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Haiti Liberte 4 Fevrier 2016

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suite de la page (7)<br />

recherche des intérêts individuels<br />

et collectifs qui a donné naissance à<br />

l’État. Selon Thomas Hobbes, le souverain<br />

a la responsabilité politique et<br />

morale « d’assurer à tous ses sujets<br />

(citoyens) la sécurité, l’égalité devant<br />

la loi et la prospérité matérielle. »<br />

Quelques uns d’entre vous ont<br />

probablement lu la dernière lettre que le<br />

poète martyr David Diop (1) a écrite à<br />

son beau-frère au moment de rejoindre<br />

la Guinée en 1958: « Il est des cas, ditil,<br />

où celui qui se prétend intellectuel<br />

ne doit pas se contenter de vœux pieux<br />

et de déclaration d’intention. Il faut<br />

qu’il donne à ses écrits un prolongement<br />

concret. »<br />

Dans les interlignes de cette citation,<br />

l’écran de notre imagination<br />

tente de reconstituer les images des<br />

nombreuses personnalités mythiques<br />

qui portent l’emblème de l’immortalité<br />

pour avoir posé en face de l’horreur des<br />

actes de bravoure inestimables. Elles<br />

ont participé délibérément aux durs<br />

et valeureux combats menés sur tous<br />

les fronts pour extirper de l’univers les<br />

démons des inégalités sociales et de<br />

l’oppression raciale. Et surtout, elles<br />

demeurent accrochées aux recommandations<br />

de Montesquieu : « La liberté<br />

de la pensée est l’unique rempart de la<br />

liberté des nations.»<br />

La prière de l’enfant de Martin<br />

Gray (2), quel formidable et subliminal<br />

exemple de « Liberté » dans la tolérance<br />

sociale :<br />

« Je prie<br />

Pour que tu ne<br />

sois ni esclave ni réfugié<br />

Mais libre de<br />

prier la religion de ta famille<br />

Et je prie<br />

Pour que tu aies<br />

le droit de ne pas prier »<br />

Par la faute d’un État soudé à<br />

l’infantilisme, au sectarisme et à l’immobilisme,<br />

les Haïtiens tressent sans<br />

répit la paille sèche de la « pauvreté extrême<br />

». Et ils se retranchent dans<br />

la hantise d’un retour brutal du<br />

passé fascisant, artisan farouche<br />

et irréductible de la terreur affreuse.<br />

Victor Cochinat, ce journaliste<br />

d’origine antillaise qui a passé son<br />

existence à écrire des pamphlets pour<br />

prédire la disparition de la République<br />

d’Haïti en tant que nation a dû dans<br />

l’au-delà tourner en dérision le grand<br />

défenseur de la race noire, Louis-Joseph<br />

Janvier. En constatant l’état<br />

avancé de déchéance, de décadence,<br />

de décrépitude du pays, nous serions<br />

presque convaincus de la réticence de<br />

Janvier aujourd’hui à s’engager sur<br />

la voie des affirmations si radicales:<br />

« Pour la race noire, Haïti c’est le<br />

soleil se levant à l’horizon (3)». Et<br />

pourtant, La République d’Haïti a une<br />

histoire d’Héroïsme et de Liberté peu<br />

commune. C’est son cheminement historique<br />

grandiose et méritoire qui lui<br />

vaut d’être la « cible » continuelle<br />

des instincts destructeurs de ces<br />

tristes « vautours » qui avilissent la<br />

communauté internationale (CI).<br />

Le docteur Louis-Joseph Janvier<br />

fit d’autres prédictions qui, exceptionnellement,<br />

se sont avérées. Le<br />

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diplomate écrivit : « Les présidences à<br />

court terme, mauvaises pour un pays<br />

neuf où la vie politique n’est pas intense<br />

parce que les cerveaux ont été<br />

laissés trop longtemps sans culture et<br />

que les intérêts matériels sont concentrés<br />

entre les mains d’un petit nombre<br />

de personnes, vont se succéder. Avec<br />

elles, se manifesteront des recrudescences<br />

de la colère du peuple, naîtront<br />

des guerres intestines. Les unes et les<br />

autres seront précédées, accompagnées<br />

ou suivies de luttes parlementaires<br />

absolument sans grandeur (4).<br />

S’il n’avait pas fallu se fier à certaines<br />

apparences, nous aurions déclaré<br />

que la République d’Haïti n’est pas<br />

vraiment arrivée à enjamber les barrières<br />

de ce que les philosophes des lumières,<br />

notamment Jean-Jacques Rousseau,<br />

ont baptisé « l’état de nature ».<br />

Le pays peine encore à trouver une<br />

voie sociopolitique pour se départir<br />

de sa cuirasse tribalo-primitive. Le<br />

peuple haïtien, à cause de l’irresponsabilité<br />

flagrante dont font preuve ses<br />

dirigeants, erre dans la noirceur opaque<br />

de la déraison et de l’absurdité.<br />

Parviendra-t-il à s’orienter vers le « soleil<br />

libérateur » tant recherché par<br />

Jacques Stephen Alexis ? Et dire qu’il<br />

existe encore des « insensés » qui<br />

s’entredéchirent, qui s’entretuent pour<br />

régner comme Néron ou Attila sur<br />

cette partie de l’île agonisante ! Complètement<br />

à la dérive !<br />

« Nous avons faim ! »<br />

Ces cris de frustration, ces onomatopées<br />

de désolation qui ponctuent<br />

les journées en Haïti, nous tenons à le<br />

rappeler, ont été dans plusieurs pays<br />

le dénominateur commun de commencement<br />

d’une violence ruineuse<br />

qui a déjà conduit à la déstabilisation<br />

de nombreux États démissionnaires.<br />

Parasitaires. Immobilistes.<br />

Nous avons écrit dans le roman<br />

inédit Mourir pour vivre : « La quête<br />

du pain qui devient rare, introuvable<br />

ragaillardit les bras des pauvres pour<br />

faire avancer plus vite les hélépoles de<br />

frustration et de colère. “ Nous avons<br />

faim ! Donnez-nous du pain… ! ” Ces<br />

vociférations menaçantes ont ébranlé<br />

dans le temps des monarchies célèbres<br />

et apparemment puissantes. La Bastille,<br />

elle-même, n’y a point résisté.<br />

Louis XVI est passé sous la guillotine.<br />

Des foyers de révolte ont embrasé des<br />

villes entières afin de dératiser les<br />

caves de corruption, d’oppression et<br />

de répression d’où s’originent les inégalités<br />

sociales émétiques, vomitives.<br />

(5) »<br />

Certains pays de la planète commencent<br />

sérieusement à incarner « Les<br />

raisins de la colère » de John Steinbeck,<br />

roman adapté au cinéma en 1940 par<br />

John Ford et Nunnally Johnson. Ce récit<br />

émouvant du drame vécu par les<br />

fermiers de l’Oklahoma durant la crise<br />

économique grave qui a frappé les<br />

États-Unis de 1929 à 1939 a marqué<br />

la mémoire de plusieurs générations.<br />

La politique, surtout dans les<br />

pays du Sud, doit cesser d’être simplement<br />

la science du pouvoir pour<br />

retrouver l’essence de sa valeur fondamentale<br />

qui est la recherche du<br />

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bien-être des individus et des collectivités.<br />

Cela fait trop longtemps que<br />

« la vache du riche mange le grain<br />

du pauvre ». Les dirigeants de l’État<br />

sont mandatés pour combattre la<br />

pauvreté de masse persistante et<br />

trouver une voie de développement<br />

durable pour la République d’Haïti.<br />

Une nation, malheureusement,<br />

sans « avoir » (pauvreté extrême)<br />

et sans « savoir » (taux d’analphabétisme<br />

toujours élevé) pourrait effectivement<br />

être vouée à la disparition et<br />

à l’oubli.<br />

De temps en temps,<br />

nous nous amusons à revisiter la<br />

vielle copie du film État de siège<br />

magistralement interprété par Yves<br />

Montand que nous avons achetée dans<br />

un marché aux puces en Amérique du<br />

Nord. Celui qui nous l’a vendu ne savait<br />

pas qu’il venait de se débarrasser<br />

d’un trésor culturel pour une malheureuse<br />

pitance de cinquante cents. Une<br />

histoire de kidnapping d’un diplomate<br />

étranger accrédité en Amérique latine.<br />

Le film s’achève avec l’assassinat de la<br />

victime.<br />

État de siège a réussi à nous<br />

apprendre ce qu’est une organisation<br />

politique, dans le sens le plus scientifique<br />

du terme. C’est peut-être pour<br />

cela que nous utilisons un vocabulaire<br />

précis pour désigner les différentes<br />

composantes de la classe politique haïtienne<br />

: des groupements politiques<br />

sans structure organisationnelle.<br />

Sans idéologie. Nous vous référons<br />

aux ouvrages Les partis politiques de<br />

Roberto Michels (1913) et de Maurice<br />

Duverger (1951). Pas de système politique<br />

sans système idéologique.<br />

La formation des partis politiques<br />

remonte au milieu du 19 ème siècle.<br />

Nous en reprenons la définition retenue<br />

par Denis Monière et Jean H. Guay,<br />

calquée sur les approches théoriques<br />

des penseurs J. La Palombara et M.<br />

Weiner (Political parties and Political<br />

Development, 1966) : « On définit généralement<br />

un parti politique comme<br />

une organisation durable qui se différencie<br />

des autres types d’organisation<br />

par la recherche du soutien populaire<br />

pour la conquête et l’exercice direct du<br />

pouvoir. »<br />

Heureusement que l’histoire sait<br />

engendrer ses héros<br />

Fort souvent, il nous arrive de réfléchir<br />

sur les principaux événements qui ont<br />

su à travers l’histoire de l’humanité<br />

élever l’homme au faîte de la gloire ou<br />

le jucher sur le sommet de la honte perpétuelle.<br />

Depuis l’effondrement du bloc<br />

de l’Est, les puissances occidentales<br />

se livrent à un jeu méchant et subtil:<br />

détruire petit à petit les figures mythiques<br />

qui symbolisent le passé glorieux<br />

de certains peuples et qui leur servent<br />

de modèle de résistance ou de lutte<br />

dans les moments difficiles de leur existence.<br />

En 1983, le Congrès des États-<br />

Unis consentit finalement à voter la loi<br />

par laquelle la date de l’anniversaire de<br />

Martin Luther King, 19 janvier 1929,<br />

devint un jour de congé officiel. Elle<br />

fut introduite en 1972 et combattue<br />

farouchement – par Ronald Reagan,<br />

entre autres – avant d’être acceptée et<br />

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Chaque 21 janvier ramène l’anniversaire<br />

de la mort de Vladimir Ilitch<br />

Oulianov dit Lénine, celui qui disait :<br />

« La Russie reste un pays retardataire<br />

à un point incroyable, un pays misérable<br />

et à demi sauvage.» Depuis des<br />

années, nous reprenons ces mêmes<br />

mots pour qualifier l’état de la République<br />

d’Haïti. Que reste-il aujourd’hui<br />

de Lénine en termes de souvenirs et<br />

de valeurs historiques? La période<br />

de l’après-guerre froide a bien fait<br />

son travail d’aliénation et d’ « amnésiation<br />

».<br />

On ne naît pas forcément héros !<br />

On le devient par la force des choses.<br />

Avant le 28 novembre 1985, date de<br />

l’assassinat des trois élèves gonaïviens,<br />

personne ne soupçonnait qu’il y avait<br />

quelque part, dans un coin reculé d’un<br />

bidonville qui s’appelle Raboteau, un<br />

pêcheur ignorant, illettré, analphabète,<br />

un certain Jean Tatoune par le sobriquet,<br />

qui allait forcer la République<br />

d’Haïti à amorcer un virage historico-politique<br />

stupéfiant. Le monde avait<br />

pu aussi entendre parler d’un Paulux<br />

Saint-Jean – un ancien camarade de<br />

classe chez les Frères de l’Instruction<br />

Chrétienne – brave, hardi et téméraire.<br />

Le « rebelle » antiduvaliériste, qui<br />

était un lieutenant du « mouvement<br />

de guérilla » de Lionel Lainé, décéda<br />

mystérieusement sur la route<br />

nationale numéro 1, quelques<br />

jours après la fuite des Duvalier<br />

et des Bennett. Il avait laissé<br />

Gonaïves pour se rendre à Portau-Prince,<br />

dans le but de répondre<br />

à une convocation du général<br />

président Henri Namphy. Les<br />

freins du véhicule à bord duquel il<br />

se trouvait, selon des témoignages<br />

concordants, auraient lâché.<br />

C’est l’exécution d’Alexandre<br />

Oulianov, le frère aîné de Lénine en<br />

1887 qui va indiquer à ce dernier la<br />

voie à suivre afin d’aider le prolétariat<br />

russe à se libérer de la dictature monarchique.<br />

Lénine disait : « Chaque<br />

force sociale se pose des objectifs<br />

politiques qui correspondent à ses<br />

intérêts objectifs. » L’anniversaire<br />

du décès de Lénine ne retient presque<br />

plus l’attention de la planète. Les temps<br />

ont changé. Cependant, les réalités<br />

contondantes des sociétés mondiales<br />

ont empiré. Empirent. « Le prolétariat<br />

n’a d’autre arme dans sa lutte<br />

pour le pouvoir que l’organisation »,<br />

soutenait encore l’artisan principal du<br />

communisme en Union Soviétique. En<br />

Haïti, les Héros de la guerre de l’indépendance<br />

sont enfermés dans les placards<br />

du mépris et de l’oubli. Aucun<br />

sentiment de Respect et d’Honneur de<br />

la part des dirigeants politiques ignares<br />

et délinquants à l’égard des aïeux !<br />

Beaucoup de Juifs échappés<br />

au régime esclavagiste de Pharaon<br />

ne furent pas arrivés à franchir les<br />

portes de Canaan. Ceux-là qui étaient<br />

cuits dans la fournaise ardente du<br />

« Mal », les irréductibles, les traîtres,<br />

les idolâtres, les ingrats qui se souillaient,<br />

qui se prostituaient dans le lit<br />

du « Diable », étaient carrément<br />

frappés d’anathème. Et pour les besoins<br />

et le triomphe de la cause, le<br />

Prophète n’eut d’autre choix que de<br />

les condamner à manger des pissenlits<br />

dans le désert par les racines. Les<br />

Haïtiens retiendront de cet euphémisme<br />

que la République ne pourra<br />

pas avancer sans que les « barrières »<br />

de blocage ne soient renversées.<br />

Éliminées.<br />

Haïti descend lentement, mais<br />

sûrement dans l’abîme<br />

Comment pouvait-il en être autrement<br />

lorsque toute la politique de la communauté<br />

internationale (CaI) consiste<br />

depuis longtemps à tirer le pays par<br />

les pieds pour l’empêcher de monter.<br />

Nous rappelons quelques passages<br />

du discours prononcé par le maire<br />

de Port-au-Prince, M. Sténio Vincent,<br />

à l’occasion de la fête du travail le 1 er<br />

mai 1908 et rapporté par Alain Turnier<br />

(6) : « Les étrangers, dit Sténio Vincent,<br />

venus de partout pour la conquête<br />

légitime et naturelle de la vie<br />

encombrent toutes les avenues de<br />

l’activité sociale. Voyez un peu ! La<br />

banque est allemande. Les commis de<br />

banque sont allemands. L’enseignement<br />

est français. Il est de plus en plus<br />

congréganiste. Le commerce d’importation<br />

et d’exportation est allemand,<br />

français, anglais, américain et syrien.<br />

De vagues commerçants haïtiens se<br />

trouvent mêlés à cette sauce cosmopolite,<br />

une sauce blanche, comme deux<br />

ou trois grains de poivre qui seraient<br />

tombés par mégarde. Le commerce<br />

nous échappe. La cordonnerie est cubaine.<br />

L’horlogerie et la bijouterie sont<br />

italiennes. La confection pour hommes<br />

est surtout cubaine. La carrosserie est<br />

jamaïcaine. Les quelques usines que<br />

nous avons çà et là pour la préparation<br />

du café et du cacao, les deux<br />

ou trois plantations quelque peu organisées,<br />

tout cela est aux mains des<br />

étrangers…»<br />

Nous avons l’impression que la<br />

République d’Haïti se retrouve au même<br />

carrefour qui révolta la conscience du<br />

maire Sténio Vincent devenu par la<br />

suite président le 18 novembre 1930.<br />

La bouillotte de crise sociale, économique<br />

et politique dans la laquelle elle<br />

mijote depuis plus de deux cents ans ne<br />

se refroidit pas.<br />

L’accord obscur signé le 6 février<br />

<strong>2016</strong> entre la présidence des Tèt<br />

Kale et le « parlement délégitimé »<br />

n’arrivera pas à jeter de l’eau sur le<br />

feu des mécontentements populaires.<br />

Il barbotte dans un océan d’inexplicité.<br />

À cause du document confus, le fossé<br />

des hostilités politiques commence à<br />

s’élargir. Les mascarades électorales du<br />

9 août et du 25 octobre <strong>2016</strong> ne pourront<br />

pas échapper aux flammes de l’annulation,<br />

sans causer des préjudices<br />

graves à la volonté et à l’effort d’instaurer<br />

un « État de droit » en Haïti.<br />

Le dilemme shakespearien, comme<br />

pour Hamlet, subjugue en ce moment<br />

la conscience des Haïtiens: « To be or<br />

not to be… That is the question. »<br />

Tous les grands essayistes et<br />

romanciers haïtiens du 19 ème siècle,<br />

Fernand Hibbert, Frédéric Marcelin,<br />

Louis-Joseph Janvier… ont utilisé le<br />

même vocabulaire pour baptiser, déplorer<br />

et dénoncer les « Maux » dont<br />

souffre l’État haïtien depuis sa création,<br />

et qui causent jusqu’à présent<br />

les mêmes déceptions, provoquent les<br />

mêmes souffrances, occasionnent les<br />

mêmes privations aux couches ignorantes<br />

et ignorées de la population.<br />

Comment restituer aux victimes de<br />

l’hégémonie impérialiste et de la domination<br />

oligarchique le libre exercice de<br />

leurs droits de citoyenneté ? «That is<br />

the question! ».<br />

St-Exupéry disait : «Être<br />

homme, c’est sentir en posant sa<br />

pierre, que l’on contribue à bâtir le<br />

monde. » La culture de ce que la sagesse<br />

socratique qualifiait de « fausse<br />

universalité démocratique » –<br />

comme celle qui se pratique encore de<br />

nos jours en Occident – n’amènera certainement<br />

pas la République d’Haïti sur<br />

le chemin de la paix sociale. Comme<br />

par magie, l’insécurité publique a repris<br />

son bâton de terreur.<br />

En observant ce pays qui périclite<br />

et qui a donné naissance à une somme<br />

considérable d’intellectuels éminents,<br />

reconnus et respectés dans les milieux<br />

universitaires étrangers, nous ne<br />

pouvons nous empêcher de conclure<br />

comme François Rabelais, médecin<br />

et philosophe français: «Science sans<br />

conscience n’est que ruine de l’âme.»<br />

Thomas Mann(7) nous apprend<br />

: « Le génie est une punition de<br />

Dieu. Le mal est une nécessité, c’est lui<br />

qui attise le feu du génie. » Du fléau<br />

de l’esclavagisme, ce mal absolu, ont<br />

émergé des femmes et des hommes géniaux<br />

qui ont confectionné et hissé le<br />

drapeau d’un État souverain et indépendant<br />

au mât de la Liberté.<br />

Par-delà les incertitudes de l’avenir,<br />

nous exhortons les camarades à<br />

l’espoir de voir émerger un jour en Haïti<br />

un modèle de société qui soit vraiment<br />

capable d’enrayer l’ilotisme et de<br />

redonner de la valeur à la vie humaine.<br />

Robert Lodimus<br />

______________________<br />

Notes et références<br />

(1)David Diop, poète sénégalais.<br />

(2)Martin Gray, J’écris aux hommes<br />

de demain.<br />

(3)Louis Joseph Janvier, La République<br />

d’Haïti et ses visiteurs.<br />

(4)Louis-Joseph Janvier, Les Constitutions<br />

d’Haïti.<br />

(5)Robert Lodimus, Mourir pour<br />

Vivre, inédit.<br />

(6)Alain Turnier, La société des baïonnettes.<br />

(7)Thomas Mann, Mort à Venise,<br />

adapté au cinéma en 1971 par Luchino<br />

Visconti.<br />

16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>

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