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à la<br />
LOUPE<br />
confessions chocs<br />
D’ UN BRAQUEUR REPENTI<br />
Cela fait une heure que j’attends cet homme. Un ancien braqueur. Il est 22 heures<br />
35 ce vendredi dans ce quartier précaire de Yopougon. Un<br />
jeune homme arrive<br />
vers moi. Le visage sombre, la démarche nonchalante et me dit : « Tu veux voir le<br />
kôrô ? Suis-moi ». Cinq minutes de marche et nous voilà devant v six autres personnes.<br />
Tous semblent être au service du kôrô, devenu depuis quelques années homme d’af-<br />
a faires (?). Ensemble, on se dirige enfin vers celui qui passe pour être un ancien queur. L’homme a accepté de jeter un regard rétrospectif rospectif<br />
sur ses activités<br />
répréhensibles qu’il a menées pendant six années. Et dans lesquelles il a régulièrement<br />
côtoyé la mort. Confidences<br />
bra-<br />
!<br />
Pourquoi as-tu décidé de devenir braqueur ?<br />
Je n’ai pas décidé de devenir braqueur. Ce sont les circonstances<br />
de la vie qui m’ont obligé à le devenir.<br />
Explique !<br />
C’est à la faveur de la crise militaro-politique en 2002<br />
que je suis arrivé à Abidjan. J’ai laissé mes parents au<br />
village et je me suis retrouvé au quartier Doukouré à<br />
Yopougon chez un oncle. Mais après y avoir passé une<br />
année, la femme de mon oncle m’a créé trop de problèmes.<br />
J’ai dû quitter la maison.<br />
C’était quoi exactement ces problèmes ?<br />
Elle avait deux enfants. Mais chaque fois que l’argent se<br />
perdait dans la maison, c’est moi qu’elle accusait. Et cela<br />
créait des palabres. C’est en m’adonnant au cirage de<br />
chaussures à la Siporex que j’ai fait la connaissance d’un<br />
“vieux-père’’. On s’est rencontrés à deux reprises à Siporex.<br />
Et depuis, on est devenus des amis. Il était très gentil.<br />
Un jour, j’ai décidé de lui expliquer les problèmes auxquels<br />
j’étais confronté. Il n’a pas hésité à me dire de venir<br />
vivre avec lui.<br />
Il vivait où ?<br />
Il habitait le quartier Millionnaire. Quand je suis arrivé<br />
chez lui, j’étais impressionné par le luxe dans lequel il vivait.<br />
J’étais devenu son “bon petit”. Il vivait seul. Quand<br />
il sortait de la maison, il pouvait n’y revenir que deux<br />
ou trois jours après. Il me disait qu’il était sur des chantiers.<br />
Et quand il revenait, il me donnait de l’argent.<br />
Beaucoup d’argent. J’ai passé deux années avec lui. Et<br />
en deux ans, nous avons déménagé quatre fois. Un jour<br />
de l’année 2004, il m’a envoyé sur la route de Bassam.<br />
En bordure de mer. Là-bas, il m’a présenté à trois de ses<br />
amis. Et devant moi, ils se sont partagé plein de billets<br />
de banque.<br />
Quelle a été ta réaction ?<br />
Quand j’ai demandé à mon vieux-père où ils avaient enlevé<br />
tout cet argent, il a souri et m’a dit : « un jour, tu<br />
comprendras. » Et le jour où j’ai compris, c’est quand à<br />
force de lui poser trop de questions, il a sorti un pistolet<br />
et m’a dit que c’est cet objet qui le rend riche. Je ne sais<br />
pas ce qui s’était passé dans ma tête, mais je n’ai<br />
pas eu peur de voir un pistolet de plus près.<br />
J’étais plutôt curieux de savoir comment ment il s’y<br />
prenait. C’est comme ça que je l’ai suivi dans<br />
l’un de leurs braquages. Ça ressemblait à<br />
une formation. Plus tard, il m’a appris pris à<br />
me servir d’une arme. Malheureuse-eusement,<br />
en 2006, il a été tué au cours d’un<br />
braquage. Du coup, je me suis retrouvé<br />
seul dans une maison qui coûtait 150<br />
000 francs le mois. Au moment où jee<br />
m’apprêtais à quitter définitivementt<br />
cette maison, deux de ses amis sontt<br />
arrivés à la maison. Ils m’ontt<br />
convaincu de rejoindre le gang. g.<br />
Puisque je les avais déjà suivis dans<br />
un braquage. Ils m’ont assuré qu’ils<br />
s’occuperaient du loyer.<br />
Et quelle a été ta réaction ?<br />
Au début, je ne voulais pas les suivre.<br />
Mais ils m’ont dit qu’il fallait<br />
que j’honore la mémoire de mon<br />
vieux-père en rejoignant le gang.<br />
Avec des menaces à peine voilées.<br />
C’est comme ça que j’ai rejoint le<br />
gang. Je me droguais pour tenir le<br />
coup. J’ai quitté finalement la maison<br />
pour aller vivre dans un studio<br />
qui revenait deux fois moins cher. Je<br />
faisais désormais partie de ce gang.<br />
Comment vos braquages étaient préparés r és<br />
?<br />
Quand on devait, par exemple, braquer<br />
une agence de transfert d’argent, puisque<br />
c’était notre spécialité, deux membres du<br />
groupe allaient sur le terrain pour faire le repérage.<br />
Ça pouvait prendre deux ou trois jours.<br />
Parce qu’il fallait voir si l’endroit était surveillé<br />
par un agent de sécurité ou si cet endroit recevait<br />
beaucoup de clients… Ou encore connaître naître les heures<br />
de grande d’affluence et les heures de faible affluence.<br />
« On lou<br />
armes à 2<br />
la jour<br />
> J’AI PARTICIPÉ À 12<br />
ET FAIT 7 FOIS LA<br />
> MES ANCIENS PARTENA<br />
M’ASSASSIN<br />
> LA POLICE NOUS A BEAU<br />
> JE NE CONSEILLE À P<br />
DE DEVENIR BRAQ<br />
12 • ALLO POLICE ! N°<strong>389</strong> du <strong>03</strong> au 09 juillet <strong>2017</strong>