Sainte-Claire - Société historique de Bellechasse
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François Au<strong>de</strong>t dit Lapointe avait une<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois ans pour réaliser l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s travaux compris dans son<br />
contrat… il était donc passablement en<br />
avance sur son échéancier. Mais une<br />
opportunité va faire en sorte que la cérémonie<br />
d’inauguration sera <strong>de</strong>vancée<br />
d’une année.<br />
Sa Gran<strong>de</strong>ur Monsieur Bernard-Clau<strong>de</strong><br />
Panet (1753-1833) avait annoncé sa<br />
venue dans la paroisse <strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong>,<br />
durant le mois <strong>de</strong> septembre 1827.<br />
C’était là l’occasion idéale <strong>de</strong> bénir<br />
l’église et sa nouvelle cloche. L’abbé<br />
Joseph-Philippe Lefrançois, les syndics<br />
<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> l’église et les marguilliers<br />
se préparent donc à recevoir<br />
le nouvel évêque <strong>de</strong> Québec, venant<br />
honorer <strong>de</strong> sa présence une cérémonie<br />
solennelle pour la bénédiction <strong>de</strong> ce<br />
nouveau temple. C’est ainsi que le 12<br />
septembre 1827 arrivent par dizaines, à<br />
pied ou en voiture, les invités attendus<br />
pour cet événement <strong>de</strong>puis si longtemps<br />
souhaité par les habitants <strong>de</strong> la paroisse,<br />
eux qui prient et espèrent jouir <strong>de</strong> cette<br />
église <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> vingt ans.<br />
Lors <strong>de</strong> cette première présence officielle<br />
dans l’église <strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong>,<br />
Église <strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong> telle que<br />
construite entre 1825 et 1827, selon les<br />
plan <strong>de</strong> Thomas Baillargé<br />
le seigneur Jean-Thomas Taschereau<br />
sera accompagné <strong>de</strong> ses filles Caroline<br />
(11 ans) et Élisabeth-Suzanne (15<br />
ans), celle-ci étant marraine <strong>de</strong> la première<br />
cloche <strong>de</strong> notre église. Comme<br />
il se doit, le parrain <strong>de</strong> cette cloche sera<br />
Monseigneur Panet lui-même. L’évêque<br />
prési<strong>de</strong>ra l’office célébré pour<br />
l’occasion. En plus <strong>de</strong>s paroissiens, on<br />
comptera plusieurs invités <strong>de</strong> marque à<br />
cette cérémonie. On peut y apercevoir<br />
le Révérend Messire François-Raphaël<br />
Paquet, curé <strong>de</strong> St-Gervais et premier<br />
<strong>de</strong>sservant du « Village <strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong><br />
» <strong>de</strong> 1809 à 1824 <strong>de</strong> même que le curé<br />
Lacasse <strong>de</strong> St-Henri, le curé Bourget <strong>de</strong><br />
Trois-Pistoles ainsi que le curé Villa<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-Marie-<strong>de</strong>-la-Nouvelle-Beauce,<br />
tout comme le curé <strong>de</strong> Saint-François<br />
(Beauceville). De plus, messieurs<br />
Antoine Gosselin, Étienne Chartier et<br />
Charles-Félix Cazeau (futur grand vicaire<br />
<strong>de</strong> Québec), tous ecclésiastiques<br />
<strong>de</strong> l’évêché <strong>de</strong> Québec, sont présents<br />
dans le chœur <strong>de</strong> l’église. Mais <strong>de</strong>ux<br />
autres invités retiendront l’attention <strong>de</strong>s<br />
personnes présentes à l’événement : les<br />
nouveaux députés <strong>de</strong> Dorchester, Louis<br />
Lagueux (1793-1832) et Joseph Samson<br />
(1771-1843). Ils viennent à peine d’être<br />
élus, quelques semaines plus tôt, et ils<br />
en sont à leur première sortie officielle.<br />
La bénédiction d’une cloche était une<br />
cérémonie fort importante à cette époque<br />
puisque <strong>de</strong>puis le 6e siècle, cette<br />
pratique s’était répandue dans toutes<br />
les églises catholiques romaines. Au<br />
début <strong>de</strong> la cérémonie, un psaume était<br />
lu. L’évêque procédait ensuite au lavement<br />
intérieur et extérieur <strong>de</strong> la cloche<br />
avec <strong>de</strong> l’eau bénite. Arrivait ensuite<br />
l’onction <strong>de</strong> la cloche par 8 croix extérieures<br />
avec l’huile <strong>de</strong>s catéchumènes<br />
et avec le Saint Chrême. Puis venait la<br />
consécration <strong>de</strong> la cloche au nom <strong>de</strong> la<br />
<strong>Sainte</strong>-Trinité. La cloche était ensuite<br />
parfumée avec <strong>de</strong> l’encens, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’ostensoir, et l’on poursuivait ensuite<br />
avec un chant <strong>de</strong> l’Évangile. À ce moment,<br />
l’évêque déposait un signe <strong>de</strong> la<br />
croix sur la cloche <strong>de</strong>vant les parrains et<br />
marraines. La cérémonie se concluait<br />
par le chant du psaume 150. Après une<br />
brève pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> réjouissance, les invités<br />
et paroissiens retournèrent chez eux<br />
le cœur content et heureux <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r<br />
enfin leur église… et bientôt leur propre<br />
banc dans celle-ci. En effet, la première<br />
Au fil <strong>de</strong>s ans -80 e parution<br />
Rénovation majeure <strong>de</strong> 1930 à l’église<br />
<strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong><br />
vente <strong>de</strong> bancs, organisée par le marguillier<br />
en exercice Charles Morin et le<br />
crieur public Antoine Morin, se déroulera<br />
le 12 janvier 1828. Chaque vente<br />
au plus important enchérisseur sera<br />
conclue dans un contrat notarié rédigé<br />
sur place par le notaire Charles-Édouard<br />
Reny. Mais <strong>de</strong>ux bancs ne seront jamais<br />
mis à l’enchère… celui du seigneur Taschereau<br />
et celui du plus ancien capitaine<br />
<strong>de</strong> milice <strong>de</strong> la paroisse, Jean-Charles<br />
Bédard. Tous <strong>de</strong>ux avaient <strong>de</strong>s droits<br />
séculaires qui ne seront jamais remis en<br />
question, du moins jusqu’à la fin du régime<br />
seigneurial, en 1854.<br />
Par ailleurs, une importante controverse<br />
naîtra suite à l’inauguration <strong>de</strong> l’église<br />
<strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong>, <strong>de</strong> sa sacristie, <strong>de</strong> son<br />
presbytère et <strong>de</strong> la grange du curé. Ce<br />
projet était <strong>de</strong>venu beaucoup plus important<br />
que certains citoyens l’avaient<br />
perçu au départ. En conséquence, plusieurs<br />
d’entre eux refuseront <strong>de</strong> payer<br />
leur quote-part <strong>de</strong> la répartition légale<br />
établie à cet effet. En raison <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
pauvreté <strong>de</strong> plusieurs autres, incapables<br />
<strong>de</strong> compenser pour le manque à gagner,<br />
la situation va dégénérer à ce point que<br />
les syndics <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> l’église<br />
n’auront pas assez <strong>de</strong> fonds pour assurer<br />
le paiement dû à l’entrepreneur, François<br />
Au<strong>de</strong>t dit Lapointe. Malgré <strong>de</strong>s efforts<br />
soutenus, les syndics feront face à<br />
un ultimatum du « contracteur » laissant<br />
planer la possibilité <strong>de</strong> saisir l’église<br />
pour non-paiement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Un bref<br />
<strong>de</strong> saisie sera même déposé au presbytère<br />
<strong>de</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Claire</strong> en septembre<br />
1841. Heureusement, un vent <strong>de</strong> solidarité<br />
sans précé<strong>de</strong>nt viendra apporter<br />
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