You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
la ronde DES TrIBUNAUx<br />
TrIBUNAL<br />
MILITAIrE<br />
rentrée judiciaire <strong>2017</strong>-2018<br />
Un nouveau magistrat prête serment<br />
Le ministre de la Défense, Alain Donwahi (au centre) était présent à la rentrée judiciaire du tribunal<br />
militaire d’Abidjan.<br />
La cérémonie s'est déroulée le 29 juin dernier dans la salle<br />
des conférences de l'état-major des armées. Une cérémonie<br />
qui a enregistré la présence du ministre de la Défense<br />
auprès du président de la République, Alain Donwahi; du<br />
chef d'état-major, du commissaire du gouvernement, de<br />
madame le premier président de la Cour d'appel d'Abidjan.<br />
Après la lecture de l'arrêté de sa nomination, le magistrat Adou Sylvain<br />
a prêté serment devant le premier président de la cour d'appel<br />
d'Abidjan, madame Allah Kouadio. Le magistrat Adou Sylvain venait<br />
ainsi de grossir le rang des magistrats du tribunal militaire<br />
d'Abidjan.<br />
Le commissaire du gouvernement Ange Kessi a pris par la suite la<br />
parole pour remercier le ministre de la Défense pour l'intérêt qu'il<br />
accorde au Tribunal militaire d'Abidjan. Au nouveau magistrat, il<br />
a prodigué de sages conseils.<br />
Puis maître Coulibaly Nambégué, représentant le bâtonnier de l'ordre<br />
des avocats, a pris la parole à son tour pour entretenir le nouveau<br />
magistrat sur les tâches qui l'attendent dans l'exercice de sa<br />
fonction. Le commissaire du gouvernement a par la suite repris la<br />
parole pour rappeler l'éthique du métier de militaire. A savoir la<br />
loyauté, la discipline, le respect des droits de l'homme, l'honnêteté.<br />
Il s'est, par ailleurs, prononcé sur le bahutage qui a cours dans les<br />
écoles de formation militaire et qui entraîne souvent des morts.<br />
Des pratiques qui seront désormais sanctionnées par le tribunal<br />
militaire. Car selon lui, la formation militaire n'est pas une punition.<br />
Vision corroborée par le ministre de la Défense. Enfin madame<br />
le premier Président a clors la cérémonie et déclaré ouvertes<br />
les audiences correctionnelles et criminelles du tribunal militaire<br />
d'Abidjan.<br />
D. Kara<br />
mutinerie de janvier<br />
Depuis 2011, le tribunal militaire<br />
invite les journalistes<br />
tous les trois mois pour faire<br />
le point de ses activités. C'est<br />
dans ce cadre que le commissaire<br />
du gouvernement a invité les journalistes<br />
au siège du tribunal militaire au<br />
17ème étage de la tour A, le 27 juin dernier.<br />
Il s’est agi pour le commissaire du gouvernement<br />
Ange Kessi de se prononcer sur<br />
les enquêtes menées sur des faits qui ont<br />
eu lieu depuis janvier <strong>2017</strong>. Objectif pour<br />
le commissaire du gouvernement, lutter<br />
contre l’impunité et placer ainsi tous les<br />
citoyens ivoiriens sur le même pied d’égalité<br />
en matière de justice.<br />
Le procureur militaire a, en premier lieu,<br />
parlé des cas de racket. Il a rappelé que le<br />
tribunal militaire ne se lassera pas de traquer<br />
les racketteurs tant qu’il en existera.<br />
Il a actuellement 19 dossiers concernant<br />
le racket impliquant 27 personnes qui<br />
passeront très prochainement en jugement.<br />
En ce qui concerne les violences basées<br />
sur le genre (viols, coups et blessures…), le<br />
commissaire du gouvernement a souligné<br />
que le tribunal militaire n’a pas enregistré<br />
de plainte depuis janvier.<br />
Par ailleurs, Ange Kessi s'exprimant sur<br />
les mouvements d’humeur des militaires<br />
au mois de janvier et de mai, a expliqué<br />
que des enquêtes ont été menées. Pour les<br />
événements de janvier, l’enquête est terminée<br />
et 2 gendarmes ont été arrêtés<br />
5 gendarmes arrêtés<br />
pour vol de véhicule et 3 autres pour homicide.<br />
Pour ce qui concerne la mutinerie<br />
de mai, l’enquête est encore en cours. A<br />
cet effet, le parquet militaire a reçu 2<br />
plaintes. Une pour vol de véhicule et l'autre<br />
pour homicide.<br />
Le commissaire du gouvernement a par la<br />
suite ouvert le chapitre des bavures commises<br />
par les forces de l’ordre à Abobo et<br />
à Arrah, qu’il considère désormais comme<br />
des crimes à la lumière des enquêtes qui<br />
ont été menées. D’abord à Abobo, en mars<br />
<strong>2017</strong>, où le sergent chef Koudougnon<br />
Bolou a mortellement atteint par balle<br />
dame Kéita.<br />
Puis le cas d’Arrah sur lequel le commissaire<br />
du gouvernement s'est étendu longuement.<br />
En effet, 5 agents de la Société<br />
ivoirienne de pompes funèbres (Sipofu) et<br />
leur chauffeur, pris pour des braqueurs,<br />
ont été tués par des gendarmes de la brigade<br />
d’Arrah le 27 mai dernier. Seul rescapé,<br />
Gueu Joël Anicet a réussi à fuir. Les<br />
6 gendarmes mis en cause ont été déférés<br />
devant le parquet militaire et confiés à un<br />
cabinet pour instruction.<br />
Pour les faits, le commandant de brigade<br />
de la gendarmerie d’Arrah a reçu un message<br />
de Kouadio. Ce dernier informait le<br />
commandant qu’un braquage a eu lieu<br />
dans un village du département d’Arrah.<br />
Le commandant instruit alors un de ses<br />
éléments postés à Kotobi à l'effet de vérifier<br />
l’information. Au même moment, les<br />
gendarmes déjà sur le lieu, lui disent<br />
qu’effectivement il y a eu braquage. Et<br />
qu’ils sont avec les victimes. Mais les 2<br />
braqueurs ont fui par la brousse. « Donc<br />
les vrais braqueurs étaient à pied et non<br />
en voiture », a précisé le procureur militaire.<br />
Mais le commandant va recevoir un<br />
autre message, l’informant de ce que<br />
selon des jeunes du village, deux véhicules<br />
se dirigent vers Arrah. Mais l’informateur<br />
n’est pas formel que les occupants<br />
sont ceux qui venaient de perpetrer le<br />
braquage.<br />
Mais le commandant qui se trouvait à<br />
Arrah à une cérémonie demande à son<br />
adjoint de l’accompagner. Ils empruntent<br />
son véhicule personnel pour partir à l’assaut<br />
des présumés braqueurs.<br />
Est-ce que le Cb a vérifié l’information ?<br />
Toujours est-il que monsieur Kouadio qui<br />
a donné l’information a dit, selon le procès<br />
verbal : « Je n’ai jamais dit au commandant<br />
que les bandits étaient dans la<br />
Toyota Pik up »<br />
Pourquoi le Cb a déclaré les occupants du<br />
véhicule comme étant des braqueurs ?<br />
Qui a donc informé le Cb que les deux véhicules<br />
transportaient des braqueurs<br />
alors que l’information donnée par les<br />
victimes elles-mêmes était claire ? Les<br />
braqueurs étaient à pieds. Et quand ils ont<br />
pris les 32 millions, ils ont fui en brousse<br />
à pieds. Comment le Cb a-t-il pu transformer<br />
cette information ? A quel moment<br />
les 2 braqueurs sont-ils devenus 7 personnes<br />
à bord de 2 véhicules ? Telles sont<br />
les questions que les enquêteurs ont posées<br />
aux mis en cause.<br />
Quand ils sont arrivés au niveau des bandits,<br />
le Cb a dit à son adjoint de tirer en<br />
l’air. Ce que ce dernier a fait. Mais là où ils<br />
ne s’accordent pas, c’est que le Cb a expliqué<br />
aux enquêteurs que les occupants du<br />
véhicule ont riposté par des tirs. Son adjoint<br />
a déclaré le contraire. Ils les ont alors<br />
suivi jusqu'au centre ville où ils ont arrêté<br />
la Pick Up et demandé aux occupants de<br />
sortir. Ce que ces derniers ont fait. Mais le<br />
commandant a sorti son pistolet pour les<br />
abattre un à un.<br />
Pour le procureur, les mis en cause<br />
n’étaient pas en légitime défense comme<br />
ils le prétendent. Car les victimes<br />
n’étaient pas armées.<br />
6 gendarmes de la brigade d’Arrah dont le<br />
commandant et son adjoint ont donc été<br />
arrêtés dans cette affaire et déférés devant<br />
le parquet militaire. Ils sont poursuivis<br />
pour homicide volontaire.<br />
« Je dis Yako aux parents », a dit le procureur<br />
militaire avant d’ajouter que les<br />
corps sont disponibles à Ivosep. Les parents<br />
étaient présents à cette conférence<br />
de presse.<br />
Le commissaire du gouvernement a également<br />
informé le public qu’à partir du<br />
mardi 4 juillet, il y aura les journées<br />
portes ouvertes du tribunal militaire au<br />
cours desquelles les magistrats pourront<br />
être consultés gratuitement. Il a donc invité<br />
les populations à venir massivement<br />
afin de connaître le fonctionnement du<br />
tribunal militaire.<br />
D. Kara<br />
8 • ALLO POLICE ! N°<strong>389</strong> du <strong>03</strong> au 09 juillet <strong>2017</strong>