22.04.2020 Views

Liège Museum n°3

Bulletin des musées de la Ville de Liège. A lire notamment : Vers un nouveau musée des Beaux-Arts à Liège, Une sainte Cécile tombée des nues, Frénésie vénitienne – Le verre espagnol du 16e au 18e siècle...

Bulletin des musées de la Ville de Liège.
A lire notamment : Vers un nouveau musée des Beaux-Arts à Liège, Une sainte Cécile tombée des nues, Frénésie vénitienne – Le verre espagnol du 16e au 18e siècle...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Grégory Desauvage<br />

Conservateur<br />

Musées de <strong>Liège</strong><br />

Une sainte Cécile tombée des nues<br />

Nouveau regard sur l’œuvre d’un inconnu<br />

Derrière l’extase et l’apparente sérénité<br />

de cette jeune sainte, se cache un voyage<br />

qui conduit aux quatre coins de l’Europe.<br />

Les archives des collections de <strong>Liège</strong><br />

concernant Sainte Cécile ne mentionnent<br />

aucune indication quant à ses origines,<br />

si ce n’est que la toile fut léguée à la<br />

Ville par M. Martin de Saint-Martin.<br />

L’identification du peintre reste problématique,<br />

mais une recherche simple<br />

permet d’orienter les investigations du<br />

côté de l’école italienne. À observer la<br />

Sainte Cécile exécutée par Guido Reni<br />

en 1606, il semble peu douteux qu’il<br />

soit l’initiateur de la composition : pour<br />

des arguments d’ordre stylistique, historique<br />

et scientifique (physico-chimique).<br />

Mais il est très probable qu’elle soit de<br />

la main d’un suiveur du maître et qu’elle<br />

ait été peinte au xvii e siècle et non au xix e<br />

(comme considéré jusqu’à aujourd’hui).<br />

Sainte Cécile au BAL<br />

La toile des collections de <strong>Liège</strong>, figurant sainte Cécile en extase, se présente comme<br />

un portrait de jeune fille enturbannée et richement habillée qui se tient de trois quarts<br />

face. Elle tient d’une main un violon et de l’autre un archet, et elle semble jouer de<br />

son instrument. Son visage est baigné de lumière et ses yeux sont levés au ciel. À<br />

sa gauche, à peine perceptible, est disposé un orgue. L’arrière-plan se limite à une<br />

surface unie de couleur noire. Sur son visage s’affiche une incontestable plénitude,<br />

résultat probable d’un transport mystique.<br />

Cette peinture a fait l’objet d’une restauration en 2008. L’intervention, pratiquée<br />

par Catherine Hance, s’est limitée à un dévernissage, un nettoyage général de<br />

la couche picturale et à quelques retouches imitatives aux endroits lacunaires. Le<br />

châssis vermoulu a été remplacé. La toile était, dans l’ensemble, en assez bon état.<br />

Sa remise en condition a permis de lui rendre son lustre d’antan et de redécouvrir la<br />

qualité indéniable de sa facture.<br />

Martyre, mélomane<br />

Depuis les origines de l’Église, sainte Cécile est l’une des martyres les plus vénérées.<br />

Elle aurait vécu à Rome, au iii e siècle après J.-C. Jacques de Voragine 1 en fait état<br />

dans sa fameuse Légende dorée et favorise la perpétuation de son culte.<br />

Aristocrate romaine et musicienne talentueuse, elle consacre dès son jeune<br />

âge sa vie à Dieu à qui elle fait vœu de virginité. Ses parents lui choisissent pourtant<br />

un époux en la personne de Valérien, un jeune noble romain et païen. Elle refuse de<br />

renier son vœu de chasteté et parvient à convaincre son jeune époux de se convertir<br />

au christianisme.<br />

Pour avoir manifesté publiquement sa foi chrétienne et refusé de l’abjurer,<br />

Valérien est jugé et décapité. Sainte Cécile inhume sa dépouille selon les rites chrétiens<br />

et intensifie ses activités prosélytes d’évangélisation, malgré les avertissements<br />

des autorités romaines. Son obstination lui vaut d’être condamnée à brûler vive<br />

dans le sudatorium de sa résidence, au Trastevere. Un jour et une nuit de martyre<br />

n’ont pas raison d’elle. C’est pourquoi le préfet de la ville la fait décapiter. Elle résiste<br />

aux coups d’épée qui lui sont portés et succombe après trois jours d’agonie.<br />

Depuis le xv e siècle, la sainte est la patronne des musiciens. Elle est généralement<br />

représentée jouant d’un orgue ou d’un instrument à corde. De nombreux<br />

peintres l’ont figurée dans des attitudes diverses. Parmi ceux-ci : Raphaël, Guido<br />

Reni (dit Le Guide), le Dominicain, Rubens…<br />

Inconnnu (d’ap. Guido Reni),<br />

Sainte Cécile, xvii e siècle<br />

Huile sur toile, 88 X 67 cm<br />

Collections du BAL, <strong>Liège</strong>,<br />

inv. BA 231<br />

Raphaël, L’Extase de sainte Cécile,<br />

1514-1516<br />

Huile sur toile, 236 x 150 cm.<br />

Pinacoteca Nazionale, Bologne.<br />

© Wikimédia Commons.<br />

<strong>Liège</strong>•museum<br />

n° 3, décembre 2011<br />

10<br />

<strong>Liège</strong>•museum<br />

n° 3, décembre 2011<br />

11

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!