BATIMAG97 ANTILLES NUMERO 3
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RECONSTRUIRE
RECONSTRUIRE
Comment les enjeux économiques
et le risque ont-ils été croisés ?
Alors que la carte des aléas réalisée par le Cerema
faisait apparaître de nouvelles zones à risques, du moins
laissait présager que de nouvelles zones pouvaient être
classées en rouge, au final, elles ne le sont pas. La raison
principale étant l’enjeu économique, un enjeu qu’il a été
nécessaire de « croiser » avec le risque pour élaborer le
plan de prévention des risques naturels.
La collectivité concertée par les services de l’État a
proposé des zones où l’intérêt économique stratégique
était prépondérant, autrement dit où les contraintes
devaient être réduites pour permettre un futur développement.
Il s’agit des principaux centres urbains et
touristiques de la partie française : Marigot, Quartier
d’Orléans et Baie Orientale. C’est pourquoi, la DEAL
a placé par exemple l’arrière de la Baie orientale en
orange (contraintes fortes) alors que les hauteurs d’eau
relevées sont parfois supérieures à un mètre. Par contre
d’autres endroits sans intérêt économique, où plus d’un
mètre d’eau a été relevé, ont été classés en rouge clair
comme à Cul de Sac.
Au niveau de Marigot, la logique des intérêts économiques
a fait que le littoral sur une portion de 500 à
700 mètres est en orange puis en rouge foncé alors
que les dégâts ont été similaires et les hauteurs d’eau
identiques.
Pas de zones noires,
pas d’expropriation mais...
Dès le début, l’Etat a été clair : il n’y aura pas d’expropriation
ou de zones noires comme il a pu y en avoir
en métropole suite à la tempête Xynthia en 2010.
On peut supposer que cette décision a été prise en
raison du contexte local : le foncier étant restreint, la
géographie de l’île compliquée (le centre de l’île est
montagneux) le relogement aurait été difficile. Néanmoins,
pour une partie de la population, le résultat est
le même.
En effet, les riverains du littoral, précisément ceux de
Sandy Ground, le cordon sableux situé entre la mer
et le lagon, se trouvent avec le PPRN révisé en zone
rouge foncé, alors que dans le PPRN 2001, ils étaient
en zone orange. Autrement dit, aujourd’hui ils peuvent
rénover ou réparer mais pas reconstruire. Et encore
moins créer des lieux de sommeil supplémentaires.
Comme ailleurs aux Antilles, une partie des Saint-
Martinois ont construit leur maison - de manière
légale ou non - sur la zone des 50 pas géométriques.
Pour ceux dont la bâtisse a été fortement endommagée
par Irma, ils ne peuvent donc pas la reconstruire.
Cela équivaut pour eux à une expropriation. « Ma
famille est propriétaire de cette parcelle depuis 1841.
C’est tout ce que j’ai. Aujourd’hui je ne peux reconstruire.
Qu’est-ce que je fais », avait demandé une Saint-Martinoise
à la préfète lors d’une réunion publique.
L’État répond aux riverains dont les titres de propriété
sont en règle et possèdent un permis de
construire, qu’ils peuvent solliciter le fonds Barnier
dont la somme maximum allouée est 240 000 euros.
A ceux qui n’ont ni titre, ni permis, les réponses sont
plus radicales. Ils peuvent cependant bénéficier d’une
indemnisation de 40 000 euros maximum.
La situation est la même à Quartier d’Orléans où
l’eau est montée à certains endroits à plus de 3
mètres. Dans une cuvette, les immeubles ont subi la
montée des eaux de l’étang à proximité et du ruissellement
des ravines.
Loto du
patrimoine
à Saint-Martin
Stéphane Bern, responsable de la Mission patrimoine,
et le ministre de la Culture Franck Riester, ont retenu
plusieurs sites se trouvant en Outre-mer, aux Antilles
et celui-ci à Saint-Martin.
Parc paysager de la plantation
Mont Vernon à Saint-Martin
Cette ancienne plantation de cannes à sucre et de coton est
l’une des dernières sur la partie française de Saint-Martin.
Elle a subi énormément de dommages à la suite de l’ouragan
Irma et la collectivité de Saint-Martin porte un projet de
sauvegarde et de réhabilitation du site et du parc où
poussaient bananiers, tamariniers, caféiers, gommiers,
cannes à sucre, manguiers, flamboyants…
Parallèlement à la reconstruction de l’habitation, la collectivité
souhaite également restaurer le parc paysager qui
l’entoure. L’objectif est de créer un espace culturel, commercial
et artisanal où le parc accueillera aussi des événements
et proposera un ensemble d’activités telles que des cours
d’horticulture, des jardins potagers et médicinaux…
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