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ALLOP_389_2017_07_03

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à la<br />

LOUPE<br />

confessions chocs<br />

D’ UN BRAQUEUR REPENTI<br />

Cela fait une heure que j’attends cet homme. Un ancien braqueur. Il est 22 heures<br />

35 ce vendredi dans ce quartier précaire de Yopougon. Un<br />

jeune homme arrive<br />

vers moi. Le visage sombre, la démarche nonchalante et me dit : « Tu veux voir le<br />

kôrô ? Suis-moi ». Cinq minutes de marche et nous voilà devant v six autres personnes.<br />

Tous semblent être au service du kôrô, devenu depuis quelques années homme d’af-<br />

a faires (?). Ensemble, on se dirige enfin vers celui qui passe pour être un ancien queur. L’homme a accepté de jeter un regard rétrospectif rospectif<br />

sur ses activités<br />

répréhensibles qu’il a menées pendant six années. Et dans lesquelles il a régulièrement<br />

côtoyé la mort. Confidences<br />

bra-<br />

!<br />

Pourquoi as-tu décidé de devenir braqueur ?<br />

Je n’ai pas décidé de devenir braqueur. Ce sont les circonstances<br />

de la vie qui m’ont obligé à le devenir.<br />

Explique !<br />

C’est à la faveur de la crise militaro-politique en 2002<br />

que je suis arrivé à Abidjan. J’ai laissé mes parents au<br />

village et je me suis retrouvé au quartier Doukouré à<br />

Yopougon chez un oncle. Mais après y avoir passé une<br />

année, la femme de mon oncle m’a créé trop de problèmes.<br />

J’ai dû quitter la maison.<br />

C’était quoi exactement ces problèmes ?<br />

Elle avait deux enfants. Mais chaque fois que l’argent se<br />

perdait dans la maison, c’est moi qu’elle accusait. Et cela<br />

créait des palabres. C’est en m’adonnant au cirage de<br />

chaussures à la Siporex que j’ai fait la connaissance d’un<br />

“vieux-père’’. On s’est rencontrés à deux reprises à Siporex.<br />

Et depuis, on est devenus des amis. Il était très gentil.<br />

Un jour, j’ai décidé de lui expliquer les problèmes auxquels<br />

j’étais confronté. Il n’a pas hésité à me dire de venir<br />

vivre avec lui.<br />

Il vivait où ?<br />

Il habitait le quartier Millionnaire. Quand je suis arrivé<br />

chez lui, j’étais impressionné par le luxe dans lequel il vivait.<br />

J’étais devenu son “bon petit”. Il vivait seul. Quand<br />

il sortait de la maison, il pouvait n’y revenir que deux<br />

ou trois jours après. Il me disait qu’il était sur des chantiers.<br />

Et quand il revenait, il me donnait de l’argent.<br />

Beaucoup d’argent. J’ai passé deux années avec lui. Et<br />

en deux ans, nous avons déménagé quatre fois. Un jour<br />

de l’année 2004, il m’a envoyé sur la route de Bassam.<br />

En bordure de mer. Là-bas, il m’a présenté à trois de ses<br />

amis. Et devant moi, ils se sont partagé plein de billets<br />

de banque.<br />

Quelle a été ta réaction ?<br />

Quand j’ai demandé à mon vieux-père où ils avaient enlevé<br />

tout cet argent, il a souri et m’a dit : « un jour, tu<br />

comprendras. » Et le jour où j’ai compris, c’est quand à<br />

force de lui poser trop de questions, il a sorti un pistolet<br />

et m’a dit que c’est cet objet qui le rend riche. Je ne sais<br />

pas ce qui s’était passé dans ma tête, mais je n’ai<br />

pas eu peur de voir un pistolet de plus près.<br />

J’étais plutôt curieux de savoir comment ment il s’y<br />

prenait. C’est comme ça que je l’ai suivi dans<br />

l’un de leurs braquages. Ça ressemblait à<br />

une formation. Plus tard, il m’a appris pris à<br />

me servir d’une arme. Malheureuse-eusement,<br />

en 2006, il a été tué au cours d’un<br />

braquage. Du coup, je me suis retrouvé<br />

seul dans une maison qui coûtait 150<br />

000 francs le mois. Au moment où jee<br />

m’apprêtais à quitter définitivementt<br />

cette maison, deux de ses amis sontt<br />

arrivés à la maison. Ils m’ontt<br />

convaincu de rejoindre le gang. g.<br />

Puisque je les avais déjà suivis dans<br />

un braquage. Ils m’ont assuré qu’ils<br />

s’occuperaient du loyer.<br />

Et quelle a été ta réaction ?<br />

Au début, je ne voulais pas les suivre.<br />

Mais ils m’ont dit qu’il fallait<br />

que j’honore la mémoire de mon<br />

vieux-père en rejoignant le gang.<br />

Avec des menaces à peine voilées.<br />

C’est comme ça que j’ai rejoint le<br />

gang. Je me droguais pour tenir le<br />

coup. J’ai quitté finalement la maison<br />

pour aller vivre dans un studio<br />

qui revenait deux fois moins cher. Je<br />

faisais désormais partie de ce gang.<br />

Comment vos braquages étaient préparés r és<br />

?<br />

Quand on devait, par exemple, braquer<br />

une agence de transfert d’argent, puisque<br />

c’était notre spécialité, deux membres du<br />

groupe allaient sur le terrain pour faire le repérage.<br />

Ça pouvait prendre deux ou trois jours.<br />

Parce qu’il fallait voir si l’endroit était surveillé<br />

par un agent de sécurité ou si cet endroit recevait<br />

beaucoup de clients… Ou encore connaître naître les heures<br />

de grande d’affluence et les heures de faible affluence.<br />

« On lou<br />

armes à 2<br />

la jour<br />

> J’AI PARTICIPÉ À 12<br />

ET FAIT 7 FOIS LA<br />

> MES ANCIENS PARTENA<br />

M’ASSASSIN<br />

> LA POLICE NOUS A BEAU<br />

> JE NE CONSEILLE À P<br />

DE DEVENIR BRAQ<br />

12 • ALLO POLICE ! N°<strong>389</strong> du <strong>03</strong> au 09 juillet <strong>2017</strong>

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