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L'acte de ce qui est

Un problème dialectique est posé à propos de l’emploi du verbe «être» pris comme signe d’un acte de ce qui est. Pour le résoudre, il s’impose d’entreprendre une «recherche qui tend à acquérir la vérité et la connaissance» à propos de cet emploi, et ce, • «en lui-même», i.e. quant à son usage logique comme prédicat ou comme copule, • et «comme un adjuvant à la solution d'un autre problème de ce genre», i.e. quant à son usage pour convenir ou disconvenir de la possibilité d’une métaphysique ayant pour thème l’être en tant qu’être. Les tenants et aboutissants de cette recherche sont présentés en ces pages.

Un problème dialectique est posé à propos de l’emploi du verbe «être» pris comme signe d’un acte de ce qui est.
Pour le résoudre, il s’impose d’entreprendre une «recherche qui tend à acquérir la vérité et la connaissance» à propos de cet emploi, et ce,
• «en lui-même», i.e. quant à son usage logique comme prédicat ou comme copule,
• et «comme un adjuvant à la solution d'un autre problème de ce genre», i.e. quant à
son usage pour convenir ou disconvenir de la possibilité d’une métaphysique ayant pour thème l’être en tant qu’être.
Les tenants et aboutissants de cette recherche sont présentés en ces pages.

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C’est ainsi que l’étant, en tant que ¨ce par quoi il existe¨, est quasi constitué par les

principes de l’essence, et, en tant que ¨ce qui est¨, l’être d’une réalité est à quelque

degré distinct de son essence. Par exemple, réchauffer est l’acte de la chaleur, selon

¨ce par quoi il existe¨, et réchauffer est l’acte de celui qui réchauffe, selon ¨ce qui est¨.

Rendu à ce point de la recherche, il s’impose de constater qu’une question demeure

toujours en attente d’une réponse, la question suivante : est-ce que «τὸ ὂν ὑπάρχει…»

se dit d’un sujet et est dans un sujet, ou est-ce que «τὸ ὂν ὑπάρχει…» se dit d’un

sujet, et n’est pas dans un sujet ? Pour y répondre, il convient de prendre connaissance

de ce texte que Thomas d’Aquin écrit à la Somme contre les gentils :

«Si enim esse est subsistens, nihil praeter ipsum esse ei adiungitur. Quia etiam in his quorum esse

non est subsistens, quod inest existenti praeter esse eius, est quidem existenti unitum, non autem

est unum cum esse eius, nisi per accidens, inquantum est unum subiectum habens esse et id quod

est praeter esse: sicut patet quod Socrati, praeter suum esse substantiale, inest album, quod

quidem diversum est ab eius esse substantiali; non enim idem est esse Socratem et esse album,

nisi per accidens. Si igitur non sit esse in aliquo subiecto, non remanebit aliquis modus quo possit

ei uniri illud quod est praeter esse. Esse autem, inquantum est esse, non potest esse diversum:

potest autem diversificari per aliquid quod est praeter esse; sicut esse lapidis est aliud ab esse

hominis. Illud ergo quod est esse subsistens, non potest esse nisi unum tantum. Ostensum est

autem quod Deus est suum esse subsistens. Nihil igitur aliud praeter ipsum potest esse suum

esse. Oportet igitur in omni substantia quae est praeter ipsum, esse aliud ipsam substantiam et

esse eius.» 131

«En effet, si l'acte d'être est subsistant, rien en dehors de lui ne peut s'y adjoindre. Car, même en

ceux dont l'acte d'être n'est pas subsistant, ce qui appartient à l'existant en plus de son acte d'être

lui est assurément uni, mais n'est pas un avec son acte d'être, sinon par accident, en tant que le

sujet est un qui a l'acte d'être et ce qui est en plus de celui-ci. Ainsi voit-on qu'en Socrate, en plus

de son acte d'être substantiel, il y a le blanc, qui est certes divers de cet acte d'être substantiel, car

ce n'est pas la même chose d'être Socrate et d'être blanc, autrement que par accident, si donc

l'acte d'être n'est pas dans quelque sujet, il ne restera plus d'autre manière dont puisse lui être uni

ce qui est en plus de l'acte d'être. Or l'acte d'être, en tant qu'acte d'être, ne peut être divers, mais il

peut être diversifié par quelque chose qui est en dehors de lui. Ainsi l'acte d'être de la pierre est

autre que celui de l'homme. Par conséquent, cela qui est l'acte d'être subsistant ne peut être qu'un

seulement. Or, nous avons montré que Dieu est son acte d'être subsistant. Rien d'autre que lui ne

peut donc être son acte d'être. Et par suite, il faut qu'en toute substance qui n'est pas lui, la

substance elle-même soit autre chose que son acte d’être.» 132

L’ipsum esse en tant que tel, pris comme acte d’être lui-même, ne peut être divers. En

lui, tout ce qui est se ressemble. L’ipsum esse est nécessairement un, mais il peut être

131

132

Contra Gentiles, lib. 2 cap. 52 n. 2 : http://www.corpusthomisticum.org/scg2046.html#24908

Somme contre les gentils, traduction des Éditions du Cerf : http://docteurangelique.free.fr/

bibliotheque/sommes/contragentiles.htm

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