26.03.2020 Views

WS16

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT

N°16 Avril - Mai - Juin 2020 4,90 €

DOSSIER

SPÉCIAL

AFRIQUE

DÉCOUVERTE

La « battle »

des danses

africaines !

LIFESTYLE,

CHAMPIONNES,

ÉDUCATION,

EMPOWERMENT,

CONSOMMATION…

FEMMES

AFRICAINES,

LE SPORT

EST À VOUS !

JO 2020

Les chances de

médailles françaises

et africaines à Tokyo

L 12919 - 16 - F: 4,90 € - RD

www.womensports.fr



ÉDITORIAL

LA FEMME

SPORTIVE

EST L’AVENIR

DE L’AFRIQUE

Le sport est vecteur d’éducation, d’émancipation

pour les jeunes filles, d’empowerment pour les

femmes. Pour tous, le sport est un formidable

outil au service du bien-être, de la santé,

du vivre ensemble. La femme sportive est

l’incarnation d’un monde moderne, dynamique,

en mouvement. Qu’elle soit championne,

dirigeante ou simple pratiquante, la femme

sportive est au cœur de la société, au cœur de

la vie. En Afrique plus qu’ailleurs, la femme est

l’avenir du sport… et réciproquement !

David Tomaszek

Rédacteur en chef de Women Sports

© Samuel Borges Photography / Shutterstock

NOS PARTENAIRES DE DIFFUSION

Vous souhaitez rejoindre le club des partenaires ? Contactez-nous ! partenariats@womensports.fr

Women Sports est édité par

Sport & Sponsoring Media Group

16, avenue Hoche - 75008 Paris

FONDATEURS / ASSOCIÉS

BRUNO LALANDE,

DAVID TOMASZEK,

LORRAINE DELOISON,

DAVID DONNELLY,

DJEDJIGA KACHENOURA,

PHILIPPE DARDELET,

LAURIE CHAMPIN

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

ET RÉDACTEUR EN CHEF

DAVID TOMASZEK

dtomaszek@womensports.fr

DIRECTEUR ARTISTIQUE

XAVIER CHAMBON

RÉDACTION

LÉA BORIE, HUGO BERNABEU,

FLORIANE CANTORO,

VANESSA MAUREL, AZZA BESBES,

DAVID TOMASZEK

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION

CAPUCINE LAZARE

PHOTO DE COUVERTURE

© Jacob Lund / Shutterstock

PARTENARIATS / PUBLICITÉ

NAÏMA EL GUERMAH

nelguermah@womensports.fr

BRUNO LALANDE

blalande@womensports.fr

ABONNEMENTS

MEENA CHANOINE

mchanoine@womensports.fr

CPPAP 0918 K 93187

Imprimé par Rotimpres

17181 Girona - Espagne

Women Sports est une plateforme multimédia

Prolongez chaque article sur

WWW.WOMENSPORTS.FR

Facebook @womensports.fr

Twitter @WomenSports_fr

Instagram @womensports.fr

Linkedin @womensports

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 3


N°16 Avril - Mai - Juin 2020 4,90 €

64 SPORT BUSINESS

SOMMAIRE

WOMEN SPORTS N° 16

L A FEMME ES T L’AV ENIR DU SP O RT

DOSSIER

SPÉCIAL

AFRIQUE

LIFESTYLE,

CHAMPIONNES,

ÉDUCATION,

EMPOWERMENT,

ERMEN

CONSOMMATION…

FEMMES

AFRICAINES,

LE SPORT

EST À VOUS !

JO 2020

Les chances de

médailles françaises

et africaines à Tokyo

@WomenSports_fr

DÉCOUVERTE

La « battle »

des danses

africaines !

facebook.com/womensports.fr

womensports.fr

@womensports

womensports.fr/video

L 12919 - 16 - F: 4,90 € - RD

www.womensports.fr

06 BAROMÈTRE

08 CLUB WOMEN SPORTS

09 WE MEN SPORTS

10 COUPS DE CŒUR /

COUPS DE GUEULE

CHAMPIONNES

12 JO 2020

SPÉCIAL AFRIQUE

C’EST BON POUR MOI !

18 VIS MA VIE

22 FOODING ET SPORT

25 LA RECETTE QUI BOOSTE !

CHAMPIONNES

26 10 CHAMPIONNES

28 PORTRAIT

30 LA WNBA RECRUTE

32 EN IMMERSION

35 ELLES VISENT UNE

MÉDAILLE À TOKYO !

36 RECONVERSION

38 FOOTBALL EN MAURITANIE :

ENSEMBLE

40 L’ÉDUCATION PAR LE SPORT,

4 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


36 80

28 18 68

42 COURIR SOLIDAIRE !

44 ESPOIR

DOSSIER

46 LA « BATTLE » DES DANSES

AFRICAINES !

49 JEANNINE FISCHER

50 MARIAMA TOURÉ

51 L’AFRO HOUSE

Women Sports

52 COUP DE PROJECTEUR SUR

54 ENTRETIEN EN TRIO

55 DIFFÉRENTS COSTUMES

Ballet Daloua

DÉCOUVERTE

56 SEPT JOURS SUR

LE KILIMANDJARO

60 SPORT ET CULTURE

ENQUÊTE

62 RWANDA

SPORT BUSINESS

64 CONSO

SPORT, PLAISIR ET DÉCOUVERTE

68 SHOPPING MADE IN AFRICA

APRÈS LE SPORT, LE RÉCONFORT !

70 LE SPA, J’Y AI DROIT !

FEMMES D’INFLUENCE

72 STÉPHANIE RIVOAL :

74 DOCTEUR ZAKIA BARTEGI :

SPORT PASSION

76 SPORT 2000

C’EST BON POUR MOI !

78 GESTION DE CRISE

79 POURQUOI FAUT-IL

(ABSOLUMENT)

DÉTENTE

80 MANGER SAIN

82 BONS PLANS

ABONNEZ-VOUS

EN LIGNE

1 an - 4 numéros

pour 18 €

au lieu de 19,60 €

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 5


BAROMÈTRE

Ashleigh Barty, Sofia Kenin et les équipes de

France de rugby et de biathlon à l’honneur

Quelles sont les sportives et les équipes féminines qui ont été les plus citées dans la presse web spécialisée en ce début d’année 2020 ?

Après avoir attentivement « surfé » sur les principaux sites sportifs français, nous avons la réponse pour les mois de janvier et février.

SPORTIVES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE

EN JANVIER 2020 :

B Ashleigh Barty

(Australie, tennis)

89 pts

C Serena Williams

(USA, tennis)

55 pts

E Kristina Mladenovic (France, tennis) : ............................................................41 pts

F Simona Halep (Roumanie, tennis) : ...................................................................39 pts

G Naomi Osaka (Japon, tennis) : .............................................................................36 pts

G Mikaela Shiffrin (USA, ski alpin) : ......................................................................36 pts

I Caroline Garcia (France, tennis) :.......................................................................35 pts

J Karolina Pliskova (République tchèque, tennis) : ......................................31 pts

K Alizé Cornet (France, tennis) : ..............................................................................29 pts

D Garbine Muguruza

(Espagne, tennis)

44 pts

PODIUM FRANÇAIS :

Kristina Mladenovic (41 pts)

Caroline Garcia (35 pts)

Alizé Cornet (29 pts)

© SUSA/Icon Sport

De gauche à droite : © Manuel Blondeau/Icon Sport - © Gepa/Icon Sport - © Sebastien Bozon/Icon Sport

PODIUM DES ÉQUIPES NATIONALES

FÉMININES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE

WEB SPORTIVE EN JANVIER 2020

Équipe de

France de rugby

14

pts

25

pts

Équipe de

France

de biathlon

Équipe de

France de

water-polo

10

pts

PODIUM DES CLUBS FRANÇAIS FÉMININS

LES PLUS CITÉS DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE EN

JANVIER 2020

LDLC ASVEL

(basketball)

18

pts

22

pts

Metz

Handball

(handball)

BBH

(handball)

16

pts

De gauche à droite : © Tous droits réservés

6 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


MÉTHODOLOGIE :

• Analyse réalisée par les équipes de Sport Business Consulting sur un échantillon significatif de la presse web sportive :

1 point pour chaque titre d’article mentionnant le nom d’une sportive et/ou d’une équipe féminine.

• Périmètre étudié (sept sites sportifs suivants) :

SPORTIVES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE

EN FÉVRIER 2020 :

B Sofia Kenin

(USA, tennis)

49 pts

C Kristina Mladenovic

(France, tennis)

32 pts

E Simona Halep (Roumanie, tennis) : ...................................................................... 22 pts

E Sarah Abitbol (France, patinage artistique) : ..................................................... 22 pts

G Nathalie Péchalat (France, patinage artistique) : ........................................... 21 pts

H Océane Dodin (France, tennis) : ............................................................................. 20 pts

H Federica Brignone (Italie, ski alpin) : .................................................................. 20 pts

J Garbine Muguruza (Espagne, tennis) : .............................................................. 19 pts

K Tessa Worley (France, ski alpin) :........................................................................... 18 pts

K Petra Vlhova (Slovaquie, ski alpin) : ...................................................................... 18 pts

D Kim Clijsters

(Belgique, tennis)

23 pts

PODIUM FRANÇAIS :

Kristina Mladenovic (32 pts)

Sarah Abitbol (22 pts)

Nathalie Péchalat (21 pts)

De gauche à droite : © Gepa/Icon Sport - © Gepa/Icon Sport - © Belga/Icon Sport

De gauche à droite : © Vincent Michel/Icon Spor - © Manuel Blondeau/Icon Sport - © Gepa/Icon Sport

PODIUM DES ÉQUIPES NATIONALES

FÉMININES LES PLUS CITÉES DANS LA PRESSE

WEB SPORTIVE EN FÉVRIER 2020

Équipe de

France de

basketball

37

pts

39

pts

Équipe de

France

de rugby

Équipe de

France de

biathlon

33

pts

PODIUM DES SPORTIVES FRANÇAISES

ISSUES D’UN SPORT COLLECTIF EXPRESSÉMENT

CITÉES DANS LA PRESSE WEB SPORTIVE EN FÉVRIER 2020

Siraba

Dembélé

(handball)

6

pts

7

pts

Marine

Johannès

(basketball)

Cléopatre

Darleux

(handball)

5

pts

De gauche à droite : © Newspix/Icon Sport - © Romain Biard/Icon Sport - © Baptiste Fernandez/Icon Sport

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 7


LE CLUB

#WOMEN

SPORTS

LES TOP TWEETS DE LA RÉDACTION

Rejoignez

la communauté Women Sports,

agissez et réagissez avec nous

sur les réseaux sociaux avec les

hashtags #WomenSports et #WS

Facebook et Instagram :

@womensports.fr

Twitter :

@WomenSports_fr

© Africa Studio / Shutterstock

8 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


We Men

Sports

Les hommes soutiennent

le sport au féminin !

Laurent Petrynka

Président de l’ISF Sports

Tom Adriaenssens

Bearing Point

Frédéric Tharaud

Sport Plus Conseil

Ladji Doucouré

Athlète (et excellent danseur !)

Patrick Brignoli

Médiateurs du Sport

Pierre Fulla

Journaliste et grand reporter

sportif TV

Samir Bengelloun

HR Business Partner Vinci

Jimmy Adjovi-Boco

Association Diambars

Will Mbiakop

NBA Africa

Yohan Traoré

INSEP Pole France Basket U17

Dominique Nato

Vice Président FF Boxe

REJOIGNEZ

LE MOUVEMENT !

Contactez-nous : wemensports@womensports.fr

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 9


BUZZ

© Simon Hastegard / Bildbyran

/ Icon Sport

MEGAN RAPINOE, PREMIÈRE

FOOTBALLEUSE ÉGÉRIE

D’UNE MARQUE DE LUXE !

La championne du monde de football 2019 (avec

l’équipe des États-Unis), lauréate du Ballon d’Or, est

devenue égérie de la marque de luxe espagnole Loewe.

Historique ! En effet, si chez les hommes les égéries de

luxe sont nombreux, chez les femmes, le phénomène

était jusqu’alors inexistant. « Lorsqu’on me propose

une opportunité en dehors du sport, particulièrement

dans le secteur de la mode, je suis ravie.

Dans le sport, on est souvent mises dans

des cases (…) Je pense que la mode est une

très bonne indication et une étude de cas

pour la progression du sport féminin »,

a déclaré Rapinoe à CNN.

LES

COUPS DE

CŒUR!

© Xiao Yijiu/ SUSA / Icon Sport

© Facebook

LE SPORT FÉMININ EN TÊTE DES

AUDIENCES !

L’année dernière, les meilleures audiences enregistrées à la

télévision française ont été réalisées par des compétitions

féminines, notamment de football. Cinq des dix meilleures

audiences de l’année ont été enregistrées dans le cadre de la

diffusion sur TF1 de la Coupe du monde féminine de football,

organisée en France. Les matchs les plus suivis ont été le quart

de finale France / États-Unis avec un pic à 10,7 millions de

téléspectateurs et le match d’ouverture contre la Corée du Sud

(9,9 millions).

CHAMPIONNE DU MONDE À …

86 ANS !

C’est en aviron indoor que Madeleine Guillon, une Française

âgée de 86 ans, a été titrée au stade Pierre de Coubertin

à Paris, en février dernier. Cette octogénaire a soulevé

le trophée pour avoir réalisé l’épreuve du 2.000 m en

«seulement» 11 minutes et 23 secondes. Un exploit sachant

que, comme le rapportent nos confrères de France Bleu, la

Française originaire de Civray-sur-Esves a commencé le sport

régulier il y a tout juste deux ans ! Alors nous n’avons qu’une

seule chose à dire…. Bravo et respect !

10 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© Susa / Icon Sport

© Dziurek / Shutterstock

CAROLINE GARCIA VICTIME

DE MESSAGES HAINEUX

Caroline Garcia, joueuse de tennis française, a été inondée

de messages haineux sur ses réseaux sociaux. La cause ?

Son élimination au premier tour du tournoi WTA de Saint-

Pétersbourg. Et les écrits de ces « haters » font froid dans le

dos. « J’espère que tu vas mourir du cancer », écrit l’un d’entre

eux. « Je n’ai jamais vu une looseuse comme toi, tu es une

honte pour le sport », continue un autre. « C’est du classique

après une défaite. Aujourd’hui je voulais juste les partager…

Ça ne change pas ma vie ni mes objectifs », a conclu Garcia,

qui précise que les messages proviendraient de parieurs,

frustrés de sa défaite.

LES

Les handballeuses

nantaises victimes de

tests de grossesse

« sans consentement »

L’association des joueuses et joueurs professionnels de

handball a dénoncé des tests de grossesse réalisés sans

le consentement des joueuses, lors de bilans biologiques

en début de saison, au sein du club de Nantes, en 1ère

division. Si six d’entre elles assurent ne pas avoir été mises

au courant de ces tests, une autre partie des joueuses a

décidé de prendre le parti du médecin. Elles ont déclaré

que ces tests auraient en fait été prescrits par le docteur

Thibaud Berlivet, médecin du club depuis l’été dernier,

« dans le cadre du bilan de santé mené sur toutes les

joueuses sous contrat, avant leur départ en vacances

en juin pour la plupart et à la rentrée pour les nouvelles

recrues. » Bref, espérons que cette histoire ne divise pas les

joueuses en deux clans distincts.

COUPS DE!

GUEULE

VIOLENCES SEXUELLES,

ÇA SUFFIT !

Ce début d’année a été marqué par les accusations de viol

de Sarah Abitbol envers son ancien entraîneur de patinage

artistique, Gilles Beyer. Trente ans après les faits, l’ex-star de

la glace a libéré sa parole pour raconter le calvaire qu’elle a

vécu. Depuis, d’autres sportives ont elles aussi déclaré avoir

subi des agressions sexuelles de la part d’entraîneurs, dans

de multiples disciplines. Cela a conduit 54 athlètes français,

hommes et femmes, à publier une lettre ouverte pour «briser

le silence» sur le sujet.

© Bildbyran / Icon Sport

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 11


CHAMPIONNES

10

CHANCES

DE MÉDAILLES

AUX JO DE

TOKYO

© Dave Winter / Icon Sport

MÉLINA ROBERT-MICHON - LANCER DU DISQUE

La ténacité va-t-elle payer ? Cet été, la Française va participer à ses sixièmes Jeux Olympiques. Médaillée d’argent à Rio en 2016, Mélina Robert-Michon,

pour qui ces JO sonnent comme l’heure de la revanche, a déjà de nombreux titres à son compteur : 18 fois championne de France, 3 fois championne

d’Europe et détentrice du record de France de la spécialité depuis juin 2000 (de 62,08 m à 66,73 m en août 2016).


CAMILLE LECOINTRE ET ALOÏSE RETORNAZ - VOILE

Toutes deux élues «Marin de l’année 2019», Camille Lecointre (35 ans) et Aloïse Retornaz (26 ans) représentent une grande chance de médaille pour la

France, dans la discipline de la voile olympique en 470. En effet, le duo, formé depuis 2018, a notamment été premier au championnat d’Europe et surtout

premier au Test Event de Tokyo 2020. Lecointre a déjà été médaillée de bronze lors des derniers Jeux à Rio en 2016 avec Hélène de France tandis

que Retornaz participera à ses premières olympiades.

CLARISSE AGBEGNENOU - JUDO

Déjà médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, Clarisse

Agbegnenou pourrait de nouveau compter parmi les médailles françaises

à Tokyo en 2020, et même rapporter l’or. C’est en effet le seul

titre qui manque à son incroyable palmarès, qui compte déjà quatre

titres mondiaux, deux médailles d’argent et quatre titres européens.

À noter que la Française a démontré qu’elle était en grande forme en

remportant pour la sixième fois de sa carrière le Paris Grand Slam, en

février dernier.

Dave Winter / Icon Sport

MÉLANIE DE JESUS DOS SANTOS - GYMNASTIQUE

Médaillée d’or du concours général des Championnats d’Europe

2019 de gymnastique artistique, Mélanie De Jesus Dos Santos, 20

ans, est devenue la deuxième gymnaste française à être sacrée

championne d’Europe de l’exercice après Marine Debauve en 2005.

Elle est également, femmes et hommes confondus, la tricolore la

plus titrée aux championnats d’Europe de gymnastique artistique

avec 3 médailles d’or, 2 d’argent et 1 de bronze.

© Schreyer / Icon Sport © World Sailing


CHAMPIONNES

© Shot For Press / Icon Sport

PAULINE FERRAND-PRÉVOT - CYCLISME

Multiple championne du monde de cyclisme sur route, de cross country

ou de cyclo-cross, Pauline Ferrand-Prévot est devenue à 23 ans la

première cycliste de l’histoire à détenir simultanément un titre mondial

sur trois disciplines différentes. C’est logiquement que «PFP» s’impose

comme une médaille potentielle pour la France lors de ces JO 2020, en

VTT cross-country.

© Baptiste Fernandez / Icon Sport

ÉQUIPE DE FRANCE DE BASKET

L’équipe féminine de basket, médaillée d’argent aux Jeux Olympiques

2012, portée par de grands noms comme Sandrine Gruda

ou encore Marine Johannès (joueuse de l’ASVEL Lyon et de

WNBA), compte également deux titres de championne d’Europe.

En battant en tournoi de qualification olympique les vice-championnes

du monde australiennes (72-63), les joueuses de Valérie

Garnier se sont hissées au rang de candidates sérieuses à une

médaille olympique.

© PA Images / Icon Sport

CASSANDRE BEAUGRAND, PIERRE LE CORRE, LÉONIE PÉRIAULT, ET DORIAN CONINX (RELAIS MIXTE)

Les triathlètes français partent en tant que favoris aux JO après avoir remporté le relais mixte du Test Event de Tokyo, en août dernier, même parcours

où Cassandre Beaugrand, Pierre Le Corre, Léonie Périault, et Dorian Coninx tenteront de décrocher l’or olympique en 2020. Doubles champions d’Europe

en titre, les Bleus ont aussi conservé leur titre mondial, en juillet 2019.


JOHANNE DEFAY - SURF

Pour cette grande entrée du surf aux Jeux Olympiques, la Française pourrait bien faire partie des leaders. Johanne Defay, classée dans le top 10 mondial

depuis 2014 (où elle est d’ailleurs devenue la première Française à atteindre le 8ème rang du WCT), est la seule représentante européenne sur le World

Tour. Côté palmarès, la surfeuse de 26 ans a notamment remporté le Fiji Pro en 2016 ou le Uluwatu Bali Pro en 2018.

© ActionPlus / Icon Sport

EQUIPE DE FRANCE DE HANDBALL

Deux fois championnes du monde, une fois championnes d’Europe,

il ne manque qu’un seul titre olympique aux joueuses de l’équipe

de France féminine de handball pour compléter leur palmarès. Une

médaille olympique, (espérée en or), permettrait à Allison Pineau et

aux joueuses d’Olivier Krumbholz d’oublier la 13ème place obtenue au

Mondial de décembre 2019.

© Baptiste Fernandez / Icon Sport

CHARLOTTE BONNET - NATATION

Médaillée de bronze sur 4×200 m nage libre aux JO de Londres en 2012

à seulement 17 ans, 3 fois championne d’Europe et 30 fois championne

de France en grand bassin… la multiple médaillée française n’a plus

qu’une seule idée en tête : remporter l’or olympique. Il s’agirait d’une

belle revanche sur les JO 2016, où elle a terminé 8ème de la finale du

200 m nage libre et 7ème de celle du 4 x 100 m nage libre.

© Manuel Blondeau/Icon Sport


LE CHOIX DE LA CONFIANCE

& DE LA QUALITÉ


QUI SOMMES NOUS?

Née en 2007, la marque Eric Favre ® est l’un des

acteurs les plus dynamiques et innovants de son

secteur, élaborant des compléments alimentaires

et cosmétiques « nouvelle génération ».

Au sein de son centre R&D, elle apporte au plus

grand nombre, sportifs ou non, des solutions pour

répondre aux désagrément du quotidien et pour

atteindre ses objectifs.

Aujourd’hui, la marque est présente dans plus

de 70 pays, portée par les valeurs d’un fondateur

passionné et investi.

SPORT

Fitness, performance,

endurance, développement

musculaire

SANTÉ

Articulations, sommeil,

tonus, immunité, équilibre

nerveux, circulation

sanguine, perte de poids et

bien-être général

BEAUTÉ

Minceur, whitening,

anti-âge, soin de la peau,

coloration capillaires,

soins cheveux, gels corps,

masque.

Retrouvez la gamme ERIC FAVRE ® SPORT en salles de sport,

magasins spécialisés, pharmacies ou parapharmacies et

sur


SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !

Vis ma vie

DE JEUNE URBAINE

SPORTIVE À

CASABLANCA !

Immersion dans les vies de Sheerazade, Badra et Khadija. Trois femmes actives qui

nous racontent comment elles ont incorporé le sport dans leur quotidien. PAR LÉA BORIE

Comment équilibrer

une vie intense de

femme active grâce

au sport ? Nous avons

enquêté du côté de

Casablanca !

18 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


B

ienvenue dans la vie de

Sheerazade, Badra et

Khadija. Trois Bédaouis

pour qui le sport représente

une habitude essentielle.

Leurs points

communs : être toutes trois nées dans

les années 70-80 et être très actives,

sa pratique, sa représentation du sport,

sa motivation, son truc pour tenir…

SHEERAZADE :

LE KALÉIDOSCOPE DU

SPORT DANS

LES AFRIQUES

Son parcours de vie :

-

-

© Nessa Gnatoush / Shutterstock

Sa pratique sportive :

Une particularité : sa vision kaléidosco-

-

Casablanca, les habitants sont très spor-

lui a semblé moins acharné en matière

de sport.

Son + sport à Casablanca :

-

-

© OSTILL is Franck Camhi / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 19


SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !

humaine, moins business

villes européennes.

cherché le bon coach qui

placement,

elle a trouvé

une partenaire de course,

Son astuce pour s’y

tenir :

trouver le temps, avec

et une boxe en nocturne.

BADRA :

L’ÉQUILIBRE

ESSENTIEL POUR

L’ÉGALITÉ ET LA

SÉRÉNITÉ

Son parcours de vie :

-

avec ses trois sœurs, elle a été poussée

-

dans laquelle travaillait son père, elle a

pu assister aux cérémonies sportives dès

accouchement et un problème de santé,

son corps lui a demandé de retrouver les

-

sa peau.

Sa pratique sportive :

-

peu plus compliqué, car elle estime que la

Une particularité :

Son militantisme pour une société plus

ses collaborateurs, au sein de son entre-

mieux-être, en motivation et en concen-

20 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Activités de plein air

ou salles de fitness :

les opportunités de

pratiquer le sport ne

manquent pas dans la

région de Casablanca.

Son + sport à Casablanca :

Son astuce pour s’y tenir :

Les salles poussent comme des cham-

taï chi, méditation, les cours de tennis...

-

-

au milieu de sa journée de travail, elle ar-

KHADIJA :

LE BIEN-ÊTRE

AVANT TOUT

Son parcours de vie :

Lycée Lyautey, établissement

-

se passionnait pour la danse

classique, bien que ses pa-

-

métier très prenant et deux

de pratiquer.

Sa pratique sportive

-

-

se remettre au sport pour se

rétablir durablement. Un avis

appuyé de ses médecins et

elle pratique quasi-quotidien-

tha,

yin, aérien, power, mais

aussi du pilates. Cela lui

permet de travailler en pro-

articulations.

Une particularité :

métamorphosée du côté du

bien-être. Khadija a lancé dé-

aromathérapie. Un tournant

Son + sport à Casablanca :

raires,

les week-ends compris.

Son astuce pour s’y tenir :

-

-

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 21


SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !

Fooding et sport

PUISER DANS

LES SUPER-ALIMENTS

AFRICAINS !

Les trésors du patrimoine culinaire africain sont riches… dans le bon sens du terme !

Vous l’avez compris, non pas riches dans le sens « gras », mais par la noblesse des

nutriments et des bonnes calories contenus dans des recettes ancestrales. On vous

explique tout ça dans une promenade gustative… riche en saveurs et senteurs. PAR LÉA BORIE

LE TAMARIN :

1 3

t’as tout bon !

-

-

-

2

LE THÉ ROOIBOS :

pour tout nettoyer

depuis quelques années. Cette plante

-

-

-

-

radicaux libres.

5 ALIMENTS STARS

LE FONIO :

sans gluten mais pas

sans intérêt !

nio

sont presque aussi petits que des

en remplacement du couscous ou du riz.

-

4

LE HARICOT BAMBARA :

La cacahuète light

-

téines,

ce qui intéresse particulièrement

© Nattapol_Sritongcom / Shutterstock

croissance de nouveaux vaisseaux san-

munitaire.

Sa richesse en sélénium lui

thyroïdienne.

5

Notre coup de cœur :

LE FRUIT DU BAOBAB

(voir la recette

dédiée p.25)

-

appelés pains de

-

-

céréales ou en poudre.

22 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 23

© AlexeiLogvinovich / Shutterstock


SPÉCIAL AFRIQUE | C'EST BON POUR MOI !

Notre experte culinaire

Ndéye Aïssatou Mbaye est l’auteure du

blog Aistou Cuisine, qu’elle anime avec

passion depuis 2015. Sénégalaise, la

cuisinière en herbe est venue habiter en

France en 2009. Depuis, elle a édité un

livre de recettes inspirées de sa culture,

et ouvert un café au Sénégal avec sa maman

et son équipe sur place.

Aïssatou nous parle de sa culture culinaire…

Son crédo

Je trouvais que les cuisines africaines (je

n’aime pas dire LA cuisine africaine, on a

54 pays et autant de cultures différentes!)

n’étaient pas bien représentées hors

d’Afrique. J’ai réalisé qu’il y a énormément

d’aliments intéressants et de plats qui sont

méconnus lorsqu’on quitte le continent, ou

qui sont délaissés dans nos cuisines modernes.

Il n’y a pas que le yassa (« frire » en

Créole, un plat sénégalais à base d'oignons

frits et de riz, auquel on ajoute souvent du

poulet, ndlr) et le maffé (sauce à base de

pâte d'arachide originaire du Mali, que l’on

consomme dans toute une partie de l'Afrique

subsaharienne, ndlr) ! Par exemple, on associe

souvent le couscous au Maghreb, mais

cela fait aussi partie du patrimoine sénégalais.

On remplace le blé par le mil, qu’on

réduit en farine et qu’on roule pour former

de la semoule. Si le mil (ou millet perlé, ndlr)

est la première céréale d’Afrique, on fait aussi

du couscous à base de fonio, de maïs, de

manioc et même de patate douce !

D.R.

Lutter contre les préjugés

J’ai eu envie de casser les préjugés.

On entend souvent que les cuisines africaines

seraient trop épicées, trop lourdes,

trop grasses… C’est la cuisine moderne,

plus rapide, qui nous a fait nous tourner

vers des plats frits. Mais il faut regarder

comment cuisinaient nos grand-mères,

avec des bouillons qui mijotaient des

heures. Retournons aux sources. Et délaissons

le chimique et l’industriel !

Cuisines grasses et autres,

c’est une question de point de

vue…

La plupart d’entre nous, quand on arrive

en Europe, souffrons de ballonnements

car la nourriture est très riche en gluten.

Notre organisme n’est pas habitué, on

consomme davantage de riz et de céréales.

Trésors subsahariens : des

pépites dans le patrimoine

africain

Dans les régions reculées, c’est moins

le cas, mais dans la capitale sénégalaise,

on cuisine davantage avec des céréales

importées, au point de retrouver des céréales

et des légumineuses oubliées.

Parce que oui, dans le sans gluten, il n’y a

pas que le quinoa qui existe ! Notre continent

est riche en « alicaments ». C’est très

en vogue en ce moment de réduire sa

consommation de médicaments et de se

tourner vers les plantes, mais en Afrique,

pour nous c’est naturel.

Faire vivre le patrimoine

localement

-

-

man,

son associée tout aussi passionnée

-

mettre en avant les recettes de son livre,

-

5 PÉPITES DU PATRIMOINE

WS

CULINAIRE AFRICAIN EXPLIQUÉES

PAR AÏSSATOU

• Le fonio : Décidément, on en entend

parler partout ! «Cette graine ancienne

d’Afrique noire saine et digeste, rappelant

le quinoa, est idéale pour la digestion.

Son principe : elle continue de gonfler

dans le ventre, du fait, elle rassasie facilement.»

(Dans son livre "Saveurs Subsahariennes,

Trésors et recettes d’Afrique de

l’Ouest", on retrouve des recettes de galettes

de fonio avec du poisson, une poêlée

de fonio, un gâteau de fonio proche

du gâteau de semoule, ou encore un fonio

au lait de coco et mangue apparenté à du

porridge.)

• Le niébé : Le haricot magique de

l’Afrique ! Appelé aussi haricot à l'œil noir,

haricot cornille, ou encore pois à vache,

«le niébé est riche en protéines. D’une

grande qualité nutritionnelle, c’est un des

aliments clés pour remplacer la viande.

Ce qui explique pourquoi on le retrouve

dans de nombreux plats végétariens.»

C’est aussi une des plus vieilles plantes

d’Afrique de l’Ouest !

• Le kinkéliba : cette plante sauvage est

originaire de l’Afrique de l’Ouest. Cette

« tisane de la longue vie », est décrite

comme la boisson remède par excellence.

«On parle d’arbre médicament ou

arbre de longue vie : en consommant ce

thé tous les matins au petit-déjeuner, on

peut espérer une longue vie en bonne

santé.»

• Le moringa (ou nebeday : « Ne meurs

jamais ») : cette plante est venue d’Inde

mais on la retrouve beaucoup en Afrique

de l’Ouest. Elle est vendue sous forme de

poudre, de gélules, de tisane ou encore

en vrac avec les feuilles séchées entières.

Dans les feuilles, partie la plus nutritive,

il contient deux fois plus de protéines et

de calcium que le lait. «On peut comparer

ses feuilles à celles des épinards. On

l’intègre dans des plats en sauce, dans le

couscous… Il s’en fait même de l’huile,

qui, au même titre que l’huile d’olive, est

riche en oligoélément.»

• Le bissap (on observe différents noms

selon les pays : dableni (Mali, Côte

d'Ivoire, ou Burkina), karakandji (Centrafrique),

zobo (Nigéria), Ngai Ngai

(Congo)…) : «Qu’on ne présente plus ! Il

faut dire que le jus de bissap est reconnu

pour ses vertus nutritives et thérapeutiques

: riche en vitamine C, antioxydant,

on lui reconnaît également des propriétés

antalgiques, anti-inflammatoires et énergétiques.»

24 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


C’EST BON POUR MOI !

SMOOTHIE

AU BAOBAB

L AIT DE COCO

ANANAS :

LA RECETTE QUI BOOSTE !

Aïssatou Mbaye, cuisinière et auteure

culinaire passionnée, nous propose une

recette de boisson reboostante, à base de fruit

du baobab, un super-aliment pour affronter

l’arrivée du printemps avec un regain

d’énergie et de bonnes ondes. Pour, non pas

croquer la vie à pleines dents, mais la boire à

grandes gorgées ! On blende et on y va, avec

tout le peps cher à Women Sports !

© Philippe Sévy - Le Progès

Les ingrédients : Le matériel :

• 1 ananas bien mûr

• 3 c.à.s. de poudre de

bouye (= fruit du baobab)

La préparation :

• 25 cl de lait de coco

• 30 cl d’eau

B Mélangez l’eau et la poudre de bouye

jusqu’à obtenir un mélange homogène.

C Pelez puis coupez grossièrement

l’ananas.

ALLER PLUS LOIN

• Un blender

• Un gros couteau

(pour découper l’ananas)

D Dans un blender mettre le bouye,

l’ananas et la crème de coco.

E Mixez le tout puis servez

immédiatement.

Pour encore plus de recettes d’Afrique de l’Ouest, plongezvous

dans le livre "Saveurs Subsahariennes, Trésors et

recettes d’Afrique de l’Ouest", signé Ndéye Aïssatou Mbaye,

2018 (Photos : Nathalie Merlet). 40 recettes chargées

d’histoire et de bonnes choses.... Allez aussi faire un tour sur

son blog aistoucuisine.com !

L’ÉCLAIRAGE DE

NDÉYE AÏSSATOU MBAYE

« Cette recette a pour avantage d’être

accessible à tous, sans connaissance ou

savoir-faire particulier en cuisine. Elle est

aussi rapide à réaliser. La condition : avoir un

blender !

Le fruit du baobab, pour le coup, côté intérêt

chez le sportif, on y est ! Six fois plus de

vitamine C qu’une orange, quatre fois plus

d’antioxydants qu’un kiwi et dix fois plus

qu’une pomme, deux fois plus de calcium que

dans du lait : imbattable !

Le jus de baobab peut être considéré comme

un lait végétal. Le lait de coco va adoucir le

goût d’ensemble un peu acide et donner de la

texture. Inutile de rajouter du sucre : le bouye

est naturellement sucré. »

D’autres idées de recettes avec du fruit de

baobab ?

Aïssatou vous propose de vous lancer dans

les desserts, avec des pancakes à base de

poudre de baobab, des crèmes de baobab ou

encore du caramel.

Propos recueillis par Léa Borie - Recette : Ndéye Aïssatou Mbaye - Photo : Nathalie Merlet

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 25


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

Podiums

10 championnes

qui ont marqué

l’histoire

du sport

africain

PAR VANESSA MAUREL

B CASTER SEMENYA

Championne du monde du 800 m à Berlin

en 2009, Caster Semenya est célèbre

dans le monde entier pour son palmarès

bien fourni, certes, mais aussi et surtout

pour son combat face à l’hyperandrogénie

(découvrez son incroyable histoire, pages

28-29). La Sud-africaine, malgré les

polémiques, a été double championne

olympique et triple championne du monde.

Et sa carrière n’est pas terminée !

Palmarès :

Jeux Olympiques : 2 médailles d’or /

Championnats du monde : 3 médailles d’or,

1 médaille de bronze

C HABIBA GHRIBI

Là aussi, c’est une sportive qui a marqué

l’histoire de son pays. L’athlète Habiba

Ghribi est devenue la première médaillée

olympique tunisienne, à Londres en 2012.

Cette médaille d’argent décrochée sur

le 3000 m steeple, qu’elle a dédiée à

«toutes les femmes tunisiennes», s’est

transformée en or en 2016, puisque celle

qui l’avait devancée (Yuliya Zaripova) a été

déclassée en raison de dopage.

Palmarès :

Jeux Olympiques : 1 médaille d’or /

Championnats du monde : 1 médaille d’or,

1 médaille d’argent

D MURIELLE AHOURÉ

Considérée comme l’une des plus grandes

athlètes de son pays et du continent

tout entier, l’Ivoirienne Murielle Ahouré

compte à son actif de nombreux titres,

dont notamment celui de championne

du monde en salle du 60 m, en 2018.

Spécialiste du sprint, Murielle Ahouré est

également quadruple vice-championne du

monde sur les épreuves du 60 m, 100 m

et 200 m.

Palmarès :

Championnats du monde : 2 médailles

d’argent / Championnats du monde en

salle : 1 médaille d’or, 2 médailles d’argent

26 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


E MARIA MUTOLA

Maria Mutola est sans conteste l’une des

sportives africaines les plus reconnues.

Elle est la seule athlète de l’histoire à

avoir remporté quatre titres mondiaux ou

olympiques sur 800 m, mais également la

seule athlète mozambicaine (hommes et

femmes confondus), à avoir remporté un

titre mondial ou olympique. À son compteur,

elle détient une médaille d’or olympique, et

3 médailles d’or mondiales.

Palmarès :

Jeux Olympiques : 1 médaille d’or, 1

médaille de bronze / Championnats du

monde : 3 médailles d’or, 1 médaille

d’argent, 1 médaille de bronze /

Championnats du monde en salle :

7 médailles d’or, 1 médaille d’argent,

1 médaille de bronze

H FRANÇOISE MBANGO

Spécialiste du triple saut, Françoise Mbango

est double médaillée d’or olympique (2004

et 2008), et deux fois médaillée d’argent

aux championnats du monde. Cette athlète

est la seule Camerounaise de l’histoire

(hommes et femmes confondus) à avoir

remporté un titre mondial ou olympique. En

2010, Françoise Mbango a été naturalisée

française.

Palmarès :

Jeux Olympiques : 2 médailles d’or /

Championnats du monde : 2 médailles

d’argent / Championnats du monde en

salle : 1 médaille d’argent

I TIRUNESH DIBABA

Son palmarès laisse sans voix. Trois fois

championne olympique, cinq fois championne

du monde. Rien que ça ! Mais surtout,

l’Étiophienne Tirunesh Dibaba est la seule

athlète à avoir réalisé le doublé sur 5.000 m

et 10.000 m lors d’une même édition des Jeux

Olympiques (en 2008 à Pékin). Elle est en outre

l’actuelle détentrice du record du monde du

5.000 m avec le temps de 14 min 11 s 15,

établi à Oslo en 2008.

Palmarès :

Jeux Olympiques : 2 médailles d’or, 3 médailles

de bronze / Championnats du monde : 5

médailles d’or, 1 médaille d’argent

G SABRINA SIMADER

La skieuse austro-kényane a été la première

africaine de cette discipline à participer

aux Jeux Olympiques. C’était en 2018 à

Pyeongchang et Sabrina Wanjiku Simader

avait 19 ans. Seule représentante du Kenya

aux olympiades cette année-là, elle

a participé au slalom géant et au Super-G.

F TEGLA LOROUPE

Membre du club des Champions de la Paix

(collectif créé par Peace and Sport), la

Kényane a été la première athlète africaine à

remporter le marathon de New York, en 1994

(puis en 1995). Tegla Loroupe a aussi été

médaillée de bronze aux championnats du

monde sur 10.000 m en 1995 et 1999. Audelà

de ces titres, l’athlète détient également

les records du monde du 20 km et du 30 km.

Palmarès :

Record du monde de l’heure avec 18,340 km

le 7 août 1998 à Borgholzhausen / Record

du monde du 20 km en 1 h 05 min 26

le 3 septembre 2000 à Borgholzhausen /

Record du monde du 25 km en 1 h 27 min

05 le 21 septembre 2002 à Mengerskirchen

/ Record du monde du 30 km en 1 h 45 min

50 le 7 juin 2003 à Warstein

J SISTA ROCKET

Bon, on vous l’accorde, on triche un peu… Il

ne s’agit pas d’une, mais de trois sportives

africaines qui ont marqué l’histoire. Les trois

Nigérianes Seun Adigun, Ngozi Onwumere

et Akuoma Omeoga sont devenues les

premières athlètes de leur pays à participer

à des Jeux Olympiques d’hiver, en 2018 à

Pyeongchang, dans la discipline du bobsleigh.

K RUTH GBAGBI

24 ans et déjà dans l’histoire. Ruth Gbagbi est

devenue la première sportive originaire de Côte

d’Ivoire à être médaillée olympique (bronze),

lors des JO 2016. La taekwondoïste est

également devenue la première Africaine à être

titrée championne du monde, en 2017 (-62kg).

Palmarès :

Jeux Olympiques : 1 médaille de bronze /

Championnats du monde : 1 médaille d’or

Photographies : 1 : © Martin Rickett / PA Images / Icon Sport • 2 : © PA Images / Icon Sport • 3 : © Martin Rickett / PA Images / Icon Sport • 4 : © Vonderlag / Icon Sport • 5 : © Photoshot / Icon Sport • 6 : © Icon Sport / GEPA / Andreas Pranter • 7 : © UPI / Icon Sport • 8 : © Photoshot / Icon Sport

• 9 : © Li Gang / Avalon / Icon Sport • 10 : © PA Images / Icon Sport • Fond : © Mike Orlov / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 27


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

Portrait

L’incroyable histoire de

Caster Semenya

Double championne olympique, triple championne du monde,

quintuple championne d’Afrique… Le palmarès de Caster Semenya

est irréprochable. Enfin, à une exception près semble-t-il : Caster

Semenya. Depuis son premier titre mondial en 2009, l’athlète

sud-africaine de 29 ans est constamment discréditée en raison de

son hyperandrogénie, à savoir son taux naturellement élevé de

testostérone. Retour sur le parcours d’une athlète décriée, devenue

une icône. PAR FLORIANE CANTORO

© Pascal Della Zuana / Icon Sport

l’histoire d’une athlète

qui courait trop vite.

Une sportive aux épaules

trop carrées, aux muscles

trop saillants et à C’est

la voix trop grave. Une femme à qui l’on

reproche d’être un peu trop tout, en

somme, mais pas assez féminine. « J’ai

entendu dire qu’à la naissance, vous étiez

un homme ? », ose même lui demander

un journaliste après son premier titre de

championne du monde du 800 m à Berlin,

en 2009.

Dix ans se sont écoulés depuis l’explosion

de Caster Semenya au plus haut niveau

de l’athlétisme international. Une décennie

couronnée de médailles (trois titres

mondiaux et deux titres olympiques),

mais aussi de polémiques. Car l’athlète

sud-africaine est hyperandrogène. Cela

d’hormones sexuelles mâles, les androgènes,

et notamment la testostérone.

Elle en fabrique naturellement plus que

la moyenne des autres femmes (car oui,

les femmes produisent elles aussi de la

testostérone mais en faible quantité en

principe), ce qui a des incidences sur son

corps. Et cette sur-production dérange…

À chacune de ses victoires depuis 2009,

l’étiquette de la sportive « hyperandrogène

» ressort, et les doutes qui vont avec.

Caster Semenya serait-elle avantagée par

la testostérone ?

Hormones à abattre

Pour la Fédération internationale d’athlétisme

(IAAF), la réponse est oui. Selon

elle, l’hyperandrogénie est à l’origine

d’écarts de performance entre les cou-

« protéger la compétition

libre et équitable », l’instance

décide d’instaurer des taux de testostérone

limites aux athlètes féminines.

Son premier règlement est contesté par

la sprinteuse indienne hyperandrogène

Dutee Chand qui obtient gain de cause

en 2015. Mais la fédération relance la

bataille trois ans plus tard. Elle édite

une nouvelle réglementation qui oblige

les athlètes hyperandrogènes à faire

baisser leur taux de testostérone à un

niveau inférieur ou égal à 5 nmol/L pour

les courses allant du 400 m au mile

(1.609 m). Caster Semenya, spécialiste

du double tour de piste et du 1.500 m,

est clairement visée par ces dispositions.

Elle attaque le règlement de la fédération

devant le Tribunal arbitral du sport (TAS)

« DIEU M’A CRÉÉE COMME JE SUIS,

JE M’ACCEPTE ET JE SUIS FIÈRE. »

et avance l’origine naturelle de cette hyperandrogénie

: « Dieu m’a créée comme

.

Pendant son procès, l’athlète sud-africaine

reçoit de nombreux soutiens. Son

discours est appuyé par des études

-

28 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© Martin Rickett - PA Images / Icon Sport

té des relations entre hyperandrogénie et

performances sportives. Le docteur Cara

Tannenbaum, professeure de médecine

et de pharmacie à l’Université de Montréal,

estime notamment pour sa part

qu’« exclure Caster Semenya car elle produit

naturellement trop de testostérone

à un basketteur de jouer parce qu’il est

trop grand. […] Pour devenir un bon ath-

Interdite par les

règlements de

concourir sur 400

ou 800 m aux JO de

Tokyo, elle pourrait

tenter sa chance

sur 200 m !

de testostérone, une grande taille ou

de grands pieds, qui peuvent tous être

considérés comme un avantage génétique

», poursuit la chercheuse.

© Photoshot / Icon Sports

Certains dénoncent également le

sexisme de ces dispositions qui ne

concernent que les compétitions féminines,

pendant que la domination sans

partage d’athlètes masculins comme

Usain Bolt est saluée, voire même encouragée.

« Un homme, on ne lui dira

jamais qu’il est trop masculin ; mais une

certaine puissance, c’est tout de suite

dans une catégorie à part », s’agaçait

l’an dernier, dans nos colonnes, l’ancienne

championne française de saut en

hauteur Maryse Éwanjé-Épée. D’autres

encore s’interrogent sur la crédibilité de

la Fédération internationale qui justi-

l’athlétisme mondial alors que le dopage

gangrène le milieu depuis des années.

Un « rat de laboratoire »

Cette bataille juridique entre Caster Semenya

et la Fédération internationale

trouve une première réponse le 1 er mai

2019, lorsque le TAS donne raison à

l’IAAF. Aujourd’hui, la championne africaine

ne peut donc plus participer aux

compétitions internationales sur ses distances

de prédilection si elle n’accepte

pas de suivre un traitement hormonal, ce

qu’elle ne semble pas disposée à faire.

« L’IAAF m’a utilisée comme un rat de

laboratoire dans le passé pour expéri-

mon niveau de testostérone », déclare

l’athlète sud-africaine qui a fait appel

de la décision du TAS (recours toujours

en cours). « Je n’autoriserai pas l’IAAF à

m’utiliser moi et mon corps une nouvelle

» Une décision courageuse qui l’a

privée des Mondiaux-2019 en septembre

dernier.

Mais Caster Semenya le promet, sa carrière

d’athlète n’est pas terminée. Sur

ses réseaux sociaux, la championne de

29 ans ne cesse de poster des messages

encourageants sur son avenir. Celle qui

s’est également lancée dans le football

à Johannesburg continue de légender

ses photos de l’emoji « cobra », le serpent

qui la symbolise et qu’elle mime avec ses

mains à chacune de ses victoires. « Vous

allez me voir », promet-elle à ses fans.

Son prochain coup d’éclat ? Une apparition

aux JO sur 200 m... si elle parvient à

réaliser les minima. Ce qui est sûr c’est

que Caster Semenya continuera de faire

parler d’elle ces prochaines années. Sur

les pistes comme sur les terrains, elle

un point c’est tout. WS

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 29


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

La WNBA recrute

ses futures pépites

en Afrique

En prenant ses quartiers à Johannesburg (Afrique du Sud), il y a maintenant dix ans, la NBA

n’imaginait pas un instant l’engouement que susciterait ce banal ballon orange une décennie

plus tard. Et la fièvre ne risque pas de se calmer de sitôt : la ligue américaine de basket a déjà de

grands projets sur le continent. Avec un accent qui sera porté sur les basketteuses au cours des

prochaines années. L’Afrique, futur berceau de la WNBA ? Sans aucun doute ! PAR HUGO BERNABEU

P

résente en Afrique depuis

déjà 27 ans, la NBA, prestigieuse

ligue américaine

de basket professionnel,

se lance dans une toute

nouvelle aventure pour

faire de ce continent

le nouvel Eldorado du ballon orange. À

l’image des Camerounais Pascal Siakam -

champion NBA en 2019 avec les Toronto

Raptors - et Joel Embiid - nouveau leader

des 76ers de Philadelphie - le continent

regorge de pépites qui pourraient bien

devenir le futur de la NBA ou de la WNBA.

Au total, plus de 80 joueurs africains ont

déjà foulé les parquets du Madison Square

Garden ou du Staples Center, sans même

compter les stars passées par la ligue féminine,

comme Clarisse Machanguana

(Mozambique) ou encore Astou N’Diaye

(Sénégal). «

dans 10 ans», lance Will Mbiakop, directeur

général de la NBA en Afrique.

Pour conquérir à sa manière le Berceau de

l’Humanité, la NBA a tout d’abord imaginé

les programmes Junior NBA. Aujourd’hui

essaimés dans une quinzaine de pays, il

s’agit «

au basket, organisés dans les écoles ou

». Chaque semaine,

des jeunes aux quatre coins de l’Afrique

ont l’opportunité de suivre gratuitement

les entraînements de coachs chevronnés

et de recevoir les conseils avisés d’an-

de programmes que Will Mbiakop imagine

déjà «sur l’ensemble des pays du continent.

C’est important qu’un maximum de

© NBA

-

pas les oublier et c’est pour cela qu’on

développe aussi beaucoup d’activités dé-

». Mais cette ambition a un

coût, celui des infrastructures indispensables

à la pratique du basketball, et bien

souvent vétustes voire inexistantes dans la

plupart des pays. Un autre point sur lequel

la NBA travaille d’arrache-pied pour chan-

Si les programmes Junior NBA sont accessibles

à tous, novices comme petits

prodiges du basket, la ligue américaine

a trouvé un moyen de suivre de très près

les plus talentueux du lot. Depuis maintenant

trois ans, jusqu’à 25 jeunes venus de

tout le continent sont sélectionnés chaque

année pour rejoindre les rangs de la NBA

Academy Africa, une formation intensive

pour les surdoués de la discipline. Pendant

deux à trois ans, ils vont poser leurs valises

au centre de Saly, au Sénégal, pour y enchaîner

matchs et entraînements. «Tous les

matins, ils démarrent la journée par un entraînement

d’une heure et demie. Ensuite,

ils ont des cours, car leur scolarité reste

une priorité pour nous, et encore un autre

», détaille

Will Mbiakop. «Chaque année, on essaie

30 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© NBA

Unis pour se mesurer aux meilleurs jeunes

». Un rythme intense auquel

puis

un peu plus d’un an.

« Rassembler un maximum de

petites filles autour de notre

sport »

Après le

programme Junior

NBA, les meilleures

jeunes basketteuses

africaines pourront

intégrer la ligue

américaine

WNBA.

Après ces quelques années de dur labeur,

les champions et championnes en herbe

auront la possibilité - pour les plus talentueux

et talentueuses - de se frotter directement

au gratin du basket américain en

rejoignant les bancs d’une prestigieuse

université voire en allant directement titiller

LeBron James, Elena Delle Donne

et consorts sur les parquets de NBA et

WNBA. «

gés

de quitter le continent pour rejoindre

», ne cache pas

le directeur. C’est pourquoi en avril prochain,

la NBA Africa League va voir le jour.

Une compétition inédite en Afrique, réunissant

12 clubs venus de 12 pays différents.

«Il y avait tellement d’engouement, qu’on

équipes», assure Will Mbiakop. «Mais il ne

événement grandiose. Nous voulons créer

-

«Notre volonté, c’est surtout de rassem-

de notre sport», insiste Will Mbiakop. Et

pour cela, la NBA peut compter sur l’engagement

des deux superstars citées plus

haut, la Mozambicaine Clarisse Machanguana

et la Sénégalaise Astou N’Diaye, qui

épaulent la ligue en Afrique depuis qu’elles

se sont retirées des parquets. «C’est une

cipent

aux programmes Junior NBA, mais

elles vont aussi dans les quartiers pour

partager leur parcours et inspirer la nouvelle

génération. L’idée est de leur montrer

simplement pour leur permettre de réussir

dans la vie.» WS

© NBA

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 31


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

Cet été, l’escrimeuse Sarra Besbes défendra les couleurs de la Tunisie aux Jeux Olympiques

2020, au Japon. L’épéiste de 31 ans, médaillée mondiale et multiple championne d’Afrique, nous

a ouvert les portes de sa préparation en région parisienne. Le temps d’un entraînement, nous

avons mesuré l’ampleur des efforts fournis pour arriver jusqu’à Tokyo. Reportage. PAR FLORIANE CANTORO

PHOTOS PIERRE COSTABADIE / ICON SPORT

En immersion

En garde pour Tokyo

Une épée pointée sur les JO

lle nous avait donné

E

rendez-vous à 9h00 au

gymnase Brossolette de

Saint-Maur-des-Fossés,

dans le Val-de-Marne.

Quand on arrive sur

place ce jeudi matin de

février, Sarra Besbes est déjà à l’entraînement.

Avec une dizaine d’autres épéistes,

la tireuse tunisienne réveille doucement

ses muscles et les prépare aux quatre prochaines

heures de sollicitation intensive.

En marge de la séance d’échauffement, le

maître d’armes Daniel Levavasseur vient

nous saluer. «Ok pour circuler si vous restez

discrets». Le technicien de 72 ans, ancien

mentor de la « guêpe » Laura Flessel

(double championne olympique et six fois

championne du monde), enseigne ici dans

le cadre de son académie « Escrime Sans

Frontières » ; il y prépare ses élèves, de nationalités

diverses et variées, aux grandes

compétitions internationales telles que les

Jeux Olympiques.

Génétiquement programmée

pour gagner

Sarra fait partie de ces académiciennes.

Chez elle, l’escrime est une histoire de

famille. C’est sa maman, Hayet Besbes,

en Tunisie, qui lui a transmis le « virus ».

Ses soeurs Hela, Rim et Azza (ndlr, notre

collaboratrice sur ce magazine), ainsi que

son frère Ahmed Aziz n’ont pas non plus

été épargnés par la passion maternelle.

«

basketball !», s’amuse-t-elle. Elle s’inscrit

dans son premier club d’escrime à l’âge

de 9 ans et n’a plus jamais lâché ce sport

depuis, malgré quelques essais en volley-ball.

«

individuels car je n’aimais pas perdre à

cause des autres

gorgées d’eau, le temps pour le préparateur

physique et l’entraîneur adjoint de

mettre en place le travail sur les mouvements.

Pendant ce temps, dans un coin de la salle,

Daniel Levavasseur commence les leçons

individuelles. La première à croiser le fer

avec le maître d’armes est la Brésilienne

Nathalie Moellhausen, une autre élève de

son académie, championne du monde en

titre. Leurs épées s’entrechoquent en un

Sar-

neur

expérimenté (40 ans de coaching!),

qui prépare la treizième Olympiade de

sa carrière. « -

», sourit-il, ravi à l’idée

d’imaginer ses deux petites protégées

tirer pour l’or à Tokyo. Un rêve pour Sar-

« J’AI TOUJOURS PRÉFÉRÉ LES SPORTS

INDIVIDUELS CAR JE N’AIMAIS PAS

PERDRE À CAUSE DES AUTRES. »

éditions des Jeux (8 e à Londres en 2012

et 5 e à Rio en 2016), la championne tunisienne

entend bien faire parler d’elle

une troisième fois cet été, au Japon. Pour

pouvoir mettre toutes les chances de son

côté, la décuple championne d’Afrique à

ploi

du temps cette année. Elle s’entraîne

32 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


En immersion

avec Sarra Besbes

qui défendra les

couleurs de la

Tunisie aux Jeux

Olympiques de

Tokyo !

avec l’académie de Levavasseur du lundi

au vendredi de 9h00 à 13h00, puis enchaîne

avec 1h30 de « prépa physique »

supplémentaire trois fois par semaine ; le

tout entrecoupé de nombreux soins chez

le kiné et d’échéances sportives quasiment

tous les week-ends. «

de côté mes activités de maître d’armes

pour le VGA Saint-Maur, mon club d’escrime,

et diminuer ma participation aux

compétitions par équipes», explique-telle.

Impossible également pour la jeune

femme, titulaire d’un Master en biologie,

nutrition et santé (en plus d’une licence

pour le moment. «L’escrime me prend trop

de temps, et la préparation des Jeux aussi»,

poursuit celle qui, une fois retraitée,

souhaiterait devenir éducatrice physique

adaptée. En attendant, elle donne tout ce

qu’elle a à son sport.

Bien armée avec un maître

français

« »,

s’amuse Daniel Levavasseur au moment

de donner sa leçon individuelle à Sarra. Le

maître d’armes connaît bien l’escrimeuse

tunisienne ; c’est lui qui l’a accueillie à

son arrivée en France en 2008, à l’âge de

19 ans. «Je ne pouvais plus m’entraîner

en Tunisie car il n’y avait plus de « sparring-partner

» [ndlr, partenaire d’entraînement],

nous explique la jeune femme. Mon

coach de l’époque m’a conseillé de partir

contacté son bon ami maître Daniel.» En

nous racontant leur histoire commune,

maître et élève se rendent compte qu’ils

collaborent ensemble depuis douze ans à

su entretenir avec le VGA Saint-Maur Omnisports.

« », témoigne

l’épéiste, médaillée de bronze aux

Mondiaux de Moscou en 2015.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 33


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

Mais Sarra Besbes n’est pas

la seule escrimeuse tunisienne à avoir

quitté son pays natal faute de moyens et

Inès Boubakri, présente sur le podium des

derniers JO de Rio (bronze), a elle aussi

traversé la Méditerranée à 19 ans, motivée

par la volonté de percer au plus haut

niveau de l’escrime mondiale. Les deux

jeunes femmes partagent d’ailleurs beaucoup

d’autres points communs : leur âge

(31 ans), leur graine de championne (elles

ont toutes les deux l’escrime dans le sang

par leur mère), leurs études en STAPS et

leurs diplômes de maîtres d’armes. Cet

été, à Tokyo, toutes deux tireront en individuel

pour la Tunisie, le pays ne possédant

«

le même parcours, la même histoire de

vie et on se croise lors des grandes compétitions

internationales comme les Jeux

Olympiques», apprécie Sarra. Leur seule

lité

depuis que cette dernière a troqué le

« C’EST VRAI QUE JE N’AI QUE 31 ANS

MAIS JE SENS QUE MON CORPS EST

DÉJÀ FATIGUÉ. »

Sarra s’entraîne

actuellement à

Paris avec son

maître d’armes

français, Daniel

Levavasseur.

différences entre les deux armes : «Le

-

tés

d’attaque. Dans cette spécialité, on

ne peut toucher son adversaire qu’avec

la pointe de la lame et qu’au niveau du

buste. L’épée est une arme plus lourde et

moins réglementée ; on ne peut toucher

qu’avec la pointe aussi, mais à n’importe

quel moment et sur toutes les zones du

corps, les mains et les pieds y compris.» On

le remarque d’ailleurs pendant la leçon,

lorsque la lame de Sarra vient s’engouffrer

sous le gant de protection du professeur.

« Aïe », lâche-t-il de surprise avant de l’encourager

: «Sois plus agressive !».

Au spectacle de ces attaques pédagogiques

entre le maître d’armes et son

élève, on ne peut que constater l’explosivité

de ce sport. Le corps est tout le temps en

mouvement, en tension, prêt à bondir en

avant ou en arrière. Sarra boit beaucoup

pendant l’entraînement et met toute son

énergie pour travailler sa technique. Sous

le masque, son visage grimace. Comme

pour chasser la douleur, elle se tape régulièrement

l’épaule, une articulation qu’elle

cite parmi les plus traumatisées par l’escrime.

Il y a aussi les genoux et le poignet,

deux zones fortement sollicitées et qui,

chez elle, ont déjà été opérées. «C’est vrai

», reconnaît Sarra.

Quand on lui demande si elle se voit

sur les pistes après Tokyo, la championne

tunisienne hésite. «

ce qui est de l’escrime on verra. D’abord

».

L’entraînement se termine par un « assaut »

(terme technique désignant un combat à

l’escrime). Mais Sarra ne tirera pas plus de

dix minutes aujourd’hui, elle est « trop cassée

». Heureusement cet après-midi, elle

a rendez-vous chez son kiné. Et demain,

rebelote, avec une séance de physique en

prime après l’entraînement ! Un emploi

du temps qu’elle conservera jusqu’au 25

juillet 2020, date de son passage sur la

piste olympique de Tokyo. La compétition

prendra la forme d’un tableau à élimination

directe, sans système de repêchages

comme au judo. Autrement dit, une faute

et c’est la porte… «», sourit

Sarra, consciente que c’est le lot de tous

les sportifs de haut-niveau. Mais cette journée

pourrait également être la plus belle

de toute sa vie. Elle pourrait monter sur la

plus haute marche du podium. Alors, ça

vaut le coup de bien s’armer ! WS

34 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Elles visent

une médaille

à Tokyo !

Sarra Besbes ne sera pas la

seule sportive africaine à

débarquer pleine d’ambitions

cet été au Japon. Sa

compatriote lutteuse Marwa

Amri, ainsi que de nombreuses

autres championnes du

continent, tenteront elles

aussi d’inscrire leur nom

au palmarès de ces Jeux

Olympiques 2020 (24 juillet-9

août). Voici quelques grands

espoirs de médailles.

© Picture alliance/Icon Sport

BEATRICE CHEPKOECH

KENYA, 28 ANS

(ATHLÉTISME, 3.000 M STEEPLE)

Championne du monde en titre (Doha-2019)

Championne d’Afrique en titre (Asaba-2018)

Recordwoman de la spécialité

en 8 min 44 sec 32

4 e aux JO de Rio-2016

© PA Images/Icon Sport

HALIMAH NAKAAYI

OUGANDA, 25 ANS

(ATHLÉTISME, 800 M)

Championne du monde en titre

(Doha-2019)

Médaillée de bronze aux Jeux Africains

de Rabat-2019

© Sportsfile/Icon Sport

© Sputnik/Icon Sport

D.R.

HELLEN OBIRI

KENYA, 30 ANS

(ATHLÉTISME, 5.000 M)

Médaillée d’argent aux JO de Rio-2016

Double championne du monde en titre

(Londres-2017 et Doha-2019)

MARWA AMRI

TUNISIE, 31 ANS

(LUTTE LIBRE)

Médaillée de bronze aux JO de Rio-2016

Vice-championne du monde 2017

11 fois championne d’Afrique depuis 2009

KHADIJA EL-MARDI

MAROC, 29 ANS

(BOXE AMATEUR)

Quart-de-finaliste des JO de Rio-2016

Médaillée de bronze aux Mondiaux-2019

Championne des Jeux Africains de Rabat-2019

© Rocksweeper / Shutterstockww

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 35


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

Reconversion

Azza Besbes,

Géraldine Yema Robert,

des exemples à suivre

Deux sportives de haut niveau nous racontent comment elles ont anticipé la fin de leur carrière.

Deux histoires différentes, deux parcours distincts, une même réussite.

PAR FLORIANE CANTORO

Azza Besbes

29 ans

En activité

Escrime, sport peu professionnel

Reconversion progressive pendant

la carrière (double projet)

Consultante (EY)

Géraldine Yema Robert

39 ans

Récemment retraitée

Basketball, un des sports les plus

professionnels pour les femmes en

France

Reconversion anticipée en fin de

carrière (reprise des études)

Coordinatrice nationale du

Championnat scolaire et

universitaire (Gabon)

Azza Besbes est une escrimeuse tunisienne spécialiste

du sabre (ndlr, elle est la soeur de l’épéiste Sarra

qui nous a ouvert les portes de sa préparation

olympique, pages 32 à 34). Parmi ses plus beaux

succès sportifs, on peut citer un titre de vice-championne

du monde 2017, 12 titres africains et deux quarts-de-

rempli : école d’ingénieur et école de commerce (ESCP Europe).

Depuis l’obtention de son Master spécialisé en contrôle de ges-

Ernst & Young (EY), un des plus grands cabinets d’audit et de

Le double projet : une priorité !

Née dans une famille de grands champions, Azza Besbes

a eu conscience très tôt des risques liés à une carrière

sportive de haut niveau. Elle a toujours su qu’elle devait se

construire un « bagage » à coté de l’escrime, et donc concilier

sport et études. À l’école, elle s’arrangeait avec les administrations

pour rattraper les cours ou déplacer des exa-

Géraldine Yema Robert est une ancienne basketteuse

professionnelle franco-gabonaise.

Elle a remporté de nombreux titres pendant sa

carrière dont celui de championne de France

2014 avec Montpellier. Sélectionnée quelques

fois en équipe de France, l’ailière d’1m84 a été une illustre

capitaine des « Panthères » du Gabon avant de prendre sa

retraite en décembre dernier. Elle est depuis Coordinatrice

nationale du Championnat sportif scolaire et universitaire

gabonais.

Une carrière sur les parquets inattendue !

Pour comprendre la reconversion de Géraldine Yema Robert,

il faut d’abord connaître son histoire.

Contrairement à la majorité des basketteuses professionnelles,

elle n’est pas issue d’un centre de formation ; elle a

été repérée sur les playgrounds londoniens, alors qu’elle

jouait avec des amis. « À la base, je ne pensais pas du tout

avoir ce genre de carrière », confie-t-elle. À l’époque, elle

36 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


mens. Elle se dit également « bénie » d’avoir eu des parents

qui l’ont aidée dans son double projet, « l’un comme aide

aux devoirs, l’autre comme chauffeur ».

Pour EY, les choses ont été plus faciles car c’est le cabinet

lui-même qui est venu la démarcher, intéressé par son

profil «atypique» de sportive de haut-niveau. L’entreprise

accepte donc qu’elle soit libérée à certains moments pour

se rendre aux entraînements, en stage ou en compétition.

« Depuis janvier, j’ai pris un congé sans solde pour préparer

les prochains JO, précise Azza Besbes. Tokyo-2020 sera ma

dernière Olympiade et je veux vraiment vivre l’expérience

à fond. » Elle avait déjà réservé 100% de son temps à l’escrime

de 2014 à 2016, avant les Jeux de Rio, repoussant ainsi

sa rentrée à l’ESCP Europe de deux ans (inscrite en 2014,

rentrée en 2016).

Le double projet : une sérénité !

En dehors de ces deux petites périodes où elle a privilégié

l’escrime, la championne a toujours voulu mener de

front carrière sportive et carrière professionnelle. Un choix

qu’elle revendique pour plusieurs raisons. D’abord, travailler

chez EY lui permet de connaître des gens en dehors du

sport ; cela créé « une diversité de milieux qui est enrichissante

». Ensuite, cela lui apporte de la « sérénité » ; « je sais

que le jour où je mettrai un terme à ma carrière sportive, la

vie ne s’arrêtera pas ».

D’ailleurs, pour l’anecdote, lorsqu’Azza Besbes décroche

l’argent au Mondial-2017, elle vient tout juste d’être embauchée

chez EY. « Je sortais d’une déception à Rio où je

perds 15-14 en quarts-de-finale. J’avais repris mes études,

pensant ma carrière terminée. Puis EY m’a contactée. Je

me suis dit : « Tiens, j’ai trouvé un job et mon entreprise

est partante en plus pour que je continue le haut niveau ! »

Dans la foulée, je fais la meilleure performance de toute ma

carrière. Parce que tout simplement j’avais l’esprit léger, je

savais que ma reconversion était assurée. » Elle poursuit :

« Quand je finis l’entraînement, que je prends ma douche

et que j’enfile mon tailleur pour aller au cabinet, je deviens

« Azza la consultante ». J’oublie le stress des blessures, la

pression des résultats… Et inversement quand je quitte le

bureau. » C’est ainsi qu’elle trouve son équilibre. « Ne faire

que du sport ne [l]’intéresse pas ». Quand elle arrêtera le

haut-niveau, elle devra aussi compenser ce « vide », sans

doute en restant impliquée dans le milieu du sport.

venait de terminer une licence en informatique pour devenir

analyste-programmeur et vivait de petits boulots

en Angleterre avec son fils. Lorsqu’elle signe son premier

contrat pro en 2004, elle a déjà 24 ans.

S’en suivent quinze années à arpenter les parquets du

monde entier ! Une carrière enrichissante qui fait évoluer

ses envies professionnelles. L’informatique est rapidement

abandonné. « Je me voyais bien continuer dans le sport et

plus précisément dans le management sportif ». Géraldine

Yema Robert s’est donc inscrite à l’Université de Montpellier,

section Management et Marketing Territorial du Sport

(diplômée en 2018).

La bonne préparation, la bonne

opportunité

« Je songeais à ma reconversion depuis deux ou trois

ans déjà », explique-t-elle pour justifier cette reprise des

études. Cela faisait quelques années aussi que le chef de

l’État gabonais et son ministre des Sports la sollicitaient

pour venir développer le sport dans son pays natal. « Je me

sentais encore capable de jouer, alors j’ai continué », sourit-elle.

Puis, en décembre, on lui a proposé de remettre

sur pied un projet pour les jeunes : le Championnat sportif

scolaire et universitaire. Elle s’est dit que c’était une « belle

opportunité » et le « moment idéal » pour sa retraite.

« LES SPORTIFS

DEVRAIENT AVOIR PLUS

DE CHANCES AVEC LES

ENTREPRISES. »

La transition des parquets vers ce poste très administratif

s’est bien passée. Outre son diplôme anticipé, l’ancienne

basketteuse peut s’appuyer sur son expérience du haut niveau

dans ses nouvelles fonctions : gestion du stress, travail

d’équipe, confiance… Elle connaît tout cela par cœur !

C’est pourquoi, selon Azza Besbes, les sportifs devraient

avoir plus de chances avec les entreprises. A bon entendeur.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 37


SPÉCIAL AFRIQUE | CHAMPIONNES

L’équipe nationale

féminine de football

de Mauritanie a vu

le jour en 2019. Avec

un plan ambitieux

de développement !

D.R.

Football en Mauritanie :

naissance

d’une équipe

nationale !

En juillet dernier, l’équipe

de football féminine de

Mauritanie a disputé

son premier match de

compétition internationale,

quelques jours avant

le tournoi COTIF, en

Espagne. Une rencontre

amicale perdue face

à Djibouti (3-1), qui a

marqué l’histoire et ouvert

la voie à de nombreux

espoirs pour les joueuses

mauritaniennes.

PAR VANESSA MAUREL

Portées par Fatou Diop, qui a inscrit

le seul but de son équipe sur

pénalty, les Mauritaniennes et

leur fédération souhaitent désormais

viser plus haut. En effet,

la FFRIM a pour projet de porter le football

féminin au même niveau que le football

masculin et ainsi

cette discipline dans le monde.» L’an dernier,

l’équipe masculine de football nationale

a participé à sa première CAN (Coupe

d’Afrique des nations), où elle a concédé

une défaite pour deux matchs nuls contre

l’Angola et la Tunisie. Un exploit qui donne de

l’espoir à la section féminine et son coach

Aboulaye Diallo qui désire «montrer au

être sportive». Mais pas que ! Si depuis 2016

les footballeuses évoluent dans leur propre

championnat, elles aspirent désormais au

plus haut niveau.

Porter le football féminin au

niveau du football masculin !

D.R.

C’est pourquoi la FFRIM a mis en place un

département en charge du développement

de la section féminine. Les organisateurs

ont pour objectif de former et préparer

une nouvelle génération de femmes entraî-

per

l’équipe nationale de football féminin

aux compétitions internationales. Pour cela,

le département veut «développer les in-

des clubs et écoles, ou encore augmenter le

de haut niveau».

Un programme inimaginable il y a encore

quelques années. Mais le travail paie. Fatou

Diop l’a récemment prouvé en signant son

2019, avec le club de 1 ère division marocaine

Assa Zag. Un petit pas de plus vers la professionnalisation

du football en Mauritanie, qui

devrait, à coup sûr, donner de l’espoir aux

WS

38 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


SOMMET

Afrique-France

Pour les villes

et territoires durables

CHANGER LES VILLES

POUR CHANGER LA VIE

BORDEAUX

4, 5 ET 6 JUIN 2020

UN SOMMET INÉDIT QUI ASSOCIE

L’ACTION DES ACTEURS ÉCONOMIQUES

À LA VISION POLITIQUE

sommetafriquefrance2020.org


SPÉCIAL AFRIQUE | ENSEMBLE

L’éducation par le sport,

nouveau

moteur

du Maroc

Véritable patrie du sport, le

Maroc a fait de sa pratique

une nécessité depuis

quelques années pour le

développement et l’éducation

de sa jeunesse. Après avoir

accueilli les Gymnasiades

en 2018, considérées comme

les « Jeux olympiques du

sport scolaire », le pays est

cette année le théâtre du

tout premier Sommet de

l’éducation par le sport.

PAR HUGO BERNABEU

Pour booster son économie, le Maroc

mise notamment sur le sport.

Fédérateur et attractif, le sport

est en effet un excellent tremplin

économique. En 2016, l’Euro de

football a par exemple rapporté 1,22 milliard

d’euros à la France, pays organisateur de

l’événement. Coupe du monde de football,

Coupe d’Afrique des Nations, championnats

du monde de judo… Le Maroc s’est déjà positionné

pour accueillir les prochains grands

rendez-vous sportifs de la planète. Des initiatives

qui en disent long sur sa volonté de

devenir une place forte du sport en Afrique.

Mais au-delà de sa dimension économique,

le sport est également un puissant moteur

d’éducation.

C’est de ce constat qu’est parti Laurent Petrynka,

président de la Fédération internationale

du sport scolaire (ISF), pour organiser,

en mai 2018, la toute première édition

des Gymnasiades en Afrique. « Il s’agit en

quelque sorte des Jeux Olympiques scolaires

où les meilleurs jeunes des quatre coins du

», nous détaillet-il.

Un événement bien loin d’en être à son

coup d’essai, puisque les premières Gymnasiades

remontent à 1974, mais qui va véritablement

prendre son essor pour sa 17 ème

édition placée sous le signe de « l’éducation

par le sport », à Marrakech et Casablanca.

« C’était magique, se remémore Laurent

Petrynka.

une palette de 18 sports allant du taekwondo

au tennis, en passant par les échecs...

Nous voulions aussi insister sur l’aspect

culturel de l’événement en proposant à des

jeunes venus de Chine ou du Pérou, qui n’ont

des ateliers et des visites pour découvrir ce

». Autre

engouement des pays du continent. « Nous

© International School Sport Federation

-

». Des efforts récompensés

puisque 28 nations africaines ont

participé à l’édition au Maroc. Le pays hôte

a d’ailleurs terminé à la deuxième place du

podium général, derrière les jeunes athlètes

ukrainiens (106 médailles), en récoltant pas

moins de 87 médailles. Preuve, là encore, de

l’implication grandissante des pays africains

autour du sport scolaire. En attendant de revoir

les Gymnasiades au Maghreb - le tournoi

sera organisé en Normandie du 14 au 22

mai 2022 - les initiatives à destination des

Du 4 au 6 avril, le pays accueille le tout premier

Sommet de l’éducation par le sport à

Casablanca. Un forum ambitieux qui réunit

pendant trois jours plus de 8.000 acteurs

(hommes politiques, athlètes, représentants

de clubs, coachs sportifs, parents et

enfants) autour d’un objectif commun, « li-

». « L’idée est aussi

de démontrer comment le sport peut devenir

une vraie brique du développement des

une nécessité institutionnelle identitaire en

», étaye Mohamed Amine Zariat, président

de l’association TIBU, qui chapeaute

le projet. Au travers de conférences et d’ate-

tier

auront l’occasion de mettre en avant des

40 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


La jeunesse

du monde est

en Afrique et

le sport est un

levier puissant

d’éducation !

© Chamsi Dib

© International School Sport Federation

par le sport au Maroc. Une formation d’un an

autour du sport, des langues, du marketing

et de la communication, couplée à un stage

et jeunes garçons de trouver un emploi dans

le monde du sport. Chaque été, l’association

marocaine organise également les TIBU Girls

Camp, des camps d’entraînement gratuits

pour développer ses performances physiques

et techniques, mais aussi appréhender

la notion de leadership, indispensable

pour le sport de haut niveau. Pour l’instant

focalisés sur la pratique du basket, les TIBU

Girls Camp vont s’étendre à la pratique de

nouvelles disciplines comme le football, le

tennis et bien d’autres.

initiatives novatrices et de faire découvrir de

nouvelles disciplines « comme le MMA ou le

basket à trois, précise Mohamed Amine Zariat.

la journée mondiale du sport pour le développement

et la paix, sera elle consacrée

premier plaidoyer de l’éducation par le sport

»

Favoriser l’émancipation des

femmes et des filles africaines

grâce au sport

Pour cette première édition, les organisateurs

veulent aussi mettre l’accent sur l’émancipa-

au sport. Une thématique qui sera abordée

en association avec le Fonds des Nations

unies pour la population (UNFPA), au travers

d’une douzaine d’ateliers et d’activités en

extérieur animées par des coachs sportives.

«

tiquement

impacter positivement son entou-

respect, de tolérance et d’inclusion. »

Dans ce domaine, l’association TIBU peut

déjà s’appuyer sur son expérience. L’année

dernière, elle a par exemple organisé le premier

programme d’insertion professionnelle

Mais les initiatives de ce genre restent rares

et c’est pourquoi TIBU mise sur le Sommet

de l’éducation par le sport pour mettre un

vrai coup d’accélérateur. « De cet événe-

engagements seront pris », indique le président

de l’association, déjà dans les starting-blocks

pour renouveler l’expérience en

2022. « Ce sera surtout un bon moyen de se

ans et, pourquoi pas, de viser encore plus

haut pour les deux années suivantes. » Et si

la première édition s’est déroulée au Maroc,

pays d’attache de l’association, Mohamed

Amine Zariat imagine déjà un sommet « au

Sénégal ou en Côte d’Ivoire, avec toujours le

WS

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 41


SPÉCIAL AFRIQUE | ENSEMBLE

COURIR

SOLIDAIRE !

Courir, c’est bien. Courir pour la bonne cause,

c’est encore mieux ! En Afrique, de nombreux

événements sportifs « solidaires » ont vu le jour au

cours des dernières années. Des treks, des raids, des

courses d’orientation : il y en a pour tous les goûts et

surtout pour toutes les causes. PAR VANESSA MAUREL

© Trek Elles Marchent

Sénégazelle

La Sénégazelle est une épreuve sportive mais aussi un moment d’échanges

et de rencontres. En clair, cette course exclusivement féminine permet

aux participantes de courir dans le but d’apporter du matériel scolaire à

des enfants. Chaque jour, leur course (d’une dizaine de kilomètres) prévoit

une arrivée dans une école, où chaque « gazelle » amène un petit colis de

fournitures qu’elle aura elle-même préparé. Elle pourra le donner en main

propre à des élèves. En 2017, 15 tonnes de fournitures scolaires ont

été distribuées pour environ 250 participantes, ce qui représente plus de

20.000 élèves dotés.

www.senegazelle.fr

© Trek Elles Marchent

Trek elles marchent

Lâchées dans le désert du Maroc, les participantes, par équipes de quatre,

doivent s’orienter à l’aide d’une carte et d’une boussole pour trouver trois

bornes par étape, ainsi que le bivouac du soir, le tout sur une durée de

quatre jours. À chaque borne, les sportives devront répondre à une question

réalisé permet à l’équipe de marquer des points supplémentaires. L’équipe

totalisant le plus de points est désignée vainqueure. Le 5ème et dernier jour

de l’aventure est consacré à une action solidaire, différente chaque année.

En 2020, les actions auront lieu dans deux villages : Ramlia et Ouzina. Pour

aider les villageois, les participantes planteront des palmeraies de dattiers

extra (Aziza Bouzid et Boufeggous), fabriqueront des clôtures et réaliseront

des torchis sur les fours à pain et sur les murs.

www.trekellesmarchent.com

© AMCM- Mainguy

© Cyril Bussat / photossports.com

42 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© Comité d’organisation du 10kmpourlapaix

Sahraouiya

La Sahraouiya est un raid solidaire, exclusivement féminin, combinant plusieurs disciplines : le cyclisme, le canoë, le running, le trail,

l’orientation et la natation. Lors de cette course, étendue sur une durée de huit jours, les participantes se dépensent pour une

association caritative de leur choix. Chaque équipe, composée de deux personnes, rapporte de l’argent à l’association qu’elle aura

choisie par le biais du montant de l’inscription. L’autre partie proviendra de la matinée de crowdfunding, organisée pour l’événement. Au

total, ce sont plus de 30 associations soutenues aux niveaux national et international.

www.sahraouiya.com

© Sahraouiya

© Sahraouiya

© nullplus / Shutterstock

© Sahraouiya

10 km pour la Paix

Le 10 km pour la paix, qui se déroule à Rabat depuis

2016, a été initié par les premières dames, femmes des

ambassadeurs français en Afrique. Dans leur esprit,

C’est pourquoi elles ont décidé de se servir de la Journée

internationale du sport au service de la paix et du

développement (le 6 avril) pour organiser une course qui

« partage des valeurs », nous explique Marie-Cécile Tardieu,

épouse de l’ancien Ambassadeur de France au Maroc, et

ex-chef du service économique régional de Rabat. Parmi

elles, « la tolérance, l’acceptation de l’autre, le partage »,

mais surtout la solidarité. Car au-delà du fait que chaque

année, une partie des bénéfices est reversée à des

associations, la course est surtout ouverte à tous, y

compris à des personnes en situation de handicap. Lors

de la dernière édition, 3.000 coureurs se sont prêtés au

jeu et se sont concurrencés sur un parcours unique tracé

dans Rabat, homologué par les instances de l’athlétisme.

Aujourd’hui, Marie-Cécile Tardieu serait « heureuse qu’un

partenariat se noue avec le 10 km pour la paix de Rabat

autour de cette date ».

www.10kmpourlapaix.com

Œil de l’experte

Marie-Cécile Tardieu

LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

D’UNE COURSE SOLIDAIRE :

• la qualité de l’événement sportif - les participants sont exigeants.

Le fait de courir pour la bonne cause ne les conduira pas à être

indulgents si les conditions logistiques ne sont pas à la hauteur. Il

faut se rapprocher des standards des meilleures courses (t-shirts

chrono, disponibilité rapide des résultats).

• la qualité de la communication - les outils (réseaux sociaux, site

internet) doivent démultiplier la résonance de la cause et permettre

le ralliement. Il faut trouver des partenaires médias gratuits pour que

• l’importance de la transparence et du reporting pour rallier des

sponsors sérieux et pérennes.

• l’importance de l’inclusion en s’appuyant sur des associations déjà

organisées - il convient de travailler dans la durée, pas juste le temps

d’une course - qui permettent d’amener des personnes fragiles ou à

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 43


SPÉCIAL AFRIQUE | ENSEMBLE

Espoir

Le karaté pour

reconstruire

les femmes victimes

de viols de guerre

Triple championne du monde de karaté, Laurence Fischer a fondé l’association «Fight For

Dignity» pour venir en aide aux femmes victimes de violences. En République Démocratique du

Congo, où le viol est utilisé comme une arme de guerre, plus de 200 femmes se reconstruisent

chaque année grâce à la pratique du karaté. PAR HUGO BERNABEU

Depuis plus de vingt ans, le docteur

Denis Mukwege consacre

sa vie aux femmes victimes de

violences sexuelles. « C’est un

Démocratique du Congo, où le viol de masse

est utilisé comme une arme de guerre », dénonçait-il

encore en février dernier, en marge

d’une commémoration en souvenir des victimes

de massacres dans l’Est du pays. En

1999, ce gynécologue-obstétricien décide de

fonder à Bukavu dans la région du Sud-Kivu,

la Maison Dorcas, véritable havre de paix

dans lequel une pléiade de médecins vient

en aide à ces femmes détruites. Les soigner

reconstruire pour qu’elles retrouvent une raison

de vivre. Un combat qu’il mène encore,

jour après jour, et qui lui aura valu le Prix Nobel

de la Paix en 2018.

C’est à la suite d’une rencontre avec cet

homme hors-normes, en 2014, que Laurence

Fischer décide d’« ».

Championne du monde de karaté à trois reprises

entre 1998 et 2006, elle a alors l’idée

de transmettre aux « survivantes », comme

s’appellent les résidentes de la Maison Dorcas,

sa passion pour cet art martial. «

participer à tout un tas d’activités pendant

« PLUSIEURS ÉLÈVES DE LA MAISON

DORCAS NOUS ONT FAIT PART DE LEUR

ENVIE D’ENSEIGNER À LEUR TOUR LE

KARATÉ DANS LEUR VILLAGE NATAL. »

leur convalescence comme de la musique

ou de l’art, alors pourquoi pas du karaté ? »,

résume simplement la championne.

Depuis bientôt six ans, une vingtaine de

pensionnaires se réunit chaque semaine

sur le tatami pour une séance de karaté un

peu particulière… Ici, il n’est pas question

de mettre K.O son vis-à-vis, mais plutôt de

se servir du sport comme un outil thérapeutique

dans leur parcours de reconstruction.

Une méthode de travail inédite que la

Française a baptisée Fight For Dignity (FFD),

© Géraldine Aresteanu

44 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


La Maison Dorcas

accueille des

femmes et filles

référées “SVS”

(Survivantes

des Violences

Sexuelles) .

© Géraldine Aresteanu

comme l’association qu’elle lance en 2017.

«

karaté, en utilisant aussi des techniques de

yoga, de méditation et de respiration », détaille

Sabine Salmon, directrice de FFD et

aussi karatéka à ses heures perdues.

Un véritable exutoire pour ces jeunes

femmes, qui ont pour la plupart entre 12 et

18 ans. « Elles débordent d’énergie », s’exclame

Sabine Salmon. Mais les médecins de

l’établissement savent aussi mettre le pied

sur le frein quand la machine s’emballe un

peu trop. « Lors de mon dernier voyage làbas,

je me souviens d’un moment où un des

en pleine séance, poursuit-elle. D’un coup,

inimaginable en France ! » Car depuis mars

2018, la Maison des femmes de Saint-Denis,

en région parisienne, accueille aussi

les cours de karaté de Laurence Fischer.

Ici, c’est l’ancienne championne du monde

en personne qui enseigne chaque semaine.

«

France. Le symbole de l’autorité masculine

est beaucoup trop pesant », explique la directrice

de l’association.

Un véritable exutoire pour ces

jeunes filles

Mais le chemin de croix des deux karatékas

est encore long. Des milliers de femmes

victimes de sévices physiques et psychologiques

ont besoin d’aide à travers le globe.

« C’est un mal universel. Il y a du boulot car le

monstrueux », déplore Laurence Fischer. En

France, de nouvelles Maisons des femmes,

similaires à celle de Saint-Denis, devraient

bientôt voir le jour. L’occasion idéale d’y développer

la pratique du karaté avec des éduca-

Fight For Dignity.

© Géraldine Aresteanu

En Afrique, Sabine Salmon savoure une

nouvelle encore plus réjouissante : « plu-

leur tour le karaté dans leur village natal. »

Une perspective incroyable à laquelle l’association

va contribuer en formant une dizaine

de « survivantes » à l’enseignement

de la discipline. Quelques kilomètres plus

loin, à Bangui, capitale de la Centrafrique,

femmes victimes de violences sexuelles va

voir le jour en 2020. Un projet supervisé

de près par le docteur Denis Mukwege et

auquel l’association Fight For Dignity espère

naturellement s’associer.

En parallèle de toutes ces précieuses initiatives,

Sabine Salmon attend avec impatience

les résultats d’une étude menée

depuis mars 2018 en partenariat avec

l’Université de Strasbourg. L’objectif : dé-

sport sur ces femmes en pleine reconstruction.

«

travailler sur des outils de sensibilisation

et de prévention, annonce la directrice

de FFD.

tastique,

mais leur apporter un soutien en

amont, c’est encore mieux. » WS

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 45


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

Dossier

LA « BATTLE »

DES DANSES

AFRICAINES !

Abécédaire,

exportation

et rayonnement

Les danses africaines modernes, souvent nées dans les

rues, s’inspirent des danses traditionnelles africaines.

Elles apportent souplesse et renforcement musculaire,

leurs rythmes envahissent le corps. Mais en réalité,

il en existe un nombre incalculable ou presque ! On

est parti en tester pas mal et interroger les spécialistes

dans ce domaine. Immersion et explications tout en

percussions, avec l’éclairage de deux directrices d’écoles

de danse. PAR LÉA BORIE

© Merla / Shutterstock

RICHESSE ET DIVERSITÉ

CULTURELLES DES DANSES

AFRICAINES

Deux choses tout d’abord. On distingue

les danses africaines urbaines

et traditionnelles, bien que les premières

soient issues des secondes.

Un pays, différentes influences musicales,

et autant de courants dansés.

Ces derniers sont souvent créés par

des groupes musicaux, eux-mêmes

précurseurs de styles de danse qui

accompagnent leurs rythmes. Il s’agit

donc, la plupart du temps, de musiques

sur lesquelles on va danser,

où les mouvements vont s’imposer. Il

faut dire que la musique a une forte

valeur sociale sur le continent. Elle

accompagne tous les événements et

rassemble les communautés.

46 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Petit abécédaire des

danses afro-urbaines

stars

Une liste non exhaustive

d’influences africaines qui nous

inspirent, nous parlent, nous

plaisent, nous séduisent...

AFRO HOUSE :

from : Angola

Née dans les années 2000 d’un courant

musical angolais, elle est influencée

par le Pantsula. Côté son, on est

sur un mélange de basses profondes

sur fond de sonorité africaine groove et

pleine d’énergie.

ALKAYIDA :

from : Ghana

AZONTO :

from : Ghana

Entre humour et expression, cette danse

née dans les années 2000 est aussi un

genre musical dont les lycéens se sont

emparés. Inspirée des gestes de la vie

et des tâches quotidiennes, elle laisse

libre court à son imagination, afin que

chacun se l’approprie et communique

ses émotions à travers des jeux de rôle

désinvoltes et rieurs.

COUPÉ-DÉCALÉ :

from : Côte d’Ivoire

Apparu dans les années 2000, ce mouvement

est né de l’expression « Coupé-décalé-travaillé

» et s’inscrit dans le

mouvement culturel de la Sagacité. Il

correspond à l’arrivée de la guerre civile

ivoirienne en 2002. En termes de sonorité,

on est sur un ensemble guitare,

basse, batterie, clavier, synthétiseur,

boîte à rythmes, tambour, conga.

FUNANÁ :

from : Cap Vert

Genre de musique traditionnelle avec

un ferrinho (accordéon), le funaná se

veut un rythme rapide. On le danse seul

ou à deux, mais dans les années 60

et jusqu’à l’indépendance du Cap-Vert

en 1975, il était interdit en public car

il prônait des valeurs de liberté et de

justice, voire il était considéré comme

anti-biblique.

GWETA :

from : Togo

Apparue en 2013, cette danse mise

tout sur des déplacements de jambes,

des mouvements de l’ensemble du

corps qui partent du bassin. Signifiant «

j’évite les jaloux », elle consiste en des

évitements de droite à gauche.

IKOKU :

from : Gabon

Une danse traditionnelle du peuple,

et notamment du groupe ethnique des

Punu, qui se pratique avec un pagne

noué autour de la taille. Sur fond de

chants en langue yipunu, on exécute

des mouvements saccadés du bassin et

du fessier, ainsi que des jeux de pieds.

JAZZÉ :

from : Gabon

Cette danse apparue en 2009 mêle la

danse bôlo et ndombolo, et séduit les

jeunes. Elle a surtout été prise d’assaut

par les chanteurs gabonais pour leurs

clips et concerts. Il faut dire qu’elle forme

un joyeux mix entre hip-hop et rythmes

traditionnels des cultures ga-

K comme

Kuduro. Une

danse angolaise

qu’on retrouve

désormais... un

peu partout !

Dans cette danse détendue et libre, inspirée

de la culture hip-hop ghanéenne

au nom du groupe terroriste Al-Qaïda, on

part de gestes du haut du corps. Les

tableaux de mouvements ajoutent aussi

des jeux de jambes, pour un balancement

du corps.

© criben / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 47


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

© Alex Goncharov / Shutterstock

bonaises. On la retrouve dans

les cérémonies de mariage au Niger,

en Guinée équatoriale, au Cameroun,

Congo, en Côte d’Ivoire. Tout le corps

est sollicité : tête, jambes, bas du dos,

poitrine, épaules…

KIZOMBA :

from : Angola

Ça signifie « fête ». Tout un programme !

Avec guitares, percussions, batterie,

synthétiseur… Le kizomba est un genre

afro-pop musical et la kizomba est une

danse née en 1980, d’un mélange de

samba, de kompa et de zouk, soit un

joyeux mariage d’Angola, d’Haïti et des

Antilles, caractérisé par la sensualité ;

tout en lenteur, torse contre torse.

KUDURO :

from : Angola

Littéralement, traduisez : cul dur ! Toute

une histoire… En sonorité, on mélange

break dance, semba, électro et instruments

africains. Pour le style, on

mixe le Malanje (danse angolaise), et

des mouvements de Jean-Claude Van

Damme dans Kickboxer (oui, oui !). S’il

est né en 1996 en Angola, il est aujourd’hui

développé au Cap-Vert, mais

aussi au Portugal, au Brésil, au Mozambique,

en Guinée-Bissau, en Guyane et

aux Antilles françaises. Il est même intégré

à des cours de zumba !

Des danses

sensuelles

à deux... ou

des danses

contestataires !

LOGOBI :

from : Côte d’Ivoire

Inspirée des ghettos d’Abidjan dans les

années 80, son objectif : reproduire des

combats de rue avec les mains et les

pieds. S’il a disparu dans les années

2010, le style refait surface depuis l’an

dernier grâce à la page Instagram LogobiTV

!

N’DOMBOLO :

from : République

démocratique du Congo

Dérivée de la rumba congolaise et du

soukous, elle a connu le succès à la fin

des années 90, mais a été censurée

en 2005 en RDC. Elle se danse sur une

musique rapide avec des mouvements

des hanches.

PANTSULA :

from : Afrique du Sud

Danse sociale et contestataire, elle est

née dans les townships de Johannesbourg

dans les années 60, et est très ancrée

dans le contexte socio-économique

du pays. Inspirée des claquettes et de

la pop culture américaine, elle rassemble

jeux de jambes et sifflements, pour une

danse à la choré théâtralisée. En réalité,

elle s’inspire de gestes quotidiens et reflète

une société multiculturelle.

SABAR :

from : Sénégal

Danse traditionnelle féminine, et ensemble

de percussions jouées par des

hommes, ce terme wolof est aussi le

nom d’une cérémonie festive. On exécute

cette danse en solo, avec en fond

des tambours.

SKELEWU :

from : Nigéria

C’est une danse issue du titre « Dieu

loin de moi ». Cette chanson a fait un

tabac en 2014 en Afrique. Avis aux curieux

: on trouve encore une vidéo de

danse pédagogique sur Youtube.

ZOROPOTO :

from : Côte d’Ivoire

Danse issue du courant coupé-décalé,

elle a vu le jour en 2010 et se veut être

un mélange de danses ivoiriennes, de

hip hop et d’acrobaties. WS

VOUS VOULEZ ALLER PLUS LOIN

DANS LE DÉHANCHÉ ?

www.thedancehall.sn

wwda.wawalasso.fr/lecole

On vous recommande les vidéos Youtube :

- 10 styles de danses africaines les plus

populaires

- Waka Waka #2- Festival Danses Afro

Urbaines - Lille

- The Dance Hall | A-Z OF AFRICAN DANCE

Si après ça, vous arrivez à rester

les fesses sur votre chaise…

© Rich T Photo / Shutterstock

48 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


L’INTERVIEW

JEANNINE FISCHER

« Au centre de mon projet d’école

de danse, l’estime de soi »

Chorégraphe franco-camerounaise installée à Lille, Jeannine Fischer est fondatrice de Wawa

l’asso et de l’école dédiée aux danses afro-urbaines, Waka Waka Dance Academy, dont les portes

sont grandes ouvertes depuis 2014.

Dans cette école de danses urbaines de matrice

africaine, 10 styles y sont dispensés. Des danses

urbaines d’Afrique de l’Ouest et du Centre, des Caraïbes

et du Brésil, énergiques, endurantes, saccadées

et chaloupées, qui

font vibrer petits et grands. L’objectif dans

cet apprentissage de l’historique des

pas : retranscrire l’état d’esprit de fête,

de liberté, de sensualité, de joie, de partage…

les gestuelles, les situations de vie

empruntées de la tradition de ces danses

populaires, tout en s’encrant dans la modernité

et la réalité sociale.

« Née à Paris, j’ai vécu plus de 10 ans

au Cameroun et souhaitais élargir cette

vision très ethno-centrée qu’on peut avoir

hors d’Afrique, et aborder une image de

cette Afrique moderne, pleine de vie. J’ai la

chance d’avoir voyagé depuis toute petite

et de pouvoir m’affranchir des carcans. Il y

a une vraie ébullition créative et avant-gardiste

en Afrique, dont on n’a pas assez

conscience en Europe. »

COMMENT AVEZ-VOUS DÉBUTÉ ?

J’ai commencé à m’intéresser aux danses d’Afrique de l’Ouest, aux

danses mandingues de l’Ancien empire. Après 10 ans de formation

en danses traditionnelles, j’ai cherché à me tourner vers des

pratiques modernes des courants afro urbains. C’est l’avènement

des réseaux sociaux, et en particulier Instagram, qui a permis une

diffusion massive, en Afrique mais aussi à l’international. Avant

cela, les danses africaines souffraient d’une image poussiéreuse

de danse de mariage.

DANSES URBAINES VOUS DITES ?

Oui car elles sont créées dans la rue. C’est d’ailleurs leur spécificité

: faire écho à une réalité sociale. Les pas de danse représentent

le peuple. Ce n’est pas pour rien qu’un pas de coupé-décalé

s’appelle la grippe aviaire, ou qu’un pas d’afro house donne

l’impression de boiter ! C’est aussi le reflet de l’après-guerre, de la

présence de mines antipersonnel en Angola notamment, avec des

civils estropiés. Les inspirations de styles travaillent aussi autour

de la musique, qui évolue vite. Afro beat du Nigéria, du Kenya, d’Ouganda…

se mêlent au rap, à la pop et au

dance hall des Etats-Unis.

© jeanine Lille Wawa

QUEL EST LE POINT COMMUN ENTRE

TOUTES LES DANSES SELON VOUS ?

L’enjaillement ! Un mélange de joie, de

bien-être, de lâcher-prise, de non-jugement

de l’autre. Des valeurs que je prône dans

mon école, avec au centre l’estime de soi.

En participant à un cours, on se reconnecte

avec l’énergie de la terre, on danse avec

son cœur pour libérer son corps et son esprit.

Il s’agit aussi de recréer du lien social,

ce qu’on retrouve moins en France. Ce qui

manque aussi ici, c’est la matrice.

LA MATRICE ?

On travaille autour de 3 zones

géographiques : Afrique, Caraïbes et

Brésil, et la mère, c’est l’Afrique ! C’est

pourquoi on puise dans l’histoire du

continent. Ça nous replonge dans les

diasporas, la capture d’esclaves, la déportation, entre cultures

africaines du passé et afro-descendants qui font perdurer cet

héritage au travers de la musique et la danse, et dont le monde

entier s’inspire.

C’EST ÇA QUI VOUS A MIS SUR LA VOIE POUR VOUS

LANCER DANS L’AVENTURE ?

En revenant d’Afrique, il me manquait cette ferveur, cette émerveillement,

ce sens du partage avec l’autre. C’est de ça qu’a découlé

le projet d’école de danse, cette cause engagée pour vivre ma

passion et la diffuser à tous les élèves. C’est pourquoi aujourd’hui,

on organise aussi des voyages culturels, des masterclass, des

workshop, des talks et même un festival de danses afro urbaines,

attendu prochainement à Lille. WS

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 49


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

MARIAMA

TOURÉ

« Pour ouvrir mon

école de danses

au Sénégal, j’ai dû

prouver qui j’étais.»

© The Dance Hall

Mariama Touré est partie

d’un constat de départ

pour ouvrir son école,

TDH (The Dance Hall) :

« En 2013, il n’y avait

pas ou peu d’espaces où danser au Sénégal,

les métiers de la danse étaient

encore peu valorisés. Je pensais : ‘On

ne peut pas être au Sénégal, avoir

envie de danser tout le temps sans

avoir d’infrastructure pour le faire !’» C’est pour elle l’occasion

rêvée de s’engouffrer dans la brèche : de quoi générer de la

valeur, créer des emplois et faire changer le point de vue de la

population sur la danse. « Quand j’ai démarré mon activité, en

2013, à 24 ans, ça n’a pas été évident d’être comprise de suite.

Il a fallu prouver qui j’étais. Danser ici à l’âge adulte nous classe

vite côté bad boy qui refuse de travailler.

J’espère participer à changer cette image de la danse, plus responsable,

plus qualitative aussi, pour que les danseurs soient

rémunérés à leur valeur. Une question de débat culturel, de formations

des danseurs, d’attention auprès de la jeunesse. On

collabore d’ailleurs avec une unité médicale à Dakar auprès

d’enfants déficients mentaux, car la danse est un outil de développement

marquant. »

Des danses et des musiques variées

« Ici, on parle de danses modernes africaines, qui incluent des

danses de différents pays, et donc différentes sonorités. Sur la

dizaine de profs de l’école, chacun a sa spécialité. Sur le terme

‘‘afro beat’’, nous sommes en désaccord. Il s’agit davantage

d’une musique que d’une danse. Les musiques sont transversales

et forment un univers. Et sur ce fond musical, les participants

accourent pour se détendre dans une bonne ambiance

et un esprit de famille, s’amuser, perdre des calories et gagner

en bonne humeur ! »

Des cours, des

événements

dansés, qui

rassemblent foule

de passionnés à

The Dance Hall.

© The Dance Hall

© The Dance Hall

© The Dance Hall

Un travail de recherches sur les danses

traditionnelles africaines

Comment éviter que ces danses ne se perdent ? Comment

mieux les transcrire et les partager sans les distordre ? Un

travail avec l’Université de Dakar, unité de recherche en ingénierie

culturelle en anthropologie. De quoi exposer, lors d’un

symposium en 2018, les spécificités des danses africaines.

Contrairement aux danses classiques, qui ont une entrée, une

sortie, et dont les pas ont des noms, ici, on n’est pas sur

des danses codifiées, elles fonctionnent à l’instinct. De ces

recherches en ressort un rapport d’une centaine de pages, La

codification des danses africaines, Revue de l’art et perspectives

de recherche, remis en janvier dernier au ministère de la

Culture sénégalais. WS

50 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© Urban Arts Academy

L’AFRO

HOUSE

Le coup de cœur Women Sports !

« Tais-toi, écoute

la musique et

danse ! », souffle

la prof avec une

fermeté rieuse à

ses élèves.

L’Afro House est née de la rencontre des danses traditionnelles africaines et de la house dance.

Elle reflète la jeunesse africaine et urbaine d’aujourd’hui. Un dimanche de fin d’hiver, nous

assistons à un stage de danse afro à l’Urban Arts Academy, à Lyon. Et c’est bien cet esprit que

nous avons retrouvé, pour le plus grand plaisir de nos cuisses en feu !

« La musique tape, donc le

pas doit taper aussi ! Tu dois

te mettre au même niveau

que la musique, c’est toi qui

maîtrise le son. Eh ! N’oublie

pas : plus tu sors ta hanche

plus ton pas sera joli. Mets de

la force dans tes bras ! »

tion va revisiter. Je dirais même

que c’est la musique qui insuffle

le mouvement. On peut très

bien retrouver un pas de bourré

dans une choré, et pourtant

ce n’est pas propre à la culture

africaine. »

Kiffer la vibe : « C’est celle

qui me fait le plus vibrer, là où

tu peux être le plus libre, tu te

lâches complètement. Limite tu

es possédée par la musique !

Une musique qui t’enjaille,

comme on dit chez nous ! Et

c’est ce qui me manquait dans

le hip hop, que je trouve un peu

m’as-tu-vu quand on avance en

niveau, avec des clans. Ici, je

fais en sorte qu’il n’y ait pas de

différence de niveau justement :

tout le groupe attend si une personne

galère ! »

Un objectif : « Faire bouger l’Afro

dans la région Auvergne-Rhône-Alpes,

tel un militantisme !

Et aussi faire en sorte d’éviter

les amalgames : c’est l’occasion

de montrer que l’Afro c’est vraiment

ça et pas autre chose ! »

Ici pas de formation : « La validation

de prof ne passe pas par

un diplôme, mais par l’aval des

Grands (danseurs, ndlr). Dans

Son t-shirt et ses baskets

rouges clinquants, Jessica Mokofio,

en tête de salle, devant

les miroirs, couvre la musique

au nombre de décibels indécents

pour se faire entendre de

ses élèves.

Cette Stéphanoise originaire de

Centrafrique s’est formée aux

différentes techniques hip hop,

à la house, et aux danses africaines

traditionnelles comme

la danse burkinabaise avec

la compagnie Doni Don. Aujourd’hui,

elle s’attache à mélanger

toutes les disciplines

pour trouver son identité. La

jeune trentenaire a découvert

l’Afro House en 2008. Mais elle

estime que ce n’est vraiment

que depuis 2015 que la danse

a résonné en France.

L’Afro House ? « Ce n’est pas

qu’un seul style ! C’est un mélange

de pas de danses africaines

que la nouvelle générale

milieu, tu n’es pas reconnue

par un jury mais par des profs

importants. » C’est pourquoi

Jess’ est souvent en déplacement

à Paris ou au Portugal

pour se former. Son mentor clé :

Joseph Go ; celui qui a ramené

l’Afro House à Lyon.

Un peu plus loin dans

l’Afro !

Après Jessica, un autre professeur

a animé le stage Afro.

Un homme cette fois. Même

salle, autre ambiance, avec ce

danseur venu de la capitale

française pour faire trembler le

dancefloor lyonnais.

Denatora (ou Dena), de son vrai

nom Abdoul Sow, est un danseur

et musicien parisien originaire

du Mali. Ancien danseur

de Jessy Matador, il s’est lancé

dans la musique, avec le label

Paradise Music, un style entre

urbain et kizomba. Il danse sur

de l’afro-beat et est à l’origine

de l’African New Style, un mélange

de Ndombolo, de coupé-décalé

et de hip hop, avec

des pas issus du Nigéria, du

Ghana ou encore d’Afrique du

Sud. Denatora a voyagé dans

de nombreux pays d’Afrique

pour s’immerger dans les

cultures et dans leurs danses,

dont le Sénégal, le Mali, le Cameroun,

Madagascar, la Côte

d’Ivoire, ainsi que la République

démocratique du Congo. Cette

dernière a été une véritable révélation

en termes de danses.

S’il a autant voyagé, c’est parce

que ce qu’il aime avant toute

chose, ce sont les cultures.

« Je me suis rendu compte que

de rester à sa place, ce n’est pas

une vie ! » WS

QUELQUES EXEMPLES DE

NOTES AFRO RETENUES

PENDANT NOTRE STAGE :

- Par hasard, Ferre Gola,

- Sweet Afrika, Dotorado Pro

- Abundance, Royal The King

- Huts (Badd Dimes Remix), The

Bockparty Feat. Esko, Mouad,

Locoas, JoeyAK,

Young Ellens…

- Tendencia, DJ BiG VaDo

- Bela, Tu sais pas danser,

Os Detroia

- Gwara, Os Pilukas

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 51


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

Coup de projecteur sur

Pour en apprendre davantage sur la danse orientale, nous nous

sommes immiscées dans une compagnie, le Ballet Daloua.

Plongeons dans 8 vibrations et accents au cœur de l’Egypte !

Rencontre avec une professeure, et deux de ses danseuses. PAR LÉA BORIE

© Waleed Shah / Shutterstock

La danse orientale est

apparue en Egypte il y

a plusieurs siècles. On

dénombre plusieurs

genres au sein même de

la danse orientale, dont

le Raqs Sharqi. Ce dernier (souvent

appelé de façon réductrice « danse

du ventre ») est aujourd’hui le plus répandu.

Il s’est d’ailleurs imposé en Occident

dans les années 90. Il faut dire

qu’il séduit un large public grâce à ses

influences modernes orientales et occidentales.

C’est aussi la danse la plus répandue

de nos jours,

et la plus étudiée

en école

de danse.

Dansée majoritairement

par des

femmes, la

danse orientale

laisse

s’exprimer

les émotions,

la féminité…

LIBERTÉ, PASSION, SONORITÉ,

SORORITÉ : PORTRAIT D’UNE

DIRECTRICE ARTISTIQUE

VIBRANTE

Hayal, Brésilienne d’origine, danse depuis

ses 17 ans. Elle est aujourd’hui

prof de danse orientale à Lyon. C’est

d’elle qu’est partie l’idée de monter une

compagnie, en 2015.

Si au départ, c’est une amie qui l’a

traînée à son premier cours d’oriental,

Hayal n’a pas attendu des autres

pour s’éprendre de cette danse ! Elle

a tourné avec des compagnies pendant

des années, en tant que danseuse en

groupe, soliste, ou chorégraphe collaboratrice,

avant de concrétiser son rêve,

son grand défi : composer ses chorégraphies,

ses spectacles… Et ce qui

a été un challenge à lancer au départ

est aujourd’hui un pari à tenir, car si

sa technique et sa grâce ne sont plus

à prouver, Hayal s’efforce désormais de

représenter la danse orientale de façon

artistique et en gardant son héritage

culturel. Ce qui se ressent aussi bien

au sein de sa compagnie, à travers les

liens que tissent ses danseuses-amies.

UNE MAÎTRISE IMPECCABLE

Portée sur l’éducation physique et la kiné,

elle n’a de cesse de chercher à transmettre

la technique de la danse orientale

à ses élèves à travers un travail basé sur

la conscience du corps et la compréhension

du mouvement ainsi que les muscles

sollicités. Son credo : trouver des tips

pour que ses élèves apprennent plus rapidement,

travailler la coordination entre les

bras et le bassin avec harmonie.

S’IMPRÉGNER DE LA CULTURE

ÉGYPTIENNE

La danseuse professionnelle a su s’immerger

dans la culture en se rendant

plusieurs fois en Egypte. Elle y a d’ailleurs

travaillé, en 2008, en dansant dans

des hôtels à Sharm el-Sheikh avec un

orchestre égyptien. Grâce à ses visites,

Hayal comprend qu’en Egypte, la danse

52 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


« Il faut connaître

son corps pour

pouvoir s’en

servir ! », Hayal,

professeur de

danse orientale.

orientale est le reflet de la vie quotidienne,

d’où les expressions de tristesse,

de joie, et d’amour. « La danse orientale

a une vraie personnalité, celle du peuple,

qu’il faut percer. » S’en saisir, c’est aussi

observer les Égyptiens au restaurant,

dans la rue… « Leur façon d’être constitue

une grande partie de cette danse. Elle

se danse dans l’expression. Ce peuple est

beaucoup dans l’émotion, comme au Brésil

d’ailleurs ! »

UNE AMOUREUSE DE LA

SONORITÉ ARABE

Ce qui anime Hayal avant tout : la musique.

« Je suis amoureuse de la musique

arabe depuis mes 17 ans. Une musique

comme celle d’Oum Kalthoum, aux paroles

profondes voire dramatiques ».

C’est grâce à ses 20 ans d’expérience,

qu’elle peut prétendre participer, avec

sa compagnie, à des festivals de danse

orientale de renom, en France et à l’étranger.

L’occasion de donner à ses danseuses

comme Houda la chance de se

présenter également comme soliste.

COURS DE DANSE ORIENTALE MINUTE :

CONCENTRATION, EN PLACE !

Pour notre reportage, on a tenu à

ressentir la danse orientale jusque

dans nos hanches. On a alors assisté

à deux démonstrations de

deux types de danse orientale : le

sharki (considéré comme la danse

orientale classique d’aujourd’hui)

et le saïdi (une danse folklorique

dansée par les deux sexes). La

version nous a particulièrement

marqués. Les trois danseuses de

la compagnie Ballet Daloua présentes

ce jour se répartissent dans

la salle, et nous décomposent les

pas de base avec une grande pédagogie

(et il en faut !), au milieu

des novices, des curieux, des familles,

qui exploseront en fou-rire

à cause d’un papa à la hanche un

peu raide.

B Pas chassé de danse

orientale

Un pas chasse l’autre. En 8 temps,

ça fait 4 pas chassés. A enchaîner

pour que ce soit fluide. Avec les

mouvements des bras jusqu’au

bout des doigts.

C Vibrations

On apprend vite que ce mouvement

n’est pas impulsé par le bassin,

comme on pourrait le croire,

mais par les genoux. Et quand on

accélère, cela réduit l’amplitude

du mouvement des genoux. Et le

résultat est encore plus probant si

l’on parvient à relâcher le bassin.

Facile à dire...

D Twist en déplacement

Jeu de jambes pour se déplacer,

sur la pointe des pieds pour

mieux glisser. Les bras, en angle

droit, montrent la direction vers

laquelle on se dirige.

E Accent des hanches

On vient pousser les hanches sur

le côté, en fléchissant puis en

tendant la jambe rapidement. Astuce

pour confirmées : contracter

le fessier pour mettre de la force

dans l’accent. Mais attention à

rester aligné, il ne faut pas faire

partir le corps vers l’avant ou

vers l’arrière ! Après le premier

accent, le pied se place, prêt à repartir

pour un autre accent !

F Accent de l’épaule

Pareil, un coup d’épaule à droite

et un autre à gauche. Le mouvement

de démonstration est exagéré,

mais accéléré, il se réduit.

G Ondulation des bras

Pour mieux le comprendre en

fluidité, on vient décomposer le

mouvement avec, coude, poignet

et doigts pour finir.

H Pas sharki

Un avance-recule de la jambe,

pousse la hanche devant, puis

pousse la hanche derrière.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 53


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE BALLET DALOUA POUR

VOUS ?

MÉLISSA : La liberté. Elle s’affiche dès l’intégration dans

la compagnie. En effet, Hayal ne pratique pas d’audition :

elle ressent, elle donne sa chance aux bosseuses, elle fait

confiance, elle accompagne

pour aider à progresser, à

donner le meilleur.

VOUS METTEZ EN

AVANT L’IMPORTANCE

DE DIVERSIFIER LES

ENSEIGNEMENTS, LES

APPROCHES. IL N’Y A

PAS DE CONCURRENCE

ENTRE LES PROFS ?

SAYULI : Chacune a plus

ou moins d’élégance, d’exigence,

de jeu, de complexité,

de challenge, de

technique… Cela donne un

enseignement très complémentaire.

Il arrive même à

Hayal d’orienter des gens

vers telle ou telle prof.

ÇA REPRÉSENTE

QUOI D’INTÉGRER

UNE COMPAGNIE,

ÇA A L’AIR D’ÊTRE

BEAUCOUP

D’INVESTISSEMENT…

SAYULI : Un véritable investissement

! Personnel,

car il faut dégager de son

temps, le soir et certains

week-ends, pour répéter,

s’entraîner, ou pour partir en

festival. Et financier, pour la

partie parfois non défrayée

des coûts des déplacements

à l’étranger. Cela demande

aussi de trouver son

équilibre entre sa vie professionnelle,

sa vie privée et sa

compagnie !

MAIS ALORS

QU’EST-CE QUE VOUS Y TROUVEZ ?

MÉLISSA : J’aime le fait de pouvoir voyager grâce aux interventions

de la compagnie, et rencontrer des artistes de

renom, que j’admire. C’est toute une ambiance, de danser

ensemble sur scène, de nous préparer en coulisses entre

copines…

D.R.

ENTRETIEN

EN TRIO AVEC

2 DANSEUSES

DE LA

COMPAGNIE :

SAYULI ET

MÉLISSA

Mélissa est d’origine réunionnaise, Sayuli

japonaise, dans une compagnie dirigée par une

prof venue du Brésil, pour danser l’égyptien.

On commence bien là, on commence bien !

COMMENT LA DANSE ORIENTALE EST-ELLE PERÇUE

SELON VOUS AUJOURD’HUI ?

MÉLISSA : Dans les festivals, elle a tendance à être uniformisée.

De nombreuses danseuses russes viennent faire le show.

Mais avec cet effet whaou, on finit par perdre un peu l’esprit originel.

Être danseuse n’est pas

toujours bien perçue finalement

; en atteste l’expression

« fils de danseuse » utilisée en

Egypte. Seules les grandes

danseuses brillent, comme

Dina Talaat. En France, on réalise

la méconnaissance de la

danse orientale. Comme dans

bien des pays, elle peut être

perçue par certains comme

D.R.

une danse dénudée, provocatrice.

Des fois, il m’est arrivé

qu’on m’appelle pour des

“show privés” ou qu’on me

demande d’envoyer davantage

de photos. Parfois, on se censure

dans nos mouvements

de danse, de peur que ce soit

mal perçu du public.

SAYULI : « Pour se sortir de

ça, on concentre nos efforts

sur la technique, le placement,

comme pour faire oublier

cette image aguicheuse

que les gens se font, à tort,

de notre prestation. Toujours

est-il qu’il n’est pas facile de

l’assumer en tous lieux. Et en

même temps, le principe de

cette danse est d’assumer

son corps et ses rondeurs

sans se cacher. Tu n’es pas

juste en train de reproduire

une choré, tu utilises tout ton

corps féminin !

QU’EST-CE QUI FAIT UNE

BONNE DANSEUSE ALORS ?

MÉLISSA : Une passionnée,

une persévérante. Parfois, il

nous faut 3, 4 ans pour arriver

à faire un mouvement ; ça ne

vient pas forcément tout de suite, tu en bouffes des exercices

à la maison devant ta glace !

SAYULI : Eh oui ! Quand j’ai commencé, mon corps ne répondait

à aucune exigence sportive ! (Rire) Puis j’ai appris. Sans

relâche. Pour que les parties de mon corps s’animent séparément,

comme un serpent ! » WS

54 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


DIFFÉRENTS COSTUMES

EXPLIQUÉS

PAR LA COMPAGNIE BALLET DALOUA

© Hayal

© Baladi Saadi

Le deux-pièces :

Le costume de Raqs Sharqi étant celui

de la danse orientale moderne, il est

souvent en deux-pièces à paillettes (soit

un soutien-gorge et une jupe longue).

Certaines tenues de Sharki sont parfois

incrustées de strass Swarovski ou brodées

de perles.

Danse d’Alexandrie :

Tout l’art de cette danse traditionnelle

réside dans le jeu avec sa melaya, un

grand voile lourd. On se cache, on se

découvre, au rythme de la musique.

Avec sa jupe à froufrou au-dessus du

genou, la danseuse porte souvent des

chaussures, de petits talons.

La robe une pièce :

(ici de style moderne) Ce type de robe

fermée, couvrante, nouée d’un foulard,

est porté pour danser le Baladi. Elle

cache ventre et nombril car cette danse

est plus pudique. Le même type de costume

est utilisé pour le Saïdi (style plus

masculin, dansé avec un bâton).

Les accessoires :

Chandelier, éventails, ailes d’Isis… Les

chorégraphies d’Hayal sont souvent accessoirisées.

C’est sa façon d’attirer plus

l’attention du grand public, non habitué à

la danse orientale, et de le surprendre.

D.R.

LE COIN DES RESSOURCES

« LES DANSES

DANS LE MONDE

ARABES »,

Djamila Henni-

Chebra, Editions

L’Harmattan, 2000,

16,50 €

Considéré par

nos danseuses

de la compagnie

comme un livre de

référence, avec des

tracés historiques

précis, dû à une

auteure passionnée,

partie au Caire pour

se documenter.

« ALI BABA ET LES

40 VOLEURS », film

de Jacques Becker

avec Fernandel,

Samia Gamal,

Dieter Borsche,

1954.

Samia Gamal,

danseuse hauteégyptienne

née

dans les années

20, est considérée

comme l’une des

légendes de la

danse orientale.

Surnommée le

papillon dansant,

elle avait un corps

sculptural et un

style de danse

teinté de glamour.

« EGYPTE :

DANSER CONTRE

LA CENSURE »,

Camille Bibette,

Arte Reportage,

2019.

La danse orientale,

sous contrôle

depuis l’arrivée

du général Sissi.

Documentaire très

instructif.

« MILLE ET

UNE DANSES

ORIENTALES »,

Moktar Ladjimi,

Ministère de la

Culture, Lark

productions, La

Sept-Arte, 1999.

« REGARD SUR LE

CINÉMA MUSICAL

ARABE »,

Série documentaire

de Saïda

Boukhemal,

Potlatch

Production, 2005.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 55


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

VOYAGE

Sept jours sur

le Kilimandjaro

RÉCIT DE RANDO SUR LE TOIT DE L’AFRIQUE

À l’extrême nord de la Tanzanie, comme sorti de terre au milieu de la savane, le

Kilimandjaro détonne autant qu’il impressionne. Surnommé le « toit de l’Afrique », il

culmine à 5.895 mètres d’altitude. En août dernier, Lorenne, 25 ans, est partie à

l’assaut de ce mythique sommet. Kinésithérapeute de profession, la jeune

femme originaire de Tarbes s’est lancée dans l’ascension de sa vie

avec son compagnon et deux couples d’amis, sportifs aguerris.

Encadrés par l’agence Congema Safaris, ils ont choisi un

parcours en sept jours par la voie « Machame »,

réputée pour être l’une des plus belles. Lorenne

nous raconte cette aventure.

PAR FLORIANE CANTORO

56 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Une pente pas si raide !

J-0, veille du départ. Dans un hôtel

d’Arusha, une ville située à quelques

kilomètres au sud du Kilimandjaro,

nos six randonneurs français profitent

des dernières heures de confort.

Contrairement à certains trekkeurs qui

choisissent des nuitées en gîtes, eux

ont opté pour une forme d’ascension

plus authentique en bivouacs. Un

contact direct avec la nature sciemment

recherché mais qui se complique quand

la météo n’est pas au beau fixe. « On

a pris la pluie d’entrée… », se souvient

Lorenne, évoquant une première nuit

« mouillée » sous la tente. Le ton est

donné : ce « Kili », il faudra se le mériter !

Heureusement, les randonnées des

jours 1 et 2 sont assez faciles, avec

un faible dénivelé. Cela représente

environ 4 heures de marche par jour

pour des sportifs comme eux (entre 4

et 6h en moyenne). Mis à part un petit

« mur » à 4.000 mètres surnommé le

« Breakfast Wall » (car les trekkeurs

ont pour habitude d’y laisser leur petit

déjeuner…), l’ascension du Kilimandjaro

est d’ailleurs un effort physique assez

abordable, même pour les moins

sportifs des aventuriers. « On a vu

tous types d’âges et de profils », assure

Lorenne.

L’ascension du

toit de l’Afrique

est un rêve pour

les amoureux de

la montagne.

© Lumiere Media / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 57


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

Jeux de cartes et poulet-frites en altitude

En principe, les randonneurs terminent l’étape quotidienne

vers 13h00 et passent l’après-midi à jouer aux cartes et à

discuter, « pour tuer le temps ». Car les marcheurs n’ont

absolument rien d’autre à faire sur le Kilimandjaro que…

marcher ! Ce sont les « porteurs » qui s’occupent de la

logistique, de monter et démonter le campement. Ces

accompagnateurs indispensables, parmi les mieux payés

des hommes tanzaniens, calent parfois sur leur dos jusqu’à

20 kg de tentes, de chaises, de vêtements… « Nous, on

a vraiment le strict minium dans nos sacs de rando : une

bouteille d’eau, de quoi se couvrir, des barres de céréales

et c’est tout ! », reconnaît Lorenne. Il y a aussi les cuisiniers

- qui vont jusqu’à leur concocter un surprenant pouletfrites

à 4.000 mètres d’altitude ! - et les guides. Sans ces

personnes de soutien (une douzaine pour six randonneurs

en l’occurence), les touristes ne peuvent pas accéder au

« toit de l’Afrique ». Le règlement du Parc empêche même

les meilleurs traileurs du monde de grimper sans un guide

certifié.

© TristanBalme / Shutterstock

© JLwarehouse / Shutterstock

Le mal des montagnes :

ennemi public numéro un

L’importance de ces soutiens pendant l’ascension se fait

particulièrement ressentir au jour 3, celui de la marche

d’acclimatation. Une sorte d’aller-retour en altitude

pour adapter ses poumons au manque d’oxygène. Ce

jour-là, le petit groupe d’amis atteint les 4.600 mètres.

« Les filles ont commencé à se sentir patraques pendant

la montée. Ensuite, la soirée a été compliquée pour tout

le monde : on a tous eu mal à la tête et des nausées », se

rappelle Lorenne. C’est ce que l’on appelle le « mal des

montagnes ». « Pour moi, l’altitude est ce qu’il y a de plus

difficile sur le Kilimandjaro », déclare la jeune femme

passionnée de trail, pourtant habituée aux courses en

hauteur sur les cimes des Pyrénées.

« Le mal des montagnes peut toucher tout le monde sans

exception, sportif ou non, et on ne peut rien y faire ».

Les médicaments tels que le paracétamol ou l’ibuprofène

demeurant assez peu efficaces.

S’écouter, s’écouter, s’écouter

© Lubo Ivanko / Shutterstock

Au matin du jour 4, les maux de tête et les nausées

affectent toujours les filles. Lorenne, elle, n’a plus d’appétit.

Les doutes s’installent : parviendront-ils au sommet,

ensemble ? « Il a fallu se rebooster tout en restant lucides

sur notre santé », explique Lorenne, qui avait pensé à

embarquer un oxymètre de pouls dans son sac à dos. Il faut

bien garder à l’esprit que l’ascension du Kilimandjaro n’est

pas une promenade de santé. Si la difficulté du parcours

n’est pas insurmontable, cela reste un trek de plusieurs

jours dans des conditions extrêmes (jusqu’à -10°C) et à

une altitude inhabituelle pour la plupart des grimpeurs. Les

conséquences pour l’organisme peuvent être dramatiques

58 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


qu’une seule chose : redescendre ! ». Tous sont d’ailleurs

unanimes : c’est un peu plus bas, à Stella Point, qu’ils ont

véritablement eu les larmes aux yeux. « C’est là que l’objectif

est psychologiquement atteint. Il ne reste qu’une heure de

marche, à peine. Dans nos têtes, c’est déjà plié ! ».

À 5.895 mètres, Lorenne et ses amis rebroussent donc vite

chemin. Ils dorment quelques heures au camp de base,

en journée, puis rechaussent les baskets pour dévaler

encore un peu de pente. « C’est la journée de marche la

plus longue », se rappelle la randonneuse. La descente

finale s’effectue le jour 7, le coeur léger : « Les douleurs

s’amenuisent. On réalise qu’on l’a fait, on est content, libéré

et on a perdu 3 kg ! (rires) ».

Un dernier conseil pour la route : pas

d’ascension à l’improviste !

Lorenne et ses

amis auront mis

7 jours à monter

et à descendre.

© Timaldo / Shutterstock

Ce que Lorenne retient de son expérience, c’est qu’il ne faut

surtout pas s’aventurer sur le Kilimandjaro sur un coup de

tête. Ce genre d’expédition nécessite d’être correctement

préparée, notamment en terme d’équipements contre le

froid. Elle conseille également aux aventuriers les moins

sportifs de s’entraîner un minimum avant le départ.

« L’altitude nous affaiblit déjà suffisamment. Si les jambes

ne suivent pas, en plus, ça risque d’être très compliqué. »

Résumons pour les personnes intéressées : acheter une

bonne doudoune, suivre un programme sportif « accéléré »

et booker un vol pour la Tanzanie. C’est parti ! WS

comme en témoignent les quelques malheureux décès

déclarés chaque année par les autorités du Parc. « Il n’y a pas

de médecin dans les groupes d’ascension, on est en autogestion,

précise Lorenne. Les guides font un check-up rapide

tous les soirs mais il faut s’écouter soi en priorité car ils ont un

peu tendance à pousser. Ils ont envie qu’on aille au bout, qu’on

soit heureux et qu’on recommande leur agence. »

Aussi, les jours 4 et 5, c’est « tranquillement » que les six amis

rejoignent le dernier camp de base, à 4.752 mètres, attentifs

au moindre signe de fatigue des uns et des autres.

2 minutes au sommet et 3 kg en moins !

Le jour 6 est sans aucun doute le plus dur de l’aventure :

c’est l’ascension finale. Elle se fait de nuit (départ à minuit)

et se déroule en deux étapes : un premier tronçon jusqu’à

Stella Point (5.756 mètres), puis un second jusqu’à Uhuru

Peak, le point culminant de l’Afrique.

L’expédition nocturne tourne vite au cauchemar pour

Lorenne qui fait une hypoglycémie. Elle ne s’alimente pas

beaucoup depuis trois jours. Chaque pas lui demande

un effort considérable. Elle puise dans ses ressources

pour finalement atteindre le sommet « au mental » vers

7h00 du matin. « Paradoxalement, je n’ai pas trop profité

de la vue. J’avais tellement mal à la tête qu’il me tardait

© @lorenneb / Instagram

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 59


SPÉCIAL AFRIQUE | DÉCOUVERTE

SPORT ET CULTURE

À LA DÉCOUVERTE DU

NZANGO

Prêts au décollage ? On vous emmène

en République démocratique du Congo,

là où le Nzango est né. Cette discipline,

inventée par les femmes et pour les

femmes, a le pouvoir indélébile de

nous faire vibrer, au son des chants

entonnés. PAR VANESSA MAUREL

D.R.

L

«jeu de pied» dans

la langue locale),

est un sport qui

mêle gymnastique,

coordination, chant, danse...

et chance ! Car au-delà de la

technique et du côté physique de

la discipline, les jeunes femmes

qui le pratiquent laissent une

grande place au hasard.

RÈGLES

Dispersées en deux équipes

de 11 joueuses (et 6 joueuses

réservistes), les femmes

s’affrontent pendant 50 minutes

en face à face (comparable à

une battle de breakdance), sur

un terrain de 8 m x 16 m. Les

pratiquantes marquent des

points en fonction de la position

de leurs jambes et leurs pieds

par rapport à ceux de leurs

adversaires. Pour vulgariser

un peu les règles, le but est

simple : les joueuses doivent

reproduire à l’identique les pas

de danse de leurs adversaires.

C’est l’arbitre qui juge ensuite

si les mouvements des deux

concurrentes sont semblables et

bien synchronisés, et distribue

des points (appelés «pieds») en

fonction de cette appréciation.

L’équipe qui en compte le plus à

le jeu.

UN AVENIR

PROMETTEUR

Aujourd’hui, le Nzango tend

à se populariser. Comme le

rappellent les responsables

de la Feconza (Fédération

congolaise de Nzango), leur

sport s’est déjà expatrié dans

plusieurs pays d’Afrique comme

le Cameroun ou le Gabon, et

a même été admis aux Jeux

Africains en 2015, comme

sport de présentation. Les

désormais plus loin et aspirent

même à ce que le Nzango

devienne... sport olympique ! WS

60 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


POUR ÊTRE

AU TOP

CET ÉTÉ

ON A

TOUS

BESOIN

D’UN

COACH

*19,90€ par mois pdt 3 mois pour une durée d’engagement de 27 mois (3 mois à 19,90€/mois, puis 26,90€/mois pdt 24 mois). Hors souscription pack

avantages. Conditions de l’offre dans les clubs participants. Liste des clubs participants sur le site lorangebleue.fr.


SPÉCIAL AFRIQUE | ENQUÊTE

Enquête

RWANDA

Le sport pour

oublier le génocide

Tel un phénix qui renaît de

ses cendres, le Rwanda a su

surmonter le drame de 1994

pour devenir l’un des pays

les plus viables du continent

africain. Économiquement,

mais aussi socialement. Et

il se trouve que le sport n’est

pas étranger à cette belle

réussite. Explications.

PAR AZZA BESBES ET FLORIANE CANTORO

Il y a vingt-six ans, le Rwanda vivait l’une

des plus grosses tragédies humaines du

XX e siècle : le génocide des « Tutsi » par la

communauté « Hutu ». À la fin de la guerre

civile, en juillet 1994, le pays déplorait

environ un million de morts. Sa population,

décimée, était marquée par des années de

violences et de dissensions. Aujourd’hui

pourtant, le Rwanda affiche un tout autre

visage : celui d’un état stable et prospère.

Il est souvent pris en exemple par ses

voisins africains pour sa modernité et

sa bonne santé économique (8% de

croissance annuelle en moyenne au cours

des deux dernières décennies).

investi dans les bons secteurs (infrastructures,

agriculture, éducation, etc). Socialement,

« le sport a joué un rôle très important

dans la cohésion du pays », explique

Valens Munyabagisha, le président du Comité

national olympique et sportif rwandais

(CNOSR). Il cite le Comité international

olympique (CIO) - « bâtir un monde pacifiste

et meilleur par le sport » - et précise à cet

effet que « les premières compétitions ont

commencé dans le pays en novembre 1994,

soit quelques mois seulement après la fin

du génocide. » Le mouvement sportif rwandais

a donc rapidement pris de l’ampleur,

poussé par Kigali, la capitale ambitieuse

qui souhaite devenir « le noyau du sport en

Afrique ».

Les évolutions de ces vingt-cinq dernières

années sont visibles aussi bien en matière

de haut niveau que d’infrastructures et de

sport-santé.

Boom du sport de haut-niveau

Dans ce domaine, le pays a multiplié l’organisation

d’événements sportifs d’envergure.

Le Rwanda a notamment accueilli,

en 2016, le Championnat d’Afrique des

nations de football (CHAN), une compétition

disputée tous les deux ans entre les

seize meilleures équipes du continent ; et il

devrait prochainement recevoir les phases

finales de la toute nouvelle Basketball Africa

League. Les progrès en matière de haut

niveau se mesurent également dans les

bons résultats des sportifs rwandais. À ce

titre, les coureurs cyclistes sont particulièrement

prolifiques avec cinq victoires sur le

Tour du Rwanda (de 2014 à 2018). L’an

dernier, cette course est passée de la catégorie

2.2 à 2.1, soit une classe d’épreuve

supérieure. Le beach-volley féminin a également

le vent en poupe avec une participation

des joueuses nationales au dernier

Championnat du monde en 2019.

De nouvelles infrastructures

Le pays s’est doté de cinq terrains de football

de niveau standard (dont deux à Kigali)

et en a remis à neuf un certain nombre

déjà existants. La capitale vient également

de se munir d’un terrain de basketball haut

de gamme, le Kigali Arena, et un nouveau

complexe multi-sportif devrait bientôt s’élever

sur le site du stade Amahoro.

LE SPORT POUR PANSER

LES BLESSURES

Comment le pays s’est-il remis du drame

de 94 ? Économiquement, le Rwanda a

bénéficié d’aides extérieures (Banque mondiale,

Fonds monétaire international) et

D.R.

© Rwanda Olympic

62 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


L’Office du

tourisme du

Rwanda est

sponsor du PSG

et du club anglais

d’Arsenal.

© Dave Winter / Icon Sport

Au PSG, la mention « Visit Rwanda » apparaît

sur les panneaux publicitaires du Parc

des Princes plusieurs fois par match depuis

le début de l’année, sur les maillots d’entraînement

et d’échauffement de l’équipe

masculine ainsi que sur la manche des

maillots de match des féminines. À partir

de la saison prochaine, les supporters

parisiens pourront également savourer thé

et café rwandais à la buvette du Parc, soit

deux produits phares de l’économie locale.

Le PSG promet en outre que ses joueurs

partiront à la découverte du Rwanda, et

que le club travaillera avec des jeunes footballeurs

du « pays aux mille collines » via

des programmes de formation.

UNE BELLE PLACE POUR

LES FEMMES DANS LE SPORT

Le Rwanda est donc un pays qui bouge et

progresse vite. « Kigali est une vraie inspiration

pour les autres villes africaines, se félicite

Valens Munyabagisha. Plusieurs cités

voisines ont d’ailleurs adopté le « car free

day » et le pratiquent à leur tour. »

Par ailleurs, le pays est également en

avance en matière de parité et de mixité,

avec des taux records de femmes dans les

Des journées sans voiture !

Depuis 2016, le Rwanda a instauré le « car

free day » dans les trente districts du pays.

Il s’agit d’une journée sans voiture tenue

deux fois par mois, le dimanche, afin de

donner l’occasion à la population rwandaise

de faire du sport. À Kigali, la municipalité

investit chaque fois un peu plus dans

l’organisation de ces activités physiques

de plein air. « C’est aussi l’occasion de fournir

des tests et des informations concernant

les maladies liées à la sédentarité », précise

Valens Munyabagisha. Le président du

CNOSR souligne, en parallèle, l’émergence

de salles de sport un peu partout dans le

pays. Il explique que l’activité physique a

également tendance à revenir dans le giron

scolaire (avec des journées mensuelles dédiées

dans les écoles), et dans le domaine

professionnel sous l’égide de l’Association

en charge du sport des travailleurs.

« VISIT RWANDA »,

CLAMENT LES FOOTBALLEURS

DU PSG ET D’ARSENAL

Pour peaufiner son développement aujourd’hui,

le Rwanda mise sur le tourisme,

une industrie qui représente 12,7% du PIB

et qui génère plus de 132.000 emplois

dans le pays. Dans ce secteur, « le tourisme

sportif est tout particulièrement favorisé »,

note Mr. Munyabagisha. Les récents partenariats

conclus entre Kigali et les clubs

de football d’Arsenal (2018) et du Paris

Saint-Germain (2019) illustrent bien cette

démarche. Avec l’équipe anglaise, le Rwanda

a signé un contrat de trois ans estimé à

35 millions d’euros, impliquant la mention

« Visit Rwanda » sur tous les maillots des

Gunners (équipes masculine et féminine,

tenues d’entraînement et de match). « Avec

Arsenal, nous avons enregistré un chiffre

d’affaires de plus de 36 millions de livres

sterling en l’espace de quinze mois seulement

», détaille le chef du sport rwandais.

instances dirigeantes. A la Chambre des

députés, par exemple, elles représentent

plus de 60% des élus, ce qui fait du Parlement

rwandais le parlement le plus féminin

au monde. « Dans le sport, nous voyons

aussi leur émergence car les trois dernières

ministres des Sports et de la Culture en date

sont des femmes », rappelle le président

du CNOSR. Le bureau exécutif de son instance

compte quant à lui trois femmes sur

sept membres, dont une qui siège au CIO,

Félicité Rwemarika (commission sport et

société active). Aussi, il ne manque plus

qu’un champion olympique au Rwanda

pour parfaire sa panoplie du pays le plus

sportif d’Afrique ! WS

Un grand merci à Valens Munyabagisha, président

du CNOSR, pour ses éclairages sur les évolutions du

mouvement sportif rwandais.

© City of Kigali

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 63


SPÉCIAL AFRIQUE | SPORT BUSINESS

Conso

Sport business

Comment les

équipementiers concilient

sport et culture ?

Après les femmes et le running, les fabricants de vêtements sportifs misent

sur un tout nouveau marché : la culture. Ses cibles privilégiées sont les

sportives du monde arabe, trop longtemps oubliées des rayons spécialisés.

Aujourd’hui, les équipementiers sportifs ont à cœur de leur offrir des

produits techniques alliant performance et respect des traditions. Par

bonté d’âme, peut-être, mais aussi et surtout parce qu’ils pourraient en

tirer un bon profit. PAR FLORIANE CANTORO

Les photos prises lors

de cette rencontre de

beach-volley féminin

aux Jeux Olympiques

de Rio, en 2016

(photo centrale), ont fait le

tour du monde. D’un côté du

terrain, de dos, l’Egyptienne

Doaa Elghobashy, manches

longues et legging noir, la tête

couverte du traditionnel voile

musulman. De l’autre côté du

Walkenhorst, vêtue d’un petit

bikini, tenue d’usage de la discipline.

Si certains débattent

encore du symbole de ces

clichés (« choc des cultures »

ou au contraire « esprit des

JO »), d’autres préfèrent simplement

y voir le signe d’une

participation accrue des sportives

arabes aux compétitions

internationales (en 2016,

Doaa Elghobashy et sa partenaire

Nada Meawad furent en

effet les premières beach-volleyeuses

de nationalité égyptienne

à participer aux Jeux).

Parmi ces autres prosaïques,

se trouvent les fabricants de

vêtements sportifs qui jouent

des coudes pour habiller ces

nouvelles pratiquantes.

En décembre 2017, Nike

frappe un grand coup en lançant

le « Nike Pro Hijab », une

collection de voiles sportifs

spécialement conçus pour les

athlètes de confession musulmane.

En réalité, l’équipementier

américain n’est pas

le premier à avoir répondu

aux attentes des sportives

du monde arabe : en 2016,

l’entreprise danoise Hummel

avait déjà imaginé une tenue

adaptée, avec hijab intégré,

pour l’équipe féminine de

football afghane dont elle est

le sponsor. Mais la marque à

la virgule est véritablement,

un an plus tard, la première

enseigne de sport d’envergure

à commercialiser ce type

Du voile traditionnel

au hijab technique

Elle en a eu l’idée en 2012,

en voyant l’athlète saoudienne

Sarah Attar porter

le voile lors de l’épreuve du

©Action Press / Icon Sport

Le hijab et les

combinaisons

sont désormais

des produits

techniques avec un

enjeu commercial

pour les marques.

64 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


800 mètres des Jeux Olympiques

de Londres. L’équipementier

numéro un mondial

a travaillé le concept pendant

plusieurs mois, accompagné

de nombreuses sportives

musulmanes pratiquantes,

telles que la patineuse émiratie

Zahra Lari, égérie de

mon audition ». De fait, la

championne américaine, première

athlète voilée à avoir

représenté les États-Unis en

compétitions internationales,

a écopé de nombreuses pénalités

au cours de sa carrière,

incapable d’entendre les réquisitions

de l’arbitre…

© PA Images / Icon Sport

© S.R.

© Ria Novosti / Icon Sport © Sputnik / Icon Sport

la collection. L’escrimeuse

américaine Ibtihaj Muhammad,

médaillée de bronze par

équipe aux JO 2016, a également

participé au projet. Dans

le communiqué de presse de

son hijab, la native du New Jersey

explique comment le port

du voile l’a longtemps handicapée

dans la pratique de son

sport. « Lorsqu’il est mouillé

[ndlr, avec la transpiration],

il devient lourd et rigide. (…)

Cela obstrue complètement

Le but de Nike était donc de

créer un hijab optimal pour

la pratique sportive, toutes

disciplines confondues,

dans une maille élastique

et aérée, plus respirable

et confortable que le tissu

créer un vêtement technique

permettant aux sportives

arabes de s’épanouir dans

leur sport tout en respectant

les traditions culturelles et

religieuses de leur pays. Pour

l’haltérophile émira-

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 65


SPÉCIAL AFRIQUE | SPORT BUSINESS

© Nike

© Nike

ce hijab sportif « va encourager

une nouvelle génération

d’athlètes à tenter de devenir

sportives professionnelles ».

Il est disponible en plusieurs

coloris (noir, bleu, bordeaux

de la marque, dont sa version

française www.nike.fr (30€).

« LES ÉQUIPEMENTIERS

SPORTIFS ONT COMPRIS

L’INTÉRÊT ÉCONOMIQUE DE

CETTE “ MODEST FASHION ”.»

mentiers

sportifs se sont lancés

sur le marché du hijab.

C’est notamment le cas de Décathlon.

L’an dernier, l’enseigne

française a mis en vente, dans

ses magasins marocains, ce

couvre-tête sportif permettant

de garder cheveux et nuque

cachés. L’engouement pour

ce produit très compétitif (vendu

79 dirhams marocains,

soit environ 7,50€), a incité la

marque à le rendre disponible

gamme running de Décathlon

qui a conçu le vêtement, s’est

dit poussée par « la volonté que

chaque femme puisse courir

dans chaque quartier, dans

chaque ville, dans chaque

pays indépendamment de son

niveau sportif, de son état de

forme, de sa morphologie, de

son budget. Et indépendamment

de sa culture. » Mais,

confronté à une « vague d’insultes

et de menaces sans

précédent » (sempiternel débat

français sur le voile oblige !),

à commercialiser son hijab

de running dans l’Hexagone.

du produit sur le site internet

français de l’enseigne.

das,

« pas encore sorti en Europe

das

France, mais disponible

sur les versions arabes du site

de la marque aux trois bandes

(Émirats arabes unis, Bahreïn,

aussi lancé son voile sportif (un

seul modèle noir, vendu 35 €).

Puma, en revanche, demeure

absent sur ce créneau.

Un marché

économique croissant

Sans entrer dans le débat du

« pour ou contre » le voile dans

le domaine sportif, force est de

constater que le commerce de

ce vêtement culturel version

«technique» est une véritable

mine d’or pour les équipementiers.

Car si le sport féminin est

66 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


en expansion partout dans le

monde, ceci est d’autant plus

vrai au Moyen-Orient, une région

à forte dominante musulmane.

Depuis huit ans, tous

compositions mixtes aux Jeux

Olympiques. Les derniers à

avoir intégré les femmes dans

leurs délégations nationales à

Londres, en 2012, sont le Qatar

(4 athlètes féminines), le

(2 femmes, puis 4 à l’Olympiade

suivante à Rio).

Cette présence accrue des

sportives arabes en compétitions

internationales est à

lire conjointement avec un

assouplissement des codes

vestimentaires dans de

nombreuses disciplines. On

l’a vu en introduction avec

le beach-volley qui, depuis

2012, n’impose plus le port

du bikini à ses joueuses. La

Fédération internationale

permet en effet aux athlètes

féminines avançant des

« croyances culturelles et/ou

religieuses » ging

et des manches longues.

Même chose pour l’Internatio-

tionales

du football : depuis le

5 juillet 2012, l’instance autorise

elle aussi les joueuses à

porter le voile en compétition.

Pour le faire accepter au Comité

international olympique

(CIO), elle déclare que le voile

est un « signe culturel et non

religieux », ce qui lui permet

de contourner le règlement

interdisant toute sorte de

« démonstration ou de propagande

politique, religieuse

ou raciale dans un lieu, site

ou autre emplacement olympique

». Cette même année,

le CIO cède également à la

qui envisage d’envoyer des

femmes aux Jeux pour la première

fois de son histoire à

condition que soit créé un « label

islamique » strict : les sportives

saoudiennes doivent

être couvertes de la tête aux

pieds, obtenir l’accord d’un tuteur,

être accompagnées, etc.

Les exemples du genre sont

si nombreux que les héritières

de la tireuse à la carabine

iranienne Lyda Fariman, première

athlète à avoir porté

le voile en compétition olym-

comptent désormais par dizaines.

Des besoins à

entretenir

Comme de grandes marques

avant eux (Uniqlo, H&M…), les

équipementiers sportifs ont

compris l’intérêt économique

de cette « modest fashion » (littéralement

« mode modeste »,

mais comprenez plutôt mode

du ample, du long). Il faut dire

que, selon la dernière édition

du Global Islamic Economy

Report, publiée par le cabinet

de conseil DinarStandard, « les

dépenses musulmanes en vêtements

et chaussures sont

estimées à 283 milliards de

dollars en 2018 [ndlr, soit 260

milliards d’euros] et devraient

atteindre 402 milliards de dollars

[370 milliards d’euros] d’ici

2024 ». De quoi vouloir sa « part

du gâteau » !

Pour cela, les équipementiers

n’hésitent pas à aller chercher

eux-mêmes leurs cibles. En

2017, en marge du lancement

de sa collection de voiles techniques,

Nike a ainsi diffusé un

clip vidéo intitulé « What will

they say about you ? » (Que vont

dire les gens ?) dans lequel

il encourage les athlètes du

monde arabe à s’épanouir dans

leur discipline, sans se préoccuper

des regards désapprobateurs.

Malin !

Récemment la marque américaine

a pris une nouvelle longueur

d’avance sur ses concurrents

en lançant un nouveau

vêtement à destination des

sportives de confession musulmane

: le « Nike Victory Swim

Collection ». Il s’agit d’un maillot

de bain avec hijab incorporé.

Une fois de plus, l’équipementier

a souhaité répondre

aux besoins de ses athlètes

sponsorisées, parmi lesquelles

Zahra Lari. La patineuse, qui

porte le hijab sur la glace en

compétition, a expliqué qu’elle

nageait régulièrement pour

s’entraîner et qu’elle avait besoin

d’une tenue adaptée. Nike

s’est exécuté.

En revanche, à la différence du

hijab, pas sûr que ce maillot de

dans le monde professionnel

de la natation. Quand on sait la

polémique qu’avait créé le port

des combinaisons en polyuréthane

en 2009, accusées de

« dopage technique », on doute

fortement que ce nouveau

vêtement soit homologué en

compétitions internationales.

Du moins, pas tout de suite. WS

© Nike

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 67


SPÉCIAL AFRIQUE | SHOPPING

Shopping

Made in Africa

Si l’Afrique nous était contée

Une sélection de vêtements et accessoires implantés en Afrique.

2 / ON SWIME À LA MODE

BÉNINOISE

Avec Oba Swimwear, Leila Toukourou

nous plonge sur les bords de plage de

Cotonou. Jeune Parisienne aux origines

togolaise et béninoise, la créatrice n’a pas

choisi le nom de sa marque par hasard.

Oba signifie « reine » en yoruba. La

gamme propose des collections limitées et

exclusives, éthiques, en 100 % waterproof.

Des motifs bariolés, mêlés à la sobriété

du noir. Effet gainant. Ne pas prendre une

taille trop juste. Au risque d’être un peu

étriqué !

Maillot de bain Enitan, Oba Swimwear,

70 €, obaswimwear.com

1 / ON BOMBE AVEC LES MOTIFS

Nanawax, c’est une marque de prêt-à-porter

africaine en wax béninoise. Sa créatrice,

Maureen Ayité, a été inspirée par sa grandmère,

revendeuse de pagnes. Prônant

l’anti-Photoshop et la singularité du corps de

chacune, la fondatrice de Nanawax entend

rendre les femmes plus fortes. Elle est sa

propre égérie, pour le plus grand plaisir de

ses fans. La marque a remporté 3 oscars, lors

de la Bénin Fashion Week, dont l’Oscar de la

meilleure marque de prêt-à-porter 2017. Elle

détient des boutiques à Cotonou, Abidjan,

Brazzaville, Dakar et Lomé. On craque pour ce

bomber en coton, doublé satin.

Bomber homme/femme Boglan, Nanawax,

XXS à 6 XL, environ 160 €, sur afrikrea.com

3 / UNE PREMIÈRE RUNNING KÉNYANE

Si on vous dit première chaussure de course conçue

et fabriquée au Kenya ? Il faudra répondre Enda.

La marque n’en n’est d’ailleurs plus à son coup

d’essai. Elle vient de lancer le modèle Lapatet (qui

signifie «courir» dans certaines langues kalenjin).

Son ambition ? Être un compagnon de route pour

des sorties longues. Sa patte ? Un design digne de

la culture kényane, avec ses motifs triangles qui

rappellent les bijoux des Massaïs ; décliné en rouge,

noir et vert, les couleurs du drapeau. On découvre

même l’inscription «Harambee» (devise du pays) sur

la semelle ! Navalayo Osembo-Ombati et Weldon

Kennedy, les créateurs de la marque, cherchent aussi

à générer des revenus durables pour les communautés

locales. Ils ont également pour ambition de prouver

que le Kenya, certes marqué par le terrorisme, est

aussi un pays d’innovation et de créativité ! Changer le

monde ? En tout cas, les baskets vous accompagnent

toujours plus loin !

Basket Lapatet, Enda, environ 145 €,

distribution au Kenya et aux Etats-Unis.

Pour le reste du monde, commandez en ligne sur

endasportswear.com

68 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


4 / BAGAGERIE ET CIRE AFRICAINE

Inspiration venue tout droit de la Côte

d’Ivoire, du Congo, du Bénin et de la

Guinée pour la collection Hope signée

Lyds Création. En substance, un savoirfaire

artisanal africain affiché, une

mention : une fabrication main à partir

de tissus provenant des différentes

cultures africaines afin de promouvoir

ce « made in africa ». Séjour sport en

vue ? On opte pour ce sac de voyage

en cuir noir et tissu imprimé en cire

africaine, intérieur en suède.

Mobembo, sac Lyds Création, 130 €,

édition limitée, www.lydscreation.

com (Magasins à Dakar, Abidjan,

livraisons en France)

Inspiration africaine

Quand l’Afrique brille sur l’Occident. Des produits

qui doivent leur existence aux produits africains.

3 / GEL ALOÉ!

Ce soin corps Biopha

nature renferme rme un actif

précieux : l’aloe vera. Cette

plante médicinale originaire

d’Afrique et de certaines

îles de l’Océan Indien est

reconnue pour être apaisante,

régénérante et adoucissante.

Grâce à son pouvoir

cicatrisant, elle vient former

un film protecteur contre les

agressions du quotidien.

Gel à l’aloe vera bio, Biopha

Nature, 125 ml, 9,50 €

1 / ON BOIT DE LA FEUILLE DE ROOIBOS

Boisson glacée à base de rooibos mangue ? Il s’agit précisément d’une

infusion de feuilles de rooibos, un arbuste qui pousse uniquement

en Afrique du Sud. C’est d’ailleurs l’une des seules cultures possibles

sur ces sols arides. Une vente équitable à travers la coopérative W.O

COOP, afin de permettre aux cultivateurs de prospérer. Une infusion

à laquelle on ajoute du jus de raisin, de la purée de mangue du Pérou,

et du jus de citron vert d’Equateur (via des coopératives). Le bonus:

sans arôme ni sucre ajouté, pour 14 kcal les 100 ml ; et un label bio

européen et équitable (Symbole des Producteurs Paysans).

Infusion véritable rooibos mangue équitable & bio, 33cl, 1,39 €, lot

de 3 × 33 cl, 3,65 €, www.ethiquable.coop

2 /UN T-SHIRT ACHETÉ = SOUTIEN À

LA FAUNE AFRICAINE

Urban Cross, marque de vêtements qui

se veut streetwear écoresponsable,

déclare protéger la faune africaine contre

le braconnage. Comment ? Pour chaque

achat, minimum 2 € sont reversés au profit

de l’ONG française WildLifeAngel. Cet

organisme se rapproche d’éco-gardes

afin de stopper la tuerie des animaux. Et

pour un entraînement avec transpiration

maîtrisée, le t-shirt est composé pour

moitié de coton bio et de polyester recyclé.

Débardeur Cerf polygone, Urban Cross,

XS au XL, 3 coloris au choix (rose, gris

clair, gris foncé), 29 €

4 / HYDRATATION DE L’ARBRE À RAJEUNIR

Le beurre de karité, star des peaux sèches, abîmées et desséchées, est riche

en vitamine E et acides gras. Si on peut l’utiliser au quotidien en hydratant,

il viendra aussi en SOS après-soleil pour apaiser et réparer. Le karité est

considéré comme un arbre sacré et pousse en Afrique subsaharienne, où l’on

voit grandir plusieurs variétés. Ce sont les noix qui sont utilisées pour faire le

beurre. Le beurre de karité Fleurance Nature est issu d’une filière équitable

du Burkina Faso, via un accord de commerce équitable. Un partenariat qui

espère apporter du soutien aux femmes de la coopérative de récolte.

Beurre de karité, Fleurance Nature, 100 ml, 15,20 €

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 69


SPÉCIAL AFRIQUE | APRÈS LE SPORT, LE RÉCONFORT !

LE SPA,

J’Y AI DROIT !

De quoi rêve chaque femme après une séance de sport ?

D’un bon SPA : endroit somptueux où le temps semble

s’arrêter, et surtout où notre seule préoccupation est

notre bien-être. Et ça tombe bien, l’Afrique regorge

de ces endroits paradisiaques. En voici pour vous une

petite sélection. PAR VANESSA MAUREL

© Beauty Stock / Shutterstock

LE INN SPA &

RELAXATION

Dely Ibrahim,

Algérie

Si vous avez la chance de vivre ou de passer

un séjour en Algérie, ne passez pas à

côté du paradis que vous propose le Inn

Spa & Relaxation. Un endroit luxueux qui

promet un service « ultra-personnalisé »,

pour « revitaliser vos sens et vivre une expérience

unique ». L’avantage est que vous

pouvez réaliser votre séance de sport au

spa directement grâce au matériel mis en

place par l’équipe, avant de profiter des

massages, hammam, sauna et piscine de

l’établissement . Bref, le bonheur absolu !

PALAIS

BAYRAM

Tunis, Tunisie

Ressourcez-vous dans un cadre traditionnel

oriental, dans cet établissement qui

propose « trois salles » : la chaude, la tiède,

et celle de repos. Derrière chaque porte se

trouvent respectivement un bassin à gradins

de marbre, des tables de massages, et

un jardin où la « zen attitude » est de mise.

Le plus : le spa se trouve dans un hôtel qui

propose aussi des après-midis (ou soirées)

« tea party », avec une gamme de thés

d’origine de Chine, d’Inde, du Japon ou de

Ceylan, « accompagnés des pâtisseries de

nos Chefs ».

MAISON

D’ASA

Maarif, Maroc

Voyage au coeur de l’histoire et des traditions

orientales, « en passant par le

Maroc, la Tunisie avant de s’envoler vers

l’Inde… » à travers de nombreux « cérémonials

». La maison d’Asa, c’est la

découverte d’expériences sensorielles

uniques via des produits typiques de

chaque pays, naturels et bio, pour atteindre

sans conteste la relaxation et le

bien-être intérieur. D’autre part, la clientèle

a le choix entre plusieurs soins « à la

carte », que ce soit du visage, du corps,

massages, ou même des soins hammams.

70 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


LE SAVIEZ-VOUS ?

LE SPA A AUSSI

DES EFFETS

BÉNÉFIQUES SUR

LE CORPS !

© mythja / Shutterstock

Pour commencer, bref retour sur

l’étymologie du mot. Si certains

relient « spa » à la ville belge de Spa,

reconnue pour ses eaux minérales

aux vertus thérapeutiques, d’autres

l’associent au latin « Sanitas (ou Salus)

Per Aquam » qui signifie « la santé par

l’eau ». Dans les deux cas, l’idée du

bien-être psychologique et physique est

primordiale. Voici quelques bienfaits que

procure le spa.

AMÉLIORE LA CIRCULATION

SANGUINE. Les massages provoqués

par les jets d’eau chaude, maintenue

à une température située entre 33°C

et 40°C, stimulent la circulation

sanguine et permettent d’éviter la

sensation de «jambes lourdes». Les jets

d’hydromassage vont aussi imiter le

«palper-rouler», et ainsi aider à tonifier le

corps.

NETTOIE LA PEAU. La chaleur du spa

et les jets nettoient la peau en dilatant

les pores en éliminant les peaux mortes.

Le spa va aussi permettre d’éliminer les

toxines et de raffermir l’épiderme.

KENTÉ

SKY SPA

Abidjan,

Côte d’Ivoire

Mettre l’Afrique en évidence, faire découvrir

ses « richesses », voici le principe

du Kenté Sky Spa, qui fabrique

lui-même ses produits (miel, karité,

kinkéliba…). Les maîtres mots de l’établissement

: « sérénité, paix intérieure,

bien-être et dépaysement ». De quoi se

revigorer après une bonne séance sportive,

et surtout de se retrouver, grâce à

des massages, des soins du corps, gommages,

ou même des bains hydromassants

aromatiques.

© Poznyakov / Shutterstock

© Roman Samborskyi / Shutterstock

AMÉLIORE LE SOMMEIL. Selon de

nombreuses études, se plonger dans

l’eau chaude trente minutes avant de

dormir aurait des effets bénéfiques

sur notre sommeil. En effet, le corps,

après être monté en température, va

petit à petit réguler, ce qui va faciliter

l’endormissement en plus d’améliorer la

qualité du sommeil.

© Bhakpong / Shutterstock

© Denizo71 / Shutterstock

APAISE LES TENSIONS

MUSCULAIRES. Rien ne vaut une bonne

séance de spa après sa séance de sport.

Pourquoi ? Car la relaxation et la détente

qu’elle procure sont aussi efficaces sur

les muscles que sur l’esprit. Les jets

vont favoriser la circulation sanguine

mais également éliminer les déchets

comme l’acide lactique, ce qui va aider à

récupérer plus rapidement et atténuer les

courbatures, selon une étude menée par

l’Université « Western Australia ». L’eau

va aussi permettre de faire relâcher les

articulations, et donc de les soulager.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 71


SPÉCIAL AFRIQUE | FEMMES D’INFLUENCE

Entretien

Stéphanie Rivoal :

« Le sport sera au cœur du

Sommet Afrique-France 2020 »

Entretien exclusif avec Stéphanie Rivoal, Secrétaire Générale du Sommet Afrique-France qui se

tiendra les 4, 5 et 6 juin prochains à Bordeaux et dont Women Sports est partenaire média officiel.

Ce 28 e sommet du genre, qui accueillera la plupart des 54 chefs d’Etats africains, se déroulera

dans un format inédit avec un gigantesque salon professionnel destiné à démontrer les savoirfaire

français et africains. Celui-ci accueillera pas moins de 15.000 acteurs issus des mondes de

l’entreprise et de la société civile avec un souci de parité : 50% d’acteurs français, 50% d’acteurs

africains. Le sport aura toute sa place dans cet événement. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK

Pour diriger ce sommet atypique,

le gouvernement a

choisi une Secrétaire Générale

singulière. Après une

(dix ans de carrière à la City de Londres),

Stéphanie Rivoal en a assez de ce «milieu

d’argent où on fait de l’argent qui crée de

l’argent !» (rires). «J’avais envie d’autre

chose. Je ne renie rien de cette première

partie de ma vie, mais il fallait que je lui

donne plus de sens.» Elle se tourne vers

l’humanitaire, au sein de l’ONG Action

contre la faim. En 2005, elle passe sans

londonienne à la zone de guerre civile du

Darfour Nord. Elle coordonne l’ensemble

des programmes : aide alimentaire, appuis

à l’agriculture, accès à l’eau, etc.

Elle enchaîne par une mission au Liban.

Puis intègre le conseil d’administration de

l’association et enchaîne les voyages au

Bengladesh, en Inde, en Haïti… En 2013,

elle devient présidente d’Action contre la

faim, pour une durée de trois ans. Puis

en 2016, elle intègre le Quai d’Orsay, au

sein duquel elle avait noué des amitiés au

Je suis devenue ambassadrice

par effraction !», plaisante-t-elle

aujourd’hui. «Je n’étais pas du tout diplomate

de formation puisqu’issue d’une

école de commerce. Mais le Quai d’Orsay

pique

a plu.»

Stéphanie Rivoal devient Ambassadrice

de France en Ouganda et mise sur le sport

pour marquer l’amitié entre les deux pays.

Elle organise un match entre l’équipe nationale

d’Ouganda et l’équipe de France

militaire. Initiative renouvelée les deux années

suivantes avec le rugby à 7 et le rugby

à 15. «La passion du sport est un vecteur

puissant d’amitié entre les peuples.» En

marge de ces rencontres sportives, Mme

l’ambassadrice multiplie les initiatives,

comme des séances d’entraînement animées

par les rugbymen pour les enfants

ougandais. Et en « business woman »

avisée, Stéphanie Rivoal génère des bé-

ments,

qu’elle affecte à la création de petits

terrains de sport pour plusieurs écoles

d’Ouganda. «Je suis aussi devenue très

amie avec le président du Comité olympique

ougandais. Je ne suis pas sportive

moi-même mais j’ai toujours considéré le

sport comme capital dans ma fonction !»

Après trois années en Ouganda, Stéphanie

Rivoal est nommée Secrétaire Générale du

Sommet Afrique-France 2020.

« L’AFRIQUE EST PASSÉE DU STATUT

DE CONTINENT QU’ON AIDAIT À CELUI

DE CONTINENT QU’ON COURTISE ! »

Les chefs d’Etats réunis autour

d’un événement sportif, au

milieu du sommet

«La grande nouveauté de ce Sommet

Afrique-France, 28 e du nom, est qu’il

sera adossé à un très grand salon professionnel

baptisé La Cité des Solutions.

Nous attendons 15.000 acteurs dont une

72 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Stéphanie Rivoal

a un parcours

atypique : elle a

quitté la finance

pour se lancer dans

l’humanitaire !

© S.R.

majorité d’entreprises : 50% françaises,

50% africaines. L’objectif étant de montrer

les savoir-faire respectifs. Il y aura

également un grand nombre d’acteurs

de la société civile et un salon des maires

avec 400 maires français qui vont rencontrer

400 maires africains ! Les chefs

d’Etats seront réunis lors d’un dîner de

gala le premier soir, sillonneront la Cité

des Solutions le deuxième jour, assisteront

ensemble à un événement sportif

au Matmut Atlantique le deuxième soir,

puis seront rassemblés lors d’une plénière

ouverte le dernier jour. La Cité des

Solutions sera ouverte au public le samedi

: on attend 10.000 visiteurs.» Un

événement d’une ampleur inégalée, à

la hauteur des enjeux. «Ce sommet est

placé sous l’angle de la ville et des territoires

durables. Les besoins en urbanisation

de l’Afrique sont considérables. Des

villes nouvelles émergent et les projets

d’agrandissement de grandes villes se

multiplient. Ces développements gigantesques

doivent se réaliser dans le respect

de l’environnement (protection des

ressources, gestion des déchets…), dans

le cadre d’un accès aux services (santé,

éducation, culture, sport…) et au digital.

Les sociétés françaises et les sociétés

africaines, dans une collaboration pertinente,

ont un marché énorme à conquérir.»

Stéphanie Rivoal souligne les besoins

en équipements en prenant l’exemple du

sport : «Il y a beaucoup de marathoniens

frastructures

sportives. Lorsque l’Afrique

aura rattrapé son retard en équipements

sportifs, elle va devenir redoutable dans

bien des disciplines !»

Conserver et gagner des parts de marché

pour la France, dans le cadre d’une coopération

avec les acteurs économiques

africains : un positionnement « business

oriented » parfaitement assumé. «Les

ressorts de croissance mondiaux sont

aujourd’hui en Afrique. L’ambition est

claire : faire de l’Afrique la nouvelle priorité

économique de la France», assure

Stéphanie Rivoal. Car la concurrence internationale

fait rage. La Chine, la Russie,

le Japon ou l’Allemagne ont tour à tour,

au cours des derniers mois, organisé leur

propre sommet consacré à l’Afrique. La

Turquie arrive également en force sur le

continent avec des grandes entreprises

dans le secteur du bâtiment, une politique

d’aide au développement et l’ouverture

d’ambassades… La France doit

se battre pour conserver sa place. «En

Afrique francophone, la concurrence est

de plus en plus rude. Mais nous gagnons

des parts de marché en Afrique anglophone

et lusophone.» Pour conserver son

statut à part sur le continent africain, la

France qui «jouit d’une excellente image»

mise sur la collaboration intelligente et

harmonieuse. «Notre stratégie est de prôner

un développement plus favorable aux

Africains : faire grandir l’économie africaine

tout en faisant gagner des marchés

aux entreprises françaises.» WS

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 73


SPÉCIAL AFRIQUE | FEMMES D’INFLUENCE

Rencontre

Docteur Zakia

Bartegi :

« Organiser des Jeux sains

et propres »

Le Docteur Zakia Bartegi est

présidente de la commission

médicale internationale du

Comité international des Jeux

de la Francophonie (CIJF).

Elle nous confie l’importance

cruciale d’une commission

médicale pour un événement

d’envergure tel que les Jeux de

la Francophonie.

PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK

QUEL EST L’INTÉRÊT D’AVOIR

UNE COMMISSION MÉDICALE

INTERNATIONALE POUR LES JEUX ?

Le CIJF a pour objectif d’organiser des

Jeux « sains et propres ». Nous souhaitons

que les Jeux se déroulent sans aucun problème

de santé et sans délit de dopage.

La commission médicale du CIJF a un

rôle crucial pour atteindre ces objectifs.

La commission conçoit des guides dans

le domaine médical, pharmaceutique et

antidopage. Ces guides rassemblent les

règles et les mesures strictes en matière

de santé, à appliquer avant et pendant

les Jeux.

POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER

DES RÔLES DE LA COMMISSION

MÉDICALE INTERNATIONALE DU

CIJF ?

La commission veille à assurer une couverture

médicale sur tous les lieux de

compétitions sportives et d’entraînement,

des concours artistiques et des

répétitions, au Village des Jeux ainsi

que sur les autres sites de compétition,

d’hébergement, sans oublier le Centre

des médias. Elle s’assure qu’il y ait les

infrastructures, les matériels et le personnel

médical nécessaires. Durant les

Jeux, la commission médicale veillera à

l’application de toutes ces exigences en

matière de santé et de lutte antidopage.

Elle s’assurera des prises en charge des

urgences, notamment les moyens d’évacuation

nécessaires ou encore le choix de

l’hôpital d’accueil. Par ailleurs, elle mettra

en place et organisera le suivi d’un

programme diététique adapté à la spéci-

mission

veillera aussi à l’application d’un

programme d’hygiène sanitaire adéquat,

comme la désinsectisation et la dératisation

des lieux.

LES PROCHAINS JEUX DE LA

FRANCOPHONIE SE TIENDRONT À

KINSHASA EN RDC EN 2021. Y-A-T-

IL UNE COMMISSION MÉDICALE

NATIONALE ?

En effet, le Comité national des Jeux de la

Francophonie (CNJF) a mis en place une

commission médicale nationale. C’est à

nous, Commission internationale, de les

encadrer dans leurs actions. Leur plan

© CIFJ

74 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Les Jeux de la

Francophonie 2021

en RDC seront

organisés dans

les meilleures

conditions

sanitaires.

© CIFJ

DOCTEUR ZAKIA BARTEGI

en bref

Le Docteur Zakia Bartegi est titulaire d’un

doctorat de la Faculté de Médecine de

Tunis, obtenu en 1980. Son parcours est

étroitement lié à la médecine sportive.

Elle est titulaire d’un certificat d’études

spécialisées en médecine et biologie

du sport de la Faculté de Médecine de

Nantes en 1982. Zakia Bartegi est très

investie dans les activités associatives

dans le domaine de la médecine du sport.

Elle est, entre autres, membre de la

commission médicale de la Confédération

Africaine de Football (CAF) depuis 1994.

La lutte antidopage est une cause qui

lui tient à cœur. Elle fait partie du panel

«Doping Control Officer » (Officier de

contrôle de dopage) de la Fédération

internationale de football (FIFA).

Elle est présidente de la Commission

Médicale et Antidopage (CMAD)

du Comité International des Jeux

Méditerranéens (CIJM) et présidente de

la CMAD du Comité international des

Jeux de la Francophonie (CIJF).

opérationnel est presque prêt pour les

IXes Jeux de la Francophonie. La commission

nationale est en train de mettre en

place une couverture médicale sur tous

de chaque activité sportive. Par ailleurs,

il existe un hôpital local à Kinshasa qui répond

aux exigences des Jeux en matière

de matériels et de compétences médicales.

Le ministère de la Santé de la République

démocratique du Congo (RDC)

mettra à disposition des ambulances et

un personnel médical et paramédical.

L’activité hygiène et diététique a aussi

tions

pratiques seront produits avant les

Jeux pour informer les délégations participantes

sur les facilités et les services

médicaux mis à leur disposition. Ces documents

les informeront également sur

l’état sanitaire en RDC notamment les

maladies endémiques et les programmes

de prévention « spéciale Jeux » en plus du

programme national.

EN ÉVOQUANT CE SUJET, ON A

RÉCEMMENT PARLÉ DE LA FIN DE

L’ÉPIDÉMIE D’EBOLA EN RDC DANS

LES MÉDIAS…

avec l’épidémie d’Ebola. Dans tous les

cas, nous suivrons les consignes de l’Organisation

mondiale de la santé (OMS).

Nous les appliquerons à la lettre. Nous

nous informerons toujours sur le programme

national et nous demanderons

son renforcement lors des Jeux.

PARLEZ-NOUS DU PROGRAMME

DE LA LUTTE ANTIDOPAGE MIS EN

PLACE DURANT LES JEUX…

Toujours dans l’objectif d’organiser des

Jeux « propres et sains », le CIJF a instauré

un programme de lutte antidopage

en conformité avec les exigences de

l’Agence mondiale antidopage (AMA). Un

guide antidopage informera les délégations

participantes sur le règlement et la

procédure à suivre pendant les Jeux, notamment

pour les différents tests et la

liste des produits interdits. Par ailleurs,

ce programme antidopage devra assurer

« TOUTES LES DISPOSITIONS

SANITAIRES ONT ÉTÉ PRISES. »

un programme d’activités éducatives et

de prévention pendant les Jeux.

QUEL MESSAGE POUR LES

JEUNES ATHLÈTES DÉSIREUX DE

PARTICIPER À CES IX ES JEUX DE LA

FRANCOPHONIE ?

Toutes les dispositions sanitaires ont

été prises. Comme pour tout voyage

dans les pays tropicaux, nous recommandons

d’être à jour des vaccinations

obligatoires. Un guide d’informations

médicales sera mis à disposition des

délégations participantes en amont des

Jeux. WS

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 75


SPORT PASSION AVEC

Grâce au Livret Sport 2000,

Mathilde s’envole pour le Canada !

À 28 ans, Mathilde Deschamps, originaire d’Annecy, est une mordue de sport. Depuis plus de dix

ans, la jeune femme profite « des magnifiques paysages et du magnifique terrain de jeu » que lui

offre sa région. Mathilde pratique la randonnée, le running, le ski... Elle suit sa pratique grâce au

Livret Sport by Sport 2000 qui lui a permis de remporter un voyage d’une semaine au Canada,

pour deux personnes ! PAR VANESSA MAUREL

«Je n’y croyais pas, je croyais que

c’était une blague ! » rigole-telle

en se remémorant le moment

où elle a appris la bonne

nouvelle. Un incroyable coup du destin pour

celle qui a découvert le Livret Sport 2000

par hasard. « C’est une amie qui a reçu la

publicité chez elle et qui m’en a parlé parce

qu’elle savait que j’adorais le sport. J’ai tout

de suite adhéré à l’idée de gagner des bons

d’achat grâce à mes séances, alors je me

suis inscrite. » Et depuis ce jour-là, elle est

accro ! « Mes séances se synchronisent automatiquement

avec le site, donc je n’ai même

pas besoin d’y aller. Néanmoins, j’avoue que

de temps à autre j’aime aller jeter un coup

sement.

»

Mathilde, même si elle est déjà une mordue

de la pratique sportive, reconnaît également

que le livret peut aider à se motiver. « Depuis

que j’en ai parlé à mon entourage, pas

mal de personnes se sont inscrites. Même

au travail, des collègues qui n’aiment pas

forcément le sport à la base ont été titillées

par l’idée de s’y mettre… Je crois que je leur

ai prouvé que ça marche ! Je suis la preuve

vivante qu’on peut gagner ! » En effet, Mathilde

a remporté le tout premier challenge

-

nement

en un mois.

facile, que j’ai rapidement bouclé grâce à

la randonnée et la course à pied », assuret-elle.

« Je l’ai fait tout simplement par curiosité

et pour rigoler, mais je ne m’attendais

pas du tout à gagner ! » Et pourtant. Parmi

volée

début mars. Visite de Montréal, chien

de traineaux, randonnée à Québec, elle re-

giquement

que Mathilde conseille le Livret.

« Le sport, c’est bien, mais lorsque l’on est

récompensé pour nos efforts, c’est encore

mieux ! » WS

D.R.

EN BREF

Avec le Livret Sport, Sport 2000

passe d’un programme fidélité

traditionnel à un programme

relationnel à 5 volets !

RÉCOMPENSE :

La pratique sportive me fait gagner des

points sur tous les sports et ce dès le

1 er km ou la 1 re minute de ma pratique !

MOTIVATION :

Je suis incitée à pratiquer plus souvent

et à me dépasser pour atteindre les

objectifs fixés lors des challenges

proposés chaque mois !

ANIMATION EN LOCAL :

Le championnat des magasins permet

d’animer les membres en local pour

renforcer la proximité et créer des

communautés proches de chez moi !

PERSONNALISATION DE L’OFFRE :

Je reçois des offres commerciales

spécifiques aux sports que je pratique !

> ACCOMPAGNEMENT :

Une rubrique magazine avec des

articles sur l’équipement,

la préparation, la pratique, etc.

https://www.livretsport.fr/

76 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Temps

passé :

10€ *

Compatible avec la plupart

des appareils connectés

et applications sportives. **

Réservé aux porteurs

de la carte fidélité.

FAIRE

DU SPORT

BOOSTE

VOTRE BUDGET

CHAQUE KM RAPPORTE

DES POINTS !

RENDEZ-VOUS SUR LIVRETSPORT.FR

Valable dans toutes les enseignes du groupe

* Conditions et barèmes sur livretsport.fr. ** Liste des appareils et applications disponibles sur livretsport.fr • • RCS Évry 421 925 918 Sport 2000 FRANCE SAS


C’EST BON POUR MOI !

GESTION DE CRISE

Bien choisir ses

chaussures et bien

les lacer sont les

deux premiers

conseils pour éviter

les crampes !

SOS

CRAMPE !

Vous êtes en plein footing, en plein match de

tennis ou de foot, et là, votre mollet se fige,

contracté comme du béton armé…

La crampe s’explique physiologiquement

par une accumulation de déchets toxiques.

Comment se sont-ils agglutinés,

et comment les chasser ?

Petit topo anti-crampe.

PAR LÉA BORIE

© Star Stock / Shutterstock

On dit souvent que la

crampe musculaire

est liée à un manque

d’hydratation : une

légende ? En réalité,

on ne peut pas

dire que l’eau soit

vraiment la grande

incriminée dans cette

affaire… Eclairage

express !

Les bons réflexes

préventifs

Si des athlètes

américains sont

adeptes du jus de

cornichon, il y a déjà

des tips simples (et

plus digestes) à mettre

en place :

On limite sa

consommation

d’alcool, et surtout de

vin blanc.

On ne fume pas, ou

en tout cas, pas 2h

avant sa séance.

On mange, mais 3h

avant le sport.

On s’équipe avec

de bonnes paires de

chaussures, adaptées

à sa pratique.

On tâche d’avoir son

quota de sommeil et

de laisser ses muscles

récupérer entre deux

entraînements.

On peut

complémenter l’apport

en magnésium par une

cure, en cas de crampe

à répétition.

Pour la faire passer

On étire. Pour la

crampe du mollet, on

l’étire contre un mur,

orteils en l’air.

On chauffe le muscle, à

l’aide d’une bouillotte.

Il existe des mini

bouillottes de main

qu’on peut facilement

emporter partout.

On surélève la jambe.

Cela permet un meilleur

retour veineux. Utile

avant de dormir, si

la crampe revient

en mode mauvaise

surprise nocturne.

On masse avec une

huile de massage à

l’arnica. Des massages

qui vont vers le cœur.

On peut continuer

dans les deux jours qui

suivent, si la douleur se

fait tenace.

On se tourne vers

des solutions

électrique, champ

électromagnétique,

ultrasons,

thermothérapie…

Crampe récidiviste ?

Les autres questions

à se poser

Mes lacets ne sontils

pas trop serrés,

notamment vers la

cheville ?

N’aurais-je pas une

pathologie (pieds plats,

écarts de hanches…) ?

Serait-ce une

Ma foulée, mes gestes

sont-ils adéquats ?

Ne serait-ce pas

un médicament

que je prends

(type corticoïdes,

bêtabloquants, antibio,

diurétiques, laxatifs) ?

Et si ça venait d’un

stress chronique ?

78 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Pourquoi faut-il (absolument)

C’EST BON POUR MOI !

SE METTRE À LA CORDE

À SAUTER ?

La corde à sauter est une discipline à laquelle on ne pense pas

forcément, mais qui est pourtant l’un des sports les plus complets

que vous puissiez trouver. Que ce soit psychologiquement ou

physiquement, voici quelques raisons de ressortir du placard ce petit

objet qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas seulement réservé

aux enfants (ou aux boxeurs) ! PAR VANESSA MAUREL

1 ON TRAVAILLE

LE CARDIO !

Même si, au premier abord,

la corde à sauter ne semble

pas un sport très difficile, vous

allez changer d’avis au bout

de… 30 secondes d’exercice

(et encore, on est sympa!).

En fait, la corde à sauter

est un sport qui demande

énormément d’endurance,

dû aux efforts fractionnés

(alternant moments intenses

et temps de récupération).

Par conséquent, il s’agit d’un

sport parfait pour améliorer sa

condition cardio-vasculaire et

respiratoire.

2 DES SÉANCES

COURTES… MAIS

EFFICACES !

Bonne nouvelle, ce sport

convient aux personnes qui

n’auraient pas forcément le

temps (ou l’envie) de consacrer

des heures de leur planning

perso à l’entraînement. On

mise sur des séances de

15 minutes maximum, pour

les débutants, découpées

en séries de 2 à 3 minutes

(séparées par des pauses de

20 à 30 secondes environ).

Cela dit en passant, 15

minutes de corde à sauter

équivaudraient à 30 minutes

de running (environ 725

calories sont brûlées par

heure d’exercice).

3 ON SE TONIFIE

Tous les muscles du corps

travaillent pendant l’exercice.

Les jambes (mollets

notamment) vont s’affiner

sans prendre de volume

grâce à la répétition des

sauts. Les bras, plaqués

le long du corps, vont être

sollicités dans la rotation

de la corde, et les abdos en

gardant l’équilibre. La corde

à sauter est donc le combo

parfait pour harmoniser votre

silhouette !

4 FAVORISE LA

CIRCULATION

SANGUINE

Grâce aux sauts répétés, la

corde à sauter permet de

favoriser le retour veineux et

donc la circulation sanguine.

Un travail idéal pour masser

les tissus musculaires et

donc… lutter contre la peau

d’orange (autrement appelée

cellulite).

5 RETOUR

EN ENFANCE

IMMÉDIAT

Au-delà des avantages précités,

la corde à sauter est surtout un

sport ludique, qui nous ramène

tout droit en enfance, pour

un moindre prix (moins de 10

euros) ! Entre amies ou seule,

vous pouvez varier les plaisirs

en choisissant la vitesse de

rotation, la fréquence des sauts

(tous les tours, tous les deux

tours), sauts à pieds joints, à

cloche-pied… Bref, il y en a

pour tous les goûts, et

tous les niveaux.

© OSTILL is Franck Camhi / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 WOMEN SPORTS 79


MANGER SAIN

L E GATEAU AU YAOURT

,

ET A L ANANAS

MADE IN MALO

Les ingrédients :

• 3 oeufs

• 1 ananas

• 1 pot de yaourt nature

MALO

• 1 pot de sucre

• 1 pot d’huile

• 3 pots de farine

• 1 sachet de levure

chimique

La préparation étape par étape :

B Versez le yaourt MALO dans un

saladier. Gardez le pot vide, à utiliser

comme bol doseur.

C Ajoutez un pot de sucre, un pot d’huile

et trois pots de farine.

D Mélangez puis ajoutez trois oeufs

entiers et la levure.

E Épluchez l’ananas et coupez-le par

le milieu de façon à obtenir quelques

tranches rondes et fines. Coupez le reste

du fruit en petits morceaux.

F Ajoutez les morceaux d’ananas dans le

saladier avec le reste de la préparation.

G Versez le tout dans un moule à gâteau

rond et disposez les tranches fines sur le

dessus.

H Enfournez pendant 40 minutes.

Bon appétit !

,

,,

Au printemps, ajoutez une touche exotique à votre

alimentation avec cette recette fruitée et vitaminée.

Effet boost assuré !

L’ANANAS,

UN ALLIER SANTÉ !

Ce fruit tropical a la réputation d’être un bon brûleur

de graisses. Toutefois, ceci n’est pas vrai à 100%. Cet

«effet minceur» lui est attribué car il contient de la broméline,

une enzyme aux nombreuses vertus dont celle de faciliter la

digestion. Riche en eau et en fibres, l’ananas permet également

de lutter contre la rétention d’eau et améliore le transit. Aussi,

s’il ne fait pas maigrir à proprement parler, ce fruit peut aider à

avoir un ventre plat. Il reste aussi fortement recommandé en

cas de rééquilibrage alimentaire car peu calorique et riche

en vitamines et minéraux. Parmi les autres bienfaits de

l’ananas, on peut citer ses propriétés antioxydantes

et son rôle dans la prévention de certains

cancers et maladies cardiovasculaires.

À PROPOS DE MALO

La laiterie de SAINT-MALO, plus communément appelée MALO,

est connue pour l’authenticité et la qualité de ses produits.

Elle s’attache à offrir, depuis 1948, des yaourts, fromages frais et

desserts traditionnels, respectueux des saveurs d’autrefois.

Un goût de nostalgie qui replonge des générations entières dans

leurs tendres souvenirs d’enfance… pour mieux les transmettre

aux générations de demain.

À chaque numéro, les entreprises du Groupe SILL se mobilisent pour nous aider à combiner nutrition, santé et plaisir en proposant des recettes

originales et saines, des conseils diététiques ou des tips et astuces permettant d’améliorer nos habitudes alimentaires.

© margouillat photo / Shutterstock

80 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Photos : Le Groupe Ouest / Brigitte Bouillot - Guillaume Gauter


LES BONS PLANS

Page réalisée par le service commercial de Women Sports

LIPOXYCUT BY ERIC FAVRE

Appliquez, sculptez, brûlez !

Fort de son succès avec la gamme Lipoxycut, n°1 des ventes, Eric

Favre ajoute à son catalogue produits la crème Lipoxycut. Une

formule cliniquement testée !

Destinée à affiner les courbes du corps, l’étude clinique démontre

une diminution de 23% de l’aspect capitonné. Formulée sans

paraben, sa composition est unique et sa texture agréable pour

une peau

plus lisse, plus raffermie, plus hydratée et une silhouette

sculptée. La crème Lipoxycut peut aussi aider à combattre l’aspect

cellulite. Pour des performances optimales, cette crème est à

utiliser en

complément du pack Lipoxycut.

Eric Favre, marque française de complément alimentaire depuis

plus de 10 ans, www.ericfavre.com

LA BEAUTÉ NAÎT DE LA NATURE

BY SHISEIDO

Des soins inspirés de la tradition culinaire japonaise

du Washoku, holistique et naturelle. Les soins Waso

s’appuient sur des ingrédients naturels clés tels que la

carotte, le néflier du Japon, le miel, le tofu, le yuzu ou

la trémelle blanche pour équilibrer et hydrater la peau

mais aussi prévenir l’apparition des imperfections.

Crème ultra-hydratante invisible : un gel qui hydrate

votre peau en profondeur pendant 24 heures et réduit

l’apparence des pores. Les nutriments sont extraits avec

le plus grand soin des cellules intégrales de carotte pour

tirer parti de leur intégrité et optimiser leurs propriétés

hydratantes. Les carottes possèdent une haute teneur en

eau et en nutriments qui contribuent à maintenir la peau

en bonne santé et hydratée.

www.shiseido.fr

MONTRE SPORTIVE CHIC VIVOMOVE HR

BY GARMIN

Cette montre connectée Garmin, raffinée et chic dans

sa version Premium, est un véritable bijou de joaillerie

en plus d’être une montre sportive. Elle dispose d’un

cadran avec de vraies aiguilles analogiques et d’un écran

numérique tactile intégré très discret qui n’est visible

que lorsqu’on le sollicite. Les aiguilles se déplacent pour

permettre la lecture des messages et informations.

Elle vous accompagne pour le running, la marche et

la musculation. Elle suit votre activité au quotidien

(nombre de pas, calories brûlées, suivi du bien-être) et

affiche les notifications de smartphone. Ses bracelets

interchangeables sont en daim, cuir et silicone. On

trouve également des bracelets compatibles en acier

inoxydable avec maillons.

www.garmin.com

82 WOMEN SPORTS N°16 • Avril - Mai - Juin 2020 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


KEDGE GLOBAL

EXECUTIVE MBA

SPORT & ENTERTAINMENT BUSINESS

MANAGEMENT SEMINAR

Formez-vous au «Sport

Business Management»,

Programme Court ou

Executive MBA

(parcours en anglais).

emba.kedge.edu


12/2019 – Édité par Crédit Agricole S.A., agréé en tant qu’établissement de crédit – Siège social : 12, place des États-Unis, 92127 Montrouge Cedex – Capital social : 8 654 066 136 € – 784 608 416 RCS Nanterre.

LE GOÛT

DES DÉFIS,

L’AUDACE DE

LES RELEVER * .

#GRACEAUSPORT

#SPORTECOLEDEVIE

Le Crédit Agricole fait vivre les valeurs

du sport partout en France.

*Dare to dream, dare to achieve.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!