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suite de la page (7)<br />
recherche des intérêts individuels<br />
et collectifs qui a donné naissance à<br />
l’État. Selon Thomas Hobbes, le souverain<br />
a la responsabilité politique et<br />
morale « d’assurer à tous ses sujets<br />
(citoyens) la sécurité, l’égalité devant<br />
la loi et la prospérité matérielle. »<br />
Quelques uns d’entre vous ont<br />
probablement lu la dernière lettre que le<br />
poète martyr David Diop (1) a écrite à<br />
son beau-frère au moment de rejoindre<br />
la Guinée en 1958: « Il est des cas, ditil,<br />
où celui qui se prétend intellectuel<br />
ne doit pas se contenter de vœux pieux<br />
et de déclaration d’intention. Il faut<br />
qu’il donne à ses écrits un prolongement<br />
concret. »<br />
Dans les interlignes de cette citation,<br />
l’écran de notre imagination<br />
tente de reconstituer les images des<br />
nombreuses personnalités mythiques<br />
qui portent l’emblème de l’immortalité<br />
pour avoir posé en face de l’horreur des<br />
actes de bravoure inestimables. Elles<br />
ont participé délibérément aux durs<br />
et valeureux combats menés sur tous<br />
les fronts pour extirper de l’univers les<br />
démons des inégalités sociales et de<br />
l’oppression raciale. Et surtout, elles<br />
demeurent accrochées aux recommandations<br />
de Montesquieu : « La liberté<br />
de la pensée est l’unique rempart de la<br />
liberté des nations.»<br />
La prière de l’enfant de Martin<br />
Gray (2), quel formidable et subliminal<br />
exemple de « Liberté » dans la tolérance<br />
sociale :<br />
« Je prie<br />
Pour que tu ne<br />
sois ni esclave ni réfugié<br />
Mais libre de<br />
prier la religion de ta famille<br />
Et je prie<br />
Pour que tu aies<br />
le droit de ne pas prier »<br />
Par la faute d’un État soudé à<br />
l’infantilisme, au sectarisme et à l’immobilisme,<br />
les Haïtiens tressent sans<br />
répit la paille sèche de la « pauvreté extrême<br />
». Et ils se retranchent dans<br />
la hantise d’un retour brutal du<br />
passé fascisant, artisan farouche<br />
et irréductible de la terreur affreuse.<br />
Victor Cochinat, ce journaliste<br />
d’origine antillaise qui a passé son<br />
existence à écrire des pamphlets pour<br />
prédire la disparition de la République<br />
d’Haïti en tant que nation a dû dans<br />
l’au-delà tourner en dérision le grand<br />
défenseur de la race noire, Louis-Joseph<br />
Janvier. En constatant l’état<br />
avancé de déchéance, de décadence,<br />
de décrépitude du pays, nous serions<br />
presque convaincus de la réticence de<br />
Janvier aujourd’hui à s’engager sur<br />
la voie des affirmations si radicales:<br />
« Pour la race noire, Haïti c’est le<br />
soleil se levant à l’horizon (3)». Et<br />
pourtant, La République d’Haïti a une<br />
histoire d’Héroïsme et de Liberté peu<br />
commune. C’est son cheminement historique<br />
grandiose et méritoire qui lui<br />
vaut d’être la « cible » continuelle<br />
des instincts destructeurs de ces<br />
tristes « vautours » qui avilissent la<br />
communauté internationale (CI).<br />
Le docteur Louis-Joseph Janvier<br />
fit d’autres prédictions qui, exceptionnellement,<br />
se sont avérées. Le<br />
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diplomate écrivit : « Les présidences à<br />
court terme, mauvaises pour un pays<br />
neuf où la vie politique n’est pas intense<br />
parce que les cerveaux ont été<br />
laissés trop longtemps sans culture et<br />
que les intérêts matériels sont concentrés<br />
entre les mains d’un petit nombre<br />
de personnes, vont se succéder. Avec<br />
elles, se manifesteront des recrudescences<br />
de la colère du peuple, naîtront<br />
des guerres intestines. Les unes et les<br />
autres seront précédées, accompagnées<br />
ou suivies de luttes parlementaires<br />
absolument sans grandeur (4).<br />
S’il n’avait pas fallu se fier à certaines<br />
apparences, nous aurions déclaré<br />
que la République d’Haïti n’est pas<br />
vraiment arrivée à enjamber les barrières<br />
de ce que les philosophes des lumières,<br />
notamment Jean-Jacques Rousseau,<br />
ont baptisé « l’état de nature ».<br />
Le pays peine encore à trouver une<br />
voie sociopolitique pour se départir<br />
de sa cuirasse tribalo-primitive. Le<br />
peuple haïtien, à cause de l’irresponsabilité<br />
flagrante dont font preuve ses<br />
dirigeants, erre dans la noirceur opaque<br />
de la déraison et de l’absurdité.<br />
Parviendra-t-il à s’orienter vers le « soleil<br />
libérateur » tant recherché par<br />
Jacques Stephen Alexis ? Et dire qu’il<br />
existe encore des « insensés » qui<br />
s’entredéchirent, qui s’entretuent pour<br />
régner comme Néron ou Attila sur<br />
cette partie de l’île agonisante ! Complètement<br />
à la dérive !<br />
« Nous avons faim ! »<br />
Ces cris de frustration, ces onomatopées<br />
de désolation qui ponctuent<br />
les journées en Haïti, nous tenons à le<br />
rappeler, ont été dans plusieurs pays<br />
le dénominateur commun de commencement<br />
d’une violence ruineuse<br />
qui a déjà conduit à la déstabilisation<br />
de nombreux États démissionnaires.<br />
Parasitaires. Immobilistes.<br />
Nous avons écrit dans le roman<br />
inédit Mourir pour vivre : « La quête<br />
du pain qui devient rare, introuvable<br />
ragaillardit les bras des pauvres pour<br />
faire avancer plus vite les hélépoles de<br />
frustration et de colère. “ Nous avons<br />
faim ! Donnez-nous du pain… ! ” Ces<br />
vociférations menaçantes ont ébranlé<br />
dans le temps des monarchies célèbres<br />
et apparemment puissantes. La Bastille,<br />
elle-même, n’y a point résisté.<br />
Louis XVI est passé sous la guillotine.<br />
Des foyers de révolte ont embrasé des<br />
villes entières afin de dératiser les<br />
caves de corruption, d’oppression et<br />
de répression d’où s’originent les inégalités<br />
sociales émétiques, vomitives.<br />
(5) »<br />
Certains pays de la planète commencent<br />
sérieusement à incarner « Les<br />
raisins de la colère » de John Steinbeck,<br />
roman adapté au cinéma en 1940 par<br />
John Ford et Nunnally Johnson. Ce récit<br />
émouvant du drame vécu par les<br />
fermiers de l’Oklahoma durant la crise<br />
économique grave qui a frappé les<br />
États-Unis de 1929 à 1939 a marqué<br />
la mémoire de plusieurs générations.<br />
La politique, surtout dans les<br />
pays du Sud, doit cesser d’être simplement<br />
la science du pouvoir pour<br />
retrouver l’essence de sa valeur fondamentale<br />
qui est la recherche du<br />
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bien-être des individus et des collectivités.<br />
Cela fait trop longtemps que<br />
« la vache du riche mange le grain<br />
du pauvre ». Les dirigeants de l’État<br />
sont mandatés pour combattre la<br />
pauvreté de masse persistante et<br />
trouver une voie de développement<br />
durable pour la République d’Haïti.<br />
Une nation, malheureusement,<br />
sans « avoir » (pauvreté extrême)<br />
et sans « savoir » (taux d’analphabétisme<br />
toujours élevé) pourrait effectivement<br />
être vouée à la disparition et<br />
à l’oubli.<br />
De temps en temps,<br />
nous nous amusons à revisiter la<br />
vielle copie du film État de siège<br />
magistralement interprété par Yves<br />
Montand que nous avons achetée dans<br />
un marché aux puces en Amérique du<br />
Nord. Celui qui nous l’a vendu ne savait<br />
pas qu’il venait de se débarrasser<br />
d’un trésor culturel pour une malheureuse<br />
pitance de cinquante cents. Une<br />
histoire de kidnapping d’un diplomate<br />
étranger accrédité en Amérique latine.<br />
Le film s’achève avec l’assassinat de la<br />
victime.<br />
État de siège a réussi à nous<br />
apprendre ce qu’est une organisation<br />
politique, dans le sens le plus scientifique<br />
du terme. C’est peut-être pour<br />
cela que nous utilisons un vocabulaire<br />
précis pour désigner les différentes<br />
composantes de la classe politique haïtienne<br />
: des groupements politiques<br />
sans structure organisationnelle.<br />
Sans idéologie. Nous vous référons<br />
aux ouvrages Les partis politiques de<br />
Roberto Michels (1913) et de Maurice<br />
Duverger (1951). Pas de système politique<br />
sans système idéologique.<br />
La formation des partis politiques<br />
remonte au milieu du 19 ème siècle.<br />
Nous en reprenons la définition retenue<br />
par Denis Monière et Jean H. Guay,<br />
calquée sur les approches théoriques<br />
des penseurs J. La Palombara et M.<br />
Weiner (Political parties and Political<br />
Development, 1966) : « On définit généralement<br />
un parti politique comme<br />
une organisation durable qui se différencie<br />
des autres types d’organisation<br />
par la recherche du soutien populaire<br />
pour la conquête et l’exercice direct du<br />
pouvoir. »<br />
Heureusement que l’histoire sait<br />
engendrer ses héros<br />
Fort souvent, il nous arrive de réfléchir<br />
sur les principaux événements qui ont<br />
su à travers l’histoire de l’humanité<br />
élever l’homme au faîte de la gloire ou<br />
le jucher sur le sommet de la honte perpétuelle.<br />
Depuis l’effondrement du bloc<br />
de l’Est, les puissances occidentales<br />
se livrent à un jeu méchant et subtil:<br />
détruire petit à petit les figures mythiques<br />
qui symbolisent le passé glorieux<br />
de certains peuples et qui leur servent<br />
de modèle de résistance ou de lutte<br />
dans les moments difficiles de leur existence.<br />
En 1983, le Congrès des États-<br />
Unis consentit finalement à voter la loi<br />
par laquelle la date de l’anniversaire de<br />
Martin Luther King, 19 janvier 1929,<br />
devint un jour de congé officiel. Elle<br />
fut introduite en 1972 et combattue<br />
farouchement – par Ronald Reagan,<br />
entre autres – avant d’être acceptée et<br />
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ratifiée.<br />
Chaque 21 janvier ramène l’anniversaire<br />
de la mort de Vladimir Ilitch<br />
Oulianov dit Lénine, celui qui disait :<br />
« La Russie reste un pays retardataire<br />
à un point incroyable, un pays misérable<br />
et à demi sauvage.» Depuis des<br />
années, nous reprenons ces mêmes<br />
mots pour qualifier l’état de la République<br />
d’Haïti. Que reste-il aujourd’hui<br />
de Lénine en termes de souvenirs et<br />
de valeurs historiques? La période<br />
de l’après-guerre froide a bien fait<br />
son travail d’aliénation et d’ « amnésiation<br />
».<br />
On ne naît pas forcément héros !<br />
On le devient par la force des choses.<br />
Avant le 28 novembre 1985, date de<br />
l’assassinat des trois élèves gonaïviens,<br />
personne ne soupçonnait qu’il y avait<br />
quelque part, dans un coin reculé d’un<br />
bidonville qui s’appelle Raboteau, un<br />
pêcheur ignorant, illettré, analphabète,<br />
un certain Jean Tatoune par le sobriquet,<br />
qui allait forcer la République<br />
d’Haïti à amorcer un virage historico-politique<br />
stupéfiant. Le monde avait<br />
pu aussi entendre parler d’un Paulux<br />
Saint-Jean – un ancien camarade de<br />
classe chez les Frères de l’Instruction<br />
Chrétienne – brave, hardi et téméraire.<br />
Le « rebelle » antiduvaliériste, qui<br />
était un lieutenant du « mouvement<br />
de guérilla » de Lionel Lainé, décéda<br />
mystérieusement sur la route<br />
nationale numéro 1, quelques<br />
jours après la fuite des Duvalier<br />
et des Bennett. Il avait laissé<br />
Gonaïves pour se rendre à Portau-Prince,<br />
dans le but de répondre<br />
à une convocation du général<br />
président Henri Namphy. Les<br />
freins du véhicule à bord duquel il<br />
se trouvait, selon des témoignages<br />
concordants, auraient lâché.<br />
C’est l’exécution d’Alexandre<br />
Oulianov, le frère aîné de Lénine en<br />
1887 qui va indiquer à ce dernier la<br />
voie à suivre afin d’aider le prolétariat<br />
russe à se libérer de la dictature monarchique.<br />
Lénine disait : « Chaque<br />
force sociale se pose des objectifs<br />
politiques qui correspondent à ses<br />
intérêts objectifs. » L’anniversaire<br />
du décès de Lénine ne retient presque<br />
plus l’attention de la planète. Les temps<br />
ont changé. Cependant, les réalités<br />
contondantes des sociétés mondiales<br />
ont empiré. Empirent. « Le prolétariat<br />
n’a d’autre arme dans sa lutte<br />
pour le pouvoir que l’organisation »,<br />
soutenait encore l’artisan principal du<br />
communisme en Union Soviétique. En<br />
Haïti, les Héros de la guerre de l’indépendance<br />
sont enfermés dans les placards<br />
du mépris et de l’oubli. Aucun<br />
sentiment de Respect et d’Honneur de<br />
la part des dirigeants politiques ignares<br />
et délinquants à l’égard des aïeux !<br />
Beaucoup de Juifs échappés<br />
au régime esclavagiste de Pharaon<br />
ne furent pas arrivés à franchir les<br />
portes de Canaan. Ceux-là qui étaient<br />
cuits dans la fournaise ardente du<br />
« Mal », les irréductibles, les traîtres,<br />
les idolâtres, les ingrats qui se souillaient,<br />
qui se prostituaient dans le lit<br />
du « Diable », étaient carrément<br />
frappés d’anathème. Et pour les besoins<br />
et le triomphe de la cause, le<br />
Prophète n’eut d’autre choix que de<br />
les condamner à manger des pissenlits<br />
dans le désert par les racines. Les<br />
Haïtiens retiendront de cet euphémisme<br />
que la République ne pourra<br />
pas avancer sans que les « barrières »<br />
de blocage ne soient renversées.<br />
Éliminées.<br />
Haïti descend lentement, mais<br />
sûrement dans l’abîme<br />
Comment pouvait-il en être autrement<br />
lorsque toute la politique de la communauté<br />
internationale (CaI) consiste<br />
depuis longtemps à tirer le pays par<br />
les pieds pour l’empêcher de monter.<br />
Nous rappelons quelques passages<br />
du discours prononcé par le maire<br />
de Port-au-Prince, M. Sténio Vincent,<br />
à l’occasion de la fête du travail le 1 er<br />
mai 1908 et rapporté par Alain Turnier<br />
(6) : « Les étrangers, dit Sténio Vincent,<br />
venus de partout pour la conquête<br />
légitime et naturelle de la vie<br />
encombrent toutes les avenues de<br />
l’activité sociale. Voyez un peu ! La<br />
banque est allemande. Les commis de<br />
banque sont allemands. L’enseignement<br />
est français. Il est de plus en plus<br />
congréganiste. Le commerce d’importation<br />
et d’exportation est allemand,<br />
français, anglais, américain et syrien.<br />
De vagues commerçants haïtiens se<br />
trouvent mêlés à cette sauce cosmopolite,<br />
une sauce blanche, comme deux<br />
ou trois grains de poivre qui seraient<br />
tombés par mégarde. Le commerce<br />
nous échappe. La cordonnerie est cubaine.<br />
L’horlogerie et la bijouterie sont<br />
italiennes. La confection pour hommes<br />
est surtout cubaine. La carrosserie est<br />
jamaïcaine. Les quelques usines que<br />
nous avons çà et là pour la préparation<br />
du café et du cacao, les deux<br />
ou trois plantations quelque peu organisées,<br />
tout cela est aux mains des<br />
étrangers…»<br />
Nous avons l’impression que la<br />
République d’Haïti se retrouve au même<br />
carrefour qui révolta la conscience du<br />
maire Sténio Vincent devenu par la<br />
suite président le 18 novembre 1930.<br />
La bouillotte de crise sociale, économique<br />
et politique dans la laquelle elle<br />
mijote depuis plus de deux cents ans ne<br />
se refroidit pas.<br />
L’accord obscur signé le 6 février<br />
<strong>2016</strong> entre la présidence des Tèt<br />
Kale et le « parlement délégitimé »<br />
n’arrivera pas à jeter de l’eau sur le<br />
feu des mécontentements populaires.<br />
Il barbotte dans un océan d’inexplicité.<br />
À cause du document confus, le fossé<br />
des hostilités politiques commence à<br />
s’élargir. Les mascarades électorales du<br />
9 août et du 25 octobre <strong>2016</strong> ne pourront<br />
pas échapper aux flammes de l’annulation,<br />
sans causer des préjudices<br />
graves à la volonté et à l’effort d’instaurer<br />
un « État de droit » en Haïti.<br />
Le dilemme shakespearien, comme<br />
pour Hamlet, subjugue en ce moment<br />
la conscience des Haïtiens: « To be or<br />
not to be… That is the question. »<br />
Tous les grands essayistes et<br />
romanciers haïtiens du 19 ème siècle,<br />
Fernand Hibbert, Frédéric Marcelin,<br />
Louis-Joseph Janvier… ont utilisé le<br />
même vocabulaire pour baptiser, déplorer<br />
et dénoncer les « Maux » dont<br />
souffre l’État haïtien depuis sa création,<br />
et qui causent jusqu’à présent<br />
les mêmes déceptions, provoquent les<br />
mêmes souffrances, occasionnent les<br />
mêmes privations aux couches ignorantes<br />
et ignorées de la population.<br />
Comment restituer aux victimes de<br />
l’hégémonie impérialiste et de la domination<br />
oligarchique le libre exercice de<br />
leurs droits de citoyenneté ? «That is<br />
the question! ».<br />
St-Exupéry disait : «Être<br />
homme, c’est sentir en posant sa<br />
pierre, que l’on contribue à bâtir le<br />
monde. » La culture de ce que la sagesse<br />
socratique qualifiait de « fausse<br />
universalité démocratique » –<br />
comme celle qui se pratique encore de<br />
nos jours en Occident – n’amènera certainement<br />
pas la République d’Haïti sur<br />
le chemin de la paix sociale. Comme<br />
par magie, l’insécurité publique a repris<br />
son bâton de terreur.<br />
En observant ce pays qui périclite<br />
et qui a donné naissance à une somme<br />
considérable d’intellectuels éminents,<br />
reconnus et respectés dans les milieux<br />
universitaires étrangers, nous ne<br />
pouvons nous empêcher de conclure<br />
comme François Rabelais, médecin<br />
et philosophe français: «Science sans<br />
conscience n’est que ruine de l’âme.»<br />
Thomas Mann(7) nous apprend<br />
: « Le génie est une punition de<br />
Dieu. Le mal est une nécessité, c’est lui<br />
qui attise le feu du génie. » Du fléau<br />
de l’esclavagisme, ce mal absolu, ont<br />
émergé des femmes et des hommes géniaux<br />
qui ont confectionné et hissé le<br />
drapeau d’un État souverain et indépendant<br />
au mât de la Liberté.<br />
Par-delà les incertitudes de l’avenir,<br />
nous exhortons les camarades à<br />
l’espoir de voir émerger un jour en Haïti<br />
un modèle de société qui soit vraiment<br />
capable d’enrayer l’ilotisme et de<br />
redonner de la valeur à la vie humaine.<br />
Robert Lodimus<br />
______________________<br />
Notes et références<br />
(1)David Diop, poète sénégalais.<br />
(2)Martin Gray, J’écris aux hommes<br />
de demain.<br />
(3)Louis Joseph Janvier, La République<br />
d’Haïti et ses visiteurs.<br />
(4)Louis-Joseph Janvier, Les Constitutions<br />
d’Haïti.<br />
(5)Robert Lodimus, Mourir pour<br />
Vivre, inédit.<br />
(6)Alain Turnier, La société des baïonnettes.<br />
(7)Thomas Mann, Mort à Venise,<br />
adapté au cinéma en 1971 par Luchino<br />
Visconti.<br />
16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>