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BY<br />
BON PLAN PIZ PALÜ – AVENTURE SUR LE PILIER EST P. 6<br />
PLAISIR DIVIN SCHNAPS ALPINS – HERBES, GENTIANE ET CIE. P. 24<br />
EXPERT LAMINÉS – HIGH-TECH ET TRANSPIRATION P. 30
UNIS PAR LA MÊME PASSION<br />
Les classiques ne vieillissent pas, ils sont immortels. Mammut fait honneur aux moments<br />
historiques de l’escalade avec des grandes voies célèbres. Des classiques qui défient les<br />
grimpeurs depuis toujours et n’ont rien perdu de leur pouvoir de fascination.<br />
Suis les ascensions comme si tu y étais avec les athlètes du Mammut Pro Team comme<br />
ANNA STÖHR et MIRKO CABALLERO sous www.mammut.swiss ⁄ rockclimbing
ENCORE UN PETIT EFFORT<br />
La voie exigeait de nous une attention extrême. C’était la première fois que mon épouse, Susanna,<br />
et moi grimpions au Sanetsch. Aucune trace de routine. Concentrés, nos yeux cherchaient<br />
les meilleures prises de main et de pied sur la voie « Euphrat ». Nous n’avions absolument<br />
pas remarqué le violent <strong>fr</strong>ont orageux qui s’approchait de l’ouest. Cela était également<br />
dû au fait que notre champ de vision était caché par le sommet. Le ciel s’est soudain assombri<br />
de façon dramatique et l’air est devenu électrique. Les délibérations étaient désormais inutiles,<br />
car une chose nous apparaissait clairement : nous devions quitter cette paroi abrupte !<br />
Descendre immédiatement en rappel ! Nous avions quatre longueurs à descendre. Chercher les<br />
relais, tirer la corde sans qu’elle ne se coince – l’intensité du moment était à peine supportable.<br />
Même en nous dépêchant, toutes ces opérations semblaient durer<br />
bien trop longtemps. Nous nous sentions à la merci de la paroi<br />
et du temps. Une fois encore, nous avons été <strong>fr</strong>appés de constater<br />
toute la violence et l’énergie qu’un orage d’été peut déployer.<br />
C’est pour cela que j’aime particulièrement la plus grande<br />
stabilité des conditions atmosphériques de la fin de l’été et de<br />
l’automne. Mais pas seulement. À ce moment-là, la saison de<br />
d’escalade n’est pas encore terminée, même dans les régions<br />
alpines. Pourtant, on rencontre de moins en moins de grimpeurs<br />
dans les voies. J’apprécie les températures agréables et<br />
la lumière du soleil, toujours plus à l’horizontale, en particulier<br />
dans les voies d’escalade alpines. Combien de jours de grimpe<br />
le temps nous of<strong>fr</strong>ira-t-il encore ? Lorsque l’on a conscience<br />
que la première neige tombera bientôt, on apprécie deux fois<br />
plus les journées passées sur les rochers.<br />
Et vous ? Quels sont vos plans avant l’arrivée de l’hiver ? L’un<br />
de nos deux reportages de la présente édition vous inspirera<br />
peut-être : l’ascension de l’impressionnant pilier est du Piz<br />
Palü ou la randonnée sur le non moins spectaculaire Vorder<br />
Glärnisch – et ce ne sont que deux exemples parmi les innombrables<br />
possibilités que l’automne nous réserve.<br />
Cordialement,<br />
Felix Bächli<br />
Directeur Bächli Sports de Montagne SA<br />
SOMMAIRE ÉDITION 3/<strong>2016</strong><br />
6 – BON PLAN Sur le pilier est du Piz Palü<br />
12 – BON PLAN Randonnée au Vorder Glärnisch<br />
18 – RENCONTRE AU SOMMET Stefan Glowacz –<br />
doyen de la roche<br />
24 – PLAISIR DIVIN – Schnaps des Alpes<br />
30 – EXPERT Connaissances de base sur les laminés<br />
36 – EXPERT La librairie de Bächli<br />
38 – 3 X 3 Nouveaux produits<br />
& news des sports de montagne<br />
42 – CONTRÔLE DU PARTENAIRE Norrøna<br />
48 – LE MONTAGNARD DU JOUR<br />
Stefan Wullschleger<br />
ACCÈS<br />
1<br />
PHOTO PAGE DE TITRE Un classique alpin – l’impressionnant pilier est du Piz Palü.<br />
Florentin Vesenbeckh.
DANSE NOCTURNE<br />
Douze heures de danse sur l’arête de la Meije. Malgré la fatigue qui augmente, la concentration doit rester<br />
intacte. Juste avant d’arriver au bivouac, le spectacle des nuages du soir jouant avec les aiguilles rocheuses<br />
récompense des efforts fournis pour gravir la reine des Alpes sauvages du Dauphiné.<br />
SORTIE : ascension de la Meije (3983 m)<br />
Ralf Gantzhorn<br />
Point de vue<br />
2
Point de vue<br />
3
Point de vue<br />
4<br />
AMBIANCE NOCTURNE<br />
Passer la nuit au sommet d’une montagne est l’une des plus belles expériences offertes<br />
en alpinisme, à condition qu’on le fasse volontairement et que l’on soit bien préparé.<br />
Dans le cas contraire, il se pourrait bien que l’attente de l’arrivée des premiers rayons du<br />
soleil semble durer une éternité.<br />
SORTIE : arête du Midi-Plan, massif du Mont-Blanc<br />
Ralf Gantzhorn
Point de vue<br />
5
Escalade plaisir devant les crevasses<br />
photogéniques du glacier de Pers. À<br />
l’arrière-plan, les nuages « dévorent »<br />
le restaurant Diavolezza.<br />
Bon plan<br />
6
ÉCHELLE CÉLESTE<br />
POUR ACCÉDER À<br />
UN CHÂTEAU ARGENTÉ<br />
Escalade plaisir dans du granite solide. Étroite arête de neige<br />
pour accéder au sommet. Le tout dans un univers magique fait<br />
de glaciers crevassés : le pilier nord du sommet est du Piz Palü<br />
détient tous les atouts d’une sortie grandiose en haute montagne.<br />
Pour autant que les conditions soient bonnes !<br />
Dans nos têtes l’affaire était réglée. La sortie<br />
de la très longue arête rocheuse du pilier<br />
nord du sommet est du Piz Palü devait nous<br />
permettre de reprendre notre souffle. Réussi.<br />
Mais au moment où Hannes laisse glisser<br />
son sac à dos de son épaule droite, son regard<br />
s’accroche à la cordée qui nous précède. La<br />
deuxième de cordée est agenouillée dans la<br />
brèche, penchée en avant, les pointes avant<br />
des crampons forées dans la neige. Tout sauf<br />
détendue. Caro, Hannes et Ingo échangent<br />
des regards déconcertés. « Que fait-elle ? ».<br />
Au même instant cela devient évident : cette<br />
dame assure, tout simplement. Son regard<br />
stoïque tente d’hypnotiser la broche à glace<br />
devant ses genoux : « Tu restes vissée dans<br />
le sol, quoi qu’il arrive !!! » Le monsieur à<br />
l’autre bout de la corde pose prudemment<br />
les crampons et tâtonne les aspérités de<br />
l’arête. Tout sauf détendu. L’espoir d’avoir<br />
une bonne neige s’évapore – mais les mots<br />
du guide de montagne Markus Wey, responsable<br />
de la Mammut Alpine School, nous reviennent<br />
: « En cas de glace vive, cet endroit<br />
peut rapidement devenir un passage clé »,<br />
nous avait-il mis en garde. La veille, au parking<br />
de la Diavolezza, Caro, Hannes et Ingo<br />
ont décidé de laisser quelques broches à<br />
glace dans le cof<strong>fr</strong>e de la voiture pour miser<br />
sur la légèreté. Quelque 180 mètres de dénivelé<br />
les séparent à présent de la sortie, heureusement<br />
qu’il y a au moins cinq broches à<br />
glace dans les bagages.<br />
Le massif de la Bernina est à juste titre<br />
intitulé la « salle de fête des Alpes ». En<br />
plus du Piz Bernina, le Piz Palü avec ses<br />
3901 mètres, dit le « château argenté »,<br />
est le sommet modèle de la région et un<br />
rêve pour de nombreux alpinistes. Du restaurant<br />
Diavolezza ce géant scintille dans<br />
toute sa splendeur : une croûte de neige<br />
et de glace recouvre presque entièrement<br />
cette cime à trois pointes. Dans la face<br />
nord, seuls trois piliers rocheux émergent<br />
de la glace éternelle.<br />
Merveilleux glaçage<br />
Tels des dos de dinosaures ils s’élèvent vers<br />
le triple sommet. Tout à gauche on trouve<br />
le pilier est de la face nord, souvent appelé<br />
simplement « pilier est ». Il s’agit de la<br />
plus facile des trois voies mixtes. Elle of<strong>fr</strong>e<br />
une course parfaite avec de l’escalade<br />
jusque dans le quatrième degré. Il suffit<br />
donc d’être un alpiniste quelque peu aguerri.<br />
Comme une cerise sur un gâteau, ce pilier<br />
aboutit sur une arête neigeuse pure et<br />
étroite. Une véritable échelle céleste dont<br />
il est difficile de détourner le regard tellement<br />
elle est belle – le Palü est omniprésent.<br />
Bon plan<br />
7
Toujours bien en vue : le pilier rocheux<br />
du Piz Palü avec le pilier est à gauche et<br />
le pilier Bumiller à droite.<br />
Ingo, Hannes et Caro en route pour le Piz<br />
Trovat, le « sommet-refuge » of<strong>fr</strong>ant une vue<br />
imprenable sur l’itinéraire du pilier est.<br />
Bon plan<br />
8<br />
Que ce soit en regardant par la fenêtre de<br />
la chambre, au repas du soir derrière les<br />
vitres panoramiques ou pendant la course<br />
d’acclimatation au Piz Trovat : les yeux de<br />
Caro, Hannes et Ingo sont en permanence<br />
attirés par le pilier rocheux de gauche. Une<br />
fois de plus l’itinéraire idéal est passé au<br />
crible. « Est-ce vraiment judicieux d’avoir<br />
l’objectif en permanence sous les yeux ? »,<br />
demande Ingo au souper tout en avalant<br />
une gorgée de panaché. Tandis que la douce<br />
lumière du soir vient caresser le pilier est,<br />
les trois comparses trinquent à l’imposant<br />
pilier rocheux.<br />
Escalade plaisir au lieu de<br />
brasser dans la neige<br />
4 h 08, départ dans l’obscurité. À la lueur<br />
des <strong>fr</strong>ontales, la caravane des aspirants à<br />
la voie normale s’étire sur les éboulis, la<br />
glace et les séracs géants de la cassure de<br />
Cambrena sur le glacier de Pers. En quittant<br />
la voie normale à droite, nous quittons<br />
également la trace bien marquée. De<br />
là, il nous faut un peu de flair pour trouver<br />
le bon itinéraire sur le glacier crevassé.<br />
Mais le regard est à tout moment attiré<br />
vers les montagnes aux alentours – le<br />
pilier est une véritable loge devant le Piz<br />
Bernina et sa célèbre arête. Le Biancograt<br />
vient de virer au rose pastel sous l’effet du<br />
soleil levant.<br />
Nous arrivons sur le dos du pilier. Les premiers<br />
rayons de soleil atteignent le rocher<br />
et soutiennent la veste en duvet dans sa<br />
fonction de chauffage. Un léger vent tente<br />
de contrecarrer cette chaleur. L’escalade<br />
nous captive immédiatement. Euphorique,<br />
Ingo avale mètre par mètre le granite<br />
rouge-brun. Nous avançons rapidement<br />
corde tendue. Le rocher est solide et adhérent,<br />
les fissures et béquets accueillent volontiers<br />
les sangles, <strong>fr</strong>iends ou coinceurs.<br />
Hormis le départ dans la voie, il n’y a aucun<br />
spit, seulement quelques pitons. La plupart<br />
du temps l’escalade tourne autour du deuxième<br />
et troisième degré. Un regard en arrière<br />
laisse croire qu’on est dans un rêve.<br />
Des crevasses déchiquetées en contrebas,<br />
un bastion rocheux rouge-brun au premier<br />
plan avec Caro et Hannes dans leurs vestes<br />
multicolores. Du pur bonheur d’alpiniste.<br />
Notre trio a également passablement de<br />
chance avec les conditions. Pas de neige<br />
<strong>fr</strong>aîche qui recouvre le dos en granite. Les<br />
récits de course actuels saluent unanime-
Granit solide et adhérent en main<br />
et beaucoup d’air sous les pieds.<br />
ment le rocher sec et la bonne neige à la<br />
sortie de l’arête. Il semblerait que nous<br />
ayons choisi la bonne fenêtre : les conditions<br />
sont idéales dans les deux parties.<br />
Le passage clé concernant l’escalade se<br />
présente sous la forme d’un gendarme<br />
à mi-chemin de la sortie. L’arête se redresse,<br />
un bref mur mène dans un dièdre<br />
lisse. Escalade dans le degré quatre supérieur,<br />
quelques pitons permettent de<br />
calmer les nerfs. Hannes lance le pied<br />
gauche sur une protubérance en dévers à<br />
la hauteur de sa hanche. Un bref souhait<br />
de sentir des chaussons d’escalade aux<br />
pieds éclot – mais ça ne sert à rien. Pression<br />
maximale sur la semelle profilée des<br />
grosses chaussures de montagne, tourner<br />
le genou autour de la prise, espérer que le<br />
pied tienne – réussi. Ce qui suit est du plaisir<br />
pur : grandes prises, granite compact.<br />
« Avec ces grosses bottes un quatre pourrait<br />
être bien plus moche », dit Caro, lorsqu’elle<br />
accroche son autoassurage dans la<br />
sangle autour du béquet.<br />
Le bastion rocheux semble se dresser dans<br />
un ciel sans fin. Plus les trois avancent, plus<br />
le pilier Bumiller semble impressionnant.<br />
Un énorme glacier suspendu se colle à son<br />
extrémité supérieure d’où des séracs menacent<br />
de tomber sur l’arête rocheuse. Le pilier<br />
est ne permet pas beaucoup de distraction<br />
car la recherche de l’itinéraire demande<br />
une bonne concentration. « Toujours rester<br />
sur l’arête », rappelle Ingo encore et encore.<br />
Une éternité semble avoir passé avant que<br />
nous ne débouchions sur le champ de neige à<br />
la fin de la partie escalade. Reprendre notre<br />
souffle – tel fut le plan.<br />
Interdiction de chuter<br />
Lorsque Caro fait claquer la talonnière de<br />
ses crampons, Hannes parcourt les premiers<br />
mètres à plat afin de se faire une<br />
meilleure idée du fond blanc. « Ça ira,<br />
Les derniers mètres menant au sommet est<br />
– aucun problème dans de la bonne neige.<br />
Bon plan<br />
9
Dans la descente par la cassure de<br />
Cambrena, il s’agit de ne pas perdre<br />
des yeux l’itinéraire choisi et de ne<br />
pas prendre de retard...<br />
…raison pour laquelle Caro, Hannes et Ingo<br />
renoncent aux derniers mètres menant au<br />
sommet principal (à gauche sur la photo).<br />
Bon plan<br />
10<br />
INFOS : PILIER EST PIZ PALÜ<br />
EXIGENCES<br />
AD+/D-, passages d’escalade jusqu’au 4b,<br />
neige et glace jusqu’à 45°, 1000 m depuis Diavolezza<br />
POINT DE DÉPART<br />
Restaurant Diavolezza 2978 m, tél. 081 839 39 00, www.diavolezza.ch,<br />
atteignable en téléphérique ou à pied (880 de dénivellation)<br />
ÉQUIPEMENT<br />
Équipement complet d’une course en haute montagne, quelques<br />
<strong>fr</strong>iends, coinceurs et sangles. Selon les conditions, des broches et<br />
des piolets pour la fin du pilier.<br />
GUIDES DE MONTAGNE<br />
Bergsteigerschule Pontresina, tél. 081 842 82 82,<br />
www.bergsteiger-pontresina.ch<br />
Mammut Alpine School, tél. 062 769 81 83,<br />
www.alpineschool.mammut.ch<br />
LITTÉRATURE<br />
Guide topo Bündner Alpen. Michael Kropac, Daniel Silbernagel et<br />
Stefan Wullschleger. Topo Verlag.<br />
affirme-t-il, se voulant rassurant… Mais<br />
ce ne sera pas très agréable ». Il empoigne<br />
les cinq broches à glace et poursuit<br />
son chemin.<br />
L’arête en neige n’est pas très raide, 35 à<br />
40 degrés au maximum dans la première<br />
partie. Les versants à gauche et à droite<br />
plongent par contre dans le vide – un faux<br />
pas aurait vraisemblablement des conséquences<br />
mortelles. Hannes le sait. Après<br />
15 mètres il plante la première broche –<br />
ni dans la neige, ni dans la glace. C’est<br />
bien trop dur pour avancer tranquillement,<br />
trop mou pour une broche à glace ?<br />
« Mwouais, ça devrait tenir », murmure-til.<br />
Les mollets s’enflamment, la tension et<br />
l’altitude font souf<strong>fr</strong>ir la musculature. Aucune<br />
chance de faire des marches dans ce<br />
sol dur. La lame du piolet s’enfonce dans<br />
la glace <strong>fr</strong>agile, encore et encore. Au bout<br />
des trois quarts de la distance de l’arête<br />
Hannis lève l’alerte. « C’est mieux, bonne<br />
neige », lance-t-il au relais. Heureusement,<br />
car les broches à glace n’auraient
ARC‘TERYX<br />
GAMMA LT W HOODY<br />
La veste Gamma LT W Hoody d’Arc‘teryx protège les sportifs alpins<br />
lors de conditions atmosphériques <strong>fr</strong>oides, venteuses et humides. Le<br />
mélange de matières nylon et polyester a subi un<br />
traitement déperlant, la transpiration est évacuée<br />
vers l’exérieur. Robuste et résistante à l’abrasion,<br />
la veste supporte bien le contact avec le rocher<br />
lorsque l’on grimpe. Grâce à une part d’élasthanne,<br />
la liberté de mouvement est accrue.<br />
Aucune restriction non plus avec la grande<br />
capuche dotée d’une visière laminée. Of<strong>fr</strong>ant<br />
une bonne visibilité, elle peut sans problème<br />
être portée sur un casque d’escalade et<br />
s’ajuste rapidement au moyen de cordons de<br />
serrage. Malgré une coupe proche du corps, la<br />
veste of<strong>fr</strong>e suffisamment de place pour porter<br />
une couche de base et une couche isolante légère<br />
à moyenne. Portée seule, elle présente une<br />
isolation modérée. Son col haut protège des courants d’air sur le cou.<br />
Deux poches permettent de se réchauffer les mains et peuvent accueillir<br />
de petits objets. La veste est en outre dotée d’une poche intérieure.<br />
x Poids : 465 g (en taille M)<br />
x Prix : CHF 259.-<br />
EDELRID<br />
SWIFT PRO DRY SD 8.9<br />
pas permis d’aller plus haut. La fin de la<br />
calotte sommitale – qui se redresse encore<br />
une fois à 45 degrés – est adhérente<br />
et suffisamment molle pour y faire des<br />
marches. Épuisée mais rayonnante, Caro<br />
s’attaque au dernier obstacle. « Nous pouvons<br />
être satisfaits des conditions rencontrées<br />
», dit-elle en glissant une mèche de<br />
ses cheveux bruns derrière l’oreille. Un<br />
coup d’œil sur la montre nous fait comprendre<br />
qu’il est bien trop tard pour continuer<br />
la traversée par le sommet principal<br />
et le sommet ouest. Nous profitons d’un<br />
pique-nique sous le sommet est avec vue<br />
sur la voie de descente, la voie normale.<br />
D’énormes crevasses sont visibles, une<br />
trace en zigzag serpente dans un labyrinthe<br />
de neige et de glace : la prochaine<br />
péripétie de cette sortie inoubliable, qui<br />
ne laisse que peu de répit pour reprendre<br />
son souffle.<br />
TEXTE ET PHOTOS :<br />
FLORENTIN VESENBECKH<br />
Avec un diamètre de 8 mm, la Swift Pro Dry<br />
SD 8.9 est l’une des cordes à simple les plus fines disponibles sur le<br />
marché. La gaine et l’âme sont imprégnées et donc protégées durablement<br />
contre la saleté tout en repoussant l’eau. Testée comme corde à<br />
simple, à double et jumelée, elle permet une utilisation polyvalente, en<br />
alpinisme par exemple. Selon son utilisation, elle supporte de 5 à 22<br />
chutes UIAA et une force de choc de 8,8 kN, 10,4 kN ou 6,7 kN. Allongement<br />
de 9 % sous 80 kg. Attention : le fabricant Edelrid recommande de<br />
ne pas utiliser la corde comme corde à simple en moulinette ni pour le<br />
travail d’une voie avec des essais à répétition.<br />
x Poids : 52 g/m<br />
x Prix : dès CHF 152.- (30 m)<br />
SCARPA<br />
TRIOLET GTX<br />
Précision et confort à la fois : la Triolet GTX de Scarpa est idéale pour<br />
les longues randonnées de trekking, les via ferrata et les randonnées<br />
techniques en montagne. Cette chaussure de montagne est équipée<br />
d’une semelle Vibram adhérente et robuste qui of<strong>fr</strong>e un agréable<br />
amorti. Elle est en outre dotée d’un insert pour des crampons légers.<br />
Son tissu extérieur en croûte de cuir et Cordura rend la chaussure<br />
robuste. Un large enrobage en caoutchouc protège des<br />
dommages mécaniques causés par les rochers acérés.<br />
La membrane Gore-Tex empêche l’humidité de<br />
pénétrer et évacue la transpiration vers l’extérieur.<br />
x Poids : 1660 g la paire<br />
(taille 42)<br />
x Prix : CHF 369.-<br />
Bon plan<br />
11
Là où les hommes se sentent minuscules : la descente<br />
par la voie normale du Vorder Glärnisch vers<br />
le Klöntal of<strong>fr</strong>e aux randonneurs une vue sur les<br />
imposants flancs nord-est du massif du Glärnisch.<br />
BAPTÊME DANS LES RAVINS<br />
Bon plan<br />
12<br />
Le Vorder Glärnisch donne un petit avant-goût du légendaire<br />
et imposant massif du Glärnisch dans les Alpes glaronaises.<br />
Néanmoins, il of<strong>fr</strong>e des itinéraires de randonnée alpine<br />
très diversifiés et, en prime, une vue plongeante sur la ville<br />
de Glaris. Un itinéraire peu <strong>fr</strong>équenté mène du village de<br />
Schwändi au sommet, traversant le flanc sud en ligne directe.
La traversée pierreuse dans la partie<br />
supérieure de l’itinéraire est un passage<br />
clé dans la montée par le sud.<br />
Tout porte à croire que le Vorder Glärnisch<br />
cherche à protéger son royaume. À son pied<br />
déjà, là où le sentier serpente entre forêts<br />
et pâturages, on dirait que la montagne<br />
s’oppose à nous par tous les moyens. Mais<br />
alors que nos t-shirts s’accrochent dans les<br />
<strong>fr</strong>amboisiers sauvages, il n’est pas question<br />
de faire demi-tour et nous serrons les dents<br />
en traversant les champs d’orties qui caressent<br />
nos jambes sous nos pantacourts.<br />
Mais pas question d’oublier le but de la journée<br />
: le Vorder Glärnisch, ce sommet calcaire<br />
qui surplombe la ville de Glaris telle<br />
une sentinelle éternelle. Il se dresse, imposant<br />
et fier, bien qu’il soit largement dominé<br />
par des sommets culminant à presque<br />
3000 m, couverts de glaciers et formant le<br />
massif du Glärnisch situé juste derrière lui.<br />
Pour une excursion d’une journée, le Vorder<br />
Glärnisch est un but de randonnée prometteur<br />
qui jouit d’une vue magnifique. On<br />
l’atteint aussi par la voie normale depuis<br />
le Klöntal, ce qui permet d’éviter les pâturages<br />
envahis par la végétation et les<br />
ronces. Mais nous avons envie de pimenter<br />
la randonnée avec quelques passages<br />
Bon plan<br />
13
Bon plan<br />
14<br />
Prairies vertigineuses – on en<br />
trouve à foison sur le versant<br />
sud du Vorder Glärnisch.<br />
scabreux en gravissant la montagne par le<br />
sud. Nous empruntons un itinéraire alpin<br />
classique partant du petit village de<br />
Schwändi et menant au sommet en ligne<br />
directe, hors sentiers, à travers prairies<br />
escarpées, bandes de rochers et éboulis.<br />
Comme sur des œufs dans<br />
les éboulis<br />
Rien ne nous décourage, même pas lorsque<br />
notre randonnée prend un air revêche, les<br />
ronces et les orties se mettant en travers de<br />
notre chemin. Soudain, nous voilà dans le<br />
Sienentobel, un ravin dans lequel les eaux<br />
ruisselant sur le flanc du Glärnisch se<br />
concentrent lors de fortes pluies et à la fonte<br />
des neiges, s’abattant de toutes leurs forces<br />
archaïques, dans un grondement de tonnerre<br />
vers la vallée. Pour l’instant, le Sienentobel<br />
est presque sec – hormis un petit<br />
ruisseau qui s’écoule en rebondissant sur le<br />
fond du ravin. Après être descendus jusqu’au<br />
lit de la rivière en enjambant des blocs sablonneux,<br />
nous avons très nettement le sen-<br />
timent d’être au mauvais endroit. Immobiles,<br />
nous regardons avec fascination tout autour<br />
de nous les blocs rocheux grands comme<br />
des maisons et les flancs grumeleux couverts<br />
de pierriers et d’éboulis – jetés ici sauvagement,<br />
comme si la Terre s’était formée<br />
hier. Nous relisons encore une fois nos copies<br />
de descriptifs d’itinéraires et les comparons<br />
avec la carte nationale. Tout indique<br />
qu’il faut remonter ce ravin. Ce serait certainement<br />
une bonne chose, si seulement les<br />
laves torrentielles et les eaux en furie ne lui<br />
avaient imprimé de nouvelles formes.<br />
Vient ensuite le passage clé. Ce portillon<br />
d’entrée de notre excursion se présente<br />
sous la forme d’un éboulis escarpé qui nous<br />
contraint à marcher comme sur des œufs,<br />
cernés par des rochers et des blocs suspendus<br />
dans les pentes instables au-dessus de<br />
nous, telles des épées de Damoclès. Ce<br />
n’est qu’une fois de l’autre côté du Sienentobel,<br />
lorsque nous découvrons des cairns récents,<br />
que nous nous rendons compte que<br />
l’itinéraire traverse aujourd’hui le Sienentobel<br />
plusieurs centaines de mètres en aval,<br />
contrairement aux descriptifs trouvés sur<br />
internet et dans la littérature. En consolation<br />
: nous avons réussi notre baptême du<br />
feu du « Vorder Glärnisch par le sud » et gagnons<br />
notre droit d’entrée dans le monde<br />
vertical de ce massif glaronais.<br />
Nous grimpons maintenant dans des pentes<br />
toujours plus raides, couvertes d’herbes<br />
nous arrivant aux genoux. Le village de<br />
Schwanden nous apparaît loin en contrebas,<br />
alors que nous suivons des marquages<br />
dé<strong>fr</strong>aîchis et traversons d’étroites vires<br />
herbeuses. Nous crapahutons ensuite sur<br />
des verrous rocheux et autour de tours rocheuses,<br />
avant d’arriver deux heures plus<br />
tard dans un amphithéâtre bordé de parois<br />
escarpées – dernier obstacle et véritable<br />
passage clé de l’ascension, si l’on fait abstraction<br />
de la partie de grimpe dans le<br />
Sienentobel.<br />
Des pentes magiques<br />
Ici, le Vorder Glärnisch d’un côté, le Höchtor<br />
et le Vrenelisgärtli de l’autre se montrent<br />
dans toute leur splendeur : un monde vertical
Majestueux gardien de la ville de<br />
Glaris : le Vorder Glärnisch sur la droite<br />
et le Glärnisch en arrière-plan.<br />
INFOS VORDER GLÄRNISCH<br />
Le Vorder Glärnisch culmine à 2327 mètres. Un peu isolé sur le massif<br />
du Glärnisch, il se reconnaît facilement car il se situe directement au<br />
sud-ouest de Glaris, la capitale glaronaise. Au nord-ouest du sommet<br />
s’ouvre le Klöntal, avec un but d’excursion très apprécié : le Klöntalersee.<br />
ITINÉRAIRES<br />
Du village de Schwändi, un itinéraire grimpe en ligne directe, le plus<br />
souvent hors sentiers, à travers les pentes sud de la montagne. Il est<br />
plus rarement emprunté que l’itinéraire normal, jalonné de peu de<br />
marquages de direction et dépourvu de cordes fixes. Cet itinéraire est<br />
décrit en détail dans le texte et ici (voir ci-dessous) ; dénivelé 1600 m,<br />
montée 4,5 h, descente 2,5 h, T5.<br />
L’itinéraire normal mène de Rhodannenberg au sommet, en passant<br />
par Hinter Saggberg. Il est très bien sécurisé par des cordes fixes ;<br />
dénivelé 1500 m, T4.<br />
Depuis Glaris, la capitale glaronaise, un itinéraire rarement <strong>fr</strong>équenté<br />
mène au sommet par le nord, en passant par les tours rocheuses<br />
Schwösteren ; dénivelé 1800 m, T6.<br />
ACCÈS<br />
Itinéraire sud : en train via Ziegelbrücke ou depuis Zurich avec le S25<br />
directement jusqu’à Schwanden, puis en bus jusqu’à Schwändi.<br />
Itinéraire normal : en train via Ziegelbrücke ou depuis Zurich avec le S25<br />
jusqu’à Glaris puis en bus jusqu’à l’arrêt Rhodannenberg dans le Klöntal.<br />
Itinéraire Schwösteren : en train via Ziegelbrücke ou depuis Zurich<br />
avec le S25 jusqu’à Glaris puis éventuellement en bus jusqu’à l’arrêt<br />
P<strong>fr</strong>undhaus (le plus souvent plus rapide à pied).<br />
POUR PLUS D’INFORMATIONS SUR L’ITINÉRAIRE<br />
www.hikr.org, www.bergportal.ch<br />
DESCRIPTION DE L’ITINÉRAIRE<br />
« VORDER GLÄRNISCH PAR LE SUD »<br />
Du haut du village de Schwändi suivre la route jusqu’au pont qui<br />
enjambe la rivière appelée Guppenrus. Juste après le pont, le sentier<br />
bifurque à droite et monte dans la forêt vers l’alpage de Guppen<br />
Unterstafel. Monter ensuite sur le sentier traversant une clairière<br />
puis des portions de forêt en direction des chalets de Mittler Guppen.<br />
Peu avant les chalets, guetter les marquages (en partie dissimulés<br />
sous les hautes herbes et la végétation) qui indiquent vers la<br />
droite la direction du Sienentobel, puis traverser le ravin à environ<br />
1220 m d’altitude. De l’autre côté du ravin, des sentes et des cairns<br />
jalonnent la suite de l’itinéraire. Dans le temps, on traversait le ravin<br />
plus haut, mais les modifications du terrain ont rendu cet itinéraire<br />
inadapté. De ce côté du Sienentobal, s’élever en suivant parfois des<br />
sentes, parfois des marquages, passer près d’une petite cabane<br />
isolée, puis atteindre une deuxième cabane vers P. 1496. À partir de<br />
là, les marquages disparaissent en plein été dans les hautes herbes.<br />
Continuer toutefois à grimper facilement, plus ou moins dans la<br />
ligne de pente, à travers les pentes raides herbeuses de Sienen, en<br />
direction de ce qu’on appelle « Gelbe Wand », le mur jaune. À partir<br />
d’environ 1600 m, on retrouve des marquages qui mènent à gauche<br />
du mur jaune, jusqu’en haut de la zone herbeuse. Maintenant seulement,<br />
on découvre une vire herbeuse qui mène à droite à travers les<br />
escarpements rocheux, puis par une courte escalade - marquée par<br />
un smiley jaune – jusqu’aux pentes situées au-dessus. De là, suivre<br />
les marquages et monter aux tours rocheuses appelées « Chilchli ».<br />
Le passage suivant of<strong>fr</strong>e une jolie escalade. Une vire rocheuse se<br />
présente, mais c’est un piège : elle mène après quelques mètres à<br />
l’horizontale vers un précipice rocheux. À la place, avant cette vire<br />
rocheuse, monter à gauche en suivant les marquages dé<strong>fr</strong>aîchis<br />
en forme de flèches. Quelques minutes d’escalade mènent à une<br />
petite selle. Après la traversée légèrement exposée d’une cuvette<br />
rocheuse, gagner facilement la brèche appelée Furggle, puis suivre<br />
l’arête jusqu’au sommet. Pour la descente, suivre le sentier bien<br />
marqué en direction du Klöntal.<br />
Bon plan<br />
15
Pierriers dans la descente<br />
du Vorder Glärnisch vers le<br />
Klöntalersee.<br />
Bon plan<br />
16<br />
formé de promontoires rocheux, de tours<br />
rocheuses et de parois aux structures tortueuses,<br />
comme dessinés par un géant dans<br />
de la pâte à modeler. Mais notre regard est<br />
pour l’instant plutôt accaparé par la face juste<br />
devant nous, qui joue à un jeu de magie avec<br />
les randonneurs : elle semble in<strong>fr</strong>anchissable<br />
aussi longtemps qu’on la scrute. Ce<br />
n’est que lorsque l’on s’engage dans ce qui<br />
semble être le vide que le sentier se dévoile.<br />
Il mène à travers une pente verticale que<br />
nous traversons pas à pas, silencieux<br />
comme des sioux, alors qu’un aigle plane, décrivant<br />
des cercles en toute quiétude au-dessus<br />
de nous.<br />
Cette traversée nous prend un bon quart<br />
d’heure. Dans ce passage, nous goûtons à<br />
l’intemporalité tranquille de ce massif du<br />
Glärnisch. Arrivés dans la brèche appelée<br />
Furggle, nous nous sentons à nouveau en<br />
terrain connu : une légère brise estivale caresse<br />
notre visage, des niverolles gazouillent<br />
à proximité et loin en contrebas, on peut admirer<br />
la couleur vert émeraude du Klöntalersee.<br />
Seuls les rochers à pic et les glaciers<br />
du Vrenelisgärtli nous rappellent encore le<br />
Glärnisch. Un massif visible tellement loin à<br />
la ronde par temps clair, que son nom a été<br />
donné à plusieurs lieux : la Glärnischstrasse<br />
qui traverse Zurich, l’édifice « Glärnischblick »<br />
à Winterthur et dans le port de Wädenswil le<br />
restaurant flottant « MS Glärnisch ».<br />
Pas étonnant que cet imposant massif montagneux<br />
soit à l’origine de nombre de légendes.<br />
La plus connue des légendes glaronaises<br />
a d’ailleurs donné son nom au<br />
« Vrenelisgärtli ». Selon celle-ci, une audacieuse<br />
jeune fille appelée Vreneli voulait<br />
créer un jardin au beau milieu du massif<br />
de Glärnisch, bien qu’on l’ait avertie de ne<br />
pas provoquer le bon Dieu de façon aussi<br />
présomptueuse. Pourtant un jour, elle gravit<br />
le Glärnisch. Comme une tempête hivernale<br />
faisait rage, elle s’était protégée de la<br />
neige en couvrant sa tête avec un chauderon.<br />
Mais peu au-dessous du sommet du<br />
Vrenelisgärtli, il avait tellement neigé que<br />
Vreneli, sous son chauderon, disparut dans<br />
la neige <strong>fr</strong>aiche et ne revint jamais plus dans<br />
la vallée. Le petit glacier situé sous le sommet<br />
du Glärnisch nous rappelle encore aujourd’hui<br />
cette histoire.<br />
Dévoreurs de paysage<br />
Toutefois, par cette journée d’août dans les<br />
Alpes glaronaises, nous ne rêvons que de<br />
neige et de jardins. Nous gravissons les dernières<br />
pentes menant au sommet du Vorder<br />
Glärnisch dans un désert de caillasse<br />
brunâtre qui nous renvoie la chaleur du soleil<br />
d’août et dans lequel nos pas crissent. À<br />
cet instant, je repense aux mots du psychologue<br />
et sociologue Ulrich Aufmuth, qui affirma<br />
un jour, dans les années 80, qu’un des<br />
plaisirs des alpinistes était de « dévorer le<br />
paysage ». Comme il avait raison, me dis-je<br />
en calculant que j’avais déjà avalé 1700 m de<br />
paysage en dénivelé aujourd’hui. Y compris<br />
les ravins, éboulis, rochers, tours rocheuses,<br />
parois et forêts.
En fonction des conditions météorologiques,<br />
le sauvage Sienentobel peut<br />
devenir, même tôt dans l’année, un<br />
passage clé de la randonnée...<br />
HAGLÖFS<br />
LITE HYBRID PANTS<br />
C’est surtout lorsque les températures sont élevées<br />
que ce pantalon de trekking démontre tout<br />
son potentiel : le tissu léger en polyamide évacue<br />
l’humidité du corps, of<strong>fr</strong>ant aux jambes une<br />
agréable <strong>fr</strong>aîcheur et un climat sec, même lors<br />
d’activités intenses. Une part d’élasthanne et<br />
des inserts élastiques garantissent une grande<br />
liberté de mouvement. La taille extensible du<br />
pantalon peut être ajustée et fixée au moyen<br />
d’une fermeture velcro. La poche arrière se<br />
ferme avec une fermeture éclair. De petits objets<br />
comme de l’argent ou des clés peuvent se loger dans la poche de<br />
sécurité intérieure. Une poche à fermeture éclair sur la cuisse peut<br />
par exemple accueillir une carte.<br />
x Poids : 280 g (taille L)<br />
x Prix : CHF 115.-<br />
GREGORY<br />
ZULU 40/JADE 38<br />
Quoi de plus bienfaisant, après<br />
tous ces dénivelés, qu’un bain de<br />
pied dans une fontaine du village<br />
de Schwändi.<br />
Le sommet du Vorder Glärnisch nous récompense<br />
de toutes nos peines, même du<br />
Sienentobel, des orties et des <strong>fr</strong>amboisiers.<br />
Le vent siffle doucement autour de nous.<br />
Adossés à la croix sommitale, nous avons la<br />
curieuse impression de nous touver sur l’axe<br />
du monde. Nous jetons encore un coup d’œil<br />
sur les imposants sommets voisins du Glärnisch,<br />
sur le Klöntalersee et – loin, loin en<br />
contrebas – sur les champs et les routes, sur<br />
les minuscules maisons et clochers d’églises<br />
de la ville de Glaris et des villages de Mitlödi<br />
et de Schwanden. Exactement comme si<br />
nous contemplions la terre depuis une montgolfière<br />
: tout se trouve juste au-dessous de<br />
nous. Un seul regret : impossible de nous<br />
laisser planer jusqu’en bas. Mais grâce au<br />
sentier pédestre sur le côté ouest du Vorder<br />
Glärnisch, les 1500 m de descente sont parcourus<br />
plus rapidement que redouté. Et le<br />
Schorle à l’auberge « Schwammhöhe » dans<br />
le Klöntal n’était pas si loin. Finalement,<br />
même si l’accès au royaume du Glärnisch<br />
est difficile, on peut en repartir rapidement.<br />
TEXTE ET PHOTOS : CAROLINE FINK<br />
Pour des excursions de plusieurs jours de<br />
cabane en cabane ou lorsque les douces<br />
températures n’exigent pas un équipement<br />
trop important : les deux sacs à dos Zulu et<br />
Jade, avec un volume de 40 et 38 litres, sont<br />
parfaits pour de longues randonnées où l’on voyage<br />
léger. Leur matériel, un mélange de nylon 210 et 100 deniers, est léger<br />
et robuste à la fois. Un insert en filet garantit une bonne aération<br />
dans le dos. Pratique : l’accès au compartiment principal est possible<br />
via le rabat ou une fermeture éclair avant. Le grand compartiment<br />
avant, deux poches latérales ainsi que de petites poches à fermeture<br />
éclair dans le rabat et la ceinture lombaire of<strong>fr</strong>ent des possibilités<br />
de rangement supplémentaires. Porte-matériel pour des bâtons de<br />
randonnée ou des piolets. Les deux sacs à dos sont compatibles avec<br />
les systèmes d’hydratation courants.<br />
x Poids : 1330 g (Zulu), 1280 g (Jade)<br />
x Prix : CHF 175.-<br />
MEINDL<br />
TRENTO GTX W<br />
Extérieur classique, « intérieur » plutôt inhabituel<br />
: la chaussure Trento GTX W est dotée d’une forme spéciale,<br />
légèrement plus large, qui of<strong>fr</strong>e beaucoup d’espace aux orteils et à<br />
l’avant-pied. Afin de garantir le maintien nécessaire, la chaussure<br />
présente une coupe plus étroite au talon. Une assise plantaire confortable<br />
en liège et en toison soutient le pied. Des éléments en PU et EVA<br />
of<strong>fr</strong>ent en outre un agréable amorti. Une combinaison de cuir nubuck<br />
et de cuir velouté a été utilisée comme tissu extérieur. La membrane<br />
Gore-Tex protège efficacement de la pluie et de la neige et évacue<br />
la transpiration. La stabilité de la semelle se situe dans la région<br />
médiane du pied, ce qui destine la chaussure à des courses pas trop<br />
difficiles du point de vue technique.<br />
x Poids : 1160 g la paire (pointure 42)<br />
x Prix : CHF 275.-<br />
Bon plan<br />
17
« Céder est tout à fait humain. Personne n’est Superman. »<br />
Stefan Glowacz descend en rappel dans la grotte de Majlis al<br />
Jinn à Oman (2014), projet « Into the Light ».<br />
Klaus Fengler / Red Bull Content Pool<br />
APPRENDRE À LÂCHER PRISE<br />
RENCONTRE AU SOMMET<br />
18<br />
Escalade et alpinisme, (pas) une question d’âge ? Depuis plus<br />
de trois décennies, Stefan Glowacz (51 ans) compte parmi les<br />
plus célèbres grimpeurs germanophones. Il est actuellement<br />
en quête de nouveaux horizons et prévoit une expédition sur<br />
l’île de Baffin – sur des big walls présentant un niveau de difficulté<br />
9 et 10. Il ne souhaite pourtant pas se cramponner désespérément<br />
à la roche. Un entretien sur le vieillissement.
Comment allait ton dos lorsque tu t’es levé<br />
ce matin ?<br />
Stefan Glowacz: Je n’ai aucun problème<br />
avec mon dos. Mais il est vrai qu’avec mes<br />
51 ans, mon corps m’envoie suffisamment<br />
de signaux depuis différentes zones. Il essaie<br />
de me dire : hey, tu vis encore ! (rires)<br />
Je sens mes épaules. Le matin, il me faut<br />
un certain temps avant que mon corps fonctionne<br />
à nouveau correctement. Je grimpe<br />
depuis 35 ans pour la performance. Certains<br />
sportifs deviennent invalides à ce<br />
rythme. Je suis content que cela me procure<br />
toujours du plaisir.<br />
Procurer du plaisir : qu’est-ce que cela signifie<br />
pour toi ?<br />
Pouvoir grimper plus ou moins sans douleur.<br />
C’est sûr, avant de me lancer sur des<br />
voies difficiles, je dois me mobiliser avec<br />
une gymnastique spéciale. Je dois aussi<br />
m’échauffer plus minutieusement qu’autrefois.<br />
Mais, aussi longtemps que je pourrai<br />
continuer ainsi, je serai très heureux.<br />
À tes yeux, le fait d’avoir du plaisir signifie-t-il<br />
aussi grimper à un certain niveau ?<br />
Oui, grimper à mon niveau personnel.<br />
Lorsque je fais de l’escalade sportive, je<br />
ne me compare pas à Adam Ondra, Chris<br />
Sharma ou Alex Megos. Ce serait présomptueux.<br />
Tu dois pouvoir réussir à te réjouir<br />
pleinement du fait que ta discipline sportive<br />
se développe, qu’elle ne stagne pas. Cela<br />
me fait plaisir de voir que certaines parois<br />
sont escaladées aujourd’hui à des niveaux<br />
de difficulté que je ne pourrais absolument<br />
plus me représenter.<br />
Tu cherches depuis longtemps des défis sur<br />
des voies à l’écart de la civilisation, sur des<br />
big walls se trouvant à l’autre bout du monde.<br />
Je vais justement bientôt décoller pour la<br />
Glowacz est récemment parti sur l’île de<br />
Baffin avec une luge multifonction en carbone,<br />
développée spécialement à cet effet.<br />
troisième fois vers l’île de Baffin en compagnie<br />
de Robert Jasper et du photographe<br />
Klaus Fengler. L’île de Baffin est la cinquième<br />
plus grande île au monde. Elle est<br />
située entre le Canada et le Groenland. Ses<br />
fjords sont bordés de falaises pouvant atteindre<br />
1000 m et plongeant à la verticale<br />
dans la mer – outre la vallée de Yosemite,<br />
il s’agit de l’épicentre des grimpeurs en<br />
termes de big walls. Pourtant, contrairement<br />
à Yosemite, le chemin pour atteindre la<br />
paroi représente un challenge à lui-même.<br />
C’est-à-dire ?<br />
Au début de l’été, lorsque les températures<br />
nous permettent de grimper, la glace se<br />
brise. Comme pour nos autres expéditions,<br />
nous voulons atteindre notre destination<br />
par nos propres moyens, « by fair means ».<br />
J’ai donc développé, en collaboration avec<br />
des experts, une luge spéciale en carbone<br />
pour parcourir les 100 à 150 kilomètres qui<br />
séparent Clyde River au fjord Sam Ford. Par<br />
endroits, nous nous déplacerons de manière<br />
classique sur notre luge. Sur d’autres<br />
passages, nous monterons des jantes de<br />
VTT sur notre engin multifonction afin de<br />
le transformer en rickshaw. Nous devrons<br />
certainement traverser aussi des cours<br />
d’eau et des fjords. Nous ajouterons donc<br />
un corps flottant à la luge pour en faire un<br />
raft. Enfin, pour économiser du poids, la<br />
luge a été conçue de façon à pouvoir également<br />
être utilisée comme portaledge.<br />
Cela requiert une grande expérience. Aurais-tu<br />
été capable d’entreprendre une telle<br />
expédition il y a 20 ou 30 ans ?<br />
Je ne crois pas. Les autres expéditions<br />
m’ont été nécessaires, ne serait-ce que<br />
pour avoir l’idée de développer une luge de<br />
ce genre. En fin de compte, c’est elle qui a<br />
permis de répondre à toutes les questions<br />
en suspens. Il y a 20 ans, je me serais certainement<br />
lancé dans cette aventure d’une<br />
toute autre manière. J’aurais laissé bien<br />
plus de questions sans réponse.<br />
Sans les expéditions, te manquerait-il<br />
quelque chose ?<br />
Forcer la curiosité et aller voir ce qui se<br />
passe derrière l’horizon est une attitude<br />
RENCONTRE AU SOMMET<br />
19
« Je ne resterai certainement pas assis à<br />
la maison et ne ferai pas le tour du lac de<br />
Starnberg à vélo.»<br />
RENCONTRE AU SOMMET<br />
20<br />
fondamentale et une philosophie de vie<br />
chez moi. Il est évident qu’il me manquerait<br />
quelque chose si je n’étais plus capable de le<br />
faire. Pourtant, cela ne me rendrait pas triste<br />
si, un jour, je ne pouvais plus le faire dans<br />
une forme aussi extrême. En effet, je dois<br />
être reconnaissant de tout ce que j’ai déjà pu<br />
vivre. Mais je ne devrai pas me contenter de<br />
me réciter cette gratitude ; il faudra que je<br />
sois intimement convaincu qu’il existe des<br />
choix de vie qui peuvent nous mener dans<br />
une autre direction. Cela semble facile à dire<br />
maintenant. Mais sans les expéditions, un<br />
pilier de ma vie s’effondrera effectivement et<br />
je devrai me redéfinir – un processus d’apprentissage<br />
qui sera passionnant.<br />
A quoi ressemblera le Stefan Glowacz 5.0 ?<br />
Il ne restera certainement pas assis à<br />
la maison et ne fera pas le tour du lac de<br />
Starnberg à vélo. Peut-être que j’investirai<br />
encore davantage d’énergie dans mon<br />
entreprise, Red Chili. Mais il est clair que<br />
cette activité ne pourra pas non plus compenser<br />
ma soif d’aventure. Je serai probablement<br />
toujours par monts et par vaux,<br />
d’une manière ou d’une autre. Après tout,<br />
j’ai toujours pu faire les choses que j’aime<br />
faire dans ma vie. Je vois la recherche de<br />
nouvelles perspectives comme une prime,<br />
comme un défi enrichissant.<br />
Nombre de gens n’y parviennent pas, ne<br />
sont pas en paix avec eux-mêmes.<br />
Beaucoup n’ont pas le courage de mettre en<br />
œuvre ce qu’ils auraient envie de faire. Ils<br />
remettent toujours les choses à plus tard.<br />
Et lorsqu’ils ne sont effectivement plus en<br />
mesure de le faire, ils s’offusquent que la<br />
vie soit aussi cruelle avec eux. Cela peut<br />
être dû à des peurs comme à des influences<br />
extérieures, familiales ou professionnelles.<br />
Des doutes tels que « si je vais jusqu’au<br />
bout, je perdrai peut-être ma famille » sont<br />
absolument légitimes. Pourtant, je pense<br />
que chaque personne, peu importe son âge,<br />
doit aussi pouvoir se comporter en égoïste<br />
dans certaines phases de sa vie si elle souhaite<br />
l’organiser en toute conscience. Autrement,<br />
elle trouvera toujours une excuse<br />
pour justifier le fait de ne pas réaliser ses<br />
grands projets. La chose la plus horrible<br />
serait de se retrouver un jour devant son<br />
cercueil et d’être forcé de reconnaître que<br />
l’on ferait absolument tout différemment<br />
dans une autre vie. Je ne veux pas que cela<br />
m’arrive. Je veux pouvoir me dire : je referais<br />
tout exactement de la même manière.<br />
Est-ce qu’il est plus difficile pour toi de rester<br />
en forme aujourd’hui ? T’entraînes-tu<br />
différemment d’autrefois ?<br />
J’essaie de m’entraîner de façon à « maintenir<br />
le matériel », principalement dans le domaine<br />
régénératif. Et pas avec des pointes brutales.<br />
En tout cas pas avec la même <strong>fr</strong>équence<br />
qu’autrefois. Et plutôt de manière douce pour<br />
le corps. J’intègre des éléments de yoga dans<br />
mon programme d’échauffement. J’ai aussi<br />
besoin de m’entraîner pour mon estime de<br />
moi et pour me sentir satisfait. Sans l’entraînement,<br />
il me manque quelque chose.<br />
Pourtant, le corps connaît une baisse de<br />
régime lorsque l’on prend de l’âge. Parviens-tu<br />
à compenser cette perte avec l’expérience<br />
ou la routine ?<br />
Difficilement. L’explosivité, par exemple, di-
Glace à perte de vue, roche abrupte : l’île de Baffin<br />
est le terrain de jeu favori de Glowacz, qui y a déjà<br />
fait une expédition en 2008 avec Robert Jasper.<br />
minue de manière inéluctable. Je peux évidemment<br />
m’entraîner très intensivement<br />
pour y remédier. Mais d’une manière générale,<br />
le niveau baisse lentement. Vieillir représente<br />
une évolution insidieuse. En particulier<br />
du point de vue des performances<br />
physiques. En tant que sportif de haut niveau,<br />
tu sais à un moment donné que c’est terminé,<br />
que tu ne peux plus tenir le rythme. Pourtant,<br />
tu ne veux pas l’accepter dans un premier<br />
temps. Tu peux lutter encore un moment<br />
contre ce fait, mais tu remarques tôt ou tard<br />
que cela n’est plus possible. C’est un combat<br />
perdu d’avance. Chaque sportif, chaque être<br />
humain doit faire la paix avec cela. On peut<br />
l’accepter si l’on a le sentiment d’avoir exploité<br />
son potentiel à 100 %. Et c’est mon cas.<br />
Tes expéditions ont-elles représenté un<br />
moyen de ne pas sombrer après ta carrière<br />
de compétiteur ?<br />
J’ai grandi à la montagne. J’ai toujours été<br />
un aventurier dans l’âme. Les aventuriers<br />
tels que Scott, Nansen ou Shackleton m’ont<br />
toujours plus intéressé que n’importe quel<br />
grimpeur. En réalité, je me suis contenté de<br />
retrouver mes racines. Il s’agissait d’une<br />
évolution tout à fait logique. C’est aussi pour<br />
cette raison que j’ai facilement pu lâcher<br />
prise par rapport à la compétition.<br />
Art, musique, politique, sciences – c’est<br />
souvent à l’âge de la retraite que les gens<br />
donnent le ton dans de nombreux domaines<br />
de la vie. Est-ce qu’un grimpeur peut vieillir<br />
tout en restant cool et crédible sur la scène<br />
de la grimpe ?<br />
C’est à la scène d’en décider. S’accrocher<br />
désespérément à quelque chose uniquement<br />
pour pouvoir toujours être considéré<br />
comme « cool » serait voué à l’échec. Ce serait<br />
se ridiculiser. Mais aussi longtemps que<br />
tu restes curieux, tu peux être cool même<br />
à un âge avancé. Je peux m’imaginer jouer<br />
de plus en plus le rôle de parrain, où j’aurais<br />
une idée d’expédition et je dirais : c’est<br />
maintenant au tour des jeunes, que je pourrai<br />
soutenir grâce à mon expérience.<br />
Udo Lindenberg a récemment publié son<br />
nouvel album, qui porte le titre « Plus fort<br />
que le temps ». Partages-tu cette idée ?<br />
Bien sûr, c’est un crédo ! En tant que sportif,<br />
tu ne pourras jamais faire un pied de nez à<br />
l’âge. Mais ce que tu peux faire, c’est lutter<br />
constamment là-contre avec ton état<br />
d’esprit et ton entrain. Céder est tout à fait<br />
humain. Personne n’est Superman. Il s’agit<br />
d’atteindre le meilleur résultat possible.<br />
En définitive, l’essentiel est simplement de<br />
faire quelque chose. Car cette attitude active<br />
est – du moins pour les amateurs de<br />
sport – une forme de bonheur. Mon plus<br />
grand souhait est de ne jamais perdre cet<br />
état d’esprit et cette énergie.<br />
Tu présentes des exposés, notamment à des<br />
dirigeants économiques. Tes auditeurs ont<br />
donc souvent eux-mêmes un âge avancé. Que<br />
peux-tu leur transmettre d’enrichissant ?<br />
Il s’agit de personnes extrêmement bien<br />
formées et intelligentes, qui sont hautement<br />
spécialisées dans leur domaine. Mais les<br />
CEO ont également besoin d’une vue d’ensemble.<br />
Ils ont une grande soif de savoir.<br />
Notamment en ce qui concerne la persévérance<br />
ou l’organisation d’une expédition,<br />
l’élaboration d’un équipement permettant<br />
d’atterrir dans une région où l’on n’avait encore<br />
jamais mis les pieds. Leur tête se met<br />
immédiatement à bourdonner. En définitive,<br />
tout peut être résumé à un nombre limité de<br />
paramètres qui fonctionnent dans tous les<br />
domaines de la vie : la passion est toujours<br />
le moteur. Les personnes performantes<br />
font leur travail avec une grande passion.<br />
Cette obsession est nécessaire pour faire<br />
progresser ton entreprise. Exactement<br />
comme lorsque l’on parcourt le désert de<br />
Patagonie en direction du cerro Murallón<br />
trois fois de suite.<br />
RENCONTRE AU SOMMET<br />
21
Chevronnés – Christian Schlesener et Stefan<br />
Glowacz équipent depuis le bas la nouvelle voie<br />
« Walk the line » (8a) au Mount Kinabalu/Borneo.<br />
RENCONTRE AU SOMMET<br />
22
Quel rôle joue l’expérience dans cette situation<br />
?<br />
Il est essentiel de ne pas être arrogant et<br />
de ne pas penser tout connaître parce que<br />
l’on a atteint un certain âge. On peut aussi<br />
apprendre d’un enfant de six ans, car il voit,<br />
ressent et expérimente le monde d’une manière<br />
totalement différente. En clair, il faut<br />
toujours rester ouvert.<br />
Qu’apprends-tu de tes enfants ?<br />
Principalement les attentes qu’ils ont de la<br />
vie. Leur façon d’observer le monde sans<br />
idées préconçues. Les enfants ne sont pas<br />
calculateurs. Ils sont très clairs et directs.<br />
Nous pouvons continuellement apprendre<br />
quelque chose des enfants. C’est tellement<br />
bénéfique de chercher à être toujours<br />
honnête avec les autres, à communiquer<br />
ouvertement et à donner son avis. À dire<br />
immédiatement lorsque quelque chose ne<br />
fonctionne pas. Nous, les adultes, vivons<br />
dans un monde de calcul, de mensonge et<br />
de tactique. Mais nous devons au moins essayer<br />
de transmettre à nos enfants des valeurs<br />
différentes.<br />
LE ROCK MASTER<br />
Stefan Glowacz, né en 1965, est le plus grand grimpeur de compétition<br />
d’Allemagne. Il a remporté à trois reprises le « Rock Master »<br />
d’Arco, championnat du monde non officiel d’escalade sportive.<br />
En 1993, il a mis fin à sa carrière de grimpeur professionnel pour<br />
se consacrer davantage à l’exploration de parois inconnues et reculées<br />
du monde. Glowacz considère le voyage aller comme faisant<br />
partie intégrante de l’aventure – à ski sur les champs de glace de<br />
Patagonie ou en canoë à travers la jungle du Venezuela. Glowacz<br />
est cofondateur d’une entreprise d’équipement d’escalade (Red<br />
Chili), où il est responsable du marketing et du design. En outre, il<br />
est père de triplés, conférencier très sollicité dans des séminaires<br />
de motivation destinés à des cadres et à des sportifs puis éditeur du<br />
magazine de sports de montagne Allmountain.<br />
As-tu une idée de la façon dont Stefan<br />
Glowacz se définira dans 20 ans ?<br />
Je vais me laisser surprendre. Il peut se<br />
passer tant de choses. Si j’avais déjà une<br />
idée trop concrète, je ne saisirais peutêtre<br />
pas ou ne voudrais pas saisir toutes<br />
les opportunités qui se présenteront à moi<br />
durant cette période. J’ai besoin de garder<br />
cette spontanéité. Le fait de continuer à<br />
grimper et à partir à l’aventure n’est pas<br />
gravé dans le marbre. La vie est bien trop<br />
diversifiée pour cela, bien trop complexe<br />
et bien trop belle dans beaucoup d’autres<br />
domaines. S’il s’avère que je peux continuer<br />
à entreprendre de longues expéditions,<br />
comme celle vers l’île de Baffin,<br />
parce que je suis convaincu que c’est ce<br />
que je veux, alors je le ferai volontiers.<br />
Mais je ne m’accroche pas désespérément<br />
à cette idée.<br />
TEXTE : CHRISTIAN PENNING<br />
PHOTOS : KLAUS FENGLER<br />
RENCONTRE AU SOMMET<br />
En mai <strong>2016</strong>, Glowacz, accompagné de Robert<br />
Jasper et de Klaus Fengler, a réussi une voie sur la<br />
paroi ouest de la Turret, haute de 800 mètres, au<br />
niveau 9/A1. Le retour à lui seul a duré 13 jours.<br />
23
Randonnée Whisky en Appenzell : des muletiers transportent<br />
un fût d’Appenzeller Bier et un fût de Whisky<br />
Säntis Malt «Edition Rotsteinpass» affiné en fût de madère<br />
sur le Rotsteinpass (2124 m), où ils seront dégustés.<br />
PLAISIR DIVIN<br />
24<br />
Andreas Butz / Image Different
FORTE CONCENTRATION<br />
Pour nombre de gens, les spiritueux font partie de la montagne<br />
au même titre que les glaciers ou les Alpes. Mais quelles sont<br />
au juste les eaux-de-vie issues de régions alpines ? D’où vient<br />
la fée verte ? Et où coure-t-on après le whisky à travers les<br />
montagnes ? Voici un glossaire qui fonctionne comme l’alcool :<br />
bien qu’il ne clarifie pas toutes nos questions, il nous aide à<br />
comprendre un peu mieux certaines choses. C’est en tout cas<br />
ce que nous espérons.<br />
Alpenbitter, l’ : boisson issue d’Appenzell<br />
dont le secret de fabrication est aussi<br />
intact que celui du Coca-Cola. Autrefois, les<br />
médecins l’auraient même prescrite comme<br />
remède. Outre ses 29 % d’alcool, elle est fabriquée<br />
avec 42 plantes, dont la composition<br />
exacte reste un « secret de famille bien gardé<br />
». Certains ingrédients que l’on connaît,<br />
tels que les racines de gentiane jaune, les<br />
fleurs de lavande, les graines de coriandre,<br />
les feuilles de citronnelle et l’anis, laissent<br />
cependant supposer que la mondialisation<br />
avait déjà eu son mot à dire quant à la recette<br />
de l’Alpenbitter lors de sa création en 1902.<br />
Bergfeuer (feu de montagne) : 1. Coutume<br />
médiévale consistant à provoquer intentionnellement<br />
d’importants foyers d’incendie<br />
dans les montagnes pour chasser<br />
tous les démons, diables et autres esprits.<br />
Cette coutume a même été intégrée au patrimoine<br />
culturel immatériel de l’Unesco<br />
dans la région de la Zugspitze. 2. Boisson<br />
dont la teneur en alcool est supérieure à<br />
50 % du volume et permettant d’appâter<br />
tous les démons, diables et autres esprits<br />
le matin suivant un important foyer<br />
d’incendie provoqué intentionnellement.<br />
3. Groupe de musique du Tyrol du Sud dont<br />
les œuvres ne feront probablement jamais<br />
partie du patrimoine culturel immatériel,<br />
même dans plusieurs centaines de milliers<br />
d’années et que même les démons, diables<br />
et autres esprits ne peuvent supporter<br />
qu’avec une dose conséquente de Bergfeuer<br />
(au sens du numéro 2).<br />
Cabane, la : selon Wikipedia, « construction<br />
immobilière destinée à servir d’abri<br />
temporaire, saisonnier ou provisoire à des<br />
personnes, des biens ou des activités, par<br />
opposition à la maison, laquelle sert d’abri<br />
permanent. » Est principalement utilisée<br />
dans le tourisme hivernal des Alpes en guise<br />
de lieu propice à une consommation d’alcool<br />
débridée, bien que des termes habilement<br />
placés par l’industrie publicitaire tels que<br />
charme de refuge authentique, boulettes au<br />
lard ou musique typique laissent suggérer<br />
une certaine convivialité.<br />
Chants populaires, les : sont volontiers<br />
entonnés par les visiteurs de refuges<br />
lorsqu’ils consomment diverses boissons<br />
alcoolisées et évoquent souvent une suite<br />
approximative de —> discours prononcés<br />
au moment de trinquer. Ils sont par conséquent<br />
difficiles à supporter pour des personnes<br />
sobres. On les trouve même sous<br />
une forme hautement concentrée sur des<br />
CD (p. ex. « Die 20 schönsten Berglieder »,<br />
[Les 20 plus beaux chants de montagne]).<br />
Chromosome Y, le : porteur de gène<br />
définissant le sexe d’un individu et comportant,<br />
outre le besoin d’escalader les<br />
sommets, un fort besoin de consommer diverses<br />
boissons alpines.<br />
C2H5OH : formule chimique de l’éthanol<br />
dont il paraît que les étudiants en chimie<br />
Formule magique : les droits de distillation<br />
de la distillerie de gentiane Grassl<br />
remontent au XVII e siècle.<br />
Dominik Prantl<br />
PLAISIR DIVIN<br />
25
La matière première de l’Appenzeller<br />
Alpenbitter – d’après le fabricant, le produit<br />
fini se compose de 42 herbes.<br />
PLAISIR DIVIN<br />
26<br />
Appenzeller Alpenbitter AG<br />
germanophones ne parviennent à se souvenir<br />
qu’avec le moyen mnémotechnique<br />
« Herr Ober, 5 Helle, 2 Cognac » (Garçon,<br />
5 blondes, 2 cognac), lu à l’envers. On peut<br />
toutefois se demander si les étudiants en<br />
chimie ne préféraient pas boire des Cuba<br />
Libre et des Caipirinha il y a 20 ans déjà.<br />
Discours prononcé au moment de<br />
trinquer, le : quatrain intégré la plupart du<br />
temps dans un contexte hautement philosophique<br />
et clamé de façon spontanée juste<br />
avant de consommer de l’alcool – probablement<br />
pour stimuler l’envie de boire. Le<br />
rapport à la montagne y est généralement<br />
aussi hasardeux que dénué de sens.<br />
Distillé maison, le : est proposé aux visiteurs<br />
innocents dans quasiment toutes les<br />
régions alpines, mais principalement dans<br />
les contrées de l’axe montagneux Hautes<br />
Tatras-Carpates-Caucase. Le distillé maison<br />
représente la plupart du temps une bibine<br />
imbuvable provenant soi-disant d’une<br />
production maison – ce que l’on de doit bien<br />
sûr jamais dire. Comme pour la gentiane<br />
et le génépi, les visiteurs sont censés réagir<br />
en souriant aux autochtones. Il faudrait<br />
pourtant que quelqu’un leur dise enfin qu’ils<br />
pourront boire eux-mêmes leur distillé<br />
maison à l’avenir.<br />
Fée verte, la : euphémisme utilisé pour<br />
désigner l’absinthe, sorcière herbacée originaire<br />
du —> Val de Travers, dans le canton<br />
de Neuchâtel. Fait même tourner la tête des<br />
hommes les plus robustes.<br />
Flasque, la : petite bouteille plate en<br />
acier inoxydable, légèrement incurvée et<br />
souvent ornée de gravures d’Edelweiss,<br />
servant à transporter des spiritueux. Elle<br />
survivrait probablement sans dommage à<br />
des chutes de pierres, des chutes en face<br />
nord ainsi qu’à la foudre. Elle est d’ailleurs<br />
proposée dans la boutique en ligne de la<br />
section munichoise du Club alpin allemand<br />
sous la dénomination de « petit compagnon<br />
en situation d’urgence ».<br />
Génépi, le : liqueur d’herbes des Alpes<br />
occidentales, proche parent de l’absinthe<br />
( —>fée verte), que l’on aime servir aux visiteurs<br />
innocents, en particulier dans les refuges<br />
du Val d’Aoste, mais également dans<br />
le Piémont et les Alpes <strong>fr</strong>ançaises. Lorsque<br />
les autochtones nous font goûter leur alcool,<br />
la bonne éducation veut que nous réagissions<br />
avec un sourire et un commentaire<br />
bienveillant (p. ex. « Molto interessante<br />
!») – même si nos instincts primaires nous<br />
poussent à faire le contraire.<br />
Gentiane, la : habitante des Alpes qui<br />
peut être bleue, mais également jaune,<br />
pourpre ou ponctuée. On utilise ses racines<br />
profondes pour fabriquer l’alcool de gentiane,<br />
particulièrement amer mais doté de<br />
vertus digestives et antipyrétiques (contre<br />
la fièvre). Le Jura suisse, Berchtesgaden en<br />
Allemagne et Galtür en Autriche sont historiquement<br />
admis comme lieux de distillerie<br />
de gentiane. Lorsque les autochtones nous<br />
font goûter leur alcool, la bonne éducation<br />
veut que nous réagissions avec un sourire et<br />
un commentaire bienveillant (p. ex. « Merci,<br />
vraiment unique !») – même si nos instincts<br />
primaires nous poussent à faire le contraire.<br />
Gletschereis (glace de glacier) : 1.<br />
Bonbons de couleur bleu clair. 2. Neige de<br />
haute montagne métamorphosée en surfaces<br />
blanches de masse condensée, s’amenuisant<br />
considérablement depuis quelques<br />
années dans l’ensemble des Alpes. 3. Nom<br />
donné à une liqueur bleutée et fortement alcoolisée<br />
issue de l’arc alpin. Cette boisson a<br />
à peu près aussi peu à voir avec la glace des<br />
glaciers que son pendant brûlant du nom de<br />
—>Bergfeuer avec la coutume des feux du<br />
solstice d’été.<br />
L’eau-de-vie de gentiane est distillée<br />
à partir de la racine de gentiane<br />
jaune, et non pas de sa fleur.<br />
Barbara Rasp
Uli Auffermann<br />
Anderl Heckmair a prouvé que<br />
l’alpinisme de haut niveau et<br />
la consommation d’alcool pouvaient<br />
faire bon ménage.<br />
Heckmair, Anderl : pionnier allemand<br />
dans l’escalade de la face nord de l’Eiger,<br />
homme remarquable et extrémiste universel.<br />
Il connaissait à la perfection différentes<br />
parois vertigineuses ainsi que le monde des<br />
plantes alpines (—> Alpenbitter, —> violette<br />
odorante, —>gentiane, —>génépi). Il est également<br />
connu dans l’univers alpin pour son<br />
inoubliable citation : « L’alcool consommé<br />
avec modération ne nuit pas, même dans<br />
des quantités importantes. » Heckmair est<br />
décédé en 2005, à l’âge avancé de 98 ans.<br />
Heisse Oma (grand-mère chaude) : 1.<br />
recherche Google compromettante. 2. Boisson<br />
chaude après-ski composée de lait et<br />
d’une telle quantité de liqueur aux œufs que<br />
même les grands-mères se souviennent<br />
des —> chants populaires après en avoir<br />
consommé.<br />
Herbes, les : terme générique désignant<br />
des exhausteurs de goût naturels<br />
ajoutés aux boissons spiritueuses alpines.<br />
Ilsanker, Hubert : distillateur de gentiane<br />
légendaire, originaire de la région de<br />
Berchtesgaden, que l’on ne peut pas décrire<br />
en quelques lignes mais qu’il faudrait plutôt<br />
découvrir dans l’une de ses cabanes de distillerie<br />
de gentiane.<br />
Jagertee, le : sanctuaire national autrichien<br />
ne pouvant s’appeler autrement<br />
que Hüttentee (thé de cabane) dans le reste<br />
du monde en raison d’une directive européenne<br />
sur l’étiquetage. Mélange chaud<br />
composé de diverses plantes alpines infusées,<br />
de racines, de clous de girofle et de<br />
cannelle à agrémenter à discrétion d’eaude-vie<br />
et/ou de rhum à forte teneur en alcool,<br />
de vin rouge, de jus d’orange et de<br />
citron. Pourtant, après le troisième verre<br />
de Jagertee, Jagatee, Jägertee ou encore<br />
Hüttentee, plus personne ne s’intéresse à<br />
savoir de quels ingrédients la boisson se<br />
compose réellement ni même comment<br />
elle est censée s’appeler.<br />
Mal aigu des montagnes, le : maladie<br />
causée par la diminution de la pression partielle<br />
d’oxygène et entraînant un mélange<br />
confus de symptômes évoquant une gueule<br />
de bois, notamment des maux de tête, des<br />
nausées et des vertiges. Contrairement à<br />
ce que disent certaines rumeurs, l’alcool<br />
n’aide pas à combattre cette maladie.<br />
Marée de schnaps, la : consommation<br />
excessive d’eau-de-vie de pomme de terre,<br />
le plus souvent —> distillée maison et bue<br />
principalement par les classes les plus<br />
pauvres des régions alpines de Suisse et<br />
du Tyrol. Cette « épidémie » est également<br />
à l’origine de la première loi sur l’alcool en<br />
Suisse, édictée en 1887. À cause de l’apparition<br />
de diverses boissons à la mode, cette<br />
loi a dû subir plusieurs modifications ultérieures.<br />
La dernière a eu lieu en 2004 au<br />
sujet des alcopops.<br />
Motricité, la : parfois en montagne<br />
se détraque après consommé de l’alcool<br />
avoir, comme de cette phrase les mots.<br />
C’est pourquoi y penser il faudrait lors du<br />
schnaps deuxième.<br />
Pin cembro, le : également arole, arve<br />
ou pin des Alpes. Arbre alpin polyvalent<br />
appartenant à la famille des pinacées. Il<br />
pousse de préférence au-dessus de 1500<br />
mètres et peut faire office de forêt protectrice.<br />
On l’utilise, entre autres, pour la<br />
fabrication de chambres à coucher, pour<br />
ses noyaux et son huile et comme sujet de<br />
sentiers thématiques. En outre, quelques<br />
pommes de pin cembro suffisent à aromatiser<br />
un litre entier d’eau-de-vie.<br />
Randonnée whisky, la : parcours monothématique<br />
destiné aux fans de whisky et<br />
traversant l’Alpstein. Il passe devant 27 auberges<br />
de montagne, dont chacune stocke<br />
un tonnelet contenant une édition spéciale<br />
du fabricant de whisky local – par exemple<br />
derrière l’autel de la grotte de Wildkirchli<br />
ou entre deux troncs d’arbre au Seealpsee.<br />
Une formidable idée saugrenue, présentant<br />
un certain potentiel pour les manuels de<br />
marketing touristique.<br />
Rauschkogel, le : montagne de ski de<br />
randonnée culminant à 1720 m et située<br />
dans les Alpes de Mürzsteg (Styrie). Rausch<br />
PLAISIR DIVIN<br />
27
Récolte de gentiane dans les Alpes de Berchtesgaden.<br />
Une racine repousse pendant sept ans au moins avant<br />
d’être à nouveau déterrée. 60 à 70 rhizomes de gentiane<br />
sont nécessaires pour un litre d’eau-de vie.<br />
PLAISIR DIVIN<br />
Barbara Rasp<br />
signifiant ivresse en allemand, cette montagne<br />
forme, avec le Trinkerkogel (3161 m,<br />
Alpes de l’Ötztal) –Trinker signifiant ivrogne<br />
– et le Prostkogel (1244 m, Kaisergebirge) –<br />
Prost signifiant Santé ! – une trilogie de buveurs<br />
fort peu connue jusqu’à aujourd’hui.<br />
Russes, les : grand peuple slave oriental<br />
dont les représentants connaissent des<br />
problèmes de —> motricité <strong>fr</strong>appants, souvent<br />
dus au —> mal aigu des montagnes, et<br />
les résolvent parfois en buvant de la —> fée<br />
verte. L’interaction, souvent aussi unique<br />
qu’admirable, entre camaraderie, goût du<br />
risque et consommation de vodka chez les<br />
Russes en montagne a été entre autres décrite<br />
par l’alpiniste et Russe à temps partiel<br />
Robert Steiner dans un livre magnifique «<br />
Allein unter Russen » (Seul entre Russes).<br />
Steinbeisser (mangeur de pierre) : 1.<br />
poisson d’eau douce nommé loche de rivière<br />
en <strong>fr</strong>ançais et doté d’une respiration intestinale<br />
accessoire. 2. Créature fabuleuse<br />
du roman de Michael Ende, l’Histoire sans<br />
fin. 3. Terme générique désignant des spiritueux<br />
clairs fabriqués dans une usine de<br />
Salzburg. Ses produits qu’elle commercialise<br />
sous la dénomination d’Alpenschnaps<br />
(eau-de-vie des Alpes), qui vont du kirsch<br />
à la prune en passant par l’abricot, doivent<br />
certainement avoir aussi peu de rapport<br />
avec les Alpes que les deux premières définitions<br />
de Steinbeisser.<br />
Stroh : compagnie autrichienne spécialisée<br />
dans la fabrication de spiritueux avec<br />
presque 200 ans d’histoire. Son produit premium<br />
présente une teneur en alcool de 80 %<br />
et est mis en bouteille sous le nom de Austria<br />
Feeling. En outre, l’entreprise se présente<br />
depuis peu comme la fondatrice de la<br />
fictive Republic of Stroh, de laquelle émanent<br />
tous les plaisirs du peuple et où l’on<br />
paie avec des « unités hautement concentrées<br />
» plutôt qu’avec de l’argent. Certains<br />
critiques considèrent l’initiative Republic of<br />
Stroh comme un signe clair de décadence.<br />
Val de Travers, le : vallée du Jura<br />
suisse et région d’origine de l’absinthe<br />
( —>fée verte), qui comportait de vastes surfaces<br />
destinées à la culture de cette plante.<br />
La région a fortement souffert de l’interdiction<br />
de l’absinthe en vigueur en Suisse<br />
jusqu’en 2005 ; elle s’y serait opposée en<br />
exploitant illégalement jusqu’à 80 distilleries.<br />
La vallée constitue aujourd’hui une importante<br />
partie de la trans<strong>fr</strong>ontalière Route<br />
de l’absinthe.<br />
Violette odorante, la : petite plante<br />
à l’apparence totalement innocente dont<br />
les fleurs sont également utilisées pour la<br />
fabrication du mystérieux —> Alpenbitter<br />
d’Appenzell.<br />
Williamine, la : boisson valaisanne fortement<br />
concentrée à base de poire Williams<br />
et issue de la maison Morand ; proche parente<br />
de la non moins ardente Abricotine.<br />
À ne pas confondre avec Willa, Willemina,<br />
Wilhelmina ou d’autres formes féminines<br />
du prénom William.<br />
28<br />
80 %, 8000 mètres : le secret de<br />
la carrière d’alpiniste de Reinhold<br />
Messner réside-t-il sous une<br />
forme hautement concentrée ?<br />
www.stroh.at<br />
TEXTE : DOMINIK PRANTL
Soleil, pluie : le hardshell est un must de<br />
l’équipement alpin par tous les temps.<br />
Dan Patitucci<br />
ÊTRE OUVERT TOUT EN RESTANT ÉTANCHE<br />
Pour faire simple, on peut dire que le laminé fait la différence entre un sac plastique<br />
et une veste hardshell destinée à des activités de plein air. Les performances que l’on<br />
attend d’un laminé sont claires : laisser passer la transpiration, mais pas la pluie. Ce<br />
qui à priori semble simple est presque devenu un secteur de recherche en soi, s’approchant<br />
toujours plus de la solution de l’énigme, mais aussi des limites de la physique.<br />
Expert<br />
30<br />
La recherche sur les membranes a commencé<br />
voilà près de cinquante ans. En 1969,<br />
lorsque Neil Armstrong a posé le pied sur<br />
la lune, Bob Gore a découvert le principe de<br />
l’ePTFE. Bien qu’il s’agisse certainement<br />
d’un hasard, aucun autre thème de recherche<br />
en matière d’équipement n’évoque<br />
plus la recherche spatiale que la quête d’un<br />
laminé à la fois étanche et perméable à la<br />
vapeur. Un exemple ? ePTFE signifie polytétrafluoroéthylène<br />
expansé, une matière qui<br />
a permis de développer des membranes,<br />
puis des laminés et enfin des vestes 2,5<br />
ou 3 couches dont le MVTR dépend entre<br />
autres du DWR. La résistance à la vapeur<br />
d’eau dépend de la différence des pressions<br />
partielles. Depuis peu, les PFC C6 et C8 influent<br />
aussi sur la décision d’un achat. Tout<br />
cela est un peu confus pour vous ? Ne vous<br />
en faites pas : même les collaborateurs de<br />
la société pionnière Gore avouent que leurs<br />
innombrables technologies « peuvent parfois<br />
prêter à confusion ».<br />
Attentes démesurées<br />
Confusion ou non, la technologie rend notre<br />
vie plus légère. Au sens propre du terme,<br />
car sans veste fonctionnelle, un sac à dos<br />
de randonnée actuel pèserait au moins deux<br />
fois plus uniquement à cause des vêtements<br />
de rechange. Les vestes fonctionnelles sont<br />
devenues, à juste titre, un must en mon-
tagne – d’ailleurs, elles ont même conquis<br />
les centres-villes. Toute cette technologie<br />
suscite de grandes attentes auprès des<br />
sportifs de plein air et des alpinistes. Selon<br />
Marcus Liss, expert en laminés et hardshells<br />
chez Bächli Sports de Montagne, ces<br />
attentes sont souvent excessives. « Le marketing<br />
crée de faux espoirs. Bien que les<br />
produits actuels soient très performants,<br />
ils ne peuvent pas duper la physique ».<br />
Pour rendre une veste étanche, il n’est pas<br />
nécessaire de recourir à la ruse. Or, le rayonnement<br />
UV peut endommager la membrane<br />
à long terme et compromettre ainsi l’imperméabilité.<br />
Des lavages <strong>fr</strong>équents ou le <strong>fr</strong>ottement<br />
des bretelles de sac à dos peuvent<br />
aussi détériorer la membrane, surtout sur<br />
des vestes fonctionnelles très légères, dont<br />
la membrane et les tissus extérieurs sont<br />
extrêmement fins. En temps normal, une<br />
veste fonctionnelle reste étanche même<br />
lorsque son imprégnation est altérée par la<br />
graisse, la saleté ou les <strong>fr</strong>ottements. Pourtant,<br />
nombre de gens considèrent que leur<br />
veste n’est plus étanche lorsque les gouttes<br />
de pluie ne déperlent plus aussi bien que<br />
juste après l’achat. La raison : lorsque<br />
l’imprégnation hydrofuge (DWR : Durable<br />
Water Repellency) est épuisée, le tissu extérieur<br />
du laminé s’imbibe d’eau. La veste<br />
est toujours imperméable, mais le passage<br />
de la vapeur depuis l’intérieur se réduit<br />
jusqu’à 80 %, provoquant le condensat si<br />
redouté : la transpiration ne traverse plus<br />
la membrane, mais détrempe l’intérieur. En<br />
effet, la vapeur ne passe pas à travers un<br />
chiffon humide.<br />
Cela peut même se produire avec un traitement<br />
DWR intact. « La plupart des textiles<br />
n’atteignent pas leurs<br />
limites en termes d’étanchéité<br />
à la pluie et au vent,<br />
mais en termes de respirabilité<br />
», déclare Marcus Liss.<br />
La respirabilité/perméabilité<br />
à la vapeur d’eau dépend de<br />
nombreux facteurs. D’un si<br />
grand nombre de facteurs<br />
qu’il n’existe, selon lui, « que<br />
très peu de situations of<strong>fr</strong>ant<br />
aux laminés des conditions<br />
idéales ». À l’état de repos, on<br />
transpire env. 160 ml par heure. Selon l’effort<br />
fourni, cette valeur peut s’élever à trois<br />
litres par heure. Une différence des pressions<br />
partielles est nécessaire pour que<br />
toute cette vapeur d’eau puisse traverser la<br />
membrane : l’humidité doit être plus faible<br />
à l’extérieur qu’à l’intérieur de la veste. En<br />
outre, les températures extérieures doivent<br />
être inférieures d’au moins 15 degrés Celsius<br />
qu’à l’intérieur. Les limites de la physique<br />
sont atteintes dès qu’elles atteignent<br />
20 degrés ou en cas d’humidité tropicale –<br />
la sueur ne peut alors plus s’échapper.<br />
Autre chose : une veste coupée près du<br />
corps est préférable pour la différence des<br />
pressions partielles. Sous une veste large,<br />
la vapeur d’eau s’accumule, ce qui entrave<br />
l’évacuation. L’aération de la veste est essentielle<br />
– les pit zips, soit les fermetures<br />
éclair sous les bras, sont indispensables sur<br />
des vêtements hardshell utilisés lors d’activités<br />
sportives intenses. Cela s’applique<br />
aussi au reste de l’équipement. Toutes les<br />
couches doivent être conçues pour évacuer<br />
la transpiration du corps.<br />
Méthodes de mesure<br />
Les clients aspirent à des données comparables<br />
pour tous ces facteurs, notamment<br />
pour la respirabilité, à laquelle on accorde<br />
une grande importance. Quelle quantité<br />
de sueur traverse véritablement un laminé<br />
? Deux méthodes de mesures sont courantes.<br />
L’une d’elle est la méthode Bercher.<br />
Elle est économique, simple et mesure le<br />
taux de transmission de vapeur à travers<br />
la membrane. Le résultat, qui se nomme<br />
Avec son nouveau laminé Active, Gore renonce à l’utilisation<br />
d’un tissu extérieur. L’eau s’écoule mieux à la<br />
surface mais la membrane est moins bien protégée.<br />
Expert<br />
31
Lors du test du modèle de peau, la perméabilité<br />
à la vapeur d’eau d’un laminé est vérifiée.<br />
Expert<br />
Hohenstein Institute<br />
32<br />
MVTR (Moisture Vapor Transmission Rate),<br />
est indiqué en grammes par mètre carré<br />
par 24 heures – une valeur élevée signifie<br />
une bonne respirabilité. 10 000 g/m 2 /24h<br />
représente par exemple une valeur médiocre.<br />
Le problème : la valeur MVTR permet<br />
uniquement de comparer les vestes<br />
d’un même fabricant. Les conditions du test<br />
ne sont presque jamais indiquées – mot<br />
clé : la différence de pression partielle.<br />
Il faut en outre s’imaginer que chaque fabricant<br />
veille à passer les tests dans des<br />
conditions idéales.<br />
La méthode du modèle de peau selon la<br />
norme ISO 11092, plus coûteuse et complexe<br />
que la première, donne des résultats<br />
plus comparables. Durant le test, le laminé<br />
est posé sur une plaque chauffante à<br />
35° C, qui fait s’élever la vapeur d’eau des<br />
« pores ». La sueur qui ne traverse pas le<br />
laminé re<strong>fr</strong>oidit la plaque. Si la plaque doit<br />
être constamment chauffée, cela signifie<br />
que le laminé n’est pas très respirant. Le<br />
résultat se nomme valeur RET (Resistance<br />
to Evaporating Heat Transfer). Elle désigne<br />
en somme l’effort nécessaire pour maintenir<br />
la plaque chaude. Plus la valeur RET<br />
est basse, plus un laminé est perméable à<br />
la vapeur. Une valeur RET inférieure à trois<br />
est considérée comme très bonne.<br />
Quel article pour qui ?<br />
La bonne nouvelle : il existe désormais un<br />
laminé adapté à presque toutes les activités.<br />
« Même si la marque Gore attire encore<br />
beaucoup, elle n’est pas un critère<br />
indispensable », explique Marcus Liss.<br />
Des marques telles que Dermizax, Pertex,<br />
eVent, DryQ ou Polartec NeoShell proposent<br />
des membranes performantes. La<br />
De bonnes ouvertures pour l’aération,<br />
des pit zips par exemple,<br />
contribuent de façon déterminante<br />
au confort climatique.<br />
mauvaise nouvelle : chacune a ses avantages<br />
et inconvénients en termes de robustesse,<br />
d’évacuation de la vapeur, de confort<br />
et d’entretien. « Il est difficile de déterminer<br />
le type de respirabilité nécessaire à un<br />
sportif ou à un domaine d’utilisation en particulier<br />
», souligne Liss.<br />
Les amateurs de sports de montagne<br />
doivent se poser deux questions lorsqu’ils<br />
prévoient d’acheter une nouvelle veste : à<br />
quel point ma veste sera-t-elle sollicitée ?<br />
Et quelle importance est-ce que j’accorde<br />
à une bonne évacuation de la vapeur ? Le<br />
domaine d’utilisation permet de déterminer<br />
quelle membrane, microporeuse ou non<br />
poreuse, est plus adaptée. Les membranes<br />
non poreuses, qui n’ont pas besoin de revêtement<br />
protecteur en polyuréthane, sont<br />
plus perméables à la vapeur et plus élastiques<br />
que les membranes microporeuses.<br />
La façon dont la membrane est laminée<br />
joue évidemment aussi un rôle.<br />
Avec les laminés 3 couches, la membrane<br />
est laminée entre un tissu extérieur et une<br />
doublure intérieure. Notre expert les recommande<br />
pour des activités alpines très<br />
intensives nécessitant une bonne respirabilité.<br />
Les avantages de cette membrane :<br />
robustesse et fonctionnalité élevée ; ses<br />
inconvénients : un poids généralement plus<br />
élevé et, parfois, le confort. Les laminés<br />
2,5 couches sont dotés d’un mince revêtement<br />
à l’intérieur. Plus légers et compacts,<br />
ils présentent une très bonne respirabilité<br />
Arc’teryx
Les laminés doivent disposer d’une<br />
résistance élevée à l’abrasion pour<br />
les utilisations les plus extrêmes,<br />
comme celles de l’alpinisme.<br />
grâce à une membrane et à une colonne<br />
d’eau moins épaisses. Leur inconvénient :<br />
une moins bonne durabilité. Avec les laminés<br />
2 couches, la respirabilité doit souvent<br />
être revue à la baisse. Selon Liss, ils<br />
conviennent à une utilisation modérée et à<br />
une sollicitation moyenne. Comme la robustesse<br />
d’un laminé ne se voit pas, il est<br />
judicieux de faire confiance au conseil spécialisé<br />
dans les magasins Bächli Sports de<br />
Montagne, surtout en termes de durabilité.<br />
Indépendamment de la respirabilité, un<br />
grimpeur n’a pas besoin de la même veste<br />
qu’un randonneur.<br />
ORTOVOX / Johannes Mair<br />
Et l’environnement dans tout ça ?<br />
L’imprégnation influence fortement la<br />
fonctionnalité d’une « veste fonctionnelle ».<br />
Le traitement aux produits chimiques perfluorés<br />
(PFC), les plus efficaces pour effectuer<br />
ce travail, préoccupe l’ensemble<br />
de la branche depuis quelques années – on<br />
les soupçonne d’être cancérigènes. Les<br />
fabricants sont, presque sans exception,<br />
passés de la molécule C8, quasiment non<br />
dégradable, à la molécule C6, un peu plus<br />
modérée.<br />
Or, il existe déjà des traitements exempts<br />
de PFC. Mais le géant du marché Gore n’est<br />
pas le seul à les considérer comme trop<br />
peu performants (voir interview). Il affirme<br />
qu’au vu de l’altération rapide de l’action<br />
hydrofuge du traitement DWR non fluoré,<br />
« aucun client ne pourrait assurément être<br />
satisfait ». Au sujet des alternatives aux<br />
PFC, Marcus Liss déclare : « Pour l’instant<br />
très peu de produits répondent au niveau de<br />
performance requis par nos clients. »<br />
C’est pourquoi de nombreux fabricants<br />
tentent de renoncer entièrement à l’usage<br />
d’une couche extérieure. Fin 2015, Gore<br />
a lancé sa nouvelle collection « Active »<br />
sur le marché, qui ne comporte aucun tissu<br />
extérieur au-dessus de la membrane.<br />
En raison de sa structure, cette dernière<br />
dispose à elle seule d’un revêtement « durablement<br />
déperlant ». Selon Gore, la collection<br />
a été « spécialement conçue pour<br />
les coureurs et les cyclistes sur route »<br />
à cause des efforts intenses nécessaires.<br />
ENTRETIEN<br />
Les vestes fonctionnelles doivent être traitées comme un<br />
produit textile normal : «Si une veste est portée régulièrement,<br />
elle doit aussi être lavée régulièrement, car les<br />
crèmes, graisses et sels endommagent la membrane ». Un<br />
lavage en douceur (respecter les instructions du fabricant !)<br />
est indispensable. En effet, les cycles d’essorage rapides<br />
peuvent aussi abîmer mécaniquement la membrane. « Si<br />
les gouttes d’eau ne déperlent plus comme d’habitude<br />
après un lavage, une imprégnation s’impose, recommande<br />
Marcus Liss, idéalement par vaporisation ». L’imprégnation<br />
doit généralement être encore activée par la chaleur – au<br />
moyen d’un sèche-linge ou d’un fer à repasser.<br />
Une membrane sans tissu extérieur serait<br />
plus vulnérable aux bretelles de sac à dos<br />
et aux surfaces rugueuses, présentes par<br />
exemple en escalade.<br />
L’entreprise ne devrait en tous les cas pas<br />
échouer par manque d’argent : en 2015, la<br />
marque Gore a annoncé qu’elle « prenait au<br />
sérieux les débats soutenus sur les PFC »<br />
et a investi 15 millions de dollars dans un<br />
programme de recherche en technologies<br />
alternatives. L’objectif visant à atteindre les<br />
limites de la physique se poursuit donc.<br />
TEXTE : THOMAS EBERT<br />
PHOTOS : MÀD<br />
Expert<br />
33
Expert<br />
34<br />
Michele Stinco<br />
ENTRETIEN AVEC MICHELE STINCO<br />
« LES TEXTILES PEUVENT ÊTRE EX-<br />
TRÊMEMENT STRESSÉS »<br />
Jürg Buschor<br />
Michele Stinco a travaillé<br />
de longues années comme<br />
designer textile pour différents<br />
fabricants outdoor renommés.<br />
Il a créé sa propre<br />
société, du nom de polychromelab,<br />
spécialisée dans la<br />
recherche et la production<br />
de textiles hautes performances.<br />
Polychromelab est un laboratoire<br />
de test pour vêtements<br />
fonctionnels. Qu’y fait-on ?<br />
À Serfaus, nous faisons de la recherche<br />
appliquée, soit de l’exposition aux intempéries<br />
accompagnée de tests de produits.<br />
Nous cherchons et donnons des réponses<br />
aux questions <strong>fr</strong>équentes : quel est l’impact<br />
du vent, des intempéries, de la pression de<br />
l’eau et du rayonnement sur les matières ?<br />
À près de 2500 mètres, les textiles peuvent<br />
être extrêmement stressés. Le rayonnement<br />
UV dévore la membrane et le traitement<br />
DWR, si bien que la colonne d’eau<br />
baisse aussi. Les produits d’été en particulier<br />
perdent leur imperméabilité après trois<br />
à quatre ans. Nous analysons ensuite les<br />
matériaux et essayons de trouver de nouveaux<br />
composants susceptibles de supporter<br />
le stress.<br />
Comment trouve-t-on de tels composants ?<br />
Les leaders en matière de laminés achètent<br />
des composants et tentent de développer<br />
quelque chose sur cette base. Mais il faut<br />
avant tout analyser les fibres. Qu’est-ce<br />
qu’un polyamide, un polyester ? Quelles<br />
sont les moyennes, à quel point la fibre<br />
est-elle remplie, quelle quantité d’air renferme-t-elle<br />
? Il est ainsi possible d’élaborer<br />
des produits fantastiques, même si cela<br />
prend bien sûr un certain temps.<br />
Quelles sont les performances des laminés<br />
actuels ?<br />
La phrase : « Je veux une veste imperméable<br />
» est souvent prononcée par les<br />
clients, alors que c’est une affaire de<br />
membrane. Par contre les membranes ne<br />
sont pas la vérité absolue en termes de respirabilité.<br />
Il existe de bien meilleurs matériaux<br />
dans ce domaine. On ne peut cependant<br />
pas faire de reproches à l’industrie.<br />
Cela signifie-t-il qu’un vêtement ne peut pas<br />
être étanche et respirant à la fois ?<br />
La physique a ses limites. Un laminé 3<br />
couches subit un traitement déperlant<br />
à l’extérieur – le thème des fluorocarbures<br />
est, amplement discuté aujourd’hui.<br />
Dessous se trouve un tissu collé à la<br />
membrane, à certains endroits ou entièrement,<br />
tout comme la doublure intérieure.<br />
Le laminé 3 couches est à vrai dire trompeur.<br />
Il s’agit plutôt de sept ou huit couches.<br />
Plus on utilise de colle, plus la membrane<br />
est épaisse et moins la veste respire. C’est<br />
pour cette raison que l’aération sous les<br />
bras a été inventée.<br />
En parlant de fluorocarbures, que se passet-il<br />
dans le domaine des PFC ?<br />
La recherche est soutenue. Mais si nous<br />
devions renoncer aux C8 ou C6, nous<br />
reviendrions dans les années 1930 du<br />
point de vue des performances déperlantes.<br />
Les alternatives ne résistent pas<br />
à l’huile : dès que les vestes entrent en<br />
contact avec de la graisse, comme de la<br />
crème solaire, l’effet déperlant s’annule.<br />
Bien qu’elles fonctionnent en laboratoire,<br />
elles ne sont de loin pas aussi robustes et<br />
déperlantes que les combinaisons C6-C8.<br />
Une chose est sûre en revanche : chaque<br />
marque cherche désespérément à redorer<br />
son image.<br />
Quelles seront les possibilités à l’avenir ?<br />
Les membranes seront fabriquées à partir<br />
d’autres matières. Polyester, polyuréthane,<br />
PTFE et des mélanges de ceux-ci, p.<br />
ex. céramique-polyuréthane. C’est l’un de<br />
nos projets pour l’année prochaine : fabriquer<br />
quatre vestes identiques, de la même<br />
épaisseur, mais avec quatre membranes<br />
différentes. On pourra ainsi découvrir laquelle<br />
travaille le mieux.<br />
INTERVIEW : THOMAS EBERT
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LA PASSION DES LIVRES<br />
Dans les dix magasins de Bächli Sports de Montagne, on<br />
trouve l’un des plus vastes assortiments de livres et de<br />
cartes de la Suisse. Les raisons : le sens aigu du service de<br />
l’entreprise et la passion de la patronne, Susanna Bächli.<br />
Expert<br />
36<br />
« Les livres et les cartes jouent un rôle essentiel<br />
dans notre vie », déclare Susanna<br />
Bächli. Elle pose un guide d’escalade sur<br />
la table devant elle et continue : « Comme<br />
nous n’avons pas eu de télévision pendant<br />
longtemps à la maison, nous avons passé<br />
un nombre incalculable de soirées à dévorer<br />
de la littérature de montagne, à puiser<br />
notre inspiration dans des guides d’escalade<br />
et de randonnée à ski ou à planifier des itinéraires<br />
sur des cartes topographiques en<br />
essayant de nous représenter des paysages<br />
tout entiers. Notre bibliothèque de sports<br />
de montagne personnelle est immense. »<br />
Cela ne fait aucun doute : les livres sont<br />
une véritable affaire de cœur pour Susanna<br />
Bächli. Il n’est dès lors pas surprenant<br />
qu’elle ait fait du rayon livres une priorité<br />
dans les dix magasins de l’entreprise.<br />
C’est avec compétence et passion qu’elle<br />
s’occupe de l’approvisionnement de livres,<br />
vérifie les innombrables nouveautés des différentes<br />
éditions spécialisées pour constituer<br />
une of<strong>fr</strong>e orientée vers les besoins des<br />
clients, et même adaptée aux différents magasins.<br />
« En définitive, on ne recherche pas<br />
les mêmes guides d’escalade à Bâle qu’à<br />
Lausanne ou à Coire », explique Susanna
Bächli. Au premier plan, on trouve des<br />
guides vers des destinations palpitantes<br />
et pour toutes les disciplines de sports<br />
de montagne – ski de randonnée, <strong>fr</strong>eeride,<br />
raquette, bloc, escalade sportive,<br />
mais également des courses classiques<br />
en haute montagne. Les ouvrages spécialisés<br />
sont aussi très demandés, qu’ils<br />
traitent de connaissances de base sur<br />
le danger d’avalanche et la planification<br />
d’un itinéraire ou qu’ils fournissent des<br />
conseils pour un entraînement d’escalade<br />
sportive efficace. Mais l’of<strong>fr</strong>e comporte<br />
aussi des œuvres littéraires : dernièrement,<br />
le fameux écrivain suisse Emil Zopfi<br />
a présenté son tout dernier ouvrage dans<br />
le cadre d’un vernissage dans le magasin<br />
Bächli d’Oerlikon. « Malheureusement,<br />
les ouvrages illustrés se vendent plutôt<br />
mal, déplore la patronne, à mon grand regret<br />
bien entendu, car c’est précisément<br />
ce type de livres qui me plaît. »<br />
Au rayon livres également, une grande<br />
importance est accordée au service et au<br />
conseil. Si besoin, des cartes spéciales<br />
peuvent être commandées sur la demande<br />
des clients. Les invendus étant régulièrement<br />
renvoyés, les clients Bächli<br />
sont à tout moment certains d’acheter<br />
l’édition la plus récente d’un titre. En<br />
pensant à des livres devenus obsolètes,<br />
Susanna Bächli sourit et raconte une<br />
anecdote avec son beau-père et fondateur<br />
de l’entreprise, Heinz Bächli : « Nous faisions<br />
de l’escalade sportive dans le canton<br />
de Vaud lorsque nous avons découvert<br />
un guide d’escalade que quelqu’un<br />
avait laissé au pied de la paroi. Il était très<br />
endommagé et avait été grignoté par les<br />
chèvres. Heinz avait le même guide dans<br />
la bibliothèque de sa maison de vacances.<br />
Nous avons emporté le vieux guide avec<br />
nous et l’avons déposé sur la table de la<br />
cuisine dans la maison de vacances pour<br />
faire une plaisanterie à Heinz. Il est tout<br />
de suite tombé dans le panneau. Lorsqu’il<br />
a vu le guide sur la table, il a commencé à<br />
fulminer : les jeunes ont encore pris mon<br />
guide et regarde dans quel état ils me le<br />
rendent, Margrit...<br />
PORTERavec<br />
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DEUTER AIRCONTACT<br />
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TEXTE ET PHOTO : JÜRG BUSCHOR<br />
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DES SPORTS DE MONTAGNE<br />
PROTECTION INTÉGRALE<br />
... au sens propre du terme : avec sa monture fortement courbée et ses verres bombés, la<br />
Tycane Pro Outdoor enveloppe parfaitement le visage. De plus, des branches flexibles et<br />
antidérapantes maintiennent les lunettes en place – même sous un casque. Le bandeau<br />
rembourré en mousse absorbant la transpiration et le cordon peuvent être retirés si<br />
besoin. Les filtres s’ajustent dans trois positions afin de réduire encore le risque<br />
d’éblouissement. Le revêtement hydrophobe permet d’évacuer rapidement<br />
les gouttes d’eau, la saleté et la poussière. Les lunettes disposent<br />
en outre d’un champ de vision extralarge et, grâce à leurs<br />
excellentes caractéristiques de filtres, sont adaptées à des conditions<br />
d’éclairage extrême. Un article polyvalent pour une multitude<br />
de sports de montagne, à pratiquer en été comme en hiver.<br />
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x Prix : CHF 225.-<br />
GÉNIE DU RANGEMENT<br />
Une tente pouvant être utilisée du<br />
printemps à l’automne et of<strong>fr</strong>ant assez<br />
de place pour deux personnes tout<br />
en étant extrêmement légère ? Tout à<br />
fait réalisable. La Marmot Force 2P pèse<br />
seulement 1,4 kg et est très compacte.<br />
L’intérieur de cette tente coupole autoportante dispose d’une<br />
zone étendue au niveau de la tête et des pieds. La tente est<br />
dotée de deux petites absides avec une entrée protégée des intempéries.<br />
Deux poches intérieures accueillent de petits objets<br />
et une poche spéciale pour une lampe garantit la possibilité<br />
d’un éclairage nocturne. Le tissu extérieur en nylon ripstop est<br />
doté d’un revêtement en silicone/PU et les coutures sont soudées.<br />
Un tapis de sol supplémentaire est disponible en option.<br />
3 X 3<br />
38<br />
MARMOT<br />
FORCE 2P<br />
x Poids : 1400 g<br />
x Prix : CHF 539.-
CHAMPION D’ESCALADE<br />
Thomas et Alexander Huber, les « Huberbuam », ont participé à l’élaboration du Five Ten<br />
Quantum. Le résultat : un chausson d’escalade sophistiqué, destiné à l’ascension de voies<br />
exigeantes. Une semelle intermédiaire particulièrement rigide et stabilisatrice ainsi qu’un<br />
système de laçage très précis prédestinent ce chausson à des parois abruptes, à des surplombs<br />
et à de petites prises. Sa forme légèrement précourbée et un peu plus large à la<br />
base des orteils augmente le confort lors de longues séances d’escalade. Le tissu synthétique<br />
confère une agréable sensation sur la peau et la languette, souple et perforée,<br />
s’adapte à la forme du pied. Le chausson est équipé de l’excellente semelle Stealth<br />
Rubber C4 pour une adhérence optimale.<br />
FIVE TEN<br />
QUANTUM<br />
x Prix : CHF 165.-<br />
MESURES AIGUISÉES<br />
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préprogrammés pour différentes<br />
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leurs données d’entraînement<br />
avec celles d’autres<br />
sportifs sur la plateforme en ligne Movescount.com. L’écran tactile en couleur est bien<br />
lisible, même dans des conditions de forte luminosité. La Spartan Ultra of<strong>fr</strong>e, outre la navigation<br />
par récepteur GPS/GLONASS, un altimètre barométrique. Un Smart Sensor, capteur<br />
destiné à mesurer la <strong>fr</strong>équence cardiaque, est disponible en option. La montre est étanche<br />
jusqu’à une profondeur de 100 mètres. Son boîtier conçu en fibre de verre polyamide<br />
renforcé est extrêmement robuste ; l’écran en verre de cristal de saphir est particulièrement<br />
résistant aux chocs et aux rayures. La lunette est disponible en acier inoxydable ou<br />
en titane. Suunto indique une autonomie de la batterie de 26 heures. Des mises à jour sont<br />
déjà annoncées : à partir de l’automne <strong>2016</strong>, les propriétaires de la Spartan Ultra pourront<br />
enregistrer sur leur montre de nouveaux programmes d’entraînement ainsi que la fonction<br />
pour l’aventure « Petit Poucet ».<br />
SUUNTO<br />
SPARTAN ULTRA<br />
x Prix : de CHF 659 à 809.- (selon le modèle)<br />
3 X 3<br />
39
TEINTE GLOBALE<br />
« Il me faut de nouvelles lunettes de soleil<br />
pour différentes activités sportives et j’envisage<br />
d’opter pour des lunettes dotées<br />
de verres photochromiques. Quel est le<br />
véritable avantage de ce type de verres ? »<br />
Josef Dahinden, Kriens<br />
LA RÉPONSE DE BÄCHLI<br />
SPORTS DE MONTAGNE :<br />
Les verres photochromiques s’adaptent<br />
automatiquement à l’intensité lumineuse.<br />
Plus le rayonnement UV est fort, plus les<br />
filtres s’assombrissent – et vice-versa.<br />
Le spectre des filtres va des verres clairs,<br />
presque transparents, à un fort assombrissement<br />
de près de 85 %. Il ne faut<br />
toutefois pas s’attendre à des miracles :<br />
selon le fabricant, l’assombrissement<br />
et l’éclaircissement des verres peut<br />
prendre près d’une demi-minute. Les<br />
verres photochromiques ne peuvent pas<br />
(encore) s’adapter instantanément en cas<br />
de changements très rapides entre ombre<br />
et lumière, lorsque l’on fait du VTT ou du<br />
ski par exemple. Le gros avantage de ce<br />
type de verres réside dans le fait qu’une<br />
seule paire de lunettes est nécessaire pour<br />
toute une journée. En forêt à l’aube ou sur<br />
un glacier sous le soleil brûlant de midi :<br />
les verres photochromiques garantissent<br />
une bonne visibilité à tout moment et,<br />
dans l’idéal, évitent de devoir emporter<br />
une paire de lunettes supplémentaires.<br />
De plus, porter des lunettes constamment<br />
permet de protéger ses yeux des insectes,<br />
des branches, des projections de cailloux<br />
ou d’autres désagréments mécaniques.<br />
Fixer un rendez-vous :<br />
DOUCE CHALEUR<br />
Lorsqu’il s’agit d’humidité, les fibres synthétiques ont un avantage<br />
de taille par rapport au duvet : elles sèchent plus rapidement et<br />
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très compact malgré un pouvoir gonflant élevé. En outre, le tissu<br />
résistant en nylon 30 deniers, dont l’intérieur et l’extérieur sont<br />
soyeux, sèche très vite. Ce sac de couchage momie peut être<br />
utilisé tout au long de l’année et permet un sommeil très agréable<br />
par des températures allant jusqu’à -4 °C. Une collerette anti<strong>fr</strong>oid<br />
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composé de cinq anneaux<br />
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une charge de rupture minimale<br />
de 14 kN, il est donc extrêmement<br />
résistant. La force nominale est de<br />
22 kN. Malgré son poids plume (50 g), la sangle est<br />
particulièrement solide et of<strong>fr</strong>e de multiples possibilités<br />
de connexion et d’ancrage. Les boucles aux<br />
extrémités peuvent aussi bien servir à l’encordement<br />
qu’au mousquetonnage. La sangle est dotée de codes<br />
couleur pour faciliter le repérage.<br />
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intermédiaire et supérieure sont composées de mousse EVA élastique ;<br />
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cartouche de gaz standard, où il peut être fixé au<br />
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d’énergie pour faire bouillir un litre d’eau en seulement<br />
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brûle trop vite. Un pare-vent emboîtable adapté est disponible séparément.<br />
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sensation sur la peau et sèche en peu de temps. Ce top aux larges bretelles<br />
croisées dans le dos est doté d’un bustier intégré. Également au top : le Phoebe<br />
est certifié bluesign. Cela signifie qu’il a été fabriqué dans des conditions respectueuses<br />
de l’environnement et qu’il ne contient aucune substance chimique nocive.<br />
PRANA<br />
PHOEBE W TOP<br />
x Prix : CHF 99.-<br />
3 X 3<br />
41
La marque Norrøna est connue pour<br />
ses vêtements outdoor et sacs à dos<br />
fonctionnels et colorés.<br />
CONTRÔLE DU PARTENAIRE<br />
42
PLUS QU’UNE MOSAÏQUE DE<br />
COULEURS<br />
Couleurs vives combinées les unes aux autres avec audace,<br />
coupes décontractées et designs inhabituels – c’est ainsi<br />
que la plupart des gens se représentent la marque de sports<br />
alpins norvégienne Norrøna. Pourtant, ces « équipements<br />
stylés » venus du Nord ne font pas seulement preuve de<br />
courage en ce qui concerne l’optique ; ils sont également<br />
précurseurs en termes de fonctionnalité et de matériaux.<br />
« Je trouve ça cool », répond Jørgen<br />
Jørgensen lorsque l’on évoque le fait qu’il<br />
porte le même nom que son arrière-grandpère.<br />
Bien plus qu’un nom lie le fondateur<br />
de Norrøna de l’époque et son petit-fils,<br />
l’actuel directeur : il s’agit avant tout de<br />
l’envie de développer des produits outdoor<br />
de qualité. « Dans le fond, il a toujours été<br />
clair que je reprendrais les rênes de l’entreprise<br />
», déclare Jørgen, aujourd’hui<br />
âgé de 43 ans. Dans sa jeunesse déjà, il<br />
passait beaucoup de temps dans l’entreprise,<br />
où il a commencé par assumer des<br />
tâches simples dans la production avant<br />
d’apprendre à utiliser la machine à coudre.<br />
Il s’est alors mis à jouer avec les matières<br />
et à fabriquer lui-même des produits. Un<br />
moment donné, durant ses études en économie<br />
d’entreprise, il a été attiré par le<br />
monde de la finance. « Mais quelque chose<br />
me manquait. Je ne voulais pas me contenter<br />
de faire des va-et-vient avec de l’argent.<br />
J’aime développer, fabriquer des choses.<br />
» À l’image de son arrière-grand-père.<br />
Le 29 avril 1929, Jørgen Jørgensen sénior<br />
fonde la fabrique d’articles de sport et de<br />
cuir J. J. Norrøna à Oslo. Norrøna signifie<br />
« vieux norrois ». Et puisque Jørgensen se<br />
sentait redevable à ses origines, il a ajouté<br />
à côté de ses initiales un viking équipé<br />
de skis et d’un bouclier, un « Birkebeiner<br />
». C’était le logo d’origine de l’entreprise.<br />
Le directeur Jørgen Jørgensen<br />
a l’habitude de manier patrons<br />
et machine à coudre.<br />
Avec la collaboration de deux couturières,<br />
ce bourrelier de formation a commencé<br />
par fabriquer des sacs à dos, des tentes<br />
et différents articles en cuir. Jørgensen ne<br />
s’est pas laissé décourager par la faillite<br />
survenue en 1933. L’année suivante déjà, il<br />
se risquait à un nouveau départ. Cette fois,<br />
les choses se sont mieux déroulées : l’entreprise<br />
a grandi, puis a déménagé dans le<br />
centre-ville d’Oslo. Six ans plus tard, l’effectif<br />
s’était étendu à 15 collaborateurs.<br />
« L’entreprise en compte aujourd’hui plus<br />
de 80 », raconte le petit-fils du fondateur.<br />
CONTRÔLE DU PARTENAIRE<br />
43
Dans les années 1930, la production était<br />
principalement axée sur des sacs à dos,<br />
des tentes et divers articles en cuir.<br />
En 1976, Norrøna fabrique des vestes et des<br />
pantalons de montagne en coton.<br />
CONTRÔLE DU PARTENAIRE<br />
HISTORIQUE<br />
DE L’ENTREPRISE<br />
Viennent s’y ajouter près d’une quarantaine<br />
de collaborateurs dans le commerce. « Autrefois<br />
comme aujourd’hui, notre motivation<br />
consiste à permettre aux gens de vivre des<br />
expériences uniques dans la nature grâce à<br />
nos équipements. Mon arrière-grand-père<br />
était un artisan passionné qui adorait être<br />
dans la nature. La possibilité de combiner<br />
ces deux intérêts l’a beaucoup stimulé. »<br />
Pour des exigences extrêmes<br />
En 1948, son fils Bjarne a repris la tête de<br />
l’entreprise et a complété la production<br />
par des articles de jardin et de camping. Au<br />
début des années 1970, il a transmis à son<br />
tour la direction de l’entreprise à son fils,<br />
Ole Jørgen, qui s’est à nouveau entièrement<br />
concentré sur la production de sacs<br />
à dos, de tentes et de vêtements d’activités<br />
de plein air. Pour ce faire, il a sollicité l’aide<br />
de Tomas Carlstrøm, le fondateur du magasin<br />
de sports de montagne « Skandinavisk<br />
Høyfjellsutstyr », connu plus tard dans<br />
toute la Scandinavie. Une harmonie parfaite<br />
: ce grimpeur enthousiaste et bricoleur<br />
passionné a collaboré pendant 36 ans avec<br />
Norrøna. Durant cette période, il a principalement<br />
participé à l’élaboration de nombreuses<br />
nouveautés. Peu après son engagement,<br />
Norrøna a présenté « Ravneskar »,<br />
la première tente tunnel disposant de deux<br />
entrées. La même année, l’entreprise a<br />
conçu les premiers sacs à dos équipés d’une<br />
sangle ventrale rembourrée. En 1975, le<br />
premier anorak Arktis coupe-vent a été présenté<br />
au public et, en 1977, l’entreprise fut<br />
la première d’Europe à développer le prototype<br />
d’une veste en Gore-Tex. « Aujourd’hui<br />
encore, Carlstrøm nous rend visite de temps<br />
à autre », raconte Jørgensen junior.<br />
Il arrive souvent que des alpinistes expriment<br />
des souhaits concrets à Norrøna – une<br />
veste ou un sac à dos capable de satisfaire<br />
à des exigences extrêmes. Les années 1970<br />
et 1980 ont connu une véritable vague d’expéditions<br />
dans les montagnes du monde.<br />
1953<br />
Norrøna s’installe dans un<br />
nouveau lieu à Oslo<br />
1969<br />
44<br />
1929<br />
Jørgen Jørgensen fonde la fabrique d’articles<br />
de sport et de cuir J. J. Norrøna.<br />
1948<br />
1971<br />
Ole Jørgen Jørgensen reprend la<br />
direction de l’entreprise
Depuis 1988, le siège de<br />
Norrøna se situe à Hvalstad,<br />
aux portes d’Oslo.<br />
Les produits de Norrøna y étaient souvent<br />
présents lors de premières ascensions. Aujourd’hui,<br />
l’importance des expéditions est<br />
passée à l’arrière-plan et a été remplacée<br />
par l’utilisation des prototypes au quotidien.<br />
« Nos testeurs sont des gens qui passent leur<br />
temps à l’extérieur, dans les montagnes »,<br />
raconte Jørgensen. Pour ces activités, nos<br />
produits sont tout aussi sollicités que pour<br />
des excursions moins régulières mais plus<br />
longues. » De nombreux produits sont développés<br />
sur une durée de trois ans : les<br />
prototypes sont conçus et fabriqués à petite<br />
échelle au siège principal, qui se situe aux<br />
portes d’Oslo, à Asker. Le feed-back des testeurs<br />
est directement intégré dans l’amélioration<br />
des produits. C’est seulement au cours<br />
de la troisième saison que des modèles de<br />
vente sont distribués aux commerçants.<br />
Le courage d’innover<br />
Les prototypes des<br />
nouveaux produits y sont<br />
également conçus.<br />
Dès le début du nouveau millénaire, le design<br />
a gagné en importance chez Norrøna.<br />
De même que le courage de repousser les<br />
limites. « Je n’aime pas faire toujours la<br />
même chose », déclare Jørgensen. « Il est<br />
important de continuer à se développer. »<br />
Lorsque les couleurs sombres et neutres<br />
étaient encore la règle chez les autres fabricants,<br />
Norrøna a lancé sur le marché la première<br />
collection <strong>fr</strong>eeride dans des couleurs<br />
lumineuses et vives. Raison principale :<br />
« Certains sportifs que nous connaissions<br />
bien nous ont demandé si nous pouvions<br />
élaborer une ligne de produits destinée exclusivement<br />
aux <strong>fr</strong>eeriders. » C’est ainsi que<br />
l’on se fait remarquer, que l’on se démarque<br />
de la masse. Le résultat : la popularité de la<br />
marque a connu une ascension fulgurante.<br />
La philosophie du design a été résumée en<br />
2002 avec la notion « Loaded Minimalism » :<br />
derrière cette idée, se cache l’intention de<br />
concevoir des produits sans fioritures, mais<br />
disposant de toutes les caractéristiques<br />
essentielles. Or : les principes relatifs au<br />
design ne doivent pas prendre le pas sur la<br />
qualité. L’objectif principal reste la fabrication<br />
d’articles fonctionnels et durables.<br />
Depuis que Jørgen Jørgensen a repris la direction<br />
de Norrøna en 2005, l’entreprise a enregistré<br />
une croissance de près de 20 %. La<br />
1972 1990<br />
2009<br />
CONTRÔLE DU PARTENAIRE<br />
45<br />
1977<br />
Norrøna élabore le prototype de la<br />
première veste Gore-Tex d’Europe<br />
2004<br />
La collection <strong>fr</strong>eeride est faite de couleurs<br />
vives et de coupes décontractées
Dans les années 1980 et 1990, Norrøna gère<br />
l’équipement de nombreuses expéditions.<br />
CONTRÔLE DU PARTENAIRE<br />
46<br />
marque de fabrique de Norrøna représente<br />
toujours un viking – et, tout à fait dans l’esprit<br />
des hommes du Nord, Jørgensen a osé <strong>fr</strong>anchir<br />
de nouvelles <strong>fr</strong>ontières en conquérant<br />
le marché européen et en le faisant avancer.<br />
La Suède, l’Allemagne et la Suisse sont actuellement<br />
les principaux pays exportateurs.<br />
En 2012, Jørgensen s’est vu décerner le prix<br />
de l’entrepreneur de l’année par Ernst &<br />
Young. « Je pense que notre réussite réside<br />
en partie dans le fait que nous développons<br />
des produits destinés à des activités que la<br />
plupart des collaborateurs, moi y compris,<br />
pratiquent eux-mêmes avec passion. » Parfois,<br />
nous nous concentrons même sur des<br />
disciplines sportives de niche : « Nous expérimentons<br />
actuellement le surf arctique, explique<br />
Jørgensen. Nous verrons bien ce qui<br />
se passera. Avec notre collection <strong>fr</strong>eeride ou<br />
VTT, les choses ont commencé de la même<br />
manière : pas de business plan sophistiqué<br />
ni l’intention de gagner le plus d’argent possible.<br />
Nous n’aurions jamais osé rêver avoir<br />
un tel succès avec ces collections. »<br />
Visions d’avenir<br />
Quelles visions restent pour l’avenir ?<br />
« Nous voudrions qu’un jour, aucun de nos<br />
produits n’ait d’impact négatif sur l’environnement.<br />
» Nos ambitions ne se sont<br />
donc pas réduites durant ces dernières 87<br />
années. Au contraire, elles ont gagné en<br />
importance, car la branche des activités<br />
de plein air doit relever d’autres défis, dont<br />
certains sont nouveaux : standards sociaux<br />
et écologiques élevés, conditions-cadres<br />
modifiées en raison du changement climatique.<br />
Tous les objectifs et leur degré de<br />
réalisation actuel sont présentés de manière<br />
exhaustive sur site Internet de Norrøna.<br />
Ils vont d’un trajet domicile-lieu de<br />
travail écologique pour les collaborateurs<br />
au renoncement généralisé aux transports<br />
aériens en passant par l’utilisation de matériaux<br />
recyclés. Comment cela est-il possible<br />
sachant qu’une grande partie de la<br />
production se trouve en Asie ? « L’année<br />
dernière, 4 % de nos marchandises ont été<br />
transportées par voie aérienne. Nous testons<br />
actuellement des voies de transport<br />
alternatives en vue d’atteindre notre objectif,<br />
inférieur à 1 %. Une nouvelle ligne<br />
ferroviaire va de la Chine à Hambourg. Son<br />
utilisation impliquerait évidemment une<br />
adaptation de notre planification dans son<br />
entier, des négociations avec nos clients et<br />
des délais de livraison modifiés », explique<br />
Jørgensen. Si le directeur de l’entreprise<br />
prend très rarement l’avion, dans sa vie<br />
privée également, c’est grâce à la nature<br />
grandiose qui se trouve juste devant<br />
sa porte : depuis le siège de l’entreprise<br />
près d’Oslo, quelques heures suffisent<br />
pour accéder à la cabane de montagne des<br />
Jørgensen. Il aime y faire du VTT et de la<br />
randonnée en été et du ski en hiver avec<br />
sa famille. Jørgensen espère que ses deux<br />
filles développeront la même passion que<br />
lui pour le secteur outdoor et que l’entreprise<br />
pourra rester entre les mains de la<br />
famille pour la cinquième génération.<br />
TEXTE : MIRJAM MILAD<br />
PHOTOS : NORRØNA
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« CHAQUE NOUVELLE SORTIE EST<br />
UNE CERISE SUR LE GÂTEAU »<br />
Premier sommet à 15 ans, tous les 4000 de Suisse à 26 ans et<br />
les 61 principaux sommets des Alpes à 42 ans : l’alpinisme<br />
a accompagné Stefan Wullschleger (54 ans), originaire<br />
d’Allschwil (Bâle-Campagne), tout au long de sa vie. Ce dernier<br />
transmet son expérience dans trois guides de haute montagne.<br />
Le montagnard du jour<br />
« Diagnostic : <strong>fr</strong>acture du pendu. Deuxième<br />
vertèbre cervicale <strong>fr</strong>acturée. Peu de gens<br />
y survivent. Quelques jours avant mon 50 e<br />
anniversaire, je faisais une randonnée à ski<br />
avec ma compagne sur le Brisi. Conditions<br />
idéales, journée magnifique. Nous avions<br />
déjà presque atteint le fond de la vallée quand<br />
j’ai aperçu deux poteaux. Les clôtures enneigées<br />
représentent le danger numéro un dans<br />
le Jura. Mais puisqu’on voyait des traces dans<br />
la neige, j’ai pensé qu’il n’y avait pas de problème.<br />
On se doute de ce qui suit : les deux<br />
skis sous la clôture et le skieur par-dessus.<br />
J’ai senti une douleur dans la nuque, mais<br />
suis tout de même redescendu à ski dans la<br />
vallée et rentré à la maison en train. Bien que<br />
j’ai dû porter un corset pendant trois mois,<br />
je n’ai souffert d’aucune lésion durable : une<br />
seconde vie m’a été offerte !<br />
La fièvre de la montagne s’est emparée de moi<br />
lorsque j’ai passé la nuit dans une cabane du<br />
CAS avec mes parents et mon cousin à l’âge<br />
de 13 ans. Tôt le matin, des bruissements se<br />
sont fait entendre dans le dortoir : les premiers<br />
occupants se mettaient en route. Je voyais le<br />
jour se lever et ne tenais plus en place dans<br />
mon lit. Mon père pensait que la meilleure façon<br />
pour que j’apprenne l’alpinisme était de<br />
m’inscrire aux OJ du CAS, où des randonnées<br />
à ski étaient également au programme.<br />
J’ai escaladé mon premier 4000 à l’âge de<br />
15 ans. Depuis lors, la liste n’a cessé de s’allonger.<br />
J’avais entendu parler d’alpinistes qui<br />
avaient gravi tous les 4000 de Suisse – objectif<br />
que j’ai atteint à 26 ans. Le dernier<br />
4000 que j’ai escaladé était la<br />
Dent d’Hérens, située à l’ombre<br />
du Cervin. Pour être honnête,<br />
j’étais quelque peu soulagé : l’obsession<br />
de réaliser mon objectif<br />
était partie et je pouvais être à<br />
nouveau plus créatif. Plus tard,<br />
j’ai entendu que Karl Blodig avait<br />
dompté les 61 principaux sommets<br />
des Alpes. Je ne connaissais<br />
encore personne qui avait<br />
réussi cet exploit. En 2004, j’ai<br />
gravi l’Aiguille Blanche de Peuterey, dernier<br />
sommet sur ma liste. Aujourd’hui, je n’ai plus<br />
de but fixe : chaque nouvelle sortie est une<br />
cerise sur le gâteau.<br />
Bien que j’aie eu du succès dans le domaine<br />
de l’alpinisme, ça n’a pas toujours été le cas<br />
dans ma vie professionnelle. En effet, j’ai<br />
vécu trois longues périodes de chômage. Il<br />
en est pourtant ressorti quelque chose : je<br />
suis souvent parti en montagne avec le guide<br />
de montagne Daniel Silbernagel. Ses esquisses<br />
à l’arrière de la carte 1:25 000 remplacent<br />
n’importe quelle description de randonnée.<br />
Quelques années plus tard, il avait<br />
publié, avec mon aide, trois guides de haute<br />
montagne dans sa propre maison d’édition<br />
pour le Valais, les Alpes bernoises et les<br />
Alpes grisonnes.<br />
TEXTE : MIA HOFMANN<br />
PHOTO : MÀD<br />
48<br />
Impressum<br />
« inspiration », le journal des clients de<br />
Bächli Sports de Montagne SA paraît<br />
4 x par an et il est disponible gratuitement<br />
dans tous nos magasins.<br />
Tirage : 90‘000 exemplaires.<br />
Éditeur<br />
Bächli Sports de Montagne SA<br />
Gewerbestrasse 12, 8606 Nänikon<br />
Téléphone 0848 448 448 (8 cts/min)<br />
E-mail info@baechli-bergsport.ch<br />
Rédaction et mise en page<br />
outkomm gmbh<br />
Eichbergerstrasse 60, 9452 Hinterforst<br />
Téléphone 071 755 66 55<br />
E-mail info@outkomm.com<br />
Impression<br />
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Pfarrmatte 6, 8807 Freienbach<br />
Téléphone 055 415 34 34<br />
E-mail info@bruhin-druck.ch<br />
Copyright<br />
Toutes les contributions sont protégées<br />
par le droit d’auteur. Toute utilisation<br />
sans le consentement de l’éditeur est<br />
interdite et amendable. Ceci s’applique<br />
en particulier aux reproductions, traductions,<br />
microfi lms, stockage ou diffusion<br />
au moyen de systèmes électroniques et<br />
multimédia.
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