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Heure Schweiz Nr. 106

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■<br />

Unter der Lupe: PORSCHE DESIGN<br />

SOMMER 2010 / 7 EURO / 12 FS / CAN$ 9,50<br />

JOURNAL<br />

SUISSE<br />

D’HORLOGERIE<br />

SONDERSEITEN


N° <strong>106</strong><br />

JUILLET - AOÛT 2010<br />

Rédaction, administration<br />

et service des abonnements:<br />

Promoédition SA<br />

35, rue des Bains<br />

Case postale 5615<br />

1211 Genève 11<br />

Tél. +41 (0)22 809 94 60<br />

Fax +41 (0)22 781 14 14<br />

E-mail: redaction@heure-suisse.com<br />

www.heure-suisse.com<br />

Editeur délégué et<br />

directeur de la publication:<br />

Roland Ray<br />

Rédacteur en chef:<br />

Thierry Brandt<br />

t.brandt@heure-suisse.com<br />

Cahier joaillerie:<br />

Odile Habel<br />

Ont collaboré à ce numéro:<br />

Marco Barbera, Danièle Chambas,<br />

Cristina d’Agostino, Jean-Louis Felfli,<br />

Grégoire Gonthier, Joël A. Grandjean,<br />

Secrétaire de rédaction:<br />

Viviane Cattin<br />

Création et réalisation:<br />

Atelier Promoédition<br />

Production:<br />

Maryse Avidor<br />

Publicité:<br />

Médiapresse Pub SA<br />

Charly Rechik<br />

3, rue de la Vigie<br />

Case postale 1119<br />

1001 Lausanne<br />

Tél. +41 (0)21 321 30 71<br />

Fax +41 (0)21 321 30 69<br />

E-mail: heure@mediapresse.ch<br />

Photolitho<br />

Promoédition<br />

Impression:<br />

SRO-Kundig / Genève-Châtelaine<br />

Diffusion:<br />

Suisse: Naville, Relay, Kiosk AG<br />

France: Relay, Relais H. Maisons de la Presse<br />

Allemagne: Relay, Special Interest, IVP<br />

Benelux: Press Shops<br />

Canada: Relay<br />

Assistant de diffusion: Fernand Widmer<br />

f.widmer@promoedition.ch<br />

Tirage 2010:<br />

Edition suisse: 22 800 ex.<br />

Edition allemande: 16 100 ex.<br />

Tirage augmenté pour les éditions Spécial SIHH<br />

et Spécial Baselworld<br />

ISSN 1661-1810<br />

SUISSE<br />

Prix au numéro:<br />

12 CHF / 7 EUR / 9.50 CAD<br />

Abonnement:<br />

6 numéros 60 CHF / 50 EUR / 75 CAD<br />

12 numéros 110 CHF / 90 EUR / 140 CAD<br />

<strong>Heure</strong> Suisse fait partie du réseau<br />

«<strong>Heure</strong> International»<br />

© 2010, Promoédition SA<br />

La reproduction, même partielle, des articles, photos et<br />

illustrations parus dans «<strong>Heure</strong> Suisse» est interdite sous<br />

toutes ses formes éditoriales ou électroniques.<br />

MADOFF, KERVIEL ET LES<br />

HORLOGERS Il me revient à l’esprit<br />

une récente discussion – de bistrot certes,<br />

mais entre gens de bonne compagnie,<br />

experts patentés et intellectuels de bon<br />

niveau – à propos des turpitudes de<br />

Bernard Madoff, de Jérôme Kerviel et, plus<br />

généralement, sur le rôle des grandes<br />

banques et des agences de notation dans la<br />

crise financière actuelle. Le propos était de<br />

savoir comment on en était arrivé là, comment<br />

des gens aussi sérieux, clients et banquiers<br />

du monde entier appliquant des<br />

modèles scientifiques imparables, avaient<br />

pu laisser se développer sans broncher pendant<br />

vingt ans le système Madoff, comment<br />

un Kerviel avait pu prendre des<br />

risques aussi importants au sein de sa<br />

banque sans que les garde-fous ne jouent<br />

leur rôle. Bref, même après avoir retourné le<br />

problème pendant des heures, réévalué,<br />

soupesé encore et toujours toutes les hypothèses et probabilités, personne n’était parvenu<br />

à une conclusion satisfaisante quand, soudain, l’un des intervenants asséna la vérité<br />

suprême, indiscutable, insupportable en raison de son aveuglante évidence: «Tout cela et<br />

tout le reste n’a qu’une seule explication: la cupidité humaine», balança-t-il. D’un coup d’un<br />

seul, le silence se fit avant que l’assemblée ne s’engage dans une tout autre discussion. La<br />

cupidité! Une réponse tellement simple qu’elle insultait l’intelligence du noble aréopage. Et<br />

pourtant. Par la suite, je n’ai pu m’empêcher de me demander si ce péché capital n’était pas<br />

également à l’origine des errances de certains horlogers ces derniers mois et si l’obsession<br />

de la maximisation des profits ne conduisait pas à des erreurs stratégiques dangereuses…<br />

La réponse est dans la question. Cela dit, dans le domaine horloger comme dans d’autres,<br />

il existe des acteurs qui pensent différemment, qui réfléchissent en termes de responsabilité<br />

sociale, environnementale et de développement durable. C’est eux que nous avons<br />

choisi de mettre en valeur et de défendre, non seulement dans cette édition mais dans toutes<br />

celles qui suivront. Christopher Cordey, le consultant que nous avons interviewé, a raison:<br />

dans le secteur du luxe, qu’il soit horloger, bijoutier ou joaillier, les marges sont telles<br />

que beaucoup d’entreprises peuvent se permettre un petit effort, en pensant peut-être un<br />

peu moins à leurs actionnaires et un peu plus à tous les partenaires concernés par le processus<br />

de production.<br />

Thierry Brandt, rédacteur en chef<br />

© Karine Bauzin<br />

ÉDITOHEURE<br />

3


p.3_ÉDITOHEURE<br />

Madoff, Kerviel et les horlogers.<br />

p.9_ACTUHORLOGÈRE<br />

Saint Nicolas Hayek a rejoint le paradis des horlogers, p. 9<br />

Tout beau, tout neuf, le Musée Omega à Bienne, p. 10<br />

En bref. Cannes: le trop-plein; Antoine Preziuso à Dubai, p. 10<br />

Swatch & Art 2010: une grande party londonienne, p. 11<br />

Edox: un chrono dédié au Championnat du monde de rallye WRC, p. 12<br />

Echos du 2 e Forum de la haute horlogerie, à Genève, p. 14<br />

Cabestan et Ferrari: une histoire de moteurs, p. 15<br />

Bell & Ross: le style vintage lui va si bien, p. 16<br />

La démarche originale de Vincent Plomb, p. 16<br />

p.19_LANCEMENTSHEURE<br />

Une sélection des plus belles montres présentées ce printemps dans les salons horlogers.<br />

p.30_COMMENTÇA MARCHE?<br />

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le tourbillon.<br />

p.32_NOUVEAUTÉSHEURE<br />

MB&F: HM3 Frog, p. 32<br />

Richard Mille: RM 027 Rafael Nadal, p. 34<br />

Armand Nicolet: L08, p. 36<br />

p.38_SOUSLALOUPE<br />

Porsche Design<br />

Pour tous les passionnés de beaux objets et de design moderne, Porsche Design fait figure de<br />

référence. En matière d’horlogerie, il en va de même, avec, en plus, un contenu technique qui<br />

ne cesse de progresser. Aujourd’hui, la marque poursuit son aventure dans l’esprit de son<br />

créateur, Ferdinand Alexander Porsche, désormais adossée à l’entreprise soleuroise Eterna. C’est<br />

à Granges, sous le même toit, avec le même team directorial et les mêmes équipes techniques<br />

qu’elles se développent toutes les deux. Cette année, le fruit du travail de fond entamé par<br />

Porsche Design a pour nom P’6780 Diver.<br />

p.42_DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

Interview du consultant Christopher Cordey, p. 42<br />

La responsabilité sociale et environnementale d’IWC. Interview de Georges Kern, p. 44<br />

Agenhor: un bâtiment entièrement pensé pour économiser l’énergie, p. 48<br />

Les ambitions de Frédéric de Narp, patron de Harry Winston, p. 50<br />

p.7_SUITESOMMAIRE<br />

SOMMAIREHEURE<br />

5


p.53_EPHJ-EPMT<br />

Bilan 2010 plutôt positif.<br />

p.54_FOCUSHEURE<br />

Quand Marvin décomplexe l’horlogerie, p. 54<br />

Atlantic, marque séculaire mais presque inconnue en Suisse, p. 55<br />

p.57_DESIGNHEURE<br />

L’Art du Temps: le tableau horloger du designer Illi prend forme.<br />

p.58_MANAGEHEURE<br />

Une pensée pour les sous-traitants.<br />

p.60_ENCHÈRESHEURE<br />

Mises record à Genève au mois de mai.<br />

p.68_JOAILLERIEHEURE<br />

Dialogue entre bijoux et minéraux au Musée Barbier-Mueller, dans le cadre de<br />

l’exposition «Bijoux de l’homme, bijoux de la terre».<br />

p.70_SHOPPINGHEURE<br />

Les incontournables de l’été.<br />

p.72_CHRONIQUEHEURE<br />

Le prix de l’Histoire.<br />

p.64_ÉCHO DES FABRIQUES<br />

Cambriolages d’œuvres d’art: un livre qui oublie le casse de la route de Malagnou.<br />

Le Musée d’art et d’histoire avale le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie.<br />

Vacheron Constantin et Barbier-Mueller: partenariat à visage humain.<br />

p.66_CHRONOMÈTRESDE MARINE<br />

L’histoire passionnante de John Arnold et Thomas Earnshaw.<br />

SOMMAIREHEURE<br />

7


SAINT NICOLAS HAYEK A REJOINT LE PARADIS DES<br />

HORLOGERS<br />

Sacré Nicolas Hayek! Il est décédé le<br />

lundi 28 juin dernier, à 82 ans, dans<br />

son bureau du Swatch Group, à<br />

Bienne, sans avoir jamais pris un jour de<br />

retraite. «La retraite, c’est bon pour les<br />

généraux battus», avait-il coutume de<br />

dire, en donnant ainsi de mauvaises idées<br />

aux Pascal Couchepin, Nicolas Sarkozy et<br />

tous ceux qui veulent nous faire travailler<br />

plus longtemps… Mais trêve de plaisanterie,<br />

si le charismatique patron horloger a<br />

bossé jusqu’à son dernier souffle, ce n’est<br />

pas pour faire injure aux salariés du<br />

monde entier, c’est uniquement parce<br />

qu’il nourrissait une passion inextinguible<br />

pour son métier, parce qu’il avait trop<br />

de projets à mener à bien pour envisager<br />

de s’arrêter un jour. Il savait qu’il mourrait<br />

au combat.<br />

On ne reviendra pas ici sur les circonstances<br />

qui ont amené Nicolas Hayek à bâtir,<br />

dès le milieu des années 80, le premier<br />

empire horloger mondial à partir des<br />

miettes d’un secteur alors laminé par la<br />

révolution du quartz. Empire qui compte<br />

aujourd’hui une vingtaine de marques,<br />

plus de 20 000 collaborateurs et qui a<br />

généré, en 2009, un chiffre d’affaires de<br />

5,4 milliards de francs. En ce sens, il fut<br />

effectivement un visionnaire, à qui tous<br />

les acteurs d’une branche désormais florissante<br />

doivent beaucoup, si ce n’est<br />

tout. Et surtout, ce patron hors norme a<br />

réussi à consolider un outil industriel<br />

intelligemment conçu, dont les velléités<br />

hégémoniques posent parfois problème, il<br />

est vrai. Mais à qui la faute, si ce n’est à<br />

ceux qui ont longtemps bénéficié, à peu<br />

de frais, sans trop de risques et sans vergogne,<br />

de ce système de production, profitant<br />

ainsi indirectement des lourds<br />

investissements consentis par le Swatch<br />

Group? Cette situation fut à l’origine de<br />

Nicolas Hayek comme il aimait à se présenter, avec ses montres préférées sur les deux avant-bras. La mort de cette figure<br />

légendaire de l’horlogerie suisse aura sans doute un impact sur l’ensemble du secteur dans les mois à venir.<br />

plusieurs coups de gueule de Nicolas<br />

Hayek, dont le verbe haut, la vivacité<br />

d’esprit et la liberté de ton contribuaient à<br />

amplifier la portée.<br />

Vrai: tant par son parcours d’industriel et<br />

ses choix stratégiques que par sa forte<br />

personnalité, Nicolas Hayek en imposait.<br />

Comme jadis la Pythie à Delphes, on<br />

venait le consulter comme l’oracle de<br />

l’horlogerie mondiale. A tel point qu’il<br />

était parfois très gênant de voir certains<br />

se prosterner devant lui pour obtenir un<br />

avis ou une faveur. Vrai encore: du haut<br />

de son trône d’empereur, il pouvait aussi<br />

se montrer cassant à l’égard des impudents<br />

qui osaient contester ses choix.<br />

Bref, Hayek senior était devenu en<br />

quelque sorte intouchable, incontestable.<br />

Sans forcément le vouloir vraisemblablement,<br />

car l’homme était fondamentalement<br />

modeste. L’automne dernier, dans<br />

les colonnes de ce même magazine, alors<br />

que nous lui demandions de quoi il était<br />

le plus fier, il avait répondu en ces termes:<br />

«Je ne tire de tout cela aucune fierté personnelle.<br />

Je suis simplement un homme<br />

heureux d’avoir pu réaliser certaines choses<br />

dans ma vie, surtout d’avoir créé des<br />

richesses et des places de travail pour<br />

beaucoup de monde. Que cela soit, au<br />

début, dans la Ruhr, en créant des usines<br />

nouvelles et des produits nouveaux, ou<br />

dans le Swatch Group ou chez Belenos.» Un<br />

vrai entrepreneur, quoi. ■ Thierry Brandt<br />

ACTUHORLOGÈRE<br />

9


ACTUHORLOGÈRE<br />

10<br />

BRÈVES<br />

Cannes: le trop-plein<br />

Pour ceux qui l’ignoraient,<br />

Cannes est un festival de cinéma.<br />

Mais voilà, la «peopolisation» à<br />

outrance du show-biz fait qu’on<br />

ne parle plus, ou presque, du<br />

7 e art depuis longtemps.<br />

Horlogers et bijoutiers participent<br />

d’ailleurs au phénomène,<br />

bombardant jour après jour les<br />

rédactions de communiqués de<br />

presse et de photos pour annoncer<br />

que tel ou telle portait les<br />

créations de tel ou telle durant<br />

la montée des marches… Intérêt<br />

de tout ce bla-bla promotionnel?<br />

Zéro. Réfléchiront-ils un jour à<br />

d’autres formes de communication?<br />

(THB)<br />

Antoine Preziuso à Dubai<br />

Le créateur horloger genevois a<br />

ouvert, le 1 er février dernier, à<br />

Dubai, sa quatrième boutique.<br />

Elle est située au cœur du très<br />

chic Wafi City Mall, un concentré<br />

de quelque 350 magasins de<br />

luxe. Après Genève, Tokyo et<br />

Kiev, c’est à dessein qu’Antoine<br />

Preziuso s’est tourné vers le<br />

Moyen-Orient, avec lequel il<br />

tisse depuis longtemps des relations<br />

privilégiées. Dans les vitrines<br />

figurent l’ensemble de ses collections<br />

de montres et les bijoux<br />

signés Laura Preziuso.<br />

L’inauguration officielle est prévue<br />

en septembre. (Réd.)<br />

L’ALPHA ET L’OMÉGA D’OMEGA<br />

Il y a plein de bonnes raisons de visiter<br />

le Musée Omega, à Bienne. D’abord, il<br />

s’agit du plus ancien musée de marque<br />

en Suisse. Ensuite, l’établissement vient<br />

d’être entièrement rénové et repensé,<br />

offrant une présentation désormais en<br />

phase avec les codes muséographiques<br />

actuels. De plus, cette remise à jour a<br />

permis à ses responsables de faire un<br />

sérieux tri dans les archives et de retrouver<br />

des pièces dont ils ne connaissaient<br />

même plus l’existence. Enfin, l’exposition<br />

permet de retracer l’histoire de l’une<br />

des marques emblématiques du savoirfaire<br />

horloger helvétique.<br />

Dans les vitrines de la première salle sont<br />

exposés quelques-uns – les plus importants<br />

– des 600 mouvements inventés par<br />

la marque. Autour, dans les pièces attenantes,<br />

figurent des objets qui sont<br />

directement liés à son histoire. On plonge<br />

dans l’univers du chronométrage sportif,<br />

avec les horloges qui ont fixé à jamais<br />

les records les plus fous dans les stades<br />

du monde entier et les plots de départ à<br />

partir desquels les nageurs de légende se<br />

sont élancés. On rêve de cinéma avec les<br />

montres utilisées lors des tournages des<br />

James Bond. On est propulsé dans l’espace,<br />

grâce à un exemplaire grandeur nature<br />

du Lunar Rover, qui a servi de véhicule<br />

Le célèbre agent 007 et ses Omega.<br />

aux astronautes américains, sans oublier<br />

une partie du tableau de commandes<br />

installé dans la salle de contrôle de la<br />

NASA, à Houston, durant les missions<br />

Gemini, Mercury et Apollo. On plonge<br />

dans la politique et le monde scientifique<br />

Le Musée Omega, à Bienne, fait la part belle à la conquête spatiale.<br />

avec les montres portées par le président<br />

John Fitzgerald Kennedy et Albert<br />

Einstein. On admire la vision des artistes<br />

qui ont travaillé avec Omega: Salvador<br />

Dali, Max Bill, Richard Paul Lohse,<br />

Valerio Adami, Gilbert Albert, entre autres.<br />

Passionnant, et pas seulement pour les<br />

amateurs d’horlogerie. ■ THB<br />

Le musée est ouvert du lundi au vendredi,<br />

de 9 h à 17 h. Visites guidées possibles.<br />

Entrée libre.<br />

Tél. +41 (0)32 343 92 11<br />

www.omegawatches.com/spirit/history/museum


SWATCH PARTY À LONDRES<br />

Pas de doute, Swatch demeure encore<br />

et toujours une marque hyperbranchée.<br />

Le 6 mai dernier, pour présenter<br />

les quatre artistes choisis cette<br />

année pour animer sa collection Swatch<br />

& Art, elle avait réservé un lieu culte de<br />

la capitale britannique: le Shunt. Des<br />

entrepôts désaffectés, nichés sous la gare<br />

de London Bridge, dont les voûtes de<br />

briques un rien mystérieuses abritent<br />

régulièrement des événements originaux.<br />

Présentation suivie, le soir même,<br />

d’une étonnante party qui a réuni<br />

quelque 800 invités venus du monde<br />

entier.<br />

Pour Arlette Elsa Emch, c’était aussi l’occasion<br />

de fêter un anniversaire d’importance:<br />

celui de la première année passée<br />

à la tête de la marque biennoise. «Pour<br />

moi, c’est comme si ces douze mois<br />

avaient représenté une minute. Tout a<br />

été si intense durant cette période»,<br />

expliquait la blonde présidente qui, par<br />

ailleurs, a parfaitement assuré son rôle<br />

de maître de cérémonie. Après avoir rappelé<br />

les liens tissés depuis vingt-sept ans<br />

par Swatch avec le monde de l’art,<br />

Arlette Elsa Emch a présenté en quelques<br />

mots les quatre personnalités dont les<br />

œuvres, très variées, vont désormais se<br />

balader sur tous les continents aux poignets<br />

des aficionados: le styliste indien<br />

Manish Arora, qui s’inspire de l’univers<br />

de Bollywood, Cassette Playa, styliste et<br />

plasticienne anglaise branchée sur le<br />

street art, le sculpteur de lumière chilien<br />

Ivan Navarro et, enfin, Enki Bilal, dessinateur,<br />

bédéiste et réalisateur français.<br />

Pourquoi ce choix? La patronne de<br />

Swatch l’explique en ces termes: «C’est à<br />

chaque fois l’histoire d’une rencontre<br />

avec un artiste et son travail, une affaire<br />

d’émotion et de partage», résume-t-elle.<br />

Avis partagé par les artistes concernés,<br />

qui parviennent tous à s’exprimer de<br />

Cassette Playa, Ivan Navarro, Manish Arora et Enki Bilal: quatre artistes pour une nouvelle collection très diversifiée.<br />

manière fort différente dans le tout petit<br />

espace imposé par le cadran (et parfois le<br />

bracelet) d’une montre. Un exercice de<br />

style plus difficile qu’il n’y paraît, mais<br />

qu’un homme comme Enki Bilal a particulièrement<br />

apprécié: «Je n’ai pas vraiment<br />

réfléchi avant de me mettre à ma<br />

table de travail, mais dès que j’ai empoigné<br />

mes crayons, j’ai décidé de me focaliser sur<br />

des visages. C’est ce que je pouvais le<br />

mieux mettre en valeur dans un cercle.<br />

Aujourd’hui, je suis satisfait de ce choix<br />

et ravi de penser que, partout dans le<br />

monde, des gens vont porter cette montre<br />

et interpréter mon dessin de toutes les<br />

manières possibles. C’est une seconde<br />

balancée comme ça, simplement, dans<br />

l’histoire du temps», conclut-il, poétique.<br />

■ THB<br />

11


ACTUHORLOGÈRE<br />

12<br />

EDOX: TOUT L’ESPRIT DU SPORT AUTOMOBILE<br />

Petite marque jurassienne qui vit à<br />

fond la caisse, Edox est engagée<br />

depuis longtemps dans la compétition<br />

sportive: voile, off-shore et, depuis<br />

peu, le très relevé Championnat du<br />

monde de rallye WRC, dont elle est pour<br />

trois ans le chronométreur officiel. Pour<br />

marquer de manière forte ce nouveau<br />

contrat joliment décroché, il lui fallait, au<br />

minimum, un modèle dédié. C’est chose<br />

faite depuis ce printemps.<br />

En fait, à Bâle, Edox a présenté deux<br />

modèles. Le premier, baptisé Chronorally,<br />

est la pièce maîtresse de la collection,<br />

avec son mouvement (quartz, Soprod)<br />

entièrement pensé pour ce genre de compétition.<br />

Outre les fonctions habituelles,<br />

il offre, comme son nom l’indique, un<br />

chronographe au dixième de seconde, un<br />

compte à rebours, un mode recomptage<br />

(replay). Enfin, il permet de chronométrer<br />

le temps de chaque épreuve spéciale<br />

et, mieux encore, de conserver en<br />

mémoire le total cumulé des temps en<br />

question. Tout cela est piloté au moyen<br />

des poussoirs et des couronnes qui sont, en<br />

l’occurrence, surdimensionnés, de manière<br />

à permettre une activation avec des<br />

gants. D’ailleurs, pour faciliter encore la<br />

lecture pendant la compétition, la montre<br />

affiche un diamètre imposant de 48 mm.<br />

Des dimensions très généreuses qui ne<br />

perturbent en rien l’allure générale de<br />

l’instrument, dont le look est très réussi.<br />

Une jante de voiture de course? Oui, sur le fond de la montre Edox.<br />

Engagée dans le Championnat du monde de rallye WRC, Edox a conçu une montre<br />

qui devrait plaire aux amateurs de la spécialité.<br />

Prix public de cette montre destinée aux<br />

passionnés de rallye: 2400 francs. Pour<br />

quelque 400 francs de moins, on pourra<br />

s’offrir la petite sœur du Chronorally, le<br />

chrono quartz (mouvement Ronda) WRC<br />

X-Treme Pilot Limited Edition (1000 pièces),<br />

tout de noir vêtu (traitement PVD),<br />

dont l’originalité réside, notamment,<br />

dans son mouvement pivoté de 180°.<br />

L’idée étant, là aussi, de faciliter la prise<br />

en main et l’utilisation des fonctions<br />

durant la conduite. Bref, chez Edox, on<br />

sait restituer l’esprit de la course jusque<br />

dans les moindres détails. ■ THB


ACTUHORLOGÈRE<br />

14<br />

2 E FORUM DE LA HAUTE HORLOGERIE À GENÈVE:<br />

LE LUXE EST ÉTERNEL<br />

to rethink»: tel était le thème<br />

de la deuxième édition de ce forum<br />

«Time<br />

organisé à Genève, le 29 avril<br />

dernier, sous l’égide de la Fondation de<br />

la haute horlogerie. Une journée de<br />

réflexion qui a vu se succéder au micro<br />

une série d’intervenants très divers, parfois<br />

enthousiastes, parfois critiques, mais<br />

tous de grande qualité.<br />

Une question était dans tous les esprits: le<br />

secteur horloger est-il sorti de la crise?<br />

«Oui», a répondu Rémy Bersier, de la<br />

banque Julius Baer. «Mais attention, a-t-il<br />

précisé, compte tenu des indicateurs de la<br />

production industrielle, il nous faut rester<br />

humbles et modestes. Il reste beaucoup de<br />

travail devant nous, comme le démontre<br />

la situation difficile que vivent encore<br />

certaines grandes économies comme<br />

l’Allemagne. A l’inverse, on observe que<br />

la croissance mondiale est à nouveau<br />

dominée par les pays émergents.»<br />

Concernant plus précisément le domaine<br />

du luxe, deux conférenciers ont soutenu<br />

que celui-ci était quasi éternel. Le premier<br />

intervenant, Vincent Bastien, professeur<br />

à HEC Paris, a affirmé que le luxe,<br />

«considéré comme une pénurie positivée<br />

en rareté», était consubstantiel à l’homme.<br />

Selon lui, «la notion de luxe est vitale<br />

pour l’être humain qui en a besoin pour<br />

nourrir ses rêves et son image.» Par<br />

conséquent, à l’avenir, Vincent Bastien<br />

ne voit se profiler «aucun problème<br />

majeur» pour l’horlogerie. Même tonalité<br />

dans le discours de Valéry Giscard<br />

d’Estaing, ancien président de la<br />

République française: «Le luxe constitue<br />

cette strate supérieure de l’activité économique,<br />

tant du point de vue du coût<br />

que de l’acquisition. Mais s’il est possible<br />

de produire n’importe où dans le monde<br />

des objets appartenant à la catégorie du<br />

Pour Valéry Giscard d’Estaing, la culture et la créativité<br />

sont consubstantielles du luxe.<br />

luxe, ces derniers ne sont pas des produits<br />

de luxe pour autant. La créativité et<br />

la culture sont en ce sens essentielles,<br />

raison pour laquelle l’horlogerie suisse<br />

est très bien positionnée, vu son fort<br />

ancrage culturel», a-t-il affirmé.<br />

Au fil de la journée, il a bien évidemment<br />

aussi été question de communication et<br />

de multimédia, domaines qui sont en<br />

plein bouleversement avec le développe-<br />

ment des supports mobiles. Mais les horlogers<br />

ont-ils bien mesuré l’impact de<br />

cette révolution médiatique? Pas vraiment,<br />

selon le photographe italien Oliviero<br />

Toscani, célèbre notamment pour ses<br />

pubs Benetton, qui a secoué l’assemblée<br />

avec des propos très critiques: «Vous<br />

pensez qu’en montrant George Clooney<br />

ou Angelina Jolie portant vos montres,<br />

tout le monde voudra leur ressembler.<br />

Quelle illusion! Vous savez pourtant ce<br />

que sont la qualité et l’excellence, mais<br />

en matière de communication, c’est<br />

comme si vous l’aviez oublié, tant vos<br />

campagnes manquent de créativité et<br />

d’imagination, ces deux qualités qui<br />

amènent un surplus d’intelligence», a-til<br />

martelé. On ne s’est pas ennuyé au<br />

2e Forum de la haute horlogerie! ■ THB<br />

Le photographe italien Oliviero Toscani n’a pas hésité à secouer l’assemblée avec ses propos très critiques à l’encontre<br />

des horlogers et de leur manque de créativité en matière publicitaire.


JEAN-FRANÇOIS RUCHONNET: «C’EST LA FORÊT<br />

DE SHERWOOD QUI A GAGNÉ!»<br />

Il prétend avoir le triomphe modeste,<br />

mais savoure tout de même intensément<br />

le joli tour qu’il vient de jouer<br />

aux grandes marques horlogères. Il faut<br />

dire qu’en décrochant un contrat avec<br />

Ferrari, Jean-François Ruchonnet et<br />

Cabestan dament le pion à tous ceux qui<br />

rêvaient d’associer leur nom à l’écurie<br />

mythique, dont le groupe Swatch.<br />

«Je suis content et fier, parce que cette<br />

histoire est vraiment le fruit de nos passions<br />

respectives. Et cela prouve qu’une<br />

petite marque indépendante comme<br />

Cabestan peut parfaitement tirer son<br />

épingle du jeu. Je me marre aussi un<br />

peu, c’est vrai, parce que je sais très bien<br />

que je suis une grande gueule et que je<br />

n’ai pas un caractère facile. Dans le<br />

milieu horloger, je suis le clou qui<br />

dépasse et qui attire le marteau. Mais on<br />

a tellement cassé de sucre sur mon dos<br />

et prétendu que tout ce que j’entreprenais<br />

ne marcherait pas que j’apprécie<br />

cette petite revanche. C’est Robin des<br />

Bois, c’est la forêt de Sherwood qui a<br />

gagné!» jubile Ruchonnet.<br />

La prochaine montre Ferrari haute horlogerie<br />

– donc réservée à ceux qui possèdent<br />

déjà un bolide de la marque et un<br />

portefeuille bien garni (la montre vaudra<br />

un petit demi-million de francs) –<br />

sera donc une Cabestan customisée et<br />

fabriquée à la vallée de Joux. Il faut<br />

écouter le volubile et très speed Jean-<br />

François Ruchonnet raconter comment<br />

il est entré en contact avec les responsables<br />

de Maranello, cela ne s’invente pas:<br />

«Nous nous sommes rencontrés en 2009<br />

à Monaco pendant le Grand Prix. J’avais<br />

une Cabestan au poignet, qui a beaucoup<br />

intéressé le directeur des ventes<br />

pour l’Europe de Ferrari. Nous avons<br />

discuté un moment et j’ai fini par lui<br />

Voilà ce que seuls les possesseurs<br />

d’une Ferrari pourront s’offrir: une Cabestan customisée,<br />

imaginée par le très habile Jean-François Ruchonnet.<br />

Un vrai moteur, non?<br />

dire que s’il cherchait un nouvel horloger,<br />

je me mettais aussitôt sur les rangs»,<br />

avance-t-il. Et le même de poursuivre:<br />

«Peu après, je me suis rendu une première<br />

fois en Italie, mais pas avec un<br />

ordinateur bourré de tableaux Excel et<br />

des plannings de vente. J’ai parlé de mes<br />

passions pour l’horlogerie et la course<br />

automobile… et voilà, les choses ont<br />

commencé comme ça. Même Timothy<br />

Bovard, le propriétaire de Cabestan, n’y<br />

croyait pas; il pensait que c’était trop<br />

gros. Mais franchement, même s’ils nous<br />

ont passés au scanner pour savoir si<br />

nous étions capables de réaliser ce que<br />

nous proposions, ils ont aussi marché au<br />

feeling, à l’italienne quoi», conclut celui<br />

qui dit d’ores et déjà développer d’autres<br />

projets avec le constructeur italien. ■<br />

THB<br />

ACTUHORLOGÈRE<br />

15


16<br />

ACTUHORLOGÈRE<br />

BELL & ROSS: ÉLOGE DE LA SIMPLICITÉ<br />

que les gens aiment la<br />

crois<br />

marque parce qu’elle propose «Je<br />

des montres simples, fonctionnelles,<br />

lisibles et robustes, dont le design<br />

épuré est en même temps très moderne.»<br />

Roberto Passariello, le directeur de la<br />

communication de Bell & Ross, a raison:<br />

c’est effectivement les éléments qui font<br />

la force de cette (encore) jeune marque<br />

franco-suisse. A tel point que sa collection<br />

la plus célèbre, Instrument, a été<br />

l’une des plus copiées ces dernières<br />

années. Parmi les grands crus du millésime<br />

2010 présenté à Bâle, on a dégusté<br />

avec plaisir la BR01-92 Radar, dont l’effet<br />

est garanti, la BR03-92 Military<br />

Ceramic, teintée de vert militaire, et enfin<br />

la Vintage BR Carbon, expression parfaite<br />

Croisé au détour d’une escale à<br />

Baselworld, le constructeur Vincent<br />

Plomb, à l’heure des confidences<br />

sur fond de brouhaha festivalier, lève le<br />

voile sur sa première création. Tournis<br />

de planètes… La formule en souscription<br />

n’est pas nouvelle. Elle permet, dans une<br />

aventure entrepreneuriale naissante, la<br />

prise mesurée de risque. Fin 2009,<br />

Laurent Favre a prévendu 24 exemplaires<br />

de sa Phoenix 10.1 Quantième à<br />

Grand Affichage Rotatif pour relancer<br />

A. Favre & Fils, une raison sociale<br />

d’avant l’existence de Favre-Leuba.<br />

Ainsi circule ces jours une souscription<br />

portant sur les 100 premières GMT-3<br />

VicenTerra. Dans le registre nirvana<br />

complicationnel, ce tonneau d’esthète<br />

recèle un cœur issu d’un ETA 2892<br />

(automatique), le calibre REA-GMT-3,<br />

auquel s’ajoute un disque jour-nuit posé<br />

au zénith (12 h), un indicateur d’ensoleillement<br />

– aube à 6 h, coucher à 8 h –<br />

cédant la nuit à un ciel étoilé saupoudré<br />

de la sobriété horlogère contemporaine.<br />

Une réussite stylistique encore rehaussée<br />

par l’utilisation de la couleur sable pour<br />

la finition des aiguilles, index et chiffres,<br />

sans oublier celle du bracelet en cuir<br />

naturel qui lui fait écho. La Vintage 2010<br />

existe en version classique (heures,<br />

minutes et seconde indépendante,<br />

mouvement automatique ETA 2895,<br />

2700 francs) ou chronographe deux<br />

compteurs (mouvement automatique ETA<br />

2894, 4200 francs). ■ THB<br />

Le style vintage selon Bell & Ross: une vraie réussite.<br />

VICENTERRA: LA GMT-3 ET SES COMPLICATIONS PLANÉTAIRES<br />

Vincent Plomb a trouvé une manière originale de réaliser<br />

son projet en lançant une souscription.<br />

de diams. Une date rétrograde squatte<br />

l’index 2 h, tandis qu’un globe terrestre<br />

miniature (Ø 6,5 mm), posé à 5 h, tourne<br />

sur lui-même en vingt-quatre heures.<br />

Profond et poétique, ce concentré de<br />

temps planétaire ne laissera pas indifférent<br />

celui qui chine hors des sentiers<br />

battus. ■ JAG / TàG Press +41<br />

Pour tout renseignement:<br />

Vincent Plomb, tél. +41 (0)78 808 92 88,<br />

mail: realis.vp@vtxnet.ch


Breguet<br />

Type XXII Chronographe<br />

10 Hz Retour en Vol<br />

Précision exceptionnelle grâce au mouvement<br />

chronographe avec échappement et spiral en silicium<br />

(72 000 alt./h.) Une deuxième aiguille permet de<br />

compter les minutes en additionnant les séquences<br />

de 30 secondes. Cerise sur le gâteau: la fonction<br />

retour en vol pour une remise à zéro et<br />

un redémarrage du compteur en un seul geste.<br />

Second fuseau horaire à 6 h. Boîte en acier<br />

44 mm, lunette tournante bidirectionnelle,<br />

cadran noir oxydé, bracelet intégré. ■<br />

Bulgari<br />

Octo Bi-Retro Steel Ceramic<br />

Son boîtier acier est équipé du mouvement automatique manufacturé GG7722,<br />

présentant deux compteurs rétrogrades. Une fenêtre à 12 h révèle les heures sautantes.<br />

Quant à l’aiguille des minutes, elle court sur un arc de cercle de 210°. Les sept clous de<br />

la lunette en céramique permettent de lire les minutes intermédiaires dans chacun des<br />

segments par zone de dix minutes. La date rétrograde s’affiche au pied du cadran. ■<br />

TechnoMarine<br />

Cruise Sport<br />

Mandarine, rose shocking, bleu outremer, vert pomme, bleu ciel,<br />

noir désir et blanc pur... La nouvelle collection Cruise Sport, version<br />

classique ou chronographe, fait merveille sur la plage, en croisière ou au<br />

night-club. Le bracelet en silicone, extrêmement agréable au poignet,<br />

peut facilement être changé pour l’assortir aux vêtements ou à l’humeur.<br />

Boîtier de 40 ou 45 mm, étanche à 200 m. ■<br />

LANCEMENTSHEURE<br />

19


LANCEMENTSHEURE<br />

20<br />

Chopard<br />

Cartier<br />

Calibre de Cartier<br />

Cette montre homme de caractère (42 mm de diamètre)<br />

réinterprète les principaux codes de la marque:<br />

puissance des lignes, robustesse de la boîte et<br />

ergonomie racée. Au dos, le fond saphir transparent<br />

laisse apparaître le calibre 1904 MC, le premier<br />

mouvement mécanique à remontage automatique<br />

100% Cartier. Grâce au double barillet, la précision<br />

chronométrique est maîtrisée et stabilisée. ■<br />

Davidoff<br />

Very Zino Champion Collection<br />

Une nouvelle collection bien dans l’esprit de la marque, synonyme de qualité et<br />

d’élégance. Le boîtier, légèrement ovale, en acier traité PVD de 46 mm, cache un<br />

mouvement automatique symbolisant l’endurance et la finesse de tout champion.<br />

Cadran gris fumé avec une trotteuse centrale, un compteur 30 minutes et<br />

une petite seconde à 6 h, 12 h et 9 h. La classe. ■<br />

Grand Prix de Monaco Historique<br />

Time Attack MF<br />

<strong>Heure</strong>s, minutes et secondes sont indiquées par les aiguilles centrales. Date, compte<br />

à rebours, deuxième fuseau horaire, alarmes (il y en a deux) et chronographe précis<br />

au centième de seconde figurent sur un écran numérique placé sur le bas du<br />

cadran, à 6 h. Un élégant chrono quartz (certifié COSC), dont le côté vintage ne<br />

cède en rien à sa modernité et à son caractère sportif bien affirmé. ■


Gucci<br />

Unisex Classic<br />

Un modèle parfaitement fidèle aux codes de la marque florentine avec, sur le cadran,<br />

sa bande vert-rouge-vert à 3 h et l’emblématique «G» en filigrane. Assez imposante,<br />

cette pièce unisexe est équipée d’un mouvement quartz ETA avec les fonctions heures,<br />

minutes, seconde, date, chrono et tachymètre. Boîtier en acier ou en PVD noir, bracelet<br />

Breitling<br />

Bentley Supersports<br />

Une éblouissante série spéciale:<br />

boîtier acier s’ornant d’une lunette au<br />

relief moleté, cadran style tableau de<br />

bord avec un compteur 60 minutes<br />

au centre, une trotteuse à 3 h et une<br />

échelle centrale pour les centièmes<br />

d’heure ou de minute, plus un<br />

tachymètre variable avec règle<br />

de calcul circulaire. Sous ce<br />

châssis puissant, le calibre<br />

Breitling 26B for Bentley.<br />

Une mécanique de très haute précision. ■<br />

acier ou caoutchouc vert ou noir. E viva l’Italia! ■<br />

Christian Jacques<br />

Explorator<br />

Avec son ergonomie particulièrement bien étudiée, cette aventurière<br />

s’adapte parfaitement au poignet. Elle est prête à tout, partir avec vous<br />

dans la jungle ou jusqu’à votre prochain rendez-vous. Son boîtier<br />

acier 45 mm, d’une belle architecture contemporaine, est équipé d’un<br />

mouvement mécanique à remontage automatique (ou quartz) et<br />

d’un cadran guilloché en fibre de carbone. Etanche à 100 m. ■<br />

21


LANCEMENTSHEURE<br />

22<br />

Eberhard & Co<br />

Chrono 4 Bad Boy<br />

Il n’a pas vraiment le look d’un mauvais garçon ce chrono sport, l’un des plus<br />

réussis de sa catégorie. On le reconnaît entre mille grâce à ses quatre<br />

compteurs en ligne, mis en valeur par un cadran à différents<br />

niveaux soigneusement travaillé. Basé sur un mouvement ETA 2894,<br />

ce modèle fait montre d’une identité forte sans être trop chargé,<br />

comme beaucoup de garde-temps à caractère sportif. ■<br />

Jean d’Eve<br />

Quarta Automatique<br />

La firme de La Chaux-de-Fonds inaugure une lecture du temps pour le moins originale.<br />

Les heures se divisent en quatre compteurs de trois heures. Une fois les trois heures<br />

accomplies sur le premier cadran, l’aiguille revient dans sa position initiale et passe<br />

le relais au deuxième compteur et ainsi de suite. Look futuriste, boîte en acier étanche<br />

à 30 m, mouvement mécanique, cadran noir ou argenté. ■<br />

Frédérique Constant<br />

Maxime Manufacture Lady<br />

Cette miss ultraféminine, d’une élégance sage, est<br />

équipée du calibre FC 700, entièrement manufacturé<br />

dans les ateliers de Plan-les-Ouates. On l’aime pour<br />

sa boîte en acier 39 mm, sa lunette acier/or rose,<br />

sertie de diamants ou non, et son délicat cadran<br />

nacré avec un guilloché soleil au centre et six index<br />

en diamants. Bracelet en galuchat noir ou brun et,<br />

dans la version soir, en satin gris ou vanille. ■


Panerai<br />

L’Astronomo, Luminor 1950<br />

Equation of Time<br />

Tourbillon Titanio 50 mm<br />

Tourbillon avec équation du temps, indication des heures de<br />

lever et de coucher du soleil dans une ville choisie, avec, sur<br />

le fond, la représentation cartographique de la voûte céleste<br />

de ladite ville. Le calibre P.2002/G (375 éléments) est équipé<br />

d’un régulateur à tourbillon et d’une réserve de marche<br />

de quatre jours. Ce modèle, d’un diamètre de 50 mm,<br />

séduira les amateurs de grandes complications. ■<br />

Certina<br />

DS Podium Valjoux<br />

Azzaro<br />

Coastline<br />

Un look de sportive et un zeste d’élégance: la Coastline se porte<br />

en croisière ou en plongée. Un mouvement quartz est logé dans sa<br />

boîte de 40 mm, étanche à 100 m, en acier ou or rose, équipée d’une<br />

lunette tournante unidirectionnelle noire, bleue ou blanche et d’un<br />

bracelet caoutchouc dans les mêmes tons. Et pour les soirées<br />

mondaines, on choisit la version sertie de 36 ou 72 diamants. ■<br />

Une pièce sport chic, robuste et contemporaine, aux détails raffinés<br />

avec des contrastes de surfaces planes et biseautées et des compteurs<br />

qui s’entremêlent avec les chiffres et les index. Etanche à 100 m,<br />

son boîtier acier de 42 mm est équipé du mouvement mécanique à<br />

remontage automatique ETA Valjoux 7750 et d’un cadran argent<br />

ou noir. Livrée avec un bracelet cuir ou acier. ■<br />

23


LANCEMENTSHEURE<br />

24<br />

Piaget<br />

Altiplano Automatic 43 mm<br />

Pour les 50 ans du légendaire calibre 12P, place au calibre<br />

1208P qui, avec ses 2,35 mm d’épaisseur devient le mouvement<br />

mécanique à remontage automatique le plus mince de sa<br />

catégorie. Pareille prouesse impose une boîte ronde et une lunette la<br />

plus fine possible pour une épaisseur totale de 5,25 mm, soit la<br />

montre mécanique à remontage automatique la plus plate du monde<br />

actuellement. ■<br />

Tissot<br />

Veloci-T Lady<br />

Total look acier pour la version féminine équipée, comme son alter ego<br />

masculin, du nouveau calibre ETA CO1.211. Etanche à 100 m, elle affiche une<br />

allure énergique – avec boîtier, cadran et bracelet caoutchouc immaculés –,<br />

relevée d’une touche PVD rose sur la lunette et les cercles entourant les petits<br />

cadrans. Une fenêtre ronde sur le fond de la boîte laisse entrevoir le balancier<br />

du mouvement. ■<br />

Concord<br />

C1 Vintage<br />

Il s’agit du modèle C1 Code dont l’apparence a été vieillie. Il n’a pas<br />

pour autant perdu son anatomie d’athlète et son dynamisme puisqu’il<br />

est équipé d’un mouvement chronographe automatique certifié COSC.<br />

Le boîtier acier PVD de 44 mm a subi un polissage mécano-chimique qui<br />

a érodé sa surface et ses arêtes pour un aspect mat, rehaussé par l’anneau<br />

Concord en caoutchouc placé sur la carrure. ■


Rodania<br />

Themis Automatic<br />

Elégance intemporelle, classicisme et sobriété: Themis est l’incarnation parfaite des<br />

codes de la collection Swiss Chic. Equipé d’un mouvement automatique ETA 2824-2,<br />

le boîtier acier 40 mm, au design épuré, se pare d’un cadran noir ou blanc et d’un<br />

bracelet noir. A porter du matin au soir, ce que préfèrent les hommes. ■<br />

Oris<br />

Oscar Peterson<br />

Limited Edition<br />

Oris aime certes l’aviation et le sport<br />

automobile mais aussi les musiciens de<br />

jazz, auxquels elle rend régulièrement<br />

hommage. Témoin, cette montre dont<br />

les index en forme de touches de<br />

piano évoquent la légende d’Oscar<br />

Peterson. Le tout sur un cadran<br />

noir d’une élégante simplicité,<br />

au centre duquel sont gravés des<br />

sillons concentriques, comme ceux<br />

des disques vinyle. Un classique<br />

superbement traité. ■<br />

Versace<br />

Destiny Spirit<br />

Glamour en diable, elle ne peut être que griffée Versace, cette Destiny Spirit! Grâce à<br />

sa sobriété très sophistiquée, mais surtout grâce à ses nombreuses minisphères dorées<br />

qui vont et viennent sensuellement au gré des mouvements du poignet. Boîtier acier<br />

PVD or jaune, cadran émaillé noir portant la célébrissime méduse. Mouvement quartz<br />

et bracelet croco noir, évidemment. ■<br />

25


LANCEMENTSHEURE<br />

26<br />

Movado<br />

Master TM<br />

Avec son cadran asymétrique au motif grillagé noir mat ou blanc et<br />

l’emblématique point à 12 h, qui se pare d’une sorte de poussoir, la collection<br />

Movado Master TM explore un nouveau design sans renier sa fidélité au<br />

«cercle dans le cercle». La version homme abrite un mouvement automatique<br />

et un cadran avec des index luminescents. ■<br />

Vulcain<br />

Cricket Golden Heart<br />

Le fameux mouvement réveil – à remontage manuel – qui a fait la célébrité<br />

de Vulcain se trouve ici magnifiquement mis en valeur. D’une part, grâce au<br />

cadran largement squeletté; d’autre part, grâce au traitement anthracite de ses<br />

différents composants. Deux barillets assurent à la montre une réserve de<br />

marche de 42 heures et une sonnerie de 20 secondes. ■<br />

Quinting<br />

Chrono Mystérieux<br />

La marque poursuit son magnifique<br />

travail sur les mouvements transparents<br />

et présente cette année, entre autres, ce<br />

chronographe à remontage manuel qui<br />

dispose de quatre moteurs dissimulés<br />

dans la circonférence de la montre.<br />

Technologiquement remarquable et<br />

esthétiquement fascinant… comme de<br />

coutume. Lunette sertie de diamants<br />

sur demande. ■


Van Cleef & Arpels<br />

Midnight Tourbillon Nacre<br />

Le cadran en nacre blanche travaillé tout en volume à la main<br />

et totalement débarrassé d’index, de minuterie ou de chiffres,<br />

mis à part une petite seconde à 6 h, semble n’avoir été conçu<br />

que pour magnifier la beauté extrême du tourbillon. Décliné<br />

dans une boîte en or blanc de 42 mm, sertie ou non de brillants,<br />

ce modèle, limité à 100 exemplaires, fait partie des<br />

«complications poétiques» lancées au SIHH. ■<br />

L’Epée<br />

Le Duel<br />

Maurice Lacroix<br />

Pontos Décentrique Phases de Lune<br />

Ce garde-temps en titane séduira les amateurs de complications<br />

et ceux qui aiment lire le temps différemment. Sur son cadran<br />

noir décentré à 10 h, une aiguille piste les minutes, tandis que<br />

des heures traînantes surgissent progressivement sur un disque.<br />

A 4 h, deux disques superposés dévoilent phases de lune<br />

et indication jour/nuit. A 6 h, dans la fenêtre<br />

d’une glace métallisée, le quantième. ■<br />

Une pendulette intéressante avec ses deux épées croisant le fer, une complication<br />

originale permettant à celles-ci de s’ouvrir peu à peu. Au bout de quarante jours,<br />

le logo s’inverse. Deux autres épées rétrogrades suivent la cadence de ce duel<br />

pendant vingt secondes avant de retrouver leur position «en garde». Mouvement<br />

mécanique à remontage manuel plaqué palladium, décor Côtes de Genève. ■<br />

27


LANCEMENTSHEURE<br />

28<br />

Carl F. Bucherer<br />

Patravi EvoTec BigDate<br />

Voici la première montre dame équipée du calibre manufacturé<br />

CFB A1003, avec une réserve de marche de 55 heures.<br />

La boîte acier met en valeur une lunette où brillent<br />

56 diamants et le cadran, argenté ou en nacre<br />

noire, accueille un guichet grande date<br />

à 10 h 30. Esthétisme et technique sont<br />

alliés à un choix intéressant de<br />

bracelets: cuir en serpent de mer,<br />

python, veau laqué ou alligator. ■<br />

Jovial<br />

Limited Edition 80 Years<br />

Jovial prolonge les festivités de son anniversaire avec cette montre<br />

commémorative délicieusement chocolatée! Une pièce incarnant le renouveau de<br />

la marque et totalement dans la ligne de la collection caractérisée par des boîtiers<br />

high-tech, mettant en valeur des jeux de structure et de volume ainsi que des<br />

finitions particulièrement soignées. Boîtier 42 mm, cadran et bracelet chocolat. ■<br />

Longines<br />

PrimaLuna<br />

Un look classique, rehaussé par l’éclat de l’acier et la<br />

chaleur de l’or rose pour cette nouvelle PrimaLuna.<br />

Son délicat cadran nacré, blanc ou argent, se pare de<br />

diamants sur un boîtier en acier ou or rose de<br />

différentes tailles. En son cœur, un mouvement<br />

automatique (ou quartz). Une composition d’une douce<br />

harmonie qui sied à tous les âges de la femme. ■


30<br />

LE TOURBILLON, ORGANE RÉGLANT<br />

EN FORME DE CHEF-D'ŒUVRE<br />

Côté cadran<br />

Sans conteste, Abraham Louis Breguet<br />

(1747-1823), Neuchâtelois d'origine qui<br />

adopta la nationalité française, est le plus<br />

prestigieux horloger de tous les temps. Les<br />

ouvrages de l'horloger de la Marine française,<br />

membre de l'Académie des sciences, se<br />

distinguent par la perfection de leur<br />

exécution, leur originalité et leur élégance<br />

fonctionnelle. Il est l'auteur d'un très grand<br />

nombre d'inventions qui ont porté l'horlogerie<br />

au plus haut niveau de perfection.<br />

Abraham Louis Breguet imagine le tourbillon vers<br />

1795. Il le fait breveter le 26 juin 1801 et ne le<br />

commercialise qu'à partir de 1805. Ce système sera<br />

présenté pour la première fois au public lors de la<br />

grande exposition nationale à Paris, inaugurée le<br />

24 septembre 1806 pour une durée d'un mois.<br />

Le stand de l'horloger, au sommet de son art – deux<br />

médailles d'or de 1798 et 1802 – abrite quelques pièces<br />

étonnantes. Sous la description de sa «montre compensant<br />

toutes les inégalités qui peuvent se trouver dans le<br />

balancier et dans le ressort-spiral» apparaît enfin, pour la<br />

première fois au public, le tourbillon, breveté le<br />

7 messidor an IX (26 juin 1801). Cette invention, que<br />

son auteur a baptisée d'un terme emprunté à<br />

l'astronomie - le mot tourbillon est synonyme<br />

de système planétaire dans le langage des<br />

savants du XVIIe étonnantes. So<br />

toutes les inég inégalités inéggalités<br />

qui peuvent<br />

balancier et daans<br />

le ressort-spiral<br />

première fois s au public, le tourbb<br />

7 messiddor<br />

an IX (26 juin 188<br />

son auteur a a baptisée d'<br />

l'astronomie<br />

- le mo ot<br />

de système planét<br />

savants ddu<br />

XVII<br />

siècle - suscite, de nos<br />

jours jjours encore, encoree,<br />

un attrait majeur.<br />

L'inspiration L'insp L piratioo<br />

de son invention prend<br />

source souurce<br />

sur su<br />

un fait indéniable: la<br />

marche m e d'une montre diffère<br />

selon la position verticale dans<br />

laqu laquelle e elle est observée. Un<br />

effe effet e généré par le déséqui-<br />

lib libre r qui existe entre le<br />

ba balancier al et le spiral. Pour<br />

co compenser o ces différences, il<br />

es est st nécessaire que le centre<br />

de<br />

e gravité du système<br />

ba balancier-spiral a<br />

soit au<br />

ce centre n de rotation et s'y<br />

ma maintienne ai pendant les<br />

osc oscillations. i La finalité de ce<br />

méc mécanisme a n'est pas de<br />

suppr supprimer r ces différences, mais<br />

de dde<br />

les<br />

aatténuer<br />

jusqu'à les<br />

co compenser mpenns<br />

entièrement.<br />

Pour<br />

r y par pa parvenir, Abraham Louis<br />

Br Breguet reguet<br />

con conçoit un mécanisme<br />

capa capable able de fai faire prendre à l'ensemble<br />

échapp échappement-balancier peme ent-ba toutes les<br />

positions<br />

poss possibles. sibles Pour ce faire, il impose à<br />

cet<br />

ensemble<br />

e une<br />

rotation qu'il définit à un tour<br />

par minute. min minute. Il en<br />

résu résulte dès lors un brassage des<br />

positions verticales et,<br />

, ce ffaisant,<br />

une marche moyenne<br />

dite dit dite d'équilibre. d'é d'équilibre. ilib<br />

Il faut préciser que Breguet<br />

avait mis au point ce<br />

mécanisme complexe pour les montres de poches, la<br />

plupart du temps en position verticale. Pour les montresbracelets<br />

haut de gamme actuelles, ce système ne s'impose<br />

guère, celles-ci subissant déjà au porter un brassage des<br />

positions. L'effet de ce dispositif serait pratiquement nul<br />

quant aux corrections qu'il est censé apporter. Selon<br />

certaines théories, il pourrait même être perturbateur<br />

puisqu'il consomme de l'énergie en puisant celle nécessaire<br />

à sa rotation sur un mobile du mouvement. N'empêche que<br />

l'invention de Breguet garde toute la saveur, la beauté et<br />

l'ingéniosité d'une réalisation complexe. Un chef-d'œuvre<br />

qui donne une noblesse certaine à la montre.


Infographies Grégoire Gonthier<br />

Côté mouvement<br />

Roue de moyenne<br />

A<br />

Roue de centre<br />

Pour simplifier, on peut dire que le système réglant fonctionne<br />

comme le mobile de seconde entraîné par un rouage classique<br />

(barillet, roue de centre, roue de moyenne). La cage (A), solidaire<br />

du pignon de seconde (B) et entraînée par la roue de moyenne,<br />

renferme les organes distributeur – roue d'échappement/ancre<br />

– et régulateur – balancier/spiral. Pendant la rotation de la cage,<br />

le pignon d'échappement (D) est entraîné en rotation, provoqué<br />

par son engrènement dans la denture de la roue de seconde (C),<br />

combiné à un mouvement de révolution à la manière d'un<br />

satellite tout en tournant sur son axe.<br />

Bien que la cage pivote (un tour en une minute) en entraînant<br />

avec elle tous les organes qu'elle renferme, les mobiles conservent<br />

leurs emplacements respectifs. Les fonctions d'échappement<br />

restent donc semblables à celles des montres classiques.<br />

A la complexité de ce système s'ajoute une contrainte de poids:<br />

la cage et les pièces que celle-ci contient doivent être aussi<br />

légères que possible.<br />

D<br />

C<br />

B<br />

C<br />

B<br />

A<br />

D<br />

Pont de rouage<br />

Platine<br />

Roue de centre<br />

Barrette inférieure<br />

Roue de seconde<br />

Pignon de seconde<br />

Elément de cage inférieure<br />

Cage supérieure avec<br />

l'échappement et le balancier<br />

Tout Touut<br />

le dispositif d balancier-spiral<br />

ainsi a que q l'échappement est<br />

porté<br />

é par la cage A en deux<br />

part parties i reliées par trois<br />

pilie piliers. e<br />

Elle<br />

e se trouve elle-même<br />

fix fixée xé sur le pignon de<br />

se seconde c B, qui est séparé<br />

de<br />

e la roue de seconde C<br />

se sertie er sur la barrette infé-<br />

rie rieure e (côté mouvement).<br />

La<br />

a denture de cette roue<br />

en engrène ng avec le pignon<br />

d'é d'échappement éc D.<br />

La cage, c l'axe de balancier,<br />

la roue roo<br />

de seconde et le<br />

pigno pignon o du même nom sont<br />

da dans ans un une n parfaite coaxialité.<br />

Raquetterie (réglage avance-retard<br />

et pivotement du balancier)<br />

Barrette supérieure<br />

Roue de moyenne<br />

Barillet<br />

COMMENTÇA MARCHE?<br />

31


NOUVEAUTÉSHEURE<br />

32<br />

MAX ET SON NOUVEAU<br />

MAXIMONSTRE<br />

Avant la sortie de la très attendue Thunderbolt, MB&F présente une variante<br />

étonnante de la HM3, baptisée, non sans humour, Frog en raison de ses deux yeux globuleux. Par Thierry Brandt<br />

Singulière et passionnante aventure<br />

décidément que celle de Max<br />

Büsser et de ses amis, dont les créations<br />

apportent à chaque fois une dimension<br />

nouvelle à la haute horlogerie. Les<br />

voilà en plus qui se mettent à faire de<br />

l’humour et à baptiser leurs montres avec<br />

des noms d’animaux! Frog: il est vrai<br />

que cette nouvelle version de la HM3<br />

(Horological Machine) ne pouvait en<br />

porter un autre, elle qui fait penser à un<br />

batracien avec ses gros yeux globuleux,<br />

deux dômes pivotant en aluminium, surmontés<br />

de verres saphir. En tout cas, ses<br />

concepteurs assument complètement ce<br />

côté décalé, un peu «destroy», comme<br />

aime à le dire Maximilian Büsser:<br />

«Clairement, nous ne nous adressons pas<br />

à des clients qui sont accrochés à la tradition<br />

séculaire. Aujourd’hui, la plus<br />

belle raison de s’intéresser à la belle horlogerie<br />

mécanique est sa dimension<br />

d’œuvre d’art, de même que sa bienfacture.<br />

Si la bienfacture, le développement<br />

technique et les finitions sont du plus<br />

haut niveau, pourquoi ne pas s’aventurer<br />

dans une autre dimension artistique?»<br />

argumente le trublion, qui poursuit:<br />

«Parfois, c’est vrai, nous avons l’impression<br />

de parler le klingon (n.d.l.r.: espèce<br />

extraterrestre originaire de la planète<br />

Kronos, voir Star Trek) et que bien peu<br />

de personnes comprennent notre démarche.<br />

Mais ceux qui comprennent adorent.<br />

Ce sont des clients extrêmement<br />

fidèles.»<br />

En fait, l’idée de la HM3 Frog est née en<br />

même temps que la HM3 originelle, mais<br />

les contraintes techniques – modification<br />

du mouvement, conception des dômes<br />

en aluminium et en saphir – ont nécessité<br />

plus de dix-huit mois de mise au<br />

point. Ce qui n’a l’air de rien représente<br />

en fait une différence fondamentale. Et à<br />

l’échelle d’un moteur horloger, une différence<br />

fondamentale signifie une avalanche<br />

de casse-tête à résoudre. Par rapport<br />

à sa devancière, la Frog a demandé le<br />

développement d’un nouveau mouve-<br />

Avec ses gros yeux globuleux, la HM3 Frog se donne<br />

effectivement des airs de batracien.<br />

ment (conçu par Jean-Marc Wiederrecht,<br />

sur une base Girard-Perregaux). Car,<br />

d’une part, ce ne sont plus les aiguilles<br />

des heures et des minutes qui se déplacent<br />

autour d’un cône, mais les dômes<br />

eux-mêmes qui tournent. D’autre part, le<br />

dôme des heures de la Frog accomplit<br />

une révolution complète en douze heures,<br />

tandis que l’aiguille de la HM3 faisait<br />

de même en vingt-quatre heures. En<br />

outre, il a fallu résoudre le problème de<br />

l’usinage des demi-sphères en saphir.<br />

Autant d’improbables défis… qui sont<br />

pourtant à la base de tout le travail de<br />

MB&F: «J’ai la chance que mon associé,<br />

Serge Kriknoff, qui est beaucoup plus<br />

doué que moi au niveau technique, adore<br />

repousser les limites de ce qui a été fait<br />

dans l’horlogerie. Il va chercher des solutions<br />

dans d’autres domaines, comme,<br />

par exemple, dans le médical ou l’automobile»,<br />

souligne Max Büsser. A chaque<br />

nouvel épisode de l’aventure MB&F,<br />

toujours très attendu, l’horloger est<br />

contraint de présenter un truc toujours<br />

plus fou, toujours plus compliqué que le<br />

précédent. Flippant? «Non, pas vraiment.<br />

Les attentes des autres ne seront jamais<br />

aussi élevées que celles que j’ai envers<br />

moi-même… Nous continuerons de surprendre,<br />

mais justement, pas forcément<br />

par là où l’on nous attend. La beauté<br />

de MB&F est que l’entreprise peut évoluer<br />

sans contraintes d’ADN. C’est un<br />

laboratoire expérimental qui nous permet<br />

de jouer sur tous les registres.<br />

Préparez-vous à quelques étonnements!…»<br />

conclut-il, hilare. ■


NOUVEAUTÉSHEURE<br />

34<br />

JEU, SET ET MATCH<br />

POUR RICHARD MILLE<br />

Rafael Nadal a porté la RM 027 pendant tout le tournoi de Roland-Garros. Et<br />

la montre a tenu! Richard Mille peut désormais se vanter d’avoir inventé le tourbillon non seulement le plus léger<br />

mais aussi le plus solide de l’histoire horlogère. Par Thierry Brandt<br />

Toute nue, elle pèse environ 13 g.<br />

Avec son bracelet en polycarbonate,<br />

elle prend certes un peu de poids<br />

mais sans dépasser 18 g. Ce qui doit<br />

effectivement faire de la RM 027 l’un des<br />

tourbillons les plus légers de l’horlogerie,<br />

si ce n’est le plus léger. Mais peu<br />

importe le record en l’occurrence. Ce qui<br />

compte, c’est, d’une part, le joli coup<br />

médiatique réalisé par Richard Mille et,<br />

d’autre part, la construction de l’objet qui<br />

constitue une prouesse technique remarquable.<br />

Et voilà comment une montre<br />

partie des Breuleux se balade désormais<br />

sur les courts du monde entier au poignet<br />

de celui qui est redevenu, début juin, le<br />

numéro un mondial du tennis. Et voilà<br />

comment naît une légende horlogère,<br />

pour laquelle une poignée de collectionneurs<br />

sont prêts à débourser un demimillion<br />

de francs!<br />

Côté design, la RM 027 Rafael Nadal<br />

adopte la forme tonneau chère à la<br />

marque. Le boîtier a été réalisé dans un<br />

matériau composite à base de carbone,<br />

histoire d’allier la plus grande résistance<br />

à la plus extrême légèreté. Toujours dans<br />

la même optique, la carrure et le fond de<br />

la montre sont monobloc. Quant au mouvement,<br />

il est composé de titane et de<br />

Lital, un alliage utilisé dans l’aéronautique<br />

contenant lithium, aluminium,<br />

cuivre, magnésium et zirconium. On<br />

dirait la notice explicative d’un aliment<br />

énergétique; il ne manque plus que les<br />

vitamines… Quoi qu’il en soit, il fallait<br />

bien ça pour que le taureau de Manacor<br />

accepte de jouer tous ses matches avec sa<br />

Richard Mille. Certes, Nadal est gaucher<br />

et porte sa montre au poignet droit, mais,<br />

attention, ce n’est pas parce que la montre<br />

n’aurait pas tenu le choc de l’autre<br />

côté, dixit Richard Mille. «Dieu sait si<br />

nous l’avons testée, cette montre, rigolet-il!<br />

Lors des premiers essais, la couronne<br />

a valdingué quelque part dans l’espace et<br />

les aiguilles n’ont pas tenu. Mais nous<br />

avons poursuivi son développement<br />

pendant des mois et, maintenant, je peux<br />

vous dire qu’elle tient parfaitement le<br />

coup. D’ailleurs, comme Nadal joue ses<br />

revers à deux mains, la montre subit le<br />

même genre de traitement. Non, s’il ne<br />

peut pas la porter à gauche, c’est tout<br />

simplement parce qu’elle l’empêcherait<br />

de mouvoir normalement son poignet»,<br />

conclut l’heureux patron de la marque.<br />

Le plus amusant, dans cette histoire, c’est<br />

qu’au départ, Richard Mille n’a jamais<br />

vraiment cherché à courtiser le tennisman<br />

pour en faire son ambassadeur. «Les<br />

choses se sont faites un peu par hasard.<br />

La rencontre a eu lieu grâce à des amis<br />

communs. J’ai tout de suite trouvé que ce<br />

type était épatant, charmant, abordable,<br />

d’une grande humilité. Et c’est au fil de la<br />

discussion, comme ça, que l’idée d’un<br />

projet commun est née. D’ailleurs, ce<br />

jour-là, il a dû me prendre pour un zozo<br />

et se dire que jamais je ne pourrais revenir<br />

avec une telle montre», se souvient<br />

celui qui s’est fait une solide réputation<br />

dans les produits extrêmes. Aujourd’hui,<br />

le partenariat s’est consolidé. Et il est<br />

d’ores et déjà annonciateur d’évolutions<br />

pour l’année prochaine. ■<br />

Avec la RM 027 RN (Rafael Nadal), Richard Mille renforce encore sa position dans le créneau des montres extrêmes.


NOUVEAUTÉSHEURE<br />

36<br />

ARMAND NICOLET ET SA L08:<br />

UNE ACCESSIBLE INTEMPORELLE<br />

Sans être originale, l’histoire de la marque Armand Nicolet reste de celles qui<br />

plaisent aux amoureux d’une horlogerie d’épure, vraie, riche en valeurs historiques mais n’hésitant pas à se réclamer<br />

de potentiels à venir… Par Joël A. Grandjean / TàG Press +41<br />

Il était une fois un entrepreneur, féru<br />

de montres, connaisseur et actif dans<br />

la branche deux décennies durant. Il<br />

rencontre, en 1987, Willy Nicolet, fils<br />

d’Armand Nicolet, un horloger d’entre les<br />

deux siècles passés ayant sévi à<br />

Tramelan, haut lieu d’une horlogerie<br />

historique florissante. L’ancienne manufacture<br />

revivra, sera restaurée et restera<br />

habitée par les signes distinctifs de son<br />

fondateur, tout en s’ouvrant aux marchés<br />

actuels.<br />

Armand Nicolet, fils d’horloger, entre<br />

donc en horlogerie comme on entrait<br />

autrefois dans les ordres. Vocation et<br />

passion. A la fin du XIXe siècle, au<br />

sortir de son apprentissage, il ouvre<br />

son premier atelier d’horlogerie. Et,<br />

en 1902, s’illustre dans l’univers de<br />

la montre de poche soignée, titillant<br />

parfois celui des complications telles que<br />

les répétitions minutes, quarts ou heures,<br />

les calendriers perpétuels… Encore prisé<br />

par les collectionneurs, au détour d’un<br />

catalogue de ventes aux enchères ou<br />

d’une transmission d’héritage, ce nom est<br />

également synonyme, durant les fifties,<br />

de la production, à Tramelan, de la<br />

presque totalité des calibres Venus.<br />

Rappelons que cette ville était, à<br />

l’époque, le troisième pôle horloger de<br />

Suisse, avec la concentration de 800<br />

horlogers et 105 fabriques.<br />

Les montres ont-elle une âme? C’est la<br />

question que pose la L08,<br />

sur le mode de l’édition<br />

limitée en multiples<br />

de 150 (50 pour la<br />

version sertie). Pour<br />

la boîte, ronde et<br />

classique, la noblesse<br />

d’un acier efficace cède<br />

parfois, pour la lunette, à<br />

l’or rose ou aux diamants.<br />

Le fameux guilloché du<br />

cadran en relief, devenu<br />

signe reconnaissable<br />

du style Armand<br />

Nicolet, s’entrouvre<br />

sur des détails triés<br />

d’un calibre vintage<br />

18 000 alternances<br />

par heure, le AN0711A,<br />

concentré de nouvelles<br />

Des premières montres de poche aux<br />

garde-temps d’aujourd’hui, la tradition<br />

de la belle horlogerie classique perdure.<br />

Armand Nicolet, qui ouvrit son premier atelier<br />

d’horlogerie à la fin du XIX e siècle.<br />

technologies saupoudré des composants<br />

du calibre UT 600 de 1957, retrouvés<br />

dans les combles et les tiroirs de la maison<br />

originelle. Ce moteur à remontage<br />

manuel, dont il ne reste par définition<br />

qu’un nombre limité d’exemplaires, se<br />

distingue par son épaisseur réduite. Oh,<br />

pas celle d’une extraplate, mais déjà avec<br />

l’élégance des discrètes qui en jettent<br />

sans chercher à s’imposer.<br />

Tenu en laisse par un bracelet cuir<br />

de crocodile, le temps servi par cette<br />

réincarnation des valeurs originelles de<br />

l’horlogerie se devait de s’entourer<br />

d’attentions subtiles: décorations Côtes de<br />

Genève, rhodium perlé, index appliqués à<br />

la main, étanchéité à 5 atmosphères et<br />

réserve de marche de 36 heures. ■


SOUSLALOUPE<br />

38<br />

PORSCHE DESIGN OU LA<br />

CONJUGAISON PARFAITE DU STYLE ET<br />

DE LA FONCTIONNALITÉ<br />

Pour tous les passionnés de beaux objets et de design moderne, épuré et<br />

fonctionnel, Porsche Design est une référence. En matière d’horlogerie, il en va de même, avec en plus un<br />

contenu technique qui ne cesse de progresser. Par Thierry Brandt<br />

Porsche Design: un nom, une référence en matière de produits<br />

de luxe à inspiration technique. Le label a été créé<br />

en 1972, à Zell am See, en Autriche, par Ferdinand<br />

Alexander Porsche en personne. Un bureau dont le style est<br />

reconnaissable entre mille, qu’il se décline dans le domaine de<br />

la mode et du sport (chaussures), de l’électroménager (bouilloires,<br />

robinetterie), des accessoires (bagages, lunettes), des parfums<br />

pour hommes ou des produits électroniques (téléphones<br />

portables), entre autres.<br />

Dès le début, l’ambition du créateur de la légendaire 911 est de<br />

créer de beaux produits qui puissent être également de véritables<br />

compagnons de vie, classiques, utiles et fonctionnels. Il<br />

cherche à mettre en œuvre sa vision des choses: «Quand on<br />

s’interroge sur la fonction d’un objet, sa forme s’impose souvent<br />

à vous comme une évidence», argumente-t-il. Et quand il<br />

débarque dans le monde horloger, il frappe d’emblée un grand<br />

coup avec le lancement, en 1972, d’une montre-bracelet entièrement<br />

noire. Laquelle bénéficie d’un traitement de surface<br />

révolutionnaire à l’époque, le Physical Vapour Deposition, ou<br />

PVD.<br />

Huit ans plus tard, en 1980, Porsche Design revient avec une<br />

nouveauté qui, elle aussi, fera des émules: un garde-temps dont<br />

le boîtier est composé de titane, suivi, quelques années plus<br />

tard, d’une montre de plongée, elle aussi en titane, destinée aux<br />

nageurs de combat de la marine allemande. En l’occurrence, ce<br />

n’est pas par hasard que ce matériau a été utilisé. A l’époque<br />

en effet, une montre de plongée se devait d’être entièrement<br />

Ferdinand Alexander Porsche, le créateur de la célèbre 911, est également le fondateur<br />

d’un bureau de design qui fait aujourd’hui référence, notamment en horlogerie.<br />

antimagnétique, pour éviter le déclenchement par inadvertance<br />

d’une mine.<br />

Aujourd’hui, Porsche Design poursuit son aventure horlogère<br />

dans le même esprit, désormais solidement adossée à une<br />

marque helvétique de légende, Eterna. Et c’est à Granges, sous


le même toit, avec le même team directorial et les mêmes<br />

équipes techniques qu’elles se développent toutes les deux.<br />

Cette année, le fruit du travail de fond entamé par Porsche<br />

Design a pour nom P’6780 Diver. Une montre de plongée<br />

qui fait une nouvelle fois parler d’elle. Et pour cause.<br />

P’6780 DIVER<br />

UN HABILLAGE UNIQUE<br />

A la base de ce très bel objet, il y a un mouvement<br />

automatique classique et éprouvé:<br />

le 2892 d’ETA, étanche à 1000 m. Côté<br />

conception et habillage, la montre se<br />

distingue par une série de caractéristiques<br />

remarquables. Le container rond<br />

en acier inoxydable, qui abrite le<br />

cadran et le mouvement, est logé<br />

dans un pont en titane microbillé,<br />

intégrant aussi le bracelet en<br />

caoutchouc. Dispositif technique<br />

ingénieux destiné à protéger le<br />

container basculant, qui doit<br />

être sorti de son logement pour<br />

effectuer les réglages. Ce système<br />

permet d’éviter tout déplacement<br />

ou endommagement involontaire<br />

de la couronne. Quant à la lunette,<br />

elle est bloquée une fois le container<br />

ancré dans le pont, afin que le temps<br />

de plongée ne puisse pas être modifié.<br />

Et même si la Diver n’est pas, au sens<br />

strict du terme, un instrument de plongée<br />

professionnel, elle n’a rien à envier à ces derniers.<br />

Elle dispose, en effet, d’un système de<br />

joint original, en forme de U, qui rend inutile<br />

aussi bien une soupape à hélium qu’une couronne<br />

vissée. Même dans quelques centimètres d’eau, la<br />

pression garantit une étanchéité parfaite. Enfin, l’extension<br />

spéciale du bracelet permet de porter la montre<br />

par-dessus la combinaison de plongée, sans avoir à<br />

ouvrir la boucle déployante.<br />

Reste le cadran, qui a évidemment été travaillé dans le<br />

respect des codes dévolus à ce genre de montre. Les<br />

aiguilles sont surdimensionnées, les grands chiffres et les<br />

index bâtons sont revêtus d’une substance luminescente<br />

blanche, afin que le cadran soit toujours parfaitement lisible.<br />

De plus, les indications blanches contrastent avec le cadran<br />

noir. Le guichet dateur se trouve à 9 h. A noter, sur le rehaut,<br />

la minuterie qui permet de régler le temps de plongée par une<br />

39


SOUSLALOUPE<br />

40<br />

FICHE TECHNIQUE<br />

MOUVEMENT: AUTOMATIQUE, ETA 2892-A2, RÉSERVE DE MAR-<br />

CHE DE 42 H, 28 800 ALT./H., 21 RUBIS, MASSE OSCILLANTE<br />

PORSCHE DESIGN<br />

FONCTIONS: HEURES, MINUTES ET SECONDES, DATE<br />

CADRAN: NOIR, INDICATION DE LA DATE À 9 H, INDEX BÂTONS<br />

ET CHIFFRES ARABES REVÊTUS DE SUBSTANCE LUMINESCENTE<br />

BLANCHE, REHAUT AVEC INDICATION DU TEMPS DE PLONGÉE ET<br />

MINUTERIE<br />

AIGUILLES: AIGUILLE CENTRALE HEURES NOIRE AVEC POINTE<br />

GRISE REVÊTUE DE SUBSTANCE LUMINESCENTE BLANCHE,<br />

AIGUILLE CENTRALE MINUTES NOIRE AVEC POINTE JAUNE REVÊ-<br />

TUE DE SUBSTANCE LUMINESCENTE BLANCHE, AIGUILLE CEN-<br />

TRALE SECONDES NOIRE AVEC POINTE BLANCHE BOÎTIER ET FOND: CONTAINER EN ACIER ET PONT EN TITANE<br />

MICROBILLÉ, GLACE SAPHIR ANTIREFLETS DOUBLE FACE<br />

INRAYABLE, COURONNE NON VISSÉE GRÂCE AU SYSTÈME DE<br />

JOINT SPÉCIAL, DÉCOR CLOUS DE PARIS, FOND EN TITANE VISSÉ<br />

PAR QUATRE VIS, ÉTANCHE JUSQU’À 1000 M (100 ATM), DIAMÈ-<br />

TRE 46,8 MM, ÉPAISSEUR 17,05 MM<br />

rotation dans le sens contraire des aiguilles et dont la courbe<br />

jaune vif fait ressortir les quinze premières minutes.<br />

Design épuré parfaitement maîtrisé, solutions techniques<br />

innovantes en matière d’habillage, combinaison réussie des<br />

matériaux et des différents types de finitions: pas de doute, la<br />

P’6780 Diver possède tous les atouts pour prétendre au statut<br />

d’icône. ■<br />

INTERVIEW CROISÉE DE PATRICK<br />

SCHWARZ, CEO, ET PATRICK KURY, DIRECTEUR<br />

TECHNIQUE D’ETERNA ET DE PORSCHE DESIGN<br />

LA FAMILLE PORSCHE A RACHETÉ ETERNA EN 1995 ET A<br />

CONFIÉ À CETTE MÊME ENTREPRISE LA LICENCE PORSCHE<br />

DESIGN. QUELLE EST LA STRATÉGIE QUE VOUS CHERCHEZ À<br />

METTRE EN ŒUVRE DEPUIS LORS? Patrick Schwarz: C’est une<br />

stratégie à long terme qui vise une verticalisation maximale.<br />

Nous voulons retrouver la compétence technique qui était celle<br />

d’Eterna durant les grandes années. A terme, chez Eterna<br />

BRACELET ET BOUCLE: BRACELET EN CAOUTCHOUC NOIR,<br />

BOUCLE DÉPLOYANTE EN ACIER ET TITANE MICROBILLÉ AVEC<br />

EXTENSION DE PLONGÉE ■<br />

comme chez Porsche Design, nous allons continuer à développer<br />

nos propres mouvements, qui équiperont les modèles haut<br />

de gamme. Dans ce but, nous avons beaucoup investi dans le<br />

bureau technique et dans le parc de machines. Pour ce qui est<br />

des produits d’entrée de gamme, nous avons l’intention de<br />

poursuivre notre collaboration avec des tiers. Plus globalement,<br />

nous avons la chance de pouvoir travailler en parallèle sur deux<br />

marques qui ne se cannibalisent pas. D’un côté, Eterna propose<br />

des produits de tradition plutôt classiques; de l’autre, Porsche<br />

Design se profile sur un créneau plus sportif.<br />

Patrick Kury: Chez Porsche Design, il ne s’agit pas seulement de<br />

travailler sur le design, mais aussi sur la fonctionnalité. Ce<br />

qui paraît simple de l’extérieur demande souvent beaucoup de<br />

technologie en amont. Nous en avons un bon exemple avec la<br />

réalisation de la P’6780 Diver.<br />

CETTE STRATÉGIE DE REDÉPLOIEMENT DES DEUX MARQUES<br />

DOIT POUVOIR S’APPUYER SUR UN RÉSEAU DE DISTRIBUTION.


TRAVAILLEZ-VOUS ÉGALEMENT LÀ-DESSUS? P.S.: Bien sûr.<br />

Nous avions prévu de mettre l’accent sur la distribution en<br />

2009, mais, compte tenu de la crise, nous avons un peu ralenti<br />

le processus l’année dernière.<br />

ET EN 2010? P.S.: Je suis très satisfait des résultats de<br />

Baselworld. La distribution a bien compris ce que nous voulions<br />

faire. Les détaillants sont venus nous voir en nombre. J’ai même<br />

été surpris par l’excellente réaction de plusieurs marchés<br />

asiatiques. A leurs yeux, nos produits sont judicieusement<br />

positionnés. Nous allons donc nous développer sur les marchés<br />

en question. Ailleurs, là où nous sommes déjà présents depuis<br />

longtemps, nous allons faire des efforts qualitatifs.<br />

ETERNA, POUR NE PARLER QUE DE CETTE MARQUE, EST DONC<br />

BIEN PARTIE POUR RETROUVER SON LUSTRE D’ANTAN? P.S.: Je le<br />

crois. Cela faisait effectivement un moment qu’Eterna avait<br />

perdu son ADN. C’est pour cela que nous avons, dans une<br />

première phase, opéré un travail de fond. Et maintenant, nous<br />

pouvons aller voir nos clients non seulement avec quelques<br />

modèles, mais avec un vrai concept et des collections cohérentes.<br />

Aujourd’hui, chez Eterna, marque qui se situe dans le<br />

segment intermédiaire, nous sommes capables de proposer des<br />

collections manufacture à des prix abordables, qui commencent<br />

à 5600 francs.<br />

C’EST UN PEU LA POLITIQUE DES PETITS PAS ADAPTÉE À L’HOR-<br />

LOGERIE… P.S.: Oui. Ce n’est pas le genre de la maison de se<br />

montrer agressif. Nous avons opté pour une politique de développement<br />

modeste et sage. D’autre part, nous insistons beaucoup<br />

sur la qualité et la fiabilité de nos produits. Tout ce qui<br />

Les chevilles ouvrières du redéploiement d’Eterna et de Porsche Design:<br />

Patrick Schwarz, CEO (à gauche), et Patrick Kury, directeur technique.<br />

quitte la maison ici à Granges ne doit jamais y revenir, sauf bien<br />

sûr pour les révisions habituelles.<br />

CÔTÉ MARKETING ET PUBLICITÉ, VOUS NE FAITES APPEL À<br />

AUCUN AMBASSADEUR, VOUS NE METTEZ EN AVANT QUE LES<br />

PRODUITS. EST-CE PAR MANQUE DE MOYENS? P.S.: Ici, chez<br />

Eterna comme chez Porsche Design, nous n’avons qu’un objectif:<br />

la clientèle doit être convaincue par la qualité et la fiabilité<br />

des produits. Ce sont eux et rien d’autre que nous mettons en<br />

avant. Alors bien sûr, c’est moins tapageur que d’utiliser des<br />

stars et cela prend plus de temps. Mais c’est notre stratégie.<br />

Maintenant, si une personnalité faisait la demande pour porter<br />

une de nos montres, nous serions bien entendu ouverts. Nous<br />

savons, par exemple, que Bruce Willis porte une Porsche<br />

Design… S’il veut venir ici, nous le recevrons bien entendu avec<br />

plaisir. ■<br />

Le siège d’Eterna à Granges, dans le canton de Soleure.<br />

41


DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

42<br />

LE SECTEUR HORLOGER<br />

DOIT MONTRER L’EXEMPLE<br />

Economiser l’énergie c’est bien. Respecter un bilan carbone neutre, aussi.<br />

Développer une filière or propre et éthique, encore mieux. Mais les marques suisses d’excellence doivent faire<br />

plus d’efforts en matière de responsabilité sociale et environnementale. Telle est l’analyse du consultant<br />

Christopher Cordey. Propos recueillis par Thierry Brandt<br />

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ PLUS VINGT ANS EN SUISSE ET EN ASIE<br />

POUR LE COMPTE DE PLUSIEURS MULTINATIONALES ACTIVES<br />

DANS LE SECTEUR DU LUXE. QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À<br />

VOUS INTÉRESSER AU PROBLÈME DE LA RESPONSABILITÉ<br />

SOCIALE ET À DEVENIR CONSULTANT EN LA MATIÈRE? La<br />

responsabilité sociale est, au XXIe siècle, une des grandes chances<br />

des entreprises du luxe, et horlogères en particulier. Notre<br />

idée, c’est de démontrer que la maximisation des profits n’est<br />

pas une fin en soi et que de s’engager pour un monde meilleur<br />

fait partie des exigences indispensables. Nous essayons d’introduire<br />

dans la culture de ces grandes entreprises la notion de<br />

partage. Nous les amenons à prendre conscience que, dans<br />

beaucoup de secteurs, elles doivent changer de comportement.<br />

DONNEZ-NOUS UN EXEMPLE… Prenons le problème de<br />

l’approvisionnement en matières premières, comme l’or par<br />

exemple. Chacun voit bien qu’il y a un monde entre les deux<br />

extrémités de la chaîne, entre le salaire du chercheur d’or et le<br />

prix de la montre ou du bijou qui figure dans<br />

la devanture d’une boutique. Dans le domaine,<br />

les entreprises pourraient parfaitement<br />

diminuer leurs marges, qui sont souvent<br />

gigantesques, pour mettre en place des<br />

filières plus propres, plus éthiques. L’idée<br />

n’est pas de donner des leçons de morale et<br />

de jouer les ayatollahs, mais d’attirer l’attention,<br />

de rendre les choses un peu meilleures.<br />

Un certificat de traçabilité pour tout bijou ou toute montre vendue sur le marché?<br />

Une bonne idée à développer par tous les acteurs de la branche.<br />

BEAUCOUP D’ENTREPRISES, COMME CARTIER POUR NE CITER<br />

QUE CET EXEMPLE, FONT DÉJÀ DES EFFORTS EN LA MATIÈRE,<br />

NON? Beaucoup d’entreprises, non, mais quelques-unes en tout<br />

cas. Il y a effectivement des actions pour moraliser la chaîne<br />

d’approvisionnement de l’or, des diamants et des pierres<br />

précieuses. On peut citer l’action du Responsible Jewellery<br />

Council (RJC). Mais il s’agit rarement de la priorité N° 1 sur les<br />

agendas. Pour l’heure, la prise de conscience se fait au niveau<br />

de quelques CEO. Il faut, à terme, qu’elle concerne tout le management<br />

et tous les acteurs de la chaîne de distribution. C’est<br />

comme cela que les choses peuvent changer.<br />

QUELS AVANTAGES LES ENTREPRISES CONCERNÉES PEUVENT-<br />

ELLES TIRER D’UN CHANGEMENT DE COMPORTEMENT? Ils sont<br />

innombrables. D’abord, c’est une question de réputation et<br />

d’image. Lesquelles sont capitales quand on est acteur dans le<br />

domaine du luxe et qu’on propose des<br />

produits d’excellence. Ces entreprises-là<br />

doivent montrer l’exemple. C’est également<br />

un bon moyen de changer son business<br />

model, de réévaluer sa position stratégique<br />

sur les marchés et de réfléchir plus profondément<br />

aux relations homme/entreprise et<br />

entreprise/environnement. Dans un premier<br />

temps, il est vrai que cela peut engendrer des


coûts supplémentaires, mais, à plus long terme, les économies<br />

d’échelle peuvent être considérables. Au final, tous ces éléments<br />

positifs donnent des arguments de vente supplémentaires aux<br />

marques. Dans l’alimentation et la cosmétique, on est désormais<br />

en mesure de démontrer la traçabilité des produits que l’on met<br />

en vente, certificat à l’appui. Ces principes sont parfaitement<br />

applicables dans l’horlogerie et la bijouterie.<br />

A CE PROPOS JUSTEMENT, LE CONSOMMATEUR, OU LE CLIENT,<br />

A-T-IL UN RÔLE À JOUER? Evidemment. A l’échelon individuel<br />

comme à celui des ONG, il peut exercer une forme de pression<br />

importante. Aujourd’hui, pour reprendre l’exemple de l’alimentation<br />

ou de la cosmétique, on estime que 6 à 8% des consommateurs<br />

se renseignent en profondeur avant tout achat. Quelle<br />

est la composition de la crème que je mets sur ma peau? Ce que<br />

je donne à manger à mon enfant est-il sain? Telles sont les<br />

questions qu’ils se posent. Et les clients de demain, dans cinq,<br />

dix ou quinze ans, comment réagiront-ils? Je fais le pari que<br />

leur niveau de conscience et d’exigence va beaucoup augmenter.<br />

On ne pourra plus les berner. Ce sera pareil pour les<br />

Christopher Cordey, consultant, invite les entreprises à plus de<br />

responsabilité sociale et environnementale.<br />

De l’extraction à la création de bijoux et de montres, la filière d’approvisionnement<br />

de l’or n’est pas toujours transparente.<br />

consommateurs de biens de luxe. Mieux: avant les autres, ils<br />

voudront montrer l’exemple. Naturellement aussi, le personnel<br />

de vente devra être mieux formé et capable de donner toutes les<br />

infos nécessaires aux clients.<br />

VOUS, EN TANT QUE CONSULTANT, QUE POUVEZ-VOUS<br />

APPORTER AUX ENTREPRISES INTÉRESSÉES? Je vous réponds<br />

d’abord par une question: quelle est l’entreprise horlogère qui,<br />

aujourd’hui, a fait l’analyse complète du cycle de vie d’une<br />

montre et de tous les composants de celle-ci, au-delà du bilan<br />

carbone des bâtiments et des usines? Aucune, sans doute. Voilà<br />

pourquoi la première chose est de faire comprendre aux<br />

dirigeants d’entreprise qu’il s’agit d’un pari sur l’avenir, d’un<br />

processus à long terme. C’est la première étape, indispensable:<br />

la prise de conscience. Ensuite, par un travail d’analyse et de<br />

conseil, nous leur proposons des solutions pour mettre en<br />

œuvre et développer les principes dont on vient de parler à tous<br />

les échelons. Enfin, nous sommes également capables de<br />

mettre en relation l’entreprise avec d’éventuels partenaires<br />

intéressants pour elle, comme, par exemple, un fournisseur d’or<br />

propre. Bref, notre rôle est de jeter des ponts, de jouer les<br />

facilitateurs. Plus généralement, nous organisons également des<br />

rencontres et des séminaires pour promouvoir la responsabilité<br />

sociale au sein de l’entreprise. ■<br />

Pour tout renseignement:<br />

WholeBeauty SA – Chemin de Terre Bonne 1 – 1262 Eysins<br />

Tél. 022 362 51 88 – www.wholebeauty.ch<br />

43


DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

44<br />

GEORGES KERN: «IWC SE<br />

CONCENTRE SUR SES FONDAMENTAUX»<br />

Le patron de la manufacture la plus orientale de Suisse revient brièvement<br />

sur l’année 2009, commente la stratégie de la marque et insiste sur ses engagements en matière de développement<br />

durable et de responsabilité sociale. Propos recueillis par Thierry Brandt<br />

REVENONS SUR L’ANNÉE 2009.<br />

VOUS AVEZ RÉGULIÈREMENT<br />

AFFIRMÉ QU’IWC S’EN ÉTAIT MIEUX TIRÉE QUE LES AUTRES. CES<br />

PRÉVISIONS SONT-ELLES CONFIRMÉES AUJOURD’HUI PAR LES<br />

CHIFFRES? Chez IWC, notre objectif a toujours été de surperformer<br />

quand les marchés s’envolent et de mieux résister que les<br />

autres quand ils stagnent. En 2009, même si nous avons<br />

souffert comme les autres, nous avons réussi notre pari et nous<br />

n’avons jamais été dans la situation de devoir licencier.<br />

QUELLES SONT LES LEÇONS À TIRER DE LA CRISE? EST-ELLE EN<br />

TRAIN DE GÉNÉRER DE NOUVELLES HABITUDES DE CONSOMMA-<br />

TION? Si la marque résiste mieux, c’est parce qu’elle dispose<br />

d’une longue histoire et qu’elle défend de vraies valeurs<br />

horlogères. Ce sont des choses qui parlent aux clients qui,<br />

aujourd’hui, n’achètent plus comme autrefois. Désormais, l’acte<br />

d’achat est plus réfléchi. Les gens s’informent en amont et ne<br />

veulent plus prendre de risque, a fortiori quand ils sont intéressés<br />

par une belle montre. Donc, ils se replient volontiers sur des<br />

valeurs sûres.<br />

Georges Kern, un patron de la nouvelle génération pour qui le développement<br />

durable n’est pas qu’une formule de marketing.<br />

PRÉCISÉMENT, CÔTÉ PRODUITS,<br />

QUELS SONT CEUX QUI ONT MIEUX<br />

RÉSISTÉ À LA CRISE? Ceux qui appartiennent aux collections<br />

classiques comme la Portugaise, la Pilote ou la Portofino. Quant<br />

à l’Aquatimer, que nous venions de restyler, elle est arrivée au<br />

bon moment. Bref, nous avons bien fait de ne pas nous<br />

aventurer sur des terrains qui n’étaient pas les nôtres, de<br />

résister aux sirènes du bling-bling et de nous concentrer sur<br />

nos fondamentaux. Cette gamme solide et variée nous permet<br />

d’aller sur de nouveaux segments et de moduler notre offre en<br />

fonction des pays et des marchés.<br />

QUELLES SONT LES PERSPECTIVES POUR 2010 ET LES ANNÉES<br />

SUIVANTES? IWC VA-T-ELLE CONTINUER DE SE DÉVELOPPER? LA<br />

GAMME DES PRODUITS VA-T-ELLE S’ÉTOFFER? EXISTE-T-IL DES<br />

NOUVEAUX SEGMENTS À OCCUPER? Première chose: dans le<br />

segment de la haute horlogerie, nous allons poursuivre notre<br />

politique de développement de nos propres mouvements. Pour<br />

les produits d’entrée de gamme, nous allons bien entendu continuer<br />

de travailler avec ETA. Dans le domaine, on ne peut pas


faire mieux. Dans l’ensemble, nous cherchons à consolider<br />

notre héritage, en essayant de surprendre avec ce qui existe<br />

déjà. Comme dans l’automobile, tous les quatre ou cinq ans,<br />

nous faisons évoluer l’une ou l’autre de nos collections.<br />

PRÈS DE 40 MILLIONS ONT ÉTÉ INVESTIS DANS LA TRANSFOR-<br />

MATION DE LA MANUFACTURE DE SCHAFFHOUSE. D’AUTRES<br />

INVESTISSEMENTS ONT-ILS ÉTÉ PLANIFIÉS EN LA MATIÈRE?<br />

Notre but n’est pas de nous lancer dans une course folle à<br />

la croissance et au prestige. Ce que nous allons faire prochainement,<br />

c’est agrandir le service après-vente et transférer une<br />

partie de la production dans des locaux que nous venons de<br />

racheter, non loin de notre usine mère.<br />

CÔTÉ MARCHÉ ET DISTRIBUTION, IWC VA-T-ELLE POURSUIVRE<br />

SA POLITIQUE D’OUVERTURE DE FLAGSHIP STORES, COMME À<br />

HONGKONG? C’est la voie stratégique que nous avons choisie<br />

notamment en Asie, là où le réseau des détaillants n’est pas<br />

suffisamment structuré. En Europe, nous continuons de<br />

travailler avec notre réseau habituel. Les boutiques propres<br />

coûtent relativement cher, mais elles nous permettent de<br />

raconter notre histoire et de mettre en scène l’univers que nous<br />

avons choisi. On les utilise à la fois comme plateformes<br />

commerciales et de communication.<br />

IWC COMMUNIQUE BEAUCOUP SUR SON ENGAGEMENT DANS LE<br />

DÉVELOPPEMENT DURABLE (FONDATIONS COUSTEAU ET<br />

CHARLES DARWIN, PROJET PLASTIKI, LAUREUS, ETC.) LA CRISE<br />

A-T-ELLE MIS UN FREIN À CET ENGAGEMENT? Pour nous, il<br />

s’agit d’un engagement fondamental, pas simplement d’un outil<br />

A Schaffhouse, au bord du Rhin, la manufacture IWC, entièrement rénovée,<br />

est un des plus belles de Suisse.<br />

de marketing. Notre objectif est vraiment de travailler dans la<br />

durée et de défendre des projets importants. Nous cherchons à<br />

privilégier des aventures à la fois humaines et technologiques.<br />

Je trouve qu’il est beaucoup plus intéressant de fonctionner<br />

comme cela que de payer très cher pour coller un logo sur le<br />

casque d’un pilote de Formule 1. Je sais bien que nous n’allons<br />

pas sauver le monde et que notre premier souci est tout de<br />

même de vendre des montres, mais nous essayons de faire au<br />

mieux dans le contexte qui est le nôtre et dans notre sphère<br />

d’influence, en apportant un peu de rêve, en mettant en valeur<br />

des projets intelligents.<br />

VOUS INSISTEZ RÉGULIÈREMENT SUR LE RÔLE SOCIAL DE<br />

L’ENTREPRISE. QU’EST-CE QUE TOUT CELA A À VOIR AVEC LE<br />

BUSINESS? Je crois que toute société sérieuse doit travailler à<br />

sa responsabilité civile et sociale. Par exemple, nous avons fait<br />

en sorte que nos bâtiments respectent un bilan neutre en CO2. Nous calculons le coût énergétique de toutes nos activités, de<br />

nos déplacements, du chauffage. Et, le cas échéant, nous<br />

achetons des certificats pour compenser de trop grandes<br />

dépenses énergétiques. En interne, c’est une source de motivation<br />

et de fierté importante pour tous les collaborateurs, qui<br />

doivent trouver chez nous les meilleures conditions de travail<br />

possible. C’est enrichissant pour tout le monde. Là de nouveau,<br />

nous essayons de faire le maximum dans notre sphère<br />

d’influence. Je pense que tôt ou tard, toutes les entreprises<br />

devront tendre à ce genre de modèle. Si elles ne le font pas<br />

d’elles-mêmes, elles seront de toute façon condamnées à subir<br />

d’énormes pressions extérieures. ■<br />

Voir également les nouveautés IWC en page suivante.<br />

45


DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

46<br />

2010, ANNÉE DE LA PORTUGAISE<br />

C’est l’une des collections phares d’IWC, née à la fin des années 30 à la suite<br />

d’une commande de deux importateurs portugais. Dans la livraison 2010, une gamme qui va d’un chrono simple et<br />

élégant à une série de grandes complications (tourbillons), en passant par un quantième perpétuel et une répétition<br />

minutes. Par Thierry Brandt<br />

Comment naissent les grandes<br />

collections et quels sont les<br />

facteurs qui font que tel ou tel<br />

modèle accède au rang de classique<br />

intemporel, voire même d’icône? La<br />

conception et la fiabilité du mouvement?<br />

Oui. La beauté d’une forme, d’un galbe?<br />

Certainement. Le choix des matériaux?<br />

Bien sûr. La qualité des finitions et des<br />

terminaisons? Evidemment. Mais il y a<br />

chaque année des dizaines de modèles<br />

qui répondent à ces critères que l’on peut<br />

qualifier d’objectifs. Restent ceux qui<br />

échappent à l’analyse la plus exhaustive<br />

et qui tiennent à l’histoire, à l’émotion, à<br />

tous ces petits détails qui échappent<br />

inévitablement à ses concepteurs.<br />

Le Yacht Club Chronographe Flyback.<br />

Chez IWC, la fameuse gamme des<br />

Portugaise est née à la fin des années 30,<br />

à la suite d’une commande de deux<br />

importateurs de Lisbonne et de Porto,<br />

désireux d’obtenir des instruments de<br />

mesure de grande taille, portables au<br />

poignet, fiables et précis. La manufacture<br />

de Schaffhouse répondit à la demande en<br />

dotant ses nouveaux garde-temps de<br />

mouvements de montres de poche.<br />

Depuis, la famille, toujours vaillante, a<br />

généré de nombreux héritiers, tout en<br />

conservant ses principaux codes originels,<br />

comme les boîtiers ronds, classiques<br />

et élégants, de grande dimension, et des<br />

cadrans très ouverts afin de faciliter la<br />

lecture de l’heure.<br />

Difficile de faire son choix parmi les neuf<br />

références 2010 de la collection… Mais<br />

on mettra tout de même en avant, de<br />

manière purement subjective, le Yacht<br />

Club Chronographe Flyback qui, pour la<br />

petite histoire, est la seule pièce de la<br />

famille à posséder des aiguilles et des<br />

index lumineux.<br />

Quant à la Grande Complication, c’est un<br />

des musts du genre. Limité à 50 exemplaires,<br />

le modèle (chrono automatique)<br />

en impose avec son diamètre de 45 mm,<br />

mais sans tapage et dans une belle<br />

élégance. Il vaut évidemment aussi pour<br />

sa technicité: quantième perpétuel,<br />

phases de lune, petite seconde avec<br />

mécanisme d’arrêt, répétition minutes, en<br />

plus des fonctions traditionnelles.<br />

Le Tourbillon Mystère Rétrograde.<br />

Last but not least, le Tourbillon Mystère<br />

Rétrograde, qu’on ne peut passer sous<br />

silence en raison de son magnifique<br />

cadran blanc (ou gris perle). Lequel possède<br />

un tourbillon minute placé à midi<br />

(une sorte de «douze vivant», comme on<br />

aime à dire à Schaffhouse), une réserve<br />

de marche de sept jours et un affichage<br />

rétrograde de la date. Le tout placé dans<br />

un généreux boîtier de 44,2 mm. ■<br />

La Grande Complication.


DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

48<br />

LE BÂTIMENT MODÈLE<br />

D’AGENHOR: UNE SACRÉE COMPLICATION<br />

Tandis qu’un vent de bonne conscience environnementale souffle sur<br />

l’horlogerie, certains ont une longueur d’avance. Jean-Marc Wiederrecht s’illustre en dehors du cadre des<br />

complications horlogères. Par Joël A. Grandjean / TàG Press +41<br />

environnementale<br />

occupe la pensée ambiante,<br />

L’éthique<br />

même dans le monde du luxe. Nombre de marques<br />

exploitent le filon sur le plan de leur communication, brandissant<br />

leurs louables efforts. Ici un label Minergie, là une visite de<br />

manufacture où s’énumèrent, à force de détails techniques, les<br />

avancées significatives, les récupérations et économies d’énergie<br />

réalisées. Jean-Marc Wiederrecht, principalement connu en<br />

horlogerie pour être un maître ès complications, devient aussi,<br />

dans le monde de la construction architecturale, une référence<br />

citée.<br />

LE W-ZÉRO CO 2<br />

, NOUVELLE NORME? Avoir de la suite dans les<br />

idées. Le Chaux-de-Fonnier d’origine est depuis longtemps<br />

sensible au respect de l’environnement. L’histoire commence par<br />

le sujet du master de son fils Nicolas, au sortir de sa formation<br />

universitaire HEC. L’élève planche sur les solutions qui permettraient<br />

à Agenhor – Atelier genevois d’horlogerie, l’entreprise<br />

familiale qu’il s’apprête à rejoindre, de réussir sa mue. Car à<br />

Bernex, où elle est domiciliée, et même avec la volonté de rester<br />

une société à taille humaine, tout est devenu trop petit. Tous les<br />

scénarios sont envisagés. Déménager, louer, réaménager?…<br />

A Meyrin (GE), le bâtiment d’Agenhor se veut un modèle du genre:<br />

le développement durable appliqué à l’architecture<br />

et au fonctionnement de tous les services.<br />

Finalement, un budget «construction»<br />

est arrêté. La chance veut qu’un<br />

terrain à bâtir se présente à Meyrin. C’est alors que les choses<br />

se compliquent. Papa Wiederrecht ressasse depuis toujours le<br />

rêve utopique de bâtir une usine qui n’ait aucun impact sur<br />

l’environnement. Zéro émission de CO2, rien de moins. Il va<br />

sans dire qu’un tel leitmotiv engendre des contraintes et écarte<br />

d’emblée les options architecturales. Le nouveau bâtiment et ses<br />

habitants devront donc produire au moins autant d’énergie<br />

qu’ils en consomment. Qui dit «au moins» sous-entend même<br />

qu’ils pourraient en produire plus que nécessaire! Naîtrait alors<br />

une nouvelle notion, celle des «charges négatives». Autrement<br />

dit, un bâtiment qui pourrait même reverser de l’énergie à la<br />

communauté.<br />

Longuement ruminée par Jean-Marc Wiederrecht, l’idée est,<br />

selon lui, une question de bon sens: construire des dalles<br />

supérieures de plus grande taille que le bâtiment, comme des<br />

«casquettes», doit permettre, en hiver, de faire pénétrer le soleil<br />

par les surfaces vitrées, apportant sa contribution au chauffage<br />

intérieur. Ces mêmes dalles, en été, pourraient «briser les<br />

rayons», les empêchant de taper sur les façades. Autre contrainte<br />

revendiquée: se passer d’énergie fossile. Ni pétrole ni gaz. Reste


la pompe à chaleur, puisant les calories<br />

dans le sol. Deux puits de 140 m de<br />

profondeur sont creusés. A ce niveau<br />

souterrain, la température est constante,<br />

à 12° C environ. Un fluide caloporteur<br />

(de l’eau et de l’alcool pour faire simple)<br />

transporte les calories supplémentaires<br />

(l’hiver, l’air est plus frais) et les stocke<br />

au sortir d’un processus mêlant dilatation<br />

et pression, jusqu’à obtenir une eau<br />

à 30° C, laquelle infiltrera alors la tuyauterie<br />

du chauffage au sol.<br />

SOLAIRE ET SOIN DU DÉTAIL Si extraire et<br />

faire circuler ce liquide requiert tout de<br />

même une certaine consommation<br />

d’électricité, celle-ci est quatre à cinq fois<br />

inférieure aux besoins normaux. Là où<br />

100 unités électriques auraient été<br />

nécessaires, seules 20 suffiront. La<br />

prochaine étape, autre phase d’investissement,<br />

sera l’installation de panneaux<br />

solaires. Les prévisions sont mesurables:<br />

avec 200 m2 de panneaux, on répondra<br />

aux 30 000 kWh nécessaires au fonctionnement<br />

de l’ensemble du bâtiment,<br />

ordinateurs, éclairages et machines compris.<br />

Comme dans l’horlogerie, tout est dans le<br />

détail, le «mieux que nécessaire» ou le<br />

réglage. Ici, l’isolation entoure même le<br />

sous-sol. La masse des dalles en béton a<br />

été augmentée, rendant optimales leur<br />

inertie et leur capacité de réfraction.<br />

Tantôt restituent-elles la chaleur, tantôt<br />

la fraîcheur. L’été, un ingénieux système<br />

d’aération permet à l’air frais nocturne de<br />

circuler, toutes fenêtres ouvertes et, le<br />

jour venu, de rester prisonnier des<br />

volumes. L’effet thermos! Les fameuses<br />

«casquettes» protègent les vitres closes et<br />

hermétiques du soleil tapant.<br />

LA FABRIQUE AGENHOR EN QUELQUES LIGNES<br />

– ARCHITECTE: VINCENT ROESTI<br />

– CÔTÉ MATÉRIAUX, LA SIMPLICITÉ: LE BÉTON ET BEAUCOUP D’ISOLANTS<br />

– TROIS NIVEAUX (SOUS-SOL, REZ-DE-CHAUSSÉE, 1ER ÉTAGE)<br />

POUR ENVIRON 450 M2 ET 4000 M3 - APRÈS L’HIVER RIGOUREUX 2009-2010, LA CONSOMMATION DE<br />

LA PREMIÈRE ANNÉE EST DE 30 000 KWH. ■<br />

Jean-Marc Wiederrecht s’illustre non seulement<br />

pour ses mouvements d’exception mais aussi pour<br />

sa démarche écologique.<br />

Les horlogers, épargnés par une luminosité<br />

trop directe, ont été placés au nord,<br />

les services administratifs au sud. Entre<br />

deux, le passage doit son éclairage à un<br />

«solar dôme» posé sur le toit: ses ramifications<br />

réfléchissantes en forme de<br />

conduits transportent une lumière<br />

totalement exempte de consommation<br />

électrique. Le reste des luminaires, à très<br />

basse consommation, se règle en fonction<br />

de la luminosité.<br />

Jean-Marc Wiederrecht ne voulait pas de<br />

climatisation; il voulait pouvoir ouvrir<br />

les fenêtres, pour entendre l’eau couler<br />

– une marre a été creusée – et les oiseaux<br />

chanter. Utopique? Grâce à son usine<br />

laboratoire, à son écobilan positif et aux<br />

«charges négatives», il démontre que le<br />

respect de l’environnement est un modèle<br />

économique viable. D’ailleurs, son<br />

bâtiment pourrait même lui rapporter de<br />

l’argent, puisque les SIG, fournisseur<br />

officiel genevois d’électricité, rachètent à<br />

bon prix tout surplus d’énergie renouvelable<br />

produit par des particuliers… ■<br />

49


DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

50<br />

LA MANUFACTURE HARRY<br />

WINSTON: UN JOYAU EN DEVENIR<br />

Frédéric de Narp, nommé président et CEO d’Harry Winston en janvier dernier,<br />

a déjà solidement tracé la stratégie de la marque et clairement placé les objectifs qui devraient mener les activités<br />

joaillières et horlogères vers de grands développements à l’horizon 2015. Par Cristina d’Agostino<br />

de la manufacture Harry Winston de Planles-Ouates<br />

tranche avec le cadre très industriel des<br />

L’architecture<br />

environs. Pourtant faite de verre, de bois et de marbre,<br />

inaugurée il y a seulement trois ans, elle possède une<br />

singularité, une certaine patine qui se dégage à l’identique de<br />

l’espace Harry Winston à Baselworld. Certainement la résultante<br />

d’une adéquation réussie de matériaux nobles. Et, en résumé, le<br />

credo même de la marque – savoir allier le diamant, le<br />

platine ou le zalium – pour n’en offrir que d’exclusives<br />

interprétations. Visite guidée.<br />

Divisée en deux blocs reliés par une passerelle, la manufacture<br />

Harry Winston développe à l’interne quelques étapes importantes<br />

du processus de production et le potentiel d’en intégrer<br />

quelques-unes de plus. En enfilade, les départements se suivent.<br />

Une équipe créative, en place depuis trois ans et dirigée par<br />

Marie-Laure Cerede, est dédiée au dessin des parures joaillières<br />

comme des modèles horlogers. Un département technique,<br />

principalement occupé à la construction de l’habillage, est<br />

Dans la zone industrielle de Plan-les-Ouates, l’architecture du bâtiment<br />

de Harry Winston tranche assurément.<br />

composé également d’un ingénieur mouvement, concentré<br />

exclusivement sur le développement de modules additionnels<br />

(même si, pour l’heure, 80% d’entre eux proviennent d’Agenhor)<br />

et de deux ateliers d’horlogerie, où une vingtaine d’horlogers


travaillent à l’assemblage des sept modules de la marque, à<br />

l’emboîtage et au service après-vente. Un parc de cinq<br />

machines CNC dernier cri, devenu indispensable à la maîtrise<br />

des codes stylistiques de la marque, est aujourd’hui le lieu<br />

d’usinage de tous les boîtiers (à l’exception encore de ceux en<br />

zalium) et des bracelets de la marque. Et pour terminer,<br />

incontournables, un atelier de sertissage et un laboratoire de<br />

gemmologie, savoir-faire et réputation obligent. En tout,<br />

116 personnes travaillent au quotidien dans l’entreprise de<br />

Plan-les-Ouates. Une manufacture dirigée depuis deux ans par<br />

Didier Decker, dont la position récemment confortée le place à<br />

la vice-présidence d’Harry Winston Manufacture.<br />

Au vu des derniers développements de modules et de<br />

mouvements entrepris en collaboration avec des horlogers<br />

reconnus et le souhait de voir la production doubler d’ici cinq<br />

ans, le potentiel de la manufacture reste vaste. A quand un<br />

mouvement Harry Winston intégré? La question pourrait être<br />

d’actualité plus vite qu’on le croit.<br />

INTERVIEW, DE NEW YORK, DE<br />

FRÉDÉRIC DE NARP, PRÉSIDENT ET CEO<br />

D’HARRY WINSTON<br />

QUE REPRÉSENTE HARRY WINSTON POUR VOUS? La marque<br />

représente à mes yeux l’ultime expression de l’exclusivité et de<br />

la rareté. C’est une histoire magique en laquelle les gens croient.<br />

Lorsque je vais voir nos clients, je me rends compte du sens<br />

donné à Harry Winston, avant tout choisie pour célébrer les<br />

moments importants de leur vie.<br />

Le potentiel de développement de la manufacture est vaste.<br />

Frédéric de Narp, frais émoulu CEO d’Harry Winston,<br />

prévoit d’importantes évolutions à l’horizon 2015.<br />

QUELS EN SONT LES POINTS FORTS? L’élément essentiel, celui<br />

qui fait la force d’Harry Winston, est d’avoir su ne jamais se<br />

compromettre et de toujours rester fidèle au credo de son<br />

fondateur: créer uniquement l’exceptionnel.<br />

VOUS AVEZ LONGTEMPS TRAVAILLÉ POUR CARTIER.<br />

AUJOURD’HUI, VOUS DIRIGEZ HARRY WINSTON. QU’EST-CE QUI<br />

DIFFÉRENCIE FONDAMENTALEMENT LES DEUX MARQUES?<br />

Cartier est le joaillier le plus large au monde et Harry Winston le<br />

plus exclusif. C’est une différence fondamentale. Harry Winston<br />

travaille la série limitée, la pierre précieuse ou un mouvement<br />

exceptionnel pour n’en proposer que quelques exemplaires<br />

uniques ou, tout au plus, une centaine de déclinaisons. Et cette<br />

exclusivité en tout point a permis à Harry Winston, marque de<br />

haute horlogerie, de gagner le cœur des collectionneurs, qui,<br />

aujourd’hui, l’estiment en tant que telle. En vingt ans, Harry<br />

Winston a réussi à se positionner dans le domaine quand<br />

d’autres ont mis 250 ans à le faire. Grâce à des concepts très forts<br />

comme l’Opus ou le zalium, le temps agit en notre faveur.<br />

51


DÉVELOPPEMENTDURABLE<br />

52<br />

ET LES AMÉLIORATIONS À APPORTER?<br />

Le positionnement de niche d’Harry<br />

Winston a aussi pour conséquence de ne<br />

lui concéder qu’une présence confidentielle<br />

sur les marchés. Il faut porter<br />

la marque vers les clients qui ont le<br />

goût pour l’excellence sans limite.<br />

Aujourd’hui, Harry Winston est bien<br />

implantée aux Etats-Unis, au Japon et<br />

au Moyen-Orient, mais il reste encore<br />

fort à faire ailleurs dans le monde, et<br />

particulièrement en Asie, en Chine bien<br />

évidemment, mais également en Europe.<br />

Il y a encore beaucoup de terrains<br />

vierges. En résumé, il faut maintenant<br />

lui apporter un management plus global<br />

et vraiment international.<br />

AVEC QUELLE STRATÉGIE? Toujours en<br />

choisissant les détaillants les plus exclusifs<br />

dans les villes à grand potentiel. Le<br />

développement doit se faire autant en<br />

termes de «retail» qu’en termes de<br />

«wholesale», qui, chez Harry Winston,<br />

est resté assez limité jusqu’à aujourd’hui.<br />

Nous avons un réseau de 250 points de<br />

vente dans le monde et nous comptons<br />

en ouvrir d’autres. En joaillerie également,<br />

avec 19 magasins actuellement et<br />

un vingtième qui va ouvrir ses portes en<br />

Russie très bientôt, nous ne couvrons<br />

pas la demande et le potentiel d’une<br />

clientèle qui a les moyens. Les Chinois<br />

comprennent la marque et nous le montrent,<br />

c’est la raison pour laquelle d’autres<br />

magasins sont prévus dans le pays, mais<br />

également au Japon, où la marque est<br />

installée depuis cinquante ans et où il<br />

reste un fort potentiel de développement.<br />

A ce titre, au Japon, Harry Winston a été<br />

une des seules marques dans l’univers<br />

du luxe à avoir connu, en 2009, un<br />

exercice positif par rapport à l’année<br />

précédente.<br />

LE PORTEFEUILLE DE COMMANDES EN<br />

HAUTE JOAILLERIE EST EN TRAIN DE<br />

REPRENDRE DE LA VIGUEUR SUR LE<br />

MARCHÉ AMÉRICAIN, SELON VOS DIRES.<br />

QU’EN EST-IL DU PORTEFEUILLE DES<br />

COMMANDES EN HORLOGERIE APRÈS<br />

BÂLE? Le portefeuille de commandes en<br />

joaillerie a été exceptionnel aux Etats-<br />

Unis, mais cela s’est également vérifié en<br />

Russie, en Asie et au Moyen-Orient.<br />

Cela répond à cette quête d’unicité et<br />

d’authenticité que la marque offre. Les<br />

clients voient aujourd’hui dans le joyau<br />

une dimension d’investissement, relativement<br />

nouvelle mais propre à l’époque<br />

actuelle. Dans l’horlogerie, nous avons<br />

eu un très bon Bâle. L’Opus X, cette<br />

année particulièrement portable, a<br />

beaucoup plu, tout comme la collection<br />

alarme en zalium, une montre plus<br />

accessible qui plaît énormément. Le<br />

portefeuille nous laisse présager de<br />

bonnes choses.<br />

QUELLES SONT LES PERSPECTIVES DE<br />

DÉVELOPPEMENT D’ICI À CINQ ANS?<br />

Harry Winston pourrait se permettre<br />

d’être un peu plus accessible en horlogerie,<br />

tout en demeurant la marque la<br />

plus exclusive au monde, mais sans<br />

forcément garder son prix moyen actuel<br />

Vue des ateliers ultramodernes installés à Plan-les-Ouates (GE).<br />

qui est de 40 000 dollars. Et donc<br />

d’orchestrer un vrai développement et ne<br />

pas se contenter de quelques milliers de<br />

montres. Dans la joaillerie, l’extraordinaire<br />

début d’année enregistré dans le<br />

domaine nous rappelle qu’il y a une<br />

véritable demande. Il ne faut pas oublier<br />

que nous sommes le joaillier du diamant<br />

par excellence, car des pierres historiques,<br />

comme le diamant Lesotho, ont<br />

été taillées par Harry Winston. Il y a de<br />

l’espace sur tous les segments des<br />

métiers que nous connaissons et pour<br />

lesquels nous possédons un vrai savoirfaire,<br />

tant au niveau de l’horlogerie, avec<br />

la manufacture en Suisse, qu’au niveau<br />

de la joaillerie à New York. C’est à moi<br />

de faire le pont entre les deux langages.<br />

LA MANUFACTURE VA-T-ELLE S’AGRAN-<br />

DIR? Nous sommes très fiers de cette<br />

manufacture récente, mise en place pour<br />

être capable d’absorber une augmentation<br />

du volume des montres, même si<br />

nous n’irons jamais au-delà de 15 000 à<br />

20 000 pièces. Le but est de rester<br />

l’horloger de l’exceptionnel. ■


SALON EPHJ-EPMT:<br />

PRUDENCE SUR LE FRONT DE LA SOUS-TRAITANCE<br />

Début juin à Lausanne, le rendez-vous des fournisseurs de l’horlogerie s’est<br />

terminé sur une note plutôt positive. Globalement, les affaires reprennent timidement. Quant au potentiel créatif des<br />

entreprises, il est intact. Exemples. Par Thierry Brandt<br />

Contre mauvaise fortune, bon<br />

cœur. C’est la devise de tous les<br />

sous-traitants de l’horlogerie qui,<br />

avec le temps, ont appris à composer<br />

avec les crises successives. Celle qui a<br />

durement frappé le secteur en 2009 est<br />

encore bien présente, même si les signes<br />

de reprise sont patents: «Je crois qu’on<br />

peut dire maintenant qu’on a touché le<br />

fond. L’ambiance est bien meilleure que<br />

l’année dernière. Cela dit, le secteur n’est<br />

pas complètement tiré d’affaire. Compte<br />

tenu de l’inertie inhérente aux processus<br />

de production, le redémarrage ne va<br />

se faire en quelques jours», analyse<br />

André Colard, l’un des organisateurs<br />

du salon EPHJ-EPMT (Environnement<br />

professionnel horlogerie et joaillerie –<br />

Environnement professionnel microtechnologies).<br />

De Genève à Granges, dans l’Arc jurassien,<br />

le taux de chômage des entreprises<br />

du secteur demeure très élevé, à 10,8%<br />

(près de trois fois la moyenne nationale).<br />

Encore aujourd’hui, beaucoup d’entre<br />

elles fonctionnent toujours avec des<br />

mesures de chômage partiel ou s’apprêtent<br />

seulement à les supprimer. Pour tenir<br />

le coup, certaines avouent accepter des<br />

travaux moins valorisants et moins<br />

bien payés. «Cela dit, argumente André<br />

Colard, la sous-traitance a désormais<br />

beaucoup mûri. L’une des forces de ces<br />

petites et moyennes entreprises, c’est leur<br />

réactivité. Elles ont souvent des patrons<br />

qui ont appris à se mouiller. Elles peuvent<br />

également se montrer très créatives»,<br />

conclut-il. ■<br />

L’ART DE GRAVER LE CAOUTCHOUC<br />

EXEMPLE DU DYNAMISME ET DE LA CRÉATIVITÉ DE CERTAINS EN MATIÈRE D’HABILLAGE:<br />

LA COLLABORATION ENTRE AJS PRODUCTION, À PORRENTRUY, ET VALIANCE, À BIENNE.<br />

LA PREMIÈRE EST ACTIVE DANS LA CONCEPTION ET LA PRODUCTION DE COMPOSANTS<br />

HORLOGERS, LA SECONDE DANS LE MOULAGE ET LE SURMOULAGE DE BRACELETS EN<br />

CAOUTCHOUC. LES DEUX ENTREPRISES ONT MIS AU POINT UN PROCESSUS DE GRAVURE<br />

DU CAOUTCHOUC PAR LASER, QUI PERMET DÉSORMAIS PRESQUE TOUTES LES FANTAI-<br />

SIES AVEC UN DEGRÉ DE PRÉCISION ET DE FINITION REMARQUABLE. UNE IDÉE APPA-<br />

REMMENT SIMPLE MAIS PAS SI FACILE QUE CELA À DÉVELOPPER… «AU DÉBUT, NOUS<br />

AVONS ESSAYÉ TOUTES SORTES DE CHOSES, MAIS AVEC LA CHALEUR DU LASER, NOUS<br />

AVONS BOUSILLÉ TOUTE LA MATIÈRE. ET UN JOUR, NOUS AVONS EU L’IDÉE DE CONGE-<br />

LER LE CAOUTCHOUC AU MOMENT DE LA GRAVURE. EURÊKA! CELA A TRÈS BIEN FONC-<br />

TIONNÉ ET, DU COUP, NOUS AVONS BREVETÉ NOTRE PROCÉDÉ», RACONTENT ANDRÉ ET<br />

ANTHONY SAUNIER, D’AJS PRODUCTION, TOUT FIERS D’UNE TROUVAILLE QUI<br />

A RAPIDEMENT FAIT LE TOUR DU SALON<br />

LAUSANNOIS. GAGEONS QUE LEUR<br />

TECHNIQUE VA TRÈS VITE INTÉ-<br />

RESSER UN GRAND NOMBRE<br />

DE MARQUES… ■<br />

EPHJ-EPMT<br />

53


FOCUSHEURE<br />

54<br />

MARVIN SANS COMPLEXE<br />

Depuis que Cécile et Jean-Daniel Maye ont racheté cette entreprise<br />

neuchâteloise moribonde, il souffle un petit air printanier et très agréable sur Marvin. La maison est petite, mais<br />

ambitieuse et, surtout, décomplexée. Par Thierry Brandt<br />

Allez faire un petit tour sur le site internet de la marque<br />

(www.marvinwatches.com) et vous verrez tout de suite<br />

de quoi il en retourne. Il y est, bien sûr, question de<br />

montres et de collections, mais de plein d’autres choses aussi.<br />

Vous pourrez, par exemple, tester votre humeur ou alors découvrir<br />

la vie de ceux qui «font partie de la famille», autrement dit<br />

ceux qui ont acheté une montre comme Kevin et Francis<br />

Mitchell de Dundee, en Ecosse. Bref, c’est décontracté, original<br />

et vivant, comme sur les meilleurs sites communautaires dont<br />

celui-ci est clairement inspiré. Et ce n’est pas tout: d’ici peu, les<br />

clients pourront utiliser les services d’une e-boutique pour<br />

passer commande. Tant qu’on y est et qu’on est une marque en<br />

pleine renaissance, branchée sur la modernité, autant utiliser<br />

Cette esquisse donne une idée de ce que sera le chrono Sébastien Loeb chez Marvin.<br />

En bas, le régulateur de la nouvelle collection Malton.<br />

toutes les possibilités qu’offre le Net. «C’est comme cela que<br />

nous voyons notre marque, classique mais moderne, avec des<br />

côtés surprenants et décalés. Nous ne cherchons pas à nous<br />

positionner en fonction des concurrents mais en étant nousmêmes»,<br />

résume la vibrionnante Cécile Maye.<br />

Bref, pour faire une comparaison audacieuse, Marvin voudrait<br />

être un peu à l’horlogerie ce que Mac et Apple sont à l’informatique.<br />

«J’aime bien cette image, mais je l’emploie en toute<br />

modestie. Effectivement, Apple ne détient peut-être que 6% du<br />

marché des ordinateurs mais joue un rôle de leader, de prescripteur»,<br />

confie Cécile Maye.<br />

Ce que l’on note également d’emblée chez Marvin, c’est la<br />

cohérence des collections et leur déclinaison aussi bien dans le<br />

quartz que dans le mécanique – avec des mouvements ETA,<br />

Ronda et Sellita –, et toujours dans une gamme de prix soigneusement<br />

étudiée. La marque est clairement positionnée dans le<br />

segment moyen, avec des prix s’échelonnant de 540 francs,<br />

pour les modèles quartz, à 3500 francs pour les automatiques.<br />

«Aujourd’hui, il y a autant de gens qui veulent du quartz que<br />

du mécanique. J’en ai marre de ces terroristes qui nous<br />

condamnent a priori parce que nous ne serions pas des<br />

horlogers. C’est absurde et cela ne correspond à plus rien! Nous,<br />

nous voulons que chacun puisse se faire plaisir en achetant une<br />

Marvin, quelle qu’elle soit. Et nous nous attachons à ce qu’elles<br />

soient aussi belles et bien terminées les unes que les autres»,<br />

poursuit Cécile Maye.<br />

L’un des grands coups de l’année 2010, c’est l’arrivée dans<br />

l’équipe, en tant que consultant, d’un autre personnage<br />

bouillonnant de l’horlogerie suisse, Jean-François Ruchonnet<br />

himself. Lequel, avec le concours du designer Sébastien Perret,<br />

a supervisé la conception de la collection Malton. Une vraie<br />

réussite, il faut le dire. C’est également lui qui a permis à Cécile<br />

et Jean-Daniel Maye de rencontrer Sébastien Loeb, sextuple<br />

champion du monde de rallye WRC. Lequel aura bientôt son<br />

propre chrono chez Marvin. Ce sera, à n’en pas douter, le hit de<br />

l’automne. D’autant que la pièce, que nous avons découverte<br />

sous forme d’esquisse, s’annonce super bien lookée: vive,<br />

sportive mais sans fioritures.<br />

Forte de tous ces éléments positifs,<br />

Marvin, qui fête cette année son<br />

150e anniversaire, peut<br />

partir à la conquête du<br />

monde à fond la<br />

caisse. ■


ATLANTIC, UNE ALERTE<br />

CENTENAIRE SI MAL CONNUE EN SUISSE<br />

La marque de Lengnau (SO), qui produit quelque 80 000 pièces par année, très<br />

active en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, n’est quasiment pas présente sur le marché intérieur. Le point avec son<br />

président, Jürg Bohne. Par Thierry Brandt<br />

Jürg Bohne, patron d’une marque méconnue<br />

en Suisse alors qu’elle produit tout de même<br />

quelque 80 000 montres par année.<br />

Comme Titoni, Atlantic appartient<br />

au club de ces très anciennes<br />

marques helvétiques qui sont<br />

presque inconnues sur leur propre territoire.<br />

Fondée à Bettlach en 1888 par<br />

Eduard Kummer, sous le nom d’EKB,<br />

l’entreprise soleuroise est pourtant toujours<br />

vaillante cent-vingt-deux ans après<br />

sa création, produisant chaque année<br />

quelque 80 000 montres, toutes labellisées<br />

Swiss Made, dans le segment moyen.<br />

Autrement dit, dans une fourchette de<br />

prix allant de 200 à 1000 francs. Grosso<br />

modo, elle régate donc dans la même<br />

catégorie que des géants comme Tissot<br />

ou Certina, avec des standards de qualité<br />

et de finition à peu près comparables.<br />

Atlantic se veut d’ailleurs une alternative<br />

à ces marques du groupe Swatch.<br />

Au catalogue: 13 collections et près de<br />

800 références. Impressionnant! Car ils<br />

ne sont plus très nombreux, en Suisse, les<br />

horlogers à proposer autant de modèles.<br />

Ces dernières années, la tendance a<br />

plutôt été inverse. «C’est vrai, mais nous,<br />

nous sommes de vrais généralistes. Nous<br />

nous devons d’avoir le plus de références,<br />

de variantes possible, pour pouvoir<br />

répondre à la demande des marchés»,<br />

argumente Jürg Bohne, président<br />

d’Atlantic depuis 1998. Lequel poursuit<br />

sa démonstration en ces termes: «Sur les<br />

marchés émergents, où nous sommes très<br />

présents grâce à nos prix attractifs, il y a<br />

régulièrement de nouvelles marques qui<br />

arrivent. Par conséquent, c’est aussi une<br />

manière de réagir et de démontrer que<br />

nous sommes créatifs. Chaque année,<br />

nous proposons également un “face lift”<br />

de toutes les collections.»<br />

C’est effectivement dans ce créneau-là<br />

que la concurrence est la plus vive. Il est<br />

plus facile de vendre une montre à<br />

1 million de francs que 50 000 montres à<br />

200 francs. «Pour nous, le plus dur est de<br />

conserver ce rapport qualité-prix, car<br />

Ci-dessus: Look vintage assumé pour cette Worldmaster<br />

1888 Small Second, qui renvoie à l’année de fondation<br />

d’Atlantic. Ci-dessous: Blackshark, un chrono full black<br />

au caractère sportif bien trempé.<br />

nous ne transigeons pas sur la qualité des<br />

matériaux que nous utilisons, ni sur les<br />

processus de production et encore moins<br />

sur les contrôles», souligne un Jürg<br />

Bohne qui voit cependant un joli potentiel<br />

de croissance pour la marque en Asie.<br />

«Notre positionnement est bon et nos<br />

produits plaisent là-bas. Le feed-back<br />

post-Baselworld est très positif. J’espère<br />

pouvoir ouvrir de nouveaux marchés<br />

prochainement», dit-il. Et quelle est la<br />

situation en Suisse, plus particulièrement<br />

en Suisse romande? «Je ne me fais pas<br />

beaucoup d’illusions. Ici, le marché est<br />

saturé et tellement contrôlé…» conclut le<br />

patron de la marque, dont le nom et le<br />

logo – un sextant – évoquent plus les<br />

grandes aventures maritimes que les<br />

randonnées montagnardes. Ceci explique<br />

peut-être cela. ■<br />

FOCUSHEURE<br />

55


L’ART DU TEMPS: LE<br />

PROTOTYPE SERA PRÊT EN SEPTEMBRE<br />

Le tableau horloger du designer Illi et de son associé Julien Ado va bientôt<br />

passer du stade de maquette à celui de prototype. Ce devrait être chose faite en septembre. Le point avec ces deux<br />

créateurs qui vont révolutionner l’art d’afficher le temps. Propos recueillis par Thierry Brandt<br />

L’Art du Temps: le tableau horloger conçu par le designer Illi (photo du bas) est en passe de devenir réalité.<br />

C’est dans le Jura, à Saignelégier, qu’il sera élaboré.<br />

ILLI, JULIEN, ON VOUS AVAIT LAISSÉS LE<br />

PRINTEMPS DERNIER DANS VOTRE<br />

ATELIER PARISIEN AVEC UNE MAQUETTE<br />

EN CARTON DE VOTRE FUTUR TABLEAU<br />

HORLOGER. OÙ EN ÊTES-VOUS AUJOUR-<br />

D’HUI? Cette fois, nous passons à la<br />

première phase de production, avec la<br />

réalisation d’un prototype du tableau. Il<br />

devrait fonctionner en septembre.<br />

QUE VOUS DISENT LES INGÉNIEURS? Que<br />

ça devrait marcher bien sûr (rires)!<br />

Comme prévu, chaque plaque du tableau<br />

sera montée sur un petit vérin motorisé.<br />

Et le tout sera piloté par une carte mère,<br />

dont la programmation devrait tout de<br />

même prendre quelque 600 heures de<br />

travail! Le tableau devant réagir à l’activité<br />

de la pièce où il sera placé, il y aura<br />

également des capteurs de lumière, de<br />

mouvement et de son. C’est la mise au<br />

point de tous ces éléments qui nécessite la<br />

construction d’un prototype à l’échelle 1:1.<br />

POUR L’AFFICHAGE DU TEMPS PROPRE-<br />

MENT DIT, COMMENT ALLEZ-VOUS<br />

PROCÉDER? Il fonctionnera avec un<br />

système de petites plaquettes mobiles, qui<br />

seront éclairées par des LED. Nous<br />

sommes en train de créer une typographie<br />

originale pour cette partie-là.<br />

QUI A PRIS EN CHARGE LE DÉVELOPPE-<br />

MENT TECHNIQUE DU TABLEAU? C’est<br />

Fabrice Thueler, de Swiss Finest, à<br />

Saignelégier, qui s’occupe de tout depuis<br />

le début. On a cherché le meilleur et on<br />

n’est pas déçus. Au départ, il a été dur<br />

avec nous, il a placé la barre très haut, il<br />

a d’emblée mis le doigt sur les difficultés<br />

techniques. En fait, c’était sa manière à<br />

lui de nous tester, de voir s’il ne s’agissait<br />

pas simplement d’une folie de jeune<br />

designer. Finalement, quand il a compris<br />

qu’on en voulait vraiment, qu’il était<br />

question d’un projet ambitieux et à long<br />

terme, il nous a soutenus à fond.<br />

ET APRÈS, QUELLE SERA LA PROCHAINE<br />

ÉTAPE? Dès que le prototype aura validé<br />

les solutions envisagées, nous allons<br />

communiquer et lancer la commercialisation<br />

du tableau. Si nous respectons<br />

notre échéancier, les premiers exemplaires<br />

devraient être disponibles le printemps<br />

prochain.<br />

ET ENSUITE? Difficile de se projeter<br />

comme ça dans l’avenir, mais nous voudrions<br />

vraiment poursuivre notre travail<br />

et notre réflexion sur la manière de lire<br />

le temps. Au départ de tout cela, je vous<br />

le rappelle, il y avait le projet d’une<br />

montre-bracelet. Nous ne l’avons pas<br />

abandonné. Nous allons tirer parti de<br />

notre expérience pour aller dans ce sens,<br />

en tout cas vers quelque chose de plus<br />

horloger. ■<br />

www.by-illi.com<br />

DESIGNHEURE<br />

57


MANAGEHEURE<br />

58<br />

RETOUR DANS LES ANNÉES 80:<br />

UNE PENSÉE POUR LES SOUS-TRAITANTS<br />

C’est désormais certain: après l’annonce des derniers chiffres de l’association<br />

faîtière des horlogers suisses, l’éclaircie s’annonce et il faut s’en réjouir. Mais après dix-huit mois de difficultés, le réveil<br />

donne un peu le mal de tête, un peu comme une gueule de bois après la fête. Par Jean-Louis Felfli et Marco Barbera*<br />

Grâce à la nouvelle portance économique qui s’est quelque<br />

peu affermie, le nouveau paysage du monde horloger<br />

apparaît comme transformé, voire même déformé.<br />

D’autres observateurs n’iraient pas jusqu’à cette affirmation,<br />

car à l’analyse microéconomique, le maillage spécifique au<br />

monde horloger suisse semble être devenu plus clair et moins<br />

encombré. Toutefois, ce gain en netteté semble être payé par<br />

une catégorie d’acteurs bien spécifique du monde horloger.<br />

Nous ne parlons pas ici de quelques marques ou sociétés<br />

horlogères anémiques pour lesquelles la «crise» n’a fait que<br />

précipiter les choses, mais bien d’un pan entier d’acteurs sans<br />

nom ni grade que nous pouvons injustement appeler les soustraitants.<br />

Comme dans bien des cas à l’intérieur de microcosmes, la<br />

«biodiversité» horlogère a été atteinte et fragilisée dans la<br />

strate des «petits». En effet, pendant ces nombreux mois de<br />

stress horloger, les capitaines de manufactures ont dû acquérir<br />

Pour tous les sous-traitants et fournisseurs de l’horlogerie,<br />

l’après-crise est encore synonyme de gueule de bois.<br />

des réflexes de survie qui ont fait évoluer radicalement leurs<br />

biotopes. Pendant toutes ces années passées à externaliser<br />

outrancièrement de la production et du service afin d’atteindre<br />

des ratios dignes du top 100 au NASDAQ (antérieurs aux années 80),


nos capitaines ont compris que la soustraitance<br />

était une composante bien<br />

connue dans les «business plans» pour ses<br />

flexibilités financière, technique et,<br />

enfin, productique. Mais également et<br />

surtout pour sa transparence marketing<br />

et sa faible notoriété. Bref, des inconvénients<br />

qui sont de fait des avantages<br />

stratégiques pour les marques.<br />

Dans la gestion de la «crise», la compréhension<br />

de nos capitaines de «manufactures»<br />

ainsi que leur vision se sont<br />

arrêtées à la proue de leur navire. Leurs<br />

approches radicales ont remplacé un<br />

dogme par un autre, ce qui avait au<br />

moins l’avantage d’apporter quelque<br />

chose de nouveau. 2009 et 2010 sont<br />

des années marquées par le signe de la<br />

rupture avec les sous-traitants.<br />

Avec le retour du beau temps, nos<br />

capitaines relèvent la tête et changent de<br />

point de vue. L’horizon s’élargit, mais<br />

nous ne pouvons pas dire que la profondeur<br />

de vision ait véritablement changé.<br />

Entre-temps, ils auront su récompenser<br />

leurs petits sous-traitants loyaux et<br />

corvéables en les laissant mourir. Il faut<br />

toutefois relever que cette largesse,<br />

associée à des aides économiques cantonales<br />

indirectes, a permis de maintenir de<br />

justesse leur profitabilité coutumière.<br />

Bref, le bas de bilan est sauvé et il ne<br />

reste qu’à relancer la machine industrielle<br />

en faisant appel aux petites mains et aux<br />

cerveaux de la sous-traitance...<br />

Mais voilà, une grande partie des sansnom<br />

a disparu et, encore une fois, il ne<br />

reste que les grands de la sous-traitance<br />

qui appartiennent majoritairement au<br />

numéro un mondial horloger. Cette situation<br />

engendre déjà un changement dans<br />

le rapport de l’offre et de la demande,<br />

qui se traduira inévitablement par une<br />

tension entre tous les acteurs. Cette<br />

tension va d’ailleurs notablement<br />

s’amplifier, car la référence dans l’industrie<br />

horlogère a décidé de restreindre<br />

encore plus drastiquement l’accès à ses<br />

Les leçons de la crise de 2009<br />

ont-elles vraiment été tirées?<br />

mouvements et à sa technologique par<br />

des tiers. Cette décision stratégique d’affaiblir<br />

ses concurrents par leurs propres<br />

faiblesses est une approche d’entreprise<br />

qui s’apprend en première année de gestion<br />

des organisations et elle reste redoutablement<br />

efficace et saine sur le plan<br />

concurrentiel et sur le plan économique à<br />

long terme. Soyons rassurés, car tous nos<br />

capitaines «horlogers» maîtrisent bien<br />

leurs «business models» et il se peut qu’en<br />

dernière page, ils découvrent quelques<br />

lignes instructives sur la productique. Et<br />

lorsque les clignotants dans ce domaine,<br />

mais aussi dans la recherche, le développement<br />

et les achats s’allumeront en cascade,<br />

la captation de nouvelles ressources se<br />

fera au prix fort pour les uns, voire pas<br />

du tout pour les autres. Mais ils jureront<br />

tous haut et fort devant la COMCO qu’il<br />

y a eu distorsion de concurrence, voire<br />

même une position de monopole. Un<br />

discours qui rappelle fortement les<br />

années 80…<br />

En fin de compte, peu de choses ont<br />

réellement changé depuis ces années-là,<br />

et les livres d’histoire ne sont que très<br />

rarement au chevet des capitaines, tout<br />

comme les boussoles d’ailleurs... Le<br />

niveau de complication de ces instruments<br />

de navigation n’évoque certainement<br />

pas le prestige et le glamour, mais<br />

certains de ces capitaines seraient bien<br />

inspirés d’en manufacturer quelques<br />

exemplaires ou, comble de l’ironie, d’en<br />

déléguer la fabrication à leurs soustraitants!<br />

■<br />

*Jean-Louis Felfli & Marco Barbera<br />

www.felfli-associes.ch<br />

Recrutement de Cadres & Gestion de<br />

Carrière en Horlogerie & Joaillerie<br />

Les grands de la sous-traitance appartiennent majoritairement aux grands groupes.<br />

59


ENCHÈRESHEURE<br />

60<br />

ENCHÈRES GENEVOISES:<br />

UNE MONTÉE DE SÈVE DE 42 MILLIONS DE FRANCS<br />

La crise semble oubliée dans le monde de la haute horlogerie. Les collectionneurs<br />

asiatiques, les Chinois en particulier, sont de plus en plus nombreux à acheter. Adjugée pour 6,259 millions de<br />

francs, la Patek Philippe réf. 1527 bat un record mondial. Par Danièle Chambas<br />

Deux fois par an, en mai et en novembre, Genève<br />

devient la capitale mondiale des ventes de montres et de<br />

bijoux. Des rendez-vous très importants, d’abord pour<br />

les collectionneurs, mais aussi pour les commissaires-priseurs et<br />

experts, qui ont joué les fins limiers afin de dénicher un maximum<br />

de très belles pièces.<br />

Du 7 au 12 mai dernier, quatre maisons de ventes aux enchères<br />

– Christie’s, Sotheby’s, Antiquorum et O. Patrizzi – ont proposé<br />

1450 garde-temps à leurs clients du monde entier ayant fait le<br />

voyage, misé par téléphone ou on-line. Dans les salons des cinq<br />

étoiles, 1200 lots et documents horlogers ont donc rapidement<br />

changé de mains pour un total de 42,115 millions de francs,<br />

dont 55% réalisés par la maison Christie’s avec 23,13 millions.<br />

Si la crise semble appartenir au passé, les collectionneurs sont<br />

plus exigeants que jamais sur la qualité et la rareté des pièces<br />

dont ils rêvent et qu’ils réussissent parfois à obtenir. Reste une<br />

constante: Patek Philippe demeure, encore et toujours, le leader<br />

des ventes genevoises. La nouveauté, c’est la confirmation de la<br />

puissance du marché chinois – il ne représentait que quelques<br />

pourcents il y a cinq ans – qui adore les émaux, l’or rose et toutes<br />

les montres à complications, y compris les sonneries,<br />

avec un goût très prononcé pour la marque<br />

Patek Philippe. A méditer: le nombre des milliardaires<br />

chinois a augmenté de 30% en 2009, passant<br />

de 101 à 130, juste derrière les Etats-Unis,<br />

avec une moyenne d’âge de 42 ans. Et comme<br />

ceux-ci s’intéressent beaucoup à l’art, ce<br />

secteur ne peut que connaître une forte<br />

expansion dans le futur.<br />

CHRISTIE’S VEND LA «MONA LISA DU XXE SIÈCLE»<br />

Lundi 10 mai, dès 10 h, la foule envahit le<br />

grand salon du Four Seasons Hôtel des<br />

Bergues. La vente, orchestrée par un Aurel Bacs<br />

– coprésident international du département<br />

montres – plus en verve que jamais, propose une<br />

partition très relevée: 370 pièces soigneusement<br />

sélectionnées, dont 14 Patek Philippe d’exception<br />

Quand la domination de Patek Philippe sur les enchères s’arrêtera-t-elle?<br />

cédées par le même collectionneur italien qui avait déjà vendu,<br />

en novembre 2009, dix chefs-d’œuvre de la même marque pour<br />

4,9 millions de francs. A 11 h 45 arrive la star de la vente, celle<br />

qu’Aurel Bacs appelle avec émotion la «Mona Lisa du XXe siècle ».<br />

Il s’agit de l’unique modèle Patek Philippe réf. 1527 de 1943, en<br />

or jaune avec chronographe, calendrier perpétuel et phase de<br />

lune, en mains privées depuis vingt ans. Chacun retient son<br />

souffle, tant les chiffres défilent rapidement sur l’écran.<br />

En deux minutes, les 4 millions sont dépassés.<br />

Restent en lice deux enchérisseurs, l’un dans la<br />

salle et l’autre au téléphone… lequel renonce<br />

après dix minutes. Le vainqueur, le Musée<br />

Patek Philippe, l’emporte à 5,5 millions, soit<br />

6,259 millions de francs avec les frais (estimation:<br />

1,5-2,5 millions).<br />

L’adjudication des 14 lots de ce même collectionneur<br />

se monte à 9,784 millions (estimation<br />

4-6 millions), soit 40% du total de la<br />

vente Christie’s. D’autres Patek Philippe se sont<br />

très bien vendues, telles la réf. 2597 Calatrava or<br />

rose (1963) pour 555 000 francs, la réf. 1518 chronographe<br />

or rose (1947) pour 675 000 francs,<br />

le chrono à un seul bouton poussoir (1924) pour<br />

Rolex: autre marque phare des ventes aux enchères genevoises.


723 000 francs et la réf. 530 en acier<br />

(1942) pour 603 000 francs. A noter<br />

qu’une très rare Rolex réf. 6036, triple<br />

date, or rose (1955), a été adjugée pour<br />

447 000 francs, la célèbre Rolex SARU sertie<br />

de saphirs et rubis pour 219 000 francs<br />

et une très belle Greubel Forsey, 2007,<br />

double tourbillon, édition limitée, pour<br />

363 000 francs. Une très jolie Cartier<br />

manchette, or blanc et diamants, a trouvé<br />

preneur en Chine à 141 000 francs, alors<br />

qu’une pendulette de la même marque,<br />

1925, en jade et laque noire, est partie<br />

pour 62 500 francs. Christie’s et Aurel<br />

Bacs signent là une vente exceptionnelle.<br />

SOTHEBY’S CONFIRME L’ENGOUEMENT<br />

POUR LES MONTRES DE POCHE<br />

Geoffroy Ader, directeur du département<br />

Haute horlogerie pour l’Europe, a sélectionné<br />

266 lots, dont un tiers de montres<br />

de poche et plusieurs pièces historiques<br />

très intéressantes. Ader a tenu le marteau<br />

avec brio pendant presque quatre heures<br />

devant une salle comble. Pour la première<br />

fois, les collectionneurs pouvaient aussi<br />

LES DIAMANTS SONT ÉTERNELS<br />

enchérir on-line. Au final, 214 lots changent<br />

de mains pour un montant total de<br />

6,854 millions de francs.<br />

Comme prévu, l’automate La Bergère,<br />

fabriqué en 1805 pour le marché chinois<br />

par les Genevois Piguet et Capt, qui faisait<br />

partie de la collection du roi Farouk,<br />

marque le meilleur score en trouvant preneur<br />

à 746 500 francs (estimation 400-<br />

Belle et mystérieuse, une pendulette des années 20<br />

signée Cartier.<br />

SOTHEBY’S A PRÉSENTÉ UNE EXCEPTIONNELLE SÉLECTION DE BIJOUX (425 LOTS), TANT<br />

PAR LEUR PROVENANCE QUE PAR LEUR RARETÉ ET LEUR BEAUTÉ. SOUS LE MARTEAU DE<br />

DAVID BENNETT, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT JOAILLERIE POUR<br />

L’EUROPE ET LE MOYEN-ORIENT, UNE BAGUE, SERTIE D’UN<br />

DIAMANT BLEU TRÈS RARE DE 7,64 CARATS, EST ADJU-<br />

GÉE POUR 8,930 MILLIONS, NOUVEAU RECORD,<br />

DEVANÇANT DE PEU UN AUTRE DIAMANT TAILLE<br />

ÉMERAUDE DE 52,82 CARATS, VENDU 8,818 MIL-<br />

LIONS. LA DOUBLE BAGUE TOI ET MOI (DIAMANTS<br />

BLEU/BLANC), D’ALEXANDRE REZA, TROUVE PRENEUR<br />

À 7,026 MILLIONS. LA SÉLECTION DE BIJOUX D’ORIGINE<br />

NOBLE ATTEINT 9,1 MILLIONS. TOTAL DE LA VENTE:<br />

60 MILLIONS.<br />

CHEZ CHRISTIE’S (220 LOTS), SOUS LE MARTEAU DE JEAN-MARC LUNEL, RESPONSABLE<br />

DU DÉPARTEMENT JOAILLERIE, C’EST ÉGALEMENT UN DIAMANT – DE 40,21 CARATS – QUI<br />

FAIT LE MEILLEUR SCORE AVEC 5,7 MILLIONS, SUIVI PAR UNE EXCEPTIONNELLE RIVIÈRE DE<br />

DIAMANTS DE 155,17 CARATS, QUI PART EN ASIE POUR 5,251 MILLIONS. UN TRÈS BEAU<br />

BRACELET ART DÉCO TUTTI FRUTTI DE CARTIER EST ADJUGÉ POUR 1,023 MILLIONS. TOTAL<br />

DE LA VENTE: 37,628 MILLIONS. ■<br />

La pendulette Boucheron remise au général de Gaulle en<br />

1960, à l’occasion du baptême du paquebot France.<br />

500 000 francs). Il s’agit d’un objet d’art<br />

d’une qualité remarquable, tant par son<br />

décor émaillé que par son mécanisme<br />

horloger en parfait état de fonctionnement.<br />

On le retrouvera au Musée Patek<br />

Philippe. Une magnifique pendule mystérieuse<br />

Cartier, en cristal et diamants<br />

(1928), est partie pour 338 500 francs<br />

alors que la pendulette de table<br />

Boucheron, remise au général de Gaulle<br />

lors de l’inauguration du paquebot France<br />

le 11 mai 1960, est acquise pour 98 500<br />

francs. Une série de vingt montres de<br />

poche émaillées du XVIIIe siècle est adjugée<br />

pour 368 125 francs, certaines triplant<br />

leur estimation la plus haute. Parmi<br />

les montres-bracelets, une Patek Philippe,<br />

1982, or jaune, automatique, calendrier<br />

perpétuel et phase de lune, part en Asie<br />

pour 284 500 francs suivie par une<br />

IWC, or rose, tourbillon, édition<br />

limitée (1999), qui, elle, reste en<br />

Suisse pour 206 500 francs. Mais<br />

la vente la plus surprenante, c’est<br />

celle de 37 cadrans émaillés fabriqués<br />

en 1956 à Bienne, qui sont<br />

vendus en Asie pour 146 500 francs, alors<br />

que l’estimation ne dépassait pas<br />

8000 francs! «Voici une preuve de plus de<br />

l’engouement des Asiatiques pour les très<br />

belles pièces émaillées. La Chine est le<br />

nouvel eldorado et nous nous réjouissons<br />

d’accueillir ces nouveaux collectionneurs»,<br />

conclut Geoffroy Ader.<br />

61


ENCHÈRESHEURE<br />

62<br />

SEPT MANUSCRITS BREGUET POUR<br />

2,3 MIL LIONS DE FRANCS<br />

Parmi les 315 lots mis à l’encan par<br />

Osvaldo Patrizzi, le 7 mai, les sept derniers<br />

– des manuscrits – constituent le<br />

clou de la vente. Il s’agit d’une sorte de testament<br />

du génial horloger Abraham Louis<br />

Breguet, décrivant par le menu ses inventions<br />

et innovations ayant révolutionné le<br />

monde de l’horlogerie, telles la montre à<br />

tact, la montre perpétuelle, le chronomètre<br />

de marine, le tourbillon et tant<br />

d’autres. Le tout corrigé de sa main. «J’ai<br />

eu la chance qu’on me propose ces documents,<br />

qui avaient été vendus, puis<br />

oubliés», explique Osvaldo Patrizzi. Après<br />

une lutte épique, les sept manuscrits ont<br />

été adjugés pour 2,3 millions de francs à<br />

Etonnante: une mappemonde-horloge lumineuse<br />

de 1935.<br />

Nicolas Hayek pour son Musée<br />

Breguet. Ils seront publiés avant<br />

d’être exposés. Le montant total de<br />

la vente s’élève à 5,8 millions,<br />

130 lots n’ayant pas trouvé preneur<br />

en partie pour cause de panne<br />

du service on-line, au grand désespoir<br />

du commissaire-priseur.<br />

Quant à Antiquorum, parmi les 500 lots<br />

proposés les 8 et 9 mai, c’est comme prévu<br />

le dernier, la Grande et Petite Sonnerie<br />

Tourbillon de Victorin Piguet, qui a couronné<br />

la vente avec 366 000 francs.<br />

Chez Jaeger-LeCoultre, une pièce unique,<br />

Grande Complication Gyrotourbillon 1<br />

Les manuscrits d’Abraham Louis Breguet ont naturellement été achetés par Nicolas Hayek.<br />

en platine, déjà vendue en 2007, est<br />

adjugée pour 342 000 francs. De la même<br />

marque, une soixantaine de pendulettes,<br />

Bracelet Art Déco signé Cartier.<br />

dont plusieurs de style Art Déco, ont suscité<br />

beaucoup d’intérêt, certaines quadruplant<br />

leur estimation la plus basse.<br />

Parmi celles-ci, l’étonnante Mappemonde,<br />

un globe lumineux avec horloge<br />

(1935), s’est vendue 11 400 francs. Une<br />

Patek Philippe, réf. 5101P, 10 Days<br />

Tourbillon, pour la première fois aux<br />

enchères, est partie pour 246 000 francs.<br />

A signaler encore dans les montres<br />

récentes, une Gérald Genta, or blanc,<br />

tourbillon, calendrier perpétuel squelette,<br />

réf. G4010.4, adjugée pour 121 000<br />

francs. Total de la vente: 6 327 428<br />

francs pour 420 lots. ■<br />

Les montres de poche, en particulier les séries spéciales, font toujours recette.


ECHODESFABRIQUES...<br />

64<br />

MUSÉES PILLÉS, MUSÉES OUBLIÉS…<br />

Par Joël A. Grandjean | jgrandjean@jsh.ch<br />

«LE MUSÉE INVISIBLE» ET<br />

SES ŒUVRES MANQUANTES<br />

Raconter dans un livre la plupart des affaires de vols de tableaux ou<br />

d’œuvres d’art: voici une «belle balade dans la nature» qui débouche<br />

sur ce livre de Nathaniel Herzberg, Le musée invisible. Les chefsd’œuvre<br />

volés (Editions du Toucan, 208 pages). L’auteur, journaliste au<br />

JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE<br />

Monde, s’est visiblement inspiré d’un autre bouquin, antérieur, celui de<br />

Simon Houpt, nommé Tableaux Volés (Editions Bachès). Mais<br />

qu’importe les connivences littéraires, l’un comme l’autre font preuve<br />

d’un oubli de taille! Même s’ils racontent les cambriolages commis en<br />

2008 à la Fondation Bührle de Zurich ou ceux qui ont démuni la<br />

Fondation Neumann de Gingins en 2004, pas de trace du casse de la<br />

route de Malagnou, à Genève, là où était sis le Musée de l’horlogerie<br />

et de l’émaillerie, autre espace patrimonial devenu invisible depuis. ■


GENÈVE… MUSÉE RAYÉ DE LA CARTE?<br />

Le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie aurait-il été rayé de la carte?<br />

C’est l’histoire d’un musée devenu invisible pour avoir trop longtemps<br />

été fermé suite à un casse mémorable. Difficile à gober! Si c’était vrai,<br />

la foule serait descendue dans la rue, les citoyens auraient hurlé au<br />

L’ancien Musée de l'horlogerie et de l'émaillerie.<br />

VACHERON CONSTANTIN ET BAR BIER-<br />

MUELLER: L’HUMAIN AU CENTRE<br />

A l’heure où un grand nombre de marques horlogères ou d’ailleurs<br />

s’engouffrent sur le terrain de la planète en danger et des désastreuses<br />

conséquences y relatives pour les animaux et les environnements,<br />

Vacheron Constantin s’embarque dans une aventure qui s’intéresse<br />

aux êtres humains. Décalage? Son soutien va au collectionneur genevois<br />

Jean Paul Barbier-Mueller, créateur d’une fondation pour étudier<br />

les ethnies et les microcultures en voie de disparition. L’occasion<br />

rêvée pour l’enseigne horlogère de<br />

poursuivre sa «Patrimony Story» et<br />

d’aller à contre-courant. L’intérêt de<br />

la démarche vient du fait qu’elle<br />

émane d’un éminent amasseur du<br />

tangible – trésors archéologiques<br />

retrouvés, statues ou écrits dénichés<br />

(musées à Genève et Barcelone,<br />

bientôt à Dallas) – soudainement<br />

rattrapé par la réalité de l’éphémère.<br />

En effet, bon nombre de ces<br />

© photo: Gérard Pétremand (Centre Multimédia, Département de la culture)<br />

Jean Paul Barbier-Mueller et Juan-Carlos Torres,<br />

CEO de Vacheron Constantin.<br />

scandale, les marques horlogères, avec leurs grands moyens, auraient<br />

redressé la barre. Tous auraient houspillé le conseiller administratif qui,<br />

avouant sa bévue, aurait présenté ses plus plates excuses aux grands<br />

horlogers disparus, à la mémoire des ouvriers suant et trimant durant<br />

des siècles, aux huguenots accueillis par Genève, ainsi qu’aux 18 000<br />

œuvres en déshérence. La Julie (Tribune de Genève) en aurait fait<br />

quelques manchettes, quitte à mettre de l’huile sur le feu. Hélas… en<br />

creusant un peu, la réalité est crue: ce musée n’a plus d’entité propre.<br />

Son titre de «filiale du Musée d’art et d’histoire (MAH)», obtenu entre<br />

1969 et 1972, a simplement été biffé. Avalé par le MAH! Tout a été<br />

habilement enrubanné dans une communication officielle qui cite les<br />

«nouveaux horizons» et parle d’intégration. Aucun PV de séance ne<br />

parle de rature. Les mots sont si anodins et si innocents qu’il valait<br />

mieux ne pas les laisser traîner dans un PV de séance. En filigrane, un<br />

message clair: on veut bien que l’horlogerie soit industrie, économie,<br />

mais de là à la considérer comme une culture… D’accord, elle est aussi<br />

art et histoire! Elle a juste quelque chose de plus: c’est qu’elle appartient<br />

à Genève et à la Suisse plus généralement, comme la grappa à<br />

Bassano del Grappa, Henry Ford à Detroit, la porcelaine à Limoges…<br />

Finalement, Genève est plus traumatisée par ses richesses que par le<br />

pillage de celles-ci. Une capitale mondiale de la haute horlogerie? Oui,<br />

sans musée horloger public, tout au plus disposant d’un vague département<br />

du genre… Ce n’est pas une blague. ■<br />

Lire également le billet sur www.horlogerie-suisse.com<br />

groupes isolés, régis pourtant par une organisation sociopolitique<br />

complexe, gorgée de riches traditions médicinales ou musicales, sont<br />

menacés par l’expansion des sociétés dominantes ou l’effet de la<br />

démographie. Car ils usent, dans leurs pratiques culturelles ou religieuses,<br />

d’objets périssables, absents des musées: statues en terre crue,<br />

transmissions orales, préoccupations religieuses aniconiques…<br />

Au programme, des observations menées sur le terrain et via la publication<br />

de résultats sur trois petits peuples de Côte d’Ivoire, dont les<br />

créations plastiques sont à ce jour absentes des musées, ainsi que sur<br />

un groupe d’environ 6000 individus<br />

du Burkina Faso sud-ouest, à propos<br />

duquel aucune donnée scientifique<br />

n’existe. Des missions de la dernière<br />

chance – la globalisation menace<br />

–, qui offrent une certaine parenté<br />

avec la préservation patrimoniale<br />

des métiers horlogers et le savoirfaire<br />

entretenu par Vacheron<br />

Constantin, entre autres… ■<br />

65


CHRONOMÈTRESDE MARINE<br />

66<br />

JOURNAL SUISSE D’HORLOGERIE<br />

ARNOLD ET LA PRODUCTION AU XVIIIE SIÈCLE<br />

Le Journal Suisse d’Horlogerie, magazine créé en 1876, en est à sa 134e année de parution. A feuilleter ses archives,<br />

certains sujets surgissent comme les éclairages historiques d’une actualité étonnante. Comme cette petite perle, également<br />

mise en ligne sur le site horlogerie-suisse.com. Par Joël A. Grandjean, rédacteur en chef JSH | Proposé par Eric Cosandey, professeur |<br />

Auteur de l’époque: Paul Ditisheim<br />

John Arnold et Thomas Earnshaw sont les deux horlogers anglais<br />

qui, au XVIIIe siècle, en développant sur une échelle importante la<br />

fabrication du chronomètre de marine, ont contribué à en généraliser<br />

l’emploi. Jusqu’alors, la plupart des éléments constitutifs de ces<br />

instruments devaient sortir des mains mêmes des constructeurs. Leur<br />

production restait donc étroitement limitée. Il fallut à John Harrison<br />

trois ans pour terminer successivement ses dernières montres marines<br />

N° 4 et N° 5. Ce délai fut également nécessaire à Kendall pour livrer au<br />

Board of Longitude la réplique de ce N° 4. Ce n’est qu’après trois<br />

années de travail que Mudge parvint à terminer son premier chronomètre<br />

de marine…<br />

Le commandant Gould a relevé dans The Marine Chronometer la portée<br />

de ces longs délais, en ajoutant que si la production totale du célèbre<br />

Ferdinand Berthoud s’est élevée à une septantaine d’appareils en<br />

une quarantaine d’années, il ne lui a pas été possible d’exécuter ses<br />

chronomètres à une allure dépassant annuellement deux ou trois unités<br />

[…] Au cours de cette même période, Arnold comme Earnshaw sont<br />

parvenus à produire plus d’un millier de chronomètres de marche très<br />

satisfaisante. Leur mode de fabrication permit de les livrer à des conditions<br />

de prix bien inférieures à celles des horlogers venant d’être cités.<br />

Les types qu’ils créèrent ont de plus servi de guide aux fabrications<br />

entreprises dans d’autres pays.<br />

Cette production n’a pu être atteinte qu’en faisant appel à la division<br />

du travail. Arnold et Earnshaw […] consacrèrent leurs efforts à une<br />

réalisation rationnelle, recourant à des artisans spécialisés pour les opérations<br />

d’ébauche, la fourniture des rouages, pierres, ressorts, cadrans,<br />

aiguilles, boîtiers. Ceux-ci ne manquaient pas dans le district horloger<br />

de Clerkenwell ou dans le Lancashire. Ils eurent cependant à former le<br />

personnel voulu pour exécuter certaines parties, telles l’échappement et<br />

le balancier, tout en se réservant les opérations finales de la pose du spiral<br />

et du réglage, considérées comme de précieux secrets de fabrication.<br />

Arnold et Earnshaw ne furent cependant pas meilleurs amis que Pierre<br />

Le Roy et Ferdinand Berthoud. Comme le commandant Gould l’a fait<br />

remarquer, ils se sont âprement disputé la priorité de l’origine de tous<br />

les perfectionnements apportés à l’échappement du chronomètre de<br />

marine et à la constitution de ses organes réglant.<br />

On voit alors apparaître le premier dispositif de balancier compensateur,<br />

exécuté en 1773, où deux masses diamétralement opposées s’éloignent<br />

John Arnold, 1736-1799. Son nom revit sous l’appellation «Arnold & Son, Master of The<br />

Longitude in London Since 1764». Elle a son siège à La Chaux-de-Fonds.<br />

www.arnoldandson.com<br />

ou se rapprochent du centre sous l’effet d’une lame bimétallique enroulée<br />

en spirale. Dès 1779, le mode d’actionnement des masses compensatrices<br />

fut modifié et remplacé par une paire de bilames symétriques<br />

repliées en S. […] L’échappement offrait l’inconvénient d’exiger la<br />

présence de l’huile aux parties agissantes: ceci provoquait de sérieuses<br />

perturbations de marche. Il y a plusieurs points communs entre ce<br />

dispositif et la construction d’un autre échappement à détente pivotée<br />

d’Arnold. La roue d’échappement portait une double denture, mais les<br />

fonctions présentaient, côté huiles, les mêmes inconvénients que le<br />

dispositif précédent.<br />

Arnold substitua à cet échappement le dispositif pour lequel il avait<br />

obtenu un brevet d’invention. La détente ne repose plus sur des pivots,<br />

mais elle est fixée à sa base sur la platine; elle est amincie en ressort de<br />

manière à pouvoir fléchir près de son point d’attache. Earnshaw a<br />

revendiqué la paternité de cette nouvelle disposition, comme il l’a indiqué<br />

dans Longitude, an Appeal to the Public, volume de 314 pages<br />

publié en 1808. Il donne les détails les plus précis sur les conditions<br />

dans lesquelles il réalisa sa découverte. Il s’était rendu compte des


Montre de poche réalisée par John Arnold. Visuel extrait des archives de JSH.<br />

Chronomètre de marine Hamilton dans sa boîte.<br />

(Repro ID: F3196-1 © National Maritime Museum,<br />

Greenwich, London)<br />

inconvénients inhérents à l’emploi d’un axe<br />

pivoté pour supporter la pièce intermédiaire<br />

de l’échappement; pour y obvier, il avait terminé<br />

son nouveau dispositif à détente ressort,<br />

mais les moyens lui faisaient défaut pour<br />

protéger lui-même par un brevet cette importante<br />

transformation. Le compte rendu de ses<br />

tribulations est un cruel exemple du sort qui<br />

bien souvent est réservé aux inventeurs.<br />

Le dispositif de l’échappement à détente<br />

ressort d’Earnshaw continue à être employé<br />

dans tous les chronomètres de marine,<br />

sous une forme pratiquement inchangée<br />

depuis lors. Un modèle agrandi, exécuté<br />

par l’inventeur pour le compte du Board<br />

of Longitude, a été reproduit d’après l’original<br />

conservé à l’Observatoire de Greenwich,<br />

dans notre publication commémorative<br />

de 1921, «Le Centenaire de Thomas<br />

Earnshaw», par Paul Ditisheim, Journal<br />

Suisse d’Horlogerie, 1929.<br />

Extrait John Arnold, né en 1736 dans<br />

un village des Cornouailles, était fils d’horloger,<br />

auprès duquel il commença son<br />

apprentissage. Mais, à la suite d’une dispute<br />

de famille, il quitta la maison paternelle<br />

et s’embarqua bien jeune pour le<br />

continent. Après avoir voyagé d’abord en<br />

Hollande, puis en Allemagne, en gagnant<br />

péniblement sa vie, parfois comme armurier<br />

lorsque le travail d’horloger faisait<br />

défaut, Arnold rentra en Angleterre. Il<br />

connaissait un peu les langues, son esprit<br />

était déjà mûri par les années passées à<br />

l’étranger. Il s’établit à Londres et se fit<br />

bientôt connaître par une petite montre à<br />

sonnerie insérée dans le chaton d’une<br />

bague. Il fut admis à présenter cette pièce<br />

au roi en 1764. Ce tour de force lui valut la<br />

faveur de la cour et de nombreux clients.<br />

C’est en 1770 qu’il entra en relations avec<br />

le Board of Longitude et soumit à<br />

l’Observatoire de Greenwich son premier<br />

chronomètre de marine.<br />

Chronomètre de marine «Arnold» visible<br />

au Musée de Greenwich. (Repro ID: L0242-001 © National<br />

Maritime Museum, Greenwich, London)<br />

Dessins de la main de John Arnold. Deux balanciers commentés par le maître.<br />

67


JOAILLERIEHEURE<br />

68<br />

DIALOGUE ENTRE BIJOUX ET MINÉRAUX<br />

Les bijoux et les minéraux se donnent la réplique au Musée Barbier-Mueller,<br />

jusqu’au 15 septembre, dans le cadre de l’exposition «Bijoux de l’homme, bijoux de la terre». Par Odile Habel<br />

un dialogue étonnant entre<br />

minéraux et parures ethniques<br />

C’est<br />

que le Musée Barbier-Mueller a<br />

mis en scène, présentant quelque deuxcents<br />

bijoux de toutes les époques et de<br />

tous les continents, auxquels répondent<br />

des minéraux multicolores aux formes<br />

insolites.<br />

Cette exposition est née de deux passions:<br />

celle du Musée Barbier-Mueller<br />

pour les bijoux, à qui on doit la très belle<br />

exposition «Parure» en 1994, et celle<br />

d’Alexis, petit-fils des fondateurs du<br />

musée, Jean Paul et Monique Barbier-<br />

Mueller, qui s’est très jeune intéressé aux<br />

minéraux. Fasciné par l’étrangeté de certains<br />

spécimens et par leurs couleurs<br />

somptueuses, il a créé une collection qui<br />

2_<br />

allie beauté et rareté. Composée de matériaux<br />

bruts, de coquillages et de pierres<br />

semi-précieuses, elle dévoile des ornements<br />

à l’aspect primitif, polis par les<br />

siècles. Chacun des bijoux raconte une<br />

histoire. Celle des hommes qui les ont<br />

façonnés et portés.<br />

L’exposition, qui comprend 45 bijoux et<br />

45 minéraux, montre que les populations<br />

d’Afrique, d’Asie ou des Amériques ont<br />

peu utilisé les pierres semi-précieuses<br />

dont raffolait l’Antiquité, même s’il existe<br />

les colliers de la civilisation de Chavin,<br />

au Pérou, constitués de boules de cristal<br />

de roche, confectionnés sans l’aide d’outils<br />

en métal et vieux de trois-mille ans.<br />

Derrière la beauté des bijoux, de nombreuses<br />

questions se profilent. Pourquoi<br />

1_<br />

les mêmes civilisations des Andes, disposant<br />

à profusion de cristaux d’améthyste,<br />

ne les ont-elles pas utilisés ? Pourquoi les<br />

Congolais n’ont-ils jamais incorporé<br />

l’amazonite, plus dure et d’un bleu-vert


3_<br />

1_Pendentif figurant un batracien. Costa Rica, région de<br />

Diquis? Période VI: environ 1000-1500 après J.-C.?<br />

2_Améthyste Magallesburg, Afrique du Sud.<br />

3_Collier. Nord de la Thaïlande, Triangle d’Or. Groupe<br />

Hmong ou Mien? XIX e-XX e siècle. Argent.<br />

4_Collier wuasagale. Mélanésie, îles Fidji. XIX e-XX e siècle.<br />

Défenses de cachalot, fibres.<br />

Anc. coll. Josef Mueller. Inv. 5014-C.<br />

5_Boucles d’oreilles thandatti. Inde du Sud, Tamil Nadu.<br />

XIX e-XX e siècle. Feuille d’or et laque.<br />

6_Bracelet khã-nikhãga to’yo. Burkina Faso. Style gan.<br />

XIX e-XX e siècle. Alliage cuivreux.<br />

5_<br />

© Musée Barbier-Mueller<br />

Photos: Studio Ferrazzini-Bouchet<br />

plus raffiné que la turquoise, dans leurs<br />

parures, alors qu’ils l’exportaient jusqu’au<br />

Maroc où les Berbères la privilégiaient?<br />

L’agate ou le lapis-lazuli se retrouvent<br />

exclus des bijoux des tribus turkmènes,<br />

qui préféraient la cornaline, tout comme<br />

celles du Béloutchistan ou encore<br />

bédouines, alors que ces pierres étaient<br />

très prisées chez les peuples occupant les<br />

mêmes régions du Moyen et du Proche-<br />

Orient avant notre ère.<br />

Captivante par sa beauté, l’exposition est<br />

aussi technique, réservant une place<br />

importante à la pratique des fondeurs de<br />

bijoux en alliage de cuivre. La technique<br />

employée est celle de la «cire perdue», qui<br />

consiste à placer un modèle de cire dans<br />

une gangue d’argile, de petits bâtonnets<br />

de fer plongeant dans la terre jusqu’à la<br />

cire. L’argile est cuite, les bâtonnets retirés,<br />

la cire s’écoule, laissant au milieu de<br />

la gangue de terre désormais cuite la<br />

forme modelée par l’artiste. Le métal en<br />

fusion est ensuite coulé par les trous<br />

ayant servi à évacuer la cire. L’argile brisée<br />

révélait ensuite un objet parfait ou<br />

incomplet en raison de la formation<br />

d’une bulle d’air ayant empêché le métal<br />

de remplir toute la cavité. ■<br />

4_<br />

6_<br />

69


SHOPPINGHEURE<br />

70<br />

ODILE HABEL<br />

EAU DESIGN<br />

La carafe créée par Pil<br />

Bredahl joue l’élégance.<br />

La taille cintrée de la<br />

carafe permet une bonne<br />

prise en main et<br />

le bouchon<br />

est équipé d’un<br />

astucieux mécanisme<br />

qui s’ouvre<br />

automatiquement<br />

quand on<br />

verse. Le bouchon<br />

retient les glaçons, le<br />

citron et les feuilles de<br />

menthe.<br />

Carafe de Pil Bredahl.<br />

www.pilbredahldesign.dk<br />

CHAMPAGNE FLOTTANT<br />

Soleil, humour et champagne chez Piper-<br />

Heidsieck, qui a imaginé son bar flottant<br />

«Piscine Island», réinventant ainsi l’art de<br />

déguster le champagne. Sans attache ni<br />

ancre, le bar flottant «Piscine Island» vogue,<br />

libre et insubmersible, à la surface de l’eau.<br />

A l’intérieur, une bouteille de Piper-Heidsieck<br />

Cuvée Brut avec quatre coupes exclusives<br />

spécialement conçues pour la piscine.<br />

«Piscine Island» de Piper-Heidsieck, édition<br />

limitée en vente chez Jelmoli et Hofer Weine,<br />

Zurich.<br />

RÉVEIL EN MUSIQUE<br />

Musique maestro! Sony vient de concocter une toute nouvelle station<br />

d’accueil spécialement dédiée aux produits mobiles Apple. Non seulement<br />

cette station recharge l’appareil, mais elle distille en plus un son stéréo éton-<br />

nant pour une taille réduite. Le système Bass Reflex et les haut-parleurs avec<br />

sortie RMS de 3,5 W + 3,5 W assurent des basses profondes et fidèles.<br />

Station d’accueil ICF-DS11iP de Sony.


GALLIANO GIRL<br />

L’Eau de parfum John Galliano entre en scène cet été dans une version plus légère,<br />

l’Eau de toilette. Le parfum s’ouvre sur un soupçon de violette et une envolée de<br />

roses avant de révéler un cœur composé d’iris et escorté par la rose. Le fond boisé,<br />

un musc tissé de cèdre, mêle sensualité et originalité. Un cocktail unique<br />

d’absolu et d’essence de rose du Maroc, d’essence de cèdre de l’Atlas et<br />

d’absolu d’iris d’Italie, le tout soutenu par une partition pétillante<br />

d’aldéhydes.<br />

Eau de toilette John Galliano.<br />

TROIS ANS D’AUTONOMIE<br />

Un kit clavier-souris sans fil pour ordinateur<br />

portable, on connaît. Il n’empêche que le<br />

dernier-né du fabricant helvétique est<br />

particulièrement innovant avec une<br />

autonomie de batterie pouvant aller jusqu’à<br />

trois ans pour le clavier et la souris. Un<br />

record! Autre innovation: l’utilisation de la<br />

technologie sans fil 2,4 GHz, qui allie les<br />

avantages du wireless et la fiabilité du filaire.<br />

Kit Wireless Desktop MK710 de Logitech.<br />

RHUM D’ARTISTE<br />

La bouteille de Malibu se décline cet été dans deux versions réalisées par<br />

Niark1 et The Feebles, deux célèbres graphistes du street art. Chacun des<br />

artistes propose sa propre interprétation de la silhouette iconique de Malibu.<br />

Niark1 rompt avec la blancheur originelle de la bouteille avec un design d’un<br />

bleu éclatant et des motifs aux couleurs vives, tandis que The Feebles a imaginé<br />

un univers plus doux, avec des teintes légères et des tons pastel.<br />

Rhum Malibu designé par Niark1 et The Feebles, édition limitée.<br />

71


CHRONIQUEHEURE<br />

72<br />

LE PRIX DE L’HISTOIRE Après s’être momentanément interrompue, la<br />

course à la conquête d’une aura patrimoniale se poursuit au sein des marques qui ont à<br />

la fois des moyens et une histoire demeurée intacte, même partiellement. Une histoire<br />

dont il reste suffisamment d’éléments une fois la poussière poutzée, malgré les rachats et<br />

les reventes, malgré le syndrome de la table rase exercé presque maladivement par tout<br />

repreneur qui se respecte. Malgré aussi les errances de certains managers qui, notamment<br />

au sortir de la crise des années 1970, ont mené à la benne à ordures tant de trésors<br />

irremplaçables, sous prétexte qu’ils s’avéraient bien inutiles face aux nouveaux enjeux<br />

d’une horlogerie virant au quartz. S’ils avaient su! Dans le sillage du retour aux arts<br />

mécaniques, ce culte de l’histoire est devenu un enjeu sensible auprès des<br />

consommateurs. D’autant que, durant ces trente dernières années, les excellentes<br />

performances des ventes aux enchères horlogères, panachées de records et de démesure,<br />

ont fait office de facteur amplifiant. D’un seul coup, la récente crise a stoppé ces élans. A<br />

l’orée d’une esquisse de reprise, les affaires historiques reprennent. Le musée Omega<br />

rouvre, flambant refait, la Heritage Gallery de Jaeger-LeCoultre relance son programme<br />

d’expositions temporaires, mettant l’invention à l’honneur. Quant à la Piaget Time Gallery,<br />

elle est habitée par une tournante dédiée à son mythique modèle Polo, si cher à la famille<br />

Piaget et pourtant vigoureusement décrié par le repreneur juste après le rachat de la<br />

marque! Reste que ces initiatives, pilotées par les départements communication plus que<br />

par un attaché de la direction, sont porteuses de messages dirigés et partiaux. Et même<br />

si le métier d’historien est entré en horlogerie, après avoir été empiriquement exercé par<br />

des employés affublés du titre de «mémoire vivante de l’entreprise», il se peut que<br />

l’Histoire et ses vérités en souffrent. En effet, les intérêts divergent. D’un côté, la louange<br />

d’une enseigne se nourrissant de son propre prestige, gommant ses errances et ses<br />

passages à vide; de l’autre, l’univers des chercheurs indépendants, avides de découvertes<br />

désintéressées. Tel Joseph Florès, passionné d’histoire qui, après avoir consulté un<br />

manuscrit daté du 23 décembre 1878 de l’Académie royale des sciences de Paris, a<br />

démontré que le père de la première montre automatique était Dieudonné-Hubert Sarton<br />

(1748-1828), horloger liégeois, et non pas Abraham-Louis Perrelet (1729-1826), comme<br />

il est communément admis depuis que l’ont affirmé Alfred Chapuis et Eugène Jaquet<br />

dans leur ouvrage de 1952. Juste un exemple… A l’heure où le «H» majuscule de l’Histoire<br />

horlogère pourrait être consolidé, certains de ses garants y perçoivent non pas ses ouvrières<br />

origines, mais son versant alerte-au-luxe-dans-un-monde-en-crise. Ils ont tout faux:<br />

à Genève, ils viennent même de supprimer le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie,<br />

transformant en corpus de collections ce qui était, depuis 1969-1972, une filiale<br />

autonome du Musée d’art et d’histoire.<br />

Joël A. Grandjean<br />

Rédacteur en chef JSH – Journal Suisse d’Horlogerie<br />

«A l’orée<br />

d’une esquisse<br />

de reprise,<br />

les affaires<br />

historiques<br />

reprennent.»

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