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Square Viger – paysage hybride<br />
Histoire d’une opération<br />
de transformation délicate<br />
Mathieu Casavant, Josée Labelle,<br />
Michel Langevin et Mélanie Mignault<br />
Architectes paysagistes <strong>AAPQ</strong>-AAPC<br />
MONTRÉAL<br />
Faisant l’objet de mobilisation citoyenne et de débats<br />
publics depuis quelques années, le réaménagement<br />
et la mise en valeur du square Viger constituent un<br />
des projets de legs associés au 375 e anniversaire de<br />
Montréal. L’annonce du projet, en juin 2015, provoque<br />
un débat inattendu et médiatisé, portant sur l’identité<br />
et la valeur de cet espace public, pourtant délaissé<br />
par les Montréalais. Plusieurs critiques portent sur le<br />
devenir du corpus d’œuvres d’art public qui caractérise<br />
le site depuis près de 40 ans.<br />
01<br />
En septembre 2015, la Ville de Montréal revoit sa stratégie. En<br />
réponse à la population et aux critiques, la Ville élabore avec<br />
l’Atelier Christian Thiffault et Relief Design un diagnostic portant<br />
sur l’îlot Daudelin et une vision dans laquelle une partie des œuvres<br />
sera conservée ou transformée.<br />
Bien que l’îlot Daudelin représente une pièce authentique et fortement<br />
identitaire dans sa composition originale, il fait partie d’un<br />
vaste ensemble urbain de quatre îlots contigus qui recouvrent l’autoroute<br />
et qui constituent le square Viger actuel. Or l’ensemble des<br />
aménagements du square sont appelés à être démantelés dans les<br />
années à venir, en raison des travaux majeurs d’entretien et d’imperméabilisation<br />
que nécessite le tunnel de l’autoroute Ville-Marie. Du<br />
coup, cette opération doit permettre le renouvellement du square,<br />
s’étalant sur les quatre îlots urbains qui le composent : une occasion<br />
de donner aux Montréalais un espace public du 21 e siècle.<br />
Compréhension holistique<br />
Devant ce fort potentiel, la Ville de Montréal, sous la responsabilité<br />
du Service des grands parcs, du verdissement et du mont Royal,<br />
détermine que le projet de réaménagement devra en priorité refléter<br />
une vision globale, portant sur le square entier. Les nouveaux aménagements<br />
viendront bonifier le projet de requalification de l’autoroute<br />
Ville-Marie : le Secteur Champ-de-Mars, qui comprend notamment<br />
le recouvrement partiel de l’autoroute afin d’aménager une nouvelle<br />
place publique aux abords de la station de métro Champ-de-Mars.<br />
Il est également proposé que l’œuvre de Charles Daudelin fasse<br />
partie d’une réflexion considérable de mise en valeur, tout en étant<br />
transposée dans une logique d’ensemble renouvelée. Cette opération<br />
visera un juste équilibre entre les préoccupations de conservation<br />
et de transformation.<br />
C’est sous cet angle que la Ville confie le mandat de plan d’aménagement<br />
et de mise en valeur du square Viger aux architectes paysagistes<br />
NIPPAYSAGE, avec le support et l’expertise d’une importante<br />
équipe multidisciplinaire. Lorsque la firme apprend qu'elle est bel<br />
et bien responsable du réaménagement de cette pièce urbaine<br />
névralgique, elle saisit vite l'ampleur du défi. La tâche sera colossale.<br />
Il ne faut que survoler les nombreux documents d’études, critiques,<br />
réflexions et propositions émises de ce haut lieu depuis sa fondation<br />
pour comprendre qu’il s’agit à la fois d’un lieu emblématique,<br />
mais aussi d’une construction complexe, caractérisée par plusieurs<br />
problématiques physiques, sociales et urbaines. À cet effet, NIP<br />
a notamment donné, avec le professeur Peter Jacobs, un atelier<br />
universitaire portant sur le sujet. Le square Viger, par son prestige et<br />
sa complexité, représente sans conteste un riche territoire d’intervention<br />
et d’exploration en termes d’aménagement urbain.<br />
38<br />
Paysages 2017