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ActUalitéS<br />
© Photo : Jean-Pierre Bloc<br />
Le festival des monteurs associés<br />
<strong>La</strong> DEUXIÈME ÉDITION du Festival des Monteurs Associés<br />
s’est tenue avec le même succès d’affluence et de<br />
riches échanges du 9 au 13 mars au cinéma <strong>La</strong> Clef<br />
à Paris. Outre les projections suivies de débats en présence<br />
des monteurs ou monteuses et souvent avec celle<br />
du réalisateur ou de la réalisatrice, une rencontre sur le<br />
Son au Montage s’est déroulée pour le plus grand plaisir<br />
des cent cinquante personnes présentes.<br />
Il s’agissait de témoigner et de sensibiliser sur la réalité<br />
du travail fourni pour élaborer une bande son, et<br />
cela aussi bien sur des aspects techniques que sur l’importance<br />
artistique, émotionnelle et narrative du son.<br />
De gauche à droite : Nathalie Vidal (mixeuse et monteuse son), Béatrice Wick (monteuse<br />
son), Hervé Guyader (monteur son), Mélissa Petitjean (mixeuse), Mathilde Muyard (monteuse<br />
et animatrice de la table ronde).<br />
<strong>La</strong> bande originale d’un film (BO) est le fruit d’un travail<br />
minutieux de collaboration entre les réalisateurs,<br />
les monteurs, les monteurs sons et les mixeurs, sans<br />
oublier l’apport des musiciens. Chacun apporte sa sensibilité<br />
pour proposer un univers sonore interagissant au<br />
niveau du sens comme des sens avec l’image, puisqu’un<br />
film est une composition audiovisuelle qui se développe<br />
durant le temps de la projection et traduisant la vie<br />
à l’écran.<br />
Mathilde Muyard a animé cette rencontre dans laquelle<br />
ont témoigné Mélissa Petitjean et Nathalie Vidal en tant<br />
que mixeuses, puis Béatrice Wick et Hervé Guyader<br />
comme monteurs son.<br />
Dans un souci pédagogique pertinent, pour mieux saisir<br />
les propos des invités, deux courts extraits ont été projetés.<br />
Le premier était une séquence de 1 mn 40 du film<br />
des frères <strong>La</strong>rrieu Les Derniers Jours du monde sorti en<br />
2009. <strong>La</strong> même séquence fut projetée successivement<br />
avec le mixage final, le son du direct et donc des dialogues,<br />
puis uniquement le son obtenu lors du bruitage,<br />
puis seulement le mixe des ambiances et effets sonores<br />
rajoutés sans le son du direct et à nouveau le son du<br />
mixage.<br />
Le deuxième extrait tend à prouver, a contrario du<br />
précédent qui visait à une restitution réaliste, qu’une<br />
bande-son peut être suggestive d’un état imaginaire<br />
presqu’irréel. Il s’agissait de la séquence finale du film<br />
documentaire Au Bord du monde de Claus Drexel.<br />
Ce film de témoignage de sans-abris à Paris se conclut<br />
par une composition sonore due à Hervé Guyader sur<br />
des images, entre autres, prises au ras de l’eau sur la<br />
Seine, de nuit. Le tandem image-son agit comme une<br />
vague pour aboutir à un dernier plan muet sur un SDF<br />
en pied, pris aussi au ras du sol et pieds nus au premier<br />
plan d’une perspective fixe lumineuse de l’avenue<br />
des Champs-Elysées de nuit, déserte : superbe émotion<br />
de solitude !<br />
Par-delà la fière et humble description<br />
de leurs apports respectifs<br />
à la phase finale de l’œuvre,<br />
les participants ont déploré,<br />
avec des paroles fortes et justes,<br />
la discontinuité, dans leur collaboration<br />
au film, à laquelle<br />
ils sont confrontés depuis une<br />
quinzaine d’années. Les producteurs<br />
ont entendu leurs oreilles<br />
siffler. Ainsi les monteurs, collaborateurs<br />
intimes des réalisateurs,<br />
ne sont pas payés pour<br />
assister au mixage, et peut-être<br />
les monteurs son risquent eux<br />
aussi d’en être absents à moyen<br />
terme. À l’ère du numérique, monteur et monteur son<br />
constatent qu’ils sont amenés à mettre en œuvre des<br />
logiciels différents et que certains fondamentaux strictement<br />
techniques du son pourraient symboliser une<br />
cassure entre eux alors qu’ils participent à une même<br />
unité artistique du film.<br />
<strong>La</strong>issons le mot de la fin à Mathilde Muyard :<br />
« On n’a plus les même outils, mais il y a un enrichissement<br />
à travailler à plusieurs. J’ai accompli dans la solitude<br />
le montage et le montage son d’un film et j’étais<br />
contente d’arriver au mixage, car enfin il y avait un autre<br />
regard, une autre oreille pour échanger. Le cinéma est<br />
un art d’équipe et de collaboration. Après une première<br />
progression du montage, on demande son avis au monteur<br />
son et il nous aide à y voir clair. Il nous pose des<br />
questions qui peuvent sembler bêtes, mais qui peuvent<br />
nous faire prendre conscience que “ça ne marche pas”.<br />
Parfois, il pointe une ellipse qu’on n’avait pas autant<br />
appréciée en tant que telle et qu’eux vont éventuellement<br />
souligner par leur apport sonore. »<br />
Rédaction Dominique Bloch<br />
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