Giovanni Cagliero. Salésien, évêque missionnaire, cardinal

René Dassy
Giovanni
Cagliero
Salésien, évêque missionnaire, cardinal
Sur la route des saints
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Sur la route des saints
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Giovanni
Cagliero
Salésien, évêque missionnnaire, cardinal
(1838-1926)
René Dassy

Dans la même collection (derniers titres parus) :
Lambert Louis Conrardy, n o 22
Alberto Hurtado, n o 23
Ignace de Loyola, François Xavier, Pierre Favre, n o 24
Eustache van Lieshout, n o 25
Marie-Eugénie Milleret, n o 26
Claude La Colombière, Marguerite-Marie Alacoque, n o 27
Joseph Anciaux, n o 28
Anne de Jésus, n o 29
Mgr Óscar Romero, n o 30
Saint Jean Eudes, n o 31
Marie-Martine Bourtonbourt, n o 32
Saint Dominique, n° 33
Collection dirigée par Hubert Jacobs, s.j.
René Dassy, licencié en sciences commerciales et financières,
a fait carrière dans une grande entreprise industrielle multinationale.
Aujourd’hui à la retraite, il s’imprègne de l’héritage
spirituel salésien pour en révéler l’étonnante pertinence
actuelle.
© 2016, Éditions jésuites
Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur
France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris
Dépôt légal : D.2016, 4323.33
ISBN : 978-2-87356-738-5
Maquette : Jean-Marie Schwartz
Imprimé en Belgique

Introduction
Pourquoi une biographie de Giovanni Cagliero ?
Giovanni Cagliero apparaît en filigrane de toute la vie
de Don Bosco et de ses trois premiers successeurs. Ce qui
veut dire que « raconter » Cagliero, de 1838 à 1926, c’est aussi
raconter ce que fut la grande épopée des Salésiens et des
Salésiennes d’un point de vue différent de celui des hagiographes
patentés de Don Bosco.
Il me semble qu’en racontant l’histoire de Giovanni
Cagliero — non canonisé — on aura une approche nouvelle,
un regard nouveau sur Don Bosco qui reste le numéro Un,
mais qui, dans la perspective de 1934 (date de sa canonisation),
a un peu éclipsé l’immense générosité qu’il avait suscitée
autour de lui. Cet élan missionnaire envers les jeunes du
monde entier vaut la peine d’être étudié et valorisé à travers
l’histoire de la vie de ses premiers disciples.
Parmi eux, Giovanni Cagliero a un tempérament de
baroudeur : un infatigable globe-trotter, un missionnaire
dans l’âme. Don Bosco lui confie de nombreuses missions
de défrichage où il excelle par sa bonhomie et son sens des
relations publiques amicales. Si Don Rua est l’ombre de
Don Bosco, Don Cagliero est son explorateur : il va là où
Don Bosco ne peut aller. C’est un exécuteur éclairé, parfois
un ion libre — surtout après la mort de Don Bosco — mais
totalement dévoué à la congrégation salésienne et fidèle aux
pensées de son maître. Il réalise les rêves de Don Bosco. Personnalité
riche et généreuse que ce Cagliero, qui fut l’aven-
5

turier, le fer de lance missionnaire de Don Bosco, mais aussi
le directeur spirituel de la congrégation salésienne naissante
et, surtout, de l’Institut des sœurs salésiennes enraciné à
Mornèse.
Je pense que Don Bosco devait aimer particulièrement
ce disciple issu du même terroir que le sien. Il devait peutêtre
même admirer ce jeune prêtre, docteur en théologie,
musicien-compositeur de talent, pionnier en Patagonie,
évêque missionnaire qui finira cardinal à Frascati.
Prélat de l’Église, au plus haut niveau, Don Cagliero se
situe « au balcon » pour regarder, comme de l’extérieur, le
mouvement salésien dont il est issu. C’est pourquoi, son
témoignage aux procès de béatification et de canonisation
des saints salésiens vaut son pesant d’or (Don Bosco,
Marie-Dominique Mazzarello, Dominique Savio…)
Voici donc l’histoire de ce Piémontais missionnaire,
homme de Don Bosco, homme de Jésus et homme d’Église,
amoureux de la jeunesse et des horizons lointains. Il aimait
la vie, la Vie l’aimait.
O

Partie 1
1838-1888 :
Giovanni Cagliero,
l’homme de Don Bosco

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L’enfance à Castelnuovo d’Asti
(1838-1852)
Un Italien du Piémont
Politiquement et culturellement, le Piémont a toujours
été une terre de rencontre et de passage, avec des liens privilégiés
avec la Savoie, patrie de saint François de Sales.
Le Piémontais a la réputation d’être affable et travailleur.
Les aléas du pouvoir politique ne modifient guère la vie
quotidienne des paysans. La population connaît cependant
périodiquement les affres des enrôlements obligatoires dans
les armées, du pillage légal des troupes de passage, mais
aussi des disettes et des épidémies.
Les ruraux du Piémont sont profondément catholiques
et très attachés à la personne du pape. Le clergé des campagnes
entretient la piété populaire de ses ouailles, prêche
la confiance envers la Providence, rythme la vie paysanne
au gré des temps liturgiques, forme la jeunesse à la droiture
et à la générosité. Au moment où une certaine expansion
démographique — s’accompagnant d’une émigration massive
— apparaît, la qualité de cet enracinement rural de la foi
chrétienne explique en partie l’importance de la contribution
piémontaise aux vocations religieuses, missionnaires et
sacerdotales. Ce fait mérite d’être souligné car il contraste,
à l’époque, avec l’anticléricalisme politique omniprésent et
l’anti-vaticanisme de maints mouvements révolutionnaires
qui bouleversent l’Italie, du nord au sud.
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L’Histoire, avec un grand H, de la péninsule au xix e siècle,
ne retient guère que le Risorgimento, l’unification progressive
de l’Italie avec son lot de campagnes guerrières, la fin
des États pontificaux, Vatican I et l’anti-modernisme. Sur le
plan social, l’essor industriel favorise, bien sûr, la création de
richesses et il permet des avancées humaines, mais il draine
aussi son lot de misères et d’asservissements.
Ce sera la particularité géniale du prêtre Don Bosco et
de ses disciples de traverser ces bouleversements sociaux et
ces dissensions politiques en prenant radicalement fait et
cause pour l’éducation, chrétienne et citoyenne, des jeunes
défavorisés et des masses populaires. Tout en restant profondément
attachés au pape, symbole suprême de l’Église du
Christ, les Salésiens se montrent également respectueux des
institutions publiques légitimes pour préserver leur liberté
d’action.
Giovanni Cagliero, dans le sillage de son maître, va traverser
ces événements en vigneron piémontais : proche de
la vie du terroir, des petites gens et des enfants nécessiteux.
Nul doute que cette connaissance par l’intérieur des vraies
aspirations populaires, en butte aux utopies politiques du
moment, formera son sens politique. Formation précieuse
quand, devenu diplomate au service de l’Église, il aura à
régler des situations politiques épineuses en Amérique
latine.
Naissance à Castelnuovo d’Asti,
le 11 janvier 1838
Avec les Alpes comme horizon, Castelnuovo d’Asti se
situe à vingt-cinq kilomètres à l’est de Turin. Le bourg
compte alors quelque trois mille habitants qui travaillent à
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la vigne, à la culture des céréales et à l’élevage. Les propriétaires
agricoles, les métayers et les journaliers forment des
communautés rurales pratiquement autosuffisantes pour
l’alimentation.
Giovanni, fils de Pietro Cagliero et de Teresa Musso, est
le dernier garçon de six fils dont les quatre premiers sont
morts en bas âge. Il est baptisé à l’église paroissiale, là même
où Giovanni Bosco fut baptisé le 17 août 1815, vingt-trois ans
auparavant.
Pietro Cagliero fait partie de la classe relativement privilégiée
des agriculteurs et plus précisément des viticulteurs.
Il meurt prématurément alors que son fils est un bambin de
deux ans et neuf mois. Giovanni est donc élevé par sa très
chrétienne maman Teresa. Avec son frère, de quatre ans son
aîné, il mène une vie de petit garçon dégourdi au cœur du
village, près de l’église, de l’école et du vieux château.
Ce que nous connaissons de cette période, jusqu’à ses
treize ans, est essentiellement tributaire de ce que le cardinal
racontera à ses proches au soir de sa vie. Il se souvient, par
exemple, à quatre ans, d’avoir pris un petit banc à la maison
et de s’être installé à l’église du village au pied de l’évangéliaire
pour voir de plus près la célébration et pour écouter les
orgues qui le fascinaient.
Son ascendant sur ses compagnons est réelle et il fait
figure de chef de bande, tant son imagination et son dynamisme
séduisent : avec lui, on ne s’ennuie pas, on trouve
toujours de quoi s’amuser. Il raconte encore qu’à neuf ans,
il se déguisa en évêque et qu’il parada dans une carriole au
milieu de ses troupes en bénissant ses ouailles.
Ces souvenirs montrent son attrait pour la vie ecclésiastique,
pour la beauté rustique des liturgies et surtout
pour la musique sacrée ; mais ses récits ont cette touche
d’autodérision qui révèle bien la bonhomie, la simplicité du
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personnage et la connivence affectueuse avec la paysannerie
piémontaise.
La rencontre qui change une vie
En octobre 1850, Castelnuovo accueille Don Bosco et
son groupe d’adolescents turinois qui viennent au hameau
des Becchi pour le traditionnel pèlerinage d’automne. « Les
Becchi » est ce lieu-dit où se situe la maison natale de Don
Bosco et où réside son frère Joseph, de deux ans son aîné (né
le 18 avril 1813), avec sa famille. En 1848, le jeune prêtre y avait
aménagé une chapelle « du rosaire » dans une dépendance,
afin de pouvoir y célébrer la messe.
Giovanni Cagliero aide son curé Don Cinzano à préparer
la polenta pour toute la compagnie. Il distribue l’eau
fraîche aux randonneurs et se permet même de descendre
dans la cave du pasteur pour faire goûter le vin blanc aux
plus hardis des adolescents. C’est à cette occasion qu’il
fait la connaissance d’un jeune homme au visage candide,
un peu timide, vêtu avec une certaine élégance citadine :
Michele Rua. Il se souvient de lui avoir refusé le vin pour
le protéger en quelque sorte de commettre une bêtise. À
moins que ce ne soit l’inverse : la vue de Michele Rua l’aurait
convaincu d’arrêter la distribution — on sait que Don Rua ne
but jamais que de l’eau claire.
Don Cinzano sait que Don Bosco s’intéresse aux jeunes
gens qui montrent des dispositions pour le sacerdoce. Il présente
donc le jeune Cagliero à Don Bosco. Le garçon connaît
des rudiments de latin. Sa maman, Teresa, n’est pas opposée
à une carrière cléricale de son cadet.
C’est ainsi qu’un an plus tard, notre petit orphelin,
après avoir servi la messe matinale à Don Bosco, prend
la route de Turin avec son protecteur. Au soir de sa vie, le
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cardinal se souvient avec précision de ce voyage à pied, seul
avec Don Bosco qui lui fait découvrir le pays et notamment
le sanctuaire de Superga, basilique juchée sur les hauteurs
de Turin et cénotaphe de la famille royale du Piémont. L’admiration
de l’adolescent pour son modèle se transforme en
cours de route en confiance et en affection indéfectible : il
confie son âme et sa vie aux bons soins de Don Bosco qui le
confesse. À partir de ce jour, avec et pour Don Bosco, il est
prêt à aller jusqu’au bout du monde… ce qu’il fera.
Quel est donc le secret du succès de Don Bosco dans
l’éveil des vocations salésiennes ? L’éveil vocationnel est l’essence
même de sa pédagogie. Par l’amitié confiante, l’accompagnement
prévenant, le jeune est encouragé à aller
au bout de ses talents au service de Jésus. Don Bosco est de
ceux sous le regard duquel on a envie d’être meilleur. On a
envie de les imiter, car eux-mêmes croient en la beauté, en
la grandeur et en la fécondité de leur propre vocation. Et le
fruit de cet engagement est l’épanouissement dans la joie
intérieure et communautaire.
O

En lecture partielle…

Bibliographie succincte
Ouvrages généraux
Bollettino Salesiano. Periodico mensile dei Cooperatori di Don
Bosco, de 1877 à 1930.
Giselda Capetti, f.m.a., Les Annales de l’Institut, F.M.A., Rome,
1974.
Pascual Chávez, s.d.b., « Présentation de la Région Amérique –
Cône Sud », dans Actes du Conseil général, n° 391, Direction
générale des Œuvres de Don Bosco, Rome, 2005, p. 3-55.
Francis Desramaut, s.d.b., Don Bosco en son temps (1815-
1888), SEI, Turin, 1966.
Pietro Scotti, s.d.b., Missioni Salesiane 1875-1975, LAS, Rome,
1977.
Valentini-Rodino, s.d.b., et al., Dizionario biografico dei
salesiani, USS, Turin, 1969.
Morand Wirth, s.d.b., Don Bosco et la famille salésienne, Éd.
Don Bosco, Paris, 2002.
Ouvrages spécifiques
Jesus Borrego, s.d.b., « Las Llamadas “Memorias” del
Cardenal Cagliero », Salesian Digital Library, , Direzione Generale, Via della Pisana 1111,
Rome.
129

Giovanni Cassano, s.d.b., Il Cardinale Giovanni Cagliero S.D.B.,
SEI, Turin, 1935.
Raul Entraigas, s.d.b., El Apóstol de la Patagonia, Apis,
Argentina, 1956.
Aspreno Gentilucci, Biografia del primo missionario salesiano,
ICC, Ivrea, 1976.
Peter Lappin, s.d.b., Conquistador – The Story of John Cagliero
Prince of the Church and Pioneer in Patagonia and Central
America, SIGA, Madras, 1970.
O

Table des matières
Introduction ........................................ 5
Partie 1
1838-1888 : GIOVANNI CAGLIERO,
L’HOMME DE DON BOSCO
1. L’enfance à Castelnuovo d’Asti (1838-1852) ............. 9
2. L’adolescence au Valdocco (1852-1854) .............. 15
3. Le jeune homme salésien, docteur en théologie
(1854-1862) .................................... 21
4. Le prêtre salésien, musicien, directeur spirituel
et directeur des Filles de Marie Auxiliatrice (1862-1875) . . 25
5. Le premier salésien missionnaire (1875-1877) ......... 29
6. Émissaire de Don Bosco en Europe (1877-1884) ........ 37
7. Un évêque missionnaire salésien pour l’Argentine (1884). 41
8. Expédition missionnaire sur le Rio Negro (1885) ........ 49
9. De l’Atlantique au Pacifique, à travers les Andes (1886) . . 53
10. L’adieu au père (1888) ............................ 59
Partie 2
MONSEIGNEUR CAGLIERO,
L’HOMME DU PAPE
1. Chez Léon XIII (1888) ............................. 65
2. Troisième voyage missionnaire en Amérique du Sud
(1889-1892) .................................... 69
3. Célébrations des quatre cents ans de la découverte
de « l’Amérique » (1892) .......................... 75
4. Quatrième voyage en Amérique du Sud (1893-1903) ... 77
131

5. En Italie pour le couronnement de Marie Auxiliatrice
(1903) ......................................... 95
6. Adieux à l’Argentine. Archevêque en Italie (1904-1908) . . 97
7. Diplomate représentant du Saint-Siège
en Amérique centrale (1908-1915) .................. 99
8. La pourpre cardinalice (1915) ..................... 109
9. Ses activités de cardinal (1916-1926) ................ 113
10. Les derniers mois ............................... 119
En guise de conclusion .............................. 121
Épilogue ......................................... 125
Bibliographie succincte ...............................129
O

Achevé d’imprimer le 28 septembre 2016
sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).

Sur la route des saints
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Giovanni Cagliero
Raconter la vie de Giovanni Cagliero (1838-
1926), c’est aussi mieux comprendre la
grande épopée originelle des Salésiens et des
Salésiennes. Sous la guidance affectueuse de
Don Bosco, le Piémontais s’épanouit auprès
de la jeunesse conformément à la spiritualité
salésienne de la relation qui dynamise l’être
humain et qui ouvre le cœur à la transcendance.
Ses fonctions sont multiples : directeur
spirituel des deux congrégations naissantes,
évangélisateur de la Patagonie, évêque missionnaire
et enfin cardinal à Frascati. Négociateur
hors pair au service des papes, Giovanni
Cagliero réconcilie le Vatican avec les pays
latino-américains hostiles à l’Église. Sa diplomatie
est désarmante, étant donné sa simplicité
amicale, son respect des personnes et sa
sincérité à rechercher le bien commun.
ISBN 978-2-87356-738-5
Prix TTC : 9,95 €
9 782873 567385