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Les quatre évangiles

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Pierre Mourlon Beernaert<br />

81<br />

<strong>Les</strong> <strong>quatre</strong><br />

<strong>évangiles</strong>


Pierre Mourlon Beernaert<br />

<strong>Les</strong> <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong><br />

Collection « Que penser de… ? »


DU MÊME AUTEUR<br />

• Aux éditions du Cerf :<br />

Cœur – Langue – Mains dans la Bible, un langage sur l’homme, Cahiers<br />

Évangile n o 46, 1983, 64 p.<br />

• Aux éditions Lumen Vitae :<br />

Aux origines du genre humain : que dit la science ? que dit la Bible ? 1996,<br />

192 p.<br />

Récits et Paraboles de vie. Cinquante histoires à conter, 1999 2 , 152 p.<br />

Récits et Paraboles de Vie. Tome II. Nouvelle série de cinquante histoires<br />

brèves, 2006, 136 p.<br />

La première encyclique de Pierre, 2011, 116 p.<br />

• Dans la collection Horizons de la foi et Connaître la Bible :<br />

L’épître aux Philippiens, n o 49, 1992, 54 p.<br />

Dieu Lumière – Dieu Amour, La première lettre de saint Jean, n os 59-60,<br />

1994, 74 p.<br />

Avec Simon Pierre. Ses appels, ses doutes, ses élans, n o 15, 1999, 80 p.<br />

Se situer face à la Croix. <strong>Les</strong> étapes vécues par les premiers chrétiens,<br />

n o 31, 2003, 80 p.<br />

Agneau et Berger. Le Christ de l’Apocalypse, n o 54, 2009, 80 p.<br />

Pierre Mourlon Beernaert, prêtre jésuite, ordonné en 1969, est<br />

bibliste et professeur émérite de Nouveau Testament (Centre<br />

international Lumen Vitae). Il anime diverses retraites et sessions<br />

bibliques. Il est supérieur de la Communauté du Sacré-<br />

Cœur à Charleroi.<br />

© Éditions Fidélité • 7, rue Blondeau • 5000 Namur<br />

info@fidelite.be • www.fidelite.be<br />

ISBN : 978-2-87356-557-2<br />

Dépôt légal : D.2013, 4323.10<br />

Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz<br />

Illustrations intérieures : Chantal van der Plancke, d’après des<br />

émaux d’un reliquaire (Limoges, XII e siècle)<br />

Imprimé en France


Introduction<br />

La question posée: un seul Jésus et <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong><br />

Dans toutes les Bibles, avec les innombrables traductions<br />

en plus de deux mille langues (dont la moitié<br />

pour le Nouveau Testament complet), les<br />

vingt-sept livres du Nouveau Testament commencent<br />

par les <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong>, dans un ordre qui nous<br />

est familier : l’Évangile selon Matthieu, l’homme<br />

ailé ; l’Évangile selon Marc, le lion ailé ; l’Évangile<br />

selon Luc, le taureau ailé ; et le quatrième Évangile<br />

selon Jean, l’aigle de haut vol. Nous aurons à mieux<br />

comprendre pourquoi de tels emblèmes iconographiques<br />

leur ont été attribués par la tradition chrétienne.<br />

Cependant, cet ordre de la Bible ne nous dit pas<br />

l’ordre de la rédaction des <strong>évangiles</strong>. Avec l’exégèse<br />

contemporaine, on peut affirmer que Marc est le<br />

premier et le plus ancien des récits évangéliques,<br />

autour de l’an 70, tandis que les <strong>évangiles</strong> selon<br />

Matthieu pour les chrétiens originaires de la foi<br />

5


juive et selon Luc pour les chrétiens issus du monde<br />

gréco-romain sont à situer autour des années<br />

80 – 85. Tous trois, sur une trame commune, ont<br />

d’évidentes particularités et des insistances propres,<br />

adaptées aux communautés auxquelles ils s’adressaient.<br />

Il est alors aisé de les mettre en colonnes<br />

parallèles : on parle à ce sujet de « Synopse », pour<br />

manifester d’un coup d’œil leurs ressemblances et<br />

leurs différences particulières. C’est tout le « problème<br />

synoptique », avec les diverses réponses qui<br />

ont pu être proposées.<br />

Quant à l’Évangile selon Jean, la tradition johannique<br />

n’a été fixée par écrit qu’à la fin du I er siècle,<br />

autour de l’an 100, avec un appendice ou « postface »<br />

(Jn 21). Généralement, cet Évangile est traité à part,<br />

avec les questions différentes qui sont posées. Nous<br />

allons nous arrêter, dans l’ordre chronologique assez<br />

assuré de leur rédaction, à ces <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong> écrits<br />

en grec. Après une entrée en matière générale, nous<br />

reprendrons chacun des récits en gardant une même<br />

approche globale, afin que chacun puisse aisément<br />

faire des comparaisons et des rapprochements.<br />

Selon l’expression fameuse d’Irénée de Lyon,<br />

avant l’an 200, nous avons ainsi sous nos yeux un<br />

« Évangile quadriforme » (tétramorphe, en grec ; cf.<br />

Contre les Hérésies III, 11, 8) : l’unique Évangile de<br />

Jésus reconnu comme Christ, selon Marc, Matthieu,<br />

Luc et Jean : en grec, kata plus accusatif. Cette for-<br />

6


mule d’Irénée a été reprise par le concile Vatican II<br />

(Dei Verbum n o 18, novembre 1965), qui a tenu à<br />

affirmer une nouvelle fois, à propos des <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong><br />

:<br />

- d’une part, leur origine apostolique : les apôtres<br />

eux-mêmes ou des hommes apostoliques ;<br />

- d’autre part, leur caractère historique : ces récits<br />

nous transmettant ce que Jésus a réellement fait<br />

et enseigné, « pour nous et notre salut » (Credo).<br />

Dès lors, l’expression d’Irénée a été fréquemment<br />

rappelée et reprise, en contraste avec les multiples<br />

récits apocryphes, nettement plus tardifs, entre la<br />

moitié du II e et le VI e siècle.<br />

Comme l’a bien mis en valeur Charles Harold<br />

Dodd (1884 – 1973), professeur de Cambridge,<br />

parmi toutes les religions du monde, seul le christianisme<br />

se fonde sur des événements historiques,<br />

qui se sont donc produits une fois pour toutes. On<br />

comprend dès lors qu’abandonner cette réalité historique<br />

de base, pour ne retenir qu’une sorte de<br />

signification transcendante que les évangélistes lui<br />

attacheraient, reviendrait à nier l’Évangile de Jésus<br />

Christ lui-même ! <strong>Les</strong> chrétiens ne peuvent ni<br />

perdre de vue ni négliger cet aspect de vérité historique<br />

dans ce que les <strong>évangiles</strong> nous relatent.<br />

Pourtant, il n’est nullement question de reportages<br />

ou de biographies de Jésus.<br />

7


L’intérêt de cette question<br />

Nous nous trouvons donc devant l’unique personne<br />

de Jésus Christ et pourtant devant <strong>quatre</strong><br />

<strong>évangiles</strong> qui sont l’œuvre, selon l’expression du<br />

prologue de Luc, de « ceux qui furent, dès le début,<br />

témoins oculaires (des événements accomplis parmi<br />

nous) et qui sont devenus serviteurs de la Parole »<br />

(Lc 1, 2). L’affirmation est nette et invite à bien des<br />

commentaires ; mais l’intérêt est réel de mieux percevoir<br />

comment ces « témoins oculaires » et « serviteurs<br />

de la Parole » ont présenté leur témoignage,<br />

avec tel ou tel accent particulier. Or beaucoup de<br />

chrétiens n’ont guère une conscience suffisante du<br />

grand intérêt de prêter attention à cette diversité :<br />

par elle-même, elle se révèle pleine de sens. Si elle<br />

soulève de multiples questions, il reste qu’elle est<br />

un fait à ne pas passer sous silence ; il s’agit d’en<br />

tenir compte, pour faire mieux connaissance et pour<br />

acquérir une familiarité avec la quadruple tradition<br />

évangélique, que l’Église a reconnue depuis les débuts,<br />

en fixant son « Canon » des Écritures, c’est-àdire<br />

la règle de sa foi. Car jamais ces <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong><br />

n’ont été confondus, par les Pères de l’Église, avec<br />

les nombreux « <strong>évangiles</strong> apocryphes », qui ont fleuri<br />

en ces temps-là.<br />

À titre personnel, j’ai eu la chance d’avoir la tâche<br />

gratifiante de former au Centre Lumen Vitae, pendant<br />

quelques dizaines d’années, des générations<br />

8


d’étudiants à la lecture contemporaine du Nouveau<br />

Testament, et en particulier des <strong>évangiles</strong> (comme<br />

aussi de « Paul saisi par le Christ ») :<br />

- Introduction aux Évangiles synoptiques (1978) –<br />

Lire saint Jean (1998).<br />

- Saint Marc, coll. « Le temps de lire », Lumen<br />

Vitae (1985).<br />

- Lire les Évangiles : méthodes et exercices (1991,<br />

1997).<br />

- <strong>Les</strong> visages féminins de l’Évangile. Marthe, Marie<br />

et les autres (1992).<br />

- Dix clefs pour pénétrer dans le « monde » des Évangiles<br />

(2004).<br />

- « Présentation, pour les trois années liturgiques,<br />

de chaque évangéliste », dans la revue Feu Nouveau.<br />

Un tel travail d’analyse et de synthèse sera sans<br />

cesse à poursuivre ; mais il présente un intérêt considérable<br />

pour se familiariser, peu à peu, avec<br />

l’univers des récits évangéliques, dans leur unité<br />

comme dans leur diversité. Cet ouvrage de la collection<br />

« Que penser de… ? » entend éclairer toute<br />

personne intéressée par cette perspective : un seul<br />

Jésus, mais <strong>quatre</strong> récits variés sur ce Jésus.<br />

9


Quatre grandes difficultés, souvent soulevées<br />

1. Pourquoi donc lire <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong> ? Un seul ne<br />

suffirait-il pas ? N’est-ce pas une faiblesse de la foi<br />

chrétienne d’avoir requis <strong>quatre</strong> témoignages ? Dans<br />

des rencontres avec des musulmans, l’objection est<br />

immanquablement soulevée, suivie de l’affirmation<br />

que le Coran montre la supériorité de Mahomet.<br />

Ce serait en effet sous la dictée de l’ange Gabriel,<br />

au début du VII e siècle, que lui fut transmise la parole<br />

divine par révélations successives ; et elle fut<br />

ensuite consignée par écrit dans l’unique Coran,<br />

avec ses cent quatorze sourates.<br />

Or, si l’on veut bien y réfléchir, ne peut-on affirmer,<br />

avec Camille Focant, qu’il est une autre manière<br />

de comprendre cet Évangile quadriforme : « Que les<br />

premiers chrétiens aient retenu, dans le canon de<br />

leurs Écritures fondatrices, une telle diversité dans<br />

les portraits de Jésus en dit long… sur leur con -<br />

science du caractère inépuisable de Celui qu’ils<br />

vénéraient comme leur Seigneur. » Quatre points de<br />

vue, c’est donc en vérité une chance et une richesse.<br />

2. Que faire devant les difficultés concrètes qui se<br />

présentent dans la catéchèse, avec des enfants et<br />

des jeunes ? Parmi les <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong>, quel est le<br />

meilleur ? Il paraît en effet compliqué de faire état<br />

de plusieurs versions de tel ou tel épisode. C’est<br />

certain, mais ne convient-il pas de voir la vraie ri-<br />

10


chesse de <strong>quatre</strong> points de vue, dans tel récit issu<br />

de communautés et d’auteurs si différents ? Chaque<br />

évangéliste, bien entendu, a dû tenir compte des<br />

communautés auxquelles il s’adressait… Et pratiquement<br />

avec des jeunes, il sera opportun de choisir<br />

telle ou telle version évangélique, selon les situations<br />

vécues ; mais on peut mieux en mesurer les<br />

accents propres en les comparant aux autres versions.<br />

Dès les débuts, la tradition chrétienne n’est<br />

en rien de type « monolithique » ; une perspective<br />

plurielle s’affirme d’emblée et est reconnue comme<br />

telle. Ne trouve-t-on pas là des données intéressantes<br />

en ce temps qui est le nôtre ?<br />

En tout cas, il ne peut être question de fondre les<br />

<strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong> en un seul, sous peine de s’empêcher<br />

de percevoir cette riche diversité. Dès la fin du<br />

II e siècle, un auteur comme Tatien a produit un Diatessarôn<br />

(« à travers les <strong>quatre</strong> ») ; de nouvelles tentatives<br />

ont été faites au XX e siècle (Pierre Thivollier,<br />

René Laurentin…). Cependant, aucun essai n’a réellement<br />

trouvé l’agrément des chrétiens ; ils ont plutôt<br />

suscité des réticences ! Si on peut comprendre<br />

à quel souci « pédagogique » veulent répondre de<br />

tels efforts, ils représentent un réel danger par l’in -<br />

compréhension manifestée, à la base, envers ce que<br />

sont les rédacteurs évangéliques. La Parole de Dieu<br />

nous est parvenue à travers une diversité signifiante,<br />

ce qui est pour nous une vraie richesse littéraire et<br />

théologique. Aucun « monolithisme » donc !<br />

11


3. De nos jours, les croyants adultes savent bien,<br />

du moins en théorie, qu’ils disposent de <strong>quatre</strong><br />

<strong>évangiles</strong> ; mesurent-ils assez l’intérêt de cette donnée<br />

? Quelles sont au juste les insistances de chaque<br />

récit ? Y porter son attention reste pourtant un bon<br />

moyen de découvrir les apports propres de chacun.<br />

Car les différences sont nettes : insistances propres,<br />

accents particuliers, vocabulaire répété ; et c’est ce<br />

que nous allons explorer.<br />

Ainsi apparaît-il clairement que la foi chrétienne<br />

n’est pas « une religion du Livre », comme c’est le<br />

cas pour l’islam où le Coran est parole inconditionnelle<br />

et intemporelle de Dieu. La foi chrétienne<br />

invite d’emblée à la confiance en une Personne vivante,<br />

ressuscitée, et en ses témoins fiables. Bien<br />

sûr, les textes évangéliques sont le relais de notre<br />

connaissance de Jésus et le passage obligé pour<br />

connaître sa personne avec son « secret ». Mais si la<br />

Bible et les <strong>évangiles</strong> sont inspirés par Dieu, ils sont<br />

cependant écrits par des hommes, de telle sorte<br />

que, pour les chrétiens, il n’y a pas de Parole de<br />

Dieu sans paroles humaines. Car l’Incarnation va<br />

jusque-là : Jésus n’a rien écrit, mais nous lisons<br />

<strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong> « selon…. »!<br />

4. En particulier, depuis la réforme liturgique (Vatican<br />

II, 1962 – 1965) et la redistribution des lectures<br />

évangéliques, on peut se demander si les animateurs<br />

liturgiques, dans les paroisses et les groupes chré-<br />

12


tiens, ont suffisamment mis en valeur le cycle des<br />

lectures : années A, B et C, le quatrième Évangile<br />

étant réparti au fil des années : Carême, Temps pascal,<br />

discours du « pain de vie » (Jn 6 : année B)…<br />

Voilà assurément un appel lancé aux animatrices et<br />

animateurs des célébrations dominicales.<br />

Il ne s’agit pas seulement d’éviter une impression<br />

de « répétition » des textes et des commentaires —<br />

répétitions auxquelles beaucoup sont sensibles<br />

(textes trop connus, etc.) — mais surtout de valoriser<br />

les principales « couleurs » de l’Évangile selon<br />

Matthieu (A), selon Marc (B), selon Luc (C). Des<br />

efforts nombreux sont déjà entrepris, mais ils restent<br />

à développer. Nous souhaitons que cet ouvrage<br />

puisse soutenir une telle préoccupation. Ainsi, pour<br />

évoquer quelques exemples, les chemins du Carême<br />

sont différents d’une année à l’autre ; la célébration<br />

centrale de la nuit de Pâques n’est pas la même<br />

après une lecture de Mt 28, de Mc 16 ou de Lc 24 ;<br />

pensons aussi aux dimanches de l’Avent, à la fête<br />

de Pentecôte, aux divers dimanches dans l’année.<br />

Bref, loin d’être des biographies de Jésus ou des<br />

reportages à son sujet, les <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong> sont des<br />

témoignages variés, avec des points de vue divers,<br />

sur l’impact que le « Fils de l’homme » (expression<br />

que Jésus aimait car ce titre revient sur ses lèvres<br />

à <strong>quatre</strong>-vingt-deux reprises dans les <strong>évangiles</strong>) a<br />

provoqué en son temps avant Pâques, puis dans le<br />

temps des premières communautés après la Pen-<br />

13


tecôte. C’est le caractère inépuisable de la mission<br />

et de la personne de Jésus qui peut ainsi être progressivement<br />

mis en pleine valeur.<br />

D’un point de vue pratique, comme il s’agit de<br />

rassembler beaucoup de données des <strong>quatre</strong><br />

<strong>évangiles</strong>, avec leurs accents propres, il con -<br />

vient de se donner quelques règles de base :<br />

• <strong>Les</strong> <strong>évangiles</strong> ayant tous été écrits en grec,<br />

il faudra citer quelquefois des termes grecs, en<br />

faisant référence à la Concordance du Nouveau<br />

Testament grec (Moulton, 1967).<br />

• Quand un mot ou une expression ne se lit<br />

que dans un seul évangile, nous l’indiquons<br />

par un astérisque (*), soulignant ainsi son apport<br />

personnel.<br />

• La fréquence d’emploi d’un terme typique<br />

est indiquée comme suit : [Mt-Mc-Lc-Jn] = [au<br />

total]. Ainsi, l’autorité de Jésus (en grec, exousia)<br />

: 10-10-16-8 = 44 × ; le Fils de l’homme :<br />

30-14-25-13 = 82 ×.<br />

•<br />

14


Dans l’Encyclopaedia Universalis (1996), l’article<br />

« Jésus » s’ouvre de la manière suivante :<br />

« Il est peu de personnages historiques dont l’influence<br />

sur l’histoire de l’humanité ait été aussi<br />

grande que celle de Jésus, eu égard à la durée exceptionnellement<br />

courte de sa prédication. Il n’a pas<br />

fondé de religion, et sa vie n’est en rien comparable<br />

à celle de Bouddha, de Confucius ou de Mahomet<br />

dont l’activité s’exerça durant des années. Et pourtant,<br />

depuis deux mille ans, son enseignement est sans<br />

cesse repris et commenté par ses fidèles, sa personne<br />

vénérée comme celle du Fils de Dieu, la foi en Lui<br />

annoncée en toutes les langues de la terre. <strong>Les</strong> non<br />

chrétiens et les adversaires même du christianisme<br />

reconnaissent en Jésus une personnalité hors de pair ;<br />

et chacun interprète son œuvre et son message en<br />

fonction de ses options… »


1<br />

Ressemblances<br />

et différences<br />

Le terme même d’«évangile»<br />

Notre démarche doit commencer par quelques<br />

réflexions sur le mot évangile et l’expression annoncer<br />

l’Évangile, termes qui se retrouvent à vingt-trois reprises<br />

dans ces récits (sauf celui de Jean). Ils<br />

reviennent également souvent dans les lettres de<br />

Paul (67 ×) et de la tradition paulinienne (14 ×),<br />

dans les Actes (17 ×), et plus rarement (9 ×) dans<br />

Hébreux, 1 Pierre et Apocalypse — pour un total<br />

de cent trente occurrences.<br />

MARC ouvre son récit de la façon suivante : « Commencement<br />

de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de<br />

Dieu » (Mc 1, 1) ; le terme se lit chez lui à huit reprises,<br />

tandis que le verbe ne s’y trouve jamais.<br />

MATTHIEU parle d’« annoncer l’Évangile » (Mt 11,<br />

5) et <strong>quatre</strong> fois d’Évangile, en précisant « l’Évangile<br />

du Règne » de Dieu (Mt 4, 23 ; 9, 35 ; 24, 14 ; 26,<br />

17


En lecture partielle…


Bibliographie<br />

• Jean-Noël ALETTI, L’art de raconter Jésus Christ. Luc, Paris,<br />

Seuil, 1989.<br />

• Philippe BACQ et Odile RIBADEAU-DUMAS, Un goût<br />

d’Évangile. Marc, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006.<br />

• Pierre-Marie BEAUDE, Jésus de Nazareth, Paris, Desclée,<br />

« Bibliothèque d’histoire du christianisme » n o 5, 1983.<br />

• Yves-Marie BLANCHARD, Des signes pour croire. Jean,<br />

Paris, Cerf, 1995.<br />

• Pierre BONNARD, L’évangile selon Matthieu, Genève,<br />

Labor & Fides, 1970 et 2002.<br />

• Raymond E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament ?<br />

Paris, Bayard, 2000.<br />

• Étienne CHARPENTIER, Pour lire le Nouveau Testament,<br />

Paris, Cerf, 1981 et 1994.<br />

• Hugues COUSIN, L’évangile de Luc. Commentaire pastoral,<br />

Paris, Centurion, et Montréal, Novalis, 1993.<br />

• Charles-Harold DODD, Évangile et Histoire, Paris, Cerf,<br />

1974.<br />

• Michel GOURGUES, <strong>Les</strong> deux livres de Luc, Bruxelles,<br />

Lumen Vitae, 1998.<br />

• Anselm GRÜN, Jésus le Maître du salut. Matthieu, Paris,<br />

Bayard, 2003.<br />

• Jacques HERVIEUX, L’évangile de Marc. Commentaire pastoral,<br />

Paris, Bayard et Centurion, 1991.<br />

• Éloi LECLERC, Le Maître du désir. Jean, Paris, Desclée de<br />

Brouwer, 1998.<br />

125


• Xavier LÉON-DUFOUR, Lecture de l’évangile de Jean, 4<br />

tomes, Paris, Seuil, 1988 – 1996.<br />

• Antoine LION, Lire saint Jean, Paris, Cerf, 1972.<br />

• Alain MARCHADOUR, L’évangile de Jean, Paris, Bayard,<br />

et Montréal, Novalis, 1992.<br />

• —, <strong>Les</strong> <strong>évangiles</strong> au feu de la critique, Paris, Bayard et Centurion,<br />

1995.<br />

• Pierre MOURLON BEERNAERT, Saint Marc, Bruxelles,<br />

Lumen Vitae, « Le temps de lire », 1985.<br />

• Charles PERROT, Jésus, Paris, PUF, « Que sais-je ?»<br />

n o 3300, 1998.<br />

• Michel QUESNEL, Comment lire un évangile ? Marc, Paris,<br />

Seuil, 1984.<br />

• Jean RADERMAKERS, Au fil de l’évangile selon saint Matthieu,<br />

2 tomes, Bruxelles IET, 1972 et 1975.<br />

• —, La bonne nouvelle de Jésus selon saint Marc, 2 tomes,<br />

Bruxelles, IET, 1974.<br />

• — et Philippe BOSSUYT, Jésus Parole de la Grâce selon<br />

saint Luc, 2 tomes, Bruxelles, IET, 1981.<br />

• Jean ZUMSTEIN, Matthieu le Théologien, Paris, Cerf, « Cahiers<br />

Évangile » n o 58, 1986.<br />

EN OUTRE<br />

• Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Maredsous, Brepols,<br />

1987 (avec de multiples articles).<br />

• Mille livres sur la Bible, Paris, Cerf, « Cahiers Évangile »<br />

n o 124, 2003 (pour les Évangiles : p. 52-65).<br />


Table des matières<br />

Introduction ............................................................ 5<br />

1. Ressemblances et différences.............................. 17<br />

2. Marc Un projet cohérent qui surprend........................ 33<br />

3. Matthieu De son trésor, tirer du neuf et de l’ancien .... 51<br />

4. Luc L’évangéliste de la tendresse .............................. 69<br />

5. Jean L’Envoyé du Père – chemin, vérité, vie ................ 89<br />

Conclusion Un seul Jésus et <strong>quatre</strong> évangélistes ............113<br />


Achevé d’imprimer le 29 avril 2013<br />

sur les presses de l’imprimerie Pulsio, à 75006 Paris (France)


Pierre Mourlon Beernaert<br />

81<br />

<strong>Les</strong> <strong>quatre</strong> <strong>évangiles</strong><br />

Pourquoi <strong>quatre</strong> Évangiles ? Un seul ne suffiraitil<br />

pas ? Et quel est le meilleur des <strong>quatre</strong> ? Il n’y a<br />

aucun choix à faire entre ces <strong>quatre</strong> témoignages<br />

évangéliques ; mais il est important d’entrer, le<br />

mieux possible, dans les perspectives propres de<br />

chacun, avec ses visées rédactionnelles et avec ses<br />

démarches narratives.<br />

D’une manière simple et accessible, ce petit ouvrage<br />

de synthèse met bien en lumière les différences<br />

et les ressemblances entre les récits de<br />

Matthieu, Marc, Luc et Jean. Pour chacun, après<br />

avoir brossé le portrait du rédacteur et relevé les<br />

caractéristiques de son vocabulaire, il propose un<br />

véritable « guide de lecture » pour l’ensemble du<br />

récit.<br />

ISBN 978-2-87356-557-2<br />

Prix TTC : 10,00 €<br />

9 782873 565572<br />

Collection<br />

«Que penser de…?»<br />

Photo de couverture : Jacob Jordaens, les Quatre évangélistes, c.1625, huile sur toile, 134 × 118 cm, Musée du Louvre (Paris) | commons.wikimedia.org

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