Haiti Liberte 4 Fevrier 2016

Un ‘’Grammy’’ pour notre Cécile
Cécile Mc Lorin Salvant
Joie partagée dans le milieu artistique
haïtien à l’annonce de l’obtention
par la jeune haïtienne d’origine Cécile
Mc Lorin Salvant de la distinction de
:’’Meilleur album de Jazz Vocal’’, avec
l’œuvre: ‘’For One Love’’. Même sa
devancière, la diva Cornelia Schutt aka
Ti-corn ne pouvait cacher sa joie et sa
fierté de cette marque de distinction
achevée pour sa compatriote sur sa
page de Facebook.
En effet, durant la 58e édition
du ‘’Grammy ‘’, le mardi 16 février
dernier, présentée par la National Academy
of Recording Arts and Sciences,
laquelle récompense aux Etats-Unis le
prix de l’excellence pour les œuvres
réalisées durant l’année écoulée, c’est
ainsi que notre remarquable super star
de renommée globale a fait l’unanimité
du jury pour la qualité exceptionnelle
de ses œuvres et ses traits de génie
artistiques qui font que depuis belle lurette,
elle a conquis les feux de rampe
des panthéons mondiaux. Comme
elle a su étrenner les plus formidables
distinctions dont le fameux prix Thelonious
Monk International jazz Festival.
Elle est aussi un pilier au temple
du jazz qu’est le Lincoln Center, où elle
a donné la réplique à des monstres
sacrés du jazz tel Winston Marcialis.
Dans l’ouvrage‘’Les 100 plus Influents
Musiciens Haïtiens…et de
leurs héritiers’’, Ed Rainer Sainvill la
campe avec Adèle comme les voix les
plus dominantes de cette génération.
D’autant que pour Cécile l’art majeur
n’est pas aussi exposé au grand public
comme l’est la musique de variétés.
(Bien qu’on ait aussi notre prince Jason
Desroulo qui a su aussi pulvériser
les hits-parades Etats-Uniens par ses
créations). Et c’est tout à l’honneur de
Cécile qu’elle rayonne aussi haut dans
la pyramide de la musique conceptuelle.
Certains gagnants de l’épreuve
furent: Taylor Switt, Kendrick Lamar,
Ed Sheeran entre autres.
Haïti Top 10 Vocalistes Masculins
Suite de la page (19)
2010, après le tremblement de terre en
Haïti.
L’œuvre de Ninaj est sans frontière,
elle est membre du conseil d’administration
de IFCO, une institution qui organise
une caravane d’aide humanitaire pour
Cuba chaque année.
A présent, elle est engagée dans
une campagne pour que les jeunes Haïtiens
détenteurs du Statut de Protection
Temporaire (TPS) puissent avoir accès
à des bourses d’études universitaires. Il
n’y a aucune disposition pour les bourses
dans le programme TPS. Par contre, il y en
a un autre appelé Deferred Action for child
Arrival (DACA) qui permet d’obtenir des
bourses d’études au complet.
Ce programme n’est destiné qu’aux
Latinos. Mais, étant donné qu’Haïti fait
partie de l’Amérique latine, Ninaj pense
que les Haïtiens doivent pouvoir en bénéficier.
En effet, certains d’entre eux en ont
déjà pris avantage. Voilà pourquoi elle fait
circuler la nouvelle afin que les jeunes
détenteurs de TPS puissent se mobiliser et
s’organiser pour profiter du DACA. Pour
être présente en tout temps et en tout lieu
en faveur des haïtiens, Ninaj mérite toutes
nos félicitations pour son courage et sa
dévotion à des causes humanitaires.
Manhattan Community Media
Manhattan Neighborhood Network is Manhattan's public
access cable network, with studios in Midtown and East Harlem.
We offer all Manhattan residents FREE state-of-the-art studios
and equipment and media education classes in studio and field
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Par Ed Rainer
Ce ‘’Top 10 ‘’nous ramène aux confins
et détours des vocalises masculines qui
ont transcendé, façonné, marqué, fleuri
et galvanisé l’environnement sonore du
terroir natal; à travers des germinations
successives; lesquelles de leurs marques
respectives ont constitué des écoles vocales.
Des orthodoxies, relayées par des
générations intermédiaires aux vagues
contemporaines. Un jury qualifié (de
109 personnes) a pu faire le difficile
triage pour tirer ces 10 conquérants;
entre ceux qui n’ont pu se départager:
Pereira-Colas, Pasquet-Widmaier, Albert-Cajuste,
ou Cubano-Timanno, pour
arriver aux 10+ 4 des ‘’Top 10 ‘’vocalistes
masculins.
Numéro 4-Gérard Dupervil
(Miragoane,
1932 – Port-au-Prince, 1994)
« Le crooner sans pareil »
Idéaliste, romantique à la folie,
poète malgré lui, voilà comment peut
être décrit l’homme et sa voix. L’un et
l’autre ou les deux à la fois constituèrent
un paquet magique et sonore qui a
charmé tant de générations et fait rêver
la jeunesse des années 1950 et 1960.
Multi-instrumentiste à ses débuts, Gérard
pouvait jouer de la trompette, de
l’accordéon, l’harmonium, la guitare
et le malaca. Armé de ces diverses aptitudes,
il était prêt pour bousculer certaines
idées reçues. En s’amenant en
plus, avec cette voix féline, pas tout à fait
référentielle de l’environnement local.
Influencé de surcroît par ses modèles:
Luis Marino, Edith Piaf, Tino Rossi,
Maurice Chevalier et «Les Compagnons
de la chanson» etc., dans un milieu où le
paramètre vocal masculin était défini par
le timbre tonitruant des: “dòdòf”Legros,
Guy et Auguste Durosier, Pierre Riché,
Joe Trouillot etc.
Mais en innovateur, Gérard Dupervil
renversa ce stéréotype pour la fortune
de la musique haïtienne. L’ascension
du jeune homme à la voix suave
et douce fut météorique. Après avoir fait
ses preuves avec Nemours, il rejoignit
le ‘’Jazz des jeunes’’, en apportant à ce
groupe la saveur ‘’dupervilienne’’,des
tubes inoubliables, tous auréolés de sa
voix épatante: Lointain, Si tu m’aimais
vraiment, Minouche, Bon voyage, Des
roses pour des coeurs, Toujours l’amour,
J’ai péché, Fleur de Mai, Comme jadis,
Un brin de joie, Fête des mères, Je
n’avais que toi etc. Compositeur farouche,
ses morceaux étaient toujours
très prisés: Konpè kòk, Machann kasav,
Fanm Senmak, Aprann lavi, Denise..
Tout en ajoutant sa touche personnelle
dans les interprétations comme: Gwog
mwen, Tyoul la sou etc.
Mais, le succès peut s’avérer aussi
mauvais conseiller, car, même au sommet
de la gloire, Gérard n’était pas au
bout de ses déconvenues. Ses incartades,
ses sautes d’humeur, son indiscipline et
son excès pour les jeux de hasard constituaient
une menace constante à son
bien-être. Et il s’est senti profondément
menacé par une situation financière qui
se détériorait sensiblement et, l’a fait
comprendre à ses collègues du «Jazz des
Jeunes». De plus, l’atmosphère tendue et
suspicieuse entretenue par les macoutes
n’inspirait pas confiance et les bombes
qui explosèrent au cours des bals dont
l’une le rata de justesse, demeurèrent la
pire indication, qu’il fallait vider les lieux.
Une année plus tard, Gérard
débarqua à Chicago, aux Etats Unis
d’Amérique. Après les premiers errements
de nouveau émigré déraciné, il
sortit: “Kout lang”, un 33 tours comprenant:
L’amour est-il un mal?, Désirée,
Souri pou mwen, Poutèt ou menm, M
pèdi mennaj mwen, et Haïti, exposant
son amertume et ses frustrations en terre
étrangère. ‘’Haïti, tes enfants sont partis,
comme s’ils t’abandonnent/ Haiti,
lorsqu’ils tremblent de froid, c’est ton
nom qui résonne/ Haïti, mon amour, ma
chérie/ Connais-tu les angoisses de la
nostalgie ? Je pense à toi le jour, Je pense
à toi la nuit/ Mon coeur a des soupirs,
sans joie presque sans vie...’’ .Il fit ensuite
l’offrande de “T’en souviens-tu?”
un disque en hommage à “Dòdòf”
Legros, dans lequel il fit découvrir à
une toute autre génération quelques
morceaux immortels de ce pionnier.
A cette étape, les événements
journaliers décrivant la répression au
pays, la misère en Haïti. Et les nouvelles
quotidiennes des boat- peoples, des prisonniers
de Khrome et autres tragédies
le motivèrent vers le militantisme et
dans la chanson engagée. Puis, un jour,
lassé du milieu du spectacle et de tout,
il se convertit au christianisme. Juste un
détour, pour ensuite revenir à ses anciennes
amours et faire rêver ses fans
dans l’album: “Je n’ai pas changé”.
Au milieu des années 1980,
épuisé et la vue affaiblie, il rentre définitivement
au pays, afin de se dévouer à la
cause des enfants déshérités. Bien qu’à
ce carrefour, il était déjà si vulnérable
entre les mains d’affairistes qui le faisaient
enregistrer ou chanter sans être
rémunéré. Tel fut le cas, lorsqu’un jour
un certain ‘’zotobré’’ de Kenscoff l’engagea
pour venir performer à son domicile
et ne tint pas son engagement envers la
légende haïtienne. Ce qui le mit dans une
vive tension. Tout de suite après, il rendit
son dernier soupir un matin de juin
1994, après s’être établi comme l’un des
chanteurs les plus vénérés de son temps,
l’homme à la voix exquise, le crooner
sans pareil.
20 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol. 9 • No. 33 • Du 24 Fevrier au 1er Mars 2016