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Comment pouvons- nous continuer à accepter qu’il y ait si peu de jeunes<br />
qui accèdent au niveau du baccalauréat? 8 Renforcer la connaissance et la<br />
maîtrise du milieu guyanais par les enseignants est une obligation.<br />
Sédentariser à minima ceux qui sont de passage constitue aussi un gage de<br />
succès, tandis qu’il faudra accentuer les dynamiques qui concourent à lutter<br />
contre toutes les formes d’échecs scolaires, conséquences de l’échec social.<br />
Comment expliquer que les jeunes de Guyane soient exclus des postes de<br />
responsabilité, alors que nombre d’entre eux poursuivent de très longues<br />
études supérieures, qui aboutissent souvent à l’obtention de diplômes d’un<br />
niveau très élevé ?<br />
Comment accepter qu’une région comme la nôtre, aussi peu peuplée et<br />
dotée d’un tel potentiel, connaissent un taux de chômage de 30% ?<br />
Comment accepter le cloisonnement ethnoculturel de l’économie<br />
guyanaise, tandis qu’en France hexagonale, tout est déployé pour lutter contre<br />
la discrimination à l’embauche. Le législateur ayant même failli légiférer en<br />
faveur de l’anonymat des curriculums vitae à l’embauche.<br />
En Guyane, et à titre d’exemple, on ne saurait que trop facilement évaluer<br />
le nombre de jeunes ayant suivi une formation initiale dans le domaine de<br />
l’hôtellerie restauration ou du commerce. Mais que deviennent-ils par la<br />
suite, et quelles perspectives d’emplois leur sont offertes afin de faciliter leur<br />
intégration dans le monde du travail ? L’observation démontre que ce n’est<br />
que trop rarement qu’ils se retrouvent employés dans des domaines<br />
d’activités correspondant à leur formation initiale. Une grande part de<br />
l’explication réside dans l’emprise financière et le verrouillage<br />
<strong>commun</strong>autaires qui permettent souvent à des chefs d’entreprises<br />
d’embaucher prioritairement des individus issus de leur groupe ethnique, ou<br />
de leur famille. D’ailleurs, au détriment de l’embauche locale, nombre de<br />
celles et ceux qui occupent ces emplois viennent de contrées très éloignées de<br />
la Guyane alors qu’ils ne sont pas plus qualifiés que les jeunes locaux formés<br />
ou non en Guyane.<br />
Un discours politique clair sur cette question, aussi épineuse soit-elle,<br />
aurait le mérite d’anticiper les conséquences des sentiments de frustration,<br />
d’ostracisme voire de xénophobie que cette situation ne cesse d’engendrer au<br />
sein des populations de Guyane.<br />
Cette pratique n’est pas limitée à certains commerces ou à la restauration.<br />
On la retrouve aussi dans d’autres secteurs, tel le BTP, où elle a tendance à se<br />
généraliser.<br />
Ici, il ne s’agit nullement de stigmatiser celles et ceux qui exercent des<br />
métiers difficiles en y investissant leurs capitaux ainsi que leur force de<br />
travail, mais plutôt de les inciter à des dynamiques solidaires avec les autres<br />
composantes de la société plurielle de Guyane.<br />
8 À peine 31%, contre 71% aux Antilles et 73% en France<br />
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