PDF INTEGRAL DL 238
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Le phénomène n'est bien sûr pas propre au<br />
Lot, puisqu'un tel essor est observé partout<br />
en Europe au cours de la deuxième moitié<br />
du XXe siècle, amenant des chercheurs à<br />
parler de "festivalisation" de la culture.<br />
Il y aussi les festivals qui sont partis ou qui<br />
ont disparu. Le printemps de Cahors, festival<br />
de photographie et d'arts visuels, a mis<br />
les voiles pour Toulouse en 2002, après dix<br />
ART DE VIVRE // 30 ans de culture dans le Lot<br />
54<br />
/#<strong>238</strong>/NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2017<br />
L'HISTOIRE MOUVEMENTÉE<br />
DU CHAÎNON MANQUANT<br />
Restera ? Restera pas ? La question a ponctué les<br />
quinze ans de présence du festival du Chaînon manquant<br />
dans le Lot. Arrivé en 1997 à Cahors après<br />
avoir vu le jour à Tours en 1991, le festival migre à<br />
Figeac en 2002 où il reste jusqu'en 2010 pour revivre<br />
une dernière édition lotoise à ... Cahors. Depuis 2012,<br />
le festival a élu domicile à Laval en Mayenne.<br />
Le Chaînon manquant est avant tout un réseau fondé<br />
dans les années 1980 travaillant au "repérage artistique"<br />
et au "développement économique d’un circuit<br />
culturel équitable et solidaire", dixit la structure. Au<br />
début des années 1990, ce réseau donne naissance<br />
à un festival multidisciplinaire avec du théâtre, des<br />
arts de la rue, des arts du cirque, de la musique, de<br />
la danse..., conçu comme "une plate-forme artistique<br />
permettant aux artistes de présenter leur projet et<br />
aux diffuseurs de repérer et d’échanger autour de la<br />
qualité des projets présentés pour construire leur<br />
programmation". Voilà pour la partie professionnels<br />
du spectacle. Pour le territoire qui accueille le<br />
Chaînon manquant, c'est avant tout un festival, avec<br />
ses concerts, ses représentations, ses artistes... et ses<br />
enjeux touchant au développement économique et<br />
social local.<br />
Les migrations internes au Lot, entre Cahors et<br />
Figeac, puis le départ définitif du département générèrent<br />
leur lot de frustrations et d'incompréhensions.<br />
Des élus locaux proposèrent d'augmenter les subventions<br />
pour faire rester l'événement. D'autres pointèrent<br />
les sommes précédemment accordées, vivant<br />
le départ du festival comme une trahison. Du côté des<br />
organisateurs, itinérance revendiquée du festival et<br />
mise en concurrence des territoires s'entremêlèrent.<br />
La question de l'ancrage local peut être sensible.<br />
Un festival investit un territoire tout autant que les<br />
territoires investissent dans les festivals, créant une<br />
relation d'interdépendance. Dans ce contexte, l'itinérance<br />
d'un festival peut être difficilement acceptée et<br />
acceptable.<br />
Musée Jean Lurçat - Crédit N. Blaya - Département du Lot<br />
ans dans la cité cadurcienne. Assier dans<br />
tous ses états, festival de jazz et de théâtre,<br />
proposant aussi des stages de capoeira,<br />
fondé en 1986, s'arrête à la fin années<br />
2000. Ou encore le Chaînon manquant et<br />
son histoire mouvementée.<br />
AUX MUSÉES<br />
DES CÉLÉBRITÉS<br />
En parallèle à ce bourgeonnement festivalier,<br />
le Lot assiste à la fin des années 1980 à<br />
un boom des inaugurations de musées. Tout<br />
comme pour les festivals, le facteur humain<br />
y est crucial. Ces lieux de culture s'appuient<br />
souvent sur la présence passée dans le Lot<br />
d'une personnalité dont le lieu tire sa légitimité.<br />
En 1988 ouvrent à la fois le muséeatelier<br />
Lurçat à Saint-Jean-les-tours, dans<br />
le château du maître de la tapisserie, et le<br />
musée Zadkine aux Arques, en mémoire<br />
aux séjours quercynois du sculpteur. En<br />
1986 à Figeac, le musée Champollion s'installe<br />
dans la maison natale du célèbre égyptologue,<br />
déchiffreur des hiéroglyphes.<br />
Pour Catherine Prunet « Il y a 30 ans, le<br />
Département a su saisir les opportunités<br />
qui s’offraient à lui : donation Lurçat et<br />
collection Zadkine. Aujourd’hui on amplifie<br />
ce travail en inscrivant ces musées dans la<br />
modernité, en s’appuyant sur des synergies,<br />
en mobilisant des moyens financiers significatifs.<br />
Les résultats sont là ».