Surf Session 2017
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© DEREGNIEAUX<br />
LIONEL HERPHELIN<br />
LE BÛCHERON DE LA MER<br />
DES ARBRES QU’IL ÉLAGUE À LONGUEUR DE JOURNÉE, LIONEL RÉCUPÈRE LA MATIÈRE PREMIÈRE POUR PRODUIRE<br />
SES HANDPLANES. UNE DEMARCHE AUSSI NATURELLE QUE LA GLISSE QU’IL PRÔNE, AVEC POUR SEUL ARTIFICE<br />
CE BOUT DE BOIS SUBTILEMENT FAÇONNÉ.<br />
TEXTE ET PHOTO THOMAS DEREGNIEAUX<br />
Le cyprès est devenu mon bois préféré, il est<br />
agréable à travailler, dégage une odeur très plaisante<br />
dans l’atelier et ses variantes de couleurs<br />
sont incroyables », raconte Lionel Herphelin,<br />
technicien-arboriste (comprenez élagueur) de<br />
métier et shaper de handplanes par passion.<br />
À 37 ans, ce Ch’ti de souche vit désormais dans le Morbihan,<br />
où il s’attache à la production de ces petites planches en bois<br />
massif. Plus que le surf, c’est le bodysurf qui attire Lionel : « C’est<br />
venu naturellement », confie-t-il. « Avec le bodysurf, j’ai découvert<br />
des sensations différentes, c’est plus accessible et j’y trouve un sentiment<br />
de liberté et de pureté. » Plus jeune, après un stage à l’Office<br />
national des forêts de Guadeloupe, son intérêt pour l’océan et le<br />
bois ne sont que décuplés. De retour en métropole, son premier<br />
job l’amène dans les Landes (« La Gravière et les Culs Nus, c’est<br />
parfait pour le bodysurf ! ») avant de débarquer en Bretagne. « Là,<br />
j’ai enfin fait une connexion entre ma passion et mon travail. »<br />
Lionel utilise différents types de bois comme le cyprès ou l’orme<br />
pour construire ses planches. « Il y a cinq ans, j’ai shapé trois<br />
handplanes, deux pour les frères Lodin et un pour moi. » C’est la<br />
naissance du Bûcheron : « Le travail du bois est une histoire de<br />
patience. C’est une matière vivante, qui libère beaucoup d’énergie ».<br />
Le processus est immuable : une fois les billes de bois sélectionnées<br />
et séchées (pendant trois ans !), Lionel peut enfin scier et<br />
shaper. « C’est la phase la plus passionnante : partir du bois brut,<br />
tracer, raboter, découper, poncer, regarder et recommencer pour<br />
obtenir une planche technique et esthétique. » Dans l’atelier, rien<br />
ne se perd : « Mes chutes de bois sont revalorisées en décoration,<br />
dessous de plats ou finissent dans le barbecue ! ».<br />
UN BOUT DE BOIS DANS LE CREUX<br />
Un handplane peut prendre de nombreuses formes différentes<br />
en fonction du type de vagues surfées du niveau du bodysurfeur.<br />
« Mes planchettes vont du modèle court et incisif pour les vagues<br />
creuses et rapides, au gros et large pour les vagues plus molles où il<br />
faut plus de portance ». L’artisan joue donc sur la largeur, l’épaisseur,<br />
la profondeur des rails et l’intensité du concave. Le shape<br />
abouti, ne reste plus qu’à décorer la planche selon les goûts et<br />
les couleurs de chacun. Lionel propose différentes décorations,<br />
inspirées par les bateaux, les phares et les ports bretons. Au<br />
final, un handplane représente trois à quatre heures de travail,<br />
auxquelles il faut rajouter le chantier d’élagage, la sélection du<br />
bois, le séchage de la bille… Une école de la patience que Lionel<br />
a appris à maîtriser. « J’ai affiné la qualité des planches en optant<br />
pour des matériaux nobles et des composants qui facilitent l’entretien<br />
et la longévité du bout de bois. Mon projet est de continuer à<br />
me faire plaisir en fabriquant mes planches et en rencontrant des<br />
gens passionnés par le bodysurf et les handplanes. » Comme avec<br />
tout shaper, les retours permettent de faire évoluer le travail et<br />
de gagner en expérience. « On voit des foils partout en ce moment,<br />
pourquoi pas essayer ! », lâche-t-il en rigolant. Un pied dans les<br />
arbres, l’autre dans l’atelier, Lionel a déjà nombre de prototypes<br />
en tête. Nul doute que de nouvelles innovations ne tarderont pas<br />
à voir le jour.<br />
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