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Liège Museum n°2

Le Bulletin des musées de la Ville de Liège. A lire notamment : les partenaires des musées, Lambert Lombard, Armand Rassenfosse, Biennale de gravure...

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A lire notamment : les partenaires des musées, Lambert Lombard, Armand Rassenfosse, Biennale de gravure...

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C’est sous l’impulsion d’hommes et de femmes passionnés, réunis en une « Société<br />

pour l’encouragement des Beaux-Arts », que la notion même de musée apparaît.<br />

Au cœur des bouleversements politiques et sociaux de cette première moitié du xix e<br />

siècle, cette association conçoit le musée comme un lieu public où sont données à<br />

voir les productions artistiques du temps dans le but d’édifier et de soutenir la production<br />

artistique belge.<br />

Que ce projet s’élabore dans une Belgique à peine éclose n’est guère étonnant.<br />

Et tout porte à penser que cette promotion des Arts passe immanquablement<br />

par la revendication d’une identité nationale en pleine mutation. Les politiques d’achat<br />

et d’enrichissement du patrimoine muséal déclenchent toutefois de longs débats.<br />

Les opinions sont, loin s’en faut, unanimes : chaque école a ses partisans et ses<br />

détracteurs. Au gré des « Salons » organisés par la Société se constitue donc une<br />

collection composite, où se dessinent des tendances artistiques.<br />

L’histoire de cette Société éclaire : la cohérence artistique des collections,<br />

leur genèse, la perception du musée dans le temps ou encore la particularité des<br />

productions liégeoises, largement dépendantes des courants dominants de l’art.<br />

Grégory Desauvage<br />

Conservateur<br />

Musées de <strong>Liège</strong><br />

Des Beaux-Arts en Société<br />

Les débuts de la collection des beaux-arts de <strong>Liège</strong><br />

L’histoire des collections des musées<br />

révèle bien souvent le rôle d’amateurs<br />

d’art, d’associations ou de mécènes<br />

éclairés, dont le soutien assura, et<br />

assure encore, par le biais de legs,<br />

de donation ou de dation,<br />

l’enrichissement des collections et<br />

parfois un appui logistique et financier.<br />

<strong>Liège</strong> ne fait pas exception.<br />

Hans Gude, La Forêt de hêtres, s. d.<br />

Huile sur toile, 91 x 124 cm.<br />

Acquis au Salon de 1862. [AM295]<br />

- L’association se compose de toute personne souscrivant à une ou plusieurs<br />

actions à payer annuellement. Une commission de 12 associés dirige les travaux.<br />

- La Société monte une exposition bisannuelle avec des productions d’artistes ou<br />

amateurs vivants, belges et étrangers. La Ville fournit un local pour la présentation<br />

des œuvres. Au terme de l’événement, plusieurs toiles sont achetées par la Société<br />

: une partie est distribuée aux sociétaires par le biais d’une loterie payante<br />

et l’autre partie grossit la collection du futur musée communal.<br />

- De nombreux artistes participent aux expositions de 1834, 1836 et 1838 et se<br />

retrouvent dans les collections actuelles 2 . Le succès des Salons incite la Ville à<br />

octroyer, en mars 1838, une subvention bisannuelle plus importante. Dès 1840,<br />

les expositions ont lieu dans l’ancienne église Saint-André.<br />

La « Société pour l’encouragement des Beaux-Arts » : les prémices<br />

L’association est créée en 1829. C’est à M. Gravez, Inspecteur du cadastre et amateur<br />

d’art, aidé de quelques personnes passionnées, que l’on doit le projet de créer une<br />

« Société pour l’encouragement des Beaux-Arts ». Cette association se donnait<br />

pour objectifs premiers de ranimer le goût de la peinture et d’organiser des expositions<br />

annuelles n’admettant que des artistes vivants.<br />

Pour être sociétaire, il suffisait de s’inscrire et de payer une cotisation annuelle.<br />

Au terme des expositions, l’argent des souscriptions était employé à l’achat d’objets<br />

d’art, à répartir entre les souscripteurs par loterie.<br />

Pour la première exposition, le 4 avril 1830, le Comité directeur s’associe<br />

avec la Société d’Émulation, déjà expérimentée en la matière. Le résultat est satisfaisant<br />

au vu de l’agitation politique du temps : 108 artistes envoient 233 œuvres. Le<br />

succès de l’exposition laissait penser que l’association prendrait un certain essor<br />

mais les événements de 1830 bousculent les pronostics et les sociétaires se dispersent.<br />

Il en résulte une dissolution de fait.<br />

Renaissance et déploiement<br />

En 1833, Louis Jamme, bourgmestre et amateur de peinture, prit l’initiative de la<br />

reconstitution d’une nouvelle Société pour l’encouragement, destinée, à terme, à<br />

former un musée communal. En peu de temps, son appel réunit 256 actionnaires.<br />

Le 25 février, les autorités de la Ville accordent une somme bisannuelle de<br />

3 000 francs pour l’achat d’objets d’art en vue d’étoffer le futur musée. L’objectif de<br />

cette subvention est le suivant : « […] il est d’un grand intérêt d’encourager et de<br />

faciliter les progrès des beaux-arts, d’en développer le goût et de protéger ceux qui<br />

les cultivent » 1 . La création de la Société est officiellement approuvée le 23 octobre<br />

suivant. En voici les grandes lignes directrices.<br />

<strong>Liège</strong>•museum<br />

n° 2, mai 2011<br />

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<strong>Liège</strong>•museum<br />

n° 2, mai 2011<br />

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