Paradis virtuel ou enfer.net
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Giovanni Cucci<br />
<strong>Paradis</strong> <strong>virtuel</strong><br />
<strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
Risques et possibilités de la révolution digitale
<strong>Paradis</strong> <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?
Giovanni Cucci<br />
<strong>Paradis</strong> <strong>virtuel</strong><br />
<strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
Risques et possibilités<br />
de la révolution digitale<br />
Traduit de l’italien par Ivan Murovec<br />
« Béthanie »
Du même auteur :<br />
Abitare lo spazio dellà fragilità. Oltre la cultura dell’ homo infirmus, Ancora,<br />
Milan, 2014.<br />
En collaboration avec Hans Zollner, Chiesa e pedofilia. Une ferita aperta, Ancora,<br />
Milan, 2015.<br />
Avec nos remerciements particuliers à Marie Gevers p<strong>ou</strong>r sa relecture attentive.<br />
P<strong>ou</strong>r l’édition originale italienne intitulée :<br />
<strong>Paradis</strong>o virtuale o infer.<strong>net</strong>? Rischi e opportunità della rivoluzione digitale<br />
© 2014, Ancora (Milan) & La Civiltà Cattolica (Rome).<br />
Directeur de collection : Charles Delhez, s.j.<br />
© 2016, Éditions jésuites<br />
Belgique : 7, rue Blondeau • B-5000 Namur<br />
France : 14, rue d’Assas • F-75006 Paris<br />
email : info@editionsjesuites.com<br />
http://www.editionsjesuites.com<br />
Dépôt légal : D.2016, 4323.32<br />
ISBN : 978-2-87356-739-2<br />
Imprimé en Belgique
Introduction<br />
Qu’est-ce la dépendance 1 ?<br />
Est-ce vraiment anormal de « dépendre » ?<br />
Qu’est-ce la dépendance ? Ce terme n’a pas seulement un sens<br />
négatif : il exprime en effet le besoin essentiel et nécessaire de t<strong>ou</strong>t<br />
homme d’être en relation avec quelque chose qui lui permette<br />
de vivre. Être dépendant équivaut à admettre ne pas être autosuffisant.<br />
T<strong>ou</strong>t être vivant est structurellement dépendant, s’il ne<br />
veut pas m<strong>ou</strong>rir ; il est impossible d’échapper à cette condition.<br />
Néanmoins, il y a différentes formes de dépendance : certaines<br />
sont saines, d’autres sont nuisibles. Il est essentiel de saisir cette<br />
différence.<br />
Une dépendance est saine lorsqu’elle favorise le développement<br />
personnel : par exemple, l’alimentation, l’eau, l’activité<br />
physique et le sommeil, qui maintiennent la personne en bonne<br />
santé ; <strong>ou</strong> la culture, les loisirs, les relations, à commencer par<br />
les parents, qui n<strong>ou</strong>s ont mis au monde, et les amitiés, qui enrichissent<br />
notre dimension intérieure, en rendant la vie plus belle<br />
5
paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
et intéressante, aussi bien p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s que p<strong>ou</strong>r les autres ; <strong>ou</strong><br />
encore les personnes qui n<strong>ou</strong>s sont chères et qui n<strong>ou</strong>s permettent<br />
de développer et d’exprimer le meilleur de n<strong>ou</strong>s-mêmes, en<br />
construisant des relations stables et profondes. Des expériences<br />
fondamentales de la vie, comme l’am<strong>ou</strong>r, l’altruisme, le dév<strong>ou</strong>ement,<br />
sont également liées à la dépendance, et c’est à travers<br />
celle-ci que l’on peut vivre les expériences les plus significatives<br />
et les plus satisfaisantes.<br />
Mais comme t<strong>ou</strong>t élément de la réalité, la dépendance présente<br />
aussi un aspect négatif : dépendre, ça signifie être fragile,<br />
inapte, demandeur. Il est parfois très facile de chercher des<br />
compensations à ce vide. Mais au lieu d’éliminer le problème,<br />
celles-ci l’aggravent, en éteignant peu à peu la volonté de vivre.<br />
La dépendance devient nuisible, maladive et même pathologique<br />
si elle empêche le développement de la personne, appauvrit son<br />
existence, atrophie ses possibilités et fait c<strong>ou</strong>rir un sérieux risque<br />
à sa santé 2 .<br />
Du point de vue psycho-dynamique, si la dépendance saine<br />
permet de s’<strong>ou</strong>vrir, de sortir de soi, d’oser, de mettre en jeu ses<br />
capacités, en s’enrichissant soi-même et les autres, la dépendance<br />
nuisible conduit plutôt la personne à se replier sur elle-même<br />
et à faire de son moi le centre de t<strong>ou</strong>t, à s’éloigner du monde et<br />
des autres, jusqu’à se détruire.<br />
T<strong>ou</strong>te déc<strong>ou</strong>verte et innovation technologique présente aussi,<br />
en même temps que des avantages et de n<strong>ou</strong>velles possibilités,<br />
des pertes et des inconvénients, de type culturel, social et physique.<br />
Cette dualité est propre à t<strong>ou</strong>te n<strong>ou</strong>velle situation et doit<br />
être prise en considération, analysée de façon critique, p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir<br />
gérer de façon responsable les possibilités présentes et vivre<br />
mieux. La première réaction devant la n<strong>ou</strong>veauté est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs un<br />
mélange de terreur et d’enth<strong>ou</strong>siasme, d’investissements divers,<br />
surt<strong>ou</strong>t affectifs et imaginaires, comme des peurs ancestrales.<br />
Mais avec le temps, on constate qu’aucune des deux attitudes ne<br />
6
introduction<br />
convient, car leur validité est complexe, en tant qu’expression de<br />
notre monde intérieur : en se tr<strong>ou</strong>vant face à la réalité, l’homme<br />
exprime ses désirs, de même que ses limites. Dès lors, il est nécessaire<br />
d’adopter une distance critique (même au sens temporel) et<br />
de relire ce qui est en train de se passer en ayant à l’esprit les défis<br />
connus et interprétés, afin de les gérer au mieux et de prendre<br />
conscience des possibilités et des risques qui se présentent.<br />
Par conséquent, le thème de la dépendance est essentiellement<br />
anthropologique et culturel. Il n’est pas seulement question de<br />
devenir un habitué <strong>ou</strong> de se méfier d’un instrument technique,<br />
d’une substance, d’un projet social, mais de lire la signification<br />
symbolique extrêmement variée qui se cache derrière ceux-ci :<br />
« Quand on parle de “n<strong>ou</strong>velles dépendances”, on se réfère à<br />
un phénomène très complexe qui met en cause de nombreux<br />
aspects de la sphère individuelle. Au niveau comportemental,<br />
une dépendance se manifeste dans la recherche et dans la répétition<br />
d’un comportement donné ; parallèlement, au niveau<br />
psychologique, le sujet est totalement absorbé par l’objet de sa<br />
propre dépendance, au point de ne plus p<strong>ou</strong>voir se passer de cet<br />
objet et de négliger t<strong>ou</strong>t le reste, des liens affectifs aux relations<br />
professionnelles. Les conséquences négatives qui déc<strong>ou</strong>lent de<br />
cette situation se répercutent sur t<strong>ou</strong>t le fonctionnement de la<br />
vie de l’individu, en provoquant un état de s<strong>ou</strong>ffrance générale,<br />
qui s’étend même à son milieu de vie 3 . »<br />
L’analyse des multiples aspects de la révolution digitale représente<br />
donc un travail difficile, varié et exigeant, mais qui ne<br />
peut être négligé.<br />
La difficulté de déchiffrer les n<strong>ou</strong>velles dépendances<br />
La complexité d’un panorama n<strong>ou</strong>veau et t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs plus<br />
évolutif offert par les n<strong>ou</strong>velles technologies et de son impact sur<br />
la manière de vivre et de communiquer apparaît dès le moment<br />
7
paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
où l’on cherche à donner un nom et une description de ce qu’on<br />
appelle les « n<strong>ou</strong>velles dépendances » du point de vue de la santé<br />
mentale. Les psychologues et les psychiatres rencontrent pas mal<br />
de difficultés rien que p<strong>ou</strong>r classer symptômes, comportements<br />
et habitudes liés au n<strong>ou</strong>veau phénomène qu’est l’Inter<strong>net</strong>. P<strong>ou</strong>r<br />
cette raison, la n<strong>ou</strong>velle édition, très controversée, du Manuel<br />
diagnostique et statistique des tr<strong>ou</strong>bles mentaux (DSM 5), sortie<br />
aux USA au printemps 2013 et à laquelle ont travaillé plus de<br />
600 psychiatres, p<strong>ou</strong>r un coût avoisinant les 25 millions de dollars,<br />
n’y fait aucune allusion, alors qu’elle mentionne une très<br />
grande variété de catégories de diagnostics possibles, anciennes<br />
<strong>ou</strong> n<strong>ou</strong>velles (plus de 400). Les auteurs n’ont aucun scrupule<br />
à analyser des phénomènes beauc<strong>ou</strong>p moins alarmants, tel le<br />
syndrome de la dépression après un deuil et l’abstinence au café.<br />
Mais, lorsqu’il s’agit d’interpréter le monde t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs plus<br />
complexe et varié d’Inter<strong>net</strong> (<strong>ou</strong> d’introduire la même distinction,<br />
notée plus haut à propos du mode de vie, entre dépendances<br />
saines <strong>ou</strong> nuisibles), les chercheurs semblent plutôt confus et<br />
perplexes. Une enquête réalisée par une équipe internationale a<br />
cherché à faire la synthèse du travail accompli dans ce domaine<br />
sur une période de dix ans (Inter<strong>net</strong> Addiction : Metasynthesis<br />
of 1996-2006), sans tr<strong>ou</strong>ver suffisamment de critères communs<br />
p<strong>ou</strong>r ab<strong>ou</strong>tir à une évaluation de type « scientifique ». Même<br />
dans le monde universitaire, on n’a pas réussi à faire mieux.<br />
Les expériences effectuées ont conduit à des résultats controversés<br />
: « Le cas emblématique concerne l’Inter<strong>net</strong> Paradox, réalisé<br />
par la Carnegie Mellon University de Pittsburg p<strong>ou</strong>r décrire<br />
les caractéristiques relationnelles des utilisateurs d’Inter<strong>net</strong>. La<br />
première version de la recherche, datant de 1998, établit une<br />
connexion entre l’utilisation de la Toile et l’aggravation en peu<br />
de temps des rapports face-to-face, avec une augmentation des<br />
cas de dépression et de sentiment d’abandon. Mais la même<br />
analyse répétée en 2002 et visant à établir l’effet d’Inter<strong>net</strong> sur<br />
8
introduction<br />
les relations sociales à long terme révèle que celui qui surfe sur<br />
le Web et qui fréquente les réseaux sociaux est plus engagé dans<br />
les cercles, les associations, les lieux de rencontres de l’endroit<br />
où il vit. La seule continuité entre les deux versions de l’étude<br />
concerne la tendance des internautes à une plus grande mobilité :<br />
ils changent s<strong>ou</strong>vent de ville 4 . »<br />
Les experts sont divisés non seulement sur la possibilité de<br />
parler de dépendance, mais avant t<strong>ou</strong>t sur l’importance même<br />
du phénomène en question, dont on ne tr<strong>ou</strong>ve aucune analogie<br />
avec aucune des déc<strong>ou</strong>vertes précédentes. Les termes employés<br />
jusqu’à présent p<strong>ou</strong>r classer les inventions du passé (instrument,<br />
technique, machine) ne semblent pas convenir p<strong>ou</strong>r Inter<strong>net</strong>,<br />
parce que celui-ci donne plutôt l’impression de constituer un<br />
« monde », un univers vivant. Si c’est le cas, on ne devrait pas<br />
parler de « dépendance », car cela reviendrait à dire qu’on est<br />
dépendant de la vie.<br />
P<strong>ou</strong>rtant, les témoignages de vie, individuels mais concrets,<br />
mettent en évidence d’autres types de ret<strong>ou</strong>r d’information (feed<br />
back), comme on peut lire par exemple sur le blog de cette j<strong>ou</strong>rnaliste<br />
: « J’ai changé mon avatar sur Twitter : il n’y a plus de<br />
femme voilée, mais la femme de profil avec une cigarette aux<br />
lèvres. Je l’ai choisi p<strong>ou</strong>r la cigarette ainsi que p<strong>ou</strong>r la <strong>net</strong>teté de<br />
l’image en blanc et noir. Je suis une dépendante à la cigarette :<br />
si j’ai fini un paquet et si je n’en ai pas d’autre chez moi, j’entre<br />
en crise, je deviens nerveuse, angoissée. C’est p<strong>ou</strong>rquoi, je ne<br />
comprends pas la difficulté qu’il y a à définir la dépendance : c’est<br />
tellement évident. Mais il me semble bien que ce soit plus difficile<br />
de la définir lorsqu’il s’agit de “dépendance à Inter<strong>net</strong> 5 ”. »<br />
Les données disponibles à propos des dérives possibles de l’utilisation<br />
d’Inter<strong>net</strong> révèlent sans aucun d<strong>ou</strong>te un phénomène qui<br />
ne doit pas être pris à la légère. Il est indéniable qu’avec le temps<br />
on a enregistré une augmentation considérable du nombre de<br />
personnes qui ont tendance à se retirer de la vie réelle, p<strong>ou</strong>r<br />
9
paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
tr<strong>ou</strong>ver avec Inter<strong>net</strong> un « monde » alternatif au monde physique.<br />
Celui-ci leur apparaît peu satisfaisant et parsemé d’obstacles difficiles<br />
à gérer. D’où la tendance à voir dans Inter<strong>net</strong> une voie<br />
vers l’évasion : « En trois ans — explique Federico Tonioni,<br />
responsable du cabi<strong>net</strong> de consultation p<strong>ou</strong>r les dépendances à<br />
Inter<strong>net</strong> au centre Policlinico Gemelli de Rome —, n<strong>ou</strong>s avons<br />
reçu plus de 550 personnes. Il s’agit de 20 % d’adultes et de<br />
80 % de jeunes. Les adultes se tr<strong>ou</strong>vent dans des contextes peu<br />
interactifs et reproduisent des dépendances bien connues envers<br />
le sexe <strong>ou</strong> les jeux du hasard, que la Toile ne fait qu’amplifier. »<br />
Chez les jeunes, la situation est différente. Ils ont entre onze et<br />
vingt-trois ans ; ils sont intelligents et timides. « Ils vivent des<br />
relations privées de corps — explique Tonioni. Sur le chat <strong>ou</strong><br />
dans les jeux en ligne, tu ne peux ni frapper, ni embrasser p<strong>ou</strong>r<br />
de bon. L’écran est un b<strong>ou</strong>clier protecteur 6 . »<br />
Le petit écran peut cependant devenir une prison quand<br />
on considère que l’image de la personne peut être la personne<br />
réelle, et que les fantasmes que l’on n<strong>ou</strong>rrit à son propos sont<br />
considérés comme équivalents à une relation réelle : dans ce cas,<br />
Inter<strong>net</strong> devient un moyen d’évasion p<strong>ou</strong>r compenser les peurs<br />
et le sentiment d’indignité.<br />
De l’Est asiatique (où la diffusion d’Inter<strong>net</strong> occupe une des<br />
premières places au monde 7 ), n<strong>ou</strong>s parviennent les données les<br />
plus inquiétantes, ce qui confirme à quel point il est fondamental<br />
de posséder des « filtres » adéquats p<strong>ou</strong>r se protéger du flux des<br />
stimuli reçus, afin de continuer à vivre de façon saine : les limites<br />
sont indispensables p<strong>ou</strong>r l’apparition de la vie ainsi que p<strong>ou</strong>r son<br />
développement 8 . En leur absence, la dépendance devient une<br />
cage dont il est impossible de sortir, au point d’empêcher les<br />
activités essentielles de la vie physique (manger, boire, se reposer)<br />
et de m<strong>ou</strong>rir d’inanition. C’est ce que montrent les n<strong>ou</strong>velles de<br />
plus en plus fréquentes semblables à celles-ci :<br />
10
introduction<br />
« Un Sud-Coréen dépendant au jeu vidéo meurt après avoir<br />
j<strong>ou</strong>é pendant 86 heures consécutives. »<br />
« Dans le Nord de la Chine, un homme de vingt-six ans en<br />
surcharge pondérale meurt après une séance de jeu ininterrompue<br />
pendant t<strong>ou</strong>te la durée du N<strong>ou</strong>vel An chinois. »<br />
« Dans la province de Guangzh<strong>ou</strong>, dans le Sud de la Chine, un<br />
homme de trente ans meurt après avoir j<strong>ou</strong>é en ligne, semble-t-il,<br />
de façon ininterrompue pendant trois j<strong>ou</strong>rs 9 . »<br />
Or, il s’agit de chiffres qui vont croître t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs davantage<br />
parmi les j<strong>ou</strong>eurs connectés : « En Corée, on a <strong>ou</strong>vert plus de<br />
quarante agences de consultation p<strong>ou</strong>r la dépendance au jeu,<br />
dont on a enregistré des milliers de cas chaque année […]. En<br />
2006, on compte 2,4 % de Sud-Coréens entre neuf et trenteneuf<br />
ans qui sont dépendants aux jeux vidéos, tandis que les cas<br />
limites atteignent les 10,2 % […]. Dans une étude publiée en<br />
2006, les chercheurs de l’Université de Standford ont enregistré<br />
13,7 % d’adultes interviewés ayant admis avoir des difficultés<br />
à se retr<strong>ou</strong>ver sans Inter<strong>net</strong> pendant plusieurs j<strong>ou</strong>rs de suite.<br />
Selon cette même étude, 8,2 % ont déclaré utiliser Inter<strong>net</strong> p<strong>ou</strong>r<br />
fuir les problèmes et p<strong>ou</strong>r retr<strong>ou</strong>ver la bonne humeur 10 . » Mais<br />
le monde du Web n’est pas un vaccin contre la s<strong>ou</strong>ffrance, il<br />
en procure même une d’un autre type, non moins dévastatrice<br />
(comme en témoignent les cas de suicides p<strong>ou</strong>r b<strong>ou</strong>limie d’activités<br />
en ligne).<br />
Sans ab<strong>ou</strong>tir à ces extrêmes, l’utilisation fréquente des modalités<br />
apparemment plus inoffensives peut pénaliser t<strong>ou</strong>t<br />
autant : « Une recherche intéressante menée par Gloria Mark,<br />
de l’université californienne d’Irvine, apporte des conclusions<br />
surprenantes : chaque employé américain (mais le phénomène<br />
doit aussi valoir p<strong>ou</strong>r les autres travailleurs de la planète) réussit<br />
à se concentrer de façon continue sur un projet pendant environ<br />
onze minutes, avant d’être interrompu parce que quelqu’un lui<br />
demande de passer à autre chose. Ce laps de temps se racc<strong>ou</strong>rcit<br />
11
paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
encore plus, descendant à trois minutes, à cause d’e-mail, texto<br />
<strong>ou</strong> appels téléphoniques 11 . » Même le simple fait de passer d’un<br />
message à l’autre réduit de façon significative la capacité d’attention,<br />
surt<strong>ou</strong>t lorsqu’on mène des activités de type créatif, comme<br />
le montre une recherche du British Institute of Psychiatry financée<br />
par la société informatique Hewlett Packard et menée par le<br />
docteur Glenn Wilson sur un échantillon de 1 100 personnes.<br />
Ces cas font apparaître une baisse du niveau de quotient intellectuel<br />
: jusqu’à dix points inférieur à la moyenne, un taux plus<br />
que d<strong>ou</strong>ble par rapport aux fumeurs de marijuana. En pratique,<br />
cela équivaut à passer un j<strong>ou</strong>r et demi sans se reposer. À cela,<br />
il faut aj<strong>ou</strong>ter le fait que les stimuli reçus par le cerveau lors<br />
de ces activités présentent de fortes ressemblances avec la prise<br />
de substances stupéfiantes : « Les psychiatres de l’université de<br />
Harvard, Edward Hallowell et John Ratey, ont fait état de personnes<br />
sujettes à des pics de dopamine lorsqu’elles sont exposées<br />
à la sensation d’être connectées à d’autres personnes à travers les<br />
médias digitaux, avec des schémas de comportements semblables<br />
à ceux de patients cliniques présentant des états de dépendance à<br />
l’égard de substances stupéfiantes 12 . » Mais certaines de ces données<br />
ont été aussitôt contestées, surt<strong>ou</strong>t en ce qui concerne la<br />
rigueur et la méthode avec lesquelles elles ont été obtenues, au<br />
point qu’elles ne sont plus apparues dans aucune publication de<br />
caractère scientifique 13 .<br />
P<strong>ou</strong>r le moment, il n’est donc pas possible de tr<strong>ou</strong>ver des<br />
preuves irréfutables d’une dangerosité de l’utilisation continue<br />
du Web, comme cela a d’ailleurs été le cas p<strong>ou</strong>r d’autres types<br />
de recherches sur les dépendances (par exemple, le tabagisme,<br />
p<strong>ou</strong>r lequel il a fallu des décennies avant d’arriver à des décisions<br />
publiques, en reconnaissant la nocivité du produit). T<strong>ou</strong>tefois,<br />
malgré la diversité des lectures possibles du phénomène, au<br />
niveau thérapeutique, la dépendance à l’égard d’Inter<strong>net</strong> est entrée<br />
depuis longtemps dans la liste des n<strong>ou</strong>veaux tr<strong>ou</strong>bles, au<br />
12
introduction<br />
point qu’à partir de 2006, on a équipé des cliniques spécialisées<br />
p<strong>ou</strong>r soigner ceux qui, de plus en plus nombreux, s’en tr<strong>ou</strong>vent<br />
affectés.<br />
Inter<strong>net</strong> comme miroir du monde physique<br />
En étudiant les dépendances, on a s<strong>ou</strong>vent observé le parallélisme<br />
entre les deux mondes, le réel et le <strong>virtuel</strong>, dans la mesure<br />
où ceux qui tombent le plus facilement dans les pièges de la<br />
Toile sont aussi ceux qui dans la vie non connectée présentent<br />
des problèmes de dépendance envers des substances, connaissent<br />
des difficultés relationnelles, s<strong>ou</strong>ffrent de tr<strong>ou</strong>bles d’humeur au<br />
point de rechercher dans Inter<strong>net</strong> un moyen d’évasion <strong>ou</strong> de<br />
s<strong>ou</strong>lagement émotionnel 14 . Au niveau psychologique, il y a un<br />
paramètre fondamental p<strong>ou</strong>r parler d’une dépendance à l’égard<br />
d’Inter<strong>net</strong> : observer si la personne tend à négliger les relations<br />
de la vie réelle, à manquer de centres d’intérêt, à perdre le goût<br />
de vivre. L’usage lui-même de l’ordinateur tend à se fixer sur<br />
une seule modalité de navigation en ligne, par exemple le chat,<br />
le jeu de hasard, les jeux vidéo, les sites pornographiques. Et<br />
plus l’approche tend à devenir unilatérale, plus il est probable<br />
que l’on tr<strong>ou</strong>ve des indices précis d’une utilisation pathologique<br />
d’Inter<strong>net</strong> 15 .<br />
L’isolement autiste d’un nombre impressionnant d’adolescents<br />
japonais — un phénomène que l’on désigne par un terme<br />
spécifique : kikikomori (littéralement, « être à part, s’isoler ») —<br />
semble être dû à l’incapacité de contrôler le stress d’une société<br />
très exigeante, qui demande t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le maximum, qui ne tolère<br />
ni fragilité, ni échecs (le Japon présente le p<strong>ou</strong>rcentage le plus<br />
élevé au monde en ce qui concerne les suicides chez les adolescents<br />
p<strong>ou</strong>r des raisons scolaires) 16 . T<strong>ou</strong>t cela conduit un nombre<br />
de plus en plus grand d’adolescents et de jeunes gens — qui<br />
perdent inexorablement du terrain dans la réalité de la c<strong>ou</strong>rse au<br />
13
paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
plus fort — à chercher refuge dans leur chambre, menant une vie<br />
d’ascète, impersonnelle, p<strong>ou</strong>r fuir la compétition et le conflit : le<br />
seul contact avec le monde se résume à l’écran de l’ordinateur.<br />
L’étude de cette thématique révèle une autre constante, qui<br />
évolue en parallèle avec la vie réelle : l’étrange dynamique de<br />
la d<strong>ou</strong>leur et de la s<strong>ou</strong>ffrance qui caractérise l’essence de notre<br />
condition humaine. En effet, plus on tente d’y échapper, et plus<br />
elles se montrent envahissantes, au point de j<strong>ou</strong>er le rôle de<br />
maîtres de maison. Mais le plus étrange, c’est que t<strong>ou</strong>t en accumulant<br />
s<strong>ou</strong>ffrances sur s<strong>ou</strong>ffrances, on recherche et on visite<br />
avec insistance les sites en ligne. On a affaire ici à une variante<br />
du binôme « délit/châtiment », que Dostoïevski a exploré de<br />
façon magistrale ; il semble que la d<strong>ou</strong>leur exprime une façon<br />
complexe de se punir et en même temps (peut-être à cause de<br />
cela, précisément) de remédier en quelque sorte à la condition<br />
d’indignité et de frustration dans laquelle on est tombé. Il s’avère<br />
donc nécessaire d’explorer la dimension symbolique et culturelle<br />
de ces n<strong>ou</strong>velles « cages » de l’esprit, afin de p<strong>ou</strong>voir tr<strong>ou</strong>ver la<br />
« clé » permettant d’en <strong>ou</strong>vrir la porte.<br />
Plusieurs comportements peuvent être rangés dans cette catégorie<br />
: la porno-dépendance sur Inter<strong>net</strong> est également reconnue<br />
par celui qui s’y tr<strong>ou</strong>ve assujetti comme une manière de se punir,<br />
de se faire du mal, p<strong>ou</strong>r une attirance perçue comme privée<br />
de t<strong>ou</strong>t attrait, en particulier sexuel (l’impuissance physique<br />
est même une des conséquences p<strong>ou</strong>r celui qui cède à ce vice).<br />
Quelque chose de semblable se produit également dans le monde<br />
réel, comme l’atteste cette étrange tendance (également en expansion<br />
chez les jeunes) à s’infliger des incisions sur le corps,<br />
à tracer des tat<strong>ou</strong>ages et à se faire des piercings, <strong>ou</strong> bien à se<br />
livrer sans retenue à des comportements à haut risque, tant p<strong>ou</strong>r<br />
eux que p<strong>ou</strong>r les autres. Ces fameuses « hécatombes du samedi<br />
soir » et rave-parties, aux dires de certains survivants, entrent dans<br />
une sorte de mécanisme d’autopunition inconsciente, p<strong>ou</strong>r fuir<br />
14
introduction<br />
une condition de vie considérée comme négative. Dans de tels<br />
cas, la s<strong>ou</strong>ffrance devient une tentative désespérée de se sentir<br />
vivant, d’échapper à une angoisse plus voilée, mais aussi plus<br />
dévastatrice que la d<strong>ou</strong>leur physique : cela a p<strong>ou</strong>r fonction de<br />
faire sortir d’une condition d’apathie chronique, de vide existentiel,<br />
en conduisant à une forme paradoxale de s<strong>ou</strong>lagement.<br />
Le parc<strong>ou</strong>rs de la dépendance à l’égard du <strong>virtuel</strong> présente<br />
finalement les mêmes caractéristiques que les autres dépendances<br />
(à la n<strong>ou</strong>rriture, à la drogue, au sexe, au jeu), où la recherche du<br />
plaisir devient de plus en plus une idée fixe et, devant la diminution<br />
des résultats obtenus, la personne en vient à devoir rec<strong>ou</strong>rir<br />
à des « doses » t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs plus massives. Et même si les résultats ne<br />
sont plus ceux que l’on espérait, le temps et les énergies investis<br />
n’en sont pas moins importants. Le mécanisme propre à la dépendance<br />
semble consister en ce que les scientifiques appellent<br />
« renforcement d’attentes », c’est-à-dire la dynamique de manque<br />
et de punition, qui se tr<strong>ou</strong>ve à la base des comportements déviants<br />
(dont les dépendances constituent une s<strong>ou</strong>s-catégorie) et<br />
qui conduit à consacrer à ceux-ci t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs plus de temps, de<br />
ress<strong>ou</strong>rces, d’énergies, jusqu’à s’autodétruire. C’est comme si une<br />
partie de soi cherchait le plaisir et que l’autre la désappr<strong>ou</strong>vait.<br />
La dépendance devient alors une forme d’automatisme dont on<br />
a l’impression d’avoir perdu le contrôle.<br />
T<strong>ou</strong>t en offrant d’immenses possibilités, à plusieurs niveaux<br />
— informations, données, rapidité de contact, développement<br />
des relations —, Inter<strong>net</strong> reproduit les problématiques propres<br />
au monde sans Inter<strong>net</strong> (solitude, pornographie, violence, vols,<br />
espionnages, virus), mais à une échelle qualitativement différente.<br />
C’est p<strong>ou</strong>rquoi, comme l’admet encore Tonioni, la thérapie évolue<br />
dans la même direction que celle des problèmes rencontrés<br />
dans d’autres domaines. Précisons que le problème ne réside<br />
pas dans l’instrument, mais dans les personnes qui s’en servent :<br />
« N<strong>ou</strong>s examinons leur tr<strong>ou</strong>ble affectif, relationnel. Il n’y a pas de<br />
15
paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
thérapie avec un délai déterminé. Celui qui guérit commence à<br />
sortir avec une fille, à pratiquer un sport — conclut Tonioni —,<br />
mais n<strong>ou</strong>s ne disons jamais d’éteindre l’ordinateur 17 . »<br />
Alors, que faut-il penser ? Inter<strong>net</strong> propose-t-il une histoire<br />
déjà, connue, <strong>ou</strong> bien est-ce une véritable n<strong>ou</strong>veauté ?<br />
Et dans le cas d’une éventuelle dépendance, exige-t-il des<br />
attentions de type différent ?<br />
1
Chapitre i<br />
Le défi de la n<strong>ou</strong>veauté.<br />
Un vieux problème<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs d’actualité<br />
La technologie n<strong>ou</strong>s rend-elle plus <strong>ou</strong> moins humains ?<br />
T<strong>ou</strong>te innovation fait peur au début, mais elle peut aussi imprimer<br />
des accélérations exponentielles à la pensée. L’histoire<br />
est pleine d’exemples de ce type, différents dans leurs causes<br />
circonstancielles, mais très semblables par les façons de procéder<br />
et par les sentiments suscités. Un cas significatif a été l’apparition<br />
en Italie du célèbre Hymne à Satan de Giosuè Carducci<br />
(1863), qui puise son inspiration dans la vague émotive suscitée<br />
par la grande invention de l’époque, le train. P<strong>ou</strong>r le poète, cela<br />
inaugure une n<strong>ou</strong>velle ère ; sa puissance réduit en p<strong>ou</strong>ssière les<br />
résidus de la superstition et de la religion, p<strong>ou</strong>r manifester le<br />
triomphe de la science et de la technique, t<strong>ou</strong>t en garantissant<br />
prospérité et bien-être p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s 18 . Et p<strong>ou</strong>rtant, quelques années<br />
plus tard, dans un autre poème, Alla stazione una mattina d’autunno<br />
(1873), il changera d’opinion, en reconnaissant des aspects<br />
inquiétants : le train n’y apparaît plus comme « beau et horrible ».<br />
Il devient plutôt un « monstre » impie, triste et lugubre, réduit à<br />
17
En lecture partielle…
Table des matières<br />
Introduction. Qu’est-ce la dépendance ?................................. 5<br />
Est-ce vraiment anormal de « dépendre » ?................................. 5<br />
La difficulté de déchiffrer les n<strong>ou</strong>velles dépendances.....................7<br />
Inter<strong>net</strong> comme miroir du monde physique...............................13<br />
Chapitre I. Le défi de la n<strong>ou</strong>veauté. Un vieux problème t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
d’actualité............................................................................. 17<br />
La technologie n<strong>ou</strong>s rend-elle plus <strong>ou</strong> moins humains ?.............. 17<br />
La révolution du Web............................................................. 19<br />
Le temps passé sur le Web........................................................26<br />
Chapitre II. Les multiples visages du digital : paradis <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong><br />
<strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?...............................................................................29<br />
L’ambiguïté du Web...............................................................29<br />
Révélations sur soi et confidentialité : un binôme indispensable.. 32<br />
La violence sur Inter<strong>net</strong>............................................................35<br />
L’actualité des anciennes vertus................................................40
Chapitre III. Les relations sur Inter<strong>net</strong>. T<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs connectés <strong>ou</strong><br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs seuls ?...................................................................... 45<br />
Qualité et quantité s’excluent. Même dans le Web....................46<br />
Peut-on n<strong>ou</strong>er une relation affective avec une machine ?........... 48<br />
Les consultations en ligne........................................................ 52<br />
Une aide p<strong>ou</strong>r sortir de la prison : des attaches faibles............... 57<br />
Chapitre IV. Le Web comme point de non-ret<strong>ou</strong>r. Comment<br />
le vivre sans en devenir esclave.............................................. 61<br />
Web et vie. Un problème sapiential......................................... 61<br />
L’ancienne leçon de la sagesse : la conscience............................. 63<br />
L’attention au corps : la méditation.........................................67<br />
L’actualité permanente de la vie spirituelle...............................70<br />
Le piège de l’occupation multitâche..........................................72<br />
Qu’est-ce que n<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lons ?.................................................... 75<br />
Chapitre V. Quelques pistes p<strong>ou</strong>r l’éducation.......................79<br />
La mindfulness appliquée au travail intellectuel......................79<br />
La mindfulness comme thérapie de la dépendance................... 84<br />
Stratégies contre la violence en ligne......................................... 85<br />
Le côté éducatif de la conscience............................................... 91<br />
Le besoin d’éducateurs compétents............................................ 93<br />
Conclusion. Être libre signifie « décrocher »..........................97<br />
Inter<strong>net</strong>, c’est la vie ?............................................................... 98<br />
Un thème ancien et t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs d’actualité................................. 100<br />
Notes...................................................................................105<br />
1<br />
Achevé d’imprimer le 21 septembre 2016<br />
sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).
<strong>Paradis</strong> <strong>virtuel</strong> <strong>ou</strong> <strong>enfer</strong>.<strong>net</strong> ?<br />
Depuis qu’il a été introduit, le Web, comme chaque grande invention,<br />
n’a pas cessé de susciter l’enth<strong>ou</strong>siasme. Mais des dérives comportementales<br />
inquiétantes sont apparues qui provoquent le débat.<br />
Le Web n’est en effet pas seulement un <strong>ou</strong>til ordinaire, mais un<br />
véritable « univers », parallèle et parfois même alternatif au monde<br />
« réel ». Il est fondamental de posséder des « filtres » adéquats p<strong>ou</strong>r<br />
se protéger du flux des stimuli reçus, afin de continuer à vivre de<br />
façon saine. En leur absence, la dépendance devient une cage dont il<br />
est impossible de sortir, au point d’empêcher des relations psychologiques<br />
et interpersonnelles épan<strong>ou</strong>ies et même les activités essentielles<br />
de la vie physique (manger, boire, se reposer), parfois jusqu’à<br />
entraîner la mort. D’où l’importance d’une approche respectueuse<br />
de sa complexité, de ses grandes et fascinantes possibilités, mais aussi<br />
des risques potentiels p<strong>ou</strong>r les addictes. L’expérience sur le terrain, la<br />
réflexion et les compétences partagées permettent d’utiliser au mieux<br />
ce n<strong>ou</strong>vel instrument, tel qu’il en est apparu à chaque âge de la vie.<br />
Comment vivre Inter<strong>net</strong> sans en devenir esclave ? Tel est l’objectif<br />
de ce livre, qui donne aussi des pistes p<strong>ou</strong>r l’éducation.<br />
Giovanni Cucci<br />
Giovanni Cucci, jésuite italien, docteur en philosophie, et licencié en psychologie<br />
enseigne la philosophie et la psychologie à l’Institut Aloisianum de<br />
Pad<strong>ou</strong>e et à l’Université pontificale grégorienne de Rome. Il collabore également<br />
à la revue La Civiltà Cattolica.<br />
ISBN 978-2-87356-739-2<br />
Prix TTC : 12,00 €<br />
9 782873 567392 Collection « Béthanie »<br />
Photo de c<strong>ou</strong>verture : © Blend Images. fotolia.com