22.12.2012 Views

tosca - Angers Nantes Opéra

tosca - Angers Nantes Opéra

tosca - Angers Nantes Opéra

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Cette histoire veut nous faire comprendre que sur scène, nous aussi<br />

voyons de véritables acteurs, et que la vie réelle pénètre jusque sur le<br />

théâtre, indépendamment de la fiction qu’on nous représente.<br />

... cela tout en nous représentant des fictions réalistes qui sont censées<br />

représenter le pur réel.<br />

Ces nuances sont sans doute difficiles à saisir sans avoir écouté Paillasse,<br />

mais on nage en plein paradoxe sur cette question de la vérité, qui est à la<br />

fois celle des gens sur scène et celle de la scène représentée (avec une<br />

tension insoluble entre les deux).<br />

Les compositeurs n’ont pas hésité à s’en amuser, puisque le titre de<br />

cavalleria rusTicana de Pietro Mascagni (“Chevalerie rustique”) fait<br />

explicitement référence à la transposition des codes de théâtre habituel<br />

dans un milieu modeste. Et de fait, on y retrouve en une heure tous les<br />

ingrédients habituels : adultère, jalousie, dévotion, délation, duel.<br />

Le compositeur ne se cache pas, de la sorte, d’exploiter sur un sujet<br />

nouveau les structures préexistantes.<br />

On pourrait dire de même pour fedora de Giordano, avec son récital de<br />

piano au milieu de l’acte II, qui pose la question du statut de ce qui est<br />

présenté sur scène.<br />

Le mouvement se répand en Italie, et l’on parle aussi de vérisme pour les<br />

drames historiques (tout ce qui imite le réel d’une façon ou d’une autre),<br />

ou tout simplement pour la période de composition postverdienne.<br />

Ce qui pousse les commentateurs à retirer leur compositeur favori de<br />

cette catégorie quasiment infamante.<br />

• Elle suppose un côté près du réel, avec des effets vocaux<br />

racoleurs pas toujours jugés de bon goût.<br />

• Elle met toute une période dans le même sac, aussi lorsque l’on<br />

veut distinguer un compositeur, on l’en ôte.<br />

• Il est vrai que l’étiquette est parfois attribuée abusivement. Par<br />

exemple pour Ponchielli, qui écrit la Gioconda d’après Hugo dans une<br />

couleur très verdienne.<br />

du coup, la différenciation est un peu épineuse.<br />

Le vérisme peut aussi bien désigner l’ensemble de la période qui succède<br />

à Verdi qu’un mouvement musical précis qui se définit à partir de ses<br />

sujets. Ou, de façon plus retorse, par sa musique.<br />

Si on le prend au sens le plus restreint, on peut y inclure Leoncavallo,<br />

Mascagni, Catalani, éventuellement Giordano.<br />

Ponchielli n’en est pas - et Montemezzi non plus bien évidemment<br />

(il appartient déjà à la période suivante de toute façon). On en retire<br />

généralement Puccini pour le distinguer, comme au-dessus de cette<br />

catégorie un peu honteuse.<br />

En réalité, on trouve du vérisme chez Puccini : il TaBarro, BoHèMe, voire<br />

BuTTerfly en sont. Manon lescauT, bien qu’adaptée du roman du XVIIIe<br />

que l’on sait, en a le ton (une grande attention à la vraisemblance, un<br />

enchaînement vif des scènes, sans grands airs, des foules bigarrées,<br />

un goût pour le misérabilisme). Mais la farce précisément datée mais<br />

intemporelle Gianni Schicchi ou le conte cruel Turandot n’en sont pas.<br />

Venons-en à la question telle qu’elle nous était posée, autour de Tosca.<br />

Tosca, par sa volonté de suivre au plus près une journée historique (beau<br />

comme l’antique), et sous un jour très concret (la torture, la cérémonie<br />

pendant l’interrogatoire, la fausse exécution) a quelque chose de<br />

vériste.<br />

Musicalement, ce style se repère par son goût pour les grandes phrases<br />

larmoyantes, souvent doublées aux cordes. On table sur la séduction<br />

mélodique et le pouvoir lacrymal de la musique.<br />

Les effets vocaux peuvent contenir le cri, du moins ainsi que le veut<br />

la tradition - d’où le reproche qui est fait lorsque ce style contamine<br />

l’esthétique beaucoup plus « classique », altière et épurée de Verdi. Les<br />

orchestres ont entendu Wagner, et il y a quelque chose de straussien<br />

(très simplifié) dans ces grands élans.<br />

Un drame très émotionnel, proche de ce qu’on appellerait un mélodrame,<br />

au sens non musical du terme.<br />

TOSCA Dossier pédagogique / <strong>Angers</strong> <strong>Nantes</strong> <strong>Opéra</strong> 2008/09<br />

A propos

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!