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ALLOP_389_2017_07_03

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Bruits de CASSErOLE<br />

Le cocu battu<br />

La trentaine, vendeuse de pagnes et de<br />

bijoux, Laeticia est une femme battante.<br />

Son mari Léon, menuisier de<br />

profession ne peut qu’être fier d’elle.<br />

En tout cas, à Abobo-Samaké où ils habitent,<br />

c’est un couple sans histoires et un modèle<br />

de réussite. Mais en 2010, pendant la crise<br />

post-electorale, l’impensable se produit…<br />

Après dix ans de vie commune couronnés par<br />

trois charmants enfants, Laeticia est devenue<br />

une grande commerçante dans son quartier.<br />

Désormais, elle s’approvisionne au Ghana voisin.<br />

Femme fidèle à son mari, elle a toujours refusé<br />

les avances des hommes à la frontière. Cette<br />

jeune dame toujours souriante ne laisse aucun<br />

homme indifférent. A commencer par les douaniers<br />

en poste à la frontière ivoiro-ghanéenne.<br />

Mais chaque fois qu’ils lui font des avances, Laeticia<br />

les fait languir. Elle a toujours payé cash<br />

pour le dédouanement de ses marchandises.<br />

Léon peut dormir tranquille. Il a une bonne<br />

femme. Cette mère de famille de trois mômes est<br />

aussi un cordon bleu. Chaque fois qu’elle revient<br />

au pays, elle lui concocte des mets délicieux.<br />

Léon et les enfants les dégustent goulûment.<br />

Mais en novembre 2010, Laeticia annonce à son<br />

mari un voyage sur le Ghana. Un mois après, elle<br />

fait croire à son mari qu’elle est toujours au pays<br />

de Nanan Kuffuor Addo. Le temps passe et<br />

celui-ci s’inquiète. Par ces temps de deuxième<br />

tour de la présidentielle, il a peur que quelque<br />

chose de grave arrive à sa douce moitié. Leaticia<br />

lui fait croire qu’elle règle des détails concernant<br />

sa marchandise avant de venir.<br />

Mais trois mois plus tard, c’est le statu quo.<br />

Quand Léon veut aller chercher sa femme, celleci<br />

refuse sous prétexte qu'il court un grand<br />

risque en empruntant la route à cette période.<br />

Effectivement, la crise post électorale avait déjà<br />

commencé. Et il était vraiment risqué de prendre<br />

la route du Ghana. Leaticia le rassure en lui<br />

disant que dès que la crise prendra fin, elle rentrera.<br />

Léon lui fait des bénédictions afin que<br />

l’Eternel des armées la protège. La femme en formule<br />

aussi pour la famille.<br />

On en est là quand, fin juin 2011, un ami à Léon,<br />

électricien en bâtiment se rend à Yopougon-<br />

Niangon pour faire un travail chez un militaire.<br />

Surprise ! Il découvre Laeticia en train de faire<br />

la lessive chez le voisin de son hôte. Pagne noué<br />

autour des reins, elle vient sécher ses vêtements<br />

quand leurs regards se croisent. « Mais, c’est<br />

Laeticia ! Tu fais quoi ici alors que ton mari te<br />

cherche depuis des mois ? », lui demande-t-il.<br />

Couverte de honte, elle lui fait croire qu’elle est<br />

au chevet d’une parente malade. Mais quand<br />

l’ami de Léon demande à saluer le fameux parent,<br />

Laeticia refuse catégoriquement.<br />

L’électricien finit son job et rentre chez lui. Après<br />

quoi, il va rencontrer son ami pour tout lui raconter.<br />

Léon n’en croit pas ses oreilles. Il veut<br />

d’abord voir pour croire.<br />

Ainsi, le lendemain, ils débarquent chez le douanier.<br />

Les deux amis vont encore surprendre Laeticia<br />

cette fois en train de préparer une sauce<br />

graine devant la porte. Dès qu’elle aperçoit son<br />

Léon chéri, elle s’enfuit pour aller se cacher dans<br />

la maison. Léon y fonce aussi. Mais il est freiné<br />

dans ses ardeurs par le maître des lieux. Le<br />

douanier lui demande qui est-il et ce qu’il vient<br />

faire chez lui. « Je suis son mari. Depuis des<br />

mois, je la cherchais, or elle est venue fonder un<br />

autre foyer ici. Je suis venu chercher ma femme<br />

», déclare-t-il, tout irrité.<br />

Le douanier demande à Laeticia qui nie tout.<br />

Pour elle, Léon n’a jamais été son mari. « Il ne<br />

m’a jamais dotée ni mariée, je suis libre de vivre<br />

avec qui je veux », tranche-t-elle. Léon est<br />

sonné. « Mais chérie, on était convenus de nous<br />

marier en 2011. Mais tu as disparu en novembre<br />

2010. Tu m’as trahi. Fais tes valises, on va rentrer<br />

à la maison », ordonne -t-il.<br />

Fâché, le douanier somme Léon de quitter les<br />

lieux s’il ne veut pas être corrigé. Léon s’entête<br />

et les deux hommes s’empoignent. Léon ne fait<br />

pas le poids. Son ami non plus ne peut grand<br />

chose. C’est la chemise et le pantalon en lambeaux<br />

que Léon rentre chez lui. Sans Laeticia.<br />

Voilà comment le divorce a été consommé entre<br />

Laeticia et Léon. Cette femme avait fini par accepter<br />

les avances de ce douanier, alors qu’elle<br />

revenait du Ghana. Ce dernier qui était célibataire<br />

a mis les moyens qu’il fallait pour faire<br />

d’elle sa concubine. Sans état d’âme, elle abandonne<br />

son homme et ses enfants. Ah, les<br />

femmes !<br />

Koné Sibirinan<br />

10 • ALLO POLICE ! N°<strong>389</strong> du <strong>03</strong> au 09 juillet <strong>2017</strong>

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