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principes, mais pas encore la date exacte ni<br />
le nombre final de lièvres et quelques autres<br />
paramètres de ce type. Car au-delà du story<br />
telling, le projet Breaking 2 est fantastiquement<br />
bien ficellé. Tous les paramètres qui peuvent<br />
permettre de faire gagner du temps au<br />
coureur « élu » sont étudiés : on met donc<br />
toutes les chances pour battre, ou approcher,<br />
cette barrière qui semble encore inaccessible<br />
dans une course classique.<br />
La tentative, où tout est donc optimisé au plus<br />
haut point, a été donc très suivie. Surtout,<br />
même si la barrière des deux heures a finalement<br />
résisté, la performance finale est tellement<br />
impressionnante qu’elle frappe les<br />
esprits et va couronner le succès global de<br />
l’opération sur le plan sportif et dans la communication.<br />
Eliud Kipchoge n’est donc pas<br />
(encore) le premier homme à courir 42,195 km<br />
en moins de deux heures, mais Nike a gagné<br />
la bataille des « sub 2 », laissant ses adversaires<br />
loin derrière. Pour l’instant en tout cas.<br />
De telles conditions mises en place pour un<br />
marathon masculin étaient totalement inédites.<br />
Elles posent de nombreuses questions,<br />
dont celle de l’éthique sportive, puisqu’en<br />
organisant et en médiatisant une tentative<br />
non homologable, Nike s’affranchit de toutes<br />
les règles internationales régissant le marathon.<br />
Y compris, diront les plus pessimistes,<br />
celles du dopage. Mais c’est aussi peut-être<br />
une nouvelle ère des records que nous avons<br />
vus naître ici. En effet, une telle optimisation<br />
des paramètres de la performance, matériel,<br />
conditions, est rare. Certes, sur la piste<br />
d’athlétisme, les conditions sont souvent parfaites<br />
pour les records en demi-fond (lièvres<br />
qui emmènent le plus longtemps possible la<br />
course, repères visuels, musique, absence de<br />
vent et ambiance…), mais dans d’autres spécialités,<br />
on n’a encore sans doute pas tout vu.<br />
Pourquoi ne pas penser à un saut en longueur<br />
sans planche, où le saut serait mesuré sur<br />
le point d’impulsion réel, ou bien à un départ<br />
de sprint sans starter et mesuré au départ<br />
réel de l’athlète ? À une époque où certains<br />
records (voir notre dossier « Les limites<br />
humaines », <strong>Wider</strong> n° 31) semblent insurpassables,<br />
c’est peut-être de ces améliorations<br />
technologiques que la progression<br />
continuera, pour préserver l’intérêt des fans…<br />
ENQUÊTE 29<br />
On peut bien sûr se demander ce qu’une tentative<br />
équivalente aurait donné avec une<br />
athlète féminine de pointe dûment préparée<br />
et emmenée. Mais le contexte du marathon<br />
féminin mondial est moins excitant : aucune<br />
véritable barrière symbolique en vue, si ce<br />
n’est celle des 2 h 15.<br />
Un temps frôlé de près par l’actuelle recordwoman<br />
du monde, l’Anglaise Paula Radcliffe,<br />
en 2003 avec 2 h 15’ 25”. Une performance<br />
fantastique qui n’a pas été approchée depuis.<br />
Il est à noter aussi que Radcliffe avait alors<br />
bénéficié de lièvres (des hommes kenyans)<br />
pendant l’ensemble de la course, son record<br />
dans une course purement féminine, et donc<br />
sans lièvre, étant plus de deux minutes inférieur<br />
(ce record « sans hommes » a d’ailleurs<br />
été amélioré de quelques secondes cette<br />
année, à Londres, par la Kenyane Mary<br />
Keitany). On peut tout à fait se risquer à un<br />
parallèle avec le gain observé sur la performance<br />
de Kipchoge en course normale et dans<br />
les conditions « Breaking 2 », puisqu’une<br />
course « emmenée » jusqu’au bout n’avait<br />
encore jamais eu lieu chez les hommes… W<br />
LES GRANDES ÉVOLUTIONS DU<br />
RECORD DU MONDE<br />
DU MARATHON<br />
1896<br />
Spiridon<br />
Louys (GRE)<br />
02:59<br />
1908<br />
Johny Hayes<br />
(EU)<br />
02:55<br />
1913<br />
Harry<br />
Green (GB)<br />
02:38 16<br />
1920<br />
Hannes<br />
Kolehmainen<br />
(GB)<br />
02:32 35<br />
1936<br />
Son Ki<br />
Chung<br />
(CDS/ JAP)<br />
02:26 42<br />
1954<br />
Jim Peters<br />
(GB)<br />
02:17 39<br />
1964<br />
Abebe Bikila<br />
(ETH)<br />
02:12 15<br />
1963<br />
Léonard<br />
Edelen<br />
(EU)<br />
02:14 28<br />
1969<br />
Derek<br />
Clayton<br />
(AUS)<br />
02:08 33<br />
1988<br />
Belayneh<br />
Dinsamo<br />
(ETH)<br />
02:06 50<br />
2004<br />
Paul Tergat<br />
(KEN)<br />
02:04 55<br />
2014<br />
Denis<br />
Kimetto<br />
(KEN)<br />
02:02 57<br />
<strong>2017</strong><br />
Eliud<br />
Kipchoge<br />
(KEN)<br />
02:00 24*<br />
*record non officiel<br />
1985<br />
Carlos<br />
Lopes<br />
(POR)<br />
02:07 12<br />
2008<br />
Haile<br />
Gebreselassie<br />
( ETH)<br />
02:03 59<br />
2002<br />
Khalid<br />
Khanouchi<br />
(EU)<br />
02:05 38