganes - fut le résultat criminel d’une politique étatique raciste. A ce sujet, toujours dans le quotidien Le Soir, le Grand rabbin de Bruxelles, Albert Guigui, avait déclaré en novembre 1992 : « Aucun lien n’est à établir entre les malheurs que décrit la Bible et qui furent la punition des péchés d’Israël et, d’autre part, l’entreprise nazie d’extermination. Les malheurs bibliques étaient naturels. La Shoah ne le fut pas (...). La Shoah ne fut pas un châtiment. Dieu était absent à Auschwitz ». Le mot holocauste reste néanmoins exploité par des juifs religieux, certes de la catégorie « ultra-orthodoxe », pour culpabiliser le peuple juif trop laïque à leurs yeux. Les négationnistes des crimes nazis contre l’Humanité ont parfaitement, eux aussi, compris l’importance du terme et le profit idéologique qu’ils peuvent en tirer. Dans leur propagande nauséabonde, ils n’emploient quasi jamais le mot génocide, lui préférant celui d’holocauste. Ce qui rend les Juifs, dans les opuscules négationnistes, même en niant le génocide, responsables d’un péché, d’une faute sanctionnée par la Providence. Dans les thèses falsificatrices et les paroles de rabbins obtus, les Juifs sont donc responsables de leur propre mort ! En résumé : sémantiquement, religieusement et idéologiquement, le terme holocauste est inapproprié. Sans aucune hésitation, il faut déclarer la « guerre aux mots » contre les maux de l’Histoire. Même si nous devons nous fâcher. PS : le terme Shoah fait lui aussi l’objet de nombreuses fâcheries. Mot hébreu, les juifs non sionistes (il y en a, malgré ce que les antisémites contemporains affirment) le récusent. Pour eux, son utilisation fait partie d’une récupération nationaliste au profit de l’État d’Israël qui justifie sa création uniquement par le génocide et l’antisémitisme européen. Moderniser (le droit de grève) Sokolov Quand j’entends le mot “moderniser” , je sors ma kalachnikov (version modernisée du revolver). Soyez-en sûr : chaque fois qu’il faut “moderniser”, c’est pour le pire. Sauf en art, peut-être. Quand il s’agit de l’organisation de la société, de l’entreprise, du service public, moderniser est un synonyme de se résigner, d’accepter sans moufter ce qui serait inéluctable. “Le droit de grève doit être modernisé”. “Ce qui était acceptable dans les années ‘80 et ‘90 n’est plus accepté aujourd’hui. L’exercice du droit de grève doit être adapté aux circonstances d’aujourd’hui.” “Les travailleurs qui ne veulent pas faire grève doivent pouvoir travailler, sans être arrêtés par des piquets de grève.” (Kris Peeters, ministre de l’Emploi, Le Soir, 26 octobre 2015). Accepter. Adapter. S’adapter. Plus rien à voir avec le “il faut être absolument moderne” (Rimbaud, Une saison en enfer) qui a été compris comme “il faut être radicalement contre l’ordre établi”. S’adapter aux circonstances, c’est se soumettre aux conditions de vie, de travail, d’absence de travail, de salaire, de durée du travail, etc. que d’autres ont décidé. Résolument antinomique avec la grève. L’usage de “moderne” et de “modernisation” est le plus souvent un exercice de tromperie. Il renvoie ceux qui ne sont pas d’accord avec la “modernisation” à l’archaïsme, comme si le passé ne pouvait être qu’inadéquat au présent, comme si, du passé au présent, le mouvement ne pouvait être que de progrès, comme si le seul rapport possible au présent était de soumission à l’existant et comme si l’existant n’était pas le résultat de l’exercice de la force et du pouvoir d’une minorité. Refusez la modernisation et vous serez un vieux ringard qui refuse le progrès. Un de ces “résistants au changement” comme on dit dans les théories de management. S’adapter, c’est se comporter comme si le présent n’avait aucun rapport au futur, comme si le présent ne devait pas viser aussi le futur. Faire grève, c’est exiger collectivement plus de justice et de démocratie. C’est exiger la réalisation des droits, humains, citoyens, sociaux et économiques. C’est absolument moderne et totalement urgent. Et, bien sûr, cela dérange ! Il ne manquerait plus que cela ne dérange personne ! Que même des travailleurs soient dérangés par la chose montre qu’il est plus que jamais indispensable de ne pas museler le droit d’action et d’expression collectives. Défendre le droit de grève et le droit de faire des piquets de grève, c’est absolument moderne : c’est refuser de restaurer l’article 310 du Code pénal supprimé en 1921 qui énonçait que les réunions d’ouvriers “qui se tenaient à proximité des usines et autour des usines et portaient atteinte à la liberté du travail” étaient interdites 1 . Ce qui est la volonté de la proposition de loi déposée par le MR. 1 Ligue des droits de l’homme, Remise en question du droit de grève : un danger pour tous les autres droits fondamentaux, jeudi 29-10-2015, www.liguedh.be)29-10-2015, www.liguedh.be) L’austérité nous pousse sur le sentier du guère tandis que les gros fument le calumet de l’épais. (Eric Dejaeger)
JANVIER-FÉVRIER 2016 / Même pas peur N o 5 / 17 Le changement climatique, ça fait vraiment chier Père Duchesne À la faveur de l’état d’urgence, les manifestations, marches, défilés et autres « activités de plein air » ont été interdites pendant le sommet sur le climat de Paris. Ça n’a pas empêché des manifestants d’aller se faire asperger par la police de gaz neutralisant et incapacitant. Par chance, si les particules fines de gaz CS (2-chlorobenzylidène malonitrile ou ortho-chloro-benzal malonitrile), contenues dans les aérosols, ont un haut pouvoir lacrymogène, elles préservent le couche d’ozone. C’est écrit sur l’emballage. Mais quelle indécence aussi de se préoccuper du réchauffement climatique à pareil moment ! Alors qu’on ne devrait faire autre chose qu’observer des minutes de silence et agiter des drapeaux tricolores. A-t-on jamais vu le réchauffement climatique massacrer les gens aux terrasses de bistrot ? Au contraire, une bonne canicule fait la fortune des limonadiers. De quoi se plaint-on ? S’il y en a qui ont à se plaindre, ils sont plutôt loin d’ici, sur les îles du Pacifique, dans le Grand Nord, au Vietnam, en Birmanie… Pour ceux-là, les rapports sont alarmants : « Depuis la première Conférence mondiale sur les changements climatiques en 1995, environ 606.000 personnes ont été tuées et 4,1 milliards d’autres ont été blessées, ont perdu leur habitation ou ont eu besoin d’une assistance d’urgence en conséquence des catastrophes liées au climat. » (rapport de l’ONU) « Entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que le changement climatique entraîne près de 250 000 décès supplémentaires par an, dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur. » (source : OMS) Mourir de la diarrhée ! Une maladie qui se traite aussi facilement dans les pays occidentaux. Déjà aujourd’hui, près de 2 millions d’enfants en meurent chaque année. Si ça augmente encore, on n’est pas dans la merde.
Page 1 and 2: Même pas peur janvier-février 201
Page 3 and 4: JANVIER-FÉVRIER 2016 / Même pas p
Page 5 and 6: Les non négociables de Charles Mic
Page 7 and 8: Le Scoop de WATRIN JANVIER-FÉVRIER
Page 9 and 10: Décalage en règle JANVIER-FÉVRIE
Page 15: Même pas peur de jouer satyrik, le

MEME PAS PEUR Numéro 5

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

Delete template?

Save as template?