L'acte de ce qui est
Un problème dialectique est posé à propos de l’emploi du verbe «être» pris comme signe d’un acte de ce qui est. Pour le résoudre, il s’impose d’entreprendre une «recherche qui tend à acquérir la vérité et la connaissance» à propos de cet emploi, et ce, • «en lui-même», i.e. quant à son usage logique comme prédicat ou comme copule, • et «comme un adjuvant à la solution d'un autre problème de ce genre», i.e. quant à son usage pour convenir ou disconvenir de la possibilité d’une métaphysique ayant pour thème l’être en tant qu’être. Les tenants et aboutissants de cette recherche sont présentés en ces pages.
Un problème dialectique est posé à propos de l’emploi du verbe «être» pris comme signe d’un acte de ce qui est.
Pour le résoudre, il s’impose d’entreprendre une «recherche qui tend à acquérir la vérité et la connaissance» à propos de cet emploi, et ce,
• «en lui-même», i.e. quant à son usage logique comme prédicat ou comme copule,
• et «comme un adjuvant à la solution d'un autre problème de ce genre», i.e. quant à
son usage pour convenir ou disconvenir de la possibilité d’une métaphysique ayant pour thème l’être en tant qu’être.
Les tenants et aboutissants de cette recherche sont présentés en ces pages.
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3. «[3a 6] Le caractère commun à toute substance, c’est de n’être pas dans un sujet. La substance
première, elle, n’est pas, en effet, dans un sujet et elle n’est pas non plus attribut d’un sujet.
Κοινὸν δὲ κατὰ πάσης οὐσίας τὸ μὴ ἐν ὑποκειμένῳ εἶναι. Ἡ μὲν γὰρ πρώτη οὐσία οὔτε καθ´
ὑποκειμένου λέγεται οὔτε ἐν ὑποκειμένῳ ἐστίν.»
il s’impose de remarquer le «οὔτε καθ´ ὑποκειμένου λέγεται οὔτε ἐν
ὑποκειμένῳ ἐστίν» de la substance première, qui la caractérise comme un
non-prédicat, alors que la substance seconde est un prédicat qui se dit d’un
sujet, le suppôt qualifiée en substance première, mais n’y est pas comme dans
un sujet ;
4. «[3a 33] Le caractère des substances secondes aussi bien que des différences, c’est d’être
dans tous les cas attribuées dans , un sens synonyme, car toutes leurs prédications ont pour sujets
soit des individus, soit des espèces. Il est vrai que la substance première ne peut nullement être
prédicat, puisqu’elle n’est elle-même affirmée d’aucun sujet. Ὑπάρχει δὲ ταῖς οὐσίαις καὶ ταῖς
διαφοραῖς τὸ πάντα συνωνύμως ἀπ´ αὐτῶν λέγεσθαι· πᾶσαι γὰρ αἱ ἀπὸ τούτων κατηγορίαι
ἤτοι κατὰ τῶν ἀτόμων κατηγοροῦνται ἢ κατὰ τῶν εἰδῶν. Ἀπὸ μὲν γὰρ τῆς πρώτης οὐσίας
οὐδεμία ἐστὶ κατηγορία, —κατ´ οὐδενὸς γὰρ ὑποκειμένου λέγεται·»
il s’impose de relever que la substance première ne peut jamais être dans un
verbe-prédicat, puisqu’elle n’est jamais affirmée d’un sujet ;
il s’impose aussi de remarquer le «συνωνύμως» que le traducteur rend par
«synonyme» ; or, Aristote définit le «συνώνυμα» comme suit :
«Συνώνυμα δὲ λέγεται ὧν τό τε ὄνομα κοινὸν καὶ ὁ κατὰ τοὔνομα λόγος τῆς οὐσίας ὁ
αὐτός, οἷον ζῷον ὅ τε ἄνθρωπος καὶ ὁ βοῦς·» 104
«D’autre part, on appelle « synonyme » ce qui a à la fois communauté de nom et identité de
notion. Par exemple, l’animal est à la fois l’homme et le bœuf.»
105
;
quoiqu’il en soit, le «συνωνύμως» ne concerne précisément pas le «τὸ ὂν»,
qui n’est pas un genre (οὐ γένος τὸ ὄν) comme on le lira bientôt, et dont
Aristote dit :
«Οὕτω δὲ καὶ τὸ ὂν λέγεται πολλαχῶς μὲν ἀλλ' ἅπαν πρὸς μίαν ἀρχήν· τὰ μὲν γὰρ ὅτι
οὐσίαι, ὄντα λέγεται, τὰ δ' ὅτι πάθη οὐσίας, τὰ δ' ὅτι ὁδὸς εἰς οὐσίαν ἢ φθοραὶ ἢ
στερήσεις ἢ ποιότητες ἢ ποιητικὰ ἢ γεννητικὰ οὐσίας ἢ τῶν πρὸς τὴν οὐσίαν λεγομένων,
ἢ τούτων τινὸς ἀποφάσεις ἢ οὐσίας· διὸ καὶ τὸ μὴ ὂν εἶναι μὴ ὄν φαμεν.» 106
«C’est absolument de cette façon que le mot d’Être peut recevoir des acceptions multiples, qui
toutes cependant se rapportent à un seul et unique principe. Ainsi, Être se dit tantôt de ce qui
est une substance réelle, tantôt de ce qui n’est qu’un attribut de la substance, tantôt de ce qui
tend à devenir une réalité substantielle, tantôt des destructions, des négations, des propriétés
de la substance, tantôt de ce qui la fait ou la produit, tantôt de ce qui est en rapport purement
verbal avec elle, ou enfin de ce qui constitue des négations de toutes ces nuances de l’Être, ou
104
105
Catégories 1a 5 : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/categories.htm#V
Catégories, traduction de Pascale-Dominique Nau : http://docteurangelique.free.fr/bibliotheque/
complements/AristoteCategories.htm
106
Métaphysique 1003b 5 : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/metaphyque4gr.htm#22
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