L’ACTUALITE

La course ! Voilà comment Reinoud
Van Mechelen – capturé, le temps
d’un entretien, alors qu’il s’apprête
à rejoindre Raphaël Pichon pour
répéter le Zoroastre donné en version de
concert au Festival d’Aix-en-Provence où il
doit faire ses débuts entre Beaune et Montpellier
– résume son agenda estival de jeune
ténor très demandé. Un été chargé, à l’image
de cette année 2016, qui offre au jeune homme
de 29 ans, outre des engagements prestigieux,
un premier disque solo consacré à Johann Sebastian
Bach, à paraître à l’automne.
Bach, justement, qui occupera une grande partie
du planning du chanteur pour la suite d’une
tournée avec William Christie autour d’un
programme de cantates sacrées et profanes :
« Bien que je cherche toujours à rendre compréhensible
aux non croyants le message d’une
œuvre sacrée, le contraste est assez frappant
entre ces cantates. Après la BWV55 Ich armer
Mensch, ich Sündenknecht qui porte un message
très fort, où l’être humain remet en question
sa place dans le monde, nous interprétons
la Cantate dite « du café », qui est particulièrement
comique – le café étant à l’époque de Bach
réputé aphrodisiaque. Cette cohabitation entre
les genres exprime bien ma façon de concevoir
la musique sacrée. Un requiem n’existe pas que
pour ceux qui croient en Dieu. »
Pour cette série de concerts, Reinoud Van Mechelen
retrouvera les musiciens des Arts Florissants
qu’il côtoie régulièrement depuis le
Jardin des Voix dont il fut lauréat en 2011 : « Je
suis avec eux comme dans une famille. J’ai appris
aux côtés de William Christie à comprendre
comment incarner de vraies émotions dans ma
musique, ce que j’avais toujours inconsciemment
recherché dans mon approche. La tentavoix
Reinoud
Van Mechelen
ténor éclairé
tive d’expression d’une émotion
vécue, est souvent très
proche de la caricature, c’est
pourquoi il faut savoir rester
sincère sans tomber dans
le ‘kitsch’. Un équilibre que
je tente encore d’atteindre
aujourd’hui. Si on surdramatise
l’interprétation d’une
œuvre sur toute sa longueur,
il n’y a plus de relief. Il faut
doser, savoir quoi mettre en
valeur et Monsieur Christie
sait. »
Une question
d’équilibre
Une notion de dosage que le jeune homme
s’impose aussi de respecter dans sa manière
de gérer une carrière déjà bien remplie :
« Je m’oblige à ne pas tout accepter. Il faut trouver
un équilibre en considérant ces trois données
: gagner sa vie, se faire musicalement du
bien et se faire humainement du bien. On dit souvent
qu’il faut cocher deux cases sur ces trois-là
avant d’accepter un projet ! C’est ce que je m’efforce
de faire, tout en ménageant du temps pour
ma vie personnelle. Prendre du recul, réfléchir
aussi à la bonne place à donner à son métier est
primordial pour ne pas se laisser envahir par sa
passion. »
Le ténor prend donc le temps d’élargir doucement
mais sûrement son répertoire qui, de
cette musique française du xvii e siècle qui le
fait tant « vibrer », l’a déjà mené vers Mozart,
avec un premier Requiem la saison dernière,
et bientôt vers l’opéra romantique, puisqu’il
© Senne Van der Ven
Né en 1987 à Louvain,
Reinoud van Mechelen
étudie le chant à Bruxelles
et intègre le Jardin
des Voix en 2011.
27 septembre -
Cité de la musique
Les Arts Florissants, William Christie
(direction)
Bach, cantates
30 novembre - Salle Cortot
Anna Besson (flûte), Ronan Kernoa
(viole), Benjamin Alard (orgue & clavecin)
Bach, airs de cantates
12 cadences septembre/octobre 2016