La Lettre

dossier >> previz on set
Le compte rendu à caractère didactique recueilli à rennes
auprès de technicolor, de polymorph et labo insa
Autour de la carte de profondeur
Échanges et démonstration avec Gérard Briand chef de Projet Previz
et Olivier Dumas dans les emprises de Technicolor R&D
GB Je me dois tout d’abord d’insister qu’au-delà des solutions technologiques, Previz a pour but d’améliorer
la création en facilitant la prise de risque artistique lors d’un processus s’appuyant sur une hybridation d’images
de synthèse et des prises de vues des acteurs et des éléments réels du décor.
Le but est de permettre de nouvelles flexibilités et libertés au réalisateur afin d’être imaginatif pour l’histoire
et réaliste sur la mise en œuvre de celle-ci, avec des images calculées et compositées en temps réel avec les
images captées.
Pour un réalisateur, obtenir un jeu de comédien cohérent face à une explosion dans un plan sera plus facilement
accessible en fonction d’une image comportant « ladite explosion » que sur des indications dans
l’abstrait d’un aplat de fond vert ! Quant au travail du directeur de la photo, il sera d’autant plus juste pour
s’adapter aux variations de l’explosion. Sur le plateau, il pourra être à même de les apprécier et de les accompagner
pour obtenir une continuité pertinente dans l’hybridation finale, sans parler de la facilité du cadreur
à suivre des actions en fonction de l’ensemble des protagonistes dans son viseur. Pour les comédiens cette
prévisualisation est, je dirais, une nécessité.
Une autre façon d’exprimer les choses consiste à dire que la previz apporte sur le plateau les outils qu’on
trouve conventionnellement en postproduction. Il devient nécessaire de faire disparaître cette frontière entre
le moment de tournage et la postproduction. Et c’est pour tenter d’éliminer – en tout cas de réduire – cette
frontière que la contrainte temps réel s’impose pour ces outils de postprod que l’on doit disposer sur le plateau,
avec bien sûr des concessions en termes de qualité, de compositing et de rendu.
Cette prévisualisation du mélange en temps réel a pour base les techniques d’incrustation. Cette technique a
déjà un passé glorieux. En cinéma, le temps réel était presque impossible, c’était un travail de laboratoire. En
télévision par contre, via les mélangeurs, le travail d’incrustation fut et reste en temps réel.
Dossier
Petit rappel de la rédaction de la lettre sur le chroma-key
Tant en technique cinéma que télévisuelle, le chroma key permet de créer une séparation sur une couleur précise,
en général le bleu ou le vert. Cela revient à détourer un élément d’un plan en obtenant une extraction, une sorte de
pochoir, d’emporte-pièce (un cache, un masque) et il devient simple de remplacer ce qu’on vient d’enlever par un élément
nouveau. De nos jours, le plus souvent l’élément additionnel vient des images graphiques de synthèse. On parle
dorénavant d’éléments VFX, effets visuels.
GB Cette technique du chroma-key, dans l’ère numérique qui est nôtre, peut
être améliorée, facilitée et peut-être un jour paraître désuète si nous menons
à bien ce que nous avons entrepris avec la mise au point opérationnelle de la
notion de « carte de profondeur », objet de notre apport dans le Projet Previz.
L’idée est d’associer aux paramètres classiques de la caméra un paramètre supplémentaire,
à savoir celui de la distance entre la caméra et tous les éléments
réels de la scène sur le plateau et de permettre un compositing basé profondeur
ou « depth compositing ». Cet outil existe déjà en postproduction, mais pas en
temps réel. Cette extraction en temps réel demande donc des développements
qui font partie de la recherche du projet.
DB Donc si je comprends bien avec la carte de profondeur, pour un pixel sur
le capteur on va pouvoir détecter la distance ou l’éloignement au plan du capteur
ou au plan nodal de la caméra de l’élément réel, physique que code « ce » pixel.
GB Oui, et cette donnée va permettre d’incruster des objets virtuels indifféremment en avant-plan ou
arrière-plan des parties réelles de la scène. À ce jour, dans le projet, on a expérimenté en plateau avec fond
vert qui est et restera encore pour quelque temps une configuration nécessaire pour faciliter les traitements de
postproduction. Il serait contre-productif de ne pas utiliser la double segmentation offerte par les chroma-key
– et la précision du masque délivré – et la détection de profondeur. En l’état de l’art d’aujourd’hui, la qualité
des cartes de profondeur doit être et sera améliorée.
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