L'acte de ce qui est
Un problème dialectique est posé à propos de l’emploi du verbe «être» pris comme signe d’un acte de ce qui est. Pour le résoudre, il s’impose d’entreprendre une «recherche qui tend à acquérir la vérité et la connaissance» à propos de cet emploi, et ce, • «en lui-même», i.e. quant à son usage logique comme prédicat ou comme copule, • et «comme un adjuvant à la solution d'un autre problème de ce genre», i.e. quant à son usage pour convenir ou disconvenir de la possibilité d’une métaphysique ayant pour thème l’être en tant qu’être. Les tenants et aboutissants de cette recherche sont présentés en ces pages.
Un problème dialectique est posé à propos de l’emploi du verbe «être» pris comme signe d’un acte de ce qui est.
Pour le résoudre, il s’impose d’entreprendre une «recherche qui tend à acquérir la vérité et la connaissance» à propos de cet emploi, et ce,
• «en lui-même», i.e. quant à son usage logique comme prédicat ou comme copule,
• et «comme un adjuvant à la solution d'un autre problème de ce genre», i.e. quant à
son usage pour convenir ou disconvenir de la possibilité d’une métaphysique ayant pour thème l’être en tant qu’être.
Les tenants et aboutissants de cette recherche sont présentés en ces pages.
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
pure, la théorie des deux noms dit qu'une proposition affirmative est vraie parce que les termesujet
et terme-prédicat nomment une seule et même chose : "Socrate est un philosophe" est vrai
parce que l'un des individus nommés par le nom commun "philosophe" est également nommé par
le nom propre "Socrates".» 32
Geach a raison de dire que l’introduction d’une copule «était une nouvelle déviation par
rapport à Aristote, qui estimait qu’une proposition pouvait simplement consister en deux
termes.» Cette déviation aurait été introduite par Pierre Abelard dans Dialectica 33.
Cependant, la thèse que formule Geach à propos d’une «copule d’identité» introduit
une perplexité que dissipe Thomas d’Aquin. En effet, Geach écrit : «Si une proposition
est composée de deux noms, elle doit également contenir un élément de liaison pour
les maintenir ensemble.» Quel est cet «élément de liaison» pour Thomas d’Aquin ? Il
répond :
«Expositio Peryermeneias, lib. 1 l. 5 n. 22 Ideo autem dicit quod hoc verbum est consignificat
compositionem, quia non eam principaliter significat, sed ex consequenti ; significat enim primo
illud quod cadit in intellectu per modum actualitatis absolute: nam est, simpliciter dictum, significat
in actu esse; et ideo significat per modum verbi. Quia vero actualitas, quam principaliter significat
hoc verbum est, est communiter actualitas omnis formae, vel actus substantialis vel accidentalis,
inde est quod cum volumus significare quamcumque formam vel actum actualiter inesse alicui
subiecto, significamus illud per hoc verbum est, vel simpliciter vel secundum quid: simpliciter
quidem secundum praesens tempus; secundum quid autem secundum alia tempora. Et ideo ex
consequenti hoc verbum est significat compositionem.» 34
«#73. — Le Philosophe [Aristote] précise que le verbe ‘est’ “consignifie une composition”. C’est
qu’il ne la signifie pas principalement (principaliter), mais secondairement (ex consequenti) ; ce
qu’il signifie en premier, c’est ce qui tombe dans l’intelligence sous mode d’actualité, pris
absolument : ‘est’, dit tout seul, signifie ‘être en acte’; aussi signifie-t-il sous mode de verbe. Par ailleurs,
l’actualité, que signifie principalement (principaliter) le verbe ‘est’, se trouve communément
celle de toute forme ou de tout acte substantiel ou accidentel ; aussi, pour signifier qu’une forme ou
un acte, n’importe lesquels, inhère (inesse) actuellement à un sujet, on le fait avec ce verbe ‘est’,
absolument ou sous un certain rapport : absolument en regard du temps présent, sous un certain
32 University of California Press 1980 p. 53 : «If a proposition consists of two names, it must also contain
a linking element to hold them together; remember Plato's point that a mere string of names does not
make up an intelligible bit of discourse. Two-name logicians in fact assign such a linking role to the
grammatical copula, in English the verb "is" or "are". This was a further departure from Aristotle, who
held that a proposition may consist simply of two terms. (The verb "applies to" in the schema "A applies
to B" was meant only to give a sentence a lecturer can pronounce, not to supply a link between "A" and
"B" .) And so there arose many perplexities as to the import of the copula. For the two-name theory, the
copula has to be a copula of identity. For, in its pure form, the two-name theory says that an affirmative
proposition is true because the subject and predicate terms name one and the same thing: "Socrates is
a philosopher" is true because one of the individuals named by the common name "philosopher" is also
named by the proper name « Socrates".»
33
34
Dialectica : http://individual.utoronto.ca/pking/resources/abelard/Dialectica.txt
Expositio Peryermeneias, lib. 1 l. 5 n. 22 : http://www.corpusthomisticum.org/cpe.html#80341
17