Une Église en sortie. Relecture d’une expérience missionnaire auprès des jeunes

14 Une Église en sortie
menacer de l’intérieur comme de l’extérieur, ou bien oser partir,
ne serait-ce que quelques heures ? S’il convient de partir, vers où
aller, vers qui aller, pour combien de temps et pour quoi ? Partir
permettra peut-être d’aller chercher de l’aide, ou de découvrir
qu’au loin le temps s’adoucit, ou encore de refaire nos forces
chez un voisin. Mais si tout à coup la maison y passait pendant
que nous n’y sommes plus, et parce que nous l’avons quittée un
moment…
À certains égards, l’Église catholique au Québec et dans le
Canada francophone se trouve devant une situation de cet
ordre. Parions qu’elle n’est pas la seule.
Le gros de la tempête est passé et la maison tient encore, mais
la pluie continue de tomber. Il pleut depuis un bon moment
déjà. L’électricité se maintient sur une base intermittente, ce qui
permet de prendre les prévisions à l’occasion et de réévaluer la
situation. Mais les prévisions demeurent incertaines. Le temps
n’est pas assez menaçant pour forcer la sortie et l’évacuation,
mais il rend le séjour de plus en plus inconfortable. Il faudra tôt
ou tard sortir, ne serait-ce que pour trouver un peu de nourriture,
ou simplement pour voir un peu de monde en attendant,
ou, qui sait, pour découvrir que le beau temps s’en vient !
Au fond, qu’est-ce qui nous menace le plus, la tempête qui n’en
finit plus de finir ou bien la paralysie qui nous tient et qui nous
fait faire du surplace et mourir à petit feu, d’ennui ?
La grande majorité des Églises chrétiennes en Occident ne se
trouvent-elles pas, à leur façon, dans une situation similaire