Le Parc-plage du Grand Montréal La Trame verte et bleue bonifiée Serge Poitras | Architecte paysagiste et urbaniste Manuel Bergeron | Designer urbain 46 Paysages 2017
MONTRÉAL Le plan directeur du Parc-plage du Grand Montréal couvre l’ensemble de la digue de la Voie maritime du Saint-Laurent, un espace peu connu des Montréalais. Reliant les villes de Saint-Lambert et de Sainte-Catherine, du côté du Grand Bassin de La Prairie, les futurs aménagements permettront de doter la région d’une infrastructure récréative majeure se déployant sur près de 20 km en milieux riverain et naturel. Ces aménagements inciteront une réappropriation du fleuve par la population et une bonification de la Trame verte et bleue du Grand Montréal. Mené en étroite concertation avec les représentants de la Communauté métropolitaine de Montréal, le plan directeur propose des concepts originaux et des solutions novatrices pour des espaces qui deviendront des lieux de destination plutôt que des lieux uniquement de passage et, par la même occasion, auront un impact positif sur l’image et l’identité du Grand Montréal. Un lieu à découvrir Les enjeux En empruntant la digue de la Voie maritime, nous découvrons instantanément un nouveau paysage montréalais, un nouveau regard sur le Grand Montréal et son vaste plan d’eau, le Grand Bassin de La Prairie. Cette mince bande de terre qui sépare la Voie maritime du Grand Bassin de La Prairie s’étend sur près de 15 kilomètres entre les villes de Saint-Lambert et de Sainte-Catherine. Ouvert aux cyclistes depuis les années 1980, ce parcours demeure méconnu du grand public. Quelques investissements ont déjà été réalisés pour faciliter l’accès à la digue et faire connaître ce lieu via les écluses de Saint-Lambert, les estacades du pont Champlain, et les écluses de Sainte-Catherine et le Récré-O-Parc, mais beaucoup reste à accomplir pour que ce lieu fasse partie d’un véritable réseau vert et bleu récréotouristique métropolitain. Le concept de parc-plage le long de la Voie maritime remonte au début des années 1980 avec le projet Archipel qui proposait une vision audacieuse sur le futur des plans d’eau de la région métropolitaine. L’objectif était de résoudre notamment les problèmes d’inondations et d’étiages, et de développer les potentiels liés aux usages sociaux, municipaux, écologiques et récréotouristiques. Parmi les interventions considérées, un énorme remblai, provenant de matériaux d’excavation du fleuve, était disposé tout au long de la digue, côté Grand Bassin de La Prairie, et formait une plage urbaine. Le projet a été abandonné en 1986, mais, en 2013, la Communauté métropolitaine de Montréal inscrit le développement d’un Parc-plage dans l’un des cinq projets métropolitains priorisés pour contribuer de manière significative à la mise en place de la Trame verte et bleue du Grand Montréal. Nos visites, nos analyses des lieux et nos rencontres avec les divers intervenants révèlent des potentiels et des contraintes qui ont dicté notre démarche de mise en valeur de la digue de la Voie maritime à des fins récréotouristiques et de conservation. Premièrement, le site offre peu ou pas d’infrastructures récréotouristiques actuellement, sauf une chaussée cyclable sur la partie supérieure de la digue et quelques aménagements de détente et d’accès à l’eau au début de la digue sur le territoire de Sainte-Catherine. Ce site présente cependant un potentiel remarquable grâce à ses magnifiques vues vers le plan d’eau du Grand Bassin de La Prairie, les îles aux Hérons, refuges d’oiseaux migrateurs, les rapides de Lachine, le nouveau pont Champlain et ses piles, le « skyline » du centre-ville de Montréal, la Voie maritime et le passage des bateaux, le Petit Bassin de La Prairie et ses îles et le Vieux-La Prairie. Deuxièmement, les berges le long de la digue, parfois naturalisées, parfois dénudées, font figure de grèves et de plages, et se prêtent favorablement à la promenade, à la détente, à la pêche et à plusieurs autres activités de plein air. Troisièmement, l’accès à la digue est limité. Trois points d’entrée terrestres, dont deux par le biais d’écluses, permettent d’accéder à la digue. Puis quelques quais, au bas de la digue dans le secteur Sainte-Catherine, donnent l’accès à des petits bateaux sur le Grand Bassin de La Prairie. Cependant, l’accès limité à la digue renforce la sensation d’être isolé du monde extérieur. Quatrièmement, malgré certains aspects limitatifs que nous venons d’évoquer, la digue permet d’accéder à un vaste plan d’eau, ignoré des Montréalais, qui a façonné la manière dont les communautés se sont développées en son pourtour. Enfin, il faut savoir que la digue est sous la juridiction fédérale de la Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent du Canada et que sa mise en valeur est assujettie à des règles strictes d’aménagement et d’opération. ≥ Le Parc-plage du Grand Montréal – La Trame verte et bleue bonifiée 47