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Haiti Liberte 3 Fevrier 2021

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A Travers le monde<br />

Les Brésiliens célèbrent l’arrivée<br />

depuis le Venezuela de milliers<br />

de litres d’oxygène à Manaus !<br />

Soudan : Après la chute de la dictature, la<br />

longue marche des travailleurs !<br />

La révolution au Soudan a éliminé le<br />

dictateur Omar El Bashir, mais les travailleurs<br />

se battent toujours pour les<br />

droits fondamentaux de s’organiser.<br />

Les militants du Soudan Labour Bulletin<br />

sont en première ligne pour mobiliser<br />

la solidarité dans leurs luttes<br />

pour la dignité. Cet entretien avec les<br />

animateurs du Sudan Labour Bulletin<br />

a été réalisé par Anne Alexander.<br />

Merci Venezuela ! Votre oxygène sauve des vies au Brésil<br />

Le 19 janvier, le Mouvement des Travailleurs Sans Terre, le parti des<br />

Travailleurs et d’autres devant l’ambassade du Venezuela au Brésil pour<br />

remercier la révolution bolivarienne<br />

rès l’effondrement du système<br />

Apde santé de l’état brésilien<br />

d’Amazonas, le Venezuela a envoyé<br />

130.000 litres d’oxygène et une brigade<br />

de 107 médecins pour aider à<br />

combattre la pandémie.<br />

Des camions transportant des<br />

bouteilles d’oxygène depuis le Venezuela<br />

sont arrivés dans la nuit du<br />

10 janvier à la ville de Manaus, dans<br />

l’état brésilien d’Amazonas. Le Venezuela<br />

avait annoncé le 14 janvier que<br />

vu la crise humanitaire provoquée<br />

par une forte augmentation de cas de<br />

Covid 19 en Amazonas, il allait envoyer<br />

130.000 litres d’oxygène pour<br />

soutenir le système de santé en difficulté.<br />

L’arrivée des bouteilles d’oxygène<br />

au Brésil était célébrée par les<br />

autorités et par les habitants d’Amazonas,<br />

ainsi que par le peuple à travers<br />

tout le Brésil.<br />

Marcellus Campêlo, Secrétaire<br />

de Santé pour l’état d’Amazonas, a<br />

dit à Telesur que « l’arrivée de cet oxygène<br />

à Manaus depuis le Venezuela<br />

est très importante pour stabiliser<br />

l’approvisionnement en oxygène dans<br />

le système public d’Amazonas. Nous<br />

traversons des moments très difficiles<br />

en ce qui concerne notre approvisionnement,<br />

donc toute aide et toute<br />

donation que nous recevons sont les<br />

bienvenues, surtout cette grande cargaison<br />

qui vient du Venezuela ».<br />

Il a ajouté que le peuple d’Amazonas<br />

« remercie le peuple vénézuélien<br />

pour leur soutien à la ville de Manaus<br />

et à l’état d’Amazonas. Nous transmettons<br />

nos remerciements chaleureux<br />

pour le soutien qu’il nous offre<br />

ici ».<br />

En plus des bouteilles d’oxygène,<br />

le gouvernement bolivarien<br />

a aussi formé une brigade de 107<br />

médecins brésiliens et vénézuéliens,<br />

diplômés de l’Ecole latino-américaine<br />

Salvador Allende de Caracas, pour<br />

aider à combattre la pandémie. Le<br />

ministre des Affaires étrangères, Jorge<br />

Arreaza a dit que la brigade nouvellement<br />

formée s’appellera la brigade<br />

Simon Bolivar.<br />

« Nous apportons la paix, nous<br />

apportons de la joie, mettant en œuvre<br />

notre diplomatie de paix ici avec<br />

nos frères et nos sœurs du peuple<br />

brésilien qui ont besoin de nous » a dit<br />

Patricia Silva, Consul de la République<br />

Bolivarienne du Venezuela, à Telesur.<br />

Elle a ajouté « en tant que gouvernement<br />

bolivarien, nous défendons<br />

notre principe de coopération et de solidarité.<br />

La solidarité entre les peuples<br />

nous sauvera, surtout en plein milieu<br />

de cette pandémie terrible. C’est pour<br />

cela que nous sommes venus, pour<br />

tendre la main à ces gens qui nous ont<br />

offert tellement d’amour ».<br />

Plus tôt dans la journée, plusieurs<br />

mouvements sociaux et des partis<br />

de gauche y compris le Mouvement<br />

des Travailleurs Sans Terre, le parti<br />

des Travailleurs de Brésil et d’autres,<br />

se sont rassemblé le 19 janvier dernier<br />

devant l’ambassade vénézuélienne à<br />

Brasilia, capital du Brésil, pour remercier<br />

la nation pour son magnifique<br />

geste de solidarité.<br />

Source originale: People Dispatch<br />

20 Janvier <strong>2021</strong><br />

Traduit de l’anglais par A.K pour<br />

Investig’Action 29 Janvier <strong>2021</strong><br />

Anne Alexander : Comment le<br />

mouvement ouvrier au Soudan a-t-il<br />

commencé?<br />

Sudan Labour Bulletin (SLB) :<br />

Le mouvement ouvrier a vu le jour au<br />

Soudan comme une conséquence naturelle<br />

des projets coloniaux dans la<br />

région. La première grève au Soudan<br />

a été organisée par les travailleurs du<br />

secteur forestier en 1908. Elle a été<br />

suivie d’autres grèves de moindre importance.<br />

Finalement, la «conscience de<br />

soi» de la classe ouvrière, numériquement<br />

réduite, a trouvé son expression<br />

dans les clubs ouvriers omniprésents<br />

qui ont émergé au milieu des années<br />

1930.<br />

La plus grande grève jamais enregistrée<br />

à cette époque a été organisée<br />

en mars 1948 par la toute jeune Railway<br />

Workers’ Affairs Association. Elle<br />

est inscrite dans les annales du mouvement<br />

ouvrier sous le nom de «La grève<br />

des 33 jours», indiquant ainsi sa durée<br />

héroïque.<br />

La grève était la réponse des<br />

cheminots au refus initial des autorités<br />

coloniales britanniques de reconnaître<br />

leur association, sans doute le premier<br />

syndicat du Soudan [l’indépendance<br />

intervient en 1956; sans que les provinces<br />

du sud soient incluses dans l’Etat<br />

fédéral, ce qui déboucha sur un conflit<br />

militaire fort long].<br />

Cette durée de grève record n’a<br />

été dépassée que récemment par la<br />

grève des travailleurs de l’usine sucrière<br />

Kenana [à Khartoum] en 2020.<br />

La première loi sur les syndicats<br />

a été adoptée plus tard, en 1948. La<br />

Fédération générale des syndicats a été<br />

créée en 1950. Les syndicats qui ont<br />

joué un rôle important dans l’histoire<br />

du Soudan sont le Syndicat des cheminots,<br />

celui des travailleurs portuaires,<br />

des travailleurs du textile, ainsi que les<br />

syndicats des médecins et des enseignants.<br />

Anne Alexander : Les travailleurs<br />

sont-ils majoritaires dans la société<br />

soudanaise?<br />

SLB : Cette question fait l’objet<br />

d’un débat considérable et, par la suite,<br />

d’une scission au sein du mouvement<br />

communiste soudanais. En effet, on<br />

peut affirmer que le travail salarié en<br />

tant que tel ne constitue pas une majorité<br />

de la main-d’œuvre. La majorité<br />

des populations soudanaises continuent<br />

de vivre de la terre, en tant que<br />

paysans ou pasteurs [la population en<br />

2018 s’élevait à quelque 41 millions<br />

d’habitants].<br />

Toutefois, la pénétration de la<br />

commercialisation et du travail salarié<br />

se poursuit sans relâche. Selon des modalités<br />

et des formes qui ne créent pas<br />

une main-d’œuvre «industrielle» majoritaire,<br />

mais qui donnent naissance<br />

néanmoins à une masse croissante de<br />

personnes qui gagnent leur vie en vendant<br />

leur force de travail.<br />

L’expression «travail informel»<br />

et ses ramifications sont mal adaptées<br />

pour décrire cette vaste catégorie de<br />

personnes, sans doute hétérogène, en<br />

termes d’intégration dans un «marché<br />

du travail» fragmenté. Leur expérience<br />

du travail salarié est souvent saisonnière.<br />

En général, elle se fait selon des<br />

modalités coercitives et marquées par<br />

des privations.<br />

Toutefois, l’emploi, même s’il<br />

est temporaire, est un bienfait dans<br />

de telles conditions. En effet, les êtres<br />

humains sont superflus pour le capitalisme.<br />

La vie de ceux qui meurent dans<br />

les conflits militaires qui se déroulent<br />

dans les périphéries ne trouve pas une<br />

résonnance centrale dans le discours<br />

public qui est bien sûr contrôlé par la<br />

classe dirigeante.<br />

Un élément important et central<br />

du système de travail salarié est<br />

le régime de travail agricole saisonnier<br />

et son articulation avec les guerres<br />

périphériques du Soudan. C’est un aspect<br />

peu exploré de l’évolution du travail<br />

salarié au Soudan et un point aveugle<br />

majeur dans la théorisation et le<br />

débat sur la classe ouvrière soudanaise.<br />

Anne Alexander : Quels étaient<br />

les principaux défis auxquels étaient<br />

confrontés les militants syndicaux pendant<br />

la dictature d’Omar al-Bachir [de<br />

1989-1993 à 2019]?<br />

SLB : Après le coup d’État de<br />

1989 qui a porté Al-Bachir au pouvoir,<br />

un comité a été créé pour licencier de<br />

leur travail les opposants politiques au<br />

régime. Le comité a publié ce qu’il a<br />

appelé «la loi sur le bien public» pour<br />

justifier ses actions.<br />

Les premiers organismes de travailleurs<br />

qui ont souffert de cette loi ont<br />

été le syndicat des chemins de fer, le<br />

syndicat des transports routiers et celui<br />

des transports fluviaux. Dans un épisode<br />

d’extrême brutalité, le nouveau<br />

régime a assassiné le docteur Ali Fadul<br />

[le 21 avril 1990], qui était à la tête<br />

d’une grève des médecins. D’autres<br />

militants syndicaux et politiques ont<br />

été arbitrairement arrêtés et licenciés<br />

dans le cadre de ce qui était une purge<br />

faite par la bureaucratie de l’État des<br />

opposants politiques ou des opposants<br />

probables. Les syndicalistes licenciés<br />

ont été remplacés par des partisans du<br />

régime.<br />

Le régime a rapidement lancé<br />

ses propres syndicats d’entreprise et sa<br />

fédération syndicale tout en adoptant<br />

une nouvelle loi qui criminalisait les<br />

grèves. Dans ces conditions répressives,<br />

les grèves ont fait un retour surprenant.<br />

Les syndicats d’entreprise du régime<br />

ont subi de fortes pressions suite<br />

aux grèves sauvages des employé·e·s<br />

Des travailleurs soudanais en grève<br />

des échelons inférieurs de l’État: les enseignants,<br />

les infirmières et les travailleurs<br />

des installations publiques d’eau<br />

et d’électricité. Ainsi, la loi est devenue<br />

une lettre morte et une autre relique du<br />

musée de l’oppression. Le mouvement<br />

ouvrier, pourtant fragmenté et dépourvu<br />

d’une structure syndicale, a mis à<br />

mal le modèle des syndicats d’entreprise.<br />

Au-delà des mesures répressives,<br />

le plus grand défi auquel le mouvement<br />

syndical était confronté résidait<br />

dans les changements sectoriels et<br />

démographiques au sein de la classe<br />

laborieuse. Cette évolution est principalement<br />

la conséquence de la vente<br />

des entreprises d’État à des privés et<br />

du fort démantèlement du secteur public,<br />

étant donné que l’État était et reste<br />

l’employeur dominant sur le marché du<br />

travail dit formel.<br />

Dès lors, a été perdue la force<br />

principale de certains secteurs – à<br />

savoir la concentration géographique<br />

de contingents stratégiques des travailleurs<br />

– comme celui des syndicats<br />

des cheminots. La fragmentation de la<br />

main-d’œuvre dans les petites unités<br />

de fabrication et de services est sans<br />

doute un défi majeur pour l’organisation<br />

des travailleurs.<br />

Les grèves des travailleurs de la<br />

santé et des enseignants, ainsi que les<br />

autres grèves mentionnées ci-dessus,<br />

ont donné aux professionnels confiance<br />

dans leur capacité à s’organiser. Elles<br />

ont également ouvert de nouveaux espaces<br />

pour s’opposer au régime totalitaire.<br />

À plus grande échelle, ces luttes<br />

ont rappelé à tous les secteurs de la<br />

population que les thèmes et les revendications<br />

soulevées par les différentes<br />

organisations sont liés. Et, dès lors, ces<br />

exigences ne pouvaient être satisfaites<br />

que par le renversement du régime.<br />

Anne Alexander : Quel rôle les<br />

travailleurs organisés ont-ils joué dans<br />

la révolution contre Al-Bachir?<br />

SLB : Les travailleurs ont participé<br />

à la révolution contre Al-Bachir<br />

en tant que citoyens ordinaires et<br />

parfois en tant que membres de petits<br />

suite à la page(19)<br />

Vol 14 # 31 • Du 3 au 9 Février <strong>2021</strong><br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

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