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Haiti Liberte 4 Fevrier 2016

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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong> <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />

HAÏTI LIBERTÉ<br />

JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />

1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162<br />

Email: editor@haitiliberte.com Web: www.haitiliberte.com<br />

QUI SERA LE PREMIER MINISTRE<br />

DE TRANSITION ?<br />

Polisye Placide<br />

Jean-Louis sasinen!<br />

Page 6<br />

English<br />

Page 9<br />

Justice pour<br />

Francky Altineus !<br />

Page 7<br />

Voir page 4<br />

De gauche à droite: Ci-dessus Mme Mirlande Manigat et Edgard Leblanc Fils Ci-dessous Joanas Gué et Fritz Jean<br />

PRIVERT MARCHE T-IL SUR LES<br />

TRACES DE MARTELLY ?<br />

10 ans d’un<br />

processus de<br />

changement en<br />

Bolivie : un regard<br />

géopolitique<br />

Page 10<br />

Voir page 4<br />

Privert est-il capable de résister sous la pression du Core Group, de l’oligarchie rétrograde et des collabos de la société<br />

civile, des néoduvaliéristes et des GNBistes pour apporter une solution viable aux revendications du peuple haïtien?<br />

Obama veut<br />

fermer le «<br />

chapitre »<br />

Guantanamo<br />

avant de quitter la<br />

Maison-Blanche !<br />

Page 17


Editorial<br />

HAITI<br />

LIBERTÉ<br />

Les clients de l’impérialisme !<br />

Par Berthony Dupont<br />

Pour ainsi dire, c’est véritablement une remontée des ténèbres<br />

à laquelle on assiste aujourd’hui, un phénomène qui en rien<br />

ne nous surprend. Désormais, au royaume de la corruption, tous<br />

les opportunistes veulent être rois ; de sorte que la dynamique<br />

en cours entre les différents acteurs de la classe politique pour se<br />

caser est loin d’être étonnante.<br />

La douloureuse évidence c’est que l’absence d’une vraie<br />

alternative de changement social, de forces progressistes révolutionnaires,<br />

a fait en sorte que la grande masse des déshérités<br />

est, en effet, malgré ses grandes mobilisations, une fois de plus,<br />

mise à l’écart, abandonnée à elle-même; sur fond d’inexorable<br />

détérioration des conditions de vie de l’écrasante majorité de la<br />

population haïtienne. Le traumatisme du gouvernement de Martelly<br />

et les déboires qui ont marqué la fin de son pouvoir, puis<br />

l’ascension scabreuse du gouvernement provisoire de Privert<br />

contribuent à mettre le cap sur la subversion et la violence destructrices<br />

de façon à faciliter le règne de la continuité.<br />

Ce spectacle conjoncturel a, certes, permis à de nombreux<br />

revenants qui ont fermé les yeux et trahi la cause populaire,<br />

de réapparaître sur la scène politique, et il semble vouloir faire<br />

recette. Pouvait-il en être autrement, quand tous ceux qui s’assemblent<br />

pour constituer ce régime soi-disant provisoire non<br />

seulement se ressemblent, mais encore ne sont autres que d’anciens<br />

et nouveaux clients de Washington, de Paris et d’Ottawa<br />

; des agents, des alliés, des partenaires de l’impérialisme. Cette<br />

dynamique qui se poursuit et qui se développe actuellement s’inscrit<br />

de surcroit dans un cadre plus vaste des puissances impérialistes<br />

tendant à recourir à n’importe quel moyen pour tenter de<br />

survivre et d’imposer leurs quatre volontés dans le marchandage<br />

en cours. Ce brouhaha de rencontres à n’en plus finir avec<br />

le prince du moment ne sert qu’à divertir le peuple de façon à<br />

l’empêcher de se mobiliser.<br />

Comme nous l’avions signalé récemment, la politique que<br />

suivra le président provisoire Jocelerme Privert ne sera pas essentiellement<br />

différente de celle de son prédécesseur sur le plan<br />

des rapports avec l’impérialisme et de ses intérêts vitaux dans<br />

le pays. Leaders de partis et politiciens «d’opposition» défilent<br />

devant ce «prince provisoire», chacun avec sa proposition<br />

«idéale» de sortie de crise et de mise du pays sur les rails de la<br />

démocratie, MOCHRENA et les autres. Mais si ces dizaines de<br />

propositions se relaient les unes après les autres, c’est surtout<br />

parce que cette opposition falote, insignifiante, médiocre, terne,<br />

pusillanime, a négligé, méprisé, minimisé et éventuellement trahi<br />

le facteur déterminant : l’ampleur de la résistance populaire et<br />

son potentiel de faire basculer le statu quo.<br />

Honte à tous ceux-là qui ont troqué la mobilisation populaire<br />

contre un poste. C’est un scénario bien orchestré qui a été<br />

préparé par Martelly, Privert et Chancy sous les ordres des forces<br />

tutrices pour mieux brouiller les cartes. Car ceux-là qui tirent les<br />

ficelles savaient bien que ces opportunistes de tout acabit n’allaient<br />

pas laisser passer leur chance de se laisser coopter pour un<br />

job. Aussi, c’est avec amertume qu’il faut se demander : s’est-il<br />

agi d’une lutte pour s’assurer un poste, un gras salaire, ou d’une<br />

volonté de combattre de façon décisive les structures et la nature<br />

d’un système spoliateur des intérêts des masses ?<br />

En marge de toutes ces pirouettes et acrobaties politiciennes,<br />

il y a le peuple démuni, abandonné à la misère et à<br />

l’ignorance. Un peuple qui a su déjouer toutes les manœuvres<br />

impériales pour empêcher Martelly d’imposer son successeur. A<br />

présent, ces manifestants qui déferlaient dans les rues de la capitale<br />

ont été totalement stoppés sans aucun acquis populaire ni<br />

conquêtes anti-impérialistes. On a du mal à croire que les masses<br />

sont toujours là, présentes avec leurs revendications, prêtes à<br />

descendre dans les rues et aller jusqu’au terme de leurs objectifs<br />

et de leurs aspirations, alors que les dirigeants font la queue et<br />

plient l’échine au Palais national. N’est-ce pas en dernier ressort<br />

trahir la cause du peuple ?<br />

Pour les stratèges et les politiciens de cette opposition parasite,<br />

les masses populaires restent seulement un puissant moyen<br />

de pression dont ils se servent pour faire de la surenchère, du<br />

marchandage, à dessein de servir leur cause ; mais sans pour<br />

autant vouloir l’organiser de façon à changer cette force en orage<br />

effectif de revendications voire même en «accoucheuse de<br />

l’histoire». Voilà pourquoi dans cette période de confusion que<br />

nous traversons, un accent particulier doit être mis sur les handicaps<br />

des organisations de masse. Celles-ci doivent resserrer leurs<br />

rangs. Nous insistons avec force sur la nécessité de la cohésion<br />

au sein des militants, sur la discipline dans le travail organisé<br />

pour venir à bout de l’impérialisme. L’intérêt collectif général<br />

doit être l’objectif fondamental à tous les niveaux. C’est alors<br />

que nous serons à même de prendre notre destin en main sans<br />

compter sur les forces opportunistes.<br />

Aucun de nos dirigeants de la classe politique ne s’est fait<br />

le défenseur intraitable des options que le peuple a choisies à<br />

savoir: l’annulation totale de la mascarade électorale du 9 août<br />

et du 25 octobre. La classe politique n’entend pas continuer<br />

sur cette lancée populaire avec plus de détermination. C’est dire<br />

qu’elle ne veut pas voir le peuple venir troubler l’harmonie de<br />

classe du pouvoir. C’est dire aussi combien les motivations qui<br />

sous-tendent ses démarches de coulisses sont à la fois rétrogrades,<br />

suspectes. Elles ne s’enfoncent pas seulement dans le<br />

déshonneur ; mais elles conduisent irrémédiablement à leur<br />

perte ; vu qu’à l’ordre du jour, le Core Group tient mordicus à ce<br />

que le prochain domino électoral, cette farce tragique soit fixée<br />

au 24 avril entre ses deux valets : Jude et Jovenel.<br />

Que le bon sens populaire rejoigne les enseignements de<br />

l’histoire afin que le peuple continue son combat avec une vigilance<br />

révolutionnaire, une vigilance de tous les instants qu’il est<br />

indispensable de renforcer chaque jour davantage !<br />

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RÉDACTION<br />

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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


A Travers <strong>Haiti</strong><br />

Haïti, chronique d’une crise électorale (92)<br />

14 février <strong>2016</strong>, de la présidence provisoire !<br />

Par Catherine Charlemagne<br />

Attaque d’un commando<br />

criminel à Mirebalais, 2 blessés<br />

et des pertes matérielles<br />

13 au 24 février <strong>2016</strong>, Haïti a vécu<br />

un moment d’intensité politique<br />

extrême. De la soirée marathon pour<br />

l’élection au second degré du sénateur<br />

Jocelerme Privert à la présidence provisoire<br />

de la République à la semaine<br />

de course contre la montre pour la<br />

désignation d’un Premier ministre de<br />

transition en passant par la rencontre<br />

d’un nombre incalculable de gens faisant<br />

partie de la classe politique en vue<br />

de la formation d’un gouvernement de<br />

consensus. Sans oublier les diverses<br />

démarches entreprises par le nouveau<br />

chef de l’Etat auprès de la Société civile<br />

organisée en vue de la mise en place<br />

d’un nouvel organisme électoral. Il fallait<br />

être dans le pays pour comprendre<br />

ce qui s’est passé pendant ce temps où<br />

tous les yeux étaient braqués sur un<br />

seul homme : l’ancien prisonnier politique<br />

lavalas devenu subitement le sauveur<br />

des institutions haïtiennes.<br />

Tout a commencé, en fait, avec<br />

le départ mouvementé de l’ex-Président<br />

Michel Martelly du Palais national le 7<br />

février <strong>2016</strong> sans laisser de successeur<br />

élu. Dès la veille du départ, tous les<br />

regards se dirigeaient vers le «bicentenaire»<br />

de Port-au-Prince, le quartier<br />

où siège le Parlement haïtien. Et pour<br />

cause. Le Président du Sénat qui est à<br />

la fois Président de l’Assemblée Nationale,<br />

Jocelerme Privert, était monté au<br />

créneau et a pris les choses en main de<br />

concert avec le Président de la Chambre<br />

des députés, Cholzer Chancy, vice-Président<br />

de l’Assemblée Nationale. Ce<br />

sont eux qui ont paraphé, dans la nuit<br />

du 6 au 7 février <strong>2016</strong>, l’Accord devenu<br />

célèbre avec le Président Michel<br />

Martelly avant que celui-ci ne quitte<br />

la présidence de la République le lendemain<br />

matin. Jocelerme Privert en fin<br />

politique voyait dans ledit Accord de<br />

sortie de crise l’ultime occasion pour<br />

lui de réaliser le rêve de tout homme<br />

politique : devenir Président de la République,<br />

même à titre provisoire.<br />

C’est l’aboutissement d’une carrière<br />

politique au sommet, même si<br />

l’on n’a jamais été élu auparavant.<br />

Etre chef de l’Etat ne se refuse point,<br />

même de façon éphémère. Avec<br />

l’Accord du 6 février, le sénateur des<br />

Nippes devient le personnage clé de<br />

la transition et celui le plus en vue du<br />

pays en l’espace d’une nuit. Et quelle<br />

nuit ! Mais là où l’affaire prend une<br />

tournure d’espérance et ouvre la voie<br />

au sénateur, c’est quand le 7 février<br />

<strong>2016</strong> au Parlement réuni en Assemblée<br />

Nationale, le Président Martelly lui<br />

tend l’écharpe bicolore symbolisant le<br />

Pouvoir Exécutif en attendant qu’on<br />

désigne provisoirement un successeur<br />

pour conduire les destinées de la nation<br />

jusqu’à la passation du pouvoir à un<br />

Président de la République élu le 14<br />

mai de la même année si tout se passe<br />

comme prévu dans le fameux accord.<br />

Dans la tête de celui qui était encore<br />

chef du Pouvoir Législatif, il n’y avait<br />

aucun doute. Il est le futur chef d’Etat<br />

d’Haïti à titre provisoire.<br />

Bon manœuvrier et fin connaisseur<br />

de la classe politique de son pays<br />

pour avoir été ministre de l’Intérieur et<br />

des Collectivités territoriales précédé<br />

d’un nombre impressionnant de postes<br />

dans l’administration haïtienne et en<br />

passant par la case prison durant plus<br />

de deux ans, cet homme savait comment<br />

s’y prendre pour réussir son coup.<br />

En plus, il est le patron d’un Sénat où<br />

il garde une majorité. Du 7 au 13 février,<br />

le Parlement devenait le centre<br />

névralgique de la politique haïtienne,<br />

comme il devrait l’être en permanence<br />

d’ailleurs, comme dans toutes les démocraties<br />

du monde. Au «bicentenaire»,<br />

on reprend les vieilles habitudes<br />

du 19 e siècle d’élection présidentielle<br />

au suffrage universel indirect. C’est-àdire,<br />

c’est l’Assemblée Nationale qui<br />

Le Président du Sénat qui est à la fois Président de l’Assemblée Nationale,<br />

Jocelerme Privert, (à gauche) a pris les choses en main de concert avec le<br />

Président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy, vice-Président de<br />

l’Assemblée Nationale (à droite). Ce sont eux qui ont paraphé, dans la nuit<br />

du 6 au 7 février <strong>2016</strong>, l’Accord devenu célèbre avec le Président Michel<br />

Martelly (au Centre)<br />

organise et élit le chef de l’Etat. Vu la<br />

conjoncture et le vide laissé au Palais<br />

national et compte tenu de l’Accord,<br />

il faut aller vite, très vite. Le Président<br />

de l’Assemblée Nationale qui est l’un<br />

des coauteurs du texte et signataire<br />

lui-même de l’accord sait de quoi il<br />

en retourne. Mieux, son titre l’oblige<br />

à mettre en application ledit Accord.<br />

C’est lui qui doit lancer le processus<br />

devant doter le pays au plus vite d’un<br />

Président Provisoire. Le temps presse.<br />

Une semaine déjà depuis que le pays<br />

vit sans un Président de la République.<br />

C’est inédit depuis la proclamation<br />

de l’indépendance. Le Président de<br />

l’Assemblée Nationale, une fois rassuré,<br />

lance les procédures avec les pères<br />

conscrits. Une Commission bicamérale<br />

spéciale par-ci. Des sous-Commissions<br />

de vérification par-là. On fait appel à<br />

des Consultants politiques, juridiques.<br />

Et on lance la machine électorale déterminant<br />

les modalités pour être candidats<br />

au poste de Président provisoire de<br />

la République, mais devant remplir la<br />

fonction du Pouvoir Exécutif dans toute<br />

sa plénitude. Le Parlement lance un<br />

appel à la candidature et pose naturellement<br />

les conditions. Entre-temps, la<br />

polémique inévitable dans de pareilles<br />

circonstances enfle sur la Constitution.<br />

Tantôt l’on évoque la Constitution<br />

de 1987. Tantôt l’on fait appel à celle<br />

amendée. Les juristes de toutes natures<br />

sortent du bois soit pour appuyer soit<br />

pour condamner la procédure. Les politiques,<br />

quant à eux, un peu perdus<br />

dans le processus et surtout ceux de<br />

l’ex-opposition, ne savent quoi faire.<br />

Ils hésitent. Faut-il oui ou non prendre<br />

part à cette élection que certains disent<br />

jouée d’avance, vu que le sénateur Privert<br />

ne cache plus son intention de briguer<br />

la présidence ?<br />

Et compte tenu de sa proximité<br />

avec les futurs votants, il va être difficile<br />

de le battre. Il y a les pour et les<br />

contre. La presse est prise d’assaut<br />

par l’ensemble des chefs politiques et<br />

juristes qui se déchirent sur la légalité<br />

et la constitutionnalité ou pas de<br />

l’affaire. Histoire d’arroser le feu de la<br />

polémique, la Commission bicamérale<br />

composée de 15 parlementaires, 6 sénateurs<br />

et 9 députés, impose un droit<br />

d’inscription de cinq cent mille gourdes,<br />

somme qui doit être versée à la Direction<br />

Générale des Impôts (DGI) pour le<br />

compte de l’Université d’Etat d’Haïti.<br />

Une façon d’apaiser un peu la tension<br />

et la polémique. En vérité, la principale<br />

raison de cette taxe réclamée par<br />

la Commission chargée d’organiser<br />

l’élection du Président de la République<br />

a été une arme de dissuasion. Elle devait<br />

empêcher que le Parlement ne soit<br />

envahi par des milliers de postulants<br />

briguant la présidence. En effet, malgré<br />

les débats acharnés ayant eu lieu<br />

sur la constitutionnalité ou pas de cette<br />

élection, beaucoup manifestaient leurs<br />

désirs de se porter candidats.<br />

Mais vue la somme colossale demandée<br />

lors de l’inscription, cela a refroidi<br />

l’ardeur des éventuels candidats.<br />

Ainsi, après bien des rumeurs en tout<br />

genre sur le nombre de postulants sérieux<br />

et farfelus, la liste était arrêtée à<br />

treize (13) candidats officiellement inscrits.<br />

Sur ces 13 postulants, seuls trois<br />

avaient consenti de payer les 500.000<br />

gourdes obligatoires pour être retenus<br />

comme candidats. Pour l’histoire, voici<br />

les noms de ces personnalités qui<br />

s’étaient portées candidats : Jocelerme<br />

Privert, Edgard Leblanc Fils, Cangé<br />

Mackenson, Duverra Jean Lutès, Félicien<br />

Jean Thomas, Charles Géraud,<br />

Louis Charles Joseph Sergot, Jean Pierre<br />

Jean Reynold, Donatien Ecclésiaste,<br />

Amos Duboirant, Gédéon Gédéus,<br />

Sanon Jeannot et Déjean Bélizaire. La<br />

liste étant clôturée le vendredi 12 février,<br />

le temps pour les différentes commissions<br />

et sous-commissions de délibérer<br />

sur la recevabilité des postulants.<br />

Après délibération en Commission, trois<br />

candidats ont été admis à prendre part<br />

au scrutin fixé pour le lendemain, samedi<br />

13 février <strong>2016</strong>.<br />

Il s’agit de deux anciens sénateurs,<br />

Edgard Leblanc Fils de l’OPL<br />

mais soutenu officieusement par PHTK<br />

de l’ex-Président Michel Martelly. De<br />

Déjean Bélizaire du MNP28. Enfin, du<br />

sénateur Jocelerme Privert, soutenu<br />

par un obscur parti régional du Nord-<br />

Ouest dénommé MOSANO, dirigé par<br />

le sénateur François Lucas Sainvil.<br />

L’appartenance à une formation politique<br />

représentée au Parlement était<br />

l’un des critères imposés par la Commission<br />

bicamérale spéciale pour que<br />

la candidature soit agréée. Il y a eu un<br />

premier problème qui n’a jamais été<br />

éclairci s’agissant de la représentativité<br />

de l’ancien Président du Sénat, Déjean<br />

Bélizaire. Puisque ce parti dont il est le<br />

chef n’a aucun élu ni au Sénat ni à la<br />

Chambre des députés. Or, il a été autorisé<br />

à faire partie des 3 finalistes en lice.<br />

Déjean Bélizaire qui n’avait aucune<br />

chance de remporter ce scrutin présidentiel<br />

indirect cumulait les problèmes.<br />

C’est par un chèque de direction en dollars<br />

américains qu’il a acquitté la redevance<br />

obligatoire pour y être accepté.<br />

Toutes les formalités étant réunies,<br />

le rendez-vous était pris pour samedi<br />

13 février à 11 heures du matin<br />

pour l’élection du Président provisoire<br />

en Assemblée Nationale. Comme prévu,<br />

ce jour-là, le Parlement était bondé.<br />

Employés. Invités. Journalistes. Observateurs.<br />

Curieux et bien naturellement,<br />

les trois candidats. Sauf qu’à 11 heures,<br />

il manquait les principaux acteurs : les<br />

parlementaires. Certains étaient présents,<br />

mais ils s’installaient un peu partout<br />

dans l’aire du Parlement. Dans les<br />

bars, les restaurants, les salles de Commissions<br />

ou carrément absents en tout<br />

cas à l’heure de la convocation officielle.<br />

L’on s’impatiente. L’on discute. L’on rigole<br />

de tout et de rien juste pour faire<br />

passer le temps. On s’informe aussi.<br />

Certains sénateurs ou députés présents<br />

font des confidences. Ils épiloguent sur<br />

la chance de tel ou tel candidat. Sur les<br />

magouilles en préparation dans les coulisses<br />

de la Chambre des députés. Sur<br />

le soutien du Parti Haïtien Tèt Kale à<br />

l’ancien Président de l’Assemblée Na-<br />

Par Jackson Rateau<br />

Dans l’après-midi du dimanche 21<br />

Février <strong>2016</strong>, aux environs de 3<br />

heures, dans la localité de Desvarieux,<br />

à 4 kilomètres de la ville de Mirebalais,<br />

des bandits cagoulés au nombre d’une<br />

cinquantaine, lourdement armés de fusils<br />

de longue portée, d’armes de poing<br />

et d’armes blanches, en provenance de<br />

la commune de Belladère, ont violemment<br />

attaqué un véhicule ayant à son<br />

bord 3 agents douaniers et 4 agents de<br />

la PNH appartenant à l’unité de BOID.<br />

Cette intempestive intervention avait<br />

pour objectif de faciliter le passage de<br />

11 camions surchargés de marchandises<br />

en provenance de la République<br />

Dominicaine.<br />

Un des agents douaniers, Etienne<br />

Eddy Junior, se trouve gravement<br />

blessé de 3 coups de machette dont<br />

un au visage, un au poignet et un autre<br />

à la tête. Lors de la fusillade, une<br />

riveraine du nom de Antonia Wando,<br />

60 ans, a reçu deux balles dont une<br />

au pied et une autre au poignet, alors<br />

qu’elle se trouvait à l’intérieur de sa<br />

cuisine. Les blessés ont été transportés<br />

d’urgence au centre hospitalier AJM de<br />

Mirebalais pour recevoir des soins que<br />

nécessitent leurs situations.<br />

Les voyous qui ont désarmé les<br />

agents sont partis avec 11 armes dont<br />

6 fusils automatiques et 6 pistolets<br />

de 9 mms. Ils ont aussi incendié une<br />

Nissan Patrol tout terrain appartenant<br />

aux agents douaniers. Les autres<br />

agents, pour sauver leur peau se<br />

sont jetés dans les bois et ont réclamé<br />

des renforts. Leurs pairs, pensant peut<br />

être qu’il s’agissait d’un forfait commis<br />

tionale, Edgard Leblanc, pourtant l’un<br />

des responsables de l’OPL.<br />

Sur le délai de 120 jours de l’Accord<br />

qui est, en fait, de 90 jours si l’on<br />

prend la date du 14 mai <strong>2016</strong> pour la<br />

passation du pouvoir, etc. Bref, on tue<br />

le temps comme on peut surtout qu’en<br />

ce samedi 13 février <strong>2016</strong>, il faisait<br />

une chaleur étouffante proche de la<br />

canicule. Heureusement, le secteur du<br />

bicentenaire de la capitale est baigné<br />

par la mer des Caraïbes qui ramène par<br />

vagues successives un peu de fraicheur.<br />

Les locaux préfabriqués du Parlement<br />

se situent juste en face de la rade de<br />

Port-au-Prince. C’est en quelque sorte<br />

les pieds dans l’eau (de la mer) que les<br />

parlementaires évoluent quand ils sont<br />

dans leur Palais législatif. La brise de<br />

mer vient à leur secours quand les ventilateurs<br />

des salles de séance tombent<br />

en panne. Finalement, après cinq<br />

heures de retard, l’Assemblée Nationale<br />

se réunit enfin. Il est 16 heures. Comme<br />

d’habitude, l’on procède à l’appel nominal<br />

afin de constater que le quorum<br />

est atteint. 23 sénateurs répondent présents.<br />

Ils sont actuellement au nombre<br />

de 24, le temps qu’on organise l’élection<br />

pour les 6 autres pour compléter<br />

l’effectif. Un seul absent, Steven Benoît.<br />

Voulant rester cohérent avec sa<br />

démarche d’opposant à l’accord du 6<br />

février et fidèle à la position du G8 dont<br />

il est membre et qui s’oppose jusqu’à<br />

maintenant audit accord. Le sénateur<br />

Steven Benoît reste solidaire de ses camarades<br />

du Groupe des huit bien que<br />

depuis le 7 février une brèche s’est<br />

ouverte au sein de ce corps très opaque<br />

depuis le 25 octobre 2015. Dans<br />

le rang des députés, on fait le plein. 92<br />

présents sur 92. On attend le second<br />

tour pour compléter là aussi la Chambre<br />

basse qui doit compter 115 députés au<br />

total. Une fois signifiées les présences,<br />

on passe aux choses sérieuses. D’entrée<br />

de jeu, un vieux routier du Sénat, le sénateur<br />

Andris Riché, monte au créneau<br />

par les paysans de la contrée de Desvarieux<br />

qu’ils allaient réprimer vigoureusement,<br />

sont partis en guerre contre<br />

les pauvres paysans de la zone, munis<br />

d’armes lourdes et d’un camion «d’eau<br />

grattée». Heureusement, deux autorités<br />

de la région du bas Plateau ont eu le<br />

temps de préciser toutes les informations<br />

concernant ce drame.<br />

A noter que la région du bas<br />

Plateau Central est dotée de 3 commissariats<br />

de la PNH. Un à Belladère d’où<br />

sont partis les truands, un à Lascahobas<br />

et l’autre, le commissariat central,<br />

à Mirebalais. De Belladère à Mirebalais,<br />

il s’agit d’un parcours de 47 Kms de<br />

distance. Aucune information pouvant<br />

permettre à ces 3 commissariats de réagir<br />

n’a été relayée ; au moins, ils pourraient<br />

intercepter les criminels puis limiter<br />

les dégâts. Qui pis est, de sang froid,<br />

les 50 criminels cagoulés et armés, ont<br />

traversé la ville de Mirebalais. Refusant<br />

la route de Port-au-Prince, ils se sont<br />

jetés sur la route conduisant vers Saint-<br />

Marc, bas Artibonite. Tandis que, les<br />

agents de la PNH basés à Mirebalais, se<br />

dirigeant vers Port-au-Prince, ont tout<br />

bonnement vidé le commissariat pour<br />

se mettre à couvert.<br />

Jusqu’au lundi 22 Février <strong>2016</strong>,<br />

les commissaires du gouvernement et<br />

de police de la région du bas Plateau<br />

Central, n’avaient pipé mot de ce violent<br />

braquage.<br />

Trois commissariats de police de<br />

toute la région du bas Plateau n’ont pu<br />

stopper le commando criminel. Alors<br />

que leur renfort de BOID, a eu le temps<br />

d’arriver pour massacrer la population,<br />

pensant que c’était elle à l’origine de ce<br />

forfait.<br />

pour imposer que l’on désarme tout le<br />

monde et procède à la fouille du public<br />

pour raison de sécurité. L’enjeu est de<br />

taille. Le sénateur croit que la sécurité<br />

des parlementaires n’est pas assurée<br />

et craint pour la sécurité du nouveau<br />

Président de la République une fois élu.<br />

Le député Cholzer Chancy, en sa qualité<br />

de vice-Président de l’Assemblée Nationale,<br />

assure la présidence en l’absence<br />

de Jocelerme Privert, candidat.<br />

D’ailleurs, un débat s’ensuit sur<br />

la présence de celui-ci dans la salle.<br />

Certains se questionnent à quel titre<br />

il est présent. Cafouillage ! En effet,<br />

on ne sait pas s’il est là en tant que<br />

suite à la page(18)<br />

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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

3


Privert marche t-il sur les<br />

traces de Martelly ?<br />

Qui sera le Premier<br />

Ministre de Transition ?<br />

Par Yves Pierre-Louis et Marie Laurette Numa<br />

Anthony Barbier et Rony Gilot<br />

Une semaine après l’installation de<br />

l’ex-président du Senat au Palais<br />

national, comme président provisoire<br />

de la République d’Haïti, Jocelerme<br />

Privert marque t-il le pas sur place ?<br />

Pas réellement, car il reste attaché à<br />

la Communauté Internationale. En ce<br />

sens, il est en train de suivre à la lettre<br />

l’accord du 6 février qui l’a porté à la<br />

présidence.<br />

Mais Privert a t-il la volonté politique<br />

réelle pour apporter une solution<br />

à la crise qui ronge le tissu social<br />

haïtien depuis le coup d’Etat de 1806<br />

à Pont Rouge? Assurément non ! Mais<br />

est-il capable de résister sous la pression<br />

du Core Group, de l’oligarchie<br />

rétrograde et des collabos de la société<br />

civile, des néoduvaliéristes et des<br />

GNBistes pour apporter une solution<br />

viable aux revendications du peuple<br />

haïtien? La façon dont il entame son<br />

travail de pompier et de rassembleur<br />

montre clairement qu’il marche sur les<br />

pas de son prédécesseur Michel Martelly<br />

en restant à l’écoute des diktats.<br />

« J’ai autour de moi des membres du<br />

parti lavalas et du parti duvalieriste,<br />

a-t-il déclaré triomphalement lors de<br />

son premier déplacement dans la région<br />

des Nippes particulièrement à<br />

Petit-Trou de Nippes, sa ville natale.<br />

Je peux m’enorgueillir de pouvoir<br />

rassembler autour de moi les représentants<br />

de tous les secteurs de la vie<br />

nationale, a dit M. Privert assurant<br />

qu’il peut discuter franchement avec<br />

eux. Il affirme avoir prêché l’exemple<br />

en regroupant dans son cabinet des citoyens<br />

représentant tous les courants<br />

politiques.<br />

Après plus d’une dizaine de jours<br />

au Palais national, il est resté toute la<br />

journée à faire des rencontres, juste<br />

pour faire l’économie du temps, sans<br />

avoir posé des actes concrets mettant<br />

la population en confiance. Ainsi, il<br />

s’est entretenu le 19 février avec des<br />

représentants de Fanmi Lavalas et du<br />

MOPOD et a déjà rencontré le RDNP,<br />

le MONOP, la plateforme JISTIS, PITIT<br />

Dessalines et l’OPL.<br />

Cependant un fait reste certain<br />

Privert n’est pas inactif, il avance selon<br />

les termes de son accord. La Mission<br />

d’observation électorale en Haïti<br />

MIOÉH, dans un communiqué daté du<br />

20 février <strong>2016</strong>, « salue la démarche<br />

du Président provisoire Jocelerme Privert<br />

auprès des secteurs clés en Haïti,<br />

dont les secteurs religieux, syndical,<br />

patronal, de la presse, des droits humains,<br />

des organisations de femmes<br />

et des médias, en vue de les impliquer<br />

dans la désignation des membres du<br />

nouveau CÉP.<br />

La MiOÉH dit également saluer<br />

l’exigence faite à tous les secteurs<br />

clés de désigner deux candidats de<br />

sexe opposé pour garantir le quota<br />

de genre au sein du CÉP et assurer<br />

que les décisions qui seront prises<br />

reflèteront le vécu et l’expérience des<br />

femmes et des hommes.<br />

La Mission encourage le nouveau<br />

(prochain) Conseil Électoral<br />

Provisoire à utiliser davantage les<br />

atouts uniques, les compétences et<br />

les réseaux des conseillères et conseillers<br />

désignés par les secteurs clés<br />

de la société haïtienne pour accroître<br />

la confiance de la population dans le<br />

processus électoral.<br />

Il s’agit d’une étape importante<br />

dans l’application de l’accord politique<br />

du 6 février entre les pouvoirs<br />

exécutif et législatif pour la tenue du<br />

second tour des élections prévues pour<br />

le 24 avril <strong>2016</strong>, indique la MiOÉH<br />

qui encourage, par conséquent, les<br />

différents secteurs clés à démontrer<br />

leur engagement au processus électoral,<br />

par la tenue de consultations<br />

transparentes et inclusives en vue de<br />

désigner des membres capables d’inspirer<br />

confiance à travers leur engagement<br />

continu au sein du CÉP et dont<br />

l’expertise en matière de gestion et de<br />

leadership est reconnue. »<br />

Signalons que les conseillères<br />

électorales Marie Carmel Paul Austin,<br />

désignée par le secteur des universités,<br />

Lourdes Edith Joseph, du secteur syndical,<br />

et Carline Viergelin des secteurs<br />

vaudouisant et paysan n’ont jamais<br />

démissionné du CEP. Et selon ce que<br />

rapporte le National, le PDG de la radio<br />

Vision 2000, Léopold Berlanger, aurait<br />

été choisi par le secteur de la Presse,<br />

particulièrement l’Association des<br />

médias haïtiens (ANMH), pour la représenter<br />

au nouveau CEP. La Conférence<br />

épiscopale d’Haïti et Le Forum<br />

économique du secteur privé n’ont pas<br />

encore communiqué de noms. Pour<br />

sa part, le président de la Fédération<br />

protestante d’Haïti (FPH), le pasteur<br />

Sylvain Exantus qui a lui aussi rencontré<br />

le chef de l’État mercredi au<br />

palais national, se dit prêt à désigner<br />

un nouveau représentant au CEP. «<br />

Nous sommes prêts à apporter notre<br />

contribution pour l’aboutissement<br />

du processus électoral », a indiqué le<br />

pasteur. Ainsi le secteur protestant a<br />

désigné Mr Frinel Joseph rapporte le<br />

Nouvelliste.<br />

Mais quand même, Privert n’arrive<br />

pas encore à désigner un Premier<br />

ministre qui devrait être la priorité des<br />

priorités dans la conjoncture actuelle.<br />

Il a présenté son bilan de travail de 5<br />

jours au Palais national dans un point<br />

de presse vendredi dernier durant lequel,<br />

il a fait l’état de la situation économique<br />

du pays. Il a passé plus d’une<br />

semaine à consulter des acteurs de<br />

la classe politique, du secteur économique,<br />

de la société civile et des droits<br />

de l’homme et certains membres du<br />

secteur populaire. Mais rien de concret<br />

n’a été fait. Aucun changement n’a<br />

encore été amorcé au niveau de l’administration<br />

publique. Les bourreaux,<br />

les criminels du régime tètkale- néo<br />

duvaliériste et tous ceux qui dilapident<br />

les fonds de l’Etat sont devenus<br />

de plus en plus arrogants au vu et au<br />

su de tout le monde. Ils continuent de<br />

tuer, de voler, de piller et de vider le<br />

Trésor public.<br />

Pendant ce temps, Privert a pris<br />

soin de nommer deux secrétaires généraux<br />

au Palais national, en l’occurrence<br />

Anthony Barbier, un GNBiste<br />

notoire, ex-membre du groupe 184<br />

d’André Apaid et l’ancien duvaliériste<br />

notoire, l’idéologue du régime dictatorial<br />

des Duvalier, Rony Gilot ; oncle du<br />

candidat à la présidence Jude Célestin.<br />

Ces nominations ont soulevé la colère<br />

du peuple revendicatif qui reproche à<br />

Anthony Barbier d’être l’un des responsable<br />

du coup d’Etat-kidnapping<br />

du 29 février 2004 et de l’appel au<br />

boycott de la commémoration du bicentenaire<br />

de l’Indépendance de la<br />

première République nègre du monde,<br />

le premier janvier 2004.<br />

Anthony Barbier était le troisième<br />

personnage du groupe 184 au<br />

côté d’André Apaid, Charles Henry<br />

Baker, Reginald Boulos et consorts. Le<br />

groupe 184 était un instrument destructeur,<br />

monté de toutes pièces avec<br />

le support des Etats-Unis, la France, le<br />

Canada et d’autres secteurs maffieux<br />

internationaux pour déstabiliser le<br />

pays au cours des années 2002-2003.<br />

Il a été financé par les réseaux maffieux<br />

de l’international dont la CIA.<br />

Rony Gilot était un ancien espion<br />

à la Faculté de médecine avec ses<br />

collègues Roger Lafontant et consorts<br />

trafiquant la lutte des étudiants pour<br />

la somme de 500 gourdes. Il est l’un<br />

des responsables de tous les crimes<br />

commis sous la dictature sanguinaire<br />

des Duvalier. Il a même fait appel à ses<br />

collègues, anciens bourreaux, comme<br />

le tortionnaire du régime dictatorial<br />

des Duvalier, Franck Romain pour<br />

assister aux rencontres, sous le label<br />

d’un groupe d’hommes d’affaires<br />

dénommé « Haïti Chérie. »<br />

Ces rencontres avec tous les<br />

bourreaux et les criminels notoires de<br />

l’ancien régime sont des stratégies visant<br />

le retour des forces réactionnaires<br />

et rétrogrades sur la scène politique<br />

une fois de plus, alors que la population<br />

du haut Artibonite, particulièrement<br />

à l’Estère réclame de l’eau et<br />

de l’engrais pour la production. Les rapatriés<br />

de la République Dominicaine<br />

sont abandonnés sur la frontière de<br />

l’Anse-à-pitres sans logement, sans<br />

nourriture et eau, ajoutés à une insécurité<br />

qui bat son plein dans le pays.<br />

Il faut remarquer qu’aucune<br />

disposition n’a été encore prise pour<br />

satisfaire les revendications de la population,<br />

tant sur le plan politique,<br />

économique que social. Le peuple<br />

haïtien revendique une commission<br />

d’enquête indépendante de vérification<br />

pour faire la lumière sur le coup d’Etat<br />

électoral du 9 aout et du 25 octobre.<br />

Il exige également la formation d’une<br />

commission d’audit indépendante sur<br />

la reddition des comptes du régime<br />

tètkale durant ses 5 ans au pouvoir.<br />

Il veut avoir une amélioration dans<br />

les conditions de vie quotidienne, la<br />

baisse du coût de la vie et d’autres mesures<br />

visant un environnement sécuritaire<br />

face à la montée grandissante du<br />

phénomène de l’insécurité.<br />

Face à cette situation, le peuple<br />

haïtien ne veut pas rester les bras croisés<br />

et ne veut pas non plus obéir aux<br />

néo cons. Il se dit prêt à rééditer la<br />

révolte du 22 janvier <strong>2016</strong> pour faire<br />

entendre sa voix. Dans cette perspective,<br />

le lundi 29 février <strong>2016</strong>, à l’<br />

occasion du 12 e anniversaire du coup<br />

d’Etat-kidnapping contre un président<br />

élu démocratiquement, en la personne<br />

de Jean Bertrand Aristide, la mobilisation<br />

recommence pour exiger une<br />

transition répondant aux revendications<br />

du peuple. L’intransigeance du<br />

tandem tètkale-GNBiste, renfoncée par<br />

les néoduvaliéristes, poussera-t-elle le<br />

peuple en dernier ressort aux émeutes<br />

de la faim ou à un véritable déchoucage?<br />

Il n’est que d’attendre.<br />

Jacques Sampeur, proposé<br />

par le G-30<br />

Par Isabelle L. Papillon<br />

Lesly Voltaire<br />

L<br />

’un des prétextes de Jocelerme<br />

Privert qui l’empêchent de choisir<br />

un Premier ministre de Transition est<br />

du fait qu’il n’y a pas un président du<br />

Senat, depuis sa démission le 14 février<br />

dernier. Ainsi dans une correspondance<br />

au Parlement le vendredi 19 février, il<br />

demande à ses anciens collègues de<br />

pourvoir à son remplacement pour faciliter<br />

l’application de l’accord du 6 février.<br />

Pourtant, en réponse au président,<br />

certains sénateurs, ont fait savoir<br />

que le président Privert pouvait s’entretenir<br />

avec le président de la chambre<br />

des députés ainsi que le vice-président<br />

du sénat en vue de la désignation du<br />

prochain Premier ministre. Le sénateur<br />

Nennel Cassy, président du bloc<br />

majoritaire au grand corps, a pour sa<br />

part exprimé clairement ses idées en<br />

soulignant que : « l’argument avancé<br />

par Jocelerme Privert récemment sur<br />

l’absence d’un président au sénat qui<br />

peut retarder les discussions sur le choix<br />

d’un chef de gouvernement n’est pas<br />

fondé. Puisque depuis son absence, le<br />

vice-président, en la personne du sénateur<br />

Ronald Larèche, le remplace automatiquement<br />

». Même son de cloche<br />

de la part de Jean-Baptiste Bien-aimé<br />

qui estime « que le vide créé par l’absence<br />

de président au sénat ne peut<br />

aucunement entraver le processus de<br />

consultations devant aboutir au choix<br />

du Premier ministre de consensus ».<br />

Mais Privert n’est il pas pris en<br />

sandwich entre tous ces secteurs politiques<br />

qu’il rencontre dont chacun suggère<br />

son propre choix du Premier ministre.<br />

La liste est longue, vu que plusieurs<br />

noms ont été avancés, comme<br />

par exemple Mirlande Manigat,<br />

proposée par la plateforme JISTIS ; Fritz<br />

Jean, proposé par la société civile et<br />

des organismes des droits humains ;<br />

Joanas Gué, proposé par la plateforme<br />

VERITE ; Edgard Leblanc Fils, proposé<br />

par le bloc majoritaire à la Chambre des<br />

députés et le bloc minoritaire au Sénat ;<br />

Jacques Sampeur, proposé par le G-30<br />

; Dieuseul Simon Desras, présenté par<br />

la plateforme Palmis; Florence Guillaume<br />

Duperval et l’actuel Premier ministre<br />

Florence Guillaume Duperval<br />

Turneb Delpé<br />

Evans Paul proposés par le PHTK.<br />

Alors que le directoire du Mopod<br />

a, dans un communiqué, indiqué que<br />

les membres du parti n’entendent pas<br />

faire partie du prochain gouvernement<br />

de transition. Un soi-disant secteur<br />

Populaire élargi, regroupant plusieurs<br />

organisations populaires, proches du<br />

Mouvement Patriotique Populaire Dessalinien<br />

(Mopod), a proposé le nom du<br />

docteur Turneb Delpé sur la liste des<br />

candidats pour le poste de Premier ministre.<br />

Selon le coordonnateur de la plateforme<br />

Klere Je Ayiti (Kaja), Jean Relod<br />

Cénatus, le prochain Premier ministre<br />

doit être choisi en fonction de ses prises<br />

de position publiques et sa participation<br />

active dans les différents mouvements<br />

de protestation qui visaient à dénoncer<br />

les dérives de l’administration de Martelly.<br />

De fait, Cénatus pense que le docteur<br />

Delpé présente, en ce sens, le profil<br />

idéal pour devenir le prochain chef du<br />

gouvernement de consensus<br />

Le parti Fanmi Lavalas n’est pas<br />

resté sur la touche, il désigne officiellement<br />

son Premier ministrable en la personne<br />

de Lesly Voltaire.<br />

Par ailleurs, la Fusion elle-même<br />

rejette l’invitation de Jocelerme Privert<br />

pour discuter de la question du choix<br />

d’un Premier Ministre, d’un gouvernement<br />

provisoire et de la poursuite des<br />

élections. Dans leur réponse en date du<br />

22 février <strong>2016</strong>, le Secrétaire Général<br />

de la FUSION Rosemond Pradel indique<br />

que son parti n’est pas « prêt à participer<br />

dans cette démarche, qui est très loin<br />

d’apporter une solution viable et durable<br />

à cette profonde crise: électorale,<br />

politique, économique et sociale. La FU-<br />

SION ne croit pas que la voie empruntée<br />

jusqu’ici puisse permettre de résoudre la<br />

crise née des élections frauduleuses des<br />

9 août et 25 octobre 2015 »<br />

La lettre continue pour dire que «<br />

[...] Nous pensons que cette démocratie<br />

au rabais que le Core group veut nous<br />

imposer à tout prix, par la réalisation<br />

d’élections présidentielles dans les trois<br />

prochains mois, est très loin de la dimension<br />

de cette crise sociétale et systémique<br />

qui ronge le pays depuis plusieurs<br />

décennies [...] Vouloir continuer<br />

les élections dans ces conditions, c’est<br />

accepter qu’il ne s’était rien passé le 9<br />

aout et le 25 octobre 2015 [...] » Ainsi<br />

la Fusion se démarque du régime de<br />

transition ; mais cela ne veut pas dire<br />

que ses membres ne peuvent décrocher<br />

de grands postes au sein de cette Administration.<br />

Une transition politique pour maintenir le statu quo<br />

Les luttes de revendications<br />

doivent continuer<br />

Depuis la fin du mandat de l’ex-président<br />

Michel Martelly, la classe<br />

politique traditionnelle, l’oligarchie et<br />

«la communauté internationale» jouent<br />

pieds et mains pour implanter un gouvernement<br />

provisoire. Pour l’ensemble<br />

de ce secteur, cette «solution» est<br />

l’unique moyen d’éviter l’«instabilité<br />

politique», génératrice de «désordre» et<br />

de «violence» dans une société en proie<br />

à une crise multidimensionnelle.<br />

Le «vide politique» serait à éviter<br />

comme la peste!<br />

L’impérialisme ainsi que l’oligarchie,<br />

qui ont soutenu pendant près de<br />

trente ans la dictature sanguinaire des<br />

Duvalier, ne jurent maintenant que par<br />

les élections.<br />

Et à en juger des sommes<br />

faramineuses consacrées à la mise en<br />

œuvre de ces processus électoraux,<br />

il est évident qu’ils représentent, aux<br />

yeux de l’oligarchie, la classe politique<br />

traditionnelle et Washington, un facteur<br />

de «stabilisation».<br />

Cette année seulement, près de<br />

cent millions de dollars américains ont<br />

été dépensés pour réaliser ces «élections».<br />

Si l’on ajoute à cette somme les<br />

800 millions que coûte annuellement<br />

le maintien des forces de l’occupation<br />

de la MINUSTAH, l’on prend la mesure<br />

de l’importance que représentent les<br />

«jeux politiques» (même s’ils prennent<br />

la forme d’élections-bidons) et l’occupation<br />

militaire pour les classes dominantes.<br />

Des sommes astronomiques surpassant<br />

de loin la totalité du budget de<br />

l’État consacré à la santé, à l’éducation,<br />

à l’agriculture, aux logements sociaux!<br />

Quelle contradiction dans un<br />

pays qui souffre de tous les maux<br />

que de consacrer tant de ressources<br />

matérielles et financières à réaliser de<br />

pseudo-élections et à maintenir une<br />

suite à la page(13)<br />

4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


Que va-t-on faire de Zòt ?<br />

Twa Fèy, Twa rasin O!<br />

Par Fanfan la Tulipe<br />

Kafou woo, kafou sa<br />

Kafou woo, elas o !<br />

Kafou woo, pa wè y anraje.<br />

Tiré du répertoire du Jazz des Jeunes<br />

Je commence ce texte en faisant<br />

appel à une époque que les moins de<br />

cinquante ans n’ont pas connue. Portau-Prince,<br />

en ce temps-là, accrochait ses<br />

bougainvilliers jusque sous les fenêtres de<br />

quatre candidats à la présidence : Daniel<br />

Fignolé, Louis Déjoie, Clément Jumelle et<br />

François Duvalier. Et dans l’humble garni<br />

qui servait de cabine émettrice à la station<br />

Radio Caraïbes et ne payait pas de mine,<br />

c’est là que feraillait chaque semaine le<br />

trio d’Anilus Cadet. Les gars, partisans du<br />

sénateur Louis Déjoie, ne portaient pas le<br />

candidat Clément Jumelle dans leur cœur.<br />

Aussi, prenaient-ils plaisir à faire de<br />

Jumelle leur cible favorite. Leur morceau<br />

préféré était Fò l juje (oui, juje, avec un u).<br />

L’un des couplets soutenait que «Yo tiye<br />

des innocents, rien que pou yo vèse san.<br />

Yo bay Brandt yon lasenal, men di mwen<br />

si se legal». Un autre couplet plus véhément<br />

dénonçait : «Men yon bèl pati biya /<br />

yo tiye doktè Teya [Théard] / yo tiye doktè<br />

Loubo [Loubeau) / moun Okay fò n di<br />

yon mo». Le refrain exigeait : «Fòl jije men<br />

sa se twòp atò. Et pour qu’il n’y eût pas<br />

d’équivoque concernant la personne qu’il<br />

fallait juger, l’un des musiciens, entre deux<br />

accords musicaux, entre de kout gita, se<br />

permettait de pousser un son accusateur.<br />

Il disait tout bas, quoique de façon intelligible:<br />

«juje Clément Jumelle». Le candidat<br />

Jumelle avait-il une âme homicidaire ?<br />

Pareille «qualité» n’a jamais été établie.<br />

Or, il arrive qu’au fil de l’histoire<br />

récente, la clameur publique, associée<br />

ou non à des vents politiques contraires,<br />

a bel et bien bien réclamé que tel délinquant<br />

fût jugé, parce que c’était twòp atò.<br />

Et le fòl juje d’Anélus Cadet a manifestement<br />

trouvé des échos un peu partout,<br />

de notre Amérique aux veines ouvertes,<br />

jusqu’en Israël, «ouvreuse» de veines palestiniennes.<br />

En consultant des sources<br />

combinées, je suis arrivé à établir une liste<br />

chronologique, non exhaustive, mais pas<br />

mal intéressante, et plutôt cossue, de délinquants<br />

que la justice a fini par écrouer<br />

ou forcer au silence.<br />

8 octobre 1992. Fernando Collor<br />

Mello, 32 e président du Brésil de 1990 à<br />

1992, démissionne la veille d’un vote du<br />

Sénat pour éviter d’être destitué. En 1991,<br />

il avait été dénoncé par son frère, Pedro<br />

Collor, pour trafic d›influence organisé par<br />

son directeur de campagne, Paulo César<br />

Farias qui aurait détourné $50 millions<br />

de la campagne de Collor. Le partage se<br />

faisait à raison de 70% (des sommes<br />

perçues) pour le candidat, et 30 % pour<br />

l’asòs; une partie des dépenses privées<br />

présidentielles était directement réglée<br />

par Paulo César. La Police fédérale et le<br />

Congrès avaient diligenté une enquête<br />

dont les conclusions furent accablantes<br />

pour les deux compères.<br />

Le 30 octobre, le Sénat, après avoir<br />

reconnu Fernando Collor coupable de<br />

corruption, le condamne à huit années<br />

de suspension de ses droits civiques,<br />

par soixante-seize voix contre trois. Tenez-vous<br />

bien : lors de sa prestation de<br />

serment, Collor avait déclaré qu’il privilégierait<br />

«la lutte contre la misère, les inégalités<br />

sociales et la corruption». N’est-ce<br />

pas ? 30 mai 1996. La Cour suprême<br />

vénézuélienne condamne l’ancien<br />

président Carlos Andrés Perez, destitué en<br />

août 1993 et placé en détention domiciliaire<br />

depuis mai 1994, à vingt-six mois<br />

de détention pour détournement de fonds<br />

publics. Il est reconnu coupable d’avoir<br />

alloué de façon irrégulière, en 1990, des<br />

fonds secrets à titre de protection de la<br />

présidente nicaraguayenne Violeta Chamorro.<br />

Décembre 2008. La multinationale<br />

allemande Siemens avait accepté de<br />

payer une amende de 800 millions de dollars<br />

au gouvernement des États-Unis, et<br />

environ 700 millions d’euros au gouvernement<br />

allemand, pour régler des allégations<br />

de corruption. Le règlement révéla<br />

que le président Menem, de l’Argentine,<br />

avait reçu environ 2 millions de dollars US<br />

en pots de vin de Siemens en échange de<br />

l’attribution de la carte d’identité nationale<br />

et le contrat de production de passeports<br />

de Siemens; Menem nia les accusations,<br />

néanmoins convint de payer l’amende.<br />

23 décembre 2010. Jorge Rafael<br />

Videla est condamné à la prison à vie par<br />

un tribunal de Cordoba, pour l’exécution<br />

d’opposants et d’autres crimes contre<br />

l’humanité. Cette première peine avait été<br />

effacée en 1990 par une grâce de l’ancien<br />

président Carlos Menem. Plusieurs<br />

autres condamnations ont suivi, entre<br />

autres choses, pour avoir organisé au<br />

plus haut niveau de l’État le vol de bébés<br />

d’opposantes détenues. L’ancien général,<br />

âgé de 85 ans, avait déjà été condamné<br />

à la perpétuité en 1985, lors d’un procès<br />

historique de la junte militaire pour les<br />

crimes commis sous la dictature, lesquels<br />

avaient provoqué la disparition de 30 000<br />

hommes et femmes entre 1976 et 1983.<br />

Videla est mort en prison à l›âge de 87<br />

ans.<br />

15 décembre 2011. Jacques Chirac,<br />

22e président de la République française<br />

du 17 mai 1995 au 16 mai 2007,<br />

est reconnu coupable de «détournement<br />

de fonds et d’abus de confiance», « prise<br />

illégale d’intérêts » et « délit d’ingérence »<br />

par le tribunal correctionnel de Paris, dans<br />

le cadre de «L’affaire des emplois fictifs<br />

de la mairie de Paris». Il est condamné à<br />

deux ans de prison avec sursis.<br />

13 juin 2013. L’ex-président argentin<br />

(1989-1999) et actuel sénateur<br />

Carlos Menem, 82 ans, est condamné par<br />

un tribunal de Buenos Aires à une peine<br />

de sept ans de prison pour trafic d’armes à<br />

destination de la Croatie et de l’Équateur,<br />

pendant ses mandats, d’une valeur d’au<br />

moins 400 millions de pesos (76 millions<br />

d’euros actuels), entre 1991 et 1995. Il<br />

est protégé par son immunité parlementaire<br />

jusqu’à la fin de son mandat en<br />

2017. Le tribunal a exigé que soit entamé<br />

le processus de levée de son immunité<br />

parlementaire. Son âge avancé (82) lui a<br />

offert la possibilité de résidence surveillée.<br />

Juillet 2014. Dans le cadre de l’enquête<br />

menée par les juges d’instruction<br />

Patricia Simon et Claire Thépaut, et après<br />

dix-huit heures de garde à vue, Nicolas<br />

Sarkozy a été mis en examen, dans la nuit<br />

du mardi 1er au mercredi 2 juillet 2014,<br />

pour « corruption active », « trafic d’influence<br />

» et « recel de violation du secret<br />

professionnel ».<br />

Les magistrates enquêtaient sur un<br />

réseau d’informateurs susceptible d’avoir<br />

renseigné les proches de M. Sarkozy,<br />

voire l’ancien président de la République<br />

lui-même, dans les procédures judiciaires<br />

pouvant le menacer, en particulier le dossier<br />

Bettencourt. En effet, Claire Thibout,<br />

l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt,<br />

l’une des trois premières fortunes<br />

de France, évoquait l’existence d’un possible<br />

financement illégal de la campagne<br />

présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy.<br />

Janvier 2015. Après avoir quitté<br />

son pays, l’ex-président panaméen Ricardo<br />

Martinelli, au cœur d’une vaste enquête<br />

de détournement de fonds publics,<br />

est officiellement recherché par les autorités.<br />

Le multimillionnaire est soupçonné<br />

d’avoir fait surveiller illégalement plus de<br />

150 «opposants», utilisé de l’argent des<br />

taxes publiques et des fonctionnaires sur<br />

leur temps de travail pour organiser des<br />

écoutes, et espionner des activistes, politiciens,<br />

syndicalistes, avocats, médecins et<br />

autres groupes civils. La Cour suprême du<br />

Panama a lancé, lundi 21 décembre, un<br />

mandat d’arrêt contre l’ancien président.<br />

3 Septembre 2015. Otto Perez,<br />

président du Guatemala, a été placé en détention<br />

dans la caserne militaire de Matamoros.<br />

Le procureur l’a accusé de «faire<br />

partie d’une bande criminelle qui opérait<br />

depuis mai 2014 avec l’objectif de voler<br />

l’État». Il a calculé que le président a pu<br />

recevoir 3,7 millions de dollars en potsde-vin.<br />

Il s’agit d’une fraude à la taxation<br />

sur les importations. Depuis la révélation<br />

L’ex-général Jorge Videla à sa sortie du tribunal de Cordoba après<br />

l’énoncé de sa condamnation à vie, le 22 décembre 2010.<br />

Otto Perez, président déchu du Guatemala. Le procureur l'a accusé de<br />

«faire partie d'une bande criminelle qui opérait depuis mai 2014 avec<br />

l'objectif de voler l'État». Il n’est pas le seul du genre. Que n’avait-il pas<br />

une tèt kale ? Il eût été parfait.<br />

Les usurpateurs au pouvoir. Manman, Papa, pitit, tout nan zen.<br />

de ce gigantesque scandale de corruption,<br />

au mois d’avril 2015, chaque semaine, les<br />

guatémaltèques sont descendus calmement<br />

dans la rue, déterminés à obtenir le<br />

départ du président Otto Perez. Ils l’ont eu.<br />

Bravo, peuple guatémaltèque!<br />

3 Décembre 2015. M. Rafael<br />

Callejas, ex-président du Honduras<br />

(1990-1994), a été inculpé en Cour fédérale<br />

des États-Unis pour corruption dans<br />

le cadre de ses relations ave la FIFA. 12<br />

jours plus tard, il a pris l’avion pour les<br />

États-Unis où il a été placé en détention.<br />

Quelques jours plus tard, étrangement, il<br />

a été libéré sous caution. Pourtant, il n’est<br />

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pas tout à fait hors des griffes de la FBI.<br />

Les accusations contre Callejas portent sur<br />

les droits de concession de la télédiffusion<br />

des matches de l’équipe nationale de football<br />

du Honduras qu’il avait négociés de<br />

manière illégale.<br />

31 janvier <strong>2016</strong>. L’ancien président<br />

du Salvador, de 1999 à 2004,<br />

Francisco Flores, 56 ans, qui devait être<br />

jugé pour avoir détourné 15 millions de<br />

dollars, est décédé après avoir passé près<br />

d’une semaine dans le coma. L’argent, en<br />

provenance de Taïwan, avait été réparti en<br />

trois chèques entre 2003 et 2004. Le fric<br />

était destiné à des programmes sociaux,<br />

mais l’ex-président avait préféré fricoter<br />

avec. Il l’aurait gardé pour lui, selon<br />

l’accusation. Oui, nèg gen nove mannyè,<br />

blan, latino, yotout.<br />

15 février <strong>2016</strong>. L’ex-Premier<br />

ministre d’Israël, Ehoud Olmert, âgé<br />

de 70 ans, est entré dans la prison de<br />

Ramla ce 15 février, pour y purger<br />

une peine de dix-neuf mois. Il est le<br />

premier ancien chef de gouvernement<br />

israélien à se retrouver derrière les<br />

barreaux pour des pots-de-vin touchés<br />

lorsqu’il était maire de Jérusalem, entre<br />

1993 et 2003. Il avait été condamné en<br />

2014, pour avoir accepté 500 000 shekels<br />

(115 000 euros) de promoteurs, à propos<br />

d’un projet immobilier d’une valeur de<br />

60 000 shekels (14 000 euros) dans une<br />

affaire foncière. À cette peine s’est ajouté,<br />

la semaine passée, un mois de prison<br />

supplémentaire pour entrave à la justice.<br />

Sa condamnation à six ans de prison a été<br />

réduite à 18 mois par la Cour suprême.<br />

Il est bien évident qu’un ancien<br />

président de la République ou<br />

un Premier ministre est un justiciable<br />

comme les autres. Il est passible de<br />

zoklo judiciaires. À ce titre, je me pose<br />

la question : que va-t-on faire de «Zòt» ?<br />

Bien avant son entrée en fonction, et<br />

même après avoir prêté serment, lapèsòn<br />

est allée se balader kay vwazen. Il aurait<br />

reçu des pots-de-vin d’un grand maffieux,<br />

un parlementaire aux pratiques peu catholiques.<br />

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est<br />

la consoeur Nuria Piera. Anilus Cadet<br />

n’aurait-il pas chanté : «fò l juje »?<br />

De façon illégale et effrontée, Zòt<br />

a passé ses cinq ans au pouvoir à traire<br />

la vache diasporale, à collecter des taxes<br />

sur les appels téléphoniques et les envois<br />

d’argent. Me. Newton Louis St Juste, jeune<br />

avocat du Barreau a logé une dénonciation<br />

au Parquet de Port-au-Prince contre la<br />

Première Dame Sophia St Rémy Martelly<br />

et son fils Olivier Martelly pour «usurpation<br />

de fonction, corruption, détournement<br />

de fonds publics, blanchiment et<br />

association de malfaiteurs». Zòt et lafanmi<br />

ne sont-ils pas des justiciables comme<br />

les autres ? Personne ne sait<br />

comment Zòt a dilapidé l’argent de Petro<br />

Caribe. On ne sait combien il en a siphonné<br />

pour ses comptes en banque. Combien<br />

le montant exact des per diem soustraits<br />

au trésor public ? Combien d’argent a été<br />

gaspillé dans d’infinis voyages pas du<br />

tout rentables pour le pays ? Combien de<br />

millions Zòt a-t-il puisés dans les maigres<br />

ressources de l’État pour ses carnavals des<br />

Fleurs et du 14 mai ? Men sa se twòp atò.<br />

À la lumière de ce qui a été fait ailleurs,<br />

que va-t-on faire de Zòt ? Est-ce que fò l<br />

juje ? Est-ce que pou l pa ta juje ?<br />

Président Privert, qu’allez-vous<br />

faire de Zòt ?...Vous avez la parole.<br />

21 février <strong>2016</strong><br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

5


Kwonik Kreyòl<br />

Fo zanmi se bon lennmi<br />

Guy-Gérald Ménard<br />

Polisye Placide Jean-Louis sasinen !<br />

Placide Jean-Louis<br />

Yon semèn apre zak sasinay ki<br />

te fèt sou polisye David Dume, yon lòt<br />

polisye Placide Jean-Louis jwenn lanmò<br />

l bò MUPANAH a sou Channmas,<br />

Pòtoprens jou ki te mèkredi 17 fevriye<br />

a.<br />

Dapre enfòmasyon lapolis bay<br />

ak jijdepè Marie Florence Nicolas ki te<br />

vin fè konsta a, se 5 katouch polisye<br />

a ki te yon ajan 4 e li te kantone nan<br />

soukomisarya Kanaan te resevwa.<br />

Nou aprann tou lapolis nasyonal<br />

Lavi vye nèg<br />

Lavi vye nèg<br />

pa mache sou krepsòl<br />

si late è wonn<br />

se pa you afè<br />

Lachans pa fè boul<br />

lan pòch malere<br />

se bagay koni<br />

Tout òm gen de pye<br />

tout òm gen bouch fann<br />

Nan mache chèche lavi<br />

pye malere degriji<br />

Nan mache vale pousyè<br />

krache vye nèg fin cheche<br />

Yo pa sa souse piwouli<br />

Krache vye nèg fin cheche<br />

Je pa fèmen<br />

Nèg ap bese leve<br />

Si pou nou pa wè<br />

jan lavi souri<br />

Ou mèt di m sa ou vle<br />

sa pa rele viv<br />

dapre lagramè<br />

Mason fè kay<br />

li dòmi anba pon<br />

boulanje fè pen<br />

pitit li grangou<br />

Byen travay byen swe<br />

pa di byen touche<br />

sou latè beni<br />

Anwo bouche anba<br />

sa k anba anba nèt<br />

Depi pèp ayisyen te leve kanpe pou<br />

mete yon bout nan reny diktati<br />

divalyeris la, peyi a anbake nan yon<br />

peryòd tranzisyon ki poko janm ka<br />

debouche sou yon rejim demokratik.<br />

Chak kou yon mouvman popilè soti<br />

pou kapote systèm kowonpi krazezo<br />

pezesouse enperyalis yo enpoze Ayiti,<br />

swadizan peyi zanmi nou yo entèvni<br />

anba bannyè kominote entènasyonal<br />

pou pran gouvènay la epi ban nou yon<br />

gouvènman ki sou lobedyans yo. Nan<br />

dènye mwa sa yo Ayiti tanmen yon<br />

batay pwennfèpa pou soti anba jouk<br />

etranje epi reprann souvrennte li. Premye<br />

rezilta pozitif gwo batay ki amòse<br />

la a se dekouvri pèp ayisyen resi dekouvri<br />

ki pi gwo lennmi li genyen.<br />

Youn nan leson m te aprann lè<br />

m ap grandi se enpòtans pou konnen<br />

kilès ki zanmi w ak kilès ki lennmi w<br />

lè ou angaje nan batay. Tranblemanntè<br />

2010 la ak tout boulvèsman li<br />

pwovoke tèlman montre Ayiti san defans,<br />

boujwazi entènasyonal la, tankou<br />

yon bann rapas, pèdi tout kontwòl<br />

epi vare sou peyi a pou vin pran piyay.<br />

Vorasite tèlman vegle yo, yo pa<br />

menm pran prekosyon pou kache jwèt<br />

yo ankò. Sineyas ak ansyen minis<br />

Raoul Peck montre aklè, nan yon fim<br />

dokimantè li reyalize sou katastwòf<br />

2010 la, kijan èd imanitè kominote<br />

entènasyonal la te pote ban noun an<br />

okazyon sa a se yon èd tiyatwa. Operasyon<br />

dechèpiyay sa a te pran plizyè<br />

fòm. Nou tout te wè valè 4x4 blan ki<br />

t ap monte desann tout jounen siyonnen<br />

peyi a nan tout sans. Kilès ki pa<br />

tande voum lajan samariten etranje<br />

t ap touche nan bann ak pakèt ONG<br />

entènasyonal ki te pran peyi a daso.<br />

San konte katafal kay ak vila deliks,<br />

prim ensekirite, restoran, otèl, plaj ki<br />

te adispozisyon yo. Jounen jodi a tout<br />

moun okouran chirij Clinton ak klik li a<br />

fè nan fon pou rekonstriksyon ki te sou<br />

rive arete 2 endividi nan kad sasinay<br />

polisye David Dume a ki te fèt nan<br />

Matisan 12 fevriye pase a. Youn nan<br />

moun yo arete yo se yon jèn gason 21<br />

lane ki rele Faubert Magaronne, alias «<br />

vaglavi ». Misye te jwenn Arestasyion<br />

l jou jedi 18 fevriye a nan komin Benè.<br />

Lòt la se Edvard Bouquette 31 lane, se<br />

Se konsa sa toujou ye<br />

se konsa sa pa do ye<br />

Anwo bouche anba<br />

nou pran gòl ak men<br />

RADIO<br />

SUD<br />

INTERNATIONALE<br />

Suivez tous les samedis "ca se<br />

dit cette semaine "<br />

SUR RSI DE 21H (3H-Haïti-USA) A 23H.<br />

www.radiosudinternationale.com<br />

RADIO FREQUENCE PARIS PLURIELLE ,<br />

106.3 FM,<br />

www.rfpp.net<br />

Kadav Placide Jean-Louis<br />

kontwòl yo. Se tande nou tande peyizan<br />

rapòte elikoptè k ap desann monte<br />

lannuit ak kagezon pèsonn pa konnen.<br />

Apre sa nou sezi aprann pwojè lwa gen<br />

tan la ap tann pou eksplwatasyon lò ak<br />

lòt metal presye. Pi devan n ap konnen<br />

frè madan Clinton se asosye nan youn<br />

nan konpayi aloufa yo.<br />

Ou kwè gen moun nan peyi sa<br />

a ki kwè toujou se ede etranje vin ede<br />

nou ? Yo toujou di : « Pa gen moun ki<br />

pi avèg pase moun ki refize wè ». Petèt<br />

nou ta dwe di yon mo tou pou sa ki<br />

pran pòz soud yo. Pou jan ayisyen renmen<br />

foutbòl, kijan fanatik yo te santi<br />

yo lè nouvèl gaye kòmkwa trinidadyen<br />

Jack Warner, prezidan CONCACAF defounen<br />

$ 750.000 li te ranmasesou<br />

kont FIFA pou Ayiti ? Kisa nou kab di<br />

pou Lakwa Wouj Ameriken ki pran $<br />

500.000 pou lojman ann Ayiti e ki bati<br />

6 kay ? Malgre tout sa ou tande, gen<br />

bouch ki konn repete : « Peyi yo pa gen<br />

zanmi, se enterè yo genyen ». Si nou<br />

vle konprann n a konprann.<br />

dimanch 21 fevriye, limenm te jwenn<br />

arestasyon l nan komin Lavale Jakmel.<br />

Ensekirite a ap vale teren; se<br />

konsa yon pastè Yvon Pierre ki se responsab<br />

òfelina « Ryan Epps for children<br />

» nan Kwadèboukè ak tout chofè<br />

l te jwenn lanmò yo vandredi 19 février<br />

<strong>2016</strong> la.<br />

nou pran gòl ak pye<br />

Chak koken yo fè<br />

se dèt pou demen<br />

RADIO<br />

PA NOU<br />

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Tout se may<br />

Pèp Ayisyen nou bouke soufri,<br />

fòk sa chanje vote m e vote m si<br />

ou vle chanjman<br />

N abitye tande bèl diskou<br />

Nou pa p pran manti ankò<br />

Chak 5 an yo vin bwote lage n nan<br />

twou<br />

N toujou antò<br />

Malgre tout may yo fin ban n devwa<br />

sivik nou se vote<br />

Men manje pa p janm desann<br />

Nan lavichè richès yo ye<br />

Bèl pwojè sante edikasyon<br />

Pou bati pon ak wout<br />

Tout se fo zespwa n ap jwenn kouran<br />

N toujou nan blakawout<br />

Ou menm ki konsène<br />

Èske se lajan sèlman ou vin bwote<br />

Di m pouki Kafou Jòf Pòdpè pa janm<br />

ka asfalte ?<br />

Poukisa se elèv lise ki toujou pi mal<br />

trete ?<br />

Yo sèvi ak yo tankou se esklav ki<br />

nan bate<br />

Pouki men pouki edikasyon se sou<br />

kont sektè prive ?<br />

Pouki lè lapli tonbe men tout peyi a<br />

inonde ?<br />

Se pou n aksepte pou n vote mwen<br />

Jah B kòm prezidan<br />

Mwen pwomèt nou avèk tout kè<br />

mwen kwè mwen sensèman<br />

Konstitisyon an pral respekte lalwa<br />

pral aplike<br />

Lavichè a prale bese tout moun pral<br />

ka manje<br />

Nou pa bezwen pè n mèt fè m konfyans<br />

Gouvènman m nan ap gen transparans<br />

Depi se minis ki pral vòlè bò kote m<br />

pa p gen chans<br />

Malere pa p bezwen peye lajan pou<br />

yo sa jwenn jistis<br />

Pwoteje sèvi bay sekirite pral prensipal<br />

wòl lapolis<br />

Tout se may tout se may pou blofe<br />

malere<br />

Tout se may tout se may pou blofe<br />

malere<br />

Tout se may tout se may pou blofe<br />

malere<br />

Tout se may tout se may pou blofe<br />

malere<br />

Mesye le kandida men di m kijan ou<br />

pral aranje w<br />

Pou ou ka reyalize tout bèl pwomès<br />

w ap plede fè nou yo<br />

Gad nan ftgi nou w ap wè dezespwa<br />

96.3 FM SCA<br />

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delala<br />

Se chomaj lavichè avèk mizè k ap<br />

touye frè nou yo<br />

Lè ou pran pouvwa a m konnen ou<br />

pral depale<br />

Lè sa a nou pral ba w chalè tankou<br />

ou s on elèv rekale<br />

Entènasyonal la ap fè nou filalang<br />

Lavi a vin pi di tankou se kout ponya<br />

ti machann<br />

Ou di ou pral fè pou peyi a fè pou<br />

peyi a<br />

Ou vle mete nan lespri pèp la ke ou<br />

gen on rèv pou peyi a<br />

Eseye gen pitye pou li nou pran nan<br />

twòp monte desann<br />

Pou lòt peyi ka ba n manje kounye a<br />

se wont nou plede vann<br />

M pwomèt nou lè m fin pran pouvwa<br />

a pa p gen eksklizyon sosyal<br />

Mwen pwomèt po nwa po wouj pral<br />

fè on sèl kont diskriminasyon rasyal<br />

Ayisyen pral sispann dòmi reve si l<br />

pa pati lavi l pa p janm chanje<br />

Pwojè sosyal travay pou malere se<br />

sa k pral fè aktyalite<br />

Peyizan pa p bezwen vin lavil abandone<br />

richès latè pou vye dil<br />

Anpe enstriman agrikòl pral simen<br />

lan tout tèt mòn kou lan plenn<br />

Si nou vle yo sispann trete n bosal<br />

pou de lòt peyi sispann gade n mal<br />

Annou tout mete tèt nou ansanm<br />

pou rèv nou pa woule nan san<br />

Tout se may tout se may pou<br />

blofe malere<br />

Tout se may tout se may pou<br />

blofe malere<br />

Tout se may tout se may pou<br />

blofe malere<br />

Tout se may tout se may pou<br />

blofe malere<br />

Se premye peyi mwen wè dirijan pa<br />

respekte pèp li<br />

Swadizan sa k di l vle prezidan li pa<br />

janm respekte tèt li<br />

Apre chak eleksyon gen sa k fin vote<br />

k anvi koupe dwèt li<br />

Si l jennen trip li ap mòde l fò l fè on<br />

jan pou demele gèt li<br />

Tout kòb peyi a fin pase nan fè pwopagann<br />

Pou fè on kat didantite fò ou pran<br />

gwo gagann<br />

Afè pouvwa sa a se yon kòb kach<br />

Se sa k fè nèg ak kostim pa vle okipe<br />

lòt tach<br />

Jah B / Rockfam<br />

6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


Perspectives<br />

De quoi demain sera-t-il fait en Haïti?<br />

«Ne vous irritez pas ! Fronts que le deuil réclame, Mortels sujets aux<br />

pleurs. Il nous est mal aisé de retirer notre âme, De ces grandes douleurs.»<br />

Par Robert Lodimus<br />

« Ne vous irritez pas ! Fronts que le<br />

deuil réclame,<br />

Mortels sujets aux pleurs.<br />

Il nous est mal aisé de retirer notre<br />

âme<br />

De ces grandes douleurs. »<br />

(Victor Hugo,<br />

LES CONTEMPLATIONS)<br />

Dimanche 7 février <strong>2016</strong>. Le palais<br />

national est vidé. Les « indésirables<br />

» ont déménagé. Pas d’explosion<br />

sociale et politique. Mais pour combien<br />

de temps le danger est-il écarté?<br />

Les États-Unis imposent déjà leur<br />

mise au pas à Jocelerme Privert. Kenneth<br />

Merten, au cours d’une téléconférence,<br />

ose même rappeler et signifier<br />

aux médias étrangers l’importance, la<br />

sacralité et l’ « incontournabilité » de<br />

l’accord du 6 février <strong>2016</strong> aux yeux de<br />

l’Administration Obama. Le Département<br />

d’État ordonne – sans gymnastique<br />

diplomatique – la poursuite du<br />

processus électoral entaché de « fraudes<br />

graves » et rejeté par le peuple haïtien.<br />

Il l’impose clairement : le 24 avril <strong>2016</strong>,<br />

Jovenel Moïse doit affronter Jude Célestin<br />

au second tour. Contrairement – selon<br />

Kenneth Merten – Haïti basculera<br />

dans une présidence illégitime et<br />

anticonstitutionnelle. Comme si le<br />

pays n’en était pas déjà là avec les cinq<br />

(5) années du « néomacoutisme martellien<br />

»! Jocelerme Privert pourra-t-il<br />

résister aux pressions lourdes et arrogantes<br />

de ses « bienfaiteurs » de la communauté<br />

internationale (CI)? L’homme<br />

n’a rien d’un politique visionnaire et<br />

progressiste. Et pourtant, la présence<br />

de Jocelerme Privert au palais national<br />

déclenche une avalanche d’émotions.<br />

Même la presse locale se laisse attendrir!<br />

Alors que les Haïtiens devraient redoubler<br />

de vigilance.<br />

La « valse des canards » est<br />

ouverte dès la prise en charge de la<br />

« présidence » provisoire par l’équipe<br />

privertienne. Fanfan la Tulipe dirait<br />

peut-être, avec l’humour qu’on lui<br />

connaît : « Trois fois passera, c’est la<br />

dernière qui restera… » Haïti est pauvre<br />

en blé, soja, riz, haricot, maïs, patate.<br />

Mais riche en aspirants « présidents » et<br />

« premiers ministres »!<br />

Il ne faut pas l’ignorer<br />

La République d’Haïti est sur le point<br />

d’exploser. Nous sommes revenus au<br />

temps sombre et douloureux qui chevauche<br />

l’univers fictif du grand romancier<br />

Jacques Roumain dans Gouverneurs<br />

de la rosée: « Avant on ne<br />

faisait qu’une seule famille. C’est fini<br />

maintenant. Chacun garde sa rancune<br />

et fourbit sa colère. Il y a nous et il y a<br />

les autres. Et entre les deux : le sang.<br />

On ne peut enjamber le sang ! »<br />

Le statut actuel d’Haïti déprise<br />

considérablement la somme des velléités<br />

de changement investie dans le mouvement<br />

insurrectionnel de février 1986<br />

pour éradiquer le césarisme. Après avoir<br />

exorcisé comme des derviches le démon<br />

de la dictature politique, le peuple haïtien<br />

soupire encore après la panacée<br />

qui doit être utilisée comme cautère pour<br />

aseptiser les plaies sociales. Des luttes<br />

intestines, des querelles de clan ont vrillé<br />

la sensibilité patriotique des héritiers de<br />

l’espace politique post duvaliérien. Les<br />

uns et les autres se sont révélés incapables<br />

de tracer les voies de l’avenir pour<br />

équilibrer et fortifier la marche titubante<br />

du pays. La République a perdu pied.<br />

Elle est en train de se noyer.<br />

Le climat social se fragilise étonnamment<br />

à Port-au-Prince. Deutsch a<br />

démontré que « Gouverner, c’est prévoir<br />

… »<br />

Le vicomte Louis de Bonald, de<br />

son côté, rappelle que la « fonction<br />

propre du pouvoir est d’ordonner et de<br />

décider. » Il suffit très souvent de la<br />

part d’un Chef d’État d’une simple erreur<br />

de jugement et d’appréciation pour<br />

provoquer, comme Louis XVI, dans le<br />

corps social, la confusion et le désordre<br />

qui conduisent tout droit au désastre politique.<br />

Dans son ouvrage intitulé Politique<br />

systématique, Althusius explique<br />

le sens de la souveraineté et de la légitimité<br />

: « La politique est l’art d’associer<br />

les hommes pour l’établissement,<br />

la direction et la conservation de la vie<br />

sociale. La souveraineté appartient à la<br />

communauté et non à son chef. »<br />

Les mandataires sont donc liés<br />

par contrats à leurs mandants. Cette<br />

thèse implique le droit à la rébellion,<br />

à la révolte, à l’insurrection lorsque le<br />

« Prince » viole la Charte constitutionnelle.<br />

Dans le sens des philosophes<br />

politiques du 15 ème siècle, particulièrement<br />

de l’auteur du célèbre Le Léviathan,<br />

Thomas Hobbes, les couches<br />

encore saines de la population doivent<br />

apprendre à se protéger et à se défendre<br />

contre les germes pathogènes qui alimentent<br />

en souffrances et en désespoirs<br />

les cellules les plus vulnérables de la<br />

société haïtienne. L’autorité de l’État<br />

vient de chaque citoyen en particulier.<br />

C’est un acte volontaire résultant de la<br />

suite à la page(16)<br />

Justice pour Francky ALTINEUS!!!<br />

Bienvenido bandidos!<br />

Combien de temps passeront-ils à appeler Don Kato et Jacques Sauveur<br />

Jean “Honorable Sénateur” ?<br />

Par Perrin Dutreuil<br />

L<br />

’écrivain Lyonel Trouillot a publié<br />

dans Le Nouvelliste du mardi 16 février<br />

dernier un article intitulé “Adios<br />

amigo”. Ce texte m’a poussé à réfléchir<br />

de façon plus approfondie sur le paysage<br />

politique haïtien. Effectivement,<br />

à part les acolytes, les profiteurs et les<br />

autres bandits de ce pouvoir corrompu,<br />

tout le monde se réjouit du départ de<br />

Joseph Michel Martelly, le vaurien le<br />

plus parfait qu’ait engendré notre sol<br />

si fertile en hommes de belle parure<br />

morale et intellectuelle. Cependant, à<br />

mon humble sens, se mettre à sabler<br />

le champagne pour saluer le départ de<br />

ce brigand, c’est, selon moi, voir les<br />

choses de façon un peu simpliste. Car<br />

si le pouvoir exécutif se trouve allégé<br />

(momentanément) d’un quidam, au niveau<br />

du pouvoir législatif, la présence<br />

de bandits de tout acabit, de déchets<br />

toxiques sévit encore et dégage une<br />

odeur nauséabonde et nocive dans<br />

l’une des branches du pouvoir, donc à<br />

travers nos dix départements géographiques.<br />

Je me demande également pourquoi<br />

Lyonel Trouillot a-t-il attendu le<br />

départ de Martelly pour manifester ouvertement<br />

son dédain et sa désapprobation<br />

de la façon dont cet énergumène<br />

avait conduit la chose publique haïtienne.<br />

Selon moi, l’auteur de “ La Belle<br />

amour humaine” aurait fait un meilleur<br />

travail s’il avait utilisé cette même<br />

plume pour critiquer ouvertement Michel<br />

Martelly, sans écrire des phrases<br />

“ en daki” pendant que cette fripouille<br />

sans vergogne menaçait le prestige<br />

et l’avenir de la nation. Car tout au<br />

cours de son passage au pouvoir, Michel<br />

Martelly, en suivant fidèlement le<br />

conseil du Mgr Louis Kébreau, archevêque<br />

du Cap-Haïtien, n’avait jamais<br />

oublié d’enfiler sa défroque de Sweet<br />

Micky pour diriger Haïti.<br />

Selon moi, l’article de Lyonel<br />

Trouillot aurait eu une valeur s’il avait<br />

dénoncé de façon aussi ouverte les dérives<br />

obscènes dont Michel Martelly a<br />

fait montre dans le pays depuis le début<br />

des années 1990.C’est, d’ailleurs, le silence<br />

et la lâcheté de certains de nos<br />

intellectuels et le caractère opportuniste<br />

des politiciens traditionnels haïtiens qui<br />

ont montré le chemin du Palais national<br />

à un “bandit légal” comme Michel<br />

Martelly et la voie du Parlement haïtien<br />

à des détritus, des ignorants et gangsters<br />

qui dirigent aujourd’hui la nation<br />

haïtienne.<br />

En effet, Michel Martelly se livre<br />

à des pratiques immorales dans le pays<br />

depuis au moins 25 ans, allant jusqu’à<br />

descendre son pantalon sur scène et à<br />

insérer des mots grivois dans ses morceaux,<br />

ce depuis le premier jour qu’il<br />

s’est lancé dans la musique haïtienne.<br />

Pas un seul intellectuel haïtien ne<br />

s’était alors armé de courage pour dénoncer<br />

clairement ce dévergondé à qui<br />

Coupé Cloué pouvait donner des leçons<br />

sur la morale. Pas un seul ne l’a fait!<br />

Pas même une seule fois! À cause de ce<br />

silence des intellectuels, des directeurs<br />

de média, des éditorialistes des grands<br />

journaux, dont l’un des rôles consiste<br />

à guider, à informer et à former la société<br />

et la jeunesse l’ont donc embrassé<br />

à leur insu même. Ils l’ont tellement<br />

embrassé que des associations professionnelles,<br />

tant à l’intérieur qu’à l’extérieur<br />

du pays, l’ont plus d’une fois<br />

invité pour animer leurs manifestations<br />

suite à la page(15)<br />

Nous, étudiant(e)s haitien(ne)s et<br />

ami(e)s brésilien(ne)s, à l’Université<br />

d’État de Campinas (UNI-<br />

CAMP)-Brésil, signataires de cette note<br />

de presse, sommes révolté(e)s, frustré(e)s,<br />

indigné(e)s, face à l’assassinat<br />

tragique et arbitraire de notre collègueami,<br />

Francky ALTINEUS (Licencié en<br />

Histoire et Géographie à l’Université<br />

d’État d’Haïti (UEH), Maître en Géographie<br />

à l’Université d’État de Campinas<br />

(UNICAMP) -Brésil).<br />

Après avoir décroché son diplôme<br />

de Maîtrise et pendant que le processus<br />

de son Doctorat était en cours à la<br />

même Université, il avait choisi d’apporter<br />

son appui au système éducatif de<br />

son pays. Comme récompense, à cause<br />

de l’instabilité politique en Haïti et en<br />

l’absence totale du respect des droits<br />

humains et des principes démocratiques<br />

tout au long de l’administration<br />

Martelly, Francky ALTINEUS a été<br />

lâchement assassiné par des malfrats<br />

en treillis militaires lors d’évènements<br />

survenus le 6 février <strong>2016</strong> à l’Arcahaie.<br />

Ce jour là, Francky se rendait<br />

dans le département de l’Artibonite pour<br />

dispenser des cours à l’Université Publique<br />

des Gonaïves quand ces malfrats<br />

en treillis militaires ont tiré dans toutes<br />

les directions, pillé une caisse populaire<br />

et mis le feu au sous-commissariat de<br />

la zone. Avant cet acte barbare, des<br />

Francky Altineus (1985-<strong>2016</strong>)<br />

hommes lourdement armés en habits<br />

militaires - qui se réclamaient des anciennes<br />

Forces Armées d’Haïti (FADH) -<br />

défilaient dans plusieurs villes du pays<br />

face à la passivité totale des autorités<br />

haïtiennes, selon les informations diffusées<br />

par des médias en Haïti. Ce cas,<br />

parmi tant d’autres, explique pourquoi<br />

beaucoup d’haïtien(ne)s formé(e)s ne<br />

veulent pas se risquer à aller en Haïti,<br />

alors que le pays a tant besoin d’eux.<br />

D’abord, nous présentons nos<br />

sincères condoléances à la famille du<br />

très regretté Francky ALTINEUS, à ses<br />

proches, ses collaborateur (trice)s et ses<br />

ami(e)s. Nos sympathies s’adressent<br />

aussi aux familles des autres personnes<br />

frappées par cet acte de barbarie.<br />

Ainsi, nous ne pouvons ne pas<br />

exiger que la lumière soit faite sur cet<br />

énième cas qui continue à endeuiller<br />

notre société quand nous savons<br />

pertinemment que celui-ci n’entre pas<br />

dans le cadre de l’insécurité généralisée,<br />

mais celui d’un désordre gouvernemental.<br />

En ce sens, nous exigeons<br />

justice et réparation pour la famille de<br />

Francky et celle des autres victimes du<br />

même acte inhumain, et que les auteurs<br />

et co-auteurs soient poursuivis et condamnés<br />

selon la loi.<br />

Enfin, pour nous, étudiant(e)<br />

s haitien(ne)s et ami(e)s brésilien(ne)<br />

s à l’Université d’État de Campinas<br />

(UNICAMP)-Brésil, ce cas regrettable<br />

et révoltant ne va pas nous faire reculer<br />

dans la lutte pour une Haïti meilleure.<br />

Voilà pourquoi nous exigeons<br />

aux autorités judiciaires d’ouvrir une<br />

enquête en urgence sur ce cas et de<br />

prendre toutes les mesures nécessaires<br />

et adéquates pour punir les coupables.<br />

Nous exhortons également aux autorités<br />

concernées du pays de prendre<br />

toutes les mesures pour garantir les<br />

droits et la sécurité de tous les citoyens.<br />

Signataires:<br />

1. Dieumettre JEAN, Licencié en<br />

Lettres-Portugaises et Étudiant en<br />

Études Littéraires.<br />

2. Johny HILAIRE, Licencié en Philosophie,<br />

Diplômé en Anglais et Maîtrise<br />

en Administration Publique.<br />

3. Berno LOGIS, Licencié en Histoire.<br />

4. Frantz Rousseau DEUS, Licencié en<br />

Sciences Sociales, Licencié en Sciences<br />

Politiques et Étudiant en Sociologie.<br />

5. André PELIZARIO, Étudiant en<br />

Sciences Sociales.<br />

6. Fernando Antonio DA SILVA, Doctorant<br />

en Géographie.<br />

7. Fernanda LEMOS, Doctorante en<br />

Sciences de l’Éducation.<br />

8. Ismane DESROSIERS, Étudiant en<br />

Géographie.<br />

9. Wesner SAINT-JUSTE, Étudiant en<br />

Linguistique.<br />

10. Tomy FÉLIXON, Étudiant en<br />

Mathématiques.<br />

11. Aristide STÉNIO, Étudiant en<br />

Physique.<br />

12. Miseline CAZENEUVE, Licenciée<br />

en Sciences de l’Éducation.<br />

13. Genevieve CHERY, Licenciée en<br />

Sciences de l’Éducation.<br />

14. Velna BOUZI, Licenciée en<br />

Sciences de l’Éducation.<br />

15. Oreste ST. BRICE, Licencié en<br />

Sciences de l’Éducation.<br />

16. Jn Renel FRANÇOIS, Maîtrise en<br />

Mathématiques<br />

17. Josaphat DESBAT, Étudiant en<br />

Génie Électrique.<br />

18. Joël VILTUS, Étudiant en Géologie.<br />

19. Sudly Amonsen Raphael SAINTIL,<br />

Étudiant en Linguistique<br />

20. Jean Erzind BRISSON, Étudiant en<br />

Physique.<br />

21. Joseph Enock PLACIDE, Maîtrise<br />

en Sociologie.<br />

22. Kelan JEAN LOUIS, Étudiant en<br />

Pédagogie.<br />

23. Philemon DELVA, Étudiant en<br />

Génie Informatique.<br />

24. Guerby SAINTE, Étudiant en<br />

Géographie.<br />

25. Berhman GARÇON, Maîtrise en<br />

Anthropologie.<br />

26. Marie Claire GARRAUD, Maîtrise<br />

en Sciences Infirmières.<br />

27. Johnny ALOUIZOR, Étudiant en<br />

Statistiques.<br />

28. Nouze VOLCIMUS, Étudiante en<br />

Sciences Infirmières.<br />

29. Ana Elisa BERSANI, Doctorante en<br />

Anthropologie Sociale.<br />

30. Ricardo CASTILLO, Docteur en<br />

Géographie, Prof à l’Université de<br />

Campinas, (Orienteur de Francky<br />

ALTINEUS en Maîtrise).<br />

31. Vagner CHARLES, Maître en<br />

Sciences de l’Éducation.<br />

Fait à Campinas/São Paulo/ Brésil,<br />

le 18 fév. <strong>2016</strong><br />

Contacts: lesaged18@yahoo.fr<br />

Tél:+(55)19993659143<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

7


Perspectives<br />

1915–2015 : Cent ans de régime<br />

d’occupation, d’ingérence impérialiste et de<br />

résistance populaire en Haïti ! 3 ème partie et fin<br />

Origine et justification du<br />

racisme aux États-Unis<br />

Par Tontongi<br />

L’éthique minimum d’un État de<br />

droit<br />

Ceux-là qui jouaient la carte de la couleur<br />

de la peau pour espérer un miracle<br />

de Barack Obama peuvent bien déchanter<br />

aujourd’hui. Le département d’État<br />

étatsunien est toujours sous l’envoûtement<br />

de Hillary Clinton et de son très<br />

influent mari Bill Clinton, s’agissant de<br />

la politique haïtienne des États-Unis. Les<br />

intérêts étatsuniens s’accommoderont<br />

de tout gouvernement haïtien qui respecte<br />

le statu quo impérial et accepte de<br />

jouer le jeu. Les « intérêts » étatsuniens<br />

changent d’accentuation dépendant<br />

des conjonctures politiques, mais leur<br />

nature néocolonialiste perdure. La sorte<br />

de synergie qui existe aujourd’hui entre,<br />

d’une part, les intérêts privés et officiels<br />

étatsuniens, et, d’autre part, les intérêts<br />

des milieux d’affaires et de l’autoritarisme<br />

rapacitaire de l’État haïtien, est bien inquiétante<br />

pour nous autres qui voulons<br />

fonder un État de droit en Haïti, c’est-àdire<br />

un État basé non pas sur le droit du<br />

plus fort ou des classes dominantes, mais<br />

un État guidé par le principe des droits<br />

égaux entre toutes les composantes sociales,<br />

démographiques, et entre tous les<br />

individus de la nation haïtienne.<br />

Pour sortir de l’enveloppement<br />

où nous nous sommes engloutis, il faut<br />

nommer l’éléphant innommé du salon :<br />

le semblant d’incapacité des Haïtiens à<br />

se gouverner rationnellement sans tomber<br />

de crise en crise. La rationalité du<br />

méchant colon impérialiste est bien raisonnable<br />

dans le fait qu’il existe bel et<br />

bien des gouvernements puissants qui<br />

veulent continuer à contrôler Haïti, mais<br />

il faut reconnaître que cette rationalité devient<br />

bien usée après plus de deux siècles<br />

d’usage et que nous pouvons reformuler<br />

la question en nous demandant, si tel<br />

est le cas, pourquoi ne concevons-nous<br />

pas un meilleur rempart contre les velléités<br />

impérialistes et pourquoi ne pas leur<br />

opposer une résistance et un mode d’agir<br />

plus ordonnés, plus disciplinés, plus rationnels<br />

?<br />

Pour mette sur pied en Haïti un projet<br />

politique qui dure, il faut en déployer<br />

une discipline systématique à la fois dans<br />

sa conception, sa matérialisation et son<br />

application. Votre place est peut-être loin<br />

de la chose publique si vous acceptez<br />

le précepte opératif combien nuisible de<br />

la classe politique traditionnelle qui dit<br />

« ôte-toi que je m’y mette ». Si vous licenciez<br />

des hommes et femmes conséquents<br />

dans l’administration de l’État parce que<br />

vous voulez les remplacer par vos sbires<br />

à vous ; si vous devenez riche parce que<br />

vous détournez les fonds de l’État vers<br />

votre propre compte bancaire personnel<br />

; si vous manipulez les institutions de<br />

l’État ou commettez un crime punissable<br />

sévèrement, votre place est dans la prison,<br />

pas dans les affaires de l’État. C’est<br />

une éthique de la responsabilité civique<br />

dans l’administration de l’État qui doit<br />

être obligée à tout prétendant ou titulaire<br />

d’une fonction publique.<br />

Aux États-Unis les modalités d’acquisition<br />

de la richesse personnelle ont<br />

cette logique viciée qu’elles ne sont criminelles<br />

que parce que elles sont légales.<br />

Vous pouvez voler l’État, on suggère,<br />

mais faites-le légalement. Même ce minimum<br />

légaliste est inexistant en Haïti<br />

où l’action du chef (et de ses acolytes<br />

au pouvoir) transcende toute notion de<br />

légalité. N’en soyez pas dupe cependant,<br />

car même quand elles sont « légales », les<br />

rapacités, les outrances et les duplicités<br />

du système capitaliste, à en juger par les<br />

malheurs qu’elles causent parmi les populations<br />

concernées, n’en restent pas<br />

moins criminelles.<br />

Nous préconisons un effort collectif<br />

pour faire autrement en Haïti, parce que<br />

nous pensons que les mêmes recettes<br />

produiront toujours les mêmes mets et<br />

qu’il faut pour Haïti une autre manière de<br />

poursuivre sa vision d’une nation libérée<br />

des entraves colonialistes.<br />

Oui, Haïti a besoin d’une stratégie<br />

politique réfléchie et appliquée pour ouvrir<br />

la voie au changement. Le prochain<br />

gouvernement haïtien doit encourager le<br />

respect des institutions étatiques et l’esprit<br />

de contribution constructive dans un État<br />

de droit. C’est peut-être difficile de concilier<br />

le positivisme, Montesquieu, Rousseau,<br />

Dessalines, Marx et Charlemagne<br />

Péralte dans un projet de libération nationale,<br />

mais pourquoi pas l’essayer, ne serait-ce<br />

que pour refaire l’histoire, encore<br />

une fois.<br />

Le créole haïtien comme facteur de<br />

développement<br />

Haïti, comparée à beaucoup d’autres<br />

pays du monde, a un grand avantage<br />

sur le plan de la production artistique et<br />

intellectuelle, particulièrement dans la<br />

production de la peinture, la musique,<br />

la poterie, la littérature en général. L’homogénéité<br />

linguistique haïtienne par le<br />

créole—à peu près 99% des Haïtiens parlent<br />

le créole—est aussi un atout d’une<br />

grande importance stratégique. Le grand<br />

défi c’est de renverser le paradigme francophile<br />

érigé comme obstacle à l’épanouissement<br />

de la langue nationale, le créole,<br />

posée comme menace à l’hégémonie du<br />

français.<br />

C’est dans cette perspective qu’on<br />

doit voir la visite de François Hollande<br />

les 10 et 12 mai 2015 dans la Caraïbe<br />

« francophone », Guadeloupe et Haïti<br />

en particulier. Comme je le dis ailleurs,<br />

les empires sont autant linguistiques et<br />

culturels que politiques, économiques et<br />

militaires. La perte d’influence et de relevance<br />

(pertinence) du français par<br />

rapport à l’anglais a causé beaucoup<br />

d’inquiétudes dans l’establishment<br />

intellectuel de la France ces dernières<br />

années. En effet, la France a du mal à<br />

accepter que la francité n’est plus le<br />

référent universel qu’elle fut durant<br />

toute la période qui suit le déclin du latin<br />

dans les empires et centres de pouvoir<br />

européens (une hégémonie qui s’affirme<br />

à partir du xvii e siècle, passant par le<br />

siècle des Lumières jusqu’à la moitié<br />

du xx e siècle).<br />

L’offensive de charme de la<br />

France, manifestée tour à tour dans l’engagement<br />

continuel que poursuit son<br />

président, François Hollande, avec le président<br />

haïtien, Michel Martelly — lequel<br />

il a rencontré trois fois au cours d’une<br />

période de trois années —, dans l’élection<br />

du Canado-Haïtien Dany Laferrière à<br />

l’Académie française, et dans celle d’une<br />

autre Canado-Haïtienne, Michaelle Jean,<br />

comme secrétaire générale de l’Organisation<br />

internationale de la francophonie<br />

(OIF), témoigne de la volonté de la<br />

France d’influencer la politique culturelle<br />

d’Haïti comme elle a toujours fait. Pour<br />

elle, ce n’est pas assez de concocter un<br />

régime hybride, anti-démocratique, il<br />

faut contrôler aussi les esprits. L’importance<br />

stratégique d’Haïti en tant qu’à la<br />

fois symbole de la résistance des peuples<br />

opprimés et centre de production intellectuelle<br />

pour la marque « francophone »<br />

constitue un atout d’envergure pour la<br />

francité. Ainsi, face à la perte d’influence<br />

géopolitique de la France par rapport à<br />

l’omnipotence étatsunienne et l’émergence<br />

d’autres centres de pouvoir à ambition<br />

géostratégique globale comme la<br />

Chine, le Brésil, l’Inde, l’Allemagne, etc.,<br />

et face aussi à sa faiblesse au niveau de<br />

la compétition économique globale, la<br />

France essaie de compenser par le développement<br />

de son avantage au niveau<br />

politique et culturel dans les pays à appellation<br />

« francophone » comme la Guadeloupe,<br />

la Martinique, le Sénégal, Haïti,<br />

Québec (Canada), etc. Influencer par la<br />

culture des espaces si lointains, c’est aussi<br />

projeter de la puissance.<br />

En fait, comme je l’ai dit comme<br />

avertissement dans un texte sur l’élection<br />

de Dany Laferrière à l’Académie<br />

française (9), la France voit l’évolution<br />

épistémique du créole haïtien en tant que<br />

langue légitime comme une menace à<br />

l’hégémonie traditionnelle de la langue<br />

et de la culture françaises. Et c’est bien<br />

compréhensible, car qui voudrait volontairement<br />

supprimer ses propres privilèges<br />

?<br />

Dans le cas spécifique de la disparité<br />

linguistique en Haïti, les privilèges<br />

des élites francophones sont légion et<br />

ils ne sont pas uniquement d’ordre linguistique,<br />

parce que l’exclu au niveau<br />

de la langue et de la culture, l’est aussi<br />

au niveau socio-économique : c’est une<br />

totalité traumatique qui dérange profondément<br />

à la fois son confort matériel, son<br />

entendement et son sens de lui-même.<br />

Le créole haïtien est-il un facteur<br />

de développement ? Oui, il l’est, parce<br />

que si l’État haïtien vient à décréter, avec<br />

le soutien de la nation, le créole haïtien<br />

comme langue nationale de fonctionnement<br />

et offre des ressources concrètes<br />

pour matérialiser ce choix, il aura du<br />

coup suscité un processus biopolitique<br />

qui aidera le pays à réapproprier sa<br />

propre vision culturelle, son propre sens<br />

de son identité, voire sa propre destinée,<br />

et aussi reprendre le contrôle de l’essor<br />

productif et affirmatif que tout État souverain<br />

a droit de se prévaloir.<br />

Le long travail de sape zombificateur<br />

de notre entendement opéré<br />

par le colonisateur a été si parfait que<br />

nous sommes arrivés à non seulement<br />

accepter ses prémisses et présupposés<br />

dépersonnalisants, mais aussi les glorifier<br />

au dépens de nos propres valeurs<br />

et compétences. Les occupants étatsuniens<br />

s’étaient bien amusés des fausses<br />

préciosités de la bourgeoisie haïtienne,<br />

semi-francophone et francophile, qui se<br />

sentait supérieure à la fois de ses frères<br />

et sœurs de race et des occupants euxmêmes.<br />

Le scandaleux n’était pas là<br />

pourtant. Le scandaleux, mais qui n’a<br />

jamais fait scandale, c’est que ces mêmes<br />

milieux qui feignaient élever leur francité<br />

comme un gage d’honneur n’avaient<br />

aucun scrupule à s’allier aux occupants<br />

et avec leurs complices locaux quand il<br />

s’agissait d’exploiter le peuple.<br />

La langue maternelle de l’opprimé<br />

devient facteur d’affirmation de soi et de<br />

développement quand celui-ci se l’approprie<br />

et en fait un symbole de fierté, une<br />

marque d’honneur. Facteur de développement<br />

parce que, surtout, la langue maternelle<br />

est un grand médium d’acquisition<br />

de la connaissance, elle-même source de<br />

découverte et d’épanouissement. On a<br />

souvent fait valoir l’opinion que le créole<br />

haïtien, qui est parlé par « seulement » 12<br />

à 15 millions d’Haïtiens, pourrait nous<br />

isoler du monde, comparé à la langue<br />

française, langue internationale, parlée<br />

par plus d’une centaine de millions de<br />

personnes. Cette opinion a continué une<br />

erreur qui identifie le nombre de parlants<br />

d’une langue à la possibilité ou l’avantage<br />

de développement, alors qu’il est<br />

prouvé qu’un pays à moindre démographie<br />

parlant une langue minoritaire (au<br />

concert des nations) peut avoir un niveau<br />

de développement comparativement supérieur<br />

à des pays à plus forte population<br />

parlant une langue démographiquement<br />

plus étendue (ex. le Danemark comparé<br />

au Mexique).<br />

L’Haïtien est fier de son indépendance,<br />

obtenue au prix du sang ; mais<br />

la majorité d’entre eux ont honte, même<br />

aujourd’hui encore, de leur langue maternelle<br />

qu’ils considèrent comme un « patois<br />

», une langue moindre, préférant et<br />

utilisant souvent uniquement le français<br />

dans ce qu’ils estiment être des occasions<br />

suite à la page(14)<br />

Par Jacques Elie Leblanc<br />

Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines<br />

Hommage à tous les noirs qui ont lutté<br />

et sacrifié leurs vies pour mettre fin<br />

au racisme qui déchire les fibres les plus<br />

intime de l’humanité, notamment : Jean-<br />

Jacques Dessalines, Toussaint Louverture,<br />

Martin Luther King, et Malcon X.<br />

«… L’historien Ray Arsenaut a<br />

dit une fois que les Américains vivent<br />

selon ‘’ une conception mythique de ce<br />

qu’ils pensent est arrivé ’’ dans le passé.<br />

Et alors que les systèmes scolaires, sous<br />

la pression des commissions scolaires<br />

conservatrices, s’éloignent de l’enseignement<br />

de ce qui embarrasse l’image que<br />

la nation a d’elle-même, alors qu’on interdit<br />

les cours d’études ethniques , alors<br />

que les manuels scolaires sont épurés de<br />

vérités douloureusement gênantes, alors<br />

qu’on impose des normes exigeant l’enseignement<br />

des seuls aspects positifs » de<br />

l’histoire américaine, nous trouvons que<br />

ces conceptions mythiques empiètent sur<br />

la réalité de façon troublante » (Miami<br />

Herald 17/01/16 [traduction de la rédaction].<br />

L’histoire nous apprend que les racistes<br />

ont toujours trouvé un terrain fertile<br />

dans les pays où les milieux dirigeants<br />

s’engageaient sur la voie de l’expansion<br />

impérialiste.<br />

Les peuples du monde n’oublieront<br />

jamais la politique de haine des hitlériens<br />

basée sur le délire racial des Allemands qui<br />

se prenaient pour une race de seigneurs<br />

appelée a asservir l’humanité par le fer et<br />

le feu. Les sociologues américains attisant<br />

le racisme aux U.S.A. (Etats-Unis) exécutent<br />

ainsi les directives précises de leur<br />

patron, les magnats de Wall Street. Le but<br />

de tous les écrits fascistes aux Etats-Unis,<br />

est d’inculquer au peuple américain la<br />

certitude qu’il est naturellement appelé à<br />

dominer le monde.<br />

La Supériorité Raciale des<br />

Américains<br />

Les nombreux ouvrages de ce raciste avéré,<br />

le professeur d’université Yale G. Fairchild,<br />

se réfèrent constamment “au peuple<br />

américain élu”, notamment son livre “La<br />

race et la nationalité - facteurs de la vie<br />

américaine”, publié à New York en 1947.<br />

Ce raciste affirme que tout immigrant aux<br />

Etats-Unis est immédiatement soumis<br />

au processus bienfaisant de l’américanisation,<br />

c’est-à-dire l’assimilation des valeurs<br />

spirituelles américaines. Fairchild nie<br />

tout simplement l’influence culturelle des<br />

autres peuples en désignant par “valeurs<br />

spirituelles” l’idéologie réactionnaire qui<br />

règne aux Etats-Unis. L’influence bienfaisante<br />

de la culture américaine se manifeste,<br />

dit-il “par l’existence d’un type racial<br />

aux qualités exceptionnelles”. C’est un<br />

type aux caractéristiques supérieures : un<br />

mélange anglo-américain. Ces propos sur<br />

la culture et la race témoignent d’un esprit<br />

raciste et ne se distinguent en rien des élucubrations<br />

des racistes hitlériens exaltant<br />

“le peuple des seigneurs et brimant les esclaves”.<br />

La réalité américaine nous révèle<br />

à chaque pas la nature de cette “culture”<br />

que préconisent ceux qui se considèrent<br />

comme les représentants d’une race supérieure.<br />

Récemment la presse américaine<br />

a annoncé une recrudescence de la campagne<br />

anti-nègre menée par l’organisation<br />

fasciste Ku Klux Klan et comme l’écrivait<br />

un journal américain : « Mais cette nouvelle<br />

terrorise les nègres qui ont été plus<br />

d’une fois les témoins des lynchages » .<br />

Le professeur Fairchild en arrive à<br />

justifier pleinement ces crimes répugnants<br />

des réactionnaires américains en répétant<br />

sans cesse dans des ouvrages “scientifiques”<br />

que les « dissensions ethniques<br />

sont tout à fait naturelles, universelles et<br />

justifiées du point de vue scientifique ;<br />

elles constituent vraisemblablement une<br />

donnée “bienfaisante” dans la vie de l’humanité.”<br />

Qu’est ce là sinon un appel à la persécution<br />

des minorités nationales au nom<br />

de la race supérieure?<br />

Le programme de ces massacreurs<br />

contemporains a été exposé avec le plus<br />

de clarté dans le livre du réactionnaire<br />

Bilbo, intitulé : “Choisissez entre la personnalité<br />

et le métissage” publié à New<br />

York en 1947. Ce livre, comme celui de<br />

Fairchild est en quelque sorte le testament<br />

de Bilbo aux gardiens de la pureté de la<br />

race américaine.<br />

Sous une forme primitive, Bilbo<br />

reprend la théorie de l’inégalité des races<br />

exposée dans les œuvres d’autres racistes.<br />

Venant à la conclusion que “l’unique solution<br />

du problème racial est l’individualisation<br />

physique des races”, il en appelle à<br />

une discrimination raciale poussée, à l’interdiction<br />

des mariages mixtes, à l’individualisation<br />

des groupes nationaux, allant<br />

jusqu’à l’expulsion forcée des minorités<br />

nationales.<br />

Parallèlement à ces élucubrations<br />

fascistes, les œuvres des sociologues<br />

américains contemporains jouent un<br />

rôle important dans la déformation de<br />

la conscience du peuple par leur théorie<br />

d’une super-race américaine.<br />

A titre d’exemple citons le livre de<br />

Huntington “Les sources de la civilisation”<br />

publié a New York en 1945. Les six<br />

cents pages de cette œuvre sont saturées<br />

de raisonnement pseudo-scientifiques, de<br />

statistiques spécialement choisies et de citations<br />

destinées à convaincre le lecteur du<br />

rôle exceptionnel et de la mission civilisatrice<br />

des peuples d’origine anglo-saxonne<br />

en général et des Etats-Unis en particulier.<br />

A cette fin, Huntington fait appel à la géographie<br />

physique et déforme totalement la<br />

théorie de la sélection naturelle.<br />

Cherchant à justifier l’hégémonie<br />

des Etats-Unis sur le monde entier,<br />

Huntington affirme gravement que “les<br />

Etats-Unis jouissent du climat le plus stimulant<br />

dans le monde”. Cet élément selon<br />

lui contribue non seulement à de bonnes<br />

récoltes de coton et de maïs, mais exerce<br />

une action bienfaisante sur l’évolution de<br />

la race des surhommes américains.<br />

Le caractère raciste des recherches<br />

de Huntington devient particulièrement<br />

apparent quand il expose ses conclusions<br />

sur la vitalité comparée des nations. De<br />

nombreuses statistiques donnant des indices<br />

socialo-économiques tendancieux<br />

et falsifiés mettent partout au premier<br />

rang, les Etats-Unis, l’Angleterre et les<br />

suite à la page(18)<br />

8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


This Week in <strong>Haiti</strong><br />

While Installing Reactionaries:<br />

Privert Does Nothing to<br />

Meet Popular Demands<br />

State Department vs. “Will of the<br />

<strong>Haiti</strong>an People” in <strong>Haiti</strong>’s Elections<br />

Edouardo Edouard/Haïti Liberté<br />

Daniel Tercier/Haïti Liberté<br />

Interim President Jocelerme Privert gave his first press<br />

conference on Feb. 19<br />

by Yves Pierre-Louis<br />

week after the promise-filled installation<br />

of the Senate’s ex-president<br />

A<br />

in the National Palace as <strong>Haiti</strong>’s provisional<br />

president, Jocelerme Privert has<br />

taken no initiatives and is integrating<br />

reactionaries into key posts in his government.<br />

Does Privert have the political will<br />

to bring a solution to the political crisis<br />

that has torn <strong>Haiti</strong>an society’s fabric<br />

since the kidnapping-coup of Feb. 29,<br />

2004? Can he withstand the pressure of<br />

the U.S.-led “Core Group,” of the reactionary<br />

oligarchy and its “civil society”<br />

collaborators, of the neo-Duvalierists<br />

and neo-putschist to provide a viable<br />

solution to the <strong>Haiti</strong>an people’s demands<br />

for justice and democracy? After more<br />

than ten days in the National Palace,<br />

Privert has passed each day in meetings,<br />

just passing time, without having taken<br />

any concrete steps to win the people’s<br />

trust.<br />

He still has not appointed a new<br />

Prime Minister, which should be his top<br />

priority. He reported on his work during<br />

his first five days at the National Palace<br />

in a press briefing last on Fri., Feb. 19,<br />

during which he told of the government’s<br />

dire economic situation. He took<br />

more than a week to talk to political<br />

leaders, businessmen, civil society, human<br />

rights groups, and even some from<br />

<strong>Haiti</strong>’s popular organizations. But nothing<br />

concrete has been done. No changes<br />

have yet been made in the government.<br />

The criminals of the neo-Duvalierist<br />

Martelly regime and all those who<br />

squander state funds have become increasingly<br />

arrogant in front of everyone.<br />

They continue to kill, steal, loot, and<br />

empty the state’s coffers.<br />

One of the interim president’s<br />

most controversial acts has been to<br />

appoint two arch-reactionary general<br />

secretaries at the National Palace: Anthony<br />

Barbier, a notorious supporter of<br />

the 2004 coup and third highest ranking<br />

leader of businessman André Apaid’s<br />

“Group 184,” and Rony Gilot, an<br />

infamous official in and ideologue of the<br />

Duvalier dictatorship.<br />

Anthony Barbier was one of the<br />

most vocal champions of an international<br />

boycott against <strong>Haiti</strong>’s 2004 bicentennial<br />

celebrations. The “Group of 184”<br />

was a political destabilization force, fabricated<br />

with support of the U.S., France,<br />

and Canada in the lead-up to the 2004<br />

coup. It was financed by international<br />

mafia networks, including the CIA.<br />

Rony Gilot was a former spy at<br />

the State University’s Faculty of Medicine<br />

with his colleague Roger Lafontant,<br />

who later became the Tonton Macoute<br />

paramilitary force’s chief. They and<br />

others infiltrated, undermined, coopted,<br />

and dispersed the students’ democratic<br />

struggle. Gilot is deeply responsible for<br />

and identified with many of the crimes<br />

committed during the bloody Duvalier<br />

dictatorship. He has even asked his<br />

colleagues, Duvalierist torturers and assassins<br />

like former police chief Franck<br />

Romain, to attend meetings under the<br />

label of a business group called “<strong>Haiti</strong><br />

Chérie.” These meetings with notorious<br />

Duvalierist criminals are a strategy to<br />

facilitate the return of reactionary and<br />

retrograde forces into the political arena<br />

once more.<br />

Meanwhile, the people of the<br />

upper Artibonite Valley, particularly in<br />

Estère, are demonstrating for water and<br />

fertilizer so they can farm. Ravaged by<br />

cholera, over 2,000 <strong>Haiti</strong>ans and Dominicans<br />

of <strong>Haiti</strong>an descent expelled<br />

from the Dominican Republic have been<br />

abandoned and ignored in the southern<br />

border town of Anse-à-Pitres, without<br />

shelter, food, or water. Crime is in full<br />

swing around the country.<br />

Nothing has been done to respond<br />

to the <strong>Haiti</strong>an people’s demands, It<br />

should be noted that no provisions have<br />

yet been taken to meet the people’s demands,<br />

whether political, economic, or<br />

social. The <strong>Haiti</strong>an people have called<br />

for the annulment of the Aug. 9 and<br />

Oct. 25 elections, while opposition parties<br />

are still demanding an independent<br />

commission of inquiry to review the<br />

results from those pollings. The people<br />

also want an independent audit of<br />

how the Martelly regime conducted its<br />

finances during its five years in power,<br />

given the many reports and signs of<br />

widespread corruption. Furthermore, the<br />

people demand an improvement in the<br />

conditions of everyday life, a lowering<br />

of the cost of living, and other measures<br />

to create a safer environment as a crime<br />

wave terrorizes the nation.<br />

Faced with this situation, the <strong>Haiti</strong>an<br />

people will not stand idly by and<br />

will not obey the neo-cons. They are<br />

ready to repeat the uprising of Jan. 22,<br />

which brought the cancellation of the<br />

Jan. 24 elections.<br />

On Mon., Feb. 29, <strong>2016</strong>, the 12th<br />

anniversary of the kidnapping-coup<br />

against former President Jean-Bertrand<br />

Aristide, there will be major demonstrations<br />

demanding a transition that meets<br />

the people’s demands. Will the sluggish<br />

response of Privert, the intransigence<br />

of the leftover Martelly officials, the<br />

re-emergence of Duvalierist and putschist<br />

leaders in the government, push the<br />

masses to carry out a more thorough<br />

uprooting than has already occurred?<br />

by Nancy Young<br />

Close to 100 demonstrators protested in front of the U.S. Embassy in <strong>Haiti</strong> on Feb. 17 to demand that<br />

Washington keep its “Hands off Our Democracy.”<br />

There were two press conferences<br />

the day before the protest on Feb.<br />

18 against foreign interference in <strong>Haiti</strong>’s<br />

elections and democracy.<br />

One was held in person at the<br />

International Lawyer’s Office (Bureau<br />

des Avocats Internationaux) in Portau-Prince,<br />

the other by teleconference<br />

by the U.S. State Department.<br />

At the BAI press conference,<br />

Mario Joseph told about 30 <strong>Haiti</strong>an<br />

journalists how the foreign occupation<br />

of <strong>Haiti</strong> and the obstruction of a truly<br />

inclusive democracy had brought<br />

poverty and hunger to the country.<br />

David Oxygène of MOLEGHAF, a<br />

<strong>Haiti</strong>an pro-democracy group, condemned<br />

the “neoliberal transition”<br />

and said that because of the foreign<br />

occupation of the country, <strong>Haiti</strong> has a<br />

history of slavery and sharecropping,<br />

of cholera and coups d’état.<br />

Both Joseph and Oxygène said<br />

the foreign interference in their country’s<br />

democracy must end and so<br />

there would be another protest the<br />

following day, the fourth one this<br />

year, at the U.S. Embassy in Port-au-<br />

Prince.<br />

The same day as the press conference<br />

at BAI, Kenneth Merten, the<br />

U.S. State Department’s Special Coordinator<br />

for <strong>Haiti</strong>, told a different story.<br />

“As one of <strong>Haiti</strong>’s many international<br />

partners, the role of the U.S. is<br />

to support and strengthen democracy<br />

in <strong>Haiti</strong>,” Merten told reporters at his<br />

Feb. 17 teleconference. “And we’ve<br />

been active in doing that in many different<br />

ways for over 30 years.”<br />

Merten stressed, repeatedly,<br />

that the U.S. wanted elections and democracy<br />

in <strong>Haiti</strong> that reflect “the will<br />

of the <strong>Haiti</strong>an people.”<br />

But, when a reporter asked him<br />

about the possibility that <strong>Haiti</strong>ans<br />

might choose presidential candidates<br />

other than the two who were selected<br />

after the Oct. 25 election that was<br />

marred by massive fraud, Merten<br />

demurred. No, no, that was not his<br />

understanding of how things should<br />

go. No, no, that wouldn’t do at all. “I<br />

don’t think there is any expectation<br />

that the election will be opened up to<br />

more candidates,” he said.<br />

Will of the <strong>Haiti</strong>an people and<br />

all that, as long as it’s the will of the<br />

U.S. State Department – which is why<br />

Merten, in his own way, was also explaining<br />

why there would be another<br />

protest at the U.S. Embassy in Portau-Prince<br />

against foreign interference<br />

in <strong>Haiti</strong>’s elections and democracy.<br />

On the day of the protest, the<br />

people inside the U.S. Embassy in<br />

Port-au-Prince were protected by a<br />

line of police in riot gear who had<br />

nothing to do but stand there and<br />

be hot because they were facing off<br />

against peaceful, unarmed protesters,<br />

most wearing jeans and T-shirts.<br />

The people inside the U.S. Embassy<br />

might not have understood the<br />

chants of the protesters because they<br />

were in Kreyòl, but they could read<br />

the signs in English: “Down with Imperialism.<br />

Hands Off Our Democracy.<br />

<strong>Haiti</strong>an Votes Matter.”<br />

They will be seeing those signs<br />

again.<br />

The author is a volunteer with<br />

the Institute for Justice and Democracy<br />

in <strong>Haiti</strong> (IJDH). This article was<br />

first published on the <strong>Haiti</strong> Elections<br />

Blog.<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

9


10 ANS D’UN PROCESSUS DE CHANGEMENT EN BOLIVIE<br />

: UN REGARD GÉOPOLITIQUE<br />

Par Katu Arkonada*<br />

En un mois, la révolution démocratique<br />

et culturelle bolivienne va connaître des<br />

moments transcendantaux de son histoire<br />

récente. D’une part, les 21 et 22<br />

janvier a été célébré l’anniversaire de<br />

l’État plurinational ainsi que les 10 ans<br />

du processus de changement, et d’autre<br />

part, le 21 février un vote historique va<br />

avoir lieu et symbolisera la force de la<br />

nouvelle démocratie bolivienne face à la<br />

démocratie néolibérale obsolète.<br />

La Bolivie d’aujourd’hui apparaît comme<br />

une Bolivie des lumières, des exemples,<br />

des victoires et des optimismes<br />

et cela nous place dans une position<br />

stratégique. Nous devons pouvoir en<br />

profiter au sens collectif du terme. Il faut<br />

que cette reconnaissance de la Bolivie<br />

nous serve de tremplin pour une meilleure<br />

croissance économique, pour une<br />

présence et un leadership international<br />

tout en ayant en ligne de mire le thème<br />

de la mer.<br />

Álvaro García Linera<br />

21 janvier 2006<br />

Evo Morales Ayma est désigné<br />

Apu Mallku (chef) des peuples indigènes<br />

d’Amérique Latine au cours d’une cérémonie<br />

ancestrale à Tiwanaku. Le lendemain,<br />

il est investi Président de la<br />

République de Bolivie à l’Assemblée Législative.<br />

La même séquence se répétera<br />

respectivement les 21 et 22 janvier 2010<br />

et 2015, après que Morales ait déjà été<br />

élu Président de l’État plurinational de<br />

Bolivie.<br />

21 février <strong>2016</strong><br />

Le peuple bolivarien des 339<br />

communes, dont 11 autonomies autochtones<br />

rurales définitives ou en passe de<br />

l’être, formant les 9 départements du<br />

pays, décidera de manière souveraine<br />

et démocratique si la constitution pourra<br />

être réformée partiellement à l’occasion<br />

d’un référendum constitutionnel. Il s’agira<br />

de savoir si le Président Evo Morales<br />

et le vice-président Álvaro García Linera<br />

pourront être candidats à leur propre succession<br />

lors des élections générales de<br />

2019.<br />

Le référendum constitutionnel<br />

est probablement le vote le plus important<br />

auquel le processus de changement<br />

doit faire face depuis la première victoire<br />

d’Evo Morales et de son parti MAS-IPSP<br />

(NdT : Mouvement vers le socialisme –<br />

Instrument politique pour la souveraineté<br />

des peuples) en décembre 2005. L’enjeu<br />

est de taille et la droite bolivienne, qui a<br />

déjà réussi au sein de l’Assemblée constituante<br />

à « cadenasser » la réélection, a<br />

rejoint les rangs du non au référendum,<br />

dûment financée en cela par le Département<br />

d’État comme l’a récemment<br />

dénoncé (1) le vice-président Álvaro<br />

García Linera.<br />

C’est le vote le plus important car<br />

deux situations seront en jeu pour la<br />

première fois. En premier lieu, la possibilité<br />

que Evo Morales ne soit pas le candidat<br />

des majorités sociales et, en second<br />

lieu, que le processus d’approfondissement<br />

du changement soit menacé car, en<br />

cas de défaite du oui, le MAS-IPSP sera<br />

confronté à ce défi sans que son chef de<br />

file national ne soit Président de l’État<br />

plurinational.<br />

C’est que la figure d’Evo dépasse<br />

celle d’un chef de parti et d’un Président<br />

de la République. Elle cristallise les rêves<br />

et les aspirations des classes populaires<br />

et du mouvement indigène autochtone<br />

rural bolivien marginalisé par des siècles<br />

de colonisation. Evo synthétise les luttes<br />

anticoloniales initiées par Túpac Katari<br />

et Bartolina Sisa, mais aussi les combats<br />

anticapitalistes menés au cours des<br />

guerres de l’Eau et du Gaz.<br />

Evo possède dans son ajayu<br />

(l’esprit en langue aymara, une force<br />

qui allie les sentiments et la raison) un<br />

anti-impérialisme forgé dans les luttes<br />

qu’il a conduites contre la DEA (Drug<br />

Enforcement Administration, service<br />

fédéral américain de lutte contre le trafic<br />

de drogue, NdT) et l’USAID (United<br />

States Agency for International Development,<br />

agence du gouvernement américain<br />

en charge de l’humanitaire dans le<br />

monde, NdT) dans le Chapare, et contre<br />

l’ingérence de l’ambassade des États-<br />

Unis, ce qui l’amena à se faire expulser<br />

du Congrès auquel il siègeait en tant que<br />

député.<br />

Son anticolonialisme a fait de lui<br />

un leader international du mouvement<br />

syndical et rural pendant la campagne «<br />

500 ans de résistance indigène, noire et<br />

populaire » qui atteignit son sommet en<br />

1992, 500 ans après l’invasion de Notre<br />

Amérique ; et c’est à partir de cette campagne<br />

que la « Vía Campesina » (la voie<br />

paysanne, NdT) a vu le jour en 1993, au<br />

sein de laquelle Evo achèvera de définir<br />

son propre horizon anticapitaliste et en<br />

faveur de la souveraineté alimentaire.<br />

C’est pour cette raison que toutes<br />

les grandes avancées du processus de<br />

changement bolivien peuvent être comprises<br />

à travers trois décisions. À commencer<br />

par la nationalisation des ressources<br />

naturelles qui a rendu au peuple sa<br />

souveraineté permettant une redistribution<br />

de la richesse encore jamais vue en<br />

presque 200 ans d’histoire républicaine<br />

et permettant d’amorcer un processus de<br />

transition vers le socialisme qui passait<br />

nécessairement par le renforcement de<br />

l’État afin de mettre le néolibéralisme de<br />

côté et de définir les coordonnées d’un<br />

horizon anticapitaliste à partir d’une<br />

économie de type national et communautaire.<br />

Sur cette base d’amélioration des<br />

conditions matérielles du peuple bolivien<br />

fut tracée une ligne anticapitaliste qui a<br />

transformé l’imaginaire de la société et a<br />

initié un lent mais inévitable processus<br />

de décolonisation et de « dépatriarcalisation<br />

» de l’État et de la société, brisant<br />

une nouvelle fois les vieux paradigmes et<br />

façonnant une définition de ce socialisme<br />

communautaire du « Bien Vivir » (Bien<br />

vivre, NdT) qui est l’objectif final d’un<br />

projet politique de libération nationale et<br />

sociale.<br />

À tout cela s’ajoute également une<br />

nouvelle relation avec la Terre Mère. Et,<br />

comme il n’y avait pas d’autre solution,<br />

la Bolivie a adopté une solide position<br />

anti-impérialiste, tant au niveau national<br />

qu’international, qui commence par l’expulsion<br />

de la DEA, de l’USAID et de l’ambassadeur<br />

américain et se poursuit avec<br />

la dénonciation de toutes les agressions<br />

impérialistes et la défense de la souveraineté<br />

nationale de n’importe quel pays<br />

du monde attaqué par l’impérialisme.<br />

Diplomatie des Peuples<br />

Mais cette conscience anti-impérialiste<br />

n’est qu’une partie d’une nouvelle<br />

doctrine des relations internationales et<br />

d’une nouvelle vision géopolitique du<br />

monde multipolaire que la Bolivie est en<br />

Le président de la Bolivie Evo Morales Ayma<br />

train de bâtir et que l’on peut définir sous<br />

le nouveau paradigme de la « Diplomatie<br />

des Peuples ».<br />

Il existe une multitude de références<br />

au sein de cette nouvelle Diplomatie<br />

des Peuples promue par le Président Evo<br />

et par le Chancelier (Ministre des Affaires<br />

Étrangères, Ndt) Choquehuanca, mais<br />

nous souhaitons en retenir quatre en<br />

particulier : Transposer en premier lieu<br />

cette récupération de la souveraineté nationale<br />

et de la dignité du peuple bolivien<br />

à la sphère internationale. Cela s’est vu<br />

lors de l’appel lancé à la Cour Internationale<br />

de Justice de La Haye pour réclamer<br />

au Chili un accès souverain à la<br />

mer. Nous ne pouvons pas oublier que le<br />

Chili a privé la Bolivie d’un accès à 400<br />

kilomètres de côtes par une agression<br />

belliqueuse. Une côte qui en plus de cela<br />

(ou est-ce précisément à cause de cela)<br />

est riche en ressources naturelles comme<br />

le guano, le salpêtre, le borax, le cuivre,<br />

et l’argent.<br />

Mais encore une fois Evo a apposé<br />

sa patte, réussissant à unifier les<br />

intérêts d’une nation derrière cette demande<br />

maritime et mettant en place une<br />

équipe formée en grande partie d’anciens<br />

présidents boliviens, nommant même<br />

l’ex-Président de la période néolibérale<br />

qu’est Carlos Mesa comme porte-parole<br />

de la cause. Cette unité du peuple bolivien<br />

de même que le soutien international<br />

dont a bénéficié la Bolivie seraient<br />

impensables sous n’importe quel autre<br />

Président.<br />

Un Président qui a été le principal<br />

initiateur de l’intégration latino-américaine<br />

aux côtés de ses architectes que sont<br />

les commandants Fidel Castro et Hugo<br />

Chávez. La Bolivie n’a pas seulement<br />

intégré le TCP (Traité de Commerce des<br />

Peuples, Ndt) à l’ALBA (Alliance Bolivarienne<br />

pour les peuples de Notre<br />

Amérique, NdT), mais il a également<br />

été un pilier important de la constitution<br />

de l’UNASUR (Union des nations<br />

sud-américaines, NdT) et de la CELAC<br />

(Communauté d’États latino-américains<br />

et Caraïbes, NdT).<br />

Le sommet de cette dernière<br />

sera présidé en 2017 par la Bolivie et à<br />

laquelle, selon les propres paroles d’Evo :<br />

« Tous les Présidents sont conviés à participer.<br />

La majorité y assistera, excepté<br />

le Canada et les États-Unis (…) cela est<br />

aussi une façon de nous libérer de la<br />

domination de l’empire nord-américain ».<br />

Nous ne pouvons pas non plus oublier<br />

le rapprochement et l’intégration de<br />

la Bolivie au Mercosur (Marché Commun<br />

du Sud, NdT), ainsi que le maintien de<br />

la position critique sur le mécanisme de<br />

désintégration régionale connu sous le<br />

nom d’Alliance du Pacifique.<br />

Le pari sur l’intégration latino-américaine<br />

et caribéenne s’est effectué<br />

conjointement avec un approfondissement<br />

des relations Sud-Sud.<br />

Et dans ce domaine, il faut souligner la<br />

présidence du G77+Chine assurée par<br />

la Bolivie en 2014 ainsi que la tenue du<br />

Sommet des Nations Unies à Santa Cruz<br />

de la Sierra en juin de la même année.<br />

Travail et leadership qui se sont vu récompensés<br />

par la nomination de la Bolivie<br />

pour présider au sein de l’ONU le Comité<br />

sur le processus de restructuration de<br />

la dette souveraine dans le cadre de la<br />

défense de la souveraineté argentine face<br />

aux fonds vautours.<br />

Mais la Bolivie ne s’est pas fait remarquer<br />

uniquement dans le domaine de<br />

la diplomatie multilatérale. La nouvelle<br />

Diplomatie des Peuples et les relations<br />

Sud-Sud se sont également traduites<br />

sur le plan bilatéral. Sur ce terrain, nous<br />

devons souligner en premier lieu les relations<br />

optimales que nous avons avec la<br />

République Populaire de Chine conduites<br />

par le PCCh (Parti Communiste Chinois,<br />

NdT) et matérialisées par un coup de<br />

pouce à la souveraineté scientifique et<br />

technologique bolivienne avec la construction<br />

en Chine du satellite Túpac<br />

Katari (TKSAT-1), premier satellite de<br />

télécommunications possédé par l’État<br />

plurinational de Bolivie.<br />

On ne peut pas omettre non<br />

plus les relations avec la Russie, l’autre<br />

puissance des BRICS (Brésil, Russie,<br />

Inde, Chine, Afrique du Sud, NdT), avec<br />

laquelle la Bolivie a signé un accord pour<br />

la construction d’un centre de recherche<br />

nucléaire et la formation de personnel en<br />

vue de développer l’énergie nucléaire à<br />

des fins non seulement pacifiques mais<br />

médicales.<br />

Mais, en plus de la nouvelle Diplomatie<br />

des Peuples de la Bolivie envers le<br />

reste du monde, le pays a également les<br />

yeux rivés sur le cœur de l’Amérique du<br />

Sud, en raison de deux aspects majeurs :<br />

Premièrement, la bonne marche de<br />

l’économie bolivienne. Dans un contexte<br />

de crise du capitalisme et d’une chute des<br />

prix du pétrole à des niveaux historiques,<br />

la Bolivie continue d’avoir une croissance<br />

autour des 5%, chiffre inédit dans<br />

une Amérique Latine qui avoisine 1% de<br />

croissance moyenne en 2015. Malgré un<br />

prix du gaz indexé sur le prix du pétrole,<br />

qui est en ce moment autour des 25 dollars<br />

le baril, la bonne santé de l’économie<br />

bolivienne est un phénomène qui s’étudie<br />

même (2) à la Faculté d’Économie de<br />

l’Université de Chicago, berceau et laboratoire<br />

du néolibéralisme.<br />

Deuxièmement, la Bolivie est en<br />

train de construire aux yeux de tous un<br />

nouveau paradigme de relation avec la<br />

nature. Face à une planète qui a atteint<br />

ses limites en ressources et face à un<br />

modèle de croissance qui implose devant<br />

la nécessité de maintenir un taux de profit<br />

au capital, la Bolivie a mis en place un<br />

modèle de développement qui n’implique<br />

pas une croissance aux dépens du peuple,<br />

des personnes ou de la nature. Il est<br />

important de signaler ici l’adoption de la<br />

loi-cadre sur la Terre mère et le développement<br />

intégral pour une bonne qualité<br />

de vie, qui doit devenir un modèle pour<br />

une humanité à la recherche d’un autre<br />

modèle de développement.<br />

Cependant, toutes ces avancées<br />

ainsi que la contribution bolivienne à la<br />

construction d’un nouveau monde multipolaire<br />

se voient menacées par une droite<br />

qui, avec la complicité des impérialistes,<br />

veut restaurer un conservatisme qui a pris<br />

le pouvoir en Argentine et a connu une<br />

victoire partielle au Venezuela. Sans oublier<br />

la nécessité de la formation politique<br />

et de la création de nouveaux cadres afin<br />

de poursuivre l’approfondissement de la<br />

révolution démocratique et culturelle, il<br />

est essentiel d’achever la refonte de l’État<br />

commencée le 21 janvier 2006.<br />

Cette refondation doit atteindre<br />

son sommet en 2025 quand l’Agenda<br />

Patriotique sera accompli et que la Bolivie<br />

atteindra une seconde indépendance,<br />

définitive cette fois, où l’extrême pauvreté<br />

aura été éradiquée et où l’entière<br />

souveraineté sera assurée au niveau<br />

économique, scientifique, technologique<br />

et culturel.<br />

Pour des raisons à la fois endogènes<br />

et exogènes, le processus bolivien<br />

de changement est à l’heure actuelle le<br />

plus solide et le plus stable de la région.<br />

Mais pour que cette stabilité ne soit pas<br />

menacée, la victoire du oui au référendum<br />

du 21 février est indispensable.<br />

Cette victoire ne permettra pas seulement<br />

à Evo et à Álvaro d’être à nouveau des<br />

candidats du peuple en 2019, elle sera<br />

aussi un bol d’air frais pour le processus<br />

de changement à l’échelle continentale,<br />

qui doit retrouver un nouvel élan après<br />

ses défaites électorales en Argentine et<br />

au Venezuela.<br />

*- Katu Arkonada est diplômé<br />

en Politiques publiques. Ex-conseiller<br />

du vice-ministre de la Planification<br />

stratégique et de la Chancellerie bolivienne.<br />

Membre du réseau des Intellectuels<br />

pour la Défense de l’Humanité<br />

Notes :<br />

1) http://www.hispantv.com/<br />

newsdetail/...<br />

2) Conférence du ministre de<br />

l’Économie de l’État plurinational de Bolivie<br />

Luis Arce Catacora à l’Université de<br />

Chicago, avril 2015 (en espagnol) http://<br />

medios.economiayfinanzas.gob...)_Espa%C3%B1ol_2.pdf<br />

Source : Journal de Notre Amérique,<br />

février <strong>2016</strong><br />

Vivir Bien<br />

Par Alex Anfruns, Michel Collon<br />

|<br />

Aux élections présidentielles de<br />

2014 en Bolivie, 88% des Boliviens<br />

exercèrent leur droit de vote. Evo<br />

Morales remporta les élections présidentielles<br />

pour la troisième fois, avec<br />

60% de voix. Vu de l’Europe, un tel<br />

soutien populaire est souvent qualifié<br />

de...populisme. Mais le Président<br />

aymara, arrivé au pouvoir après un<br />

long parcours de militant syndicaliste<br />

cocalero, est fort habitué aux campagnes<br />

de diffamation.<br />

En effet, lorsque le jeune sénateur<br />

Evo se présenta pour la première<br />

fois aux élections présidentielles en<br />

2002, il fut qualifié par l’ancien ambassadeur<br />

USA de “taliban des Andes”.<br />

Paradoxalement, en proférant des menaces<br />

4 jours seulement avant les élections,<br />

ce soi-disant expert dans la lutte<br />

anti-terroriste donna un coup de pouce<br />

à la campagne d’Evo.<br />

Souvenons-nous : en 2003, un<br />

soulèvement populaire à El Alto eut lieu<br />

pour s’opposer à la privatisation des<br />

ressources naturelles. Sanchez Losada,<br />

le chef d’état de l’époque, envoya<br />

alors l’armée pour réprimer la population<br />

aymara. Bilan : 81 morts, plus<br />

de 400 blessés et la fuite d’un énième<br />

“vendeur de la patrie” vers sa destination<br />

préférée : Miami. La morale de la<br />

“Guerre du Gaz” ? Elle accoucha d’un<br />

peuple déterminé à ne plus se laisser<br />

diriger par des criminels. Et pour la<br />

première fois de son histoire, un Président<br />

indien arriva au pouvoir fin 2005.<br />

Aujourd’hui, ce même peuple,<br />

qui a retrouvé sa fierté et sa dignité,<br />

est appelé à s’exprimer lors d’un<br />

référendum qui permettrait à Evo et<br />

à son équipe de gouvernement de se<br />

représenter pour un quatrième mandat<br />

en 2019. L’enjeu est de taille : après<br />

avoir récupéré sa souveraineté sur les<br />

matières premières, le pays se prépare<br />

à une reconversion industrielle qui<br />

lui permettrait de se moderniser et de<br />

devenir plus autonome vis-à-vis de<br />

l’économie capitaliste.<br />

Comme Evo l’avait exprimé dans<br />

son discours d’investiture de 2006,<br />

il s’agit de briser les fondements de<br />

l’ancien Etat colonial pour accéder à la<br />

véritable indépendance. Et pour cela,<br />

de nouveaux instruments d’intégration<br />

régionale ont déjà vu le jour. Fin janvier,<br />

le IVème Sommet du CELAC (Communauté<br />

des Etats Latino-américains<br />

et Caribéens) a eu lieu à Quito avec 33<br />

Etats du continent américain, à l’exception<br />

des USA et du Canada. Rafael<br />

Correa a ainsi pu dire que l’OEA (Organisation<br />

d’Etats Américains) ayant<br />

son siège à Washington, était devenue<br />

“anachronique” et que la CELAC allait<br />

la remplacer.<br />

Enfin, nous retiendrons de ce<br />

mois deux dates importantes : le 9ème<br />

anniversaire de la Révolution citoyenne,<br />

qui a consolidé un modèle de<br />

développement original, le Buen Vivir,<br />

dans ce pays qui fait des efforts considérables<br />

pour améliorer la condition<br />

de vie de son peuple. Et le 17ème<br />

anniversaire de la révolution bolivarienne<br />

qui, confrontée aux conditions<br />

politiques et économiques les plus adverses,<br />

fait preuve d’une créativité hors<br />

normes et a pris l’initiative de renforcer<br />

l’Etat par ses bases.<br />

Journal de Notre Amérique,<br />

Investig’Action 18 février <strong>2016</strong><br />

10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

11


Perspectives<br />

Une fois encore à propos de Sanders<br />

et du socialisme<br />

Par Barry Grey<br />

Jeudi soir, l’un des modérateurs d’une<br />

réunion publique organisée conjointement<br />

par la chaîne MSNBC et<br />

Telemundo à la mairie de Las Vegas a<br />

demandé à Bernie Sanders, le candidat<br />

à l’investiture démocrate et « socialiste<br />

démocratique » autoproclamé, d’expliquer<br />

ce qu’il entendait par socialisme.<br />

En fondant sa candidature à la<br />

Maison Blanche sur la dénonciation<br />

des inégalités sociales, la domination<br />

politique et la criminalité de Wall<br />

Street, Sanders a obtenu un vaste soutien<br />

de la population laborieuse et des<br />

jeunes. Loin d’aliéner de nombreux<br />

jeunes, sa prétention à être un socialiste<br />

les a attirés à sa campagne, une<br />

indication de la croissance d’un sentiment<br />

anticapitaliste. Selon un important<br />

sondage publié vendredi, il n’est<br />

plus sur le plan national que 3 points<br />

de pourcentage derrière l’ancienne<br />

secrétaire d’Etat Hillary Clinton chez<br />

les électeurs démocrates.<br />

En réponse à une question sur<br />

le socialisme, Sanders a dit: « Quand<br />

je parle du socialisme démocratique,<br />

vous savez de quoi je parle? De la<br />

sécurité sociale, l’un des programmes<br />

les plus populaires et les plus importants<br />

de ce pays, qui fut développé<br />

par FDR [Franklin D. Roosevelt] afin<br />

de redonner aux personnes âgées la<br />

dignité et la sécurité… Lorsque je parle<br />

de socialisme démocratique, je parle de<br />

Medicare, un système de santé à payeur<br />

unique pour les personnes âgées.<br />

Et, à mon avis, nous devrions étendre<br />

ce concept à tout le monde…<br />

« Lorsque je parle de socialisme<br />

démocratique, je ne pense pas au<br />

Venezuela. Je ne pense pas à Cuba. Je<br />

pense à des pays comme le Danemark<br />

et la Suède… »<br />

Cette réponse mérite un examen<br />

attentif. Elle montre clairement qu’en<br />

dépit de son discours de « révolution<br />

politique » contre la « classe des milliardaires,<br />

» Sanders n’est pas un adversaire<br />

du système capitaliste ou du<br />

monopole politique des deux partis au<br />

moyen desquels l’élite financière et patronale<br />

règne depuis plus de 150 ans.<br />

Il n’y a rien d’anticapitaliste dans<br />

le soi-disant « socialisme » de Sanders.<br />

Le socialisme n’est pas une réforme<br />

du capitalisme, c’est son opposé. Il<br />

est basé sur l’abolition de la propriété<br />

privée des moyens de production – les<br />

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des travailleurs. Il remplace la production<br />

pour le profit privé, basée sur l’extraction<br />

de la plus-value, l’exploitation<br />

des travailleurs et le salariat, par une<br />

production au service de la société en<br />

général. Il abolit l’anarchie du marché<br />

en organisant la vie économique sur<br />

la base d’une planification rationnelle.<br />

Il surmonte la contradiction existant<br />

entre la production mondialisée<br />

et le cadre politique de l’Etat-nation<br />

capitaliste en unifiant les travailleurs<br />

internationalement dans la lutte pour<br />

une fédération socialiste mondiale.<br />

C’est un changement révolutionnaire<br />

qui ne peut être réalisé que par la mobilisation<br />

politique indépendante de la<br />

classe ouvrière et par l’établissement<br />

d’un gouvernement ouvrier.<br />

Sanders est contre tout ceci. Il<br />

prétend, au nom du « socialisme »,<br />

que le système économique et politique<br />

existant peut être réformé avec<br />

des programmes semblables à ceux<br />

mis en place dans les années 1930 (la<br />

sécurité sociale) et 1960 (Medicare).<br />

Bien qu’étant d’importants acquis<br />

pour la population laborieuse, aucun<br />

de ces programmes n’a remis en cause<br />

les intérêts de classe fondamentaux<br />

de l’élite dirigeante américaine. C’est<br />

précisément parce que le pouvoir<br />

économique et politique de la classe<br />

dirigeante a été laissé intact que ces<br />

programmes ont fait l’objet d’attaques<br />

constantes. Ils ont été de plus en plus<br />

grignotés et sont actuellement voués à<br />

la disparition.<br />

De plus, d’où ces programmes<br />

sont-ils venus? Ils ne sont pas venus<br />

de la bienfaisance de la classe capitaliste<br />

américaine. Ils ont été arrachés<br />

à l’élite dirigeante au cours de luttes<br />

amères et sanglantes menées par la<br />

classe ouvrière non seulement américaine<br />

mais internationale. Le facteur<br />

le plus important dans la promulgation<br />

des réformes sociales des années 1930<br />

et 1960 en Amérique a été la révolution<br />

socialiste de 1917 qui a établi en<br />

Russie le premier Etat ouvrier de l’histoire<br />

mondiale.<br />

Cet événement qui a transformé<br />

le monde a donné une puissante impulsion<br />

aux luttes des travailleurs aux<br />

Etats-Unis et dans le monde. Il a fait<br />

craindre aux classes dirigeantes de<br />

chaque pays capitaliste qu’une chose<br />

semblable puisse leur arriver. Le déclenchement<br />

de la Grande dépression<br />

de 1929 a discrédité le capitalisme aux<br />

yeux de millions de gens aux Etats-<br />

Unis et dans le monde entier; il a entraîné<br />

une montée des luttes de classe<br />

qui s’est manifestée en 1934 dans des<br />

grèves générales dans trois grandes<br />

villes américaines – Toledo, San Francisco<br />

et Minneapolis.<br />

C’était là le contexte dans lequel<br />

Franklin D. Roosevelt, un fervent<br />

défenseur du système capitaliste et des<br />

intérêts de la classe dirigeante américaine,<br />

s’est vu contraint d’appliquer<br />

une série de réformes sociales comme<br />

la sécurité sociale, dont le principal<br />

objectif a été d’éviter une révolution<br />

sociale aux Etats-Unis.<br />

Les grandes réformes sociales<br />

suivantes, Medicare et Medicaid, les<br />

programmes d’assurance santé pour<br />

les personnes âgées et les pauvres,<br />

furent adoptées dans les conditions<br />

d’une multiplication des luttes sociales<br />

et de la montée du mécontentement<br />

politique. Ce fut la période du mouvement<br />

de masse des droits civiques qui<br />

était par essence une extension des<br />

luttes de classe ayant donné naissance<br />

aux syndicats industriels des années<br />

1930 et qui était motivé par un esprit<br />

égalitaire. Cette période a coïncidé<br />

avec les luttes anticoloniales qui ont<br />

ébranlé l’Asie et l’Afrique. Elle fut accompagnée<br />

par des révoltes urbaines<br />

qui ont secoué les villes américaines,<br />

des grèves combatives des travailleurs<br />

industriels et les débuts du mouvement<br />

anti-guerre.<br />

Mais même à l’apogée de sa<br />

domination économique mondiale et<br />

de son influence politique, le capitalisme<br />

américain n’a pas été en mesure<br />

de surmonter la pauvreté endémique,<br />

le chômage et l’oppression. En<br />

1964, Lyndon Johnson a proclamé<br />

sa « Guerre contre la pauvreté, » qui<br />

a pourtant rapidement échoué dès<br />

lors que le capitalisme américain fut<br />

dépassé par ses contradictions internationales<br />

et internes. Depuis, le<br />

suite à la page(15)<br />

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=<br />

La science argentine mobilisée<br />

contre le gouvernement de<br />

Mauricio Macri<br />

Par Matías Ferrari<br />

Pour la première fois depuis 1966, le<br />

monde argentin de la science dans<br />

son ensemble s’est prononcé contre<br />

la politique d’un gouvernement. Cela<br />

n’est pas survenu depuis la « Nuit des<br />

Longs Bâtons », en 1966, sous la terrible<br />

la dictature du Général Juan Carlos<br />

Ongania. Sept mille scientifiques et<br />

tous les organismes de ce secteur ont<br />

critiqué de façon très dure les politiques<br />

du gouvernement Macri envers<br />

la science.<br />

Deux mois de gouvernement ont<br />

suffit à Mauricio Macri pour récolter<br />

le rejet de la totalité de la communauté<br />

scientifique. Plus de sept mille<br />

chercheurs de toutes les disciplines<br />

ont signé un document dans lequel<br />

ils critiquent durement ses principales<br />

mesures. « Un gigantesque transfert<br />

de fonds aux secteurs concentrés de<br />

l’économie », « un abus de décrets de<br />

nécessité et d’urgence, pour détourner<br />

le système démocratique » et « la persécutions<br />

idéologique menée par des organismes<br />

de l’État » font la partie des<br />

préoccupations que les scientifiques du<br />

Conicet, de l’Invap, de l’Inti, de l’Inta<br />

et les enseignants des universités nationales<br />

ont signifiées dans le document,<br />

qui continue de rassembler des signatures.<br />

« Nous nous inquiétons parce que<br />

dans le pays s’est imposée une politique<br />

qui marche en sens opposé du développement<br />

national et dans laquelle les<br />

libertés individuelles se trouvent en<br />

danger », a expliqué à Página/12, Eduardo<br />

Dvorkin , docteur en ingénierie et<br />

responsable de l’Académie Nationale<br />

de Sciences Exactes, Physiques et Naturelles.<br />

C’est la première fois en 50<br />

ans que la communauté scientifique se<br />

manifeste dans son ensemble contre un<br />

gouvernement. La dernière fois fut en<br />

réponse à l’intervention militaire dans<br />

les universités publiques pendant la<br />

dictature du Général Juan Carlos Ongania<br />

[1], connue comme « La Nuit des<br />

Longs bâtons ».<br />

« Notre travail quotidien est construit<br />

sur les bases de la pensée critique<br />

», expliquent les scientifiques sur<br />

les raisons de la lettre, « raison pour<br />

laquelle nous ne pouvons pas regarder<br />

de côté, face à des mesures qui visent<br />

à mettre à terre des conquêtes sociales<br />

et populaires et à installer un discours<br />

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Mauricio Macri<br />

endormant de consciences ». La conclusion,<br />

unanime, est que Macri mène «<br />

une restauration conservatrice dans le<br />

pays ».<br />

« Il ne s’agit pas d’une revendication<br />

concrète, économique ou corporative<br />

du secteur », s’est expliqué Dvorkin,<br />

« c’est simplement la communauté<br />

scientifique qui prend position à propos<br />

de ce gouvernement ». Parmi les plus de<br />

sept mille signatures, se remarque celles<br />

de l’ex-doyen de l’université de Sciences<br />

Exactes, Jorge Aliaga, la directrice<br />

du Conicet Dora Ravin, l’ex-directeur<br />

de Flacso, Daniel Filmus, le biologiste<br />

Alberto Kornblihtt, prix Konex 2013<br />

; le mathématicien Adrián Paenza, le<br />

physicien Juan Pablo Paz, chercheur au<br />

Conicet et à l’ l’UBA ; l’ex-président du<br />

Conicet Roberto Salvarezza et l’expert<br />

en neuroscience Osvaldo Uchitel.<br />

« D’un modèle qui visait le développement<br />

autonome, avec les universités,<br />

les centres de recherche et les PME<br />

comme base de la croissance, nous<br />

passons en deux mois à un modèle<br />

basé sur des multinationales, qui plus<br />

que développer le pays importent tout,<br />

licencient et par-dessus le marché ont<br />

reçu un énorme transfert de ressources<br />

», a résumé Dvorkin.<br />

Parmi les mesures que le document<br />

souligne comme « alarmantes »<br />

se trouvent « la voie libre à des répressions<br />

brutales » comme celle d’Ezeiza<br />

contre les travailleurs de Cresta Roja et<br />

contre les travailleurs municipaux la<br />

ville de La Plata , capitale de la Province<br />

de Buenos Aires ; la « dévaluation<br />

et les promesses de libérer l’importation<br />

», parce qu’elles « génèrent les<br />

conditions de dépendance », et les «<br />

déqualifications typiques d’un gouvernement<br />

élitiste » à cause de qui plus de<br />

25 000 fonctionnaires ont été licenciés.<br />

« Nous avons voulu poser comme axe<br />

central que nous les scientifiques nous<br />

ne vivons pas dans un monde isolé.<br />

Qu’il existe un lien entre le modèle de<br />

développement et l’activité scientifique.<br />

S’il n’y a pas d’intérêt dans le développement<br />

de l’industrie et dans la souveraineté,<br />

il n’y a pas de place pour le<br />

développement scientifique », a défini<br />

Filmus<br />

État vs. Marché<br />

Dora Barrancos, directrice du<br />

Conicet, a expliqué la préoccupation<br />

quant au non renouvellement des ressources<br />

liées à la carrière de chercheur<br />

scientifique du Conicet avec l’arrivée du<br />

nouveau gouvernement, situation qui<br />

a fini par se dénouer « de façon heureuse<br />

». Le risque concernait les 860<br />

nouveaux entrants de cette année,<br />

dont l’admission a été retardée jusqu’à<br />

cette semaine. Le financement de la<br />

recherche, de toutes façons, continue<br />

de déclencher les signaux d’alerte. La<br />

semaine dernière, plus de 300 scientifiques<br />

du Conicet se sont réunis en<br />

assemblée et ont choisi d’adhérer à la<br />

grève de l’Association des Travailleurs<br />

de l’Etat (ATE), en un groupe unifié de<br />

chercheurs, enseignants universitaires<br />

et mouvement des étudiants. « Les<br />

alarmes sont au rouge. Les licenciements<br />

et la nouvelle orientation à l’Arsat<br />

génèrent des inquiétudes sur la durabilité<br />

du développement scientifique.<br />

Pour les gouvernements néolibéraux<br />

la science a toujours été un luxe et<br />

suite à la page(15)<br />

12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


Muhammad al-Qiq : un journaliste<br />

palestinien en grève de la faim<br />

Par Ali Abunimah<br />

ayha Shalash lance un appel urgent<br />

Fau nom de son mari, qui est gravement<br />

affaibli et peut mourir à tout moment<br />

après 85 jours de grève de la faim.<br />

« Muhammad se bat pour sa liberté »,<br />

déclare Shalash dans la courte vidéo en<br />

langue anglaise : « Il est en grève de la<br />

faim parce qu’il veut être libre. »<br />

Al-Qiq est journaliste pour<br />

l’agence saoudienne d’informations<br />

Al-Majd, et Shalash dit qu’il a été arrêté<br />

pour avoir exercé sa profession. « Nous<br />

appelons les gens libres dans le monde<br />

qui peuvent nous aider à faire pression<br />

sur le gouvernement israélien pour que<br />

Muhammad soit libre », dit Shalash.<br />

Droit de choisir<br />

Ce mercredi, Amnesty International a<br />

appelé Israël à « permettre d’urgence le<br />

transfert [d’al-Qiq] vers un hôpital palestinien<br />

de Ramallah. » Un jour plus<br />

tôt, la Haute Cour israélienne a rejeté<br />

une requête des avocats de al-Qiq qui<br />

exigeaient un tel transfert.<br />

La Haute Cour israélienne avait<br />

ostensiblement suspendu la détention<br />

administrative d’al-Qiq le 4 février,<br />

mais en le maintenant effectivement en<br />

détention. « Selon les avocats et d’autres<br />

personnes qui lui ont rendu visite<br />

à l’hôpital HaEmek à Afula, en Israël,<br />

dans les derniers jours, il reste conscient<br />

mais son état de santé est extrêmement<br />

précaire et ses organes vitaux peuvent<br />

cesser de fonctionner à tout moment »,<br />

révèle Amnesty. « Il continue à refuser<br />

Muhammad al-Qiq, âgé de 33-ans<br />

et le père de deux enfants, a refusé<br />

toute nourriture depuis le 25<br />

novembre, pour protester contre<br />

sa détention sans inculpation ni<br />

jugement par Israël.<br />

un traitement médical dans la mesure où<br />

il reste enfermé à l’hôpital HaEmek. »<br />

Amnesty affirme que les décisions<br />

des tribunaux israéliens concernant Muhammed<br />

al-Qiq, y compris le dernier<br />

refus de la Haute Cour de lui permettre<br />

[d’être transféré dans un hôpital palestinien],<br />

exprime un spectre plus large de<br />

violence. « Les tribunaux israéliens ont<br />

échoué, depuis de nombreuses années, à<br />

fournir un recours juridique efficace aux<br />

milliers de détenus administratifs palestiniens,<br />

emprisonnés sans inculpation ni<br />

jugement sur la base de ’preuves’ tenues<br />

secrète pour eux et leurs avocats, pour<br />

des périodes qui peuvent être renouvelées<br />

indéfiniment », déclare Amnesty.<br />

«En tant que détenu non<br />

condamné, al-Qiq a droit à un traitement<br />

par les médecins de son choix. Compte<br />

tenu de son état de santé critique, les<br />

autorités israéliennes doivent respecter<br />

sa volonté et le transférer sans délai à<br />

l’hôpital qu’il a choisi, » ajoute Amnesty.<br />

Quatre autres grévistes de la faim<br />

Dans le même temps, l’Organisation<br />

des prisonniers palestiniens a annoncé<br />

jeudi que quatre autres Palestiniens<br />

sont en grève de la faim illimitée contre<br />

leur détention administrative.<br />

Dans une déclaration faite aux<br />

médias, l’Organisation a donné les<br />

noms de trois des grévistes de la faim,<br />

dont Samer Issawi, qui a arrêté de se<br />

nourrir il y a cinq jours en solidarité<br />

avec al-Qiq. Issawi et sa sœur, l’avocate<br />

Shireen Issawi, sont tous deux<br />

actuellement en détention administrative.<br />

Eux et leur famille ont fait face à<br />

des années de harcèlement par les autorités<br />

d’occupation israéliennes.<br />

Rabie Jibril de Bethléem a commencé<br />

une grève de la faim il y a huit<br />

jours contre sa détention administrative<br />

et pour exiger des soins médicaux<br />

appropriés. Muhammad al-Mahr de la<br />

ville de Jénine en Cisjordanie occupée,<br />

est en grève de la faim depuis 46 jours,<br />

selon l’Organisation des prisonniers<br />

palestiniens.<br />

Plus tôt cette semaine, le Comité<br />

de l’Autorité palestinienne pour les<br />

affaires des prisonniers a accusé Israël<br />

de dissimuler la grève de la faim d’al-<br />

Mahr pour le garder hors de la vue du<br />

public. Il y a actuellement 650 Palestiniens<br />

en détention administrative<br />

israélienne, selon le groupe Addameer<br />

de défense des droits des prisonniers.<br />

Source :Electronic Intifada<br />

Traduit de l’anglais par<br />

Info-Palestine 23 février <strong>2016</strong><br />

Suite de la page (4)<br />

force militaire qui, non seulement est<br />

responsable d’avoir introduit le choléra,<br />

l’une des épidémies les plus mortelles de<br />

l’histoire du pays, mais ne garantit en<br />

rien une quelconque sécurité!<br />

Aujourd’hui, ce qui est en jeu dans<br />

l’accord de février entre le parlement et<br />

le régime de Michel Martelly est une<br />

transition politique devant permettre la<br />

mise en place des conditions de reconfiguration<br />

du statut quo. Autrement dit,<br />

d’assurer le renouvellement des intérêts<br />

politiques et économiques des classes<br />

dominantes et de l’impérialisme.<br />

Dans ce contexte où les mobilisations<br />

populaires jouent un rôle de plus<br />

en plus important, l’on voit (ré)apparaitre<br />

sur la scène politique des secteurs<br />

populistes prêts en toute vraisemblance<br />

à avaliser le choix du gouvernement<br />

transitoire, même si l’on trouve au sein<br />

de ce gouvernement un duvaliériste notoire<br />

comme Rony Gilot.<br />

Devant l’ampleur de la crise, l’oligarchie,<br />

la classe politique traditionnelle<br />

(y compris les secteurs populiste et duvaliériste)<br />

et l’impérialisme cherchent<br />

un terrain d’entente. Si les «jeux politiques»<br />

doivent se poursuivre sans que<br />

ceux-ci ne permettent pas de remettre<br />

en question le statu quo, ils savent qu’ils<br />

doivent unir leurs forces.<br />

Dans cette conjoncture, balisée<br />

d’un côté par le replâtrage de cette forme<br />

d’État en agonie qui risque de s’effondrer<br />

de lui-même, par la recherche frénétique<br />

des dominants de sauvegarder leurs<br />

intérêts, et de l’autre par l’absence de<br />

signes annonciateurs d’un programme<br />

unitaire minimum de la « gauche plurielle<br />

», il est nécessaire de rester réaliste et<br />

se rendre compte que la sortie de la crise<br />

actuelle dans l’intérêt national, populaire<br />

et démocratique passe fondamentalement<br />

par le recouvrement de notre<br />

indépendance et de notre souveraineté.<br />

Les classes exploitées et dominées<br />

ne doivent pas se tromper de combat. Il<br />

est urgent de continuer à se mobiliser<br />

sur les revendications fondamentales: le<br />

départ de la MINUSTAH, le dédommagement<br />

des victimes du choléra, l’abolition<br />

des politiques économiques néolibérales,<br />

l’audit du gouvernement mafieux de<br />

Martelly, le recouvrement de notre souveraineté<br />

politique et économique.<br />

Ces revendications, dont dépend<br />

tout l’avenir de notre pays, ne se réaliseront<br />

que par la mobilisation continue<br />

et organisée des masses populaires, des<br />

ouvriers, des chômeurs, des paysans.<br />

La victoire du 22 janvier <strong>2016</strong> montre<br />

clairement que la lutte du peuple peut<br />

faire reculer les forces impérialistes et<br />

l’oligarchie traditionnelle.<br />

C’est pourquoi le REHMONCO<br />

soutient idéologiquement les organisations<br />

populaires, les militants(es)<br />

progressistes dans leurs luttes contre la<br />

présence des forces impérialistes et ses<br />

courtiers locaux. Seule la lutte massive,<br />

organisée et structurée du peuple haïtien<br />

nous affranchira de la tutelle des puissances<br />

impérialistes et de ses laquais<br />

locaux. Vive la lutte des classes populaires!!!<br />

Par le Regroupement des Haïtiens<br />

de Montréal contre l’occupation d’Haïti<br />

(RE.H.MON.CO)<br />

Pour authentification<br />

Renel Exentus<br />

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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

13


Suite de la page (8)<br />

importantes comme la cérémonie du<br />

mariage, du baptême, les funérailles, les<br />

graduations, etc. Comment expliquer ce<br />

décalage d’appréhension entre l’enslavé<br />

qui prend les armes pour se libérer et<br />

s’affirmer comme être humain légitime,<br />

et le bovarysme autodépersonnalisant<br />

qui l’assaille et qu’il a accepté sans critique<br />

depuis le commencement de son<br />

histoire de peuple libre ?<br />

Une autre habitude qui est en train<br />

de se former ces jours-ci, particulièrement<br />

parmi les immigrés haïtiens aux<br />

États-Unis, c’est l’utilisation de l’anglais<br />

comme langue de compromis. Ainsi,<br />

au lieu du créole, jugé comme langue<br />

inférieure, ou du français, jugé trop<br />

compliqué, on recourt de plus en plus à<br />

l’anglais, jugé comme plus neutre. Compromis<br />

dans le sens que la problématique<br />

créole-français en Haïti, ayant créé une<br />

dualité souvent conflictuelle, qui perturbe<br />

l’harmonie escomptée parmi les groupes,<br />

la langue anglaise, en tant que langue<br />

déclarée « universelle » (comme jadis le<br />

grec, le latin et le français s’en étaient<br />

déclarés tour à tour dans leur moment<br />

de gloire), se présente ainsi comme une<br />

alternative d’autant plus acceptable que<br />

son hégémonie semble ne pas entraver<br />

la légitimité du créole haïtien. C’est certainement<br />

une fausse impression étant<br />

donné que le fait de l’autocentrisme ou<br />

de l’hégémonisme culturel, c’est de dénier<br />

aux autres cultures et langues toute<br />

représentation d’elles-mêmes qui ne soit<br />

médiatisée par le standard de valeurs de<br />

ses référents dominants.<br />

Dans ce cas-là, le choix de l’anglais<br />

comme langue de compromis (essentiellement<br />

pour ne pas utiliser le créole<br />

haïtien) est doublement aliénant dans la<br />

mesure qu’il fait passer le passage d’un<br />

système linguistique impérialiste à un<br />

autre comme une solution à la problématique<br />

de la domination culturalo-linguistique.<br />

Il est également insultant au droit<br />

à l’expression des deux communautés<br />

linguistiques haïtiennes—la créolo-haïtienne<br />

et la française—qui sont ainsi<br />

surpassées par une autre langue parlée<br />

seulement par une très petite minorité<br />

d’immigrants haïtiens aux États-Unis et<br />

au Canada.<br />

De plus, la revendication haïtienne<br />

du droit de parler sa langue maternelle et<br />

de la considérer comme langue légitime<br />

ne doit pas être escamotée pour satisfaire<br />

la susceptibilité de ceux-là mêmes<br />

dont la pratique culturelle et sociale est<br />

elle-même erronée, aliénée, fausse, et<br />

en grande partie responsable de la présente<br />

condition retardataire d’Haïti dans<br />

le concert des nations. C’est certainement<br />

un héritage que même les plus inconscients<br />

des francophiles ne peuvent<br />

pas raisonnablement défendre.<br />

C’est dire aussi que quand bien<br />

même nous admirons le grand bond de<br />

conscientisation linguistique qui a eu<br />

cours en Haïti ces dernières trente années,<br />

il y a malheureusement encore<br />

beaucoup à faire tant sur le plan de la<br />

conscientisation politique et linguistique<br />

que sur le plan de la mise sur pied des<br />

institutions et infrastructures solides qui<br />

supportent les aspirations nationales haïtiennes.<br />

Si vous faites un sondage d’opinion<br />

pour savoir le nombre d’Haïtiens, en<br />

Haïti et en Diaspora, qui soutiendraient<br />

la promotion du créole haïtien comme<br />

langue légitime et principale de la nation<br />

haïtienne, vous recevriez probablement<br />

une majorité qui préfèrerait le fiançais,<br />

mais, après un travail d’éducation, et de<br />

prise de conscience linguistique pour ainsi<br />

dire, une majorité changerait d’opinion<br />

et soutiendrait un changement. C’est ce<br />

travail qui reste à faire.<br />

Haïti comme projet de l’Être<br />

Les empires n’aiment pas le vide et ils<br />

s’en méfient d’autant plus que les enjeux<br />

sont considérables, politiquement<br />

et stratégiquement parlant, comme ils<br />

le sont dans le cas d’Haïti d’aujourd’hui,<br />

nation historiquement rebelle, représentant<br />

le symbole de la résistance, du défi<br />

d’être ; nation de va-nu-pieds incarnant<br />

l’idéal de la Révolution, la radicalité du<br />

projet régénérateur de l’humain, la victoire<br />

de l’esclave devenant le champion<br />

de la liberté, parce que, comme le remarquent<br />

Antonio Negri et Michael Hardt, on<br />

ne peut réprimer que ce qui a déjà existé<br />

comme liberté. (10) Les Noirs vendus<br />

en esclavage, étant libres, fiers et dignes<br />

avant leur kidnapping et leur mise en<br />

servilité dans la géhenne saint-dominguoise,<br />

le resteront durant leurs odyssées<br />

et jusqu’à aujourd’hui encore, même<br />

après les sévices douloureux de l’Histoire.<br />

Haïti est aux prises aujourd’hui à<br />

une crise multiforme—écologique, politique,<br />

économique, linguistique—qui<br />

demande une réponse multilatérale et radicale<br />

de par l’intensité des dommages et<br />

risques, de par la profondeur des peines<br />

endurées, de par l’enracinement, le retranchement,<br />

des intérêts en jeu.<br />

L’idéologie haïtienne de l’irréductibilité<br />

de l’être humain — il est total ou il<br />

ne l’est pas — est l’épistémè dominante<br />

aujourd’hui dans le monde (en tout cas<br />

au niveau de la pensée politico-philosophique<br />

qui soutient que l’Être— indépendamment<br />

de la couleur de sa peau,<br />

de son rang social ou de sa richesse économique—,<br />

est une entité ontologique<br />

fondamentale qui a des droits jugés inviolables<br />

sous peine de punition).<br />

L’épilogue du centenaire de l’occupation<br />

pourrait se résumer à ces trois événements<br />

qui ont eu une force symbolique<br />

de grande importance : 1) la nomination<br />

de Bill Clinton comme co-président (avec<br />

Jean Max Bellerive) de la CIRH ; 2) la visite<br />

du président français François Hollande<br />

en Haïti le 12 mai 2015 (reconnaissant<br />

la « dette morale » de la France envers<br />

Haïti et non pas la restitution matérielle<br />

de l’argent soutiré à Haïti) ; 3) la récente<br />

déclaration de l’ambassadeur étatsunien<br />

en Haïti, Peter F. Mulrean, disant que les<br />

observateurs déployés par son ambassade<br />

pour vérifier l’élection présidentielle<br />

du 25 octobre 2015 « n’ont pas vu de<br />

fraudes massives » et qu’ils n’ont « pas<br />

encore vu de preuves ». Cette déclaration<br />

et d’autres par les instances étrangères<br />

en Haïti ont suscité une réplique de l’opposition<br />

qui menace, dans une note en<br />

date du 14 janvier, de porter des plaintes<br />

formelles contre eux « [au] cas où ces<br />

ambassadeurs persistent dans leur ingérence,<br />

pour supporter, à leur profit,<br />

l’inacceptable et la corruption, à travers<br />

un processus électoral frauduleux, illégal<br />

et inconstitutionnel… » (11)<br />

Les propos de l’ambassadeur étatsunien<br />

sont une flagrante ingérence de la<br />

part d’une nation qui connaît très bien le<br />

poids de son influence dans la politique<br />

haïtienne. Il témoigne du non respect<br />

de la souveraineté nationale d’Haïti et<br />

de son processus politique au moment<br />

où beaucoup de citoyens et citoyennes<br />

demandent la révision des résultats frauduleux<br />

des élections. En se prononçant,<br />

essentiellement pour garantir la véracité<br />

des résultats quand la commission<br />

d’évaluation délibère encore, les États-<br />

Unis semblent suggérer qu’ils sont prêts<br />

à cautionner, a priori, toute intention<br />

qu’aurait le gouvernement Martelly d’entériner<br />

les résultats frauduleux contestés,<br />

donc imposer à la population, une fois<br />

encore, un président choisi d’en-haut. **<br />

Encore une fois, le politologue<br />

haïtien Leslie Péan vient à la charge,<br />

dans un article publié en réaction à la<br />

déclaration de l’ambassadeur Mulrean<br />

où il détecte « une mise en scène pour<br />

l’annonce du verdict que doit prononcer<br />

le 30 décembre [déféré pour le 3<br />

janvier] la Commission d’évaluation<br />

électorale partisane. On ne voudrait<br />

pas soupçonner l’ambassadeur<br />

d’intelligence avec les bandi legal ».<br />

Dans cet article, Péan cite l’ambassadeur<br />

suisse en Haïti, Jean-Luc Virchaux, qui se<br />

dit avoir « une grosse interrogation sur<br />

l’ensemble du processus [électoral]… ».<br />

Nous regrettons simplement que Péan<br />

croit nécessaire d’applaudir Dominique<br />

de Villepin dans ce contexte, car quelque<br />

éloquent qu’il fût dans son allocution<br />

devant le Conseil de sécurité pour dénoncer<br />

l’option de guerre contre l’Irak préconisée<br />

par les États-Unis en 2003, de<br />

Villepin s’affublera plus tard de son manteau<br />

de grand duc impérial de Jacques<br />

Chirac quand il s’agit de la souveraineté<br />

nationale d’Haïti et du respect de son processus<br />

démocratique. (12)<br />

Après la mission Debray en 2003<br />

et le « succès » de sa duale opération<br />

avec les États-Unis pour renverser Jean-<br />

Bertrand Aristide en 2004, les États-Unis<br />

et la France ont toutes les raisons d’être<br />

satisfaits de leur politique haïtienne d’autant<br />

plus que les rendements sont appropriés<br />

à peu de frais de leur part.<br />

En effet, comme je le dis dans un<br />

récent article, en « élisant » des Haïtiens<br />

à l’Académie française et à la tête de<br />

l’Organisation internationale de la francophonie<br />

(OIF), la France veut acquitter<br />

la dette « morale » qu’elle dit avoir reconnue<br />

envers Haïti à peu de frais : « Et<br />

c’est justement là le danger : la possibilité<br />

qu’avec des gestes symboliques et<br />

un verbe complaisant la France puisse<br />

se dispenser de payer réparation ou<br />

compensation pour les crimes contre<br />

l’humanité commis durant l’esclavage,<br />

et après par voie de l’indemnité et des<br />

complots ultérieurs contre l’aspiration<br />

démocratique haïtienne. » (13)<br />

De même qu’il y a une critique de<br />

l’indépendance d’Haïti qui insinue qu’elle<br />

était prématurée et que la continuelle colonisation<br />

nous aurait apporté du « développement<br />

économique » que l’indépendance<br />

nous a ravi, de même il y a une<br />

apologie de l’occupation qui a fait supposer<br />

qu’elle aurait été bénéfique parce<br />

que les États-Unis nous ont empêchés de<br />

nous entre-tuer et qu’ils ont construit des<br />

égouts et des ponts.<br />

Naturellement, ces deux opinions<br />

proviennent souvent des mêmes prédispositions<br />

colonialistes que les colons ont<br />

inculquées aux colonisés, les amenant à<br />

internaliser la justification de cela même<br />

qui leur était nuisible et dont ils auraient<br />

grand avantage à s’en débarrasser.<br />

Frantz Fanon a critiqué cette prédisposition<br />

caractérielle qu’il a trouvée dans le<br />

livre de Mayotte Capécia, Je suis Martiniquaise,<br />

etc. (14)<br />

Conclusion<br />

D’aucuns ont affirmé que la problématique<br />

de crise permanente haïtienne<br />

est une sorte de madichon, une<br />

malédiction historique, jetée sur Haïti<br />

et qui l’empêche d’avancer. Nous,<br />

nous dirions que cette malédiction a<br />

déjà trop duré et qu’il est temps de<br />

l’exorciser par une praxis de lutte pour<br />

le progrès qualitatif dans les conditions<br />

de vie du peuple, une praxis guidée par<br />

une nouvelle rationalité et nouveau<br />

paradigme qui fixent le développement<br />

agraire et industriel d’Haïti comme des<br />

objectifs réalisables, sans compromettre<br />

ni les valeurs humanistes ni le respect de<br />

l’indépendance nationale dont Haïti et les<br />

Haïtiens sont si fiers.<br />

Nous pouvons appeler la commémoration<br />

du centenaire de l’occupation<br />

étatsunienne d’Haïti « Cent ans de régime<br />

d’occupation, d’ingérence impérialiste et<br />

de résistance populaire en Haïti », cent<br />

ans que le pays est empêché de poursuivre<br />

sa propre voie. On ne peut comprendre<br />

les causes de l’occupation sans<br />

les situer dans le contexte de la politique<br />

de puissance des États-Unis dans cette<br />

conjoncture spécifique de la Première<br />

guerre mondiale et avant. Avant, parce<br />

que les menées interventionnistes des<br />

États-Unis ne commençaient pas en<br />

1915, on peut en fait les remonter au<br />

cours de la guerre civile d’Haïti commencée<br />

en 1902. Concernant l’antécédence<br />

de l’occupation, voici ce qu’en dit Claude<br />

Moïse : « Pour les États-Unis en ce début<br />

du 20 e siècle, Haïti doit être soumise au<br />

strict contrôle de l’Empire. Situé au cœur<br />

de la Caraïbe, elle constitue un élément<br />

du glacis défensif pour la protection du<br />

canal inter-océanique. »<br />

Naturellement, l’intervention est<br />

aussi bonne pour les affaires, Moïse<br />

a cité Alain Turnier qui a noté : « Les<br />

importations américaines de marchandises<br />

passèrent de 3.424.622 $ à<br />

7.042.772 $ ». « Les contrats McDonald,<br />

reprend Moïse, ainsi dénommés<br />

confient à la Compagnie Nationale des<br />

Chemins de fer d’Haïti la construction<br />

de la voie ferrée ‘devant traverser les<br />

départements de l’ouest, de l’Artibonite<br />

et du Nord’… » (15)<br />

Les États-Unis utiliseront la confusion<br />

et la faiblesse d’Haïti causées par la<br />

guerre civile pour imposer leur contrôle<br />

sur Haïti à la fois militairement, économiquement<br />

et politiquement. On peut<br />

certainement se laisser endoctriner par la<br />

propagande officielle des gouvernements<br />

haïtiens, répétée à merci par les economic<br />

schools, que la dépendance est un<br />

processus irréversible et qu’il n’y a rien<br />

à faire contre. Une conception qui a eu le<br />

vent en poupe vers la fin du xx e siècle qui<br />

a fait Francis Fukuyama proclamer que<br />

l’Histoire a trouvé sa fin dans le système<br />

globalo-capitaliste post-guerre froide.<br />

Le pari que la soi-disant « communauté<br />

internationale » (entendez l’impérialisme<br />

franco-anglo-canado étatsunien)<br />

a fait en Haïti—via l’imposition de Michel<br />

Martelly comme président en macro-dirigeant<br />

la politique haïtienne, raffermissant<br />

ainsi son contrôle sur l’orientation<br />

économique du pays, du coup son choix<br />

de société—, a bien marché. Peut-être<br />

même à son grand étonnement.<br />

Jusqu’à un certain point, naturellement,<br />

car il y a bien sûr toujours la souveraineté<br />

populaire qui, même accablée<br />

sous le poids de la domination étrangère<br />

et de la tyrannie intérieure, peut toujours,<br />

par l’insurrection, renverser l’ordre des<br />

choses. C’est ce qu’ont dit essentiellement<br />

Antonio Negri and Michael Hardt dans<br />

leur ouvrage Multitude ci-mentionné.<br />

Nous mentionnons plus haut<br />

les valeurs humanistes haïtiennes, parce<br />

que, n’en déplaise aux psychopathes du<br />

pouvoir qui se sont succédé en Haïti, le<br />

pays était né dans la lutte pour la liberté<br />

et la dignité de l’Être, et il était bien<br />

conscient non seulement des dangers<br />

que recèle son choix, mais aussi des<br />

responsabilités qui lui incombent, comme<br />

le témoignent les aides matérielles de<br />

Dessalines à Miranda, et de Pétion à<br />

Bolivar dans un moment où Haïti était<br />

vulnérable et placée en quarantaine<br />

comme pays vilain, pays bête noire<br />

de toutes les grandes puissances de<br />

l’époque.<br />

Avec une grande culture, une<br />

langue nationale parlée sur toute l’étendue<br />

du territoire, un peuple toujours résistant,<br />

des ressources minières supposées<br />

immenses, une Diaspora formidable<br />

résidant à travers le monde, une histoire<br />

riche de solidarité avec les autres peuples<br />

opprimés, Haïti a une grande chance de<br />

se remettre, parce que Haïti est le projet<br />

de l’Être, la mère de l’Amérique latine, le<br />

pays fondateur de notre modernité. Il lui<br />

faut seulement une autre politique pour<br />

honorer la grande vision de son projet<br />

original.<br />

Notes<br />

** Le lendemain de la « Déclaration<br />

spéciale » de Michel Martelly et d’Evens<br />

Paul en ce jeudi 21 janvier confirmant<br />

qu’ils entendent aller jusqu’au bout dans<br />

la farce d’élection-sélection de Jovenel<br />

Moïse, le CEP fait sortir une déclaration<br />

annonçant le report sine die du deuxième<br />

tour. Les pressions populaires du jeudi<br />

20 et vendredi 21 janvier où des dizaines<br />

de milliers de manifestants descendent<br />

dans la rue pour demander l’annulation<br />

du second, certains manifestants allant<br />

jusqu’à brûler quelques bureaux de vote,<br />

ont finalement eu gain de cause. C’est<br />

donc une grande victoire du droit contre<br />

l’arbitraire que la volonté et les velléités<br />

frauduleuses de Martelly et Paul aient été<br />

contrecarrées et vaincues par la mobilisation<br />

collective du peuple pour l’instauration<br />

d’un État de droit en Haïti.<br />

Tontongi 19 janvier <strong>2016</strong>.<br />

(Cet essai est un chapitre constitutif<br />

de mon livre en préparation Mes<br />

prêches dans le désert : Penser Haïti<br />

à travers ses crises et ses aspirations<br />

/ Prèch mwen nan mitan dezè : Panse<br />

Ayiti nan tribilasyon ak nan aspirasyon<br />

l yo. Il est aussi publié dans Alter Presse,<br />

Tanbou et Potomitan.)<br />

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Notes<br />

Cf. Leslie Péan « Haïti : Au bord de l’implosion et de<br />

l’explosion », Alter Presse, 8 novembre 2015 : http://www.<br />

alterpresse.org/spip.php?article19167#.VkC2V7erSig<br />

« Haïti-Elections : Une vaste opération de fraudes électorales<br />

planifiées, dénonce une coalition de plusieurs organisations<br />

» :http://www.alterpresse.org/spip.php?article19212#.<br />

Vks3F3arSig<br />

11Cf.: « Le rapport de la “Commission d’Évaluation<br />

Électorale Indépendante” remis à l’exécutif (officiel) » : Alter<br />

Presse, 3 janvier <strong>2016</strong>:http://www.alterpresse.org/spip.<br />

php?article19452#.Vo2C2PkrKig<br />

Cf. « How <strong>Haiti</strong> helped Greece in its fight for independence<br />

», Hougansydney, 11 janvier <strong>2016</strong> : http://www.<br />

hougansydney.com/haiti/how-haiti-helped-greece-in-itsfight-for-ndependence<br />

13.Tontongi,« Les implications malheureuses de l’élection<br />

de Dany Laferrière à l’Académie française », Alter Presse, 4<br />

février 2014 :http://www.alterpresse.org/spip.php?article15940#.ValbUPlVhHw<br />

Antonio Negri et Michael Hardt, Multitude, War and<br />

Democracy in the Age of Empire, The Penguin Press, New<br />

York, 2004.<br />

Cf. « L’opposition politique annonce des plaintes contre<br />

l’ingérence d’ambassadeurs étrangers dans les affaires internes<br />

d’Haïti », Alter Press, 15 janvier <strong>2016</strong> : http://www.<br />

alterpresse.org/spip.php?article19527#.Vplg4_krKig<br />

Cf. Leslie Péan, « Haïti-Élections : Un message annonciateur<br />

de l’ambassade américaine ? », Alter Presse mercredi 30<br />

décembre 2015 :http://www.alterpresse.org/spip.php?article19440#.Voq3zfkrKig<br />

Tontongi, « Dany Laferrière et la néocolonisation d’Haïti<br />

par la culture », Alter Presse, juillet 2015 : http://www.<br />

alterpresse.org/spip.php?article18511<br />

Cf. Mayotte Capécia, Je suis Martiniquaise, cité par Frantz<br />

Fanon dans Peau noire, masques blancs, pour illustrer<br />

la sorte de dépersonnalisation et d’autodévaluation que<br />

l’opprimé(e) opère en lui-même par le processus d’internalisation<br />

des présupposés justificatifs de l’oppression même<br />

qu’il ou elle subit.<br />

Claude Moïse… ibid…<br />

14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


Suite de la page (12)<br />

Suite de la page (12) La science argentine mobilisée contre le...<br />

non une politique de l’État », a<br />

souligné Dora Barrancos, qui a écarté<br />

que des licenciements aient eu lieu<br />

au Conicet.<br />

« Nous avons connu une augmentation<br />

de 10% par an des inscriptions,<br />

fruit de l’expansion de la<br />

capacité à développer de la science à<br />

travers des ressources pour la carrière<br />

de chercheurs et les bourses. Cela a<br />

permis un développement extraordinaire<br />

dans plusieurs spécialités, qui<br />

a permis d’avancer sur des brevets<br />

importants pour le développement.<br />

Le ministre Lino Barañao assure que<br />

tout cela va continuer, mais si l’on<br />

tient compte du contexte général du<br />

gouvernement, nous avons de très<br />

fortes inquiétudes à nous faire quant<br />

au soutien que vont avoir ces politiques<br />

», ajoute-t-elle.<br />

« Le néolibéralisme et la science<br />

sont en contradiction », affirme<br />

Barrancos. « Nous l’avons déjà vécu<br />

avec Martínez de Hoz [ministre neoliberal<br />

sous la dictature Videla] et<br />

pendant la période néolibérale du<br />

ménémisme. Il y a une grande inquiétude<br />

lorsqu’ en face on a un<br />

gouvernement à la tête duquel se<br />

trouvent des dirigeants venant de<br />

multinationales, éduqués dans des<br />

Frantz Boisson, EA<br />

Licensed: US Treasury Dept.<br />

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Parti démocrate et la classe dirigeante<br />

en général ont viré violemment à droite<br />

et abandonné toute politique de réforme<br />

libérale.<br />

Ces 30 dernières années ont été<br />

dominées par une offensive implacable<br />

de la classe dirigeante contre la<br />

classe ouvrière, qui s’est intensifiée<br />

sous le gouvernement Obama suite<br />

à l’effondrement capitaliste de 2008.<br />

Sanders fait souvent remarquer que<br />

dans l’Amérique d’aujourd’hui, les 20<br />

individus les plus riches possèdent plus<br />

de richesse que les 50 pour cent du bas<br />

de l’échelle – plus que 150 millions de<br />

gens. Et pourtant, il défend et loue le<br />

président qui a supervisé le plus grand<br />

transfert de richesse de toute l’histoire<br />

de la classe ouvrière vers les riches.<br />

Comme il l’a dit jeudi soir, « L’essentiel<br />

est, je pense, que le président a<br />

accompli un travail extraordinairement<br />

bon. J’ai travaillé avec lui sur quantités<br />

de dossiers. »<br />

Ces derniers jours, des économistes<br />

pro-Clinton comme Paul Krugman<br />

et Jared Bernstein s’en sont pris<br />

aux propositions de réforme de Sanders,<br />

dont la gratuité des établissements<br />

publics et la prestation universelle des<br />

soins de santé fournie par le gouvernement,<br />

comme étant parfaitement<br />

impossibles et irréalisables. C’est là<br />

une attaque contre Sanders depuis la<br />

droite, basée sur le mensonge habituel<br />

« que les caisses sont vides » pour<br />

les programmes sociaux. Krugman et<br />

les autres ont pourtant raison sur un<br />

point important. Sanders, tout comme<br />

ses détracteurs pro-Clinton, accepte<br />

et défend le système économique existant.<br />

Partant de là, ses propositions<br />

de réforme sont en effet utopiques.<br />

Aucun changement véritablement<br />

progressiste ne peut être réalisé<br />

en dehors d’une lutte de masse remettant<br />

directement en question les bases<br />

du régime capitaliste.<br />

Quant au Danemark et à la<br />

Suède, les modèles prétendument «<br />

socialistes » de Sanders, ils n’arrêtent<br />

pas, depuis deux décennies, d’imposer<br />

des mesures d’austérité de plus en plus<br />

dures à la classe ouvrière, démantelant<br />

le système de protection sociale mis en<br />

place après la Seconde Guerre mondiale.<br />

Leurs attaques brutales contre<br />

les réfugiés montrent bien leur virage<br />

vers la réaction sociale et politique. La<br />

Suède a annoncé le mois dernier vouloir<br />

expulser quelque 80.000 personnes<br />

ayant fui les guerres impérialistes au<br />

Moyen-Orient et le Danemark qu’il<br />

voulait confisquer les objets de valeur<br />

des demandeurs d’asile.<br />

Sanders ne représente pas l’opposition<br />

grandissante de la classe ouvrière<br />

à l’égard de l’inégalité, de la guerre et<br />

de la répression. Il n’articule pas les<br />

sentiments anticapitalistes croissants<br />

parmi les masses. Il représente la<br />

réaction de la classe dirigeante à ces<br />

développements. Sa fonction politique<br />

centrale est d’empêcher l’émergence<br />

d’un mouvement politique indépendant<br />

de la classe ouvrière et de canaliser le<br />

mécontentement social derrière le Parti<br />

démocrate.<br />

Wsws 20 février <strong>2016</strong><br />

universités privées, qui ont comme<br />

plan de diminuer l’État », souligne<br />

Dvorkin. « Dans n’importe quel pays,<br />

pour croitre, il faut des investissements<br />

à long terme et en prenant<br />

des risques. Cela, seul l’État peut le<br />

faire. C’est ainsi dans tous les pays<br />

du monde. Aux USA, en Chine, au<br />

Japon, etc. Cette réalité que nous<br />

défendons, aujourd’hui est occultée<br />

au profit des multinationales », résume<br />

t-il.<br />

Notes<br />

[1] Général Juan Carlos Ongania<br />

dirigeant de la junte militaire de<br />

juin 1966 à juin 1970 en Argentine,<br />

période dans laquelle met en place un<br />

ordre moral catholique extrêmement<br />

rigoureux, interdisant les mini-jupes,<br />

les cheveux longs et tout mouvement<br />

d’avant-garde culturelle, il fut coorganisateur<br />

du Plan Condor et grand<br />

admirateur du Père Georges Grasset<br />

fondateur de la Cité catholique.<br />

Página 12. Buenos Aires, 21<br />

février <strong>2016</strong>.<br />

Traduit de l’espagnol par :<br />

Estelle et Carlos Debiasi<br />

El Correo de la diaspora. Paris,<br />

21 février <strong>2016</strong>.<br />

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Suite de la page (7)<br />

sociales et mondaines. Or au cours des années<br />

1970-1980, ces mêmes associations<br />

n’avaient jamais invité Coupé Cloué, un<br />

grand pilier de la musique haïtienne si on<br />

veut le comparer à Sweet Micky. Si depuis<br />

1990 on avait méprisé et isolé ce goujat de<br />

Michel Martelly, il n’aurait jamais accédé à<br />

la présidence du pays. Si on l’avait remis à<br />

sa place depuis ces vingt dernières années,<br />

il n’aurait jamais composé cette meringue<br />

carnavalesque fatras pour attaquer Liliane<br />

Pierre-Paul. En un mot, si les intellectuels<br />

du pays avaient fait leur travail en dénonçant<br />

ouvertement les obscénités ouvertes<br />

de Sweet Mikcky, celui-ci n’aurait jamais<br />

avili nos institutions les plus sacrées.<br />

Evidemment le passage de Michel<br />

Martelly au pouvoir représente une honte<br />

qui ne va jamais s’effacer dans l’histoire<br />

du pays. Cette tâche sale est presque innettoyable.<br />

Mais je crois qu’elle l’est surtout à<br />

observer ce qui se passe dans le Parlement<br />

haïtien depuis au moins ces vingt dernières<br />

années. En effet, je crois qu’il est aussi<br />

scandaleux et honteux – et peut-être plus<br />

dangereux- le fait que des semblables de<br />

Sweet Micky occupent des fonctions aussi<br />

élevées dans le pays, que cela soit le résultat<br />

de fraudes électorales massives ou pas!<br />

L’essentiel est que ces quidam n’auraient<br />

dû même pas rêver d’occuper cette fonction<br />

aussi élevée et aussi sérieuse dans le pays.<br />

Point barre!<br />

Je me demande si les intellectuels<br />

du pays n’ont pas eu un haut le cœur à<br />

regarder, à la télévision, le dialogue engagé<br />

entre Gracia Delva et Antonio Chéramy<br />

(dit Don Kato) au Parlement haïtien le 14<br />

février dernier au cours de la cérémonie<br />

qui a fini par élire Jocelerme Privert comme<br />

président provisoire. « Garcia, w ap kouri<br />

sou mwen, ou vle vin frape m » avança<br />

Don Kato, et son collègue musicien de lui<br />

répondre : « Poze Senatè Kato ». Gracia<br />

Delva, lui avec une coiffure qui n’a rien<br />

à envier à celle de quelqu’un qui a perdu<br />

sa lucidité mentale circulant dans les rues<br />

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la notion de décorum dans la société haïtienne?<br />

Ce dialogue engagé au Parlement<br />

entre Gracia Delva et Don Kato est même<br />

indigne dans une toilette d’une boîte de<br />

nuit, alors qu’on l’a entendu au Parlement<br />

du pays. C’est un genre d’échange propre à<br />

l’obscène Martelly sur un char de carnaval.<br />

Plusieurs intellectuels du pays ont<br />

passé cinq ans à appeler “Son Excellence”<br />

un médiocre et un bandit légal comme Joseph<br />

Michel Martelly. Combien de temps<br />

passeront-ils à appeler Don Kato et Jacques<br />

Sauveur Jean “Honorable Sénateur”, et<br />

“honorable” un homme sans honneur<br />

comme Gracia Delva? A ce tournant de la<br />

vie nationale, honte à quiconque ne s’arme<br />

pas de courage pour dénoncer le fait qu’il<br />

est inacceptable que des ordures et des primaires<br />

siègent au Parlement haïtien.<br />

Honte à la classe politique haïtienne!<br />

Honte aux politiciens haïtiens! Ce sont eux<br />

qui, pour n’avoir visé qu’une seule fonction<br />

- la présidence de la République - nous<br />

ont donné ce parlement infesté de bandits<br />

et de chenapans! Leur raisonnement est<br />

celui-ci: si un détritus comme Joseph Michel<br />

Martelly peut devenir président, donc,<br />

pourquoi pas eux? Pour reprendre ce mot<br />

de Marc Bazin: “ Michel Martelly a avili<br />

la fonction présidentielle en Haïti”. Alors,<br />

en posant tous leur candidature à la présidence<br />

de la République, ils ont laissé vides<br />

les fonctions de députés, de sénateurs, de<br />

maires de nos grandes villes. Puisque la<br />

nature a horreur du vide, des hommes de<br />

la même famille que Sweet Micky encouragés<br />

par des nuls comme René Préval et Michel<br />

Martelly, ont, eux, visé le Parlement.<br />

Et il ne manque qu’Hervé Anténor (dit<br />

Shabba Djakout), Ronald “Roro” Nelson,<br />

Joël “ Jojo “ Lorquet et Amaral Duclona<br />

pour compléter la bande de “bandits illégaux”<br />

au Parlement.<br />

C’est sûr que la Constitution ne<br />

demande pas que quelqu’un détienne un<br />

diplôme universitaire pour être député ou<br />

sénateur ; mais je pense que pour remplir<br />

ce rôle dans n’importe quel pays, il s’avère<br />

nécessaire qu’un citoyen détienne un minimum<br />

d’intellect, surtout que l’un des agendas<br />

d’un sénateur est de discuter de loi, de<br />

proposer des lois. Oswald Durand n’était<br />

pas détenteur de diplôme universitaire,<br />

mais il était un intellectuel de belle eau et<br />

a été l’un de nos meilleurs parlementaires.<br />

Aux Etats-Unis, selon dailynewsgem.com,<br />

tous les membres du 114ème Congrès<br />

(députés et sénateurs) ont achevé leurs<br />

études secondaires. 85 députés et 14 sénateurs<br />

détiennent une maitrise. 169 députés<br />

(38% de la Chambre des députés) et<br />

57 sénateurs (57% du sénat) sont avocats.<br />

19 députés ont un doctorat. 22 députés<br />

et trois sénateurs sont médecins…”Au<br />

Canada, selonwww.ulval.ca, “ le diplôme<br />

universitaire [est un] passeport politique.<br />

Les élus sont beaucoup plus éduqués que<br />

leurs concitoyens. Avant 1966, environ<br />

50% des députés québécois détenaient un<br />

titre universitaire. Cette proportion a augmenté<br />

à 75% au début des années 1980<br />

et à 80% durant les années 2000. “ Voilà<br />

que nous autres, en plein XXIème siècle,<br />

nous nous laissons diriger par des incultes.<br />

Voilà que, en <strong>2016</strong>, le parlement haïtien est<br />

occupé par des sénateurs croupions. Alors<br />

que jadis, il était occupé par de grands intellectuels<br />

comme Brutus Saint Victor, Sténio<br />

Vincent, Seymour Pradel, Emile Saint Lot<br />

et d’autres encore représentent le département<br />

de l’Ouest! Seuls sont responsables<br />

de la décrépitude actuelle nos politiciens<br />

qui veulent tous devenir présidents de la<br />

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Et “honorable” un homme sans<br />

honneur comme Gracia Delva?<br />

République!<br />

Seuls les politiciens haïtiens d’aujourd’hui<br />

pensent qu’être maire d’une ville<br />

n’est pas une fonction élevée. Entre les années<br />

1930 et 1970, on a eu comme maires<br />

de Port-au-Prince Raphaël Brouard, Ferndand<br />

Crepsac, Dr Nelaton Camille, Antoine<br />

R. Hérard et d’autres grands intellectuels.<br />

Avant de devenir président de la République<br />

française, Jacques Chirac et Nicolas<br />

Sarkozy n’ont-ils pas été respectivement<br />

maires de Paris de 1977 à 1995 et maire<br />

de Neuilly-sur-Seine de 1983 à 2002?<br />

Avant de se porter candidat à la présidence<br />

des Etats-Unis, Bernie Sanders a été maire<br />

de Burlington (Vermont) de 1981 à1989.<br />

Puis, il a passé 16 ans comme « congressman<br />

» (député) et a été élu au sénat en<br />

2006.<br />

Pourquoi les Jean-Henri Céant,<br />

Jacques Sampeur, Clarence Renois, Florent<br />

Aviol, Charles-Henri Baker et d’autres<br />

hommes assez bien formés ne visent-t-il<br />

pas d’abord la mairie de Port-au-Prince ou<br />

celle de leur ville de province, ou la fonction<br />

de député ou de sénateur pour penser<br />

quelque temps plus tard à la présidence?<br />

Pourquoi ce “mache prese”? Qui va lentement<br />

arrive sûrement! Il est recommandé<br />

en politique de monter les échelons dans<br />

la fonction publique avant de devenir premier<br />

magistrat d’une nation! Ces messieurs<br />

doivent rêver s’ils pensent être de plus<br />

brillants intellectuels que les Brouard, les<br />

Crepsac, les Camille, les Hérard, etc. , s’ils<br />

pensent mieux connaître le pays qu’eux.<br />

Avant de briguer la présidence d’Haïti,<br />

Sténio Vincent, Dumarsais Estimé, Daniel<br />

Fignolé, Louis Déjoie étaient sénateurs et<br />

députés.<br />

Michel Martelly a quitté le pouvoir.<br />

Très bien! Si on doit lui dire “Adios Amigo!”,<br />

on doit aussi avoir le courage de dire<br />

“ Bienvenido bandidos” à des fatras et<br />

des déshonorables parlementaires qui occupent<br />

des positions aussi honorables. La<br />

nation mérite mieux, beaucoup mieux que<br />

ces “bandits illégaux” qui nous sont restés<br />

à la gorge, pour reprendre le mot de Lyonel<br />

Trouillot. Ne vaut-il pas la peine de les rejeter<br />

de nos propos? Je le pense fermement!<br />

Prenons alors notre plume pour le faire dès<br />

maintenant au lieu d’attendre leur départ<br />

pour leur dire “Adios”. Ce sera trop tard!<br />

L’heure est maintenant ou jamais! C’est<br />

une urgence! Pour le prestige et l’honneur<br />

de la patrie!<br />

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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

15


suite de la page (7)<br />

recherche des intérêts individuels<br />

et collectifs qui a donné naissance à<br />

l’État. Selon Thomas Hobbes, le souverain<br />

a la responsabilité politique et<br />

morale « d’assurer à tous ses sujets<br />

(citoyens) la sécurité, l’égalité devant<br />

la loi et la prospérité matérielle. »<br />

Quelques uns d’entre vous ont<br />

probablement lu la dernière lettre que le<br />

poète martyr David Diop (1) a écrite à<br />

son beau-frère au moment de rejoindre<br />

la Guinée en 1958: « Il est des cas, ditil,<br />

où celui qui se prétend intellectuel<br />

ne doit pas se contenter de vœux pieux<br />

et de déclaration d’intention. Il faut<br />

qu’il donne à ses écrits un prolongement<br />

concret. »<br />

Dans les interlignes de cette citation,<br />

l’écran de notre imagination<br />

tente de reconstituer les images des<br />

nombreuses personnalités mythiques<br />

qui portent l’emblème de l’immortalité<br />

pour avoir posé en face de l’horreur des<br />

actes de bravoure inestimables. Elles<br />

ont participé délibérément aux durs<br />

et valeureux combats menés sur tous<br />

les fronts pour extirper de l’univers les<br />

démons des inégalités sociales et de<br />

l’oppression raciale. Et surtout, elles<br />

demeurent accrochées aux recommandations<br />

de Montesquieu : « La liberté<br />

de la pensée est l’unique rempart de la<br />

liberté des nations.»<br />

La prière de l’enfant de Martin<br />

Gray (2), quel formidable et subliminal<br />

exemple de « Liberté » dans la tolérance<br />

sociale :<br />

« Je prie<br />

Pour que tu ne<br />

sois ni esclave ni réfugié<br />

Mais libre de<br />

prier la religion de ta famille<br />

Et je prie<br />

Pour que tu aies<br />

le droit de ne pas prier »<br />

Par la faute d’un État soudé à<br />

l’infantilisme, au sectarisme et à l’immobilisme,<br />

les Haïtiens tressent sans<br />

répit la paille sèche de la « pauvreté extrême<br />

». Et ils se retranchent dans<br />

la hantise d’un retour brutal du<br />

passé fascisant, artisan farouche<br />

et irréductible de la terreur affreuse.<br />

Victor Cochinat, ce journaliste<br />

d’origine antillaise qui a passé son<br />

existence à écrire des pamphlets pour<br />

prédire la disparition de la République<br />

d’Haïti en tant que nation a dû dans<br />

l’au-delà tourner en dérision le grand<br />

défenseur de la race noire, Louis-Joseph<br />

Janvier. En constatant l’état<br />

avancé de déchéance, de décadence,<br />

de décrépitude du pays, nous serions<br />

presque convaincus de la réticence de<br />

Janvier aujourd’hui à s’engager sur<br />

la voie des affirmations si radicales:<br />

« Pour la race noire, Haïti c’est le<br />

soleil se levant à l’horizon (3)». Et<br />

pourtant, La République d’Haïti a une<br />

histoire d’Héroïsme et de Liberté peu<br />

commune. C’est son cheminement historique<br />

grandiose et méritoire qui lui<br />

vaut d’être la « cible » continuelle<br />

des instincts destructeurs de ces<br />

tristes « vautours » qui avilissent la<br />

communauté internationale (CI).<br />

Le docteur Louis-Joseph Janvier<br />

fit d’autres prédictions qui, exceptionnellement,<br />

se sont avérées. Le<br />

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diplomate écrivit : « Les présidences à<br />

court terme, mauvaises pour un pays<br />

neuf où la vie politique n’est pas intense<br />

parce que les cerveaux ont été<br />

laissés trop longtemps sans culture et<br />

que les intérêts matériels sont concentrés<br />

entre les mains d’un petit nombre<br />

de personnes, vont se succéder. Avec<br />

elles, se manifesteront des recrudescences<br />

de la colère du peuple, naîtront<br />

des guerres intestines. Les unes et les<br />

autres seront précédées, accompagnées<br />

ou suivies de luttes parlementaires<br />

absolument sans grandeur (4).<br />

S’il n’avait pas fallu se fier à certaines<br />

apparences, nous aurions déclaré<br />

que la République d’Haïti n’est pas<br />

vraiment arrivée à enjamber les barrières<br />

de ce que les philosophes des lumières,<br />

notamment Jean-Jacques Rousseau,<br />

ont baptisé « l’état de nature ».<br />

Le pays peine encore à trouver une<br />

voie sociopolitique pour se départir<br />

de sa cuirasse tribalo-primitive. Le<br />

peuple haïtien, à cause de l’irresponsabilité<br />

flagrante dont font preuve ses<br />

dirigeants, erre dans la noirceur opaque<br />

de la déraison et de l’absurdité.<br />

Parviendra-t-il à s’orienter vers le « soleil<br />

libérateur » tant recherché par<br />

Jacques Stephen Alexis ? Et dire qu’il<br />

existe encore des « insensés » qui<br />

s’entredéchirent, qui s’entretuent pour<br />

régner comme Néron ou Attila sur<br />

cette partie de l’île agonisante ! Complètement<br />

à la dérive !<br />

« Nous avons faim ! »<br />

Ces cris de frustration, ces onomatopées<br />

de désolation qui ponctuent<br />

les journées en Haïti, nous tenons à le<br />

rappeler, ont été dans plusieurs pays<br />

le dénominateur commun de commencement<br />

d’une violence ruineuse<br />

qui a déjà conduit à la déstabilisation<br />

de nombreux États démissionnaires.<br />

Parasitaires. Immobilistes.<br />

Nous avons écrit dans le roman<br />

inédit Mourir pour vivre : « La quête<br />

du pain qui devient rare, introuvable<br />

ragaillardit les bras des pauvres pour<br />

faire avancer plus vite les hélépoles de<br />

frustration et de colère. “ Nous avons<br />

faim ! Donnez-nous du pain… ! ” Ces<br />

vociférations menaçantes ont ébranlé<br />

dans le temps des monarchies célèbres<br />

et apparemment puissantes. La Bastille,<br />

elle-même, n’y a point résisté.<br />

Louis XVI est passé sous la guillotine.<br />

Des foyers de révolte ont embrasé des<br />

villes entières afin de dératiser les<br />

caves de corruption, d’oppression et<br />

de répression d’où s’originent les inégalités<br />

sociales émétiques, vomitives.<br />

(5) »<br />

Certains pays de la planète commencent<br />

sérieusement à incarner « Les<br />

raisins de la colère » de John Steinbeck,<br />

roman adapté au cinéma en 1940 par<br />

John Ford et Nunnally Johnson. Ce récit<br />

émouvant du drame vécu par les<br />

fermiers de l’Oklahoma durant la crise<br />

économique grave qui a frappé les<br />

États-Unis de 1929 à 1939 a marqué<br />

la mémoire de plusieurs générations.<br />

La politique, surtout dans les<br />

pays du Sud, doit cesser d’être simplement<br />

la science du pouvoir pour<br />

retrouver l’essence de sa valeur fondamentale<br />

qui est la recherche du<br />

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bien-être des individus et des collectivités.<br />

Cela fait trop longtemps que<br />

« la vache du riche mange le grain<br />

du pauvre ». Les dirigeants de l’État<br />

sont mandatés pour combattre la<br />

pauvreté de masse persistante et<br />

trouver une voie de développement<br />

durable pour la République d’Haïti.<br />

Une nation, malheureusement,<br />

sans « avoir » (pauvreté extrême)<br />

et sans « savoir » (taux d’analphabétisme<br />

toujours élevé) pourrait effectivement<br />

être vouée à la disparition et<br />

à l’oubli.<br />

De temps en temps,<br />

nous nous amusons à revisiter la<br />

vielle copie du film État de siège<br />

magistralement interprété par Yves<br />

Montand que nous avons achetée dans<br />

un marché aux puces en Amérique du<br />

Nord. Celui qui nous l’a vendu ne savait<br />

pas qu’il venait de se débarrasser<br />

d’un trésor culturel pour une malheureuse<br />

pitance de cinquante cents. Une<br />

histoire de kidnapping d’un diplomate<br />

étranger accrédité en Amérique latine.<br />

Le film s’achève avec l’assassinat de la<br />

victime.<br />

État de siège a réussi à nous<br />

apprendre ce qu’est une organisation<br />

politique, dans le sens le plus scientifique<br />

du terme. C’est peut-être pour<br />

cela que nous utilisons un vocabulaire<br />

précis pour désigner les différentes<br />

composantes de la classe politique haïtienne<br />

: des groupements politiques<br />

sans structure organisationnelle.<br />

Sans idéologie. Nous vous référons<br />

aux ouvrages Les partis politiques de<br />

Roberto Michels (1913) et de Maurice<br />

Duverger (1951). Pas de système politique<br />

sans système idéologique.<br />

La formation des partis politiques<br />

remonte au milieu du 19 ème siècle.<br />

Nous en reprenons la définition retenue<br />

par Denis Monière et Jean H. Guay,<br />

calquée sur les approches théoriques<br />

des penseurs J. La Palombara et M.<br />

Weiner (Political parties and Political<br />

Development, 1966) : « On définit généralement<br />

un parti politique comme<br />

une organisation durable qui se différencie<br />

des autres types d’organisation<br />

par la recherche du soutien populaire<br />

pour la conquête et l’exercice direct du<br />

pouvoir. »<br />

Heureusement que l’histoire sait<br />

engendrer ses héros<br />

Fort souvent, il nous arrive de réfléchir<br />

sur les principaux événements qui ont<br />

su à travers l’histoire de l’humanité<br />

élever l’homme au faîte de la gloire ou<br />

le jucher sur le sommet de la honte perpétuelle.<br />

Depuis l’effondrement du bloc<br />

de l’Est, les puissances occidentales<br />

se livrent à un jeu méchant et subtil:<br />

détruire petit à petit les figures mythiques<br />

qui symbolisent le passé glorieux<br />

de certains peuples et qui leur servent<br />

de modèle de résistance ou de lutte<br />

dans les moments difficiles de leur existence.<br />

En 1983, le Congrès des États-<br />

Unis consentit finalement à voter la loi<br />

par laquelle la date de l’anniversaire de<br />

Martin Luther King, 19 janvier 1929,<br />

devint un jour de congé officiel. Elle<br />

fut introduite en 1972 et combattue<br />

farouchement – par Ronald Reagan,<br />

entre autres – avant d’être acceptée et<br />

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Chaque 21 janvier ramène l’anniversaire<br />

de la mort de Vladimir Ilitch<br />

Oulianov dit Lénine, celui qui disait :<br />

« La Russie reste un pays retardataire<br />

à un point incroyable, un pays misérable<br />

et à demi sauvage.» Depuis des<br />

années, nous reprenons ces mêmes<br />

mots pour qualifier l’état de la République<br />

d’Haïti. Que reste-il aujourd’hui<br />

de Lénine en termes de souvenirs et<br />

de valeurs historiques? La période<br />

de l’après-guerre froide a bien fait<br />

son travail d’aliénation et d’ « amnésiation<br />

».<br />

On ne naît pas forcément héros !<br />

On le devient par la force des choses.<br />

Avant le 28 novembre 1985, date de<br />

l’assassinat des trois élèves gonaïviens,<br />

personne ne soupçonnait qu’il y avait<br />

quelque part, dans un coin reculé d’un<br />

bidonville qui s’appelle Raboteau, un<br />

pêcheur ignorant, illettré, analphabète,<br />

un certain Jean Tatoune par le sobriquet,<br />

qui allait forcer la République<br />

d’Haïti à amorcer un virage historico-politique<br />

stupéfiant. Le monde avait<br />

pu aussi entendre parler d’un Paulux<br />

Saint-Jean – un ancien camarade de<br />

classe chez les Frères de l’Instruction<br />

Chrétienne – brave, hardi et téméraire.<br />

Le « rebelle » antiduvaliériste, qui<br />

était un lieutenant du « mouvement<br />

de guérilla » de Lionel Lainé, décéda<br />

mystérieusement sur la route<br />

nationale numéro 1, quelques<br />

jours après la fuite des Duvalier<br />

et des Bennett. Il avait laissé<br />

Gonaïves pour se rendre à Portau-Prince,<br />

dans le but de répondre<br />

à une convocation du général<br />

président Henri Namphy. Les<br />

freins du véhicule à bord duquel il<br />

se trouvait, selon des témoignages<br />

concordants, auraient lâché.<br />

C’est l’exécution d’Alexandre<br />

Oulianov, le frère aîné de Lénine en<br />

1887 qui va indiquer à ce dernier la<br />

voie à suivre afin d’aider le prolétariat<br />

russe à se libérer de la dictature monarchique.<br />

Lénine disait : « Chaque<br />

force sociale se pose des objectifs<br />

politiques qui correspondent à ses<br />

intérêts objectifs. » L’anniversaire<br />

du décès de Lénine ne retient presque<br />

plus l’attention de la planète. Les temps<br />

ont changé. Cependant, les réalités<br />

contondantes des sociétés mondiales<br />

ont empiré. Empirent. « Le prolétariat<br />

n’a d’autre arme dans sa lutte<br />

pour le pouvoir que l’organisation »,<br />

soutenait encore l’artisan principal du<br />

communisme en Union Soviétique. En<br />

Haïti, les Héros de la guerre de l’indépendance<br />

sont enfermés dans les placards<br />

du mépris et de l’oubli. Aucun<br />

sentiment de Respect et d’Honneur de<br />

la part des dirigeants politiques ignares<br />

et délinquants à l’égard des aïeux !<br />

Beaucoup de Juifs échappés<br />

au régime esclavagiste de Pharaon<br />

ne furent pas arrivés à franchir les<br />

portes de Canaan. Ceux-là qui étaient<br />

cuits dans la fournaise ardente du<br />

« Mal », les irréductibles, les traîtres,<br />

les idolâtres, les ingrats qui se souillaient,<br />

qui se prostituaient dans le lit<br />

du « Diable », étaient carrément<br />

frappés d’anathème. Et pour les besoins<br />

et le triomphe de la cause, le<br />

Prophète n’eut d’autre choix que de<br />

les condamner à manger des pissenlits<br />

dans le désert par les racines. Les<br />

Haïtiens retiendront de cet euphémisme<br />

que la République ne pourra<br />

pas avancer sans que les « barrières »<br />

de blocage ne soient renversées.<br />

Éliminées.<br />

Haïti descend lentement, mais<br />

sûrement dans l’abîme<br />

Comment pouvait-il en être autrement<br />

lorsque toute la politique de la communauté<br />

internationale (CaI) consiste<br />

depuis longtemps à tirer le pays par<br />

les pieds pour l’empêcher de monter.<br />

Nous rappelons quelques passages<br />

du discours prononcé par le maire<br />

de Port-au-Prince, M. Sténio Vincent,<br />

à l’occasion de la fête du travail le 1 er<br />

mai 1908 et rapporté par Alain Turnier<br />

(6) : « Les étrangers, dit Sténio Vincent,<br />

venus de partout pour la conquête<br />

légitime et naturelle de la vie<br />

encombrent toutes les avenues de<br />

l’activité sociale. Voyez un peu ! La<br />

banque est allemande. Les commis de<br />

banque sont allemands. L’enseignement<br />

est français. Il est de plus en plus<br />

congréganiste. Le commerce d’importation<br />

et d’exportation est allemand,<br />

français, anglais, américain et syrien.<br />

De vagues commerçants haïtiens se<br />

trouvent mêlés à cette sauce cosmopolite,<br />

une sauce blanche, comme deux<br />

ou trois grains de poivre qui seraient<br />

tombés par mégarde. Le commerce<br />

nous échappe. La cordonnerie est cubaine.<br />

L’horlogerie et la bijouterie sont<br />

italiennes. La confection pour hommes<br />

est surtout cubaine. La carrosserie est<br />

jamaïcaine. Les quelques usines que<br />

nous avons çà et là pour la préparation<br />

du café et du cacao, les deux<br />

ou trois plantations quelque peu organisées,<br />

tout cela est aux mains des<br />

étrangers…»<br />

Nous avons l’impression que la<br />

République d’Haïti se retrouve au même<br />

carrefour qui révolta la conscience du<br />

maire Sténio Vincent devenu par la<br />

suite président le 18 novembre 1930.<br />

La bouillotte de crise sociale, économique<br />

et politique dans la laquelle elle<br />

mijote depuis plus de deux cents ans ne<br />

se refroidit pas.<br />

L’accord obscur signé le 6 février<br />

<strong>2016</strong> entre la présidence des Tèt<br />

Kale et le « parlement délégitimé »<br />

n’arrivera pas à jeter de l’eau sur le<br />

feu des mécontentements populaires.<br />

Il barbotte dans un océan d’inexplicité.<br />

À cause du document confus, le fossé<br />

des hostilités politiques commence à<br />

s’élargir. Les mascarades électorales du<br />

9 août et du 25 octobre <strong>2016</strong> ne pourront<br />

pas échapper aux flammes de l’annulation,<br />

sans causer des préjudices<br />

graves à la volonté et à l’effort d’instaurer<br />

un « État de droit » en Haïti.<br />

Le dilemme shakespearien, comme<br />

pour Hamlet, subjugue en ce moment<br />

la conscience des Haïtiens: « To be or<br />

not to be… That is the question. »<br />

Tous les grands essayistes et<br />

romanciers haïtiens du 19 ème siècle,<br />

Fernand Hibbert, Frédéric Marcelin,<br />

Louis-Joseph Janvier… ont utilisé le<br />

même vocabulaire pour baptiser, déplorer<br />

et dénoncer les « Maux » dont<br />

souffre l’État haïtien depuis sa création,<br />

et qui causent jusqu’à présent<br />

les mêmes déceptions, provoquent les<br />

mêmes souffrances, occasionnent les<br />

mêmes privations aux couches ignorantes<br />

et ignorées de la population.<br />

Comment restituer aux victimes de<br />

l’hégémonie impérialiste et de la domination<br />

oligarchique le libre exercice de<br />

leurs droits de citoyenneté ? «That is<br />

the question! ».<br />

St-Exupéry disait : «Être<br />

homme, c’est sentir en posant sa<br />

pierre, que l’on contribue à bâtir le<br />

monde. » La culture de ce que la sagesse<br />

socratique qualifiait de « fausse<br />

universalité démocratique » –<br />

comme celle qui se pratique encore de<br />

nos jours en Occident – n’amènera certainement<br />

pas la République d’Haïti sur<br />

le chemin de la paix sociale. Comme<br />

par magie, l’insécurité publique a repris<br />

son bâton de terreur.<br />

En observant ce pays qui périclite<br />

et qui a donné naissance à une somme<br />

considérable d’intellectuels éminents,<br />

reconnus et respectés dans les milieux<br />

universitaires étrangers, nous ne<br />

pouvons nous empêcher de conclure<br />

comme François Rabelais, médecin<br />

et philosophe français: «Science sans<br />

conscience n’est que ruine de l’âme.»<br />

Thomas Mann(7) nous apprend<br />

: « Le génie est une punition de<br />

Dieu. Le mal est une nécessité, c’est lui<br />

qui attise le feu du génie. » Du fléau<br />

de l’esclavagisme, ce mal absolu, ont<br />

émergé des femmes et des hommes géniaux<br />

qui ont confectionné et hissé le<br />

drapeau d’un État souverain et indépendant<br />

au mât de la Liberté.<br />

Par-delà les incertitudes de l’avenir,<br />

nous exhortons les camarades à<br />

l’espoir de voir émerger un jour en Haïti<br />

un modèle de société qui soit vraiment<br />

capable d’enrayer l’ilotisme et de<br />

redonner de la valeur à la vie humaine.<br />

Robert Lodimus<br />

______________________<br />

Notes et références<br />

(1)David Diop, poète sénégalais.<br />

(2)Martin Gray, J’écris aux hommes<br />

de demain.<br />

(3)Louis Joseph Janvier, La République<br />

d’Haïti et ses visiteurs.<br />

(4)Louis-Joseph Janvier, Les Constitutions<br />

d’Haïti.<br />

(5)Robert Lodimus, Mourir pour<br />

Vivre, inédit.<br />

(6)Alain Turnier, La société des baïonnettes.<br />

(7)Thomas Mann, Mort à Venise,<br />

adapté au cinéma en 1971 par Luchino<br />

Visconti.<br />

16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


A Travers le monde<br />

L’ANC accuse Washington<br />

de préparer un « printemps<br />

sud-africain »<br />

Le secrétaire général du Congrès<br />

national africain (ANC), Gwede<br />

Mantashe, a dénoncé les activités<br />

irrégulières de l’ambassade des<br />

États-Unis<br />

Intervenant lors d’une manifestation<br />

qui rassembla plus de 80 000 militants,<br />

le 19 février <strong>2016</strong>, le secrétaire<br />

général du Congrès national africain<br />

(ANC), Gwede Mantashe, a dénoncé<br />

les activités irrégulières de l’ambassade<br />

des États-Unis et mis en garde<br />

face à une action de déstabilisation des<br />

services secrets US en Afrique du Sud.<br />

L’ANC est le parti<br />

président Jacob Zuma<br />

Revenant sur ces accusations,<br />

le porte-parole de l’ANC, Keith Khoza,<br />

a déclaré que Washington avait<br />

L’ambassadeur US en Afrique<br />

du Sud Patrick Gaspard<br />

recruté et envoyé aux États-Unis pour<br />

un stage de formation de six mois un<br />

groupe de jeunes sud-africains qui<br />

avait ensuite été dispersé dans le pays.<br />

Il a précisé que l’ambassadeur Patrick<br />

Gaspard avait organisé plusieurs<br />

réunions avec diverses ONG en vue de<br />

préparer un « printemps sud-africain »,<br />

sur le modèle du « printemps arabe ».<br />

L’ambassade des États-Unis a<br />

nié en bloc les accusations de l’ANC.<br />

Selon elle, ces jeunes gens et les<br />

réunions qui ont suivies font partie<br />

d’un programme d’éducation.<br />

Réseau voltaire<br />

22 février <strong>2016</strong><br />

Venezuela: Le Bloc de la<br />

Patrie rejette les déclarations<br />

de l’ex président du<br />

Costa Rica Oscar Árias<br />

Primaires républicaines : troisième victoire<br />

de suite pour Donald Trump<br />

Le milliardaire américain Donald<br />

Trump a remporté le caucus républicain<br />

du Nevada avec une large<br />

avance sur ses rivaux Marco Rubio et<br />

Ted Cruz.<br />

C’est sa troisième victoire de<br />

suite après la Caroline du Sud et le New<br />

Hampshire. Donald Trump a remporté<br />

le caucus républicain du Nevada avec<br />

près de 42% des voix. Le résultat était<br />

serré pour la deuxième place. CNN,<br />

Fox News et MSNBC donnaient Marco<br />

Rubio second à 25% et Ted Cruz autour<br />

de 21%.<br />

Fox News jugeait toutefois que<br />

le scrutin était encore “trop serré”<br />

Obama veut fermer le “chapitre” Guantanamo<br />

avant de quitter la Maison-Blanche<br />

Par Arnaud Focraud<br />

Promesse électorale du candidat Obama<br />

en 2008, la fermeture de la prison de<br />

Guantanamo fait l’objet d’un plan<br />

présenté mardi par le président américain.<br />

Une façon pour le dirigeant de<br />

mettre la balle dans le camp des républicains,<br />

à l’aube de la campagne présidentielle<br />

et de son départ de la Maison-Blanche.<br />

Donald Trump est le nouveau<br />

favori des primaires républicaines<br />

« Quand il devient clair que<br />

quelque chose ne fonctionne pas, que<br />

cela n’est pas bon pour notre sécurité, il<br />

faut changer de voie. » Lors d’une allocution<br />

mardi à la Maison-Blanche, Barack<br />

Obama a présenté son plan pour fermer<br />

la prison de Guantanamo. A moins d’un<br />

an de son départ du pouvoir, le président<br />

des Etats-Unis veut “refermer un<br />

chapitre” de l’histoire américaine, évoquant<br />

ce centre de détention comme un<br />

outil de recrutement pour les djihadistes.<br />

L’administration a identifié 13 sites<br />

sur le sol américain susceptibles d’accueillir<br />

les prisonniers actuellement détenus<br />

sur l’île de Cuba ; mais n’en a cependant<br />

pas communiqué la liste exhaustive et<br />

n’en a pas recommandé un en particulier.<br />

Le coût total de ce transfert serait significatif,<br />

se situant dans une fourchette de<br />

290 à 475 millions de dollars. Il reste à ce<br />

jour 91 détenus dans cette prison qui en<br />

a un temps accueilli près de 800. Trentecinq<br />

d’entre eux pourraient être transférés<br />

dans des pays tiers dans les mois à<br />

venir, selon l’exécutif américain.<br />

« Si, en tant que pays, nous ne<br />

réglons pas ce problème aujourd’hui,<br />

quand le ferons nous? Allons-nous laisser<br />

traîner le dossier pendant 15, 20, 30<br />

ans? », s’est interrogé Barack Obama,<br />

qui en appelle à la responsabilité des républicains,<br />

majoritaires au Congrès. Mais<br />

sans surprise, le projet a immédiatement<br />

suscité de vives réactions dans le camp<br />

des adversaires du président. « Sa proposition<br />

manque de détails cruciaux, requis<br />

par la loi, comme le coût exact et le lieu<br />

d’un nouveau centre de détention », a<br />

critiqué Paul Ryan, président républicain<br />

de la Chambre des représentants. « Nous<br />

ne risquerons pas notre sécurité nationale<br />

La prison de Guantanamo<br />

pour dire avec certitude qui des deux<br />

rivaux s’était arrogé la deuxième place<br />

du podium. Les deux autres candidats<br />

républicains encore en lice pour la primaire<br />

du “Grand Old Party” (GOP),<br />

Ben Carson et John Kasich, étaient<br />

largement distancés, donnés respectivement<br />

à 8% et 4% des votes sur Fox<br />

News et MSNBC. Le scrutin organisé<br />

sous forme de caucus, des réunions<br />

publiques alliant débats et votes, devait<br />

permettre de désigner 30 délégués<br />

pour l’investiture républicaine.<br />

Après le scrutin, Donald Trump<br />

s’est félicité de sa victoire et d’avoir<br />

réussi à être devant “chez les gens<br />

peu éduqués”. “J’adore les gens peu<br />

éduqués”, a-t-il lancé.<br />

JDD 24 février <strong>2016</strong><br />

pour une promesse de campagne », a-t-il<br />

lancé.<br />

Car ce projet de fermeture, qui était<br />

une promesse de campagne de Barack<br />

Obama en 2008, arrive à moins de<br />

neuf mois de l’élection présidentielle. Si,<br />

comme c’est prévisible, le Congrès bloque<br />

tout mouvement, l’exécutif américain<br />

pourrait être tenté d’agir par décrets<br />

avant une éventuelle alternance au pouvoir.<br />

La Maison-Blanche est cependant<br />

restée jusqu’ici évasive sur ce thème. Et<br />

la marge de manœuvre juridique du président<br />

américain est incertaine et divise les<br />

experts. Mais ce débat devrait s’imposer<br />

au cours de la campagne.<br />

Le JDD 23 février <strong>2016</strong><br />

Le Bloc parlementaire de la Patrie a<br />

exprimé jeudi sa condamnation de<br />

la présence à l’Assemblée Nationale<br />

de l’ex président du Costa Rica Oscar<br />

Árias ainsi que de Mpho Tutu, fille du<br />

prêtre sud-africain Desmond Tutu, lors<br />

d’un acte d’ingérence dans les affaires<br />

intérieures du pays.<br />

A ce sujet, le député du Parti Socialiste<br />

Uni du Venezuela (PSUV) Victor<br />

Clark a déclaré sur Venezolana de<br />

Televisión: « Nous rejetons et nous condamnons<br />

fermement non seulement les<br />

déclarations mais la présence indigne<br />

de ceux qui prétendent à nouveau se<br />

mêler des affaires intérieures de la<br />

démocratie vénézuélienne ».<br />

Pour le député du PSUV, il n’est<br />

pas nouveau que l’ex président du<br />

Costa Rica « se mêle de la démocratie<br />

vénézuélienne et de ce qui concerne le<br />

président Nicolás Maduro ».<br />

« Il ne vient pas parler ici en tant<br />

que porte-parole de la paix et défenseur<br />

des Droits de l’Homme, il vient parler<br />

Oscar Árias<br />

en tant que porte-parole de l’économie,<br />

porte-parole politique d’une droite qui<br />

a aussi son devoir », a regretté Clark.<br />

Le député a signalé que la nouvelle<br />

direction du Parlement a dans ses<br />

plans d’amener des porte-paroles internationaux<br />

pour “perturber la paix de la<br />

nation”.<br />

Il a appelé la communauté internationale<br />

à “comprendre que le Venezuela<br />

continuera dans la voie de la<br />

démocratie “ et a averti que le pays a<br />

la capacité de résoudre ses problèmes<br />

intérieurs avec les pouvoirs publics en<br />

vigueur.<br />

« Ce n’est pas un hasard de l’histoire,<br />

monsieur Arias, que vous recommandiez<br />

au chavisme de se baigner<br />

dans la démocratie, c’est précisément le<br />

chavisme qui a garanti pendant tout ce<br />

temps la paix ici », a-t-il noté.<br />

AVN 18 février <strong>2016</strong><br />

Traduction Françoise Lopez<br />

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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

17


Suite de la page (8)<br />

dominions britanniques, comme étant<br />

les nations les plus vitales du monde. »<br />

La théorie imaginée par Huntington<br />

des “groupes sélectionnées” dans<br />

lesquels d’ailleurs il inclut à côté des<br />

Anglo-Saxons, les Junkers prussiens, a<br />

pour but de justifier le mythe de la vitalité<br />

particulière des Anglo-Saxons. C’est<br />

à cette fin que ce “savant” applique<br />

sans se gêner à la société humaine les<br />

lois du monde animal découvertes par<br />

Darwin. Il affirme que la “sélection qui<br />

s’effectue à notre insu isole et préserve<br />

les êtres qui ont des qualités supérieure<br />

à la moyenne.<br />

Ainsi cette pseudoscience de la<br />

sélection artificielle d’un type supérieur<br />

basée comme on le sait sur la génétique<br />

antiscientifique de Weismann et<br />

de Morgan, constitue la pierre angulaire<br />

de ces théories racistes. Ainsi par<br />

exemple, Fairchild rapporte l’existence<br />

de “gênes d’une race supérieure, d’une<br />

nature immuable dont le croisement<br />

avec les gênes d’une race inférieure engendre<br />

fatalement des métis. (Voilà qui<br />

va amener les pleurs de cette nouvelle<br />

race connue sous le nom d’Hispanique)<br />

Les Weismaniens-morganiens<br />

américains ont résolu le problème de<br />

l’homme supérieur, comme nous le<br />

révèle l’ordre du jours du congrès des<br />

généticiens qui s’est tenu au Etats-Unis<br />

en Juillet 1948 et ils entreprennent la<br />

justification du racisme dans leur “Revue<br />

de l”hérédité”.<br />

Se basant sur la théorie réactionnaire<br />

de Morgan et de Weismann,<br />

Huntington qualifie la nation américaine<br />

(sans les nègres naturellement)<br />

“de race biologiquement supérieure:<br />

il déclare que la sélection naturelle<br />

par voie d’immigration a donné aux<br />

Etats-Unis un pourcentage extrêmement<br />

élevé d’hommes dont les qualités<br />

biologiques, la vitalité, le dynamisme<br />

les désignent pour l’hégémonie”. Il est<br />

intéressant de noter qu’un apologiste<br />

de l’expansion coloniale britannique tel<br />

que Lord Amery dans un article publié<br />

par l’organe de “l’Alliance des peuples<br />

de langue anglaise en (1948) a aussi<br />

de découvert chez les Anglo-Saxons<br />

“un infatigable esprit d’expansion qui<br />

leur a permis de s’étendre sur le monde<br />

entier en partant du centre d’une petite<br />

ile”.<br />

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Les Etres<br />

inférieurs<br />

Avec un cynisme<br />

stupéfiant, Huntington<br />

justifie<br />

l’extermination<br />

barbare des tribus<br />

indiennes aux<br />

Etats-Unis – l’une<br />

des formes les<br />

plus honteuses<br />

de génocide – en<br />

discourant sur<br />

l’éviction dans la<br />

Nouvelle Angleterre,<br />

des Indiens<br />

“diminués” par<br />

les énergiques<br />

anglais.<br />

A i n s i<br />

Amery, Huntington<br />

présente cette page honteuse de<br />

l’expansion coloniale des E.U. et de<br />

la Grande Bretagne comme une manifestation<br />

de la supériorité raciale des<br />

Anglo-Saxons. L’obscurantisme de<br />

Huntington fait découler la situation<br />

lamentable des travailleurs exploités<br />

dans les pays capitalistes de l’existence<br />

d’êtres “inférieurs”. La fréquence de<br />

l’indigence, des maladies écrit-il contribue<br />

á l’existence d’hommes d’un<br />

type inférieur.<br />

Considérant le monde comme<br />

une arène ou s’affrontent les nations<br />

fortes et les nations faibles, il affirme<br />

que les découvertes entrainent le déclin<br />

de certains groupes nationaux et<br />

le progrès d’autres groupes. Par cette<br />

formule, il cherche à dissimuler au peuple<br />

américain le fait notoire que dans<br />

la société capitaliste actuelle les découvertes<br />

de la science et de la technique<br />

enrichissent une poignée lesquelles par<br />

tous les moyens, freinent le progrès des<br />

peuples qui leur sont soumis et il n’est<br />

pas douteux que le retard économique<br />

et culturel de ces peuples ne s’explique<br />

nullement par la supériorité raciale des<br />

colonisateurs, mais par la politique de<br />

pillage impitoyable de ces même colonisateurs,<br />

par l’exploitation d’une main<br />

d’œuvre à bon marché, par l’accaparement<br />

des sources de matière première,<br />

et la mainmise sur les marchés avantageux<br />

aux investissements capitalistes<br />

et à l’écoulement des marchandises.<br />

Comme les autres pseudo-savants<br />

bourgeois, Huntington cherche<br />

par ses théories racistes à étouffer la<br />

lutte des peuples et à justifier l’exploitation<br />

de nos travailleurs<br />

Le temps est à l’orage. La confrontation<br />

est inévitable. Le dialogue<br />

est à l’ordre du jour. Demain sera peutêtre<br />

trop tard. A ce tournant de notre<br />

histoire l’apparition d’un élément de la<br />

trempe de Trump ne fait que confirmer<br />

notre appréhension. Il est devenu le<br />

porte- parole d’une race blanche menacée<br />

de devenir une minorité au milieu<br />

d’une humanité couleur d’arc-en-ciel.<br />

En dialoguant sur les différends<br />

qui nous séparent, nous aiderons la<br />

tolérance et la confiance à se répandre.<br />

Et alors les Etats-Unis avanceront sur<br />

le chemin qui conduit à la paix, avec<br />

ses pensées, avec ses préoccupations,<br />

Hommage à tous les noirs qui ont lutté et sacrifié leurs<br />

vies pour mettre fin au racisme qui déchire les fibres les<br />

plus intime de l’humanité<br />

Suite de la page (3)<br />

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ou candidat à la présidence. Après<br />

des palabres entre eux, on finit par accepter<br />

sa présence. Mais on fait venir les<br />

deux autres candidats qui étaient reclus<br />

dans une petite pièce à côté. Survint ensuite<br />

un autre débat interminable, toujours<br />

concernant le candidat Jocelerme<br />

Privert. Est-ce qu’il doit voter en tant que<br />

sénateur ou pas ? S’il vote pour lui cela<br />

signifierait qu’il prend un avantage sur<br />

les deux autres postulants. Là aussi il a<br />

eu gain de cause. Il pourra voter au détriment<br />

des deux autres qui le regardent<br />

faire sans broncher. Il est encore sénateur<br />

en fonction alors que les deux autres ne<br />

le sont plus. Mais avant d’en arriver là,<br />

dès les premières minutes de la séance, le<br />

sénateur de la Grand’Anse, Andris Riché,<br />

farouche opposant à la candidature de Jocelerme<br />

Privert, impose un débat sans fin<br />

sur l’ordre du jour : problème de protocole.<br />

Possibilité de vote en Chambre séparée.<br />

Présence des candidats pendant les débats.<br />

Sécurité dans la salle. Suspension de<br />

séance, etc. Pendant deux heures d’horloge,<br />

on débattait sur ce fameux ordre du<br />

jour avant son adoption par consensus<br />

suite à une suspension de séance. Une<br />

fois l’ordre du jour adopté, le Président<br />

Cholzer Chancy prononce son allocution<br />

de circonstance et ouvre le débat sur les<br />

modalités du vote avant de demander à<br />

l’un des membres de la Commission bicamérale<br />

spéciale de donner lecture du rapport<br />

de la Commission à l’Assemblée. A<br />

peine lecture terminée, le sénateur Riché,<br />

encore lui, monte à la tribune pour demander<br />

à ce que la Commission présente à<br />

l’assistance l’ensemble des 15 documents<br />

qu’on avait demandés aux candidats. Une<br />

petite bombe en somme. Cette requête allait<br />

occuper une bonne partie de la soirée.<br />

Sénateurs et députés soutiennent ou désapprouvent<br />

la requête de ce tribun grand<br />

connaisseur des jeux et intrigues de l’auguste<br />

Assemblée. O surprise ! Après une<br />

suspension de séance, c’est Andris Riché<br />

lui-même qui retourne à la tribune pour<br />

retirer sa requête.<br />

Cette attitude a semé le doute et la<br />

suspicion non seulement au sein du Parlement,<br />

mais dans l’opinion en général laissant<br />

croire que les rumeurs de corruption<br />

ayant eu lieu lors des tractations à chaque<br />

suspension de séance ont un certain fondement.<br />

En effet, il fallait quinze pièces<br />

pour être accepté dans la course. Mais la<br />

Commission avait décidé que dix pièces au<br />

moins suffisaient pour concourir. Et selon<br />

certains, cette décision était due au fait<br />

que personne ne pouvait réunir tous ces<br />

documents en si peu de temps. D’autres<br />

estimaient qu’aucun des trois candidats<br />

retenus n’avait le nombre de pièces nécessaires.<br />

Alors, il fallait trouver un compromis,<br />

une porte de sortie honorable pour le<br />

Parlement. Somme toute, après maintes<br />

discussions au cours d’une suspension<br />

de séance avec la sous-commission de 5<br />

membres créée à cet effet pour vérifier les<br />

pièces, comme par magie, le principal instigateur<br />

de ce débat a levé l’hypothèque et<br />

le vote pouvait commencer.<br />

A l’appel nominal, chaque élu se<br />

lève et va déposer son bulletin dans l’une<br />

des deux urnes après avoir inscrit le nom<br />

de son candidat préféré sur un bout de papier.<br />

Résultat du premier tour : Jocelerme<br />

Privert a obtenu 13 voix au Sénat sur 23<br />

votants. Edgard Leblanc Fils, 10 voix et<br />

Déjean Bélizaire 0 voix. Du côté des députés<br />

: Jocelerme Privert 45 voix, Edgard<br />

Leblanc Fils 46 voix, Déjean Bélizaire 0<br />

voix. L’élection ayant lieu en Chambre<br />

séparée, il n’y a eu donc aucun élu. Pour<br />

être élu, il faut obtenir la majorité dans les<br />

deux Chambres. Retour donc à la case départ.<br />

On procède de la même manière pour<br />

le 2 e tour après une suspension de séance<br />

le temps des négociations, des marchandages<br />

et des promesses électorales. Au<br />

retour dans l’hémicycle, on reprend la<br />

procédure. Cette fois-ci il n’y a que 22 sénateurs<br />

présents. Et toujours 92 députés.<br />

Il est déjà plus de 2 heures du matin. On<br />

passe au vote. Après le décompte, c’est la<br />

Bérézina* pour Edgard Leblanc Fils chez<br />

les députés dont le score s’est effondré<br />

devant Jocelerme Privert. Résultat des<br />

votes : au Sénat Jocelerme Privert obtient<br />

13 voix contre 9 pour Edgard Leblanc Fils.<br />

Et Déjean Bélizaire en a obtenu 0.<br />

A la Chambre des députés, Edgard<br />

Leblanc n’obtient que 24 voix tandis que<br />

Jocelerme Privert en obtient 64. Déjean<br />

Bélizaire 2. Il y a eu un bulletin blanc et<br />

un bulletin portant le mot « merde » que la<br />

Commission considère comme nul. Ainsi,<br />

le sénateur Jocelerme Privert a été déclaré<br />

vainqueur avec un total de 77 voix sur<br />

114 votants contre 33 voix pour le même<br />

nombre de votants à Edgard Leblanc Fils.<br />

Aussitôt les résultats connus, le sénateur a<br />

dû écrire sa lettre de démission au Sénat et<br />

à la tête de l’Assemblée Nationale qui a été<br />

lue par l’un des secrétaires de l’Assemblée.<br />

Il était 3H33 du matin. Après cette ultime<br />

formalité, le nouveau Président provisoire<br />

de la République a prêté le serment<br />

d’usage par-devant le Vice-Président de<br />

l’Assemblée Nationale, Cholzer Chancy : «<br />

Je jure, devant Dieu et devant la Nation,<br />

d’observer fidèlement la Constitution et<br />

les lois de la République, de respecter<br />

et de faire respecter les droits du peuple<br />

haïtien, de travailler à la grandeur de la<br />

Patrie, de maintenir l’indépendance nationale<br />

et l’intégrité du territoire ». Il était<br />

3h44 du matin ce dimanche 14 février<br />

<strong>2016</strong> lorsque Haïti, après une semaine<br />

passée sans chef d’Etat, s’est dotée d’un<br />

Président de la République. Le 57 e de son<br />

histoire. Il restait son installation à la maison<br />

du peuple, le Palais national.<br />

Sans perdre de temps et peut être<br />

avant même la publication de son élection<br />

au journal officiel Le Moniteur, Privert devait<br />

être installé dans la journée même du<br />

dimanche 14 février <strong>2016</strong> dans ses fonctions.<br />

Fatigué après plus de douze heures<br />

d’une soirée interminable au Parlement,<br />

il est déjà au Palais national en tant que<br />

6 e Président provisoire de la République<br />

depuis la fin de la dictature de 1986. A<br />

16 heures, le voici entouré d’une pléiade<br />

de personnalités et de militants politiques<br />

de la place. Venus à l’invitation de la<br />

avec sa volonté de bien travailler.<br />

Référence :<br />

G. Fairchild – “La race et la nationalité”<br />

- publié in New York in 1947<br />

Bilbo – “Choisissez entre la personnalité<br />

et la métissage” – publié in<br />

New York en 1947<br />

Huntington – “Les sources de la<br />

civilisation” – publié in New York en<br />

1945<br />

nouvelle présidence, les jardins du Palais<br />

étaient pleins comme un œuf dans un désordre<br />

indescriptible où le mot protocole<br />

n’existait pas. On se marchait dessus. Les<br />

diplomates, le gouvernement démissionnaire<br />

au complet avec à sa tête le Premier<br />

ministre Evans Paul (KP). Les membres<br />

de divers secteurs de la Société civile, les<br />

dignitaires de la République, les revenants<br />

et ceux qui rêvaient depuis cinq ans de<br />

prendre possession de ce lieu mythique.<br />

Étaient présents les partisans du<br />

nouveau pouvoir, les membres de l’ex-opposition<br />

parmi lesquels : Simon Dieuseul<br />

Desras, Assad Volcy de Pitit Dessalines,<br />

Gérald Germain de LAPEH de Jude Célestin,<br />

Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas.<br />

Et bien sûr madame Mildred Aristide.<br />

Oui ! Elle-même ! L’épouse de l’ancien<br />

Président Jean-Bertrand Aristide au Palais<br />

national 12 ans après l’avoir abandonné<br />

en catastrophe pour partir en exil en compagnie<br />

de son Président de mari. Signe<br />

que l’accession de l’ancien ministre d’un<br />

régime lavalas à la magistrature suprême<br />

suscite bien des espoirs pour qu’enfin la<br />

paix et la quiétude d’esprit reviennent<br />

dans ce pays déchiré par cinq années de<br />

crise politique. On a aussi remarqué la présence<br />

du Core Group, des représentants de<br />

l’OEA, de l’Union européenne et de l’ensemble<br />

du Corps diplomatique accrédité<br />

en Haïti. Ils sont au Palais national pour<br />

apporter leur caution à l’application de<br />

l’Accord du 6 février.<br />

En prenant possession en lieu et<br />

place de l’ex-Président Michel Joseph<br />

Martelly, le Président Jocelerme Privert<br />

hérite de toutes les difficultés laissées<br />

pendantes par l’ancien pouvoir avec<br />

seulement comme mission d’apporter<br />

la stabilité politique et l’organisation de<br />

vraies élections libres dans le pays. Une<br />

mission quasi impossible compte tenu<br />

du délai qui lui est imparti. Ce ne sera<br />

pas une mince affaire dans la mesure où<br />

l’héritage demeure un cadeau empoisonné.<br />

Le processus de nomination du Premier<br />

ministre intérimaire, la reconstitution<br />

du Conseil Electoral Provisoire (CEP) et<br />

l’encerclement du nouveau Président par<br />

une partie de l’ancienne opposition, pour<br />

ne citer que ces trois exemples, sont les<br />

preuves que la tâche pour l’ancien sénateur<br />

des Nippes ne sera pas facile. Surtout<br />

que le Cahier des charges de cet héritage<br />

est extrêmement précis et limité. Il s’étale<br />

sur 120 jours.<br />

C.C<br />

Ndlr. *Bérézina. L’armée de<br />

Napoléon Ier, en retraite après la désastreuse<br />

campagne de Russie, voit sa<br />

route bloquée par la Bérézina, une rivière<br />

marécageuse en Biélorussie. Le salut<br />

passe par la très rapide construction de<br />

deux ponts, éventuellement franchis par<br />

plusieurs milliers d’hommes, mais détruits<br />

ensuite pour protéger la retraite. Le<br />

nom de cette rivière est devenu en France<br />

synonyme de déroute, voire de désastre,<br />

en raison de l’importance des pertes subies<br />

: de l’ordre de quarante-cinq mille<br />

morts ou prisonniers.<br />

August Weismann- Essay upon<br />

heredity and Kindred biological problems<br />

Thomas Hunt Morgan- The<br />

physical basis of heredity.<br />

DÉCÈS<br />

Haïti Liberté annonce avec infiniment de peine la nouvelle de la mort<br />

de Bélony Saint louis, survenue en sa résidence privée à Wahney 87<br />

Haïti,à l’âge de 74 ans après une longue maladie courageusement<br />

supportée. En cette douloureuse circonstance, nous envoyons nos<br />

condoléances émues à son épouse veuve Mélanie Saint Louis, née<br />

Oscar Ses enfants Mr et Mme Berthony Saint Louis et leurs enfants,<br />

Evens Saint Louis, Mme Elony Saint Louis et son fils, Mr et Mme<br />

Lorenzo Miffin Jr, née Saint louis et enfant, Mr et Mme Pierluigi<br />

Florestal, née Elie et leurs enfants ; Bénédic Saint Louis et sa fille, Ses<br />

frères et soeurs Mr et Mme Yvener Saint louis et leurs enfants,<br />

Raymonde Saint louis Madame Eveline Saint Louis et son époux,<br />

Marie Lourde Etienne et sa fille, Veuve Yvette Etienne et son fils Mr et Mme André Etienne, née Jean<br />

Charles et leurs enfants, Mr et Mme Jean Mari Etienne et leurs enfants, à Richard Etienne,A ses petits<br />

enfants Mme Berline Saint Louis, son époux et leurs enfants, A Bertrand, Bertho, Bernadine, Baken,<br />

Bradley, Bianca, Tatiana et Maya Saint Louis, A Jayden, Jayda, et Ariel Florestal, à Pierre Florestal et<br />

Mme, née Pierre Louis, A ses neveux et nièces Mme Berline née Florestal et son époux Vincent, les amis<br />

Monsieur et Madame Michelet Brice et leurs familles Berlioz et Bertholet Florestal, Valléry et Andy Saint<br />

Louis, Mademoiselle Antonine Caolin ,ses cousins et cousines ;<br />

Aux familles Saint louis, Oscar, Elie, Etienne, Jean Charles, Caolin, Miffin et Florestal ainsi qu’à tous les<br />

autres parents et alliés que ce deuil afflige.<br />

Les funérailles de Belony Saint Louis auront lieu à Port-au-Prince, Haïti ; sauf que la dâte pour l’inhumation,<br />

la place pour l’exposition restent à être fixées ultérieurement.<br />

Pour information, Composez le 347 500 9238 • Ou le 617 755 0130<br />

18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>


Personnage de la semaine<br />

Ninaj Raoul, une étoile montante<br />

Par Lesly Eustache<br />

Née à Chicago, Ninaj Raoul s’est installée<br />

à New York en 1984 alors<br />

qu’elle poursuivait ses études supérieures.<br />

Ninaj est la progéniture de deux Haïtiens<br />

émigrés aux États-Unis dans les années<br />

50 et dont l’amour pour leur pays et leurs<br />

compatriotes est inégalé.<br />

Après le coup d’état contre le président<br />

Jean Bertrand Aristide en 1991,<br />

le gouvernement Américain avait utilisé<br />

la Base Navale de Guantanamo à Cuba<br />

pour détenir des milliers d’Haïtiens en<br />

quête d’asile. Son père, feu Janin Raoul,<br />

médecin retraité à l’époque, s’était porté<br />

volontaire pour aider ses compatriotes. Il<br />

s’était rendu au camp et avait passé un<br />

bon temps là-bas à les défendre.<br />

En ce temps là, Ninaj quant à elle,<br />

travaillait comme rédactrice de mode pour,<br />

entre autres, le Village Voice et le magazine<br />

Essence, lorsque sa mère, Mme Marie<br />

Raoul, reçut un appel téléphonique<br />

d’un ami qui cherchait à embaucher un<br />

interprète pour les demandeurs d’asile à<br />

Guantanamo. Elle a fait part de cet appel à<br />

Ninaj tout en l’encourageant à prendre la<br />

position malgré sa connaissance très limitée<br />

du créole haïtien. Ainsi, entre Janvier<br />

et Mars 1992, elle s’est rendue à Guantanamo<br />

où elle a travaillé pendant un peu<br />

plus d’un mois, entre 12 à 14 heures par<br />

jour. C’est là que Ninaj a rencontré Marie<br />

Lily Cérat avec laquelle elle s’est associée<br />

pour créer la <strong>Haiti</strong>an Women for <strong>Haiti</strong>an<br />

Refugees. Ensemble, elles ont ouvert un<br />

bureau pour leur organisation au bâtiment<br />

de l’école St Francis d’Assise pour être plus<br />

tard transféré au 208 Parkside Avenue à<br />

Brooklyn.<br />

Au fil des ans, l’engagement de<br />

Ninaj avec les demandeurs d’asile s’est<br />

fait sentir dans plusieurs domaines. Elle<br />

interprète pour eux, leur donne des recommandations<br />

pour les avocats, parfois<br />

même allant jusqu’à faire pression sur les<br />

législateurs en leur faveur, à Washington<br />

comme à New York.<br />

À un moment donné, où le<br />

gouvernement américain refusait l›entrée<br />

à tout individu séropositif, il se trouve<br />

que parmi les demandeurs d›asile, il y<br />

avait près de 200 mères séropositives qui<br />

furent qualifiées pour l›entrée mais qu’on<br />

garda à Guantanamo en dépit du fait que<br />

le camp avait été officiellement fermé, fin<br />

1992. Grace à l’effort conjugué de Ninaj<br />

un groupe d›avocats qui avait entrepris<br />

une action en justice en leur faveur en<br />

était sorti victorieux. Lorsqu’elles furent<br />

autorisées à entrer aux Etats Unis,<br />

beaucoup de ces refugiés n›avaient<br />

personne pour les héberger. Certaines<br />

d’entre elles allaient être placées dans une<br />

institution pour les sans-abri. Mais, étant<br />

donné sa compassion pour le traumatisme<br />

Ninaj Raoul<br />

dont elles furent victimes tant au moment<br />

où le (FRAPH) Front Révolutionnaire<br />

Armée pour le Progrès d’Haïti de Toto<br />

Emmanuel Constant et de Louis Jodel<br />

Chamblain faisait la chasse aux sorcières<br />

contre les masses populaires partisans<br />

d’Aristide que pendant leur détention à<br />

Guantanamo, Ninaj ne voulait pas qu’elles<br />

reçoivent encore plus de dommage<br />

psychologique. Ainsi, son organisation<br />

avait hébergé un grand nombre d›entre<br />

elles dans leur propre appartement. A un<br />

moment donné, Ninaj abritait 3 femmes<br />

enceintes, ayant chacune un enfant.<br />

Comme beaucoup de ces réfugiés<br />

ne parlaient pas l’anglais, alors Ninaj<br />

s’était sentie obligée de les aider en entamant<br />

un cours d’anglais à l’école Saint<br />

Françis D’Assise, ce qu’elles appelleront<br />

plus tard: Projet des travailleurs haïtiens<br />

(<strong>Haiti</strong>an workers project). Cette classe est<br />

offerte deux fois par semaine jusqu’à ce<br />

jour à Brooklyn.<br />

Parmi les élèves de cette classe<br />

d’anglais, il y avait des mères de famille<br />

qui ne pouvaient pas quitter leurs enfants<br />

seuls à la maison. Là encore l’on retrouve<br />

Ninaj dans des démarches pour obtenir<br />

un fond qui lui avait permis d’embaucher<br />

une baby-sitter pour prendre soin de ces<br />

enfants pendant que leurs mères étaient<br />

en classe.<br />

Ninaj et son organisation faisaient<br />

partie des groupes qui ont lutté pour la<br />

Green Card pour les réfugiés Haïtiens par<br />

le biais de la <strong>Haiti</strong>an Immigration Fairness<br />

Act en 1998. Elles avaient aussi exercé<br />

des pressions sur les législateurs de Washington<br />

pour le décret exécutif du président<br />

Obama dénommé <strong>Haiti</strong>an family<br />

Reunification Parole Program, lequel a été<br />

approuvé en 2014.<br />

Actuellement encore, même quand<br />

le flux de réfugiés a été réduit énormément,<br />

les dirigeantes de la <strong>Haiti</strong>an Women<br />

for <strong>Haiti</strong>an Refugees continuent toujours<br />

de servir la communauté en faisant<br />

des recommandations à des avocats qui<br />

offrent leur service gratuitement aux demandeurs<br />

d’asile ayant des raisons très<br />

valables.<br />

La <strong>Haiti</strong>an Women for <strong>Haiti</strong>an<br />

Refugees s’est jointe à une organisation<br />

dénommée Caribbean Domestic Workers<br />

pour mener une campagne en faveur<br />

d’une charte de droits pour les travailleurs<br />

exploités dont les plus maltraités sont des<br />

travailleurs de maison, des femmes en<br />

majorité.. Après avoir exercé beaucoup<br />

de pression sur les législateurs de l’Etat<br />

de New York, elles ont eu gain de cause.<br />

Grace à ce projet de loi, adopté en 2010,<br />

les travailleurs de maison reçoivent actuellement<br />

quelques jours de vacances et<br />

une rémunération spéciale pour les heures<br />

supplémentaires.<br />

Les efforts altruistes de Ninaj ne se<br />

limitent pas seulement aux Haïtiens qui<br />

vivent ici. Parfois, volontiers elle se met<br />

au service des Haïtiens qui résident en<br />

République Dominicaine aussi. Elle s’était<br />

associée à feu Sonia Pierre, la championne<br />

de la cause des Haïtiens maltraités en<br />

République Dominicaine, pour apporter<br />

de l’aide à nos compatriotes, en 1998,<br />

après l’ouragan George en Dominicanie,<br />

en 2004, après les inondations de<br />

Mapou durant lesquelles un nombre incalculable<br />

d’Haïtiens ont péri, ainsi qu’en<br />

suite à la page(20)<br />

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Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

19


Un ‘’Grammy’’ pour notre Cécile<br />

Cécile Mc Lorin Salvant<br />

Joie partagée dans le milieu artistique<br />

haïtien à l’annonce de l’obtention<br />

par la jeune haïtienne d’origine Cécile<br />

Mc Lorin Salvant de la distinction de<br />

:’’Meilleur album de Jazz Vocal’’, avec<br />

l’œuvre: ‘’For One Love’’. Même sa<br />

devancière, la diva Cornelia Schutt aka<br />

Ti-corn ne pouvait cacher sa joie et sa<br />

fierté de cette marque de distinction<br />

achevée pour sa compatriote sur sa<br />

page de Facebook.<br />

En effet, durant la 58e édition<br />

du ‘’Grammy ‘’, le mardi 16 février<br />

dernier, présentée par la National Academy<br />

of Recording Arts and Sciences,<br />

laquelle récompense aux Etats-Unis le<br />

prix de l’excellence pour les œuvres<br />

réalisées durant l’année écoulée, c’est<br />

ainsi que notre remarquable super star<br />

de renommée globale a fait l’unanimité<br />

du jury pour la qualité exceptionnelle<br />

de ses œuvres et ses traits de génie<br />

artistiques qui font que depuis belle lurette,<br />

elle a conquis les feux de rampe<br />

des panthéons mondiaux. Comme<br />

elle a su étrenner les plus formidables<br />

distinctions dont le fameux prix Thelonious<br />

Monk International jazz Festival.<br />

Elle est aussi un pilier au temple<br />

du jazz qu’est le Lincoln Center, où elle<br />

a donné la réplique à des monstres<br />

sacrés du jazz tel Winston Marcialis.<br />

Dans l’ouvrage‘’Les 100 plus Influents<br />

Musiciens Haïtiens…et de<br />

leurs héritiers’’, Ed Rainer Sainvill la<br />

campe avec Adèle comme les voix les<br />

plus dominantes de cette génération.<br />

D’autant que pour Cécile l’art majeur<br />

n’est pas aussi exposé au grand public<br />

comme l’est la musique de variétés.<br />

(Bien qu’on ait aussi notre prince Jason<br />

Desroulo qui a su aussi pulvériser<br />

les hits-parades Etats-Uniens par ses<br />

créations). Et c’est tout à l’honneur de<br />

Cécile qu’elle rayonne aussi haut dans<br />

la pyramide de la musique conceptuelle.<br />

Certains gagnants de l’épreuve<br />

furent: Taylor Switt, Kendrick Lamar,<br />

Ed Sheeran entre autres.<br />

Haïti Top 10 Vocalistes Masculins<br />

Suite de la page (19)<br />

2010, après le tremblement de terre en<br />

Haïti.<br />

L’œuvre de Ninaj est sans frontière,<br />

elle est membre du conseil d’administration<br />

de IFCO, une institution qui organise<br />

une caravane d’aide humanitaire pour<br />

Cuba chaque année.<br />

A présent, elle est engagée dans<br />

une campagne pour que les jeunes Haïtiens<br />

détenteurs du Statut de Protection<br />

Temporaire (TPS) puissent avoir accès<br />

à des bourses d’études universitaires. Il<br />

n’y a aucune disposition pour les bourses<br />

dans le programme TPS. Par contre, il y en<br />

a un autre appelé Deferred Action for child<br />

Arrival (DACA) qui permet d’obtenir des<br />

bourses d’études au complet.<br />

Ce programme n’est destiné qu’aux<br />

Latinos. Mais, étant donné qu’Haïti fait<br />

partie de l’Amérique latine, Ninaj pense<br />

que les Haïtiens doivent pouvoir en bénéficier.<br />

En effet, certains d’entre eux en ont<br />

déjà pris avantage. Voilà pourquoi elle fait<br />

circuler la nouvelle afin que les jeunes<br />

détenteurs de TPS puissent se mobiliser et<br />

s’organiser pour profiter du DACA. Pour<br />

être présente en tout temps et en tout lieu<br />

en faveur des haïtiens, Ninaj mérite toutes<br />

nos félicitations pour son courage et sa<br />

dévotion à des causes humanitaires.<br />

Manhattan Community Media<br />

Manhattan Neighborhood Network is Manhattan's public<br />

access cable network, with studios in Midtown and East Harlem.<br />

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620,000 cable subscribers.<br />

We also stream all of our programs live online.<br />

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dates at our 59th St Studios and the El Barrio Firehouse!<br />

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Par Ed Rainer<br />

Ce ‘’Top 10 ‘’nous ramène aux confins<br />

et détours des vocalises masculines qui<br />

ont transcendé, façonné, marqué, fleuri<br />

et galvanisé l’environnement sonore du<br />

terroir natal; à travers des germinations<br />

successives; lesquelles de leurs marques<br />

respectives ont constitué des écoles vocales.<br />

Des orthodoxies, relayées par des<br />

générations intermédiaires aux vagues<br />

contemporaines. Un jury qualifié (de<br />

109 personnes) a pu faire le difficile<br />

triage pour tirer ces 10 conquérants;<br />

entre ceux qui n’ont pu se départager:<br />

Pereira-Colas, Pasquet-Widmaier, Albert-Cajuste,<br />

ou Cubano-Timanno, pour<br />

arriver aux 10+ 4 des ‘’Top 10 ‘’vocalistes<br />

masculins.<br />

Numéro 4-Gérard Dupervil<br />

(Miragoane,<br />

1932 – Port-au-Prince, 1994)<br />

« Le crooner sans pareil »<br />

Idéaliste, romantique à la folie,<br />

poète malgré lui, voilà comment peut<br />

être décrit l’homme et sa voix. L’un et<br />

l’autre ou les deux à la fois constituèrent<br />

un paquet magique et sonore qui a<br />

charmé tant de générations et fait rêver<br />

la jeunesse des années 1950 et 1960.<br />

Multi-instrumentiste à ses débuts, Gérard<br />

pouvait jouer de la trompette, de<br />

l’accordéon, l’harmonium, la guitare<br />

et le malaca. Armé de ces diverses aptitudes,<br />

il était prêt pour bousculer certaines<br />

idées reçues. En s’amenant en<br />

plus, avec cette voix féline, pas tout à fait<br />

référentielle de l’environnement local.<br />

Influencé de surcroît par ses modèles:<br />

Luis Marino, Edith Piaf, Tino Rossi,<br />

Maurice Chevalier et «Les Compagnons<br />

de la chanson» etc., dans un milieu où le<br />

paramètre vocal masculin était défini par<br />

le timbre tonitruant des: “dòdòf”Legros,<br />

Guy et Auguste Durosier, Pierre Riché,<br />

Joe Trouillot etc.<br />

Mais en innovateur, Gérard Dupervil<br />

renversa ce stéréotype pour la fortune<br />

de la musique haïtienne. L’ascension<br />

du jeune homme à la voix suave<br />

et douce fut météorique. Après avoir fait<br />

ses preuves avec Nemours, il rejoignit<br />

le ‘’Jazz des jeunes’’, en apportant à ce<br />

groupe la saveur ‘’dupervilienne’’,des<br />

tubes inoubliables, tous auréolés de sa<br />

voix épatante: Lointain, Si tu m’aimais<br />

vraiment, Minouche, Bon voyage, Des<br />

roses pour des coeurs, Toujours l’amour,<br />

J’ai péché, Fleur de Mai, Comme jadis,<br />

Un brin de joie, Fête des mères, Je<br />

n’avais que toi etc. Compositeur farouche,<br />

ses morceaux étaient toujours<br />

très prisés: Konpè kòk, Machann kasav,<br />

Fanm Senmak, Aprann lavi, Denise..<br />

Tout en ajoutant sa touche personnelle<br />

dans les interprétations comme: Gwog<br />

mwen, Tyoul la sou etc.<br />

Mais, le succès peut s’avérer aussi<br />

mauvais conseiller, car, même au sommet<br />

de la gloire, Gérard n’était pas au<br />

bout de ses déconvenues. Ses incartades,<br />

ses sautes d’humeur, son indiscipline et<br />

son excès pour les jeux de hasard constituaient<br />

une menace constante à son<br />

bien-être. Et il s’est senti profondément<br />

menacé par une situation financière qui<br />

se détériorait sensiblement et, l’a fait<br />

comprendre à ses collègues du «Jazz des<br />

Jeunes». De plus, l’atmosphère tendue et<br />

suspicieuse entretenue par les macoutes<br />

n’inspirait pas confiance et les bombes<br />

qui explosèrent au cours des bals dont<br />

l’une le rata de justesse, demeurèrent la<br />

pire indication, qu’il fallait vider les lieux.<br />

Une année plus tard, Gérard<br />

débarqua à Chicago, aux Etats Unis<br />

d’Amérique. Après les premiers errements<br />

de nouveau émigré déraciné, il<br />

sortit: “Kout lang”, un 33 tours comprenant:<br />

L’amour est-il un mal?, Désirée,<br />

Souri pou mwen, Poutèt ou menm, M<br />

pèdi mennaj mwen, et Haïti, exposant<br />

son amertume et ses frustrations en terre<br />

étrangère. ‘’Haïti, tes enfants sont partis,<br />

comme s’ils t’abandonnent/ <strong>Haiti</strong>,<br />

lorsqu’ils tremblent de froid, c’est ton<br />

nom qui résonne/ Haïti, mon amour, ma<br />

chérie/ Connais-tu les angoisses de la<br />

nostalgie ? Je pense à toi le jour, Je pense<br />

à toi la nuit/ Mon coeur a des soupirs,<br />

sans joie presque sans vie...’’ .Il fit ensuite<br />

l’offrande de “T’en souviens-tu?”<br />

un disque en hommage à “Dòdòf”<br />

Legros, dans lequel il fit découvrir à<br />

une toute autre génération quelques<br />

morceaux immortels de ce pionnier.<br />

A cette étape, les événements<br />

journaliers décrivant la répression au<br />

pays, la misère en Haïti. Et les nouvelles<br />

quotidiennes des boat- peoples, des prisonniers<br />

de Khrome et autres tragédies<br />

le motivèrent vers le militantisme et<br />

dans la chanson engagée. Puis, un jour,<br />

lassé du milieu du spectacle et de tout,<br />

il se convertit au christianisme. Juste un<br />

détour, pour ensuite revenir à ses anciennes<br />

amours et faire rêver ses fans<br />

dans l’album: “Je n’ai pas changé”.<br />

Au milieu des années 1980,<br />

épuisé et la vue affaiblie, il rentre définitivement<br />

au pays, afin de se dévouer à la<br />

cause des enfants déshérités. Bien qu’à<br />

ce carrefour, il était déjà si vulnérable<br />

entre les mains d’affairistes qui le faisaient<br />

enregistrer ou chanter sans être<br />

rémunéré. Tel fut le cas, lorsqu’un jour<br />

un certain ‘’zotobré’’ de Kenscoff l’engagea<br />

pour venir performer à son domicile<br />

et ne tint pas son engagement envers la<br />

légende haïtienne. Ce qui le mit dans une<br />

vive tension. Tout de suite après, il rendit<br />

son dernier soupir un matin de juin<br />

1994, après s’être établi comme l’un des<br />

chanteurs les plus vénérés de son temps,<br />

l’homme à la voix exquise, le crooner<br />

sans pareil.<br />

20 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 9 • No. 33 • Du 24 <strong>Fevrier</strong> au 1er Mars <strong>2016</strong>

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