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Les carnets du Curtius n°1 • LA TOMBE 2 DE BOIS-ET-BORSU

En 1902, des ouvriers qui creusaient les fondations de la maison Wéry-Ramet, à Bois-et-Borsu (Clavier, province de Liège) découvraient une monnaie fruste de l’empereur Trajan, une lampe en fer ainsi qu’un trépied et un candélabre en bronze...

En 1902, des ouvriers qui creusaient les fondations de la maison Wéry-Ramet, à Bois-et-Borsu (Clavier, province de Liège) découvraient une monnaie fruste de l’empereur Trajan, une lampe en fer ainsi qu’un trépied et un candélabre en bronze...

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Contexte archéologique<br />

<strong>Les</strong> sépultures romaines de Bois-et-Borsu<br />

Historique des découvertes<br />

De nombreux vestiges archéologiques<br />

d’époque romaine ont été<br />

mis au jour à Clavier, depuis la seconde<br />

moitié <strong>du</strong> xix e siècle. À<br />

Clavier-Vervoz, des travaux de défrichement<br />

réalisés en 1866 au<br />

lieu-dit Fecheroux, suivis de fouilles<br />

menées au même endroit, en<br />

1893 (C.-J. Comhaire) et en 1905<br />

(F. Hénaux), ont révélé un ensemble<br />

funéraire exceptionnel<br />

d’époque flavienne (69-96 après<br />

J.-C.), constitué de six tombes<br />

disposées autour d’un monument<br />

funéraire élaboré, à grande statuaire<br />

1 . Trois sépultures renfermaient<br />

un mobilier funéraire d’une<br />

grande richesse, comprenant un<br />

assortiment de récipients en verre<br />

et en céramique sigillée lisse <strong>du</strong><br />

sud de la Gaule 2 . Cette vaisselle<br />

de table opulente évoque le banquet<br />

offert au défunt, ainsi que le<br />

mobilier funéraire des riches<br />

tombes sous tumulus de Hesbaye<br />

(Schütz, 2009a, p. 30-31).<br />

Des fouilles menées dans les années<br />

1960 par le Cercle archéologique<br />

Hesbaye-Condroz, au nord<br />

de la zone funéraire, ont confirmé 3<br />

l’existence d’une agglomération<br />

de type « village-rue » — l’antique<br />

Vervigium — incluant des ateliers<br />

de potiers, un complexe thermal 4<br />

et une zone de sanctuaires. Un<br />

trésor monétaire de thésaurisation,<br />

constitué de 1680 monnaies d’argent<br />

stockées dans une cruche en<br />

tôle de bronze 5 , fut mis au jour le<br />

20 mai 1967, sous un bâtiment <strong>du</strong><br />

vicus. L’enfouissement de ce dépôt,<br />

vers 255/256 après J.-C., est<br />

vraisemblablement lié aux incursions<br />

franques et alamanes qui<br />

causèrent la destruction et le<br />

pillage de nombreuses agglomérations<br />

de Gaule Belgique et con<strong>du</strong>isirent<br />

au démantèlement <strong>du</strong> limes<br />

rhénan 6 .<br />

À Bois-et-Borsu, des éléments de<br />

construction appartenant aux vestiges<br />

d’une villa romaine furent mis<br />

au jour en 1895-1896, au lieu-dit<br />

Thier Laurent : un fragment de<br />

chapiteau, une dalle de marbre,<br />

soixante fragments de marbre de<br />

six variétés différentes, sept rondelles<br />

d’hypocauste, quatre tuiles<br />

et deux fragments de verre à vitre.<br />

Le matériel archéologique découvert<br />

par l’instituteur F. Hénaux 7 ,<br />

comprenait aussi divers menus<br />

objets parmi lesquels une coupelle<br />

en bronze, les débris d’un vase en<br />

plomb, quelques bijoux — un fragment<br />

d’épingle en os, un fragment<br />

de fibule et un bracelet en<br />

bronze — et trois céramiques sigillées<br />

8 . Ces objets ont été déposés<br />

au Musée archéologique liégeois<br />

en 1899 et en 1900.<br />

Dans le voisinage de la villa, plusieurs<br />

tombes d’époque romaine<br />

furent mises au jour à proximité<br />

l’une de l’autre, ce qui permet<br />

d’envisager l’existence d’une petite<br />

nécropole familiale comparable<br />

à celle de Vervoz (Massart et<br />

Schütz, 2008, p. 400).<br />

Une première tombe fut découverte<br />

fortuitement en 1867, en<br />

face de l’église de Borsu, lors <strong>du</strong><br />

creusement d’une rigole par la famille<br />

Hoyoux. Du mobilier funéraire<br />

exhumé, seuls deux objets de<br />

bronze furent conservés : un bassin<br />

à deux anses anthropomorphes<br />

9 , ayant rapidement disparu,<br />

et un balsamaire aux Amours<br />

vendangeurs, acquis par les<br />

Musées royaux d’Art et d’Histoire<br />

de Bruxelles le 3 janvier 1913 10 .<br />

<strong>Les</strong> céramiques et les verreries,<br />

laissées pour compte, furent récupérées<br />

par des élèves de l’école<br />

communale qui s’en servirent<br />

comme jouets, et les détruisirent<br />

(Renard, 1906, p. 56).<br />

2. La maison Wéry-Ramet à Bois-et-<br />

Borsu. Archives photographiques de<br />

l’IAL.<br />

Tombe 1<br />

En 1898, F. Hénaux découvrait au lieu-dit Haut-Thier (section cadastrale<br />

C 361 ; parcelle appartenant aux héritiers de feu Remy-Houyoux), sous<br />

un tas de pierres, des débris de sigillées, et sous le sol, une sépulture<br />

taillée dans le schiste faisant 2 m de diamètre et profonde d’1 m environ.<br />

Elle contenait, outre <strong>du</strong> charbon de bois et des débris de céramique et<br />

de bronze, un petit trépied en bronze étamé, de l’ambre jaune, une coupelle<br />

ovale et un gobelet noir, en verre (Hénaux, s.d., p. 17).<br />

Tombe 2<br />

Cette sépulture qui fait l’objet de cette étude, a été découverte en deux<br />

temps. En mars 1902, le creusement des fondations de la maison Wéry-<br />

Ramet (2), à l’angle de la route et <strong>du</strong> chemin des Avins 11 (presque en<br />

face de l’église Saint-Martin), con<strong>du</strong>isit à la mise au jour d’un candélabre<br />

en bronze, des débris d’un trépied en bronze 12 , d’une lampe en fer<br />

ainsi que d’un moyen bronze de Trajan 13 . Ces objets, remis le 13 avril de<br />

la même année par la famille Wéry-Ramet à M. de Puydt — membre<br />

effectif de l’Institut archéologique liégeois chargé de la commission des<br />

fouilles — et présentés au bureau de l’IAL <strong>du</strong> 27 juin, furent aussitôt<br />

publiés par L. Renard dans le bulletin de l’Institut 14 (Renard, 1902,<br />

p. 335-348).<br />

février 2014<br />

6<br />

février 2014<br />

7

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