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concerto<br />
Brahms<br />
Concerto<br />
pour violon<br />
Le concerto pour violon<br />
de Brahms déconcerta les<br />
contemporains par son ampleur<br />
symphonique, sa rhétorique et<br />
son formalisme sophistiqués.<br />
Son lyrisme à la fois généreux et<br />
retenu a cependant fini<br />
par l’imposer comme l’un des<br />
sommets du genre.<br />
11 octobre – Philharmonie<br />
Orchestre National d’Île-de-France<br />
Sergej Krylov (violon), Tadaaki Otaka<br />
(direction)<br />
9 novembre – Philharmonie<br />
Orchestre de Paris<br />
Joshua Bell (violon), Daniel Harding<br />
(direction)<br />
tion au retour de son premier voyage en Italie,<br />
au cours de l’été 1878, à Pörtschach, sur<br />
les rives du Wörthersee, « là où les mélodies<br />
naissent en si grand nombre qu’il faut prendre<br />
garde, en marchant, de n’en point écraser. »<br />
Si Brahms était un grand pianiste, il n’avait<br />
qu’une connaissance superficielle du violon.<br />
Aussi consulta-t-il Joachim pour l’écriture de<br />
la partie soliste. Il fut loin cependant d’accepter<br />
toutes ses suggestions de simplification. Il<br />
en résulta une partie de violon ingrate et très<br />
exigeante pour l’interprète : l’œuvre passa au<br />
début pour injouable (un critique proclamant<br />
même qu’elle était écrite « contre le violon »),<br />
et ne s’imposa comme le seul réel successeur<br />
du concerto de Mendelssohn et surtout de<br />
celui de Beethoven dans la même tonalité de<br />
ré majeur que grâce à l’apostolat de Joachim.<br />
Ce dernier l’imposa dans toutes les salles de<br />
concert d’Allemagne et d’Angleterre, opposant<br />
courageusement à l’aversion du public<br />
Brahms a laissé quatre contributions<br />
de taille au genre concertant :<br />
deux concertos pour piano, un pour<br />
violon, et le Double Concerto pour<br />
violon, violoncelle et orchestre. Chacune de<br />
ces partitions affirme une conception symphonique<br />
du genre héritée de Beethoven.<br />
C’est d’ailleurs ce qui valut au Concerto n° 1<br />
pour piano en ré mineur un accueil hostile<br />
de la part du public, lorsque le compositeur<br />
(lui-même un formidable pianiste) le créa<br />
à Hanovre en janvier 1859, sous la direction<br />
du dédicataire, son ami le violoniste et<br />
chef d’orchestre Joseph Joachim. Ce n’est<br />
qu’après une exécution à Mannheim sous la<br />
baguette d’Hermann Levi, que le public cessa<br />
de condamner l’œuvre comme trop symphonique.<br />
Cela explique qu’il s’écoula près de<br />
20 ans avant que le compositeur ne revienne<br />
au genre concertant. Dans l’intervalle, sa<br />
nomination comme chef de l’orchestre de la<br />
Gesellschaft der Musikfreunde à Vienne avait<br />
ravivé son désir d’écrire pour l’orchestre : les<br />
variations sur un thème de Haydn et les deux<br />
premières symphonies ayant imposé une fois<br />
pour toutes son très grand talent de constructeur<br />
et d’orchestrateur, il se sentit enfin prêt<br />
à s’atteler au concerto que Joachim attendait<br />
depuis si longtemps. Il en entama la composi-<br />
© Library of Congress’<br />
Johannes Brahms a réalisé<br />
la difficile synthèse de la<br />
rhétorique et du lyrisme,<br />
du classicisme et du<br />
romantisme.<br />
de nouvelles programmations de l’œuvre,<br />
jusqu’à ce que les préjugés se dissipent et<br />
que la victoire soit enfin gagnée « à la pointe<br />
de l’épée » (Richard Specht). Le célèbre critique<br />
viennois Hanslick, ardent supporter de<br />
14 cadences septembre/octobre 2016